ÂFF
— xiv" s. Mais quant vint au fort de l'afaire,
Monseur Charles ne sot que faire, Ne ses gens en
nulle manière, Lit), du bon Jeh. 1387.*
— xv° s. Ces quatre chevaliers chevauchèrent si
avant qu'ils approchèrent de moult près les Anglois
et que ils purent bien aviser et imaginer une grande
partie de leur affaire [de leurs dispositions], FROISS.
I. i, 286. Et n'est nul en Angleterre tant soit no-
ble ni de grand affaire, qui l'ose courroucer....
10. i, i, 7. Se ie grant Dieu me gart d'essoine, Je
leur voiz compter cesle affaire, la Pass. de N.
S. J. C. Caïphas, tost congié prenons De Pilate,
et. nous basions : Sy en alons en nostre afaire, la
Résurr. de J. C. Un curé voyant cest affaire, De la
femme fut amoureulx, VILLON, Repues. Il y eut plus
affaire à les renvoyer qu'aies appeler, COMM. I, 2.
Congnoissant que le roy d'Angleterre l'avoit fort dé-
siré, il sembloit bien que s'il [le duc de Charolois]
en avoit affaire, qu'il le gaigneroit des siens, ID. I,
5. Son maistre ou ung prl:icede qui on a affaire,ID.
III,2 Pour certain sien affaire, comme ildisoit,Bou-
ciq. m, ch. 22. Et pour advertir de ceste affaire
ceulx qui prennent plaisir à lire et à escouter les
faiz de la guerre.... Bibl.des Chartres, 4e série,t. i,
p. 430. Et faisoient de merveilleuses choses, et don-
nèrent de fors affaires aux ennemys, Jeh. de Sain-
tré, ch. 64.
— xvi" s.Etm'excuser, si pour le mien affaire
Je ne suispoint vers vous allé parler, MAROT, dans
Ménage.~En guerre, en paix, en affaires urgents, Au.
gré des rois et profit de leurs gens, iD.t'fe. Enfans,
avez-vous encores affaire de mon ayde? RAB. Pant.
iv, 24. Juppiter'tenoyt conseil sus certains urgens
affaires, ID. ib. iv, Nouv. prol. Quiconque donc se
présentera à nous ayant affaire de nostre aide, CALV.
Inst. 544. Il n'est pas seulement requis qu'il ait bonne
cause en quelque affaire particulier, mais qu'il ait
une justice entière en tout le cours de sa vie, ID. ib,
04B. Christ a toujours conformé ses responses à ceux
auxquels ilavait à faire, ib. 666. Mon esprit se donne
plus d'affaire à soy mesme, MONT, I, 33. Lorsquenous
en avons le plus affaire, ID. 1,97. Aulcuns me convient
d'escrire les affaires de mon temps, ID. I, 103. Le
marchand ne faict bien ses affaires qu'à....iD. 1,404.
Ils veulent avoir à faire à gens qui....iD. n,407. Moi
qui m'espie de plus prez, comme celùy qui n'ay pas
fort à faire ailleurs, ID. n, 323. En tels affaires, com-
me cestui-ci, il ne faut point flatersoy-mesmes,
ni autrui, LANOUE, 22. En nulle action passée, on
n'auroit eu tant d'afaire qu'on auroit en ceste-ci,iD.
437. Ils conurent qu'il y auroit de l'affaire à chasser
les pigeons de ce colombier,ID. 684. [Affaire est tan-
tôt masculin et tantôt féminin dans D'AUBIGNÉ,
LOUIS XI, DESPERIEHS, MARGUERITE et YVER]. Il est
une commune affection que l'on a vers les meschans,
pendant que l'on a affaire d'eulx:ne plus ne moins
que ceulx qui ont affaire du fiel et du venin de quel-
ques bestes venimeuses, AMYOT , Rom. 26. Les
utensiles dont on ne se peult'passer, et dont on
a tous les jours à faire, m. Lye. 4 4. Il chassa de
Sparte les estrangers,sinon ceulx qui y auroient né-
cessairement affaire,ID. Lyc. 67. La ville estoit con-
taminée de quelques cas abominables, qui avoient
nécessairement affaire de purgation, ii>..Solon, 49.
