12 ABI
Ch. de Bains, 47. ||xrv' s. Son Jugement [de Dieu]
est un abisme ; N'est noms qui en sache la disme,
MACHAULT, p. 97. || xv° s. Tant sur terre comme en
abysmes [en mer], FROISS. Buiss. de jeun. Pourquoi
ne dirons-nous abysme de hardement et de prouesse
estre en celui vaillant mareschal et sa noble com-
paignie,' Bouc, n, 22. || xvr* s. Toi qui du coeur
les abysmes connois, DU BELLAT, n, 35, recto. Je
vois sortir des abysmes One orque pour m'abysmer,
ID. n, 87, recto. Certainement il entendoit combien
estoit grandel'abysme de nos péchés,CALv. Inst. 498.
Que l'abysme de ta miséricorde engloutisse l'a-
bysme de nos péchés, m. ib. 600.11alesgrand'eaux
amassées En la mer comme en un vaisseau ; Aux
abysmes les a massées, Comme un trésor en un mon-
ceau, MAROT, iv, 272. Là de la terre et là de l'onde
Sont les racines jusqu'au fond De l'abysme la plus
profonde, RONSARD, 366.
— ÉTYM. Provenç. abiset abisme; espag. abismo;
ital. àbisso; de abyssus, de iêvaaoç, de a priv. et
putrcôs, fond, sans fond. Bucroô; est de même ra-
dical que 6ouf (voy. ce mot). Abisme enfrançais eten
provençal, abismo en espagn. estunsubstantif super-
latif représentant abyssimus, le gouffre le plus pro-
fond, comme en latin oculissimus, dominissimus.
Les formes provençales et italiennes abis et abisso
reproduisent directement le latin abyssus. Ce mot a
été féminin dans le xvr siècle, sans aucune raison,
si ce n'est la terminaison en e muet.
ABÎMÉ, ÉE(a-bi-mé, mes), part, passé. || 1° Jeté
dans le fond. Le vaisseau abîmé dans les flots. La
flotte abîmée ou dispersée par la tempête. Il est ar-
rivé plusieurs fois que des terrains mis à sec ont été
recouverts par les eaux, soit qu'ils aient été abîmés,
ou que les eaux aient été seulement portées au-des-
sus d'eux, CDV. Rév. 21. Le petit espace que je rem-
plis et même que je vois abîmé dans l'infinie im-
mensité des espaces que j'ignore, PASC. Édit. Cous.
11 2° Fig. Le Messie abîmé dans la douleur, BOSS.
Hist. n, 4.'Possédé de Dieu et abîmé dans la gloire,
ID. Culte. Vous vous trouverez abîmés devant lui
dans un sentiment de respect, ID. Relr. La douleur
où elle se voit abîmée, CORN. EX. du Cid. L'autre,
par Néron dans le vice abîmé,Ramènera ce luxe où
.a main l'a formé, a. Oth. in. 3. Le roi [Charles XII |
. paraissait abîmé dans une rêverie profonde, VOLT.
Ch. III, 4. Toujours abîmé dans sa philosophie,
SÉV. 642. Le pauvre chevalier était bien abîmé de
douleur, ID. 24 4. Mme de Vias est abîmée dans ses
procès, ID. 422. -J'étais abîmé dans la plus amère
douleur, FÉN. Tél. n. Bacchus était tel qu'il parut à
la malheureuse Ariane, lorsqu'il la trouva seule,
abandonnée et abîmée dans la douleur sur un ri-
vage inconnu, ID. ib. xvn. Une tendre amante abî-
mée dans la douleur, HAM. Gramm. 4 4. Un homme
abîmé dans la débauche, MASS. Doute. Le crime où
vous êtes abîmés depuis tant de temps, ID. Délai.
Il 3° Ruiné, abattu, endommagé, en parlantdes per-
sonnes et des ohoses. Il est abîmé. Abîmé dans une
discussion. Pays abîmé par les impôts. Routes abî-
mées par les pluies, Robe tout abîmée. Sire, ce sont
mes dettes; je suis abîmé, SÉV. 444. Voilà une femme
bien abîmée, ID. Tout le monde est abîmé' [sans
argent], m. 427. Un tribut que le prince lèverait
difficilement sur des sujets abîmés, MONTESQ. Es-
prit', v, -16.
