CON
CON
CON
763
la presse ; il fault ou imiter les vicieux ou les haïr,
MONT, i, 273. Qui a pu deffendre aux misérables
d'opposer les bras aux bras, et le fer au fer, et pren-
dre d'une fureur, sans justice la contagion d'une
juste fureur? D'AUB. Hist. m, 457. La contagion uni-
verselle des opinions populaires et erronées, CHAR-
RON, Sagesse, i, a.
— ËTYM. Lat. contagio;àe cum, avec, et tangere,
toucher (voy. TANGIBLE).
t CONTAGIONNAIRE (kon-ta-jio-nê-r'), s. m.
Voy. CONTAGIONNISTE.
t CONTAGIONNISTE (kon-ta-jio-ni-sf), s. m. Mé-
decin qui soutient la contagion de la fièvre jaune
et de la peste, et recommande les mesures de qua-
rantaines, les barrières et les précautions sanitaires.
|| On a dit aussi contagionnaire, aujourd'hui peu
usité.
— ÉTYM. Contagion.
t CONTAGIOSITÉ (kon-ta-jio-zi-té), s. f. Terme
de médecine. Qualité de ce qui est contagieux. La
contagiosité de certaines maladies.
— ÉTYM. Contagieux.
+ CONTAILLE (kon-tâ-11', II mouillées), adj. f.
Terme de commerce. Soie contaille, sorte de soie de
basse qualité.
fCONTAMlNABLE (kon-ta-mi-na-bl'), adj. Terme
de médecine. Qui peut être contaminé. Objets con-'
laminables, objets susceptibles de contagion, c'est-
à-dire qui peuvent communiquer la peste ou toute
autre maladie.
CONTAMINATION (kon-ta-mi-na-sion), s. f. Souil-
lure. Suivant la loi de Moïse, il y avait plusieurs
sortes de contaminations.
— HIST. xvi" s. Contamination, OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Lat. contaminatio, de conlaminare, con-
taminer.
CONTAMINÉ, EE (kon-ta-mi-né,née), part, passé.
Ôter les habits de peur d'en être contaminé, HA-
MILT. Gramm. JO. || Terme de médecine. Où règne
une maladie contagieuse. Localités contaminées.
CONTAMINER (kon-ta-mi-né), v. a. Souiller. || Il
est vieux.
— HIST. xv» s. Afin que dorénavant elle ne con-
taminast les autres membres de J.-C, MONSTREL.
liv. n, ch. -105.
— ÉTYM. Lat. contaminare, de cum, avec, et ta-
minare, souiller.
f CONTANT (kon-tan) ou CONTAUR (kon-tôr),
s. m. Terme de marine. Partie du vaisseau, qui est
au-dessus de l'enceinte qu'on nomme cordon.
CONTE (kon-f), s. m. || i° Récit, rapport, et, par-
ticulièrement, récit de quelqueanecdote, de quelque
aventure. Un bon conte. 11 sait des contes de toute
sorte. Il fait un conte mieux qu'homme du monde.
Tu fais après cela dés contes superflus, CORN. Hé-
racl. iv, 4. J'ai une démangeaison naturelle à faire
part des contes que je sais, MOL. Scapin, in, 3. J'é-
tais toute remplie du conte ei je brûlais de le redire,
m. ib. m, 4. Des personne* ; o disent de sots con-
tes, PASC. J. C. 43. Dans la conversation, ce qu'on
appelle conte est le récit bref et rapide de quelque
chose de plaisant, MARMONT. Élém. de littér. t. vi,
p. 207, dans POUGENS. On en fit le conte à la reine,
HAMILT. Gramm. 8. D^g>âce n'allez pas divulguer
un tel conte, MOL. VËlvic: H, 6. À cause des contes
perpétuels qu'ils nous en font, SÉV. 243. Il nous fit
l'autre jour un fort plaisant conte, ID. 604. Ses en-
nemis [deBion] avaient fait des contes au roi Anti-
gonus, au sujet de sa naissance ignominieuse, FÉN.
Dion. On aura fait quelque conte, Et de dépit trans-
portés Peut-être ils règlent le compte De leurs in-
iidélités, BÉRANG. Bon ménage. || Familièrement.
