Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 1 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
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Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Avec mode texte Avec mode texte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5406710m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49508
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2008
BÊT
BÊT
BEU
335
m'y connais, et ne suis des plus bêtes; Très-peu
s'en faut que ne soyez l'amour, LAFARE, d Mme B.
Vous le verrez plus stùpide et plus bête que le fils
du manant, i. j. RODSS. Ém. n. || Par exagération.
Suis-je bête de pleurer ainsi! || Elliptiquement et fa-
milièrement. Pas si bête ! c'est-à-dire je ne suis pas
assez sot pour faire telle chose. || 10° Jeu de cartes
qui se joue à quatre ou à cinq, en donnant cinq
cartes à chacun, après avoir ôté du jeu les petites
cartes. S la bête, gémir d'un roi venu sans garde,
Bon.. Sat. x. || 11° Somme qu'on dépose quand on a
perdu un coup et qui reste au jeu pour celui qui
gagnera. Faire sa bête. Mettre la bête. Tirer la bête.
|| Remonter sur sa bête, gagner le coup après celui
où on a fait la bête et reprendre ce qu'on avait perdu ;
et figurément, réparer une perte, un mécompte,
une mésaventure. Chavigny me demanda si le cardi-
nal serait assez innocent pour ne se pas servir de cette
occasion pour remonter sur sa bête, BETZ, II, 444.
|| 12° Bête à Dieu, ou bête à Martin, ou bête à bon
Dieu, nom vulgaire des coccinelles. || Bête à feu,
nom vulgaire des vers luisants. || Bête noire, nom
vulgaire du grillon et de la blatte. || Bêtes rouges,
insectes du genre acarus. || Bête à la grande dent,
un des noms vulgaires du morse. || Bête de la mort,
nom vulgaire -de la chouette, effraie où fresaie.
|| Proverbes. Reprendre du poil de la bête, chercher
son remède dans la chose même. || Morte la bête,
mort le venin, c'est-à-dire un ennemi ne peut plus
nuire quand il est mort, ou bien, après la mort de
notre ennemi, notre ressentiment doit s'éteindre.
|| Quand Jean bête est mort, il a bien laissé des hé-
ritiers, c'est-à-dire il y a encore bien des sots au
monde.
— HIST. xi" s. Beste [cheval] n'i a qui encontre
lui aille, Ch. de Roi. cxm. Que n'i adeist [approche]
ne beste ne lion, ib. CLXXIV. || xn" s. At dons Deus
cure des beestes? Il nen avoit fait mais ke dous nobles
créatures, ti resnaules [raisonnables] estoient, etki
dévoient estre bien aûrouses, ST BERN. 624. Sauvages
bestes ne les pourront manger, Ronc. p. 83. || xm" s.
De plus crueuse beste ne fut parole ouïe, lierte, n. Car
de paour [je] fuoie comme une beste mue, ib. LU.
Ours ne lion n'est ne beste sauvage, Qui, tel foiz
est, ne freigne son vouloir De faire mal et ennui et
domage, EUST. LE PEINTRE , dans Coucï. J'ai assez
capons et gelines, Et assez bestes aumelines,
Grosses brebiz et crasses vaches, Ren. 41472. Se un
home achate une beste restive, et que le vendeur li
dit : ceste beste est restive, et je por restive la vos
vens, Âss. deJér. i, 4 83. N'est mie legiere à gar-
der La beste qui se veut embler, FI. et 1M; 4636. Et
teles uzures apele on bestes de fer, porcequ'eles ne
poent morir à lor segneurs, BEAUM. LXVHI, 48.
|| xiv" s. Et ceste [proposition] est false : ;homme
est beste, ORESME, Prol. En la manière duit et chastie un asne ou un autre beste de labeur,
ID. Elh. 326. Il s'ensuivroit que nulle des bestes
mues [muettes] ne les enfans ne feissent nulle opé-
ration voluntairement, ID. ib. 63. || xv" s. Les sei-
gneurs sont gouvernés par le clergé, ils ne sau-
raient vivre et seraient comme bestes si le clergé
n'estoit, PROISS. H, m, 27. [Ils étaient] hommes
formés à la semblance de leur seigneur, et on les
tenoit comme bestes [Discours des serfs anglais],
ID. n, n, 4 08. Seigneurs, vecy un homme honeste;
Par le grant Dieu! ce n'est pas beste, La Pass. de
N. S. J. C. Qui ce ferait serait bien beste, Mr. de
Ste Genev. Je treuve, quant à moi, que les gens
sont bien bestes, Qui ne se font plus tost au vin
rompre les testes, Qu'aux coups de coutelas, en
cherchant du renom, BASSELIN, xrx. Et croyez que
Dieu n'a pas estably l'office du roy ne de prince
pour estre exercé par les bestes ne par ceulx qui
par gloire dient : je ne suis pas clerc, COMM. II, 6.
