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AVE
AVI
AVI
par la prise, aveuglement et mort de leur chef,
D'kVB.Hist. II. 389.
— ETYM. Aveugler.
AVEUGLÉMENT (a-veu-glé-man), adv. En aveu-
gle. Il s'est aveuglément jeté dans le péril. N'accu-
sons pas aveuglément le naturel des habitants de
l'Ile la plus célèbre du monde, BOSS. Reine d'Angl.
L'âme, de son dessein jusque-là possédée, S'attache
aveuglément à sa première idée, CORN. Cinna, m, 2.
Suivons aveuglément ma triste destinée, m. Rodog.
v, 4. J'accepte aveuglément cette gloire avec joie,
m. Hor. 11,3. 0 juges malheureux, qui dans nos fai-
bles mains Tenons aveuglément le glaive et la ba-
lance, VOLT. Tancr. iv, 6. Il aime aveuglément sa
patrie et son père, ro. Brutus, 11, 4. Car, puisque
la fortune aveuglément dispose De tout.... RÉGNIER,
Sat. Vf.
— ÉTYM. Aveuglé, et le suffixe ment. (Si le mot
était ancien,il serait écrit aveugléement ; voy. KENT
pour l'explication de cet accord.) Pontenelle a dit
aveuglement : [Dans le corps humain] Le cerveau
et apparemment une très-petite partie du cerveau est
tout ce qui pense, tandis que toutes les autres par-
ties, beaucoup plus considérables par leur masse,
sont privées de cette noble fonction et n'agissent
qu'aveuglement, Ressons. Aveuglement est réguliè-
mentformé de aveugle, et ment, mais il est bon qu'il
ait été rejeté, à cause de la confusion avec le sub-
stantif aveuglement.
AVEUGLER (a-veu-glé), v. a. || 1° Rendre aveugle.
Les empereurs de Constantinople ont fait aveugler
plus d'un de leurs compétiteurs. || 2° Eblouir. Bien
des choses nous aveuglent par un trop vif éclat.
jl 3° Fig. ôter l'usage delà raison. La superstition,
qui aveugle l'esprit de l'homme. Il se laisse aveu-
gler par l'espérance de la paix. Être aveuglé par la
passion. Mes sens qu'elle aveuglait ont connu leur
offense, MALH. VI, 24. Reviens la voir, grande âme,
ôte-lui cette nue Dont la sombre épaisseur aveugle
sa raison, ID. ib. 10. Mais le sort irrité nous aveu-
glait tous deux. — Votre amour vous aveugle en fa-
veur de l'ingrate, RAC. Phèd. v, 8. Mais cet espoir
m'anime et ne m'aveugle pas, VOLT. M. de Ces. 1, 4.
Mon désespoir m'aveugle, il m'emporte trop loin,
in. Mérope, 11, 4. Le bonheur m'aveugla; la mort
m'a détrompé, ID. AU. v, 7. J'ai de l'ambition, mais
je sais la régler; Elle peut m'éblouir et non pas m'a-
veugler, CORN. Pomp. 11, 3. -|| 4° Terme de marine.
Boucher. La mer en baissant amena la découverte
de deux voies d'eau que l'on s'efforça vainement d'a-
veugler avec des matelas et des couvertures. || S" S'a-
veugler, v. réfl. Ne pas faire usage de .sa raison. On
s'aveugle en amour. Et il ne faut pas qu'on s'aveu-
gle au point de croire.... Il ne s'aveuglait pas sur les
défauts de ses amis, FLÉCII. M. de Mont. Ne vous
aveuglez point quand sa perte est visible, CORN.
Cinna, 1, 2. Mais vous vous aveuglez au milieu du
danger, ID. Sertor. v, 3. Ils s'aveuglaient sur l'évi-
dence de ses prodiges, MASS. Évid.
— .HIST. xne s. Sire, sire, avuglez tute ceste
gent, que il ne voient ne entendent quel part jes
merraî [je les mènerai], Rois, 308. Deus, cum par
est mainz huem'pur le siècle avuglez ; N'i est
amurs, ne fei, ne pais, ne charitez, Th. le mart.
-121. | [ xm« s. Las! mar acointai la bée; Trahie m'a
et awglêe! Lai du conseil. Je loeroie en droit moi,
que nous envoîssions ou pape et li offrons si grant
trésor que nous l'aveuglissions tout, Chron. de
Rains, 121.-Li pors [porc], qui tant curu avoit Que
trestot aveglez estoit De lasseté et de corrot, Ren.