Quel conte me faites-vous avec vos dépenses?
c'est-à-dire, que me parlez-vous de dépenses? c'est-
à-dire encore, vous ine parlez de dépenses qui ne
sont pas réelles ou auxquelles je ne veux pas prendre
part. || 2° Récit d'aventures merveilleuses ou autres,
fait en vue d'amuser. Les contes de fées. Les contes
de Perrault. On fait en Italie un conte assez plaisant,
RÉGNIER, Sat. ix. Boccace en fait certain conte pour
rire, LA FONT. Matet. Maudit censeur, te tairas-tu?
Ne saurai-je achever mon conte? m. Fab. n, t. Une
morale nue apporte de l'ennui ; Le conte fait passer
le précepte avec lui, in. ib. vi, i. Le conte est du
bon temps, non du temps où nous sommes, ID. ib.
x, <0. Jamais ce qu'on appelle un bon conte ne
passe d'une main à l'autre sans recevoir quelque em-
bellissement, ID. Contes, Préf. du tome rt. Les aises
delà vie, l'abondance, le calme d'une grande pro-
spérité font que les princes ont de la joie de reste
pour rire d'un nain, d'un singe, d'un imbécile et
d'un mauvais conte, LA BRUY. IX. Qui croirait que
le ménestrel Rutebeuf, Hébert et d'autres auteurs
aussi inconnus et en apparence aussi méprisa-
bles , fussent les originaux des meilleurs contes de
Bocace? FONTEN. Hist. du th. fr. OEuvres, t. v,
p. a , dans POUGENS. C'est à qui trouvera les meil-
leures chansons, à qui fera les meilleurs contes,
J. 3. RODSS. Ilél. v, 7. || Contes bleus, contes de fées
et autres récits de ce genre, ainsi dits parce qu'ils
étaient d'ordinaire couverts d'un papier bleu ; et par
extension, récits imaginaires, raisons sans fonde-
ment, billevesées. Les pères, les maris me prendront
aux cheveux, Pour dix ou douze contes bleus! LA
FONT. Oies. Voilà les contes bleus qu'il vous faut
pour vous plaire, MOL. Tart. i, <. Nargue des vertus!
On n'en sait que faire; Aux sots revêtus Le tout est
de plaire ; De ses contes bleus L'honneur nous as-
somme, BÉRANG. Scand. || Récit où une aventure
plus ou moins libre est racontée. J'avais résolu de
ne consentir à l'impression de ces contes qu'après
que j'y pourrais joindre ceux de Boccace qui sont le
plus à mon goût, LAFONT.Conto,préface du tome i.
On m'en peut faire deux principales [ objections] :
l'une que ce livre est licencieux, l'autre qu'il n'é-
pargne pas assez le beau sexe; quant à la première,
je dis hardiment que la nature du conte le voulait
ainsi, étant une loi indispensable selon Horace et
selon la raison et le sens commun de se conformer
aux choses dont on écrit, ID. ib. Ce principe une fois
posé, ce n'est pas une faute de jugement que d'en-
tretenir les gens d'aujourd'hui de contes un peu li-
bres, m. ib. Je ne pèche pas non plus en cela contre
la morale; s'il y a quelque chose dans nos écrits qui
puisse faire impression sur les âmes, ce n'est nulle-
ment la gaieté de ces contes; je craindrais plutôt
une douce mélancolie où les romans les plus chastes
et les plus modestes sont très-capables de nous plon-
ger, ID. ib. || Conte gras, conte graveleux. || 3° Par
extension, discours ou récit mensonger, peu vrai-
semblable et auquel on ne croit pas. J ugez par là com-
bien ce conte est ridicule, CORN. Héracl. i, t.Certes,
ma soeur, le conte est fait avec adresse, m. Pomp.
i, 3. Je le sers aussitôt d'un conte imaginaire Qui l'é-
tonue lui-même et le force à se taire, CORN, le Ment.
i, G. C'est un conte à n'y rien connaître, Un conte
extravagant, ridicule, importun ; Cela choque le sens
commun ; Mais cela ne laisse pas d'être, MOL. Ampli.
n, t Je vois que d'un conte odieux Vous avez,
comme moi, sali votre mémoire, BOiL.Saf. X. Ils nous
donnent encore, avec leurs lois sévères, De cent
sots contes parle nez, MOL. Amph. u, 3. || Faire des
contes, dire des choses qui sont sans fondement.