|| xvi° s. Chassans devant eux un grand butin de
testes blanches et d'aumailles, M. DU BELL. 408. Du
poil de la beste qui te mordit ou de son sang seras
guery, GÉNW, Récréât, t. u, p. 237. Nous allons les
uns après les autres comme les bestes de compa-
gnie, CHARRON, Sagesse, H, 4.
— ÉTYM. Bourguig. béte; provenç. espagn. et ital.
bestia; portug. besta; du latin bestia.
BÉTEL (bê-tèl), s. m. Mélange de substances
très-actives, dont on fait usage, comme masticatoire
tonique et astringent, dansles régions tropicales, et
qui est formé de plusieurs espèces de poivres, de feuil-
les de tabac, de chaux vive et delà noix d'Arec.
— ÉTYM. Betle (danspiperbetle, L.), nom indien
d'un des poivres qui entrent dans le bétel. <
BÊTEMENT (bè-te-man), adv. En bête, stupi-
dement. Il a bêtement agi. Il a répondu bêtement.
— ÉTYM. Bête, et le suffixe mtnt.
BETISE fbê-ti-z'; dans quelques provinces on
prononce bê-ti-z'; mais l'usage est pour bé-ti-z');
s. f. || 1° Défaut d'intelligence et de jugement. Il y
a tant de disproportion entre le mérite et la bêtise,
PASC. P. Jis. 34. Il y a en moi, pauvre et simple
homme de village, plus de bêtise que de méchan-
ceté, p. L. COUR, i, 444 Que veux-tu? c'est
peut-être bêtise De croire ce qu'on voit; mais j'ai
cette sottise, HAUTEROCHE, 'Nobles de province,
rv, 4. || 2° Action ou propos de bête. Un des con-
jurés eut la bêtise de se confesser à un des prêtres
de la fronde, VOLT. LOUIS XIV, 4. || 3° Propos
léger et inconvenant. Il échappa à Brissac quel-
que bêtise sur Mme de Mailly, la dame d'atour,
ST-SIM. 4 53, 234. || Familièrement et populaire-
ment. Quelle bêtise! c'est-à-dire, vous faites ou
vous dites une bêtise, une chose déraisonnable ou
qui ne peut servir à rien.
— SYN. BÊTISE, SOTTISE. La bête est dans bêtise,
tandis'qu'elle n'est pas dans sottise; c'est ce qui dis-
tingue ces deux mots. La bête est bornée, a peu
d'idées; la bêtise est dans tout ce qui provient de
l'ignorance, d'un esprit sans portée, d'une intelli-
gence sans lumière, et même parfois d'une intelli-
gence distraite ou mal informée de certaines choses.
La Fontaine, en raison de ses simplicités, était par-
fois une bête; mais il n'était jamais un sot. En ef-
fet la sottise est caractérisée par l'absence de juge-
ment, absence qui ne permet pas au sot de se méfier
jamais de ses idées. Il peut y avoir des bêtes parmi
les gens d'esprit, mais il n'y a pas de sots. Il peut y
avoir des sots parmi les savants; la science ne pré-
serve pas de la sottise. La bêtise fait quelquefois rire;
mais, en tout cas, elle impatiente moins que la sot-
tise.
— HIST. xv* s. Et à ce doivent bien avoir regart
les seigneurs et les nobles de ce royaume de souf-
frir telle besterie et ordure, HONSTREL.liv.i, ch. 484.
|| xvr s. Je ne sçay quoy premier en lui je doibve
admirer, ou son oultre cuydance, ou sa besterye,
RAB. Garg.i, 9.