22510. Amors, qui te fait en li croire, Te toit ton
sens et ta mémoire, Et de ton cuer les yex avugle,
Et tenir te fait por avugle, la Rose, 6931. Les uns
de richeces avugle pa fortune], Et d'onors et de di-
gnités, ib. 6928. Là fustes-vous menés à honte et à
essil; En la crois vous pendirent li fel Juîs caitis; Et
Longins vous feri, bien estoit aveulis, D'une lance
el costé dont li fer fu masis, Ch. d'Ant. v, 324.
Il xiv" s. Et s'a li glous Gaufrois si le monde avulé,
Baud. de Seb. iv, 324. || xv" s. La convoitise de la
"chevance l'aveugloit [le comte de Flandre], PROISS.
11, 11, S2. Et donnoit Gisebret Mahieu aux gens du
comte grands dons et beaux joyaux, et aussi au
comte, dont il l'aveugloit tout, ID. n, n, 62. |] xvr s.
Après que la cupidité ne l'aveugle plus, la pénitence
vient; CALVIN, lnstit. 201 Quand, d'une grâce
au danger aveuglée, Le gay berger au combat se ba-
zarde, DUBELL. v, 8, recto. Le Philistin de fureur
aveuglé, Rouant sa masse, alloit d'ardent courage,
ID. v, 9, recto. Hélas! amour, le plus puissant des
Dieux, Rends moy l'ouye, et m'aveugle les yeux,
ID. v, 40, recto. Et si mon désir n»eust aveuglé ma
raison, N'estoit-ce pas assez pour rompre mon
voyage?m. vi, 40, recto. Amour est aveugle, lequel
aveuglit de sorte que.... MARG. NOUV. IV. Folle am-
bition, laquelle l'avoit tant aveuglé, AMYOT, Cras.
62. Ceulx qui veulent à plein fond regarder le cercle
raesme du soleil, ils s'aveuglent, ID. De ïa curio-
sité, 7. Tout cela mis en ruine : et de sept casemat-
tes les unes abriées, ou aveuglées, D'AUB. Hist. n,
46. Le peuple de la ville aveugloit et estouffoit
d'harquebusades qu'ils tiraient de tous costez de ce*
chasteau, ID. tb. m, H».
— ÉTYM. Aveugle; Berry, aveuiller; provenç.
avogolar.
AVEUGLETTE (X. L') (a-veu-glè-tf), hc. adv. A
tâtons.
— ÉTYM. Aveugle; picard, à l'avuglette.
t AVICEPTOLOGIE (a-vi-sè-pto-lo-jie), s. f.
Traité de l'art de prendre les oiseaux.
— ÉTYM. Mot mauvais et hybride, composé de
avis, oiseau, capere, prendre, et X6Y«;, traité.
t AVICULE (a-vi-ku-1'), s. f. Nom, en français,
du genre de mollusques qui renferme l'animal four-
nissant les deux substances connues l'une sous le
nom de nacre de perle, et l'autre sous celui de
perles.
— ÉTYM. Avicula, petit oiseau, diminutif de avis
(voy. OISEAU); ainsi dit par une assimilation faite
par les zoologistes (les anciens nommaient ce co-
quillage hirondelle, arundo).
AVIDE (a-vi-d'), adj. || 1° Qui a de l'avidité. Une
nation avide de gloire. Un esprit avide de tout sa-
voir. H Poétiquement. Être avide de sang, de car-
nage, se plaire au milieu des combats. Tu n'en fis
pas assez, reine de sang avide ; Il fallait joindre en-
cor l'inceste au parricide! CRËBILLON, Sémir. v, 4.
Il 2° En parlant des choses. Une avide espérance.
Ils s'étonnent comment leurs mains, de sang avides,
Volaient, sans y penser, à tant de parricides, CORN.
Hor. 1, 4. Dessus l'avide espoir de quelque para-
guante, Il n'est rien que leur art aveuglément ne
tente, MOL. VÉlour. iv, 9. Tous ces yeux qu'on
voyairvenir de toutes parts Confondre sur lui seul
leurs avides regards, RAC. Rérén. 1, 6. || 3» Par
extension, dans le langage élevé, qui aune attention
passionnée. Avide il écoutait vos paroles. Dans l'om-
bre, au clairde lune, à travers les buissons, Avides,
nous pourrons voir à la dérobée Les satyres dan-
sants.... v. HUGO, Voix inlèr. vu. |] 4" Absolument,
qui a un grand désir de manger. Un enfant avide.
