812
COR
Lucien, t. I, dans BICHELET. Une femme qui ait
déjà planté cornes au front de son mari, VOLT. Phil.
ni, 329. || 2° Attribut que la mythologie donnait
aux représentations des fleuves et aux satyres. Qui
n'a TU dessous leurs combats Le Pô mettre les cor-
nes bas? MALH. iv, 5. || 3° Attribut que la légende
chrétienne a donné aux diables. Le diable et ses
cornes. Le Tasse, en donnant des cornes à Satan,
l'a rendu presque ridicule, CHATEAUB. Gériie, il, v, 9.
|| Fig. Voilà qui futfeit, je lui trouvai des cornes
[je le trouvai laid], SËV. 233. || Il mangerait le
diable et ses cornes, se dit d'un grand mangeur.
|| 4° Corne de cerf, le bois du cerf lorsqu'il est em-
ployé dans les arts. Qui croirait avilir l'honneur de
ses châteaux, Si de cinquante cerfs les cornes me-
naçantes N'ornaient pompeusement ses portes triom-
phantes? DELILLE, Homme des champs, i. || Terme
de vénerie. Corne, la tête du chevreuil. |] Corne de
narval ou de licorne de mer, dent conique, droite
et longue de la mâchoire supérieure d'un cétacé.
|| Terme de pathologie. Cornes cutanées, produc-
tions morbides qui s'observent chez l'homme, sur-
tout chez les vieillards, à la face, aux mains et
aux autres parties du corps habituellement décou-
vertes. || 5° Substance compacte, blanchâtre ou
noirâtre, terne ou luisante, dure ou molle, qui
revêt ordinairement des parties du corps de certains
animaux. j| La partie dure qui est aux pieds du che-
val, de l'âne,' etc. Voyant son maître en joie, il
[l'âne] s'en vient lourdement, Levé une corne tout
usée, La lui porte au menton fort amoureusement,
LA PONT. Fàb. iv, 6. || Substance cornée. Tabatière,
peigne de corne. L'autre [porte des enfers] est faite
de corne, et du sein des lieux sombres Elle donne
passage aux véritables ombres, DELILLE, Enéide, vi.
|| C'est de la corne, se dit d'une viande qui est dure.
j[ 6° Nom de différents ustensiles. || Corne d'amorce,
corne de boeuf façonnée en étui et renfermant de
la poudre. || Terme de jeux. Tenir la corne, avoir
les dés et jouer pour son compte. Corne est ici pour
cornet. Il Terme de vétérinaire. Donner un coup de
corne à un cheval, le. saigner au palais avec une
corne de cerf ou de chevreuil dont le bout est pointu
et affilé. ||Iln'apas besoin qu'on lui donne un coup
de corne pour avoir de l'appétit, se dit d'un homme
qui mange de grand appétit. || Petite palette en
corne, dite aussi chausse-pied, dont on se sert
pour mettre ses souliers. |[ Instrument à vent, dont
se servent les vachers et qui est ordinairement fait
d'une corne. Les Romains se formaient en bataille
aux éclats de la corne etdutifuus, CHATEAUB. if art.
193. || 7° Appendice assimilé à une corne. || Petites
touffes de plumes qui sont sur la tête du duc, sorte
d'oiseau de nuit. || Éminences pointues que le cé-
raste d'Egypte [serpent] porte au-dessus de chaque
oeil. || Prolongement qui surmonte la tête ou le cor-
selet de divers insectes. Ce cerf-volant a de belles
cornes. || Pédicules qui supportent les yeux des li-
maçons. Les limaçons montrent leurs cornes. A
peine étais-je assis sur une de ces bornes Que deux
gros limaçons me présentent les cornes, BOURSAULT,
Merc. gai. ni, 4. |j Terme de botanique. Appendices
qui naissent sur la fructification de certains cryp-
togames. Éperons de certaines fleurs. || Terme d'a-
natomie. Nom de diverses parties plus ou moins
saillantes à la surface des organes dont elles dépen-
dent. Les cornes de l'os hyoïde. Les cornes de l'u-
térus. || 8" Terme du langage poétique. Corne d'a-
bondance, corne de la chèvre Amalthée, nourrice
de Jupiter, de laquelle il avait voulu, pour récom-
pense, qu'il sortît sans cesse une abondance de
toutes sortes de biens. 11 le dépeignait tenant en
main la corne d'abondance, FÉN. Tél. xiv. D'augus-
tes déités Qui viennent sur les pas de la belle es-
pérance Verser la corne d'or où fleurit l'abondance,
A. CHÉN. 36. || Corne d'or ou d'abondance. On nom-
mait ainsi autrefois le port de Constantinople, parce
que le commerce y transportait tous les produits de
l'univers. || 9° Angle saillant et recourbé comme une
corne. Les cornes d'un autel antique. || Les cornes
de la charrue, nom donné au manche de la char-
me, parce qu'il présente en effet deux bâtons qui
Tont en s'écartant l'un de l'autre comme des cornes.