ABÎMER ( a-bi-mé ), v. a. || i° Précipiter dans
un abîme. Jehova abîma Sodome. Un tremblement
de terre abîme parfois une maison. Nous ne pou-
vons abîmer Télémaque dans les flots de la mer,
FÉN. ÎVJ.xix. Dieurésolut enfin.... D'ablmersous les
eaux tous ces audacieux, EOIL. Sat. xn. |] 2° Fig.
Abîmer dans la douleur, dans les dettes. Cette nou-
velle l'abîma en de graves réflexions. En l'esclavage
un autre hymen l'abîme, CORN. Sert. 4. Faites qu'elle
aime ailleurs et punisse son crime Par ce désespoir
même où son change m'abîme, ID. Perth.n, 4. L'in-
ceste où malgré vous tous deux je vous abîme,
Recevra de ma main sa première victime, ID. QEd.
v, -10. y 3° Ruiner, endommager, gâter, tacher.
Les procès" ont abîmé sa fortune. L'ouragan abîme
les blés. Les pluies abîment les chemins. Son cha-
peau est tombé dans la boue ; il est tout abîmé. Le
soleil abîme certaines étoffes. Maux qui sont capa-
bles d'abîmer l'Etat, BOSS. Lett. xxxiv. Pour soutenir
tes droits.... Abîme tout plutôt, c'est l'esprit de l'E-
glise, Bon.. Lutrin, 1. Un procès, une saison cruelle,
une taxe qui vous abîme , MASS. Visit. || 4° Dans
une discussion. Abîmer son adversaire, ne lui laisser
rien de bon à répondre. On voit en tous ces. en-
droits comme il les abîme [ces théologiens], BOSS.
Avertiss. vr.
S'ABIMBI, V. rifl. Il 1° Tomber dans un abîme. Le
ABJ
vaisseau s'abîma dans la mer. Une grande partie s'a-
bîma dans le fleuve. L'infanterie s'abîma dans un
marais. Troie s'abîma dans les flammes. Au fond de
l'eau bouillante elle s'est abîmée, ROTROD, il. de
Chrispe,\, 4 0. Mourez ; tout doit mourir, et nos
saints monuments S'abîment avec nous sans laisser
plus de trace, c. DELÀ VIGNE, Porta, rv, 7. Terre où
je n'ai plus rien que mon coeur puisse aimer, Ou-
vre-toi ! Dans tes flancs puissé-je m'ablmer! LEMERC.
Fréd. et Br. iv, 4. || 2° Fig. Tout s'abîme dans
l'oubli. S'ablmerdans l'étude. Il s'abîme dans de tris-
tespensées. S'ablmerdans le désespoir. Toi donc qui
vois les maux oùma muse s'abîme, Bon.. Sat. n. Et
dans les doux torrents d'une allégresse entière Tu ver-
ras s'abîmer tes maux les plus amers, CORN. T. d'or,
Prol. Que les tristes pensers où votre âme s'abîme,
Ne vous empêchent pas de prévenir son crime, MAIR.
Sol. n, 8. Ces tristesses profondes où vous vous abî-
mez, BOURD. Pensées, t. m, p. 65. Occupé de tout
cela, rempli d'admiration à la vue de tout cela,
on voudrait de quelque manière s'abîmer et s'anéan-
tir., ID. 16. p. 386. Boufflers s'abîma en respects, et
répondit [au roi] que de si grandes marques de sa-
tisfaction le récompensaient au-dessus de ce qu'il
pouvait mériter, ST-SIM. 24 4, 4 44. Je m'abîme dans
ces pensées, SËV. 12, 6. Château, chapelle, donjon,
tout s'en va, tout s'abîme, p. L. COURR. 4, 476.
Il 3° Être gâté ou endommagé. Certaines étoffes s'a-
bîment au soleil.
ABIMER , v. n. Tomber dans un gouffre, se per-
dre. Sodome abîma en une nuit. Toute sa fortune
abîmera quelque jour. Sa maison a abîmé dans le
tremblement de terre. Il semblait que le monde dût
abîmer, PERROT D'ABLANC. dans FERADD. Jurant à
faire abîmer la ville de Valence, sCAR. Rom. corn.
n, 4 4. Il Peu usité en cet emploi.
— REM. Ce mot offre une idée de profondeur.
