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BRA
BRA
BRE
v. HUGO, Odes, il, s. Cela me fait souvenir de ce
qu'on dit quelquefois: quand brave rencontre brave,
brave demeure, SËV. 697. || Familièrement et par
plaisanterie, c'est un brave à trois poils, c'est un
homme d'une bravoure éprouvée. Locution venue de
la forme de la moustache des raffinés d'honneur
sous Henri ITI et Henri IV. || Mon brave, locution
vulgaire qui se dit soit à un homme .avec qui l'on
est très-familier, soit à un homme inférieur de
position. Venez ici, mon brave. || 5° Assassin à
gages. Il le fit assassiner par un brave qu'il paya.
Peu- usité (voy. BRAVO 2).
— REM. i. Tin brave homme est un honnête
homme ; un homme brave est un homme qui a de
la bravoure. Cette distinction, qui est maintenant
établie par l'usage, ne l'était pas au xvn* siècle;
et, comme on peut voir dans les exemples, Cor-
neille a dit constamment un brave homme pour un
homme brave. Quant à braves gens, il a les deux
sens et signifie soit des hommes vaillants, soit des
hommes bons et obligeants. || 2. Le sens de bon que
brave a dans : c'est un brave homme, est étendu,
dans le Midi, à toutes sortes d'emplois qui sont vi-
cieux: notre curé est fort brave, voilà de braves
poulets ; il faut dire : notre curé est un brave homme ;
ces poulets sont beaux. Un brave curé, c'est un curé
qui est un exoellent homme ; un curé brave serait
un curé qui aurait de la bravoure.
— HIST. xvi" s. Il avoit donné preuve de sa suf-
fisance en quelque brave et docte sujet, SES AC-
CORDS, Bigarrures, Avis au lecteur, p. I. Tenir ta-
bles délicates, estre braves en accoustremens, CALV.
Inst. 88t. H est des morts braves et fortunées:
je lui ay veu trencher le fil d'un progrez de mer-
veilleux advancement, et dans la fleur de son croist,
à quelqu'un, d'une fin si pompeuse, qu'à mon ad-
vis, ses ambitieux et courageux desseins n'avoient
rien de si hault que feut leur interruption, MONT,
I, 68. Donner dans la bresche, d'une brave asseu-
rance, n>. Il, 7. J'aimerois mieulx une vie moins
brave [aisée] et moins affaireuse, ID. IV, 77. Il y
avoit un barbier d'etuves qui estoit fort brave
[fier], DESPEB. Contes, xxxn. Cato adjousta à ce
glorieux exploit une brave magnificence et haul-
tesse de paroles, AMYOT, Caion, 28.
— ÉTYM. Provenç. brau (féminin brava), dur,
■méchant, brave;catal. brau; espagn. et ital. bravo;
bas-lat. bravus, sauvage. Le sens primitif est sau-
vage, dur, fougueux, d'où on passe facilement au
sens de vaillant, courageux. Mais d'où vient celui
de beau, bien habillé? Sans doute de vaillant on est
venu'à hable {bravo en italien a cette acception),
puis bon, beau, bien habillé. Cette acception est
purement française et prouve que le mot brave est
venu dans notre langue récemment de l'italien ou
de l'espagnol ; s'il était ancien, il y serait sous la
forme broti, répondant au provençal brau. Diez
examine trois étymologies : 4° le latin pravus, mé-
chant; mais pravus a donné en provençal prau, et
non brau; 2° l'ancien haut-allemand raw, cru,
d'où cruel; méchant, par l'épenthèse d'un b ; éty-
mologie insuffisamment appuyée-; 3° le kymri braw,
terreur, à laquelle Diez objecte que le sens de ter-
reur ne se retrouve dans aucune langue romane.
Aussi, admettant l'objection, on peut proposer
comme quatrième conjecture le gaélique borb, cruel,
barbare, hautain. Le bas-breton brao, beau, bien
habillé, vient du français. On a aussi indiqué le la-
tin bravîum, brabîum, brabêum, du grec ppaëeïov,
prix de la victoire, récompense. Mais aucun inter-
médiaire, dans les langues romanes, ne permet de
passer du sens de prix de la victoire à brave, sur-
tout dans sa signification primitive; puis l'accent
diffère dans brave et dans bravïum : deux raisons
qui ne permettent pas d'accueillir cette étymologie.
f BRAVE (bra-vé), sorte d'interjection dont on se
sert, au théâtre Italien, pour applaudir deux ou
plusieurs cantatrices.