Nouveau Cincinnatus, on l'a vu [M. Lullin de Châ-
teauvieux] tenir alternativement les rênes du gou-
vernement et les cornes de la charrue, BONNET,
Vsagedes feuilles, 6« mém. || Chapeau à trois cornes,
chapeau dont le bord a été relevé en trois parties,
de manière à présenter trois pointes ou cornes, li
n'est guère en usage que chez les ecclésiastiques.
Dans le chapeau d'ordonnance qu'on nomme sou-
vent à trois cornes par suite d'anciennes habitudes,
une des cornes s'est aplatie et a disparu; il n'en
COR
reste vraiment que deux. Le capuce et la toque à
trois cornes Ont extorqué des hommages sans bornes.
VOLT. P. diable. || Corne ducale, bonnet que portait
le doge de Venise et qui avait une pointe arrondie
sur le derrière. || Faire une corne à un livre, y faire
une marque en pliant le coin d'une page. || Cornes
du croissant de la lune, les parties du croissant qui
sont tournées vers la région du ciel opposée au so-
leil. Voilà deux grandes cornes [le Péloponnèse et
l'Egypte] arrachées au croissant des Turcs, VOLT.
Lett. à Cath. 46. || Terme de marine. Corne d'arti-
mon, vergue qui porte la voile du mât de ce nom.
|| Terme de géographie. Sommet anguleux d'une
montagne, dit aussi aiguille et dent. || i0° Terme de
fortification. Ouvrage à cornes, pièce extérieure,
dont la tête est fortifiée de deux demi-bastions,
joints par une courtine, et fermés de deux côtés
par deux ailes parallèles l'une à l'autre. Prendre
les dehors du plus bel ouvrage à cornes, SÉV.
30-1. C'est la prise d'un ouvrage à cornes, ID. 472,
|| il 0 Terme d'architecture. Corne d'abaque, en-
coignure du tailloir des chapiteaux corinthiens.
|| Corne de bélier, ornement qui sert de volute au
chapiteau ionique composé. || Corne de vache, es-
pèce de voûte, en cône tronqué. || Maison corne
en coin, maison mal orientée. |[ 12° Terme de
botanique. Corne de cerf, nom vulgaire de la sène-
bière corne de cerf et du plantain. || 13° Corne d'Am-
mon, genre de coquillage fossile, en forme de corne
de bélier. Voy. AMMON. || 14° Terme de métiers.
Éminence qui dépasse le rebord, d'un réchaud.
|| Nom de plusieurs outils de tonnelier et de char-
ron. || Raie blanche sur la tranche de cuir indi-
quant qu'il a été mal tanné. |) Proverbes. 11 entend
de corne, il a mangé de la vache, se dit de quel-
qu'un qui a mal entendu. || On prend les hommes
par les paroles et les bêtes par les cornes.
— HIST. xnc s. Je dis as mesfaisanz : ne voilez
[veuillez] exalcer la corne, Liber psalm. p. 100. Si
ad enpaint Reinalt qu'ariere rehusa [recula], E le
corn del mantel hors des mains li sacha, Th. le
mart. 148. Sedechias, li fiz Chanaa, se fist cornes de
fer, si dist....Rois, 335. E Sadoc prist une corne à
ulie [huile] del tabernacle, e enuinst à rei Salomun,
ib. 225. ||XHTCS. [La mitre] a deux cornes, dont
l'une senefie confession et l'autre satisfacion, Chron.