Pourquoi, dit Voltaire dans ses remarques sur Cor-
neille, dit-on abîmé dans la douleur , dans la tris-
tesse? C'est que l'on peut y ajouter l'épithète de
profonde. Des grammairiens ont reproché à l'Aca-
démie d'avoir admis abîmer avec le sens de gâter :
un habit abîmé. L'Académien'a fait en cela que con-
stater un usage, peu élégant sans doute, mais qui
est très-réel. En tout cas , cet usage n'a point
amoindri lemot abîmer, qui garde dans sa plénitude
sa grande signification.
— HIST. xvr 5 s II estoit homme désordonné, dis-
solu et desbordé en despense et abysmé de det-
tes, AMYCT, Galba, 26. En toute autre sumptuosité
de faire jouer jeux et donner festes publiques , il
abysma, par manière de dire, la magnificence de tous
ceulx qui s'estoient efforcés d'en faire auparavant,
ID. César, 6. Si que les nefs sans crainte d'abismer
Nageoient en mer à-voiles avallées, MAROT, H, 249.
Dont plus n'auront crainte ne doute, Etdeust trem-
bler la terre toute, Et les montagnes abismer Au mi-
lieu de la haute mer, IL. rv, 294. Sers-moi de phare
et garde d'abismer [que ne s'abîme] Ma nef qui flotte
en si profonde mer, RONSARD, 696. Dont il est né-
cessaire que les uns soient par desespoir jettes en
un gouffre qui les abysme, CALV. Inst. 662. Tous
ensemble forment une indissoluble amitié pour
abysmer les Luthériens, CARL. VIII, 46. Oh ! quantes
fois de ton grave sourcy Tu abysmas ce faulx peuple
endurcy! DO BELLAT, ni, 93, verso.
— ÉTYM. Âbtme; Berry, abisser; provenç. abis-
sar; anc. catal. abisar; espagn. abismar; ital. abis-
sare. Le patois du Berry, ainsi qued'autres, ont suivi
abyssus et non abyssimus.
AB INTESTAT (a-bin-tes-ta), loc. adv. Terme de
jurisprud. A la suite d'une mort sans testament. Héri-
tier ab Intestat, succession ab intestat. Dix têtes vien-
nent ab intestat partager sa succession, LA BRDT. 4 4.
Les lois restreignirent le nombre de ceux qui pou-
vaient succéder ab intestat, MONTESQ. Espr. xxvn.
— ÉTYM. Abintestato, de ab, de, et intestatus,
intestat (voy. ce mot).
AB IRATO (a-bi-ra-to), loc. adv. Sous l'influence
de la colère. Lettre écrite ab irato. Testament fait
ab irato.
— ÉTYM. Ab, par, et iratus, en colère, de ira,
colère, ire (voy. IRE).
ABJECT, ECTE (ab-jè-kt' ou ab-jè, au fém. ab-
jè-kt'), adj. Qui est rejeté et digne de l'être; et. par
conséquent, vil, méprisable. Les âmes abjectes. Il est
d'une naissance abjecte. Tout ce qu'il y a de grand
et tout ce qu'il y a d'abject, PASC. Édit. Cous. A
peine peuvent-ils souffrir que l'Eglise soit dans l'é-
clat où elle est maintenant; ils voudraient qu'elle
fût aussi dépendante des puissances temporelles,
aussi pauvre et aussi abjecte qu'elle l'était du temps
des premiers Césars, BOURD. Sermons pour les di-
AB3
manches, t. rv, p. 233. Un sauveur pauvre, un sau-
veur abject et humilié , un sauveur souffrant et
pénitent, m. Pensées, t. m, p. 232. Et moi, tout mé-
prisable , tout néant que je suis, vile et abjecte
créature, ID. ib. t. n, p. 42. Le reconnaître, malgré
son état pauvre et abject, pour le Dieu et le souve-
rain maître de l'univers, ID. tb.t. m, p. 244. Le sang
le plus abject vous était précieux, RAC. Brit. iv, 3.
De quoi peut satisfaire un coeur si généreux Le sang
abject et vil de ces deux malheureux? CORN. Mort de
Pomp. rv, 4. Un choix abject, m. Sert, v, 4. Et
dans les plus bas rangs les noms les plus abjects Ont
voulu s'ennoblir par de si hauts projets, ID. Cinna,
rv, 4. [Elle] ne prendra jamais un coeur assez ab-
ject Pour se laisser réduire àl'hymen d'un sujet, ID.
Nie. i,4. Rang abject, ID. ib. n, 4. Exemple abject,
ID. (Ed. H, 4. Esclave abject, ID. Agés, n, 4. For-
tune abjecte, ROTROU, St-Gen. 1, 7. Au contraire,
cet autre, abject en son langage, Fait parler les ber-
gers comme on parle au village,ÎOIL. Art poét. 11.