Il 5° Fig. Intéressé, cupide. Un homme avide. C'est
une âme avide. L'on remarque, dans les cours, des
hommes avides qui se revêtent de toutes les condi-
tions pour en avoir les avantages, LABRUY. 8.
— ÉTYM. Avidus, de avère, désirer.
AVIDEMENT (a-vi-de-man), adv. Avec avidité.
Manger avidement. L'amour avidement croit tout
ce qui le flatte, RAC. Mithr. m, 4. Que mon coeur,
chère Ismène, écoute avidement Un discours
qui peut-être a peu de fondement, ID. Phèd. 11, 4.
.... Dont l'espoir léger s'attache avidement Aux at-
traits captieux de mon déguisement, CORN. Rodog.
Vf, 6.
— HIST. xvi" s. Et de chercher avidement s'il
pourroit trouver dans la Romaine [religion] quel-
qu'ombre de salut, D'AUB. Vie, LXXXV.
— ÉTYM. Avide, et le suffixe ment.
AVIDITÉ (a-vi-di-té), s. f. Désir qui emporte.
Manger avec avidité. L'avidité du gain. Il lut ce li-
vre avec avidité. [Il] Attend votre hyménée avec avi-
dité, VOLT, ilêrope, iv, 5. Et, sous un faux semblant
de libéralité, Soûler et ma vengeance et ton avidité,
CORN. Médée, iv, 1. [Il] Enfle l'avidité de mes res-
sentiments, ID. Attila, v, 4. Courir avec une folle
avidité après un monde qui nous fuit, MASS. Pro-
vision religieuse, sermon 4,
— HIST. xvi« s. Incontinent que la soif fut es-
teinte, Et de la faim l'avidité restreinte.... (note de
Ronsard : l'ardeur de manger. Je ne sçache point
de mot françois plus propre, encores qu'il soit men-
dié du latin), RONS. 616.
— ÉTYM. Avidilas, de avidus, avide.
AVILI, IE (a-vi-li, lie), part, passé. || 1° Rendu
vil. Une fonction avilie. Est-il un homme plus avili?
Si notre scène devient anglaise, nous sommes bien
avilis ; nous ne sommes déjà que les traducteurs de
leurs romans, VOLT. Letl. Mlle Clairon, 18 oct. 1760.
Ils dressent d'une main dans les fers avilie Ce siège
de l'orgueil et de la tyrannie, VOLT. AU. n, 6. Dans
un sort avili noblement élevée, ID. Tancr. 1, 4.
Il 2° Décrédité. Le burlesque, si justement avili de-
puis, était alorsjbrt à la mode, D'ALEMB. II, 168.
Il 3° Déprécié. Des marchandises avilies.
AVILIR (a-vi-lir), v. a. \\ 1° Rendre vil. Il avilit
son rang....Tousaura*entbriguérhonneurdel'avilir •
Dans une longue enfance ils l'auraient fait vieilllir,'
BAC. Brit. 1, 2. y 2" Terme de commerce. Déprécier,
L'encombrement sur le marché avilit les marchan-
dises. Il 3" S'avilir, ». réfl. Se rendre méprisable. La
vertu s'avilit à se justifier, VOLT. OEdipe, 11, 4. On
peut, sans s'avilir, S'abaisser sous les dieux, les
craindre et les servir, VOLT. Sémir. n, 7. Moi, ja*
Joux ! qu'à ce point ma fierté s'avilisse I ID. Zaïre,
1,6. Il 4° Perdre sa valeur. Et qu'on ne dise pas
que je répands ici de fausses terreurs, que les
billets de la caisse d'escompte ne s'avilissent point,
MIRABEAU, Collection, t. n, p. 402. jl Fig. Saint
Augustin dit que ces merveilles {de l'univers] se
sont avilies par leur répétition, FÉN. Exist. 3,
— HIST. XII" s. N'avile mie par lui ses parentez,
Ronc. p. 443. Quant les vit tuz ensemble ente lui
arengiez, Mult fort les esguarda ; si lur dist tut iriez :
Nefu mais par les suens nulz hum si avilliez, Th.
le mart. 34. || xnr s. Et que Fortune ainsino le
face, Que les bons avile et efface, Et les mauves en
honor tiengne... la Rose, 6200. Sachiés, vous vou»
en avilés, Carge n'ai mieencor apris Qu'il ait vers
vous de riens mespris, ib. 3272. Par quoi trop ma-
ternent s'avile La maleûrée, la lasse, t'6. 9086. Et
aussi se les denrées sunt avillies, BEAUM. XLIV, 24.