— ËTYM. Ital. brave, pluriel féminin de l'adjectif
bravo (voy. BRAVO i).
BRAVÉ, EE (bra-vé, vée), part, passé. Bravé par
son adversaire. Toutes ses menaces bravées et mé-
prisées. Il semblait.... Que tous les Grecs bravés en
leur ambassadeur, Dussent de son hymen relever
la splendeur, RAC. Androm. v, 3.
BRAVEMENT (bra-ve-man), adv. || i" D'une ma-
nière brave, vaillante. 11 monta bravement à l'as-
saut. || 2° Habilement, adroitement. Il s'est brave-
ment tiré de cet embarras. N'ai-je pas bien servi
dans cette occasion? Dit l'âne en se donnant tout
l'honneur de la chasse. —Oui, reprit le lion, c'est
bravement crié, LA FONT. Fables, il, *9.
—. HIST. xvi" s. Le peuple avoit grand despit de
l'ouir ainsi bravement [avec morguej parler,AMYOT,
Cor. 26. S'armer et accoustrer bravement [riche-
ment] , ID. Philop. i 5.
— ETYM. Bourguig. et lorrain, brament, beaucoup ;
maçonnais, broveman; Berry, brament; wallon,
brâmen, beaucoup; provenç. bravamens; catal.
bravament; espagn. et ital. bravamente; de brave
et le suffixe ment.
BRAVER (bra-vé), v. a. || i" Faire le brave à l'é-
gard de quelqu'un ou de quelque chose. Il bravait
du regard son adversaire. Ils étaient prêts à braver
tous les supplices. La force de la conscience est
grande, et ceux qui la bravent.... Braver les cha-
leurs, les tempêtes. Quoi! viens-tu me braver jus-
que dans mon palais? COHN. Nicom. v, to. Mais
pourrons-nous braver une reine en colère Avec ce
peu de gens que m'a laissé mon frère? ID. Rodog.
m, 2. Car enfin ce cruel que vous allez braver,
Songez, quoi qu'il ait fait, songez qu'il est mon père,
RAC. Iphig. m, 6. Vous triomphez, cruelle, et bra-
vez ma douleur, ID. ib. n, 6. Ce Dieu que tu bra-
vais à nos mains t'a livrée, ID. Athal. v, 6. Fuis,
traître, ne viens point braver ici ma haine,m. Phèd.
iv, 2. Et bravant du démon l'impuissant artifice,
ID. Esth.Prol. Viens-tu du Dieu vivant braver la ma-
jesté? ID. Athal. n, 2. Tous les jours un homme....
un vil esclave D'un front audacieux me dédaigne et
me brave, RAC. Esth. n, I. Vous bravez ma bonté
qui vous était offerte, VOLT. Ali. v, 6. Il vient bra-
ver les morts, il vient braver les dieux, ID. Sémi-
ram. v, 2. Cependant que mon front au Caucase pa-
reil , Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête, LA FONT; Fabl. i, 22.
Et qui veut bien mourir peut braver les malheurs,
CORN. ffor. ni, 6. Vous qui braviez pour moi tant de
périls divers, RAC. Androm. in, 6. || Absolument.
C'est peu pour lui de vaincre, il veut encor braver,
CORN. Hor. iv, 2. || 2° Fig. Le latin dans les mots
brave l'honnêteté ; Mais le lecteur français veut être
respecté, BOIL. Art p. n. || 3° Se braver, v. réfl. Se
défier, se provoquer l'un l'autre. Oronte et lui se
sont tantôt bravés, MOL. Mis. n, 7.