— ÉTYM. Bête. Bêtise est récent; autrefois on di-
sait besterie.
BÉTOINE (bé-toi-n'), s. f. Terme de botanique.
|| 1° Plante de la famille des labiées (betonica offici-
ndlis, L.) dont la racine est purgative. || 2° Bétoine
de montagne, nom vulgaire de l'arnica monlana, L.
— HIST. xm* s. Rue, vetoine o termentine [té-
rébenthine], lis. StJean. || xvr» s. J'y adjousterois
delabetoine, pource que telles herbes purgent les
cerveaux,'et les esprits seraient plus propres à gou-
verner, D'AUB. Foen. m, 22. La betoine, le petum
ounicotiane, PARÉ, XVI, 36, etc.
•— ÊTYM. Espagn. et ital. betonica; du latin beto-
nica, vetonica ou vetlonica, ainsi nommée des Vet-
tones, peuple de la Lusitanie. '
4. BÉTON (bé-ton), s. vu Mortier fait de chaux,
de sable et de gravier.
— HIST. xiV" s. Qui ont mis aucuns fumiers,
terres et autres betuns ez place de la ville de Dijon,
DU CANGE, betunium. || xv" s. Un tombereau char-
gié de'gravbis'ef autres'bëtuns, ift ib.
— ÉTYM. On peut croire que béton tient au pro-
vençal batum, mastic, enduit, et qui est une autre
forme de betum, bitume; espagnol, betun, bitume.
Alors betun, betunium, qui veut diregravois et im-
mondices, en dériverait, parce que le béton ruiné
devient gravois. Mais le béton ne contient pas de bi-
tume; et, tout mortier se durcissant, devrait-on
y chercher le sens de ce qui se durcit, se caille,
se coagulé; et par là nous serions conduits à l'an-
cien verbe beter qui a ce sens (voy. BÉTON 2). L'in-
certitude reste entre ces deux explications.
f 2. BÉTON (bé-ton), s. m. Nom vulgaire, mais
peu usité, du lait trouble et épais contenu dans les
mamelles au moment de l'accouchement.
— ÉTYM. L'apparence qu'a ce lait lui a fait don-
ner le sens de caillot, qui est dans l'ancien verbe
beter, dont voici des exemples : XII* s. Desoz l'auberc
li est le sanc betez [caillé], Bataille cVAleschans,H 6.
Delsanc des cors estla terre betée,i&. 5443. Il voient
l'eve felenesse, Et tant périlleuse et parfonde, Qu'il
n'est riens nule en tôt le monde, S'ele i cheoit, ne
fust alée, Aussi com en la mer hetée [gelée], La Char-
rette, 3009. xm" s. [Il] N'en a laissié prodome dus-
qu'à la merietée Qui puisse porter lance ne qui çai-
gne l'espée, Ch. d'Anl. vu, 4 4 5. Beter a une autre
signification qui est : mettre un mors, et il vient
en ce sens du germanique : anglo-saxon, bxtan;
flamand, beeten; allem: moderne, beifen, "faire
mordre à la bride. Mais Diez croit qu'on y peut aussi
rattacher beter dans le sens de cailler, vu que bei-
gen signifie aussi, par dérivation, exercer une action
chimique, corrosive, et qu'on fait cailler le lait par
des acides.
f BÉTONNAGÉ (bê-to-na-j'), s. «1. Travail de ma-
çonnerie fait avec du béton.
— ÉTYM. Bétonner.
t BÉTONNER (bé-to-né), t). a. Construire avec du
béton.
— ÉTYM. Béton i.'
BETTE (bè-tf), s f. Genre de plantes de la fa-
mille des arraches, dont une espèce, la bette ordi-
naire {betavulgaris, L.), renferme trois variétés prin-
cipales qui sont alimentaires : 4° la poirée dont on
mange la leuille et que l'on emploie pour des cata-
plasmeset lesvésicatoires; 2°la carde poirée dont on
mange la côte ou la nervure médiane de la feuille;
la feuille elle-même hachée n'est pas à dédaigner ;
3° la betterave (voy. BETTERAVE).
— HIST. xrv* s. Depuis avril jusques à la Magde-
laine fait bon semer porées, etles porées de karesme
sont semées en juillet et jusques à la Magdelaine et
non plus, et les appelle l'eu bettes, Ménagier, 11,2.