de Bains, p. 105. Jehan le Ermin, qui estoit artil-
lier le roy, ala lors à Damas pour acheter cornes et
glus pour faire arbalestres, JOINV. 25S. Belin [le
bélier] s'esmuet de grant ravine; Quant vint au leu
[loup], ses cornescline, Ren. 6428. Et Turc aux ars
de cor les vont bien destruisant, Chanson d'Antio-
che, 1.1, p. 31. || xive s. Item un arc de cor d'arba-
leste ou prix de vingt sols, nE LABORDE, Émaux,
p. 223. Arbalestes de cor et d'if, ID. ib. || xve s. Les
dames et damoiselles menoient grands et excessifs
estats, et cornes merveilleuses hautes et larges, et
avoient de cliascun costé en lieu de bourleis deux
grandes oreilles si larges que, quand elles vouloient
passer l'huys d'une chambre, il falloit qu'elles se
tournassent de costé et baissassent, ou elles n'eus-
sent pu passer, JUV. DES BESINS, Ifist. de Charles VI,
p. 338, dans LACURNE. Et eurent les Anglois sur
corne [furent battus], Vigiles de Charles Vil, t. n,
p. 97, dans LACURNE. Pour bailler aux Anglois sur
corne, ib. p. 57. Et elle, qui fut tant esbahie que
se cornes lui fussent venues, de primesaut ne sut
que répondre, LOUIS XI, NOUV. XXXI. || xvie s. Plu-
sieurs garçons lui faisoient des cornes par derrière,
en signe de moquerie, MARG. NOUV. m. Afin que,
quand vos maris vous donneront les cornes de che-
vreuil, vous leur en donniez de cerf, ID. ib. in. On
veoit croistre la nuict des cornes à tel qui ne les
avoitpas en se couchant, MONT, I, 92. S'humilier et
baisser les cornes, ID. II, 227. Des couppes d'argent,
des tasses et gobelets faits en forme des cornes d'abon-
dance, AMYOT, P. Jim. 55. Suivoient six vingt boeufs
gras et refaicts, ayans toutes les cornes dorées et
les testes couronnées de festons, p. ib. 66. Et la
recueille Ion ne plus ne moins qu'une rosée dedans
la corne du pied d'un asne, pour ce qu'il n'y a autre
sorte de vaisseau qui la puisse contenir, ID. Alex.
(23. Le mareschal d'Aumont faisoit la corne [l'aile]
gauche, aiant à chacun de ses estriers un régiment
françois, D'ADB. Hist. ni, 229. Il se sent tant mon
obligé, que c'est pour l'amour de moy qu'il porte
cette corne de cheveux, D'AIIB. Conf. 11, 1. Les ele-
phans, estant irrités, chargent les hommes sur leurs
cornes, et les jettent si haut, que.... PARÉ, Animaux,
13. La corne-de-cerf, le cerfeuil, le nazitor ou cres-
son alenois, et autres menues herbes, 0. DE SERRES,
636. Nous fismes une autre grande attaque, en la
quelle nous ecornasmesla moitié de la corne, BAS-
COR
SOMPIERRE, Mém. t. 11, p. 234, dansLACURNE. Doncq
quel proufit vient il à l'humain gendre [au genre
humain] Dessus son chief les cornes d'orgueilprendre?
Les triomphes de Pétrarque , trad. par te baron
n'oPEDE, f° 97, dans LACURNE. Boeufs portent, cornes,
et veaux cornettes, DES ACCORDS, Bigarr. f° 48.
dans LACURNE.
— ÉTYM. Bourguig. cône; 'wallon, coine; provenç.
corn; espagn. cuerno; ilal. como; du latin cornu;
grec, xspoeç; allem. Boni. On remarquera dans
l'historique, arc de cor: c'est un arc fait de deux
cornes reliées par le milieu avec du bois d'if; que
cor puisse provenir de cornu, c'est ce que prouvent
les cors du cerf.
f 2. CORNE (kor-n'), s. f. Le fruit du cornouiller,
dit aussi cornouille.
— HIST. xmc s. Cornes sont froides et sekes;
mais quant eles sont bien meures, si ne sont pas si
froides, ALEBRANT, f°66, verso.
— ÉTYM. Voy. CORNOUILLE.
1. CORNÉ, ÉE (kor-né, née), part, passé de
corner 1. Les chiens cornés par le veneur. || Fig.