— HIST. xvi" s. Oyez braver ce pauvre et calami-
teux animal [l'homme vantant sa condition], MONT,
II, 209. Il sent mesmes passions que mon laquay,
mais se brave sur ce qu'il contient au moins sa lan-
gue, ID. n, 2U. Vous l'avez bravé, esmeu de cholere;
et vous l'allez rappaiser et flatter, en vostre froid et
meilleur sens, ID. IV, 170. N'ayant aultre auditeur
des ses louanges, il se bravoit avecques sa cham-
brière, ID. IV, 174. Qu'elle aille la teste levée, bra-
vant [se parant] de ma chaine, qu'elle sépare et
attiffe de mes dépouilles, TVER, p. 639. Estant con-
trainct d'endurer que Tigranes ce pendant courust
et pillast la Cappadocie, et que Mithridates de rechef
bravast, AMYOT, Lucuïl. 70. Nous ne souhaitions
rien plus que de rencontrer ceux qui bravoient de
nous venir trouver, M. DU BELL. 603. Pourquoy te
braves-tu de cela qui n'est rien? La beauté n'est que
vent, la beauté n'est pas bien, RONS. 267.
— ÉTYM. Brave; espagn. bravear; ital. !>ratwe.
BRAVERIE (bra-ve-rie), s. f. Toilette, beaux ha-
bits. Je tiens que la braverie, que l'ajustement est
la chose qui réjouit le plus les filles, MOL. Am. méd.
i, 1.Vite, qu'on les dépouille sur-le-champ.—Adieu,
notre braverieI ID. Prie. rid. 16. Une infinité de
pré'sents, des pensions, des réparations de che-
mins, quinze ou vingt grandes tables, un jeu con-
tinuel, des bals éternels,des comédies trois fois la
semaine, une grande braverie, voilà les Etats, SÉV.
5 août 1671. || Il vieillit.
— HIST. xvi" s. La braverie [action de braver] et
la constance, moyens tout contraires [à la soumis-
sion], MONT, i, 1. C'est une action plus de crainte
que de braverie,ID. m, I 4 I . La braverie de son mar-
cher, sa veue ferme et réglée, ID. IV, 3. Refréner
la braverie.insolente de la jeunesse, AMYOT, P.Jim.
46. Son cheval effroyé du bruit et de la braverie des
ennemis, se tourna, ID. Marcell. 8. Plus par brave-
rie [bravade] que pour en tirer quelque advantaige,
CARL. IX, 39. Les richesses, estatz, honneurs et au-
tres braveries de ce monde, l'Amant ressuscité,dans
LACURNE STE-PALAYE. Elle n'espargne rien quand il
est question de ses habits, pompes et braveries,
Dial. de TAHUREAU, p. 16, dans LACORNE STE-
PALAYE.
— ETYM. Brave. On a dit aussi braveté dans le
xvi" siècle.
f BRAVI (bra-vi). || i° Sorte d'interjection qui se
dit, au théâtre Italien, pour applaudir deux ou plu-
sieurs chanteurs. || 2° S. m. plur. de bravo 2.
— ÉTYM. Ital. bravi, pluriel masculin de l'adjec-
tif bravo (voy. BRAVO 1).
t BRAVTSSIMO (bra-vi-ssi-mo), interject. Voy.
BRAVO 1.
1. BRAVO (bra-vo),t>iter/. || 1" Expression dont on
se sert pour applaudir; et, au superlatif, bravissimo.
Bravo ! à merveille ! bravissimo ! || Bravo peut être
déterminé par le nom ou 1? désignation de la per-
sonne qu'on applaudit : bravo Martin; bravo la flûte;
bravo le basson. J'arrive, on criait : bravo l'homme;
Autre combat : taureau nouveau D'un coup de corne
dans l'oreille Etend l'homme sur le carreau ; Avec
une fureur pareille On cria : bravo le taureau, PONS
(de Verdun), Contes et Poésies, p. -ni. || 2° S. m.
Approbation, applaudissements. On entenditun bravo
général. Anglais.... Vos diplomates, vos chevaux,
N'ont pas épuisé nos bravos, BÉRANG. BOX. Elle en-
tendit une foule idolâtre La poursuivre de ses bravos,
ID. Pauvre femme.
— REM. En français, on dit bravo pour toute per-
sonne et toute chose, soit au singulier, soit au plu-
riel, soit au masculin, soit au féminin. Brava,
bravi, brave sont italiens, non francisés et employés
avec prétention par les dilettantes.