H xvic s. Mettant dessus fueilles de choux rouges,
bette ou poirée, ou de lierre, PARÉ, xxrv, 34. Les
laictues, cichorées, bettes ou poirées, o. DE SERRES,
622. En croissant de la lune est semée la poirée,
bette, blette, ou Teparée, estant le fueillage tout
son rapport; il y a de trois couleurs de bettes, de
blanche, de verte et de rouge.... l'on cueille les blet-
tes, en les tondans non en les arrachans, afin de
ieur faire rejetter nouvelle viande, ID. 635. Les costes
de poirée ou blette seront choisies, grosses et ten-
dres, coupées de la longueur de demi pied, ID. 848
La s'espandùit la bette au grant feuillage, DUBELLAY,
vu, 4, verso. '"
— ÉTYM. Provenç. beta; du latin beta, se.
BETTERAVE (bè-te-ra-v'), s. f. Racine charnue,
très-grosse, qui fournit un aliment agréable et nour-
rissant, et de laquelle on retire un sucre identique
avec celui de la canne. |l Familièrement. Avoir le nez
rouge comme une betterave, avoir le nez très-rouge
et bourgeonné.
— HIST. XVI° s. Une espèce de pastenades est la
bette-rave, laquelle nous est venue d'Italie n'a pas
longtemps. C'est une racine fort rouge, assez grosse,
dont les fueilles sont des bettes, et tout cela bon à
manger, appareillé en cuisine : voire la racine est
rangée entre les viandes délicates, dont le jus qu'elle
rend en cuisant, semblable à: syrôp au sùccre, est
très beau à voir par sa vermeille couleur, 0. DE
SERRES, 530. ■•' . ...
—ÉTYM. Bette, rave.
•j-BÉTUSE (bé-tu-z'), *./. Terme de pêche. Ton-
neau servant à transporter le poisson vivant. || Dans
les exploitations rurales, coffre à avoine^
BÉTYLE (bé-ti-1'), i. m. Pierre portant certai-
nes marques et qui étaitadorée comme une idole.
— ÉTYM. Batxuî.oçj nom de la pierre que, suivant
la Fable, Saturne Avait avalée en place de Jupi-
ter.
BEUGLEMENT (beu-gle-man), s. m. Cri du tau-
reau, du boeuf et de la vache.
— HIST. XVI" s. 11 jetta une voix aspre meslée du
hennissement d'un cheval et du buglement d'un bouc,
AMYOT, Sylla, 65.
— ÉTYM. Beugler, dont le sens, comme on voit
par l'exemple d'Amyot, était moins précis.
BEUGLER (beu-glé), v. n. || 1° Pousser des beu-
glements. I] Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.
Il 2° Fig. Crier très-fort. Cet acteur ne parle pas, il
beugle. D 3° Activement. Guintrandi avait beuglé la
chanson de l'inconstante, SÉV. 346.
— HIST.' XVI" s. Ils s'offensent de ceux qui hurlent,
ou qui buglent, et frémissent, AMYOT, De la tranq.
d'âme, 40.
— ÉTYM. Bougie, qui signifie boeuf dans le parler
de Lille, et qui vient de buculus (par une formation
correcte, l'accent dans bougie étant sur la première
syllabe comme dans bûcûlus). Bucûïus est xm dimi-
nutif de 60s (voy. BOEUF).
BEURRE (beu-r'), s. m. || i" L'un des principes
constituants du lait de la vache et de quelques autres
quadrupèdes mammifères, comme la brebis, la chè-
vre, etc. y Substance grasse, que l'on tire de Iacrème
du lait en la battant. Beurre frais. Beurre salé. On
inventa des chargés de conseillers du roi contrôleurs
aux empilements des bois, des contrôleurs-visiteurs
de beurre frais, des essayeurs.dé beurre salé,
VOLT. Louis XIV, 30. Ldt'dë beurré, "petit-lait qui
reste dans la baratte quand on a fait le beurre. || Fig.
Promettre plus de beurre que de pain, promettre
plus, qu'on ne peut, qu'on ne veut tenir. || Figl et
familièrement. On y entré comme dans du beurre,
cela se coupé; se fend,' s'ouvre sans résistance.