Mauvais propos, cornés dans toute la ville.
2. CORNÉ, ÉE (kor-né, née), part, passé de
corner 2. X quoi on a fait une corne. Carte cornée.
3. CORNÉ, ÉE (kor-né, née), adj. || i" Qui est de
la nature ou qui a l'apparence de la corne. H Terme
d'anatomie. Tissu corné, nom générique sous lequel
on réunit les ongles, les cornes, les sabots. La sub-
stance cornée de l'ergot [d'un coq] imite assez celle
d'une corne, BONNET, Consid. corps organ. OEuvres,
t. vi, p. 78, dans POUGENS. || 2° Terme d'ancienne
chimie. Lune cornée, argent corné, le chlorhydrate
d'argent. || 3°Pierre cornée, pierre de la nature du
jaspe. I] 4° Terme de pêche. Harengs cornés, harengs
près de frayer, qui deviennent coriaces quand ils
ont été mis dans le sel.
— HIST. xvie s. Quant aux masles [boucs] cornés
ou escornés, 0. DE SERRES, 329.
t i. CORNEAU (kor-nô), s. m. Terme de chasse.
Chien issu du mâtin et du chien courant.
f 2. CORNEAU (kor-nô), s. m. Terme de marine.
Conduit des bouteilles et de la poulaine.
— ÉTYM. Corne.
CORNÉE (kor-né), s. f. Terme d'anatomie. La tu-
nique transparente de l'&il, et la plus épaisse, cslte
qui en revêt le cinquième antérieur, par laquelle
pénètrent les rayons lumineux et qui laisse voir la
couleur du fond de l'oeil. Quoique nous soyons en-
core bien éloignés de connaître tout le mécanisme
de l'oeil, nous savons cependant que la cornée est
plus ou moins convexe, CONDILLAC, Conn. hum.
sect. 6. Il Autrefois on distinguait la cornée trans-
parente , ceile dont il s'agit plus haut, et la cornée ■
opaque, qui est la sclérotique dite vulgairement
blanc de l'oeil.
— HIST. xvr s. La conjonctive et partie de la
cornée. — S'il y a du pus entre la cornée et l'uvée,
sera vacué par incision, PARÉ, Introd. 2.
— ÉTYM. Corne 1 3.
f 2. CORNÉE (kor-née), s. f. Terme d'artificier.
La quantité de matière combustible qu'on verse à la
fois dans une cartouche d'artifice.
— ÉTYM. Corne.
CORNÉENNE (kor-né-è-n'), s. f. Terme de géolo-
gie. Substance pierreuse qui fait la base des diver-
ses roches mélangées.
— ÉTYM. Corne.
t CORNEILLARTi (kor-nè-llar, Il mouillées), s.
m. Petit de la corneille.
— ÉTYM. Corneille.
1. CORNEILLE (kor-nè-11', Zt mouillées; et non
kor-nè-ye), s. f. Oiseau plus petit que le corbeau
et noir comme lui. Les cris de la corneille ont an-
noncé l'orage; Le bélier effrayé veut rentrer au ha-
meau , ST-LAMBERT , Saisons, 11. Seule errante à pas
lents sur l'aride rivage, La corneille enrouée appelle
aussi l'orage, DELILLE, Géorg. 1.1| Corneille emman-
telée, sorte de corneille qui a une partie du corps
noir et le reste grisâtre. Corneille chauve, le freux.
Corneille d'église, le choucas. |j La corneille d'Esope,
ou la corneille de la fable, se dit d'une personne se
parantavec ce qui ne lui appartient pas. || Fig. Bayer
aux corneilles, s'amuser niaisement à regarder en
l'air la bouche ouverte. Allons, vous, vous rêvez et
bayez aux corneilles; Jour de Dieu! je saurai vous
frotter les oreilles, MOL. Tart. 1, t. \\ Familièrement.
Y aller de cul et de tête comme une corneille qui
abat des noix, s'employer à quelque chose avec zèle,
sans doute, mais avec maladresse et sans réflexion.