— ÊTYM. Ital. bravo (voy. BRAVE).
f 2. BRAVO (bra-vo), s. m. Assassin à gages,
coupe-jarret. || Au plur. Des bravi.
— ÉTYM. Ital. bravo (voy. BRAVE).
BRAVOURE (bra-vou-r'), s. f. || 1° Courage à la
guerre. Il montra de la bravoure. || 2° Au plur. Iro-
niquement, actions de valeur. Il fatigue tout le
monde du récit de ses bravoures. || 3° Terme de mu-
sique. Air de bravoure, air brillant destiné à faire
valoir la voix et l'habileté du chanteur. || Genre de
bravoure, celui qui est opposé au genre simple.
— ÉTYM. Ital. bravura, de bravo (voy. BRAVE).
f BRAYE (brê), s. f. Fange, boue, terre grasse
dont on fait les murs de bauge, le corroi dont on
enduit les bassins des fontaines et les chaussées des
étangs. || On trouve aussi broyé et brie.
— ÉTYM. Le même mot que brai.
BRAYÉ, ËE (brè-ié, iée) , part, passé. Navire
brayé.
t. BRAYER (bra-ié), s. m. || i° Terme de chirur-
gie. Bandage destinéàsoutenirune hernie. || 2°Terme
de fauconnerie. Le derrière d'un oiseau de proie.
|| 3° Morceau de cuir qui sert à soutenir le battant
d'une cloche. || Espèce de collier de cuir pour porter
une bannière. 11 Cordage dont les maçons se servent
pour élever du moellon ou du mortier. || Petit mar-
teau de fer qui sert aux balanciers des monnaies.
— HIST. xne s. Tout [il] le pourfent de ci tant
qu'au braier, Roncisv. p. 73. || xiu" s. Un d'eus si
vilement le conroie 'Que dou dos li trait tel corroie,
Dont l'en poïst faire un braier, Ren. 19063. Nul gar-
nement de ventre, de braieus ou de croupes, de
gorge.... Liv. des met: 326. || xvi" s. Il faut leur faire
porter brayers et ligatures propres à telle disposi-
tion, PARÉ, VI, 14.
— ÉTYM. Provenç. braguier, braier ; catal. bra-
guer; bas-lat. bracarium; de bracca, braie (voy.
BRAIE). ■ .
2. BRAYER (brè-ié), je braye, tubrayes, ilbraye
ou il braie,nous bravons,vous brayez,ilsbrayent ou
ils braient ; je brayais, nous bravions, vous braviez;
je brayai; je brayerai ou braierai, oubralrai; je
brayerais ou braierais, oubraîrais; braye, brayez;
que je braye, que nous brayions; que je brayasse ;
brayant: brayé, v. a. Terme de marine. Brayer un
vaisseau, y appliquer du brai et autres enduits.
— ÉTYM. Brai.
BRAYETTE (bra-iè-f), s. f. Fente de devant d'un
haut-de-chausses, d'une culotte. Courtin s'applau-
dit d'avoir sauvé sa montre et 60 pistoles, qu'il avait
fait, à temps, glisser dans sa brayette, ST-SIM. -127,
162.
— HIST. xv" s. C'est un chasseur sans sa trompe,
Sans braguette un lansquenet, BASSEL. 56. || xvi"s.
j'ay inventé cest instrument, lequel est de fer blanc,
de la figure d'une brayette, et contient environ un
posson; il se doit mettre en la brayette du malade,
PARÉ, xxrii, 9.
— ÉTYM. Diminutif de braie (voy. ce mot) ; norm.
braguette, culotte; bourg, brayôte, pantalon.
BRAYON (bra-ion), s. m. Terme de vénerie. Piège
pour prendre les bêtes puantes.
— HIST. xin" s. Renart i fu, si ot veûs. Le jor
devant, deus las tenduz, Et un broion en terre en-
clos, Ren.1261.
— ÉTYM. Ane. franc, broi (que si sont pris corne
oiselet à broi, Gerart de Vienne, 3693), qu'il faut
rapprocher du provençal brefs, de l'italien brete,
piège à oiseau.