Hannibal estima qu'il le falloit attirer au combat,
ou autrement que les affaires des Carthaginois s'en
alloient ruiner, ID. Fab. 4 2. Il luy envoya un offi-
cier luy faire commandement de descendre de che-
val, et de venir à pied, si d'adventure il avoitaucune
chose à faire au consul, ID. ib. 48. Ellene trouvoitpas
a qui se marier pour sa pauvreté, et avoit beaucoup
affaireàvivre, ID. Ârist. 66. J'ai veu plusieurs juris-
consultes et grands hommes d'Etat s'étendre sur cet
affaire [le duel], D'AUB. Foe». I, 9. On dit qu'elle a
fait ses affaires [ordures] dans ses chausses, ID. ib.
iv, 4 9.
— ÉTYM. Bourguign. aifaire; wall. afi; prpvenç.
afar, afaire; anc. catal. afaire; ital. affare; de à
et faire. Ce mot était masculin dans l'ancien fran-
çais, dans le provençal ; il l'est encore dans l'italien.
Le premier exemple du féminin est, ici, du xv° siècle.
Ce mot était nécessairement, à l'origine, du mascu-
lin, puisque c'est un infinitif, et que tous les infi-
nitifs pris substantivement sont de ce genre. Ce qui
aura probablement induit à le faire féminin, c'est sa
terminaison féminine. Dans le xvine siècle la chan-
cellerie avait conservé l'ancien genre, et sur les dé-
pêches du roi on mettait : Pour les exprès affaires
du roi, etnon expresses. Chapelain, voulant se ren-
dre raison du geDre masculin dans l'ancien usage,
dit que c'est que nous l'avons tiré de l'italien affare
qui est de ce genre : c'est une erreur; affaire ne
vient pas de l'italien affare. Il est, dès lexu» siècle,
AFF
dans les textes français, à une époque où le français
n'empruntait rien à l'italien.
AFFAIRÉ, ÉE (a-fe-ré, rée), adj. Qui a beaucoup
d'affaires. Toujours affairé. Ayant l'air affairé. Elle
paraissait fort affairée, HAMILT. Gramm. 7.
— HIST. xvic. s. Un riche malaysé, nécessiteux,
affaireux, me semble plus misérable que.... MONT, I,
34 4. La modération est vertu bien plus affaireuse que
n'est la souffrance, ID. III, 466. J'aime mieulx une
vie moins brave et moins affaireuse, ID. IV, 77. En
toute sa vie, il n'a esté si afferré ny empesché que
depuis dimanche dernier, CARL. V, 23.
T AFFAISAGE (a-fé-za-j'), s. m. Terme de fau-
connerie (voy. AFFAITAGE).
AFFAISSÉ, ÉE (a-fê-sé, sée), part, passé. Terres
affaissées. Visage amaigri, tempes affaissées. Affaissé
sous le poids de l'âge. Pendant que l'empire d'O-
rient était affaissé sous un mauvais gouvernement,
des causes particulières le soutenaient, MONTESQ.
Rom. 23.
AFFAISSEMENT (a-fê-se-man), s. m. |j 1° Etat de
ce qui est affaissé. L'affaissement des terres, du sol.
L'affaissement du corps. Affaissement moral. || 2° En
géologie, système des affaissements, celui qui ex-
plique la formation des montagnes par l'abaissement
des terres environnantes.
AFFAISSEE, (a-fê-sé), v. a. || 1° Faire ployer sous
le faix. Une trop grande charge a affaissé le plan-
cher du grenier. || 2" Faire baisser, tasser des choses
posées les unes sur les autres. Les grandes pluies
affaissent les terres. || 3° Fig. Accabler, affaiblir. Le
grand âge n'a point affaissé votre esprit. || 4° S'affais-
ser, v. réfl. Le terrain s'affaisse. Elle ne pouvait se
tenir et s'affaissait, SÉV. 4 54. Velléda porte à sa
gorge l'instrument sacré [sa faucille d'or] : elle s'af-
faisse sur le char, CHATEAUB. llart. 345. || 5° S'af-
faiblir, succomber. Le corps s'affaisse par la fati-
gue. Rome s'affaissa sous le poids de sa propre
grandeur. Esprit qui s'affaisse.
— HIST. xiir* s. Durement s'estent et s'afaiche ;
De fein li dolent li bouel, Ben. 24352. || xvie s. La
vessie s'affaisse et reserre selon que l'urine sort,
PARÉ, xi,4 9.
— ÉTYM. À et faix; provenç. afaissar.
f AFFAITAGE (a-fê-ta-j'), s. m. Terme de fau-
connerie. Education d'un oiseau de proie.