BÊT
BEU
335
m'y connais, et ne suis des plus bêtes; Très-peu
s'en faut que ne soyez l'amour, LAFARE, d Mme B.
Vous le verrez plus stùpide et plus bête que le fils
du manant, i. j. RODSS. Ém. n. || Par exagération.
Suis-je bête de pleurer ainsi! || Elliptiquement et fa-
milièrement. Pas si bête ! c'est-à-dire je ne suis pas
assez sot pour faire telle chose. || 10° Jeu de cartes
qui se joue à quatre ou à cinq, en donnant cinq
cartes à chacun, après avoir ôté du jeu les petites
cartes. S la bête, gémir d'un roi venu sans garde,
Bon.. Sat. x. || 11° Somme qu'on dépose quand on a
perdu un coup et qui reste au jeu pour celui qui
gagnera. Faire sa bête. Mettre la bête. Tirer la bête.
|| Remonter sur sa bête, gagner le coup après celui
où on a fait la bête et reprendre ce qu'on avait perdu ;
et figurément, réparer une perte, un mécompte,
une mésaventure. Chavigny me demanda si le cardi-
nal serait assez innocent pour ne se pas servir de cette
occasion pour remonter sur sa bête, BETZ, II, 444.
|| 12° Bête à Dieu, ou bête à Martin, ou bête à bon
Dieu, nom vulgaire des coccinelles. || Bête à feu,
nom vulgaire des vers luisants. || Bête noire, nom
vulgaire du grillon et de la blatte. || Bêtes rouges,
insectes du genre acarus. || Bête à la grande dent,
un des noms vulgaires du morse. || Bête de la mort,
nom vulgaire -de la chouette, effraie où fresaie.
|| Proverbes. Reprendre du poil de la bête, chercher
son remède dans la chose même. || Morte la bête,
mort le venin, c'est-à-dire un ennemi ne peut plus
nuire quand il est mort, ou bien, après la mort de
notre ennemi, notre ressentiment doit s'éteindre.
|| Quand Jean bête est mort, il a bien laissé des hé-
ritiers, c'est-à-dire il y a encore bien des sots au
monde.
— HIST. xi" s. Beste [cheval] n'i a qui encontre
lui aille, Ch. de Roi. cxm. Que n'i adeist [approche]
ne beste ne lion, ib. CLXXIV. || xn" s. At dons Deus
cure des beestes? Il nen avoit fait mais ke dous nobles
créatures, ti resnaules [raisonnables] estoient, etki
dévoient estre bien aûrouses, ST BERN. 624. Sauvages
bestes ne les pourront manger, Ronc. p. 83. || xm" s.
De plus crueuse beste ne fut parole ouïe, lierte, n. Car
de paour [je] fuoie comme une beste mue, ib. LU.
Ours ne lion n'est ne beste sauvage, Qui, tel foiz
est, ne freigne son vouloir De faire mal et ennui et
domage, EUST. LE PEINTRE , dans Coucï. J'ai assez
capons et gelines, Et assez bestes aumelines,
Grosses brebiz et crasses vaches, Ren. 41472. Se un
home achate une beste restive, et que le vendeur li
dit : ceste beste est restive, et je por restive la vos
vens, Âss. deJér. i, 4 83. N'est mie legiere à gar-
der La beste qui se veut embler, FI. et 1M; 4636. Et
teles uzures apele on bestes de fer, porcequ'eles ne
poent morir à lor segneurs, BEAUM. LXVHI, 48.
|| xiv" s. Et ceste [proposition] est false : ;homme
est beste, ORESME, Prol. En la manière
ID. Elh. 326. Il s'ensuivroit que nulle des bestes
mues [muettes] ne les enfans ne feissent nulle opé-
ration voluntairement, ID. ib. 63. || xv" s. Les sei-
gneurs sont gouvernés par le clergé, ils ne sau-
raient vivre et seraient comme bestes si le clergé
n'estoit, PROISS. H, m, 27. [Ils étaient] hommes
formés à la semblance de leur seigneur, et on les
tenoit comme bestes [Discours des serfs anglais],
ID. n, n, 4 08. Seigneurs, vecy un homme honeste;
Par le grant Dieu! ce n'est pas beste, La Pass. de
N. S. J. C. Qui ce ferait serait bien beste, Mr. de
Ste Genev. Je treuve, quant à moi, que les gens
sont bien bestes, Qui ne se font plus tost au vin
rompre les testes, Qu'aux coups de coutelas, en
cherchant du renom, BASSELIN, xrx. Et croyez que
Dieu n'a pas estably l'office du roy ne de prince
pour estre exercé par les bestes ne par ceulx qui
par gloire dient : je ne suis pas clerc, COMM. II, 6.