J'avoue que la modestie des ministres et des pas-
teurs de l'Eglise ne doit avoir rien d'abject et de
méprisable, MASS. t. x, p. 298. Le mot esclave ne se
présente à notre esprit qu'avec des idées abjectes,
DIDER. Ess. sur Richardson.
—REM. 1.11 se met après son substantif; dans quel-
ques circonstances on peut le placer avant, mais sur-
tout avec des noms féminins : abjecte naissance, ab-
jecte créature. || 2. La prononciation de ce mot est
incertaine.Plusieursprononcentab-jè-kt',etdemême
au pluriel; d'autres ne font pas sentir le c, et disent
abjè, comme dans sujet ;mais au féminin, ab-jé-kt'.
Le fait est que dans le xvii* siècle Corneille a fait
rimer abject avec sujet et projet (voy. les exemples),
ne prononçant pas le c. Je crois que c'est en effet
la meilleure prononciation, et qu'il faut prononcer
abject au masculin singulier ou pluriel comme on
prononce sujet et projet, qui d'ailleurs sont compo-
sés de même ; et si la langue avait été conséquente,
le c aurait disparu d'abject comme il a disparu des
mots précités. On pourrait ainsi formuler la règle :
quand la voix pourra s'arrêter sur abject, on ne fera
entendre ni le c ni le t: unhomme abject, pronon-
cez abjè; mais quand la voix ne s'y arrêtera pas,
on fera sentir le c et le t : et dans ce vers de Boileau,
Au contraire cet autre abject en son langage, on dira :
ab-jè-kt en son langage. L'intervention de l'Acadé-
mie pour décider ce cas de prononciation serait né-
cessaire.
" — HIST. xvr* s. N'y ayant si pauvre, vil etabjet,
criminel et prisonnier à qui. cette permission [de
faire l'aumône] soit jamais par aucune loi refusée,
MARIE STÛART, Lettre du 16 mai 4 686.
— ÉTYM. Abjectus, de dbjicere, rejeter, de ab,
marquant éloignement, et jicere pour jacere, jeter
(voy. ce mot).
t ABJECTEMENT (ab-jè-kte-man), ado.. D'une
façon abjecte.
— ÉTYM. Abjecte au féminin, et ment (voy. MENT).
ABJECTION (ab-jèk-sion), s. f. || 1° Etat abject.
Tomber dans l'abjection. Il vécut dans la débauche
et l'abjection. L'abjection des sentiments. Pour abais-
ser notre orgueil et relever notre abjection. On ne re-
marque chez cette nation [espagnole] aucun de ces
tours de phrase qui annoncent l'abjection des pen-
sées, CHATEAUB. Abenc. 4 65. Il 2°Terme de dévotion.
Humiliation profonde devant Dieu. Une abjection
volontaire et une entière abnégation des honneurs.
Il 3° En style de l'Ecriture, rebut. L'opprobre des
hommes et l'abjection du peuple.
• — SYN. ABJECTION, BASSESSE. Signification com-
mune, défaut d'élévation. La nature a placédes êtres
dans l'élévation et d'autres dans la bassesse ; mais
elle ne place personne dans l'abjection : l'homme
s'y jette de son choix ou y est plongé par la dureté
d'autrui, GTJIZOT. En effet bassesse exprime un état
où l'on est, et abjection un état où l'on a été jeté.
La bassesse, quoique aussi grande que l'abjection,
n'excite pas autant de mépris. Dans la bassesse on
est au plus bas degré, dans l'abjection on inspire
la répugnance et le dégoût. Dans la bassesse du lan-
gage et des sentiments, il y a manque de dignité;
dans l'abjection, il y a quelque chose d'ignominieux
qui repousse, LAFAYE.
— ÉTYM. Provenç. abjectio ; ital. abbiesxione; de
abjectione, de abjectus (voy. ABJECT).