— ÉTYM. Âffaiter.
AFFAITÉ, ÉE (a-fê-té, tée), part, passé. Terme
de fauconnerie. Bien affaité.
t AFFAITEMENT(a-fê-te-man) ,s.m. \\i° Terme
de fauconnerie. Action d'apprivoiser l'oiseau de proie.
|| 2° Manière de façonner les peaux à la tannerie.
— ÉTYM. Affaiter.
AFFAITER (a-fô-té), v. a. Terme de fauconne-
rie. Apprivoiser un oiseau de proie.
— HIST. xi" s. Il duist sa barbe, afaita son guer-
non, Ch. de Roi. 4 5. || xmc s. Li Cyrien avoient ce
pont rompu , et h baron firent toute jor labourer
l'ost, et le pont afaitier toute la nuit, VILLEH. 74.
Tantost à mangier lor afete Tel viande con ele pot,
Ren. 24676. Car si cum li loirres [leurre] afaite, Por
venir au soir et au main , Le gentil espervier à
main.... la Rose, 7668. Ne fu [beauté] fardée ne gui-
gnée ; Car él n'avoit mie mestier De soi tifer ne d'a-
fetier, la Rose, 104 0. Chascun home qui sereit grant
et fort, ou qui sereit champion afaitié, poreit par
ce raembre moult de gens, Ass. de Jerus. 4 50. Par
prière de affaictée demande, Interrogé se l'ung ou
l'autre avoue, X ce respons, s'aucuns le me deman-
de, Entre deux eaues comme le poisson noue [nage],
CH. L'ORLÉANS, Bail. 405.
— ÉTYM. Provenç. a/attor, afachar; anc. espagn.
afeitar; portug. affeilar ; ital. affaitare ; du latin
affectare, de ad, à, et factare, fréquentatif de fa-
cere, faire. Dans l'ancien français afaiter ou afaitier
avait le sens général de préparer, disposer, et est,
au fond, le même que affecter.
AFFALÉ, ÉE (a-fa-lé, lée), part, passé. Arrêté
sur la côte. Au point du jour, nous nous trouvâmes
affalés à la côte, CHATEAUB. Itin. n, 4 00.
AFFALER (a-fa-lé), v. a.\\ 1° Abaisser, soulager
un cordage pour l'aider à courir dans sa poulie et à
descendre. || 2° Pousser vers la côte, en parlant du
vent. Les vents ont affalé ce navire. Le navire est
affalé. || 3°S'affaler, v. réfl. En parlant d'un marin,
se glisser le long d'un cordage. En parlant d'un
navire, s'échouer.
— ÉTYM. On le tire du flamand afhalen, tirer en
bas. Le bas-breton affala ouaffela, retomber, paraît
emprunté au français.
AFFAMÉ, ÉE(a-fa-mé, mée) , part, passé.
|| 1° Pressé par la faim. Ventre affamé. Parasite af-
famé. Une garnison affamée par l'ennemi.... dans la
AFF 65
disette, une muse affamée Ne peut pas, dira-t-on,
subsister de fumée, BOIL. A. P. iv. j| 2° Substantive-
ment. Il mange comme un affamé. Il ne leur
épargne aucune de ces malpropretés dégoûtan-
tes, capables d'ôter l'appétit aux plus affamés.
LA BRUY. 4 1. Il 3° Fig. Avide. Ce coeur nourri de
sang et de guerre affamé, RAC. Mithr. n, 3. Si de
sang et de mort le ciel est affamé, ID. lphig. v, 2.
C'était du grand Henri la redoutable armée..., lasse
du repos et de sarig affamée, VOLT. Henr. vi. Ton
courage affamé de péril et de gloire, Court d'exploits
en exploits, de victoire eh victoire, BOIL. Sat. vin,
.... je ne puis souffrir ces auteurs renommés, Qui,
dégoûtés de gloire et d'argent affamés, ID, A. P.
iv. où sera le juge assez hardi, assez affamé de
faire un coupable.... PELLISS.II, 4 34. Un bel air dont
je suis affamée, SÉV. 446, Je suis affamée déjeune et
de silence, ID. 447. J'y vois des gens affamés de riches-
ses, des gens affamés d'honneur.... BOURD. Pensées,
t. i,p. 48. Tous leurs désirssont satisfaits, et leur plé-
nitude les élève au-dessus de tout ce que les hommes
vides et affamés cherchent sur la terre, FËN. Tél. xiv.
|| Proverbe. Ventre affamé n'a point d'oreilles, c'est-
à-dire quand on a faim on n'écoute rien.