|| xvi° s. Chassans devant eux un grand butin de
testes blanches et d'aumailles, M. DU BELL. 408. Du
poil de la beste qui te mordit ou de son sang seras
guery, GÉNW, Récréât, t. u, p. 237. Nous allons les
uns après les autres comme les bestes de compa-
gnie, CHARRON, Sagesse, H, 4.
— ÉTYM. Bourguig. béte; provenç. espagn. et ital.
bestia; portug. besta; du latin bestia.
BÉTEL (bê-tèl), s. m. Mélange de substances
très-actives, dont on fait usage, comme masticatoire
tonique et astringent, dansles régions tropicales, et
qui est formé de plusieurs espèces de poivres, de feuil-
les de tabac, de chaux vive et delà noix d'Arec.
— ÉTYM. Betle (danspiperbetle, L.), nom indien
d'un des poivres qui entrent dans le bétel. <
BÊTEMENT (bè-te-man), adv. En bête, stupi-
dement. Il a bêtement agi. Il a répondu bêtement.
— ÉTYM. Bête, et le suffixe mtnt.
BETISE fbê-ti-z'; dans quelques provinces on
prononce bê-ti-z'; mais l'usage est pour bé-ti-z');
s. f. || 1° Défaut d'intelligence et de jugement. Il y
a tant de disproportion entre le mérite et la bêtise,
PASC. P. Jis. 34. Il y a en moi, pauvre et simple
homme de village, plus de bêtise que de méchan-
ceté, p. L. COUR, i, 444 Que veux-tu? c'est
peut-être bêtise De croire ce qu'on voit; mais j'ai
cette sottise, HAUTEROCHE, 'Nobles de province,
rv, 4. || 2° Action ou propos de bête. Un des con-
jurés eut la bêtise de se confesser à un des prêtres
de la fronde, VOLT. LOUIS XIV, 4. || 3° Propos
léger et inconvenant. Il échappa à Brissac quel-
que bêtise sur Mme de Mailly, la dame d'atour,
ST-SIM. 4 53, 234. || Familièrement et populaire-
ment. Quelle bêtise! c'est-à-dire, vous faites ou
vous dites une bêtise, une chose déraisonnable ou
qui ne peut servir à rien.
— SYN. BÊTISE, SOTTISE. La bête est dans bêtise,
tandis'qu'elle n'est pas dans sottise; c'est ce qui dis-
tingue ces deux mots. La bête est bornée, a peu
d'idées; la bêtise est dans tout ce qui provient de
l'ignorance, d'un esprit sans portée, d'une intelli-
gence sans lumière, et même parfois d'une intelli-
gence distraite ou mal informée de certaines choses.
La Fontaine, en raison de ses simplicités, était par-
fois une bête; mais il n'était jamais un sot. En ef-
fet la sottise est caractérisée par l'absence de juge-
ment, absence qui ne permet pas au sot de se méfier
jamais de ses idées. Il peut y avoir des bêtes parmi
les gens d'esprit, mais il n'y a pas de sots. Il peut y
avoir des sots parmi les savants; la science ne pré-
serve pas de la sottise. La bêtise fait quelquefois rire;
mais, en tout cas, elle impatiente moins que la sot-
tise.
— HIST. xv* s. Et à ce doivent bien avoir regart
les seigneurs et les nobles de ce royaume de souf-
frir telle besterie et ordure, HONSTREL.liv.i, ch. 484.
|| xvr s. Je ne sçay quoy premier en lui je doibve
admirer, ou son oultre cuydance, ou sa besterye,
RAB. Garg.i, 9.
— ÉTYM. Bête. Bêtise est récent; autrefois on di-
sait besterie.