ABJURATION (ab-ju-ra-sion), s. f. Action d'abju-
rer, se dit et de celui qui abjure et de la chose ab-
jurée. L'abjuration de Henri IV. L'abjuration du cal-
vinisme parce prince. L'abjuration dû christianisme
par Porphyre. L'abjuration qu'il fit de sesplus chères
amitiés. L'abjuration de ses anciens principes lui 8
fait le plus grand tort. || Faire abjuration, se dit d'uns
Ch. de Bains, 47. ||xrv' s. Son Jugement [de Dieu]
est un abisme ; N'est noms qui en sache la disme,
MACHAULT, p. 97. || xv° s. Tant sur terre comme en
abysmes [en mer], FROISS. Buiss. de jeun. Pourquoi
ne dirons-nous abysme de hardement et de prouesse
estre en celui vaillant mareschal et sa noble com-
paignie,' Bouc, n, 22. || xvr* s. Toi qui du coeur
les abysmes connois, DU BELLAT, n, 35, recto. Je
vois sortir des abysmes One orque pour m'abysmer,
ID. n, 87, recto. Certainement il entendoit combien
estoit grandel'abysme de nos péchés,CALv. Inst. 498.
Que l'abysme de ta miséricorde engloutisse l'a-
bysme de nos péchés, m. ib. 600.11alesgrand'eaux
amassées En la mer comme en un vaisseau ; Aux
abysmes les a massées, Comme un trésor en un mon-
ceau, MAROT, iv, 272. Là de la terre et là de l'onde
Sont les racines jusqu'au fond De l'abysme la plus
profonde, RONSARD, 366.
— ÉTYM. Provenç. abiset abisme; espag. abismo;
ital. àbisso; de abyssus, de iêvaaoç, de a priv. et
putrcôs, fond, sans fond. Bucroô; est de même ra-
dical que 6ouf (voy. ce mot). Abisme enfrançais eten
provençal, abismo en espagn. estunsubstantif super-
latif représentant abyssimus, le gouffre le plus pro-
fond, comme en latin oculissimus, dominissimus.
Les formes provençales et italiennes abis et abisso
reproduisent directement le latin abyssus. Ce mot a
été féminin dans le xvr siècle, sans aucune raison,
si ce n'est la terminaison en e muet.
ABÎMÉ, ÉE(a-bi-mé, mes), part, passé. || 1° Jeté
dans le fond. Le vaisseau abîmé dans les flots. La
flotte abîmée ou dispersée par la tempête. Il est ar-
rivé plusieurs fois que des terrains mis à sec ont été
recouverts par les eaux, soit qu'ils aient été abîmés,
ou que les eaux aient été seulement portées au-des-
sus d'eux, CDV. Rév. 21. Le petit espace que je rem-
plis et même que je vois abîmé dans l'infinie im-
mensité des espaces que j'ignore, PASC. Édit. Cous.
11 2° Fig. Le Messie abîmé dans la douleur, BOSS.
Hist. n, 4.'Possédé de Dieu et abîmé dans la gloire,
ID. Culte. Vous vous trouverez abîmés devant lui
dans un sentiment de respect, ID. Relr. La douleur
où elle se voit abîmée, CORN. EX. du Cid. L'autre,
par Néron dans le vice abîmé,Ramènera ce luxe où
.a main l'a formé, a. Oth. in. 3. Le roi [Charles XII |
. paraissait abîmé dans une rêverie profonde, VOLT.
Ch. III, 4. Toujours abîmé dans sa philosophie,
SÉV. 642. Le pauvre chevalier était bien abîmé de
douleur, ID. 24 4. Mme de Vias est abîmée dans ses
procès, ID. 422. -J'étais abîmé dans la plus amère
douleur, FÉN. Tél. n. Bacchus était tel qu'il parut à
la malheureuse Ariane, lorsqu'il la trouva seule,
abandonnée et abîmée dans la douleur sur un ri-
vage inconnu, ID. ib. xvn. Une tendre amante abî-
mée dans la douleur, HAM. Gramm. 4 4. Un homme
abîmé dans la débauche, MASS. Doute. Le crime où
vous êtes abîmés depuis tant de temps, ID. Délai.
Il 3° Ruiné, abattu, endommagé, en parlantdes per-
sonnes et des ohoses. Il est abîmé. Abîmé dans une
discussion. Pays abîmé par les impôts. Routes abî-
mées par les pluies, Robe tout abîmée. Sire, ce sont
mes dettes; je suis abîmé, SÉV. 444. Voilà une femme
bien abîmée, ID. Tout le monde est abîmé' [sans
argent], m. 427. Un tribut que le prince lèverait
difficilement sur des sujets abîmés, MONTESQ. Es-
prit', v, -16.