Ce sont apparemment mes ennemis , madame ,
qui vous ont fait ces contes ; ils vont criant que
je suis mal en cour, VOLT, le Taureau blanc. || On
dit en ce sens : conte de bonne femme, conte
borgne, conte à dormir debout, conte de vieille,
conte d'enfant, conte de ma mère l'oie, conte de
ou à la cigogne, conte de peau d'âne. Dans ces di-
verses cosmogonies, on est placé entre des contes
d'enfants et des abstractions de philosophes, CHA-
TEAUB. Génie, i, m, i. || Conte en l'air, mensonge,
duperie. Ce ne sont pas là des contes en l'air
comme les vôtres, PASC. Prou, te. Mais il prend
mes avis pour des contes en l'air, MOL. ÉC. des mar.
n, ti. || Voilà un beau conte, de beaux contes! se
dit pour exprimer qu'on n'ajoute aucune foi aux ré-
cits, aux paroles de quelqu'un. || Conte fait à plaisir,
récit inventé de toute pièce. Ce privilège [de chan-
ger le récit] cessera-t-il à l'égard des contes faits à
plaisir, et faudra-t-il dorénavant avoir plus de res-
pect pour le mensonge que les anciens n'en ont
eu pour la vérité? LA FONT. Contes, préface du
tome il.
— SYN. CONTE, FABLE, NOUVELLE, ROMAN. Il n'y
a pas de différence fondamentale entre le conte et
le roman; l'un et l'autre sont des narrations men-
songères pu regardées comme telles. Tout ce qu'on
peut dire, c'est que conte est le terme générique
puisqu'il s'applique à toutes les narrations fictives,
depuis les plus courtes jusqu'aux plus longues. Le
roman ne se dit que de celles-ci. Un conte de trois
pages ne s'appellera jamais un roman, tandis qu'un
roman est, dans toute la rigueur du terme, un conte
suffisamment long. La nouvelle ne se distingue pas
non plus au fond du conte ou du roman. Dans l'u-
sage ordinaire, c'est un roman de petite dimension
dont le sujet est présenté comme nouveau ou peu
ancien, ou avec des détails inconnus jusqu'ici.
La fable, dans le sens d'apologue, est le récit d'une
petite scène entre des animaux ou des végétaux
auxquels on prête les sentiments et le langage hu-
mains. Dans la conversation, quand après un récit
entendu on dit : c'est un conte, ou c'est une fable,
on entend que le récit n'est pas vrai. Quand on dit ;
c'est un roman, on veut dire que les aventures ra-
contées sont extraordinaires; elles peuvent néan-
moins être vraies.
— HIST. XIIC s. Ne sont que trois matières [de
poème] à nul home entendant, De France, de Bre-
taigne et de Rome la grant ; Li conte de Brelaigne
sont si voir et plaisant, Sax. 1.1| xme s. Encor est-il
[Artus] de tel renom, Que l'en conte de li les contes
Et devant rois et devant contes , la Rose, n 87.
|| xv s. Pourquoi vous feroie-je long conte? FROISS.
I, i, 152. || x\'ie s. Le conte dict que Psammenitus....
MONT, I, 6. Les enfants sçavent le conte du roy
Croesus à ce propos, ID. I, 65. Tu te fondes sur les
contes des médecins, m. i, 73. 11 y en a qui esti-
ment que ce sont toutes fables, , et comptes faicts
à plaisir, AMYOT, Rom. <2. Un conte attire l'autre,
COTGRAVE.
— ÉTYM. Provenç. conte, comte; espagn. cuento;
ital.. coitfo (voy. CONTER).
CONTÉ, ÉE (kon-té, tée), part, passé. Dont on a
fait récit. Une historiette contée avec esprit.
f CONTEMPÉRAT10N (kon-tan-pé-ra-sion), s. f.
Terme de théologie. Exact tempérament de la grâce.