BÉTOINE (bé-toi-n'), s. f. Terme de botanique.
|| 1° Plante de la famille des labiées (betonica offici-
ndlis, L.) dont la racine est purgative. || 2° Bétoine
de montagne, nom vulgaire de l'arnica monlana, L.
— HIST. xm* s. Rue, vetoine o termentine [té-
rébenthine], lis. StJean. || xvr» s. J'y adjousterois
delabetoine, pource que telles herbes purgent les
cerveaux,'et les esprits seraient plus propres à gou-
verner, D'AUB. Foen. m, 22. La betoine, le petum
ounicotiane, PARÉ, XVI, 36, etc.
•— ÊTYM. Espagn. et ital. betonica; du latin beto-
nica, vetonica ou vetlonica, ainsi nommée des Vet-
tones, peuple de la Lusitanie. '
4. BÉTON (bé-ton), s. vu Mortier fait de chaux,
de sable et de gravier.
— HIST. xiV" s. Qui ont mis aucuns fumiers,
terres et autres betuns ez place de la ville de Dijon,
DU CANGE, betunium. || xv" s. Un tombereau char-
gié de'gravbis'ef autres'bëtuns, ift ib.
— ÉTYM. On peut croire que béton tient au pro-
vençal batum, mastic, enduit, et qui est une autre
forme de betum, bitume; espagnol, betun, bitume.
Alors betun, betunium, qui veut diregravois et im-
mondices, en dériverait, parce que le béton ruiné
devient gravois. Mais le béton ne contient pas de bi-
tume; et, tout mortier se durcissant, devrait-on
y chercher le sens de ce qui se durcit, se caille,
se coagulé; et par là nous serions conduits à l'an-
cien verbe beter qui a ce sens (voy. BÉTON 2). L'in-
certitude reste entre ces deux explications.
f 2. BÉTON (bé-ton), s. m. Nom vulgaire, mais
peu usité, du lait trouble et épais contenu dans les
mamelles au moment de l'accouchement.
— ÉTYM. L'apparence qu'a ce lait lui a fait don-
ner le sens de caillot, qui est dans l'ancien verbe
beter, dont voici des exemples : XII* s. Desoz l'auberc
li est le sanc betez [caillé], Bataille cVAleschans,H 6.
Delsanc des cors estla terre betée,i&. 5443. Il voient
l'eve felenesse, Et tant périlleuse et parfonde, Qu'il
n'est riens nule en tôt le monde, S'ele i cheoit, ne
fust alée, Aussi com en la mer hetée [gelée], La Char-
rette, 3009. xm" s. [Il] N'en a laissié prodome dus-
qu'à la merietée Qui puisse porter lance ne qui çai-
gne l'espée, Ch. d'Anl. vu, 4 4 5. Beter a une autre
signification qui est : mettre un mors, et il vient
en ce sens du germanique : anglo-saxon, bxtan;
flamand, beeten; allem: moderne, beifen, "faire
mordre à la bride. Mais Diez croit qu'on y peut aussi
rattacher beter dans le sens de cailler, vu que bei-
gen signifie aussi, par dérivation, exercer une action
chimique, corrosive, et qu'on fait cailler le lait par
des acides.
f BÉTONNAGÉ (bê-to-na-j'), s. «1. Travail de ma-
çonnerie fait avec du béton.
— ÉTYM. Bétonner.
t BÉTONNER (bé-to-né), t). a. Construire avec du
béton.
— ÉTYM. Béton i.'
BETTE (bè-tf), s f. Genre de plantes de la fa-
mille des arraches, dont une espèce, la bette ordi-
naire {betavulgaris, L.), renferme trois variétés prin-
cipales qui sont alimentaires : 4° la poirée dont on
mange la leuille et que l'on emploie pour des cata-
plasmeset lesvésicatoires; 2°la carde poirée dont on
mange la côte ou la nervure médiane de la feuille;
la feuille elle-même hachée n'est pas à dédaigner ;
3° la betterave (voy. BETTERAVE).
— HIST. xrv* s. Depuis avril jusques à la Magde-
laine fait bon semer porées, etles porées de karesme
sont semées en juillet et jusques à la Magdelaine et
non plus, et les appelle l'eu bettes, Ménagier, 11,2.