BRÉANT (bré-an) ou BRUANT (bru-an) ,s. m. Nom
vulgaire de l'ernbérize citrinelle, dite aussi verdon
BRA
BRA
BRE
v. HUGO, Odes, il, s. Cela me fait souvenir de ce
qu'on dit quelquefois: quand brave rencontre brave,
brave demeure, SËV. 697. || Familièrement et par
plaisanterie, c'est un brave à trois poils, c'est un
homme d'une bravoure éprouvée. Locution venue de
la forme de la moustache des raffinés d'honneur
sous Henri ITI et Henri IV. || Mon brave, locution
vulgaire qui se dit soit à un homme .avec qui l'on
est très-familier, soit à un homme inférieur de
position. Venez ici, mon brave. || 5° Assassin à
gages. Il le fit assassiner par un brave qu'il paya.
Peu- usité (voy. BRAVO 2).
— REM. i. Tin brave homme est un honnête
homme ; un homme brave est un homme qui a de
la bravoure. Cette distinction, qui est maintenant
établie par l'usage, ne l'était pas au xvn* siècle;
et, comme on peut voir dans les exemples, Cor-
neille a dit constamment un brave homme pour un
homme brave. Quant à braves gens, il a les deux
sens et signifie soit des hommes vaillants, soit des
hommes bons et obligeants. || 2. Le sens de bon que
brave a dans : c'est un brave homme, est étendu,
dans le Midi, à toutes sortes d'emplois qui sont vi-
cieux: notre curé est fort brave, voilà de braves
poulets ; il faut dire : notre curé est un brave homme ;
ces poulets sont beaux. Un brave curé, c'est un curé
qui est un exoellent homme ; un curé brave serait
un curé qui aurait de la bravoure.
— HIST. xvi" s. Il avoit donné preuve de sa suf-
fisance en quelque brave et docte sujet, SES AC-
CORDS, Bigarrures, Avis au lecteur, p. I. Tenir ta-
bles délicates, estre braves en accoustremens, CALV.
Inst. 88t. H est des morts braves et fortunées:
je lui ay veu trencher le fil d'un progrez de mer-
veilleux advancement, et dans la fleur de son croist,
à quelqu'un, d'une fin si pompeuse, qu'à mon ad-
vis, ses ambitieux et courageux desseins n'avoient
rien de si hault que feut leur interruption, MONT,
I, 68. Donner dans la bresche, d'une brave asseu-
rance, n>. Il, 7. J'aimerois mieulx une vie moins
brave [aisée] et moins affaireuse, ID. IV, 77. Il y
avoit un barbier d'etuves qui estoit fort brave
[fier], DESPEB. Contes, xxxn. Cato adjousta à ce
glorieux exploit une brave magnificence et haul-
tesse de paroles, AMYOT, Caion, 28.
— ÉTYM. Provenç. brau (féminin brava), dur,
■méchant, brave;catal. brau; espagn. et ital. bravo;
bas-lat. bravus, sauvage. Le sens primitif est sau-
vage, dur, fougueux, d'où on passe facilement au
sens de vaillant, courageux. Mais d'où vient celui
de beau, bien habillé? Sans doute de vaillant on est
venu'à hable {bravo en italien a cette acception),
puis bon, beau, bien habillé. Cette acception est
purement française et prouve que le mot brave est
venu dans notre langue récemment de l'italien ou
de l'espagnol ; s'il était ancien, il y serait sous la
forme broti, répondant au provençal brau. Diez
examine trois étymologies : 4° le latin pravus, mé-
chant; mais pravus a donné en provençal prau, et
non brau; 2° l'ancien haut-allemand raw, cru,
d'où cruel; méchant, par l'épenthèse d'un b ; éty-
mologie insuffisamment appuyée-; 3° le kymri braw,
terreur, à laquelle Diez objecte que le sens de ter-
reur ne se retrouve dans aucune langue romane.
Aussi, admettant l'objection, on peut proposer
comme quatrième conjecture le gaélique borb, cruel,
barbare, hautain. Le bas-breton brao, beau, bien
habillé, vient du français. On a aussi indiqué le la-
tin bravîum, brabîum, brabêum, du grec ppaëeïov,
prix de la victoire, récompense. Mais aucun inter-
médiaire, dans les langues romanes, ne permet de
passer du sens de prix de la victoire à brave, sur-
tout dans sa signification primitive; puis l'accent
diffère dans brave et dans bravïum : deux raisons
qui ne permettent pas d'accueillir cette étymologie.
f BRAVE (bra-vé), sorte d'interjection dont on se
sert, au théâtre Italien, pour applaudir deux ou
plusieurs cantatrices.