Dieu fait, disent-ils, que nous choisissons par les
préparations et par les attraits qui nous mettent en
de certaines dispositions et nous inclinent aussi
doucement qu'efficacement à une chose plutôt qu'à
une autre ; voilà ce qu'on appelle l'opinion de la con-
températion, BOSS. Lib. arb. 7. .
— HIST. xv» s. Les vins que les chrestiens avoient
et qui de Pouille et de Calabre leur venoient, es-
taient secs et chauds, et hors de la contemperation
françoise; dont plusieurs les comparèrent [le payè-
rent] ; car en fièvre et en chaleur en cheurent,
FROISS. liv. IV, p. 84, dans LACURNE.
— ËTYM. Voy. CONTEMPËRÊ.
t CONTEMPÉRÉ, ÉE (kon-tan-pé-ré, rée) , adj.
Qui a de la modération. Elle est douce, accommo-
dante et conlempérée, BOSS.-Excuses, t.-'
— HIST. xvie s. Par medicamens qui évacuent,
cuisent, contemperent, atténuent, incisent et ou-
vrent, PARÉ, xx, 4.
— ÉTYM. Lat. conlemperare, de cum, et tempe-
rare (voy. TEMPÉRER).
CONTEMPLATEUR, TRICE (kon-tan-pla-teur,
tri-s'), s. m. et f. || 1° Celui, celle qui contemple. Con-
templateur des merveilles de la nature. Retranchons
l'homme de dessus la terre; il n'y a plus de contem-
plateur des, oeuvres du Tout-puissant, BONNET, PO-
lingén. <2epart.ch. 8. || 2" L'homme contemplatif. Le
contemplateur, mollement couché dans une cham-
bre tapissée, invective contre le soldat, VAUVEN.
Max. ccxxin.
: — HIST. xv° s. Homme n'est pas facteur des créa-
tures de Dieu, mais contemplateur de ses oeuvres,
A. CHARTIER , dans le Dict. de DOCHEZ.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. contemplador; ital,
contempla-tore; du latin contemplalorem (voy. CON-
TEMPLER).
CONTEMPLATIF, IVE (kon-tan-pla-tif, ti-v'),adj.
|| 1° Qui se plaît dans la contemplation. Esprit con-
templatif. Sous ce jour sans rayon [une nuit étoi-
lée], plus serein qu'une aurore, X l'oeil contem-
platif la terre semble éclore, LAMART. Sarm. n, 4.
|| Livré à la contemplation. Marthe n'était-elle pas
une sainte, quoiqu'on ne dise pas qu'elle fût con-
templative ? BOSS. Or. 9. || Dans le "sens d'intellec-
tuel. Facultés contemplatives, par opposition à fa-
cultés affectives ou actives. || Vie contemplative,
inactivité du corps et de l'esprit, si ce n'est pour la
méditation ou la prière. On dit en ce sens d'un
ordre religieux qu'il est voué à la vie contemplative,
(| 2° Substantivement. Celui qui est livré à la con>
templation. Vous rirez de me voir faire un contem-
platif, un philosophe, J. i. ROUSS. Ém. iv. Le pays est
intéressant pour des contemplatifs solitaires, ID.
Prom. 6. || Terme de théologie. Les extases des
contemplatifs. Ceux qui sont appelés à l'action et au
service du prochain, veulent à contre-temps faire les
contemplatifs, FLÉCH. Serm. n, 160. C'est un raffi-
nement de piété qu'on n'entend point ; c'est un lan-
gage presque de contemplatif, MASS. Avent, Dispos,
à la comm. \\ Nouveaux contemplatifs, nom donné
aux quiétistes.
— HIST. xiic s. Icist [ces clercs], dementres qu'il
sunt vif, Sunt apelé contemplatif; E ceste vie con-
templative, Qui contre tuz deliz [plaisirs] estrive
[combat].... BENOÎT, H, H2t2. || xive s. La tierce est
vie contemplative, ORESME, Elh. v, s. || xvi" s.
La vie d'un philosophe contemplatif, AMYOT , Péric.