ABÎMER ( a-bi-mé ), v. a. || i° Précipiter dans
un abîme. Jehova abîma Sodome. Un tremblement
de terre abîme parfois une maison. Nous ne pou-
vons abîmer Télémaque dans les flots de la mer,
FÉN. ÎVJ.xix. Dieurésolut enfin.... D'ablmersous les
eaux tous ces audacieux, EOIL. Sat. xn. |] 2° Fig.
Abîmer dans la douleur, dans les dettes. Cette nou-
velle l'abîma en de graves réflexions. En l'esclavage
un autre hymen l'abîme, CORN. Sert. 4. Faites qu'elle
aime ailleurs et punisse son crime Par ce désespoir
même où son change m'abîme, ID. Perth.n, 4. L'in-
ceste où malgré vous tous deux je vous abîme,
Recevra de ma main sa première victime, ID. QEd.
v, -10. y 3° Ruiner, endommager, gâter, tacher.
Les procès" ont abîmé sa fortune. L'ouragan abîme
les blés. Les pluies abîment les chemins. Son cha-
peau est tombé dans la boue ; il est tout abîmé. Le
soleil abîme certaines étoffes. Maux qui sont capa-
bles d'abîmer l'Etat, BOSS. Lett. xxxiv. Pour soutenir
tes droits.... Abîme tout plutôt, c'est l'esprit de l'E-
glise, Bon.. Lutrin, 1. Un procès, une saison cruelle,
une taxe qui vous abîme , MASS. Visit. || 4° Dans
une discussion. Abîmer son adversaire, ne lui laisser
rien de bon à répondre. On voit en tous ces. en-
droits comme il les abîme [ces théologiens], BOSS.
Avertiss. vr.
S'ABIMBI, V. rifl. Il 1° Tomber dans un abîme. Le
ABJ
vaisseau s'abîma dans la mer. Une grande partie s'a-
bîma dans le fleuve. L'infanterie s'abîma dans un
marais. Troie s'abîma dans les flammes. Au fond de
l'eau bouillante elle s'est abîmée, ROTROD, il. de
Chrispe,\, 4 0. Mourez ; tout doit mourir, et nos
saints monuments S'abîment avec nous sans laisser
plus de trace, c. DELÀ VIGNE, Porta, rv, 7. Terre où
je n'ai plus rien que mon coeur puisse aimer, Ou-
vre-toi ! Dans tes flancs puissé-je m'ablmer! LEMERC.
Fréd. et Br. iv, 4. || 2° Fig. Tout s'abîme dans
l'oubli. S'ablmerdans l'étude. Il s'abîme dans de tris-
tespensées. S'ablmerdans le désespoir. Toi donc qui
vois les maux oùma muse s'abîme, Bon.. Sat. n. Et
dans les doux torrents d'une allégresse entière Tu ver-
ras s'abîmer tes maux les plus amers, CORN. T. d'or,
Prol. Que les tristes pensers où votre âme s'abîme,
Ne vous empêchent pas de prévenir son crime, MAIR.
Sol. n, 8. Ces tristesses profondes où vous vous abî-
mez, BOURD. Pensées, t. m, p. 65. Occupé de tout
cela, rempli d'admiration à la vue de tout cela,
on voudrait de quelque manière s'abîmer et s'anéan-
tir., ID. 16. p. 386. Boufflers s'abîma en respects, et
répondit [au roi] que de si grandes marques de sa-
tisfaction le récompensaient au-dessus de ce qu'il
pouvait mériter, ST-SIM. 24 4, 4 44. Je m'abîme dans
ces pensées, SËV. 12, 6. Château, chapelle, donjon,
tout s'en va, tout s'abîme, p. L. COURR. 4, 476.
Il 3° Être gâté ou endommagé. Certaines étoffes s'a-
bîment au soleil.
ABIMER , v. n. Tomber dans un gouffre, se per-
dre. Sodome abîma en une nuit. Toute sa fortune
abîmera quelque jour. Sa maison a abîmé dans le
tremblement de terre. Il semblait que le monde dût
abîmer, PERROT D'ABLANC. dans FERADD. Jurant à
faire abîmer la ville de Valence, sCAR. Rom. corn.
n, 4 4. Il Peu usité en cet emploi.
— REM. Ce mot offre une idée de profondeur.
Pourquoi, dit Voltaire dans ses remarques sur Cor-
neille, dit-on abîmé dans la douleur , dans la tris-
tesse? C'est que l'on peut y ajouter l'épithète de
profonde. Des grammairiens ont reproché à l'Aca-
démie d'avoir admis abîmer avec le sens de gâter :
un habit abîmé. L'Académien'a fait en cela que con-
stater un usage, peu élégant sans doute, mais qui
est très-réel. En tout cas , cet usage n'a point
amoindri lemot abîmer, qui garde dans sa plénitude
sa grande signification.