Si le devrait cascuns en son cuer despire et avillier,
ID, xi, 26. Sa vie, qui pas ne l'avilie, Distquedame
fu de Teringe, RUTEB. H, 157. || xv" s. Le fait d'a-
mour est avilé ; Car Pitié y est endormie, CH. D'ORL.
Rond, de Vaillant. Me adville je bien, quant je te
doigne [daigne] tenir ne apeler à mon escot, EU
CANGE, avillare. || xvie s. Que si aucuns pensent
que la reprise de leurs mestiers délaissez les avi-
lisse, qu'ils aillent servir les gentils-hommes, LA-
NOUE, 166. Voyant la chose ainsi avilée, moquée
et déshonorée, AMYOT, Arist. 18. Maudissant ceulx
qui les premiers s'estoient ainsi abbaissez et avilez
que d'aller faire la cour aux barbares, ID. Lys. 10.
Dont la débite est d'autant plus avilée, que moins
l'on tire d'argent des choses légères que des pe-
santes se vendans au poids, 0. DE SERRES, 684.
— ÉTYM. A et vil; provenç. avilir, avilsir, ai'eu-
sir, àvilar; espagn. amtar; ital. avvilire, avvilare.
L'ancien français n'avait que aviller; c'est au xvi°
siècle que avilir entre en usage.
AVILISSANT, ANTE (a-vi-li-san, san-t'), adj.
Qui avilit. Acte avilissant. Conduite avilissante. Ô de
la servitude effets avilissants, VOLT. Scythes, 1, 3.
As-tu vu sa froideur altière, avilissante? ID. Tancr.
iv, 6. L'insolence absurde et avilissante avec la-
quelle on affecte encore de ne pas distinguer le
théâtre de la foire du théâtre de Corneille, ID. Le'X
d'Argental, 21 juin, 4761.
AVILISSEMENT (a-vi-li-se-man), s. m. H1° Ëtat de
ce qui est avili, dégradé. Sans avilissement, atout
elle s'abaisse, VOLT. Scythes, 1, 4. Je vous supplie
instamment de vous joindre à moi pour empêcher
l'avilissement le plus odieux qui puisse déshonorer
la scène française et achever notre décadence, VOLT.
Lett. Mlle Clairon, 48 oct. 4 760. Les belles-lettres
sont dans un étrange avilissement à Paris, ID. Lettr.
Damilaville, 30 mars 4764. Vos places rappellent
sans cesse les avilissements qui les ont méritées,
MASS. Pet. Car. Tent. des grands. || 2° Ëtat de dépré-
ciation des marchandises, des denrées.
— HIST. XIII" s. Vous faites mal, se Diex me saut
[sauve], Qu'il bée à vostre avilemeht, la Rose,
2941. Ce serait grant reproche et grant avillement,
Hugues Capet, fol. 16, dans RAYNOUARD, || XVI" S.
La désobéissance aux magistrats, l'avilissement des
lettres et sciences, LANOUE, 66.
— ÉTYM. Avilir; provenç. avilament, anvelia-
men.
t AVILLON (a-vi-llon, Il mouillées), s. m. Terme
de fauconnerie. Doigt de derrière d'un oiseau de
proie.
— ÉTYM. Autre forme de aiguillon, qui s'est écrit
aussi awillon.
t AVILLONNER (a-vi-llo-né, Il mouillées), v.
a. Terme de fauconnerie. Attaquer avec les serres
de derrière.
— ÉTYM. Avillon.
AVINÉ, ÊE (a-vi-né, née), part, passé. Imbibé
devin. Tonneau aviné, futailles avinées. j| Fig. Être
aviné, être dans l'ivresse. Avoir les jambes avinées,
chanceler par suite d'ivresse. Pas mal, en vérité;
vos jambes seulement un peu plus avinées, BEAU-
MARCH. Barbier, 1, 4.
AVINER (a-vi-né), v. a. Imbiber de vin. Aviner
une cuve, un tonneau.
— HIST. XIII" s. Qui de bon vin fort les aviné,
Partonop. de Blois, 7304. Quant la teste est bien
avinéo, Au feu, deleiz la cheminée, Sinoz -sroizonz
AVE
AVI
AVI
par la prise, aveuglement et mort de leur chef,
D'kVB.Hist. II. 389.