36. La vie contemplative ne doit point estre dis-
jointe, ni pour tousjours ni pour longtemps, de
l'active, LANOUE, 633. Les platoniques ont beaucoup
CON
CON
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la presse ; il fault ou imiter les vicieux ou les haïr,
MONT, i, 273. Qui a pu deffendre aux misérables
d'opposer les bras aux bras, et le fer au fer, et pren-
dre d'une fureur, sans justice la contagion d'une
juste fureur? D'AUB. Hist. m, 457. La contagion uni-
verselle des opinions populaires et erronées, CHAR-
RON, Sagesse, i, a.
— ËTYM. Lat. contagio;àe cum, avec, et tangere,
toucher (voy. TANGIBLE).
t CONTAGIONNAIRE (kon-ta-jio-nê-r'), s. m.
Voy. CONTAGIONNISTE.
t CONTAGIONNISTE (kon-ta-jio-ni-sf), s. m. Mé-
decin qui soutient la contagion de la fièvre jaune
et de la peste, et recommande les mesures de qua-
rantaines, les barrières et les précautions sanitaires.
|| On a dit aussi contagionnaire, aujourd'hui peu
usité.
— ÉTYM. Contagion.
t CONTAGIOSITÉ (kon-ta-jio-zi-té), s. f. Terme
de médecine. Qualité de ce qui est contagieux. La
contagiosité de certaines maladies.
— ÉTYM. Contagieux.
+ CONTAILLE (kon-tâ-11', II mouillées), adj. f.
Terme de commerce. Soie contaille, sorte de soie de
basse qualité.
fCONTAMlNABLE (kon-ta-mi-na-bl'), adj. Terme
de médecine. Qui peut être contaminé. Objets con-'
laminables, objets susceptibles de contagion, c'est-
à-dire qui peuvent communiquer la peste ou toute
autre maladie.
CONTAMINATION (kon-ta-mi-na-sion), s. f. Souil-
lure. Suivant la loi de Moïse, il y avait plusieurs
sortes de contaminations.
— HIST. xvi" s. Contamination, OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Lat. contaminatio, de conlaminare, con-
taminer.
CONTAMINÉ, EE (kon-ta-mi-né,née), part, passé.
Ôter les habits de peur d'en être contaminé, HA-
MILT. Gramm. JO. || Terme de médecine. Où règne
une maladie contagieuse. Localités contaminées.
CONTAMINER (kon-ta-mi-né), v. a. Souiller. || Il
est vieux.
— HIST. xv» s. Afin que dorénavant elle ne con-
taminast les autres membres de J.-C, MONSTREL.
liv. n, ch. -105.
— ÉTYM. Lat. contaminare, de cum, avec, et ta-
minare, souiller.
f CONTANT (kon-tan) ou CONTAUR (kon-tôr),
s. m. Terme de marine. Partie du vaisseau, qui est
au-dessus de l'enceinte qu'on nomme cordon.
CONTE (kon-f), s. m. || i° Récit, rapport, et, par-
ticulièrement, récit de quelqueanecdote, de quelque
aventure. Un bon conte. 11 sait des contes de toute
sorte. Il fait un conte mieux qu'homme du monde.
Tu fais après cela dés contes superflus, CORN. Hé-
racl. iv, 4. J'ai une démangeaison naturelle à faire
part des contes que je sais, MOL. Scapin, in, 3. J'é-
tais toute remplie du conte ei je brûlais de le redire,
m. ib. m, 4. Des personne* ; o disent de sots con-
tes, PASC. J. C. 43. Dans la conversation, ce qu'on
appelle conte est le récit bref et rapide de quelque
chose de plaisant, MARMONT. Élém. de littér. t. vi,
p. 207, dans POUGENS. On en fit le conte à la reine,
HAMILT. Gramm. 8. D^g>âce n'allez pas divulguer
un tel conte, MOL. VËlvic: H, 6. À cause des contes
perpétuels qu'ils nous en font, SÉV. 243. Il nous fit
l'autre jour un fort plaisant conte, ID. 604. Ses en-
nemis [deBion] avaient fait des contes au roi Anti-
gonus, au sujet de sa naissance ignominieuse, FÉN.
Dion. On aura fait quelque conte, Et de dépit trans-
portés Peut-être ils règlent le compte De leurs in-
iidélités, BÉRANG. Bon ménage. || Familièrement.