Il Dans l'antiquité la corneille fournissait des présa-
ges. Hélas! s'écria Esope, les présages sont bien
trompeurs! moi qui ai vu deux corneilles, je suis
COR
Lucien, t. I, dans BICHELET. Une femme qui ait
déjà planté cornes au front de son mari, VOLT. Phil.
ni, 329. || 2° Attribut que la mythologie donnait
aux représentations des fleuves et aux satyres. Qui
n'a TU dessous leurs combats Le Pô mettre les cor-
nes bas? MALH. iv, 5. || 3° Attribut que la légende
chrétienne a donné aux diables. Le diable et ses
cornes. Le Tasse, en donnant des cornes à Satan,
l'a rendu presque ridicule, CHATEAUB. Gériie, il, v, 9.
|| Fig. Voilà qui futfeit, je lui trouvai des cornes
[je le trouvai laid], SËV. 233. || Il mangerait le
diable et ses cornes, se dit d'un grand mangeur.
|| 4° Corne de cerf, le bois du cerf lorsqu'il est em-
ployé dans les arts. Qui croirait avilir l'honneur de
ses châteaux, Si de cinquante cerfs les cornes me-
naçantes N'ornaient pompeusement ses portes triom-
phantes? DELILLE, Homme des champs, i. || Terme
de vénerie. Corne, la tête du chevreuil. |] Corne de
narval ou de licorne de mer, dent conique, droite
et longue de la mâchoire supérieure d'un cétacé.
|| Terme de pathologie. Cornes cutanées, produc-
tions morbides qui s'observent chez l'homme, sur-
tout chez les vieillards, à la face, aux mains et
aux autres parties du corps habituellement décou-
vertes. || 5° Substance compacte, blanchâtre ou
noirâtre, terne ou luisante, dure ou molle, qui
revêt ordinairement des parties du corps de certains
animaux. j| La partie dure qui est aux pieds du che-
val, de l'âne,' etc. Voyant son maître en joie, il
[l'âne] s'en vient lourdement, Levé une corne tout
usée, La lui porte au menton fort amoureusement,
LA PONT. Fàb. iv, 6. || Substance cornée. Tabatière,
peigne de corne. L'autre [porte des enfers] est faite
de corne, et du sein des lieux sombres Elle donne
passage aux véritables ombres, DELILLE, Enéide, vi.
|| C'est de la corne, se dit d'une viande qui est dure.
j[ 6° Nom de différents ustensiles. || Corne d'amorce,
corne de boeuf façonnée en étui et renfermant de
la poudre. || Terme de jeux. Tenir la corne, avoir
les dés et jouer pour son compte. Corne est ici pour
cornet. Il Terme de vétérinaire. Donner un coup de
corne à un cheval, le. saigner au palais avec une
corne de cerf ou de chevreuil dont le bout est pointu
et affilé. ||Iln'apas besoin qu'on lui donne un coup
de corne pour avoir de l'appétit, se dit d'un homme
qui mange de grand appétit. || Petite palette en
corne, dite aussi chausse-pied, dont on se sert
pour mettre ses souliers. |[ Instrument à vent, dont
se servent les vachers et qui est ordinairement fait
d'une corne. Les Romains se formaient en bataille
aux éclats de la corne etdutifuus, CHATEAUB. if art.
193. || 7° Appendice assimilé à une corne. || Petites
touffes de plumes qui sont sur la tête du duc, sorte
d'oiseau de nuit. || Éminences pointues que le cé-
raste d'Egypte [serpent] porte au-dessus de chaque
oeil. || Prolongement qui surmonte la tête ou le cor-
selet de divers insectes. Ce cerf-volant a de belles
cornes. || Pédicules qui supportent les yeux des li-
maçons. Les limaçons montrent leurs cornes. A
peine étais-je assis sur une de ces bornes Que deux
gros limaçons me présentent les cornes, BOURSAULT,
Merc. gai. ni, 4. |j Terme de botanique. Appendices
qui naissent sur la fructification de certains cryp-
togames. Éperons de certaines fleurs. || Terme d'a-
natomie. Nom de diverses parties plus ou moins
saillantes à la surface des organes dont elles dépen-
dent. Les cornes de l'os hyoïde. Les cornes de l'u-
térus. || 8" Terme du langage poétique. Corne d'a-
bondance, corne de la chèvre Amalthée, nourrice
de Jupiter, de laquelle il avait voulu, pour récom-
pense, qu'il sortît sans cesse une abondance de
toutes sortes de biens. 11 le dépeignait tenant en
main la corne d'abondance, FÉN. Tél. xiv. D'augus-
tes déités Qui viennent sur les pas de la belle es-
pérance Verser la corne d'or où fleurit l'abondance,
A. CHÉN. 36. || Corne d'or ou d'abondance. On nom-
mait ainsi autrefois le port de Constantinople, parce
que le commerce y transportait tous les produits de
l'univers. || 9° Angle saillant et recourbé comme une
corne. Les cornes d'un autel antique. || Les cornes
de la charrue, nom donné au manche de la char-
me, parce qu'il présente en effet deux bâtons qui
Tont en s'écartant l'un de l'autre comme des cornes.