— ETYM. Aveugler.
AVEUGLÉMENT (a-veu-glé-man), adv. En aveu-
gle. Il s'est aveuglément jeté dans le péril. N'accu-
sons pas aveuglément le naturel des habitants de
l'Ile la plus célèbre du monde, BOSS. Reine d'Angl.
L'âme, de son dessein jusque-là possédée, S'attache
aveuglément à sa première idée, CORN. Cinna, m, 2.
Suivons aveuglément ma triste destinée, m. Rodog.
v, 4. J'accepte aveuglément cette gloire avec joie,
m. Hor. 11,3. 0 juges malheureux, qui dans nos fai-
bles mains Tenons aveuglément le glaive et la ba-
lance, VOLT. Tancr. iv, 6. Il aime aveuglément sa
patrie et son père, ro. Brutus, 11, 4. Car, puisque
la fortune aveuglément dispose De tout.... RÉGNIER,
Sat. Vf.
— ÉTYM. Aveuglé, et le suffixe ment. (Si le mot
était ancien,il serait écrit aveugléement ; voy. KENT
pour l'explication de cet accord.) Pontenelle a dit
aveuglement : [Dans le corps humain] Le cerveau
et apparemment une très-petite partie du cerveau est
tout ce qui pense, tandis que toutes les autres par-
ties, beaucoup plus considérables par leur masse,
sont privées de cette noble fonction et n'agissent
qu'aveuglement, Ressons. Aveuglement est réguliè-
mentformé de aveugle, et ment, mais il est bon qu'il
ait été rejeté, à cause de la confusion avec le sub-
stantif aveuglement.
AVEUGLER (a-veu-glé), v. a. || 1° Rendre aveugle.
Les empereurs de Constantinople ont fait aveugler
plus d'un de leurs compétiteurs. || 2° Eblouir. Bien
des choses nous aveuglent par un trop vif éclat.
jl 3° Fig. ôter l'usage delà raison. La superstition,
qui aveugle l'esprit de l'homme. Il se laisse aveu-
gler par l'espérance de la paix. Être aveuglé par la
passion. Mes sens qu'elle aveuglait ont connu leur
offense, MALH. VI, 24. Reviens la voir, grande âme,
ôte-lui cette nue Dont la sombre épaisseur aveugle
sa raison, ID. ib. 10. Mais le sort irrité nous aveu-
glait tous deux. — Votre amour vous aveugle en fa-
veur de l'ingrate, RAC. Phèd. v, 8. Mais cet espoir
m'anime et ne m'aveugle pas, VOLT. M. de Ces. 1, 4.
Mon désespoir m'aveugle, il m'emporte trop loin,
in. Mérope, 11, 4. Le bonheur m'aveugla; la mort
m'a détrompé, ID. AU. v, 7. J'ai de l'ambition, mais
je sais la régler; Elle peut m'éblouir et non pas m'a-
veugler, CORN. Pomp. 11, 3. -|| 4° Terme de marine.
Boucher. La mer en baissant amena la découverte
de deux voies d'eau que l'on s'efforça vainement d'a-
veugler avec des matelas et des couvertures. || S" S'a-
veugler, v. réfl. Ne pas faire usage de .sa raison. On
s'aveugle en amour. Et il ne faut pas qu'on s'aveu-
gle au point de croire.... Il ne s'aveuglait pas sur les
défauts de ses amis, FLÉCII. M. de Mont. Ne vous
aveuglez point quand sa perte est visible, CORN.
Cinna, 1, 2. Mais vous vous aveuglez au milieu du
danger, ID. Sertor. v, 3. Ils s'aveuglaient sur l'évi-
dence de ses prodiges, MASS. Évid.
— .HIST. xne s. Sire, sire, avuglez tute ceste
gent, que il ne voient ne entendent quel part jes
merraî [je les mènerai], Rois, 308. Deus, cum par
est mainz huem'pur le siècle avuglez ; N'i est
amurs, ne fei, ne pais, ne charitez, Th. le mart.
-121. | [ xm« s. Las! mar acointai la bée; Trahie m'a
et awglêe! Lai du conseil. Je loeroie en droit moi,
que nous envoîssions ou pape et li offrons si grant
trésor que nous l'aveuglissions tout, Chron. de
Rains, 121.-Li pors [porc], qui tant curu avoit Que
trestot aveglez estoit De lasseté et de corrot, Ren.