Quel conte me faites-vous avec vos dépenses?
c'est-à-dire, que me parlez-vous de dépenses? c'est-
à-dire encore, vous ine parlez de dépenses qui ne
sont pas réelles ou auxquelles je ne veux pas prendre
part. || 2° Récit d'aventures merveilleuses ou autres,
fait en vue d'amuser. Les contes de fées. Les contes
de Perrault. On fait en Italie un conte assez plaisant,
RÉGNIER, Sat. ix. Boccace en fait certain conte pour
rire, LA FONT. Matet. Maudit censeur, te tairas-tu?
Ne saurai-je achever mon conte? m. Fab. n, t. Une
morale nue apporte de l'ennui ; Le conte fait passer
le précepte avec lui, in. ib. vi, i. Le conte est du
bon temps, non du temps où nous sommes, ID. ib.
x, <0. Jamais ce qu'on appelle un bon conte ne
passe d'une main à l'autre sans recevoir quelque em-
bellissement, ID. Contes, Préf. du tome rt. Les aises
delà vie, l'abondance, le calme d'une grande pro-
spérité font que les princes ont de la joie de reste
pour rire d'un nain, d'un singe, d'un imbécile et
d'un mauvais conte, LA BRUY. IX. Qui croirait que
le ménestrel Rutebeuf, Hébert et d'autres auteurs
aussi inconnus et en apparence aussi méprisa-
bles , fussent les originaux des meilleurs contes de
Bocace? FONTEN. Hist. du th. fr. OEuvres, t. v,
p. a , dans POUGENS. C'est à qui trouvera les meil-
leures chansons, à qui fera les meilleurs contes,
J. 3. RODSS. Ilél. v, 7. || Contes bleus, contes de fées
et autres récits de ce genre, ainsi dits parce qu'ils
étaient d'ordinaire couverts d'un papier bleu ; et par
extension, récits imaginaires, raisons sans fonde-
ment, billevesées. Les pères, les maris me prendront
aux cheveux, Pour dix ou douze contes bleus! LA
FONT. Oies. Voilà les contes bleus qu'il vous faut
pour vous plaire, MOL. Tart. i, <. Nargue des vertus!
On n'en sait que faire; Aux sots revêtus Le tout est
de plaire ; De ses contes bleus L'honneur nous as-
somme, BÉRANG. Scand. || Récit où une aventure
plus ou moins libre est racontée. J'avais résolu de
ne consentir à l'impression de ces contes qu'après
que j'y pourrais joindre ceux de Boccace qui sont le
plus à mon goût, LAFONT.Conto,préface du tome i.
On m'en peut faire deux principales [ objections] :
l'une que ce livre est licencieux, l'autre qu'il n'é-
pargne pas assez le beau sexe; quant à la première,
je dis hardiment que la nature du conte le voulait
ainsi, étant une loi indispensable selon Horace et
selon la raison et le sens commun de se conformer
aux choses dont on écrit, ID. ib. Ce principe une fois
posé, ce n'est pas une faute de jugement que d'en-
tretenir les gens d'aujourd'hui de contes un peu li-
bres, m. ib. Je ne pèche pas non plus en cela contre
la morale; s'il y a quelque chose dans nos écrits qui
puisse faire impression sur les âmes, ce n'est nulle-
ment la gaieté de ces contes; je craindrais plutôt
une douce mélancolie où les romans les plus chastes
et les plus modestes sont très-capables de nous plon-
ger, ID. ib. || Conte gras, conte graveleux. || 3° Par
extension, discours ou récit mensonger, peu vrai-
semblable et auquel on ne croit pas. J ugez par là com-
bien ce conte est ridicule, CORN. Héracl. i, t.Certes,
ma soeur, le conte est fait avec adresse, m. Pomp.
i, 3. Je le sers aussitôt d'un conte imaginaire Qui l'é-
tonue lui-même et le force à se taire, CORN, le Ment.
i, G. C'est un conte à n'y rien connaître, Un conte
extravagant, ridicule, importun ; Cela choque le sens
commun ; Mais cela ne laisse pas d'être, MOL. Ampli.
n, t Je vois que d'un conte odieux Vous avez,
comme moi, sali votre mémoire, BOiL.Saf. X. Ils nous
donnent encore, avec leurs lois sévères, De cent
sots contes parle nez, MOL. Amph. u, 3. || Faire des
contes, dire des choses qui sont sans fondement.