— ËTYM. Ital. brave, pluriel féminin de l'adjectif
bravo (voy. BRAVO i).
BRAVÉ, EE (bra-vé, vée), part, passé. Bravé par
son adversaire. Toutes ses menaces bravées et mé-
prisées. Il semblait.... Que tous les Grecs bravés en
leur ambassadeur, Dussent de son hymen relever
la splendeur, RAC. Androm. v, 3.
BRAVEMENT (bra-ve-man), adv. || i" D'une ma-
nière brave, vaillante. 11 monta bravement à l'as-
saut. || 2° Habilement, adroitement. Il s'est brave-
ment tiré de cet embarras. N'ai-je pas bien servi
dans cette occasion? Dit l'âne en se donnant tout
l'honneur de la chasse. —Oui, reprit le lion, c'est
bravement crié, LA FONT. Fables, il, *9.
—. HIST. xvi" s. Le peuple avoit grand despit de
l'ouir ainsi bravement [avec morguej parler,AMYOT,
Cor. 26. S'armer et accoustrer bravement [riche-
ment] , ID. Philop. i 5.
— ETYM. Bourguig. et lorrain, brament, beaucoup ;
maçonnais, broveman; Berry, brament; wallon,
brâmen, beaucoup; provenç. bravamens; catal.
bravament; espagn. et ital. bravamente; de brave
et le suffixe ment.
BRAVER (bra-vé), v. a. || i" Faire le brave à l'é-
gard de quelqu'un ou de quelque chose. Il bravait
du regard son adversaire. Ils étaient prêts à braver
tous les supplices. La force de la conscience est
grande, et ceux qui la bravent.... Braver les cha-
leurs, les tempêtes. Quoi! viens-tu me braver jus-
que dans mon palais? COHN. Nicom. v, to. Mais
pourrons-nous braver une reine en colère Avec ce
peu de gens que m'a laissé mon frère? ID. Rodog.
m, 2. Car enfin ce cruel que vous allez braver,
Songez, quoi qu'il ait fait, songez qu'il est mon père,
RAC. Iphig. m, 6. Vous triomphez, cruelle, et bra-
vez ma douleur, ID. ib. n, 6. Ce Dieu que tu bra-
vais à nos mains t'a livrée, ID. Athal. v, 6. Fuis,
traître, ne viens point braver ici ma haine,m. Phèd.
iv, 2. Et bravant du démon l'impuissant artifice,
ID. Esth.Prol. Viens-tu du Dieu vivant braver la ma-
jesté? ID. Athal. n, 2. Tous les jours un homme....
un vil esclave D'un front audacieux me dédaigne et
me brave, RAC. Esth. n, I. Vous bravez ma bonté
qui vous était offerte, VOLT. Ali. v, 6. Il vient bra-
ver les morts, il vient braver les dieux, ID. Sémi-
ram. v, 2. Cependant que mon front au Caucase pa-
reil , Non content d'arrêter les rayons du soleil,
Brave l'effort de la tempête, LA FONT; Fabl. i, 22.
Et qui veut bien mourir peut braver les malheurs,
CORN. ffor. ni, 6. Vous qui braviez pour moi tant de
périls divers, RAC. Androm. in, 6. || Absolument.
C'est peu pour lui de vaincre, il veut encor braver,
CORN. Hor. iv, 2. || 2° Fig. Le latin dans les mots
brave l'honnêteté ; Mais le lecteur français veut être
respecté, BOIL. Art p. n. || 3° Se braver, v. réfl. Se
défier, se provoquer l'un l'autre. Oronte et lui se
sont tantôt bravés, MOL. Mis. n, 7.