H xvic s. Mettant dessus fueilles de choux rouges,
bette ou poirée, ou de lierre, PARÉ, xxrv, 34. Les
laictues, cichorées, bettes ou poirées, o. DE SERRES,
622. En croissant de la lune est semée la poirée,
bette, blette, ou Teparée, estant le fueillage tout
son rapport; il y a de trois couleurs de bettes, de
blanche, de verte et de rouge.... l'on cueille les blet-
tes, en les tondans non en les arrachans, afin de
ieur faire rejetter nouvelle viande, ID. 635. Les costes
de poirée ou blette seront choisies, grosses et ten-
dres, coupées de la longueur de demi pied, ID. 848
La s'espandùit la bette au grant feuillage, DUBELLAY,
vu, 4, verso. '"
— ÉTYM. Provenç. beta; du latin beta, se.
BETTERAVE (bè-te-ra-v'), s. f. Racine charnue,
très-grosse, qui fournit un aliment agréable et nour-
rissant, et de laquelle on retire un sucre identique
avec celui de la canne. |l Familièrement. Avoir le nez
rouge comme une betterave, avoir le nez très-rouge
et bourgeonné.
— HIST. XVI° s. Une espèce de pastenades est la
bette-rave, laquelle nous est venue d'Italie n'a pas
longtemps. C'est une racine fort rouge, assez grosse,
dont les fueilles sont des bettes, et tout cela bon à
manger, appareillé en cuisine : voire la racine est
rangée entre les viandes délicates, dont le jus qu'elle
rend en cuisant, semblable à: syrôp au sùccre, est
très beau à voir par sa vermeille couleur, 0. DE
SERRES, 530. ■•' . ...
—ÉTYM. Bette, rave.
•j-BÉTUSE (bé-tu-z'), *./. Terme de pêche. Ton-
neau servant à transporter le poisson vivant. || Dans
les exploitations rurales, coffre à avoine^
BÉTYLE (bé-ti-1'), i. m. Pierre portant certai-
nes marques et qui étaitadorée comme une idole.
— ÉTYM. Batxuî.oçj nom de la pierre que, suivant
la Fable, Saturne Avait avalée en place de Jupi-
ter.
BEUGLEMENT (beu-gle-man), s. m. Cri du tau-
reau, du boeuf et de la vache.
— HIST. XVI" s. 11 jetta une voix aspre meslée du
hennissement d'un cheval et du buglement d'un bouc,
AMYOT, Sylla, 65.
— ÉTYM. Beugler, dont le sens, comme on voit
par l'exemple d'Amyot, était moins précis.
BEUGLER (beu-glé), v. n. || 1° Pousser des beu-
glements. I] Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.
Il 2° Fig. Crier très-fort. Cet acteur ne parle pas, il
beugle. D 3° Activement. Guintrandi avait beuglé la
chanson de l'inconstante, SÉV. 346.
— HIST.' XVI" s. Ils s'offensent de ceux qui hurlent,
ou qui buglent, et frémissent, AMYOT, De la tranq.
d'âme, 40.
— ÉTYM. Bougie, qui signifie boeuf dans le parler
de Lille, et qui vient de buculus (par une formation
correcte, l'accent dans bougie étant sur la première
syllabe comme dans bûcûlus). Bucûïus est xm dimi-
nutif de 60s (voy. BOEUF).
BEURRE (beu-r'), s. m. || i" L'un des principes
constituants du lait de la vache et de quelques autres
quadrupèdes mammifères, comme la brebis, la chè-
vre, etc. y Substance grasse, que l'on tire de Iacrème
du lait en la battant. Beurre frais. Beurre salé. On
inventa des chargés de conseillers du roi contrôleurs
aux empilements des bois, des contrôleurs-visiteurs
de beurre frais, des essayeurs.dé beurre salé,
VOLT. Louis XIV, 30. Ldt'dë beurré, "petit-lait qui
reste dans la baratte quand on a fait le beurre. || Fig.
Promettre plus de beurre que de pain, promettre
plus, qu'on ne peut, qu'on ne veut tenir. || Figl et
familièrement. On y entré comme dans du beurre,
cela se coupé; se fend,' s'ouvre sans résistance.
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