Ce sont apparemment mes ennemis , madame ,
qui vous ont fait ces contes ; ils vont criant que
je suis mal en cour, VOLT, le Taureau blanc. || On
dit en ce sens : conte de bonne femme, conte
borgne, conte à dormir debout, conte de vieille,
conte d'enfant, conte de ma mère l'oie, conte de
ou à la cigogne, conte de peau d'âne. Dans ces di-
verses cosmogonies, on est placé entre des contes
d'enfants et des abstractions de philosophes, CHA-
TEAUB. Génie, i, m, i. || Conte en l'air, mensonge,
duperie. Ce ne sont pas là des contes en l'air
comme les vôtres, PASC. Prou, te. Mais il prend
mes avis pour des contes en l'air, MOL. ÉC. des mar.
n, ti. || Voilà un beau conte, de beaux contes! se
dit pour exprimer qu'on n'ajoute aucune foi aux ré-
cits, aux paroles de quelqu'un. || Conte fait à plaisir,
récit inventé de toute pièce. Ce privilège [de chan-
ger le récit] cessera-t-il à l'égard des contes faits à
plaisir, et faudra-t-il dorénavant avoir plus de res-
pect pour le mensonge que les anciens n'en ont
eu pour la vérité? LA FONT. Contes, préface du
tome il.
— SYN. CONTE, FABLE, NOUVELLE, ROMAN. Il n'y
a pas de différence fondamentale entre le conte et
le roman; l'un et l'autre sont des narrations men-
songères pu regardées comme telles. Tout ce qu'on
peut dire, c'est que conte est le terme générique
puisqu'il s'applique à toutes les narrations fictives,
depuis les plus courtes jusqu'aux plus longues. Le
roman ne se dit que de celles-ci. Un conte de trois
pages ne s'appellera jamais un roman, tandis qu'un
roman est, dans toute la rigueur du terme, un conte
suffisamment long. La nouvelle ne se distingue pas
non plus au fond du conte ou du roman. Dans l'u-
sage ordinaire, c'est un roman de petite dimension
dont le sujet est présenté comme nouveau ou peu
ancien, ou avec des détails inconnus jusqu'ici.
La fable, dans le sens d'apologue, est le récit d'une
petite scène entre des animaux ou des végétaux
auxquels on prête les sentiments et le langage hu-
mains. Dans la conversation, quand après un récit
entendu on dit : c'est un conte, ou c'est une fable,
on entend que le récit n'est pas vrai. Quand on dit ;
c'est un roman, on veut dire que les aventures ra-
contées sont extraordinaires; elles peuvent néan-
moins être vraies.
— HIST. XIIC s. Ne sont que trois matières [de
poème] à nul home entendant, De France, de Bre-
taigne et de Rome la grant ; Li conte de Brelaigne
sont si voir et plaisant, Sax. 1.1| xme s. Encor est-il
[Artus] de tel renom, Que l'en conte de li les contes
Et devant rois et devant contes , la Rose, n 87.
|| xv s. Pourquoi vous feroie-je long conte? FROISS.
I, i, 152. || x\'ie s. Le conte dict que Psammenitus....
MONT, I, 6. Les enfants sçavent le conte du roy
Croesus à ce propos, ID. I, 65. Tu te fondes sur les
contes des médecins, m. i, 73. 11 y en a qui esti-
ment que ce sont toutes fables, , et comptes faicts
à plaisir, AMYOT, Rom. <2. Un conte attire l'autre,
COTGRAVE.
— ÉTYM. Provenç. conte, comte; espagn. cuento;
ital.. coitfo (voy. CONTER).
CONTÉ, ÉE (kon-té, tée), part, passé. Dont on a
fait récit. Une historiette contée avec esprit.
f CONTEMPÉRAT10N (kon-tan-pé-ra-sion), s. f.
Terme de théologie. Exact tempérament de la grâce.