22510. Amors, qui te fait en li croire, Te toit ton
sens et ta mémoire, Et de ton cuer les yex avugle,
Et tenir te fait por avugle, la Rose, 6931. Les uns
de richeces avugle pa fortune], Et d'onors et de di-
gnités, ib. 6928. Là fustes-vous menés à honte et à
essil; En la crois vous pendirent li fel Juîs caitis; Et
Longins vous feri, bien estoit aveulis, D'une lance
el costé dont li fer fu masis, Ch. d'Ant. v, 324.
Il xiv" s. Et s'a li glous Gaufrois si le monde avulé,
Baud. de Seb. iv, 324. || xv" s. La convoitise de la
"chevance l'aveugloit [le comte de Flandre], PROISS.
11, 11, S2. Et donnoit Gisebret Mahieu aux gens du
comte grands dons et beaux joyaux, et aussi au
comte, dont il l'aveugloit tout, ID. n, n, 62. |] xvr s.
Après que la cupidité ne l'aveugle plus, la pénitence
vient; CALVIN, lnstit. 201 Quand, d'une grâce
au danger aveuglée, Le gay berger au combat se ba-
zarde, DUBELL. v, 8, recto. Le Philistin de fureur
aveuglé, Rouant sa masse, alloit d'ardent courage,
ID. v, 9, recto. Hélas! amour, le plus puissant des
Dieux, Rends moy l'ouye, et m'aveugle les yeux,
ID. v, 40, recto. Et si mon désir n»eust aveuglé ma
raison, N'estoit-ce pas assez pour rompre mon
voyage?m. vi, 40, recto. Amour est aveugle, lequel
aveuglit de sorte que.... MARG. NOUV. IV. Folle am-
bition, laquelle l'avoit tant aveuglé, AMYOT, Cras.
62. Ceulx qui veulent à plein fond regarder le cercle
raesme du soleil, ils s'aveuglent, ID. De ïa curio-
sité, 7. Tout cela mis en ruine : et de sept casemat-
tes les unes abriées, ou aveuglées, D'AUB. Hist. n,
46. Le peuple de la ville aveugloit et estouffoit
d'harquebusades qu'ils tiraient de tous costez de ce*
chasteau, ID. tb. m, H».
— ÉTYM. Aveugle; Berry, aveuiller; provenç.
avogolar.
AVEUGLETTE (X. L') (a-veu-glè-tf), hc. adv. A
tâtons.
— ÉTYM. Aveugle; picard, à l'avuglette.
t AVICEPTOLOGIE (a-vi-sè-pto-lo-jie), s. f.
Traité de l'art de prendre les oiseaux.
— ÉTYM. Mot mauvais et hybride, composé de
avis, oiseau, capere, prendre, et X6Y«;, traité.
t AVICULE (a-vi-ku-1'), s. f. Nom, en français,
du genre de mollusques qui renferme l'animal four-
nissant les deux substances connues l'une sous le
nom de nacre de perle, et l'autre sous celui de
perles.
— ÉTYM. Avicula, petit oiseau, diminutif de avis
(voy. OISEAU); ainsi dit par une assimilation faite
par les zoologistes (les anciens nommaient ce co-
quillage hirondelle, arundo).
AVIDE (a-vi-d'), adj. || 1° Qui a de l'avidité. Une
nation avide de gloire. Un esprit avide de tout sa-
voir. H Poétiquement. Être avide de sang, de car-
nage, se plaire au milieu des combats. Tu n'en fis
pas assez, reine de sang avide ; Il fallait joindre en-
cor l'inceste au parricide! CRËBILLON, Sémir. v, 4.
Il 2° En parlant des choses. Une avide espérance.
Ils s'étonnent comment leurs mains, de sang avides,
Volaient, sans y penser, à tant de parricides, CORN.
Hor. 1, 4. Dessus l'avide espoir de quelque para-
guante, Il n'est rien que leur art aveuglément ne
tente, MOL. VÉlour. iv, 9. Tous ces yeux qu'on
voyairvenir de toutes parts Confondre sur lui seul
leurs avides regards, RAC. Rérén. 1, 6. || 3» Par
extension, dans le langage élevé, qui aune attention
passionnée. Avide il écoutait vos paroles. Dans l'om-
bre, au clairde lune, à travers les buissons, Avides,
nous pourrons voir à la dérobée Les satyres dan-
sants.... v. HUGO, Voix inlèr. vu. |] 4" Absolument,
qui a un grand désir de manger. Un enfant avide.