— HIST. xvi" s. Oyez braver ce pauvre et calami-
teux animal [l'homme vantant sa condition], MONT,
II, 209. Il sent mesmes passions que mon laquay,
mais se brave sur ce qu'il contient au moins sa lan-
gue, ID. n, 2U. Vous l'avez bravé, esmeu de cholere;
et vous l'allez rappaiser et flatter, en vostre froid et
meilleur sens, ID. IV, 170. N'ayant aultre auditeur
des ses louanges, il se bravoit avecques sa cham-
brière, ID. IV, 174. Qu'elle aille la teste levée, bra-
vant [se parant] de ma chaine, qu'elle sépare et
attiffe de mes dépouilles, TVER, p. 639. Estant con-
trainct d'endurer que Tigranes ce pendant courust
et pillast la Cappadocie, et que Mithridates de rechef
bravast, AMYOT, Lucuïl. 70. Nous ne souhaitions
rien plus que de rencontrer ceux qui bravoient de
nous venir trouver, M. DU BELL. 603. Pourquoy te
braves-tu de cela qui n'est rien? La beauté n'est que
vent, la beauté n'est pas bien, RONS. 267.
— ÉTYM. Brave; espagn. bravear; ital. !>ratwe.
BRAVERIE (bra-ve-rie), s. f. Toilette, beaux ha-
bits. Je tiens que la braverie, que l'ajustement est
la chose qui réjouit le plus les filles, MOL. Am. méd.
i, 1.Vite, qu'on les dépouille sur-le-champ.—Adieu,
notre braverieI ID. Prie. rid. 16. Une infinité de
pré'sents, des pensions, des réparations de che-
mins, quinze ou vingt grandes tables, un jeu con-
tinuel, des bals éternels,des comédies trois fois la
semaine, une grande braverie, voilà les Etats, SÉV.
5 août 1671. || Il vieillit.
— HIST. xvi" s. La braverie [action de braver] et
la constance, moyens tout contraires [à la soumis-
sion], MONT, i, 1. C'est une action plus de crainte
que de braverie,ID. m, I 4 I . La braverie de son mar-
cher, sa veue ferme et réglée, ID. IV, 3. Refréner
la braverie.insolente de la jeunesse, AMYOT, P.Jim.
46. Son cheval effroyé du bruit et de la braverie des
ennemis, se tourna, ID. Marcell. 8. Plus par brave-
rie [bravade] que pour en tirer quelque advantaige,
CARL. IX, 39. Les richesses, estatz, honneurs et au-
tres braveries de ce monde, l'Amant ressuscité,dans
LACURNE STE-PALAYE. Elle n'espargne rien quand il
est question de ses habits, pompes et braveries,
Dial. de TAHUREAU, p. 16, dans LACORNE STE-
PALAYE.
— ETYM. Brave. On a dit aussi braveté dans le
xvi" siècle.
f BRAVI (bra-vi). || i° Sorte d'interjection qui se
dit, au théâtre Italien, pour applaudir deux ou plu-
sieurs chanteurs. || 2° S. m. plur. de bravo 2.
— ÉTYM. Ital. bravi, pluriel masculin de l'adjec-
tif bravo (voy. BRAVO 1).
t BRAVTSSIMO (bra-vi-ssi-mo), interject. Voy.
BRAVO 1.
1. BRAVO (bra-vo),t>iter/. || 1" Expression dont on
se sert pour applaudir; et, au superlatif, bravissimo.
Bravo ! à merveille ! bravissimo ! || Bravo peut être
déterminé par le nom ou 1? désignation de la per-
sonne qu'on applaudit : bravo Martin; bravo la flûte;
bravo le basson. J'arrive, on criait : bravo l'homme;
Autre combat : taureau nouveau D'un coup de corne
dans l'oreille Etend l'homme sur le carreau ; Avec
une fureur pareille On cria : bravo le taureau, PONS
(de Verdun), Contes et Poésies, p. -ni. || 2° S. m.
Approbation, applaudissements. On entenditun bravo
général. Anglais.... Vos diplomates, vos chevaux,
N'ont pas épuisé nos bravos, BÉRANG. BOX. Elle en-
tendit une foule idolâtre La poursuivre de ses bravos,
ID. Pauvre femme.
— REM. En français, on dit bravo pour toute per-
sonne et toute chose, soit au singulier, soit au plu-
riel, soit au masculin, soit au féminin. Brava,
bravi, brave sont italiens, non francisés et employés
avec prétention par les dilettantes.