Nouveau Cincinnatus, on l'a vu [M. Lullin de Châ-
teauvieux] tenir alternativement les rênes du gou-
vernement et les cornes de la charrue, BONNET,
Vsagedes feuilles, 6« mém. || Chapeau à trois cornes,
chapeau dont le bord a été relevé en trois parties,
de manière à présenter trois pointes ou cornes, li
n'est guère en usage que chez les ecclésiastiques.
Dans le chapeau d'ordonnance qu'on nomme sou-
vent à trois cornes par suite d'anciennes habitudes,
une des cornes s'est aplatie et a disparu; il n'en
COR
reste vraiment que deux. Le capuce et la toque à
trois cornes Ont extorqué des hommages sans bornes.
VOLT. P. diable. || Corne ducale, bonnet que portait
le doge de Venise et qui avait une pointe arrondie
sur le derrière. || Faire une corne à un livre, y faire
une marque en pliant le coin d'une page. || Cornes
du croissant de la lune, les parties du croissant qui
sont tournées vers la région du ciel opposée au so-
leil. Voilà deux grandes cornes [le Péloponnèse et
l'Egypte] arrachées au croissant des Turcs, VOLT.
Lett. à Cath. 46. || Terme de marine. Corne d'arti-
mon, vergue qui porte la voile du mât de ce nom.
|| Terme de géographie. Sommet anguleux d'une
montagne, dit aussi aiguille et dent. || i0° Terme de
fortification. Ouvrage à cornes, pièce extérieure,
dont la tête est fortifiée de deux demi-bastions,
joints par une courtine, et fermés de deux côtés
par deux ailes parallèles l'une à l'autre. Prendre
les dehors du plus bel ouvrage à cornes, SÉV.
30-1. C'est la prise d'un ouvrage à cornes, ID. 472,
|| il 0 Terme d'architecture. Corne d'abaque, en-
coignure du tailloir des chapiteaux corinthiens.
|| Corne de bélier, ornement qui sert de volute au
chapiteau ionique composé. || Corne de vache, es-
pèce de voûte, en cône tronqué. || Maison corne
en coin, maison mal orientée. |[ 12° Terme de
botanique. Corne de cerf, nom vulgaire de la sène-
bière corne de cerf et du plantain. || 13° Corne d'Am-
mon, genre de coquillage fossile, en forme de corne
de bélier. Voy. AMMON. || 14° Terme de métiers.
Éminence qui dépasse le rebord, d'un réchaud.
|| Nom de plusieurs outils de tonnelier et de char-
ron. || Raie blanche sur la tranche de cuir indi-
quant qu'il a été mal tanné. |) Proverbes. 11 entend
de corne, il a mangé de la vache, se dit de quel-
qu'un qui a mal entendu. || On prend les hommes
par les paroles et les bêtes par les cornes.
— HIST. xnc s. Je dis as mesfaisanz : ne voilez
[veuillez] exalcer la corne, Liber psalm. p. 100. Si
ad enpaint Reinalt qu'ariere rehusa [recula], E le
corn del mantel hors des mains li sacha, Th. le
mart. 148. Sedechias, li fiz Chanaa, se fist cornes de
fer, si dist....Rois, 335. E Sadoc prist une corne à
ulie [huile] del tabernacle, e enuinst à rei Salomun,
ib. 225. ||XHTCS. [La mitre] a deux cornes, dont
l'une senefie confession et l'autre satisfacion, Chron.