Dieu fait, disent-ils, que nous choisissons par les
préparations et par les attraits qui nous mettent en
de certaines dispositions et nous inclinent aussi
doucement qu'efficacement à une chose plutôt qu'à
une autre ; voilà ce qu'on appelle l'opinion de la con-
températion, BOSS. Lib. arb. 7. .
— HIST. xv» s. Les vins que les chrestiens avoient
et qui de Pouille et de Calabre leur venoient, es-
taient secs et chauds, et hors de la contemperation
françoise; dont plusieurs les comparèrent [le payè-
rent] ; car en fièvre et en chaleur en cheurent,
FROISS. liv. IV, p. 84, dans LACURNE.
— ËTYM. Voy. CONTEMPËRÊ.
t CONTEMPÉRÉ, ÉE (kon-tan-pé-ré, rée) , adj.
Qui a de la modération. Elle est douce, accommo-
dante et conlempérée, BOSS.-Excuses, t.-'
— HIST. xvie s. Par medicamens qui évacuent,
cuisent, contemperent, atténuent, incisent et ou-
vrent, PARÉ, xx, 4.
— ÉTYM. Lat. conlemperare, de cum, et tempe-
rare (voy. TEMPÉRER).
CONTEMPLATEUR, TRICE (kon-tan-pla-teur,
tri-s'), s. m. et f. || 1° Celui, celle qui contemple. Con-
templateur des merveilles de la nature. Retranchons
l'homme de dessus la terre; il n'y a plus de contem-
plateur des, oeuvres du Tout-puissant, BONNET, PO-
lingén. <2epart.ch. 8. || 2" L'homme contemplatif. Le
contemplateur, mollement couché dans une cham-
bre tapissée, invective contre le soldat, VAUVEN.
Max. ccxxin.
: — HIST. xv° s. Homme n'est pas facteur des créa-
tures de Dieu, mais contemplateur de ses oeuvres,
A. CHARTIER , dans le Dict. de DOCHEZ.
— ÉTYM. Provenç. et espagn. contemplador; ital,
contempla-tore; du latin contemplalorem (voy. CON-
TEMPLER).
CONTEMPLATIF, IVE (kon-tan-pla-tif, ti-v'),adj.
|| 1° Qui se plaît dans la contemplation. Esprit con-
templatif. Sous ce jour sans rayon [une nuit étoi-
lée], plus serein qu'une aurore, X l'oeil contem-
platif la terre semble éclore, LAMART. Sarm. n, 4.
|| Livré à la contemplation. Marthe n'était-elle pas
une sainte, quoiqu'on ne dise pas qu'elle fût con-
templative ? BOSS. Or. 9. || Dans le "sens d'intellec-
tuel. Facultés contemplatives, par opposition à fa-
cultés affectives ou actives. || Vie contemplative,
inactivité du corps et de l'esprit, si ce n'est pour la
méditation ou la prière. On dit en ce sens d'un
ordre religieux qu'il est voué à la vie contemplative,
(| 2° Substantivement. Celui qui est livré à la con>
templation. Vous rirez de me voir faire un contem-
platif, un philosophe, J. i. ROUSS. Ém. iv. Le pays est
intéressant pour des contemplatifs solitaires, ID.
Prom. 6. || Terme de théologie. Les extases des
contemplatifs. Ceux qui sont appelés à l'action et au
service du prochain, veulent à contre-temps faire les
contemplatifs, FLÉCH. Serm. n, 160. C'est un raffi-
nement de piété qu'on n'entend point ; c'est un lan-
gage presque de contemplatif, MASS. Avent, Dispos,
à la comm. \\ Nouveaux contemplatifs, nom donné
aux quiétistes.
— HIST. xiic s. Icist [ces clercs], dementres qu'il
sunt vif, Sunt apelé contemplatif; E ceste vie con-
templative, Qui contre tuz deliz [plaisirs] estrive
[combat].... BENOÎT, H, H2t2. || xive s. La tierce est
vie contemplative, ORESME, Elh. v, s. || xvi" s.
La vie d'un philosophe contemplatif, AMYOT , Péric.
36. La vie contemplative ne doit point estre dis-
jointe, ni pour tousjours ni pour longtemps, de
l'active, LANOUE, 633. Les platoniques ont beaucoup
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