AFFAMER (a-fa-mé), v. a. || 1° Priver de vivres,
faire souffrir de la faim. Affamer une ville, l'ennemi.
QuandPorsenna affamait les Romains dans leursmu-
railles.... BOSS. #ÏSMII,6. |j2°Ternie de pêche. At-
tirer à l'aide d'un appât les'sardines à fleur d'eau,
à l'endroit où on tend un filet.
— HIST. xnic s. Je ne manjai pieça, toute sui afa-
mée, Berte, XLVI. Si fil se sont à lui clamé Que
hatu sont et afamé, Ren. 486. Renart à porpenser
s'est pris, Et dit que il est fox naïs, Se einsi se let
afamer, t'6. 23535. Grant grâce nous fist nostre
Seigneur que il nous délivra, laquelle [ville] nous ne
deussions pas avoir prise sans affamer, JOINV. 246.
Et ce poons nous voir tout cler, pource que par af-
famer la prist le roy Jehan au tens de nos pères, ID.
ib. [Le démon ] qui nos tenoit en grief servage, Qui
venoit les armes [âmes] tenteir, Et n'en voloit panre
[prendre] autre gage,Pour les chetives affameir En
sa chartre antive et ombrage, RUTEB. II , 4 4. || xive s.
Il fit vilainement ceux dedens afamer, Dont ilz se
commencerentmoultàespoanter,G«esc.4202. ||xv°s.
Il les pensoit plutost avoir par affamer que par as-
saut, FROISS. i, i, 439. L'intention des Anglois es-
toit de tenir ces Escots là endroit assiégés.... et les
cuidoient bien affamer en leur pays, ID. I , i, 42. Mon-
seigneur , pour Dieu merci ! prenez garde dessus
vostre fils, car il s'affame là en la prison où il git,
ID . n, ni, 4 3.11 xvie s. Au contraire Alexandre affa-
mé d'avarice, RONS. 664.
— ÉTYM. Wallon, afahant, affamé; bourguig.
efanti, efàimai; provenç. afamar; ital. affamare; de
ad (voy. À) et famés, faim (voy. FAIM).
t AFFANGISSEMENTS (a-fan-ji-se-man), s. m.
plur. Terme d'eaux et forêts. Amas de vase dans le
lit des cours d'eau.
— ÉTYM. Affangir, verbe qui ne se trouve pas,
mais qui. est régulièrement formé de à et fange.
f AFFANURE (a-fa-nu-r'), s. f. Salaire en nature
que reçoivent les ouvriers employés à faire les ré-
coltes.
— ÉTYM. Affanncr,autre forme du verbe ahaner,
cultiver la terre (voy. AHANER).
t AFFÉAGE (a-fé-a-j'), s. m. Droit qui était dû
pour chaque feu d'un village.
— ÉTYM. Afféager.
AFFÉAGÉ, ÉE (a-fé-a-jé, jée), part, passé.
AFFÉAGEMENT ( a-fé-a-je-man), s. m. Action
d'afféager.
AFFÉAGER (a-fé-a-jé), v. a. Terme d'anciennes
coutumes. Aliéner une partie de son fief à tenir en
arrière-fief ou en roture.
— ÉTYM. À et fief.
t AFFECTANT, ANTE (a-fè-ktan, ktan-t'), adj.
Qui affecte, qui touche, qui cause de la peine. Ce
récit est très-affectant.
AFFECTATION ( a-fè-kta-sion ; en poésie, de cinq
syllabes), s. f. ||1° Manière qui s'éloigne du naturel.
Affectation dans la parure, dans le langage, dans
le style. Sans affectation. Il avait de l'affecta-
tion dans le port et dans les manières, HAMILT.
Gramm. 6. Ne montrez aucune affectation en quoi
que ce soit, BOSS. Lett. Corn. 69. On remarqua
que les hérétiques le faisaient par affectation, ID.
Comm. Que dirai-je de ces affectations de voir et
d'être vues ? FLÉCII. t. ni, p. 69. L'affectation dans
le geste, dans le parler et dans les manières est sou-
vent une suite de l'oisiveté ou de l'indifférence ; et
il semble qu'un grand attachement ou de sérieuses
affaires jettentl'hommedans son naturel,LA BRUY. I I .
OICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
I. — 9
— xiv" s. Mais quant vint au fort de l'afaire,
Monseur Charles ne sot que faire, Ne ses gens en
nulle manière, Lit), du bon Jeh. 1387.*
— xv° s. Ces quatre chevaliers chevauchèrent si
avant qu'ils approchèrent de moult près les Anglois
et que ils purent bien aviser et imaginer une grande
partie de leur affaire [de leurs dispositions], FROISS.
I. i, 286. Et n'est nul en Angleterre tant soit no-
ble ni de grand affaire, qui l'ose courroucer....
10. i, i, 7. Se ie grant Dieu me gart d'essoine, Je
leur voiz compter cesle affaire, la Pass. de N.
S. J. C. Caïphas, tost congié prenons De Pilate,
et. nous basions : Sy en alons en nostre afaire, la
Résurr. de J. C. Un curé voyant cest affaire, De la
femme fut amoureulx, VILLON, Repues. Il y eut plus
affaire à les renvoyer qu'aies appeler, COMM. I, 2.
Congnoissant que le roy d'Angleterre l'avoit fort dé-
siré, il sembloit bien que s'il [le duc de Charolois]
en avoit affaire, qu'il le gaigneroit des siens, ID. I,
5. Son maistre ou ung prl:icede qui on a affaire,ID.
III,2 Pour certain sien affaire, comme ildisoit,Bou-
ciq. m, ch. 22. Et pour advertir de ceste affaire
ceulx qui prennent plaisir à lire et à escouter les
faiz de la guerre.... Bibl.des Chartres, 4e série,t. i,
p. 430. Et faisoient de merveilleuses choses, et don-
nèrent de fors affaires aux ennemys, Jeh. de Sain-
tré, ch. 64.
— xvi" s.Etm'excuser, si pour le mien affaire
Je ne suispoint vers vous allé parler, MAROT, dans
Ménage.~En guerre, en paix, en affaires urgents, Au.
gré des rois et profit de leurs gens, iD.t'fe. Enfans,
avez-vous encores affaire de mon ayde? RAB. Pant.
iv, 24. Juppiter'tenoyt conseil sus certains urgens
affaires, ID. ib. iv, Nouv. prol. Quiconque donc se
présentera à nous ayant affaire de nostre aide, CALV.
Inst. 544. Il n'est pas seulement requis qu'il ait bonne
cause en quelque affaire particulier, mais qu'il ait
une justice entière en tout le cours de sa vie, ID. ib,
04B. Christ a toujours conformé ses responses à ceux
auxquels ilavait à faire, ib. 666. Mon esprit se donne
plus d'affaire à soy mesme, MONT, I, 33. Lorsquenous
en avons le plus affaire, ID. 1,97. Aulcuns me convient
d'escrire les affaires de mon temps, ID. I, 103. Le
marchand ne faict bien ses affaires qu'à....iD. 1,404.
Ils veulent avoir à faire à gens qui....iD. n,407. Moi
qui m'espie de plus prez, comme celùy qui n'ay pas
fort à faire ailleurs, ID. n, 323. En tels affaires, com-
me cestui-ci, il ne faut point flatersoy-mesmes,
ni autrui, LANOUE, 22. En nulle action passée, on
n'auroit eu tant d'afaire qu'on auroit en ceste-ci,iD.
437. Ils conurent qu'il y auroit de l'affaire à chasser
les pigeons de ce colombier,ID. 684. [Affaire est tan-
tôt masculin et tantôt féminin dans D'AUBIGNÉ,
LOUIS XI, DESPERIEHS, MARGUERITE et YVER]. Il est
une commune affection que l'on a vers les meschans,
pendant que l'on a affaire d'eulx:ne plus ne moins
que ceulx qui ont affaire du fiel et du venin de quel-
ques bestes venimeuses, AMYOT , Rom. 26. Les
utensiles dont on ne se peult'passer, et dont on
a tous les jours à faire, m. Lye. 4 4. Il chassa de
Sparte les estrangers,sinon ceulx qui y auroient né-
cessairement affaire,ID. Lyc. 67. La ville estoit con-
taminée de quelques cas abominables, qui avoient
nécessairement affaire de purgation, ii>..Solon, 49.