Il 5° Fig. Intéressé, cupide. Un homme avide. C'est
une âme avide. L'on remarque, dans les cours, des
hommes avides qui se revêtent de toutes les condi-
tions pour en avoir les avantages, LABRUY. 8.
— ÉTYM. Avidus, de avère, désirer.
AVIDEMENT (a-vi-de-man), adv. Avec avidité.
Manger avidement. L'amour avidement croit tout
ce qui le flatte, RAC. Mithr. m, 4. Que mon coeur,
chère Ismène, écoute avidement Un discours
qui peut-être a peu de fondement, ID. Phèd. 11, 4.
.... Dont l'espoir léger s'attache avidement Aux at-
traits captieux de mon déguisement, CORN. Rodog.
Vf, 6.
— HIST. xvi" s. Et de chercher avidement s'il
pourroit trouver dans la Romaine [religion] quel-
qu'ombre de salut, D'AUB. Vie, LXXXV.
— ÉTYM. Avide, et le suffixe ment.
AVIDITÉ (a-vi-di-té), s. f. Désir qui emporte.
Manger avec avidité. L'avidité du gain. Il lut ce li-
vre avec avidité. [Il] Attend votre hyménée avec avi-
dité, VOLT, ilêrope, iv, 5. Et, sous un faux semblant
de libéralité, Soûler et ma vengeance et ton avidité,
CORN. Médée, iv, 1. [Il] Enfle l'avidité de mes res-
sentiments, ID. Attila, v, 4. Courir avec une folle
avidité après un monde qui nous fuit, MASS. Pro-
vision religieuse, sermon 4,
— HIST. xvi« s. Incontinent que la soif fut es-
teinte, Et de la faim l'avidité restreinte.... (note de
Ronsard : l'ardeur de manger. Je ne sçache point
de mot françois plus propre, encores qu'il soit men-
dié du latin), RONS. 616.
— ÉTYM. Avidilas, de avidus, avide.
AVILI, IE (a-vi-li, lie), part, passé. || 1° Rendu
vil. Une fonction avilie. Est-il un homme plus avili?
Si notre scène devient anglaise, nous sommes bien
avilis ; nous ne sommes déjà que les traducteurs de
leurs romans, VOLT. Letl. Mlle Clairon, 18 oct. 1760.
Ils dressent d'une main dans les fers avilie Ce siège
de l'orgueil et de la tyrannie, VOLT. AU. n, 6. Dans
un sort avili noblement élevée, ID. Tancr. 1, 4.
Il 2° Décrédité. Le burlesque, si justement avili de-
puis, était alorsjbrt à la mode, D'ALEMB. II, 168.
Il 3° Déprécié. Des marchandises avilies.
AVILIR (a-vi-lir), v. a. \\ 1° Rendre vil. Il avilit
son rang....Tousaura*entbriguérhonneurdel'avilir •
Dans une longue enfance ils l'auraient fait vieilllir,'
BAC. Brit. 1, 2. y 2" Terme de commerce. Déprécier,
L'encombrement sur le marché avilit les marchan-
dises. Il 3" S'avilir, ». réfl. Se rendre méprisable. La
vertu s'avilit à se justifier, VOLT. OEdipe, 11, 4. On
peut, sans s'avilir, S'abaisser sous les dieux, les
craindre et les servir, VOLT. Sémir. n, 7. Moi, ja*
Joux ! qu'à ce point ma fierté s'avilisse I ID. Zaïre,
1,6. Il 4° Perdre sa valeur. Et qu'on ne dise pas
que je répands ici de fausses terreurs, que les
billets de la caisse d'escompte ne s'avilissent point,
MIRABEAU, Collection, t. n, p. 402. jl Fig. Saint
Augustin dit que ces merveilles {de l'univers] se
sont avilies par leur répétition, FÉN. Exist. 3,
— HIST. XII" s. N'avile mie par lui ses parentez,
Ronc. p. 443. Quant les vit tuz ensemble ente lui
arengiez, Mult fort les esguarda ; si lur dist tut iriez :
Nefu mais par les suens nulz hum si avilliez, Th.
le mart. 34. || xnr s. Et que Fortune ainsino le
face, Que les bons avile et efface, Et les mauves en
honor tiengne... la Rose, 6200. Sachiés, vous vou»
en avilés, Carge n'ai mieencor apris Qu'il ait vers
vous de riens mespris, ib. 3272. Par quoi trop ma-
ternent s'avile La maleûrée, la lasse, t'6. 9086. Et
aussi se les denrées sunt avillies, BEAUM. XLIV, 24.