— HIST. xvr 5 s II estoit homme désordonné, dis-
solu et desbordé en despense et abysmé de det-
tes, AMYCT, Galba, 26. En toute autre sumptuosité
de faire jouer jeux et donner festes publiques , il
abysma, par manière de dire, la magnificence de tous
ceulx qui s'estoient efforcés d'en faire auparavant,
ID. César, 6. Si que les nefs sans crainte d'abismer
Nageoient en mer à-voiles avallées, MAROT, H, 249.
Dont plus n'auront crainte ne doute, Etdeust trem-
bler la terre toute, Et les montagnes abismer Au mi-
lieu de la haute mer, IL. rv, 294. Sers-moi de phare
et garde d'abismer [que ne s'abîme] Ma nef qui flotte
en si profonde mer, RONSARD, 696. Dont il est né-
cessaire que les uns soient par desespoir jettes en
un gouffre qui les abysme, CALV. Inst. 662. Tous
ensemble forment une indissoluble amitié pour
abysmer les Luthériens, CARL. VIII, 46. Oh ! quantes
fois de ton grave sourcy Tu abysmas ce faulx peuple
endurcy! DO BELLAT, ni, 93, verso.
— ÉTYM. Âbtme; Berry, abisser; provenç. abis-
sar; anc. catal. abisar; espagn. abismar; ital. abis-
sare. Le patois du Berry, ainsi qued'autres, ont suivi
abyssus et non abyssimus.
AB INTESTAT (a-bin-tes-ta), loc. adv. Terme de
jurisprud. A la suite d'une mort sans testament. Héri-
tier ab Intestat, succession ab intestat. Dix têtes vien-
nent ab intestat partager sa succession, LA BRDT. 4 4.
Les lois restreignirent le nombre de ceux qui pou-
vaient succéder ab intestat, MONTESQ. Espr. xxvn.
— ÉTYM. Abintestato, de ab, de, et intestatus,
intestat (voy. ce mot).
AB IRATO (a-bi-ra-to), loc. adv. Sous l'influence
de la colère. Lettre écrite ab irato. Testament fait
ab irato.
— ÉTYM. Ab, par, et iratus, en colère, de ira,
colère, ire (voy. IRE).
ABJECT, ECTE (ab-jè-kt' ou ab-jè, au fém. ab-
jè-kt'), adj. Qui est rejeté et digne de l'être; et. par
conséquent, vil, méprisable. Les âmes abjectes. Il est
d'une naissance abjecte. Tout ce qu'il y a de grand
et tout ce qu'il y a d'abject, PASC. Édit. Cous. A
peine peuvent-ils souffrir que l'Eglise soit dans l'é-
clat où elle est maintenant; ils voudraient qu'elle
fût aussi dépendante des puissances temporelles,
aussi pauvre et aussi abjecte qu'elle l'était du temps
des premiers Césars, BOURD. Sermons pour les di-
AB3
manches, t. rv, p. 233. Un sauveur pauvre, un sau-
veur abject et humilié , un sauveur souffrant et
pénitent, m. Pensées, t. m, p. 232. Et moi, tout mé-
prisable , tout néant que je suis, vile et abjecte
créature, ID. ib. t. n, p. 42. Le reconnaître, malgré
son état pauvre et abject, pour le Dieu et le souve-
rain maître de l'univers, ID. tb.t. m, p. 244. Le sang
le plus abject vous était précieux, RAC. Brit. iv, 3.
De quoi peut satisfaire un coeur si généreux Le sang
abject et vil de ces deux malheureux? CORN. Mort de
Pomp. rv, 4. Un choix abject, m. Sert, v, 4. Et
dans les plus bas rangs les noms les plus abjects Ont
voulu s'ennoblir par de si hauts projets, ID. Cinna,
rv, 4. [Elle] ne prendra jamais un coeur assez ab-
ject Pour se laisser réduire àl'hymen d'un sujet, ID.
Nie. i,4. Rang abject, ID. ib. n, 4. Exemple abject,
ID. (Ed. H, 4. Esclave abject, ID. Agés, n, 4. For-
tune abjecte, ROTROU, St-Gen. 1, 7. Au contraire,
cet autre, abject en son langage, Fait parler les ber-
gers comme on parle au village,ÎOIL. Art poét. 11.