Hannibal estima qu'il le falloit attirer au combat,
ou autrement que les affaires des Carthaginois s'en
alloient ruiner, ID. Fab. 4 2. Il luy envoya un offi-
cier luy faire commandement de descendre de che-
val, et de venir à pied, si d'adventure il avoitaucune
chose à faire au consul, ID. ib. 48. Ellene trouvoitpas
a qui se marier pour sa pauvreté, et avoit beaucoup
affaireàvivre, ID. Ârist. 66. J'ai veu plusieurs juris-
consultes et grands hommes d'Etat s'étendre sur cet
affaire [le duel], D'AUB. Foe». I, 9. On dit qu'elle a
fait ses affaires [ordures] dans ses chausses, ID. ib.
iv, 4 9.
— ÉTYM. Bourguign. aifaire; wall. afi; prpvenç.
afar, afaire; anc. catal. afaire; ital. affare; de à
et faire. Ce mot était masculin dans l'ancien fran-
çais, dans le provençal ; il l'est encore dans l'italien.
Le premier exemple du féminin est, ici, du xv° siècle.
Ce mot était nécessairement, à l'origine, du mascu-
lin, puisque c'est un infinitif, et que tous les infi-
nitifs pris substantivement sont de ce genre. Ce qui
aura probablement induit à le faire féminin, c'est sa
terminaison féminine. Dans le xvine siècle la chan-
cellerie avait conservé l'ancien genre, et sur les dé-
pêches du roi on mettait : Pour les exprès affaires
du roi, etnon expresses. Chapelain, voulant se ren-
dre raison du geDre masculin dans l'ancien usage,
dit que c'est que nous l'avons tiré de l'italien affare
qui est de ce genre : c'est une erreur; affaire ne
vient pas de l'italien affare. Il est, dès lexu» siècle,
AFF
dans les textes français, à une époque où le français
n'empruntait rien à l'italien.
AFFAIRÉ, ÉE (a-fe-ré, rée), adj. Qui a beaucoup
d'affaires. Toujours affairé. Ayant l'air affairé. Elle
paraissait fort affairée, HAMILT. Gramm. 7.
— HIST. xvic. s. Un riche malaysé, nécessiteux,
affaireux, me semble plus misérable que.... MONT, I,
34 4. La modération est vertu bien plus affaireuse que
n'est la souffrance, ID. III, 466. J'aime mieulx une
vie moins brave et moins affaireuse, ID. IV, 77. En
toute sa vie, il n'a esté si afferré ny empesché que
depuis dimanche dernier, CARL. V, 23.
T AFFAISAGE (a-fé-za-j'), s. m. Terme de fau-
connerie (voy. AFFAITAGE).
AFFAISSÉ, ÉE (a-fê-sé, sée), part, passé. Terres
affaissées. Visage amaigri, tempes affaissées. Affaissé
sous le poids de l'âge. Pendant que l'empire d'O-
rient était affaissé sous un mauvais gouvernement,
des causes particulières le soutenaient, MONTESQ.
Rom. 23.
AFFAISSEMENT (a-fê-se-man), s. m. |j 1° Etat de
ce qui est affaissé. L'affaissement des terres, du sol.
L'affaissement du corps. Affaissement moral. || 2° En
géologie, système des affaissements, celui qui ex-
plique la formation des montagnes par l'abaissement
des terres environnantes.
AFFAISSEE, (a-fê-sé), v. a. || 1° Faire ployer sous
le faix. Une trop grande charge a affaissé le plan-
cher du grenier. || 2" Faire baisser, tasser des choses
posées les unes sur les autres. Les grandes pluies
affaissent les terres. || 3° Fig. Accabler, affaiblir. Le
grand âge n'a point affaissé votre esprit. || 4° S'affais-
ser, v. réfl. Le terrain s'affaisse. Elle ne pouvait se
tenir et s'affaissait, SÉV. 4 54. Velléda porte à sa
gorge l'instrument sacré [sa faucille d'or] : elle s'af-
faisse sur le char, CHATEAUB. llart. 345. || 5° S'af-
faiblir, succomber. Le corps s'affaisse par la fati-
gue. Rome s'affaissa sous le poids de sa propre
grandeur. Esprit qui s'affaisse.
— HIST. xiir* s. Durement s'estent et s'afaiche ;
De fein li dolent li bouel, Ben. 24352. || xvie s. La
vessie s'affaisse et reserre selon que l'urine sort,
PARÉ, xi,4 9.
— ÉTYM. À et faix; provenç. afaissar.
f AFFAITAGE (a-fê-ta-j'), s. m. Terme de fau-
connerie. Education d'un oiseau de proie.