Si le devrait cascuns en son cuer despire et avillier,
ID, xi, 26. Sa vie, qui pas ne l'avilie, Distquedame
fu de Teringe, RUTEB. H, 157. || xv" s. Le fait d'a-
mour est avilé ; Car Pitié y est endormie, CH. D'ORL.
Rond, de Vaillant. Me adville je bien, quant je te
doigne [daigne] tenir ne apeler à mon escot, EU
CANGE, avillare. || xvie s. Que si aucuns pensent
que la reprise de leurs mestiers délaissez les avi-
lisse, qu'ils aillent servir les gentils-hommes, LA-
NOUE, 166. Voyant la chose ainsi avilée, moquée
et déshonorée, AMYOT, Arist. 18. Maudissant ceulx
qui les premiers s'estoient ainsi abbaissez et avilez
que d'aller faire la cour aux barbares, ID. Lys. 10.
Dont la débite est d'autant plus avilée, que moins
l'on tire d'argent des choses légères que des pe-
santes se vendans au poids, 0. DE SERRES, 684.
— ÉTYM. A et vil; provenç. avilir, avilsir, ai'eu-
sir, àvilar; espagn. amtar; ital. avvilire, avvilare.
L'ancien français n'avait que aviller; c'est au xvi°
siècle que avilir entre en usage.
AVILISSANT, ANTE (a-vi-li-san, san-t'), adj.
Qui avilit. Acte avilissant. Conduite avilissante. Ô de
la servitude effets avilissants, VOLT. Scythes, 1, 3.
As-tu vu sa froideur altière, avilissante? ID. Tancr.
iv, 6. L'insolence absurde et avilissante avec la-
quelle on affecte encore de ne pas distinguer le
théâtre de la foire du théâtre de Corneille, ID. Le'X
d'Argental, 21 juin, 4761.
AVILISSEMENT (a-vi-li-se-man), s. m. H1° Ëtat de
ce qui est avili, dégradé. Sans avilissement, atout
elle s'abaisse, VOLT. Scythes, 1, 4. Je vous supplie
instamment de vous joindre à moi pour empêcher
l'avilissement le plus odieux qui puisse déshonorer
la scène française et achever notre décadence, VOLT.
Lett. Mlle Clairon, 48 oct. 4 760. Les belles-lettres
sont dans un étrange avilissement à Paris, ID. Lettr.
Damilaville, 30 mars 4764. Vos places rappellent
sans cesse les avilissements qui les ont méritées,
MASS. Pet. Car. Tent. des grands. || 2° Ëtat de dépré-
ciation des marchandises, des denrées.
— HIST. XIII" s. Vous faites mal, se Diex me saut
[sauve], Qu'il bée à vostre avilemeht, la Rose,
2941. Ce serait grant reproche et grant avillement,
Hugues Capet, fol. 16, dans RAYNOUARD, || XVI" S.
La désobéissance aux magistrats, l'avilissement des
lettres et sciences, LANOUE, 66.
— ÉTYM. Avilir; provenç. avilament, anvelia-
men.
t AVILLON (a-vi-llon, Il mouillées), s. m. Terme
de fauconnerie. Doigt de derrière d'un oiseau de
proie.
— ÉTYM. Autre forme de aiguillon, qui s'est écrit
aussi awillon.
t AVILLONNER (a-vi-llo-né, Il mouillées), v.
a. Terme de fauconnerie. Attaquer avec les serres
de derrière.
— ÉTYM. Avillon.
AVINÉ, ÊE (a-vi-né, née), part, passé. Imbibé
devin. Tonneau aviné, futailles avinées. j| Fig. Être
aviné, être dans l'ivresse. Avoir les jambes avinées,
chanceler par suite d'ivresse. Pas mal, en vérité;
vos jambes seulement un peu plus avinées, BEAU-
MARCH. Barbier, 1, 4.
AVINER (a-vi-né), v. a. Imbiber de vin. Aviner
une cuve, un tonneau.
— HIST. XIII" s. Qui de bon vin fort les aviné,
Partonop. de Blois, 7304. Quant la teste est bien
avinéo, Au feu, deleiz la cheminée, Sinoz -sroizonz
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