— ÊTYM. Ital. bravo (voy. BRAVE).
f 2. BRAVO (bra-vo), s. m. Assassin à gages,
coupe-jarret. || Au plur. Des bravi.
— ÉTYM. Ital. bravo (voy. BRAVE).
BRAVOURE (bra-vou-r'), s. f. || 1° Courage à la
guerre. Il montra de la bravoure. || 2° Au plur. Iro-
niquement, actions de valeur. Il fatigue tout le
monde du récit de ses bravoures. || 3° Terme de mu-
sique. Air de bravoure, air brillant destiné à faire
valoir la voix et l'habileté du chanteur. || Genre de
bravoure, celui qui est opposé au genre simple.
— ÉTYM. Ital. bravura, de bravo (voy. BRAVE).
f BRAYE (brê), s. f. Fange, boue, terre grasse
dont on fait les murs de bauge, le corroi dont on
enduit les bassins des fontaines et les chaussées des
étangs. || On trouve aussi broyé et brie.
— ÉTYM. Le même mot que brai.
BRAYÉ, ËE (brè-ié, iée) , part, passé. Navire
brayé.
t. BRAYER (bra-ié), s. m. || i° Terme de chirur-
gie. Bandage destinéàsoutenirune hernie. || 2°Terme
de fauconnerie. Le derrière d'un oiseau de proie.
|| 3° Morceau de cuir qui sert à soutenir le battant
d'une cloche. || Espèce de collier de cuir pour porter
une bannière. 11 Cordage dont les maçons se servent
pour élever du moellon ou du mortier. || Petit mar-
teau de fer qui sert aux balanciers des monnaies.
— HIST. xne s. Tout [il] le pourfent de ci tant
qu'au braier, Roncisv. p. 73. || xiu" s. Un d'eus si
vilement le conroie 'Que dou dos li trait tel corroie,
Dont l'en poïst faire un braier, Ren. 19063. Nul gar-
nement de ventre, de braieus ou de croupes, de
gorge.... Liv. des met: 326. || xvi" s. Il faut leur faire
porter brayers et ligatures propres à telle disposi-
tion, PARÉ, VI, 14.
— ÉTYM. Provenç. braguier, braier ; catal. bra-
guer; bas-lat. bracarium; de bracca, braie (voy.
BRAIE). ■ .
2. BRAYER (brè-ié), je braye, tubrayes, ilbraye
ou il braie,nous bravons,vous brayez,ilsbrayent ou
ils braient ; je brayais, nous bravions, vous braviez;
je brayai; je brayerai ou braierai, oubralrai; je
brayerais ou braierais, oubraîrais; braye, brayez;
que je braye, que nous brayions; que je brayasse ;
brayant: brayé, v. a. Terme de marine. Brayer un
vaisseau, y appliquer du brai et autres enduits.
— ÉTYM. Brai.
BRAYETTE (bra-iè-f), s. f. Fente de devant d'un
haut-de-chausses, d'une culotte. Courtin s'applau-
dit d'avoir sauvé sa montre et 60 pistoles, qu'il avait
fait, à temps, glisser dans sa brayette, ST-SIM. -127,
162.
— HIST. xv" s. C'est un chasseur sans sa trompe,
Sans braguette un lansquenet, BASSEL. 56. || xvi"s.
j'ay inventé cest instrument, lequel est de fer blanc,
de la figure d'une brayette, et contient environ un
posson; il se doit mettre en la brayette du malade,
PARÉ, xxrii, 9.
— ÉTYM. Diminutif de braie (voy. ce mot) ; norm.
braguette, culotte; bourg, brayôte, pantalon.
BRAYON (bra-ion), s. m. Terme de vénerie. Piège
pour prendre les bêtes puantes.
— HIST. xin" s. Renart i fu, si ot veûs. Le jor
devant, deus las tenduz, Et un broion en terre en-
clos, Ren.1261.
— ÉTYM. Ane. franc, broi (que si sont pris corne
oiselet à broi, Gerart de Vienne, 3693), qu'il faut
rapprocher du provençal brefs, de l'italien brete,
piège à oiseau.
BRÉANT (bré-an) ou BRUANT (bru-an) ,s. m. Nom
vulgaire de l'ernbérize citrinelle, dite aussi verdon
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