— ÉTYM. Âffaiter.
AFFAITÉ, ÉE (a-fê-té, tée), part, passé. Terme
de fauconnerie. Bien affaité.
t AFFAITEMENT(a-fê-te-man) ,s.m. \\i° Terme
de fauconnerie. Action d'apprivoiser l'oiseau de proie.
|| 2° Manière de façonner les peaux à la tannerie.
— ÉTYM. Affaiter.
AFFAITER (a-fô-té), v. a. Terme de fauconne-
rie. Apprivoiser un oiseau de proie.
— HIST. xi" s. Il duist sa barbe, afaita son guer-
non, Ch. de Roi. 4 5. || xmc s. Li Cyrien avoient ce
pont rompu , et h baron firent toute jor labourer
l'ost, et le pont afaitier toute la nuit, VILLEH. 74.
Tantost à mangier lor afete Tel viande con ele pot,
Ren. 24676. Car si cum li loirres [leurre] afaite, Por
venir au soir et au main , Le gentil espervier à
main.... la Rose, 7668. Ne fu [beauté] fardée ne gui-
gnée ; Car él n'avoit mie mestier De soi tifer ne d'a-
fetier, la Rose, 104 0. Chascun home qui sereit grant
et fort, ou qui sereit champion afaitié, poreit par
ce raembre moult de gens, Ass. de Jerus. 4 50. Par
prière de affaictée demande, Interrogé se l'ung ou
l'autre avoue, X ce respons, s'aucuns le me deman-
de, Entre deux eaues comme le poisson noue [nage],
CH. L'ORLÉANS, Bail. 405.
— ÉTYM. Provenç. a/attor, afachar; anc. espagn.
afeitar; portug. affeilar ; ital. affaitare ; du latin
affectare, de ad, à, et factare, fréquentatif de fa-
cere, faire. Dans l'ancien français afaiter ou afaitier
avait le sens général de préparer, disposer, et est,
au fond, le même que affecter.
AFFALÉ, ÉE (a-fa-lé, lée), part, passé. Arrêté
sur la côte. Au point du jour, nous nous trouvâmes
affalés à la côte, CHATEAUB. Itin. n, 4 00.
AFFALER (a-fa-lé), v. a.\\ 1° Abaisser, soulager
un cordage pour l'aider à courir dans sa poulie et à
descendre. || 2° Pousser vers la côte, en parlant du
vent. Les vents ont affalé ce navire. Le navire est
affalé. || 3°S'affaler, v. réfl. En parlant d'un marin,
se glisser le long d'un cordage. En parlant d'un
navire, s'échouer.
— ÉTYM. On le tire du flamand afhalen, tirer en
bas. Le bas-breton affala ouaffela, retomber, paraît
emprunté au français.
AFFAMÉ, ÉE(a-fa-mé, mée) , part, passé.
|| 1° Pressé par la faim. Ventre affamé. Parasite af-
famé. Une garnison affamée par l'ennemi.... dans la
AFF 65
disette, une muse affamée Ne peut pas, dira-t-on,
subsister de fumée, BOIL. A. P. iv. j| 2° Substantive-
ment. Il mange comme un affamé. Il ne leur
épargne aucune de ces malpropretés dégoûtan-
tes, capables d'ôter l'appétit aux plus affamés.
LA BRUY. 4 1. Il 3° Fig. Avide. Ce coeur nourri de
sang et de guerre affamé, RAC. Mithr. n, 3. Si de
sang et de mort le ciel est affamé, ID. lphig. v, 2.
C'était du grand Henri la redoutable armée..., lasse
du repos et de sarig affamée, VOLT. Henr. vi. Ton
courage affamé de péril et de gloire, Court d'exploits
en exploits, de victoire eh victoire, BOIL. Sat. vin,
.... je ne puis souffrir ces auteurs renommés, Qui,
dégoûtés de gloire et d'argent affamés, ID, A. P.
iv. où sera le juge assez hardi, assez affamé de
faire un coupable.... PELLISS.II, 4 34. Un bel air dont
je suis affamée, SÉV. 446, Je suis affamée déjeune et
de silence, ID. 447. J'y vois des gens affamés de riches-
ses, des gens affamés d'honneur.... BOURD. Pensées,
t. i,p. 48. Tous leurs désirssont satisfaits, et leur plé-
nitude les élève au-dessus de tout ce que les hommes
vides et affamés cherchent sur la terre, FËN. Tél. xiv.
|| Proverbe. Ventre affamé n'a point d'oreilles, c'est-
à-dire quand on a faim on n'écoute rien.