de Bains, p. 105. Jehan le Ermin, qui estoit artil-
lier le roy, ala lors à Damas pour acheter cornes et
glus pour faire arbalestres, JOINV. 25S. Belin [le
bélier] s'esmuet de grant ravine; Quant vint au leu
[loup], ses cornescline, Ren. 6428. Et Turc aux ars
de cor les vont bien destruisant, Chanson d'Antio-
che, 1.1, p. 31. || xive s. Item un arc de cor d'arba-
leste ou prix de vingt sols, nE LABORDE, Émaux,
p. 223. Arbalestes de cor et d'if, ID. ib. || xve s. Les
dames et damoiselles menoient grands et excessifs
estats, et cornes merveilleuses hautes et larges, et
avoient de cliascun costé en lieu de bourleis deux
grandes oreilles si larges que, quand elles vouloient
passer l'huys d'une chambre, il falloit qu'elles se
tournassent de costé et baissassent, ou elles n'eus-
sent pu passer, JUV. DES BESINS, Ifist. de Charles VI,
p. 338, dans LACURNE. Et eurent les Anglois sur
corne [furent battus], Vigiles de Charles Vil, t. n,
p. 97, dans LACURNE. Pour bailler aux Anglois sur
corne, ib. p. 57. Et elle, qui fut tant esbahie que
se cornes lui fussent venues, de primesaut ne sut
que répondre, LOUIS XI, NOUV. XXXI. || xvie s. Plu-
sieurs garçons lui faisoient des cornes par derrière,
en signe de moquerie, MARG. NOUV. m. Afin que,
quand vos maris vous donneront les cornes de che-
vreuil, vous leur en donniez de cerf, ID. ib. in. On
veoit croistre la nuict des cornes à tel qui ne les
avoitpas en se couchant, MONT, I, 92. S'humilier et
baisser les cornes, ID. II, 227. Des couppes d'argent,
des tasses et gobelets faits en forme des cornes d'abon-
dance, AMYOT, P. Jim. 55. Suivoient six vingt boeufs
gras et refaicts, ayans toutes les cornes dorées et
les testes couronnées de festons, p. ib. 66. Et la
recueille Ion ne plus ne moins qu'une rosée dedans
la corne du pied d'un asne, pour ce qu'il n'y a autre
sorte de vaisseau qui la puisse contenir, ID. Alex.
(23. Le mareschal d'Aumont faisoit la corne [l'aile]
gauche, aiant à chacun de ses estriers un régiment
françois, D'ADB. Hist. ni, 229. Il se sent tant mon
obligé, que c'est pour l'amour de moy qu'il porte
cette corne de cheveux, D'AIIB. Conf. 11, 1. Les ele-
phans, estant irrités, chargent les hommes sur leurs
cornes, et les jettent si haut, que.... PARÉ, Animaux,
13. La corne-de-cerf, le cerfeuil, le nazitor ou cres-
son alenois, et autres menues herbes, 0. DE SERRES,
636. Nous fismes une autre grande attaque, en la
quelle nous ecornasmesla moitié de la corne, BAS-
COR
SOMPIERRE, Mém. t. 11, p. 234, dansLACURNE. Doncq
quel proufit vient il à l'humain gendre [au genre
humain] Dessus son chief les cornes d'orgueilprendre?
Les triomphes de Pétrarque , trad. par te baron
n'oPEDE, f° 97, dans LACURNE. Boeufs portent, cornes,
et veaux cornettes, DES ACCORDS, Bigarr. f° 48.
dans LACURNE.
— ÉTYM. Bourguig. cône; 'wallon, coine; provenç.
corn; espagn. cuerno; ilal. como; du latin cornu;
grec, xspoeç; allem. Boni. On remarquera dans
l'historique, arc de cor: c'est un arc fait de deux
cornes reliées par le milieu avec du bois d'if; que
cor puisse provenir de cornu, c'est ce que prouvent
les cors du cerf.
f 2. CORNE (kor-n'), s. f. Le fruit du cornouiller,
dit aussi cornouille.
— HIST. xmc s. Cornes sont froides et sekes;
mais quant eles sont bien meures, si ne sont pas si
froides, ALEBRANT, f°66, verso.
— ÉTYM. Voy. CORNOUILLE.
1. CORNÉ, ÉE (kor-né, née), part, passé de
corner 1. Les chiens cornés par le veneur. || Fig.