J'avoue que la modestie des ministres et des pas-
teurs de l'Eglise ne doit avoir rien d'abject et de
méprisable, MASS. t. x, p. 298. Le mot esclave ne se
présente à notre esprit qu'avec des idées abjectes,
DIDER. Ess. sur Richardson.
—REM. 1.11 se met après son substantif; dans quel-
ques circonstances on peut le placer avant, mais sur-
tout avec des noms féminins : abjecte naissance, ab-
jecte créature. || 2. La prononciation de ce mot est
incertaine.Plusieursprononcentab-jè-kt',etdemême
au pluriel; d'autres ne font pas sentir le c, et disent
abjè, comme dans sujet ;mais au féminin, ab-jé-kt'.
Le fait est que dans le xvii* siècle Corneille a fait
rimer abject avec sujet et projet (voy. les exemples),
ne prononçant pas le c. Je crois que c'est en effet
la meilleure prononciation, et qu'il faut prononcer
abject au masculin singulier ou pluriel comme on
prononce sujet et projet, qui d'ailleurs sont compo-
sés de même ; et si la langue avait été conséquente,
le c aurait disparu d'abject comme il a disparu des
mots précités. On pourrait ainsi formuler la règle :
quand la voix pourra s'arrêter sur abject, on ne fera
entendre ni le c ni le t: unhomme abject, pronon-
cez abjè; mais quand la voix ne s'y arrêtera pas,
on fera sentir le c et le t : et dans ce vers de Boileau,
Au contraire cet autre abject en son langage, on dira :
ab-jè-kt en son langage. L'intervention de l'Acadé-
mie pour décider ce cas de prononciation serait né-
cessaire.
" — HIST. xvr* s. N'y ayant si pauvre, vil etabjet,
criminel et prisonnier à qui. cette permission [de
faire l'aumône] soit jamais par aucune loi refusée,
MARIE STÛART, Lettre du 16 mai 4 686.
— ÉTYM. Abjectus, de dbjicere, rejeter, de ab,
marquant éloignement, et jicere pour jacere, jeter
(voy. ce mot).
t ABJECTEMENT (ab-jè-kte-man), ado.. D'une
façon abjecte.
— ÉTYM. Abjecte au féminin, et ment (voy. MENT).
ABJECTION (ab-jèk-sion), s. f. || 1° Etat abject.
Tomber dans l'abjection. Il vécut dans la débauche
et l'abjection. L'abjection des sentiments. Pour abais-
ser notre orgueil et relever notre abjection. On ne re-
marque chez cette nation [espagnole] aucun de ces
tours de phrase qui annoncent l'abjection des pen-
sées, CHATEAUB. Abenc. 4 65. Il 2°Terme de dévotion.
Humiliation profonde devant Dieu. Une abjection
volontaire et une entière abnégation des honneurs.
Il 3° En style de l'Ecriture, rebut. L'opprobre des
hommes et l'abjection du peuple.
• — SYN. ABJECTION, BASSESSE. Signification com-
mune, défaut d'élévation. La nature a placédes êtres
dans l'élévation et d'autres dans la bassesse ; mais
elle ne place personne dans l'abjection : l'homme
s'y jette de son choix ou y est plongé par la dureté
d'autrui, GTJIZOT. En effet bassesse exprime un état
où l'on est, et abjection un état où l'on a été jeté.
La bassesse, quoique aussi grande que l'abjection,
n'excite pas autant de mépris. Dans la bassesse on
est au plus bas degré, dans l'abjection on inspire
la répugnance et le dégoût. Dans la bassesse du lan-
gage et des sentiments, il y a manque de dignité;
dans l'abjection, il y a quelque chose d'ignominieux
qui repousse, LAFAYE.
— ÉTYM. Provenç. abjectio ; ital. abbiesxione; de
abjectione, de abjectus (voy. ABJECT).
ABJURATION (ab-ju-ra-sion), s. f. Action d'abju-
rer, se dit et de celui qui abjure et de la chose ab-
jurée. L'abjuration de Henri IV. L'abjuration du cal-
vinisme parce prince. L'abjuration dû christianisme
par Porphyre. L'abjuration qu'il fit de sesplus chères
amitiés. L'abjuration de ses anciens principes lui 8
fait le plus grand tort. || Faire abjuration, se dit d'uns
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