AFFAMER (a-fa-mé), v. a. || 1° Priver de vivres,
faire souffrir de la faim. Affamer une ville, l'ennemi.
QuandPorsenna affamait les Romains dans leursmu-
railles.... BOSS. #ÏSMII,6. |j2°Ternie de pêche. At-
tirer à l'aide d'un appât les'sardines à fleur d'eau,
à l'endroit où on tend un filet.
— HIST. xnic s. Je ne manjai pieça, toute sui afa-
mée, Berte, XLVI. Si fil se sont à lui clamé Que
hatu sont et afamé, Ren. 486. Renart à porpenser
s'est pris, Et dit que il est fox naïs, Se einsi se let
afamer, t'6. 23535. Grant grâce nous fist nostre
Seigneur que il nous délivra, laquelle [ville] nous ne
deussions pas avoir prise sans affamer, JOINV. 246.
Et ce poons nous voir tout cler, pource que par af-
famer la prist le roy Jehan au tens de nos pères, ID.
ib. [Le démon ] qui nos tenoit en grief servage, Qui
venoit les armes [âmes] tenteir, Et n'en voloit panre
[prendre] autre gage,Pour les chetives affameir En
sa chartre antive et ombrage, RUTEB. II , 4 4. || xive s.
Il fit vilainement ceux dedens afamer, Dont ilz se
commencerentmoultàespoanter,G«esc.4202. ||xv°s.
Il les pensoit plutost avoir par affamer que par as-
saut, FROISS. i, i, 439. L'intention des Anglois es-
toit de tenir ces Escots là endroit assiégés.... et les
cuidoient bien affamer en leur pays, ID. I , i, 42. Mon-
seigneur , pour Dieu merci ! prenez garde dessus
vostre fils, car il s'affame là en la prison où il git,
ID . n, ni, 4 3.11 xvie s. Au contraire Alexandre affa-
mé d'avarice, RONS. 664.
— ÉTYM. Wallon, afahant, affamé; bourguig.
efanti, efàimai; provenç. afamar; ital. affamare; de
ad (voy. À) et famés, faim (voy. FAIM).
t AFFANGISSEMENTS (a-fan-ji-se-man), s. m.
plur. Terme d'eaux et forêts. Amas de vase dans le
lit des cours d'eau.
— ÉTYM. Affangir, verbe qui ne se trouve pas,
mais qui. est régulièrement formé de à et fange.
f AFFANURE (a-fa-nu-r'), s. f. Salaire en nature
que reçoivent les ouvriers employés à faire les ré-
coltes.
— ÉTYM. Affanncr,autre forme du verbe ahaner,
cultiver la terre (voy. AHANER).
t AFFÉAGE (a-fé-a-j'), s. m. Droit qui était dû
pour chaque feu d'un village.
— ÉTYM. Afféager.
AFFÉAGÉ, ÉE (a-fé-a-jé, jée), part, passé.
AFFÉAGEMENT ( a-fé-a-je-man), s. m. Action
d'afféager.
AFFÉAGER (a-fé-a-jé), v. a. Terme d'anciennes
coutumes. Aliéner une partie de son fief à tenir en
arrière-fief ou en roture.
— ÉTYM. À et fief.
t AFFECTANT, ANTE (a-fè-ktan, ktan-t'), adj.
Qui affecte, qui touche, qui cause de la peine. Ce
récit est très-affectant.
AFFECTATION ( a-fè-kta-sion ; en poésie, de cinq
syllabes), s. f. ||1° Manière qui s'éloigne du naturel.
Affectation dans la parure, dans le langage, dans
le style. Sans affectation. Il avait de l'affecta-
tion dans le port et dans les manières, HAMILT.
Gramm. 6. Ne montrez aucune affectation en quoi
que ce soit, BOSS. Lett. Corn. 69. On remarqua
que les hérétiques le faisaient par affectation, ID.
Comm. Que dirai-je de ces affectations de voir et
d'être vues ? FLÉCII. t. ni, p. 69. L'affectation dans
le geste, dans le parler et dans les manières est sou-
vent une suite de l'oisiveté ou de l'indifférence ; et
il semble qu'un grand attachement ou de sérieuses
affaires jettentl'hommedans son naturel,LA BRUY. I I .
OICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
I. — 9
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