Mauvais propos, cornés dans toute la ville.
2. CORNÉ, ÉE (kor-né, née), part, passé de
corner 2. X quoi on a fait une corne. Carte cornée.
3. CORNÉ, ÉE (kor-né, née), adj. || i" Qui est de
la nature ou qui a l'apparence de la corne. H Terme
d'anatomie. Tissu corné, nom générique sous lequel
on réunit les ongles, les cornes, les sabots. La sub-
stance cornée de l'ergot [d'un coq] imite assez celle
d'une corne, BONNET, Consid. corps organ. OEuvres,
t. vi, p. 78, dans POUGENS. || 2° Terme d'ancienne
chimie. Lune cornée, argent corné, le chlorhydrate
d'argent. || 3°Pierre cornée, pierre de la nature du
jaspe. I] 4° Terme de pêche. Harengs cornés, harengs
près de frayer, qui deviennent coriaces quand ils
ont été mis dans le sel.
— HIST. xvie s. Quant aux masles [boucs] cornés
ou escornés, 0. DE SERRES, 329.
t i. CORNEAU (kor-nô), s. m. Terme de chasse.
Chien issu du mâtin et du chien courant.
f 2. CORNEAU (kor-nô), s. m. Terme de marine.
Conduit des bouteilles et de la poulaine.
— ÉTYM. Corne.
CORNÉE (kor-né), s. f. Terme d'anatomie. La tu-
nique transparente de l'&il, et la plus épaisse, cslte
qui en revêt le cinquième antérieur, par laquelle
pénètrent les rayons lumineux et qui laisse voir la
couleur du fond de l'oeil. Quoique nous soyons en-
core bien éloignés de connaître tout le mécanisme
de l'oeil, nous savons cependant que la cornée est
plus ou moins convexe, CONDILLAC, Conn. hum.
sect. 6. Il Autrefois on distinguait la cornée trans-
parente , ceile dont il s'agit plus haut, et la cornée ■
opaque, qui est la sclérotique dite vulgairement
blanc de l'oeil.
— HIST. xvr s. La conjonctive et partie de la
cornée. — S'il y a du pus entre la cornée et l'uvée,
sera vacué par incision, PARÉ, Introd. 2.
— ÉTYM. Corne 1 3.
f 2. CORNÉE (kor-née), s. f. Terme d'artificier.
La quantité de matière combustible qu'on verse à la
fois dans une cartouche d'artifice.
— ÉTYM. Corne.
CORNÉENNE (kor-né-è-n'), s. f. Terme de géolo-
gie. Substance pierreuse qui fait la base des diver-
ses roches mélangées.
— ÉTYM. Corne.
t CORNEILLARTi (kor-nè-llar, Il mouillées), s.
m. Petit de la corneille.
— ÉTYM. Corneille.
1. CORNEILLE (kor-nè-11', Zt mouillées; et non
kor-nè-ye), s. f. Oiseau plus petit que le corbeau
et noir comme lui. Les cris de la corneille ont an-
noncé l'orage; Le bélier effrayé veut rentrer au ha-
meau , ST-LAMBERT , Saisons, 11. Seule errante à pas
lents sur l'aride rivage, La corneille enrouée appelle
aussi l'orage, DELILLE, Géorg. 1.1| Corneille emman-
telée, sorte de corneille qui a une partie du corps
noir et le reste grisâtre. Corneille chauve, le freux.
Corneille d'église, le choucas. |j La corneille d'Esope,
ou la corneille de la fable, se dit d'une personne se
parantavec ce qui ne lui appartient pas. || Fig. Bayer
aux corneilles, s'amuser niaisement à regarder en
l'air la bouche ouverte. Allons, vous, vous rêvez et
bayez aux corneilles; Jour de Dieu! je saurai vous
frotter les oreilles, MOL. Tart. 1, t. \\ Familièrement.
Y aller de cul et de tête comme une corneille qui
abat des noix, s'employer à quelque chose avec zèle,
sans doute, mais avec maladresse et sans réflexion.
Il Dans l'antiquité la corneille fournissait des présa-
ges. Hélas! s'écria Esope, les présages sont bien
trompeurs! moi qui ai vu deux corneilles, je suis
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