Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 4 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54066991
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-57472
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
2314
TRA
soleil penche à son couchant; il transforme en
autant de diamants les gouttes d'eau qui pen-
dent attachées aux extrémités inégales des pierres,
DIDER. Essai sur la peint, ch. 6. || Terme d'algèbre.
Transformer une équation, la changer en une
autre égale, mais de forme différente. || 2" Fig.
Changer le caractère d'une chose, d'une personne.
Rien ne saurait transformer une pareille action en
un acte de vertu. Ne sentez-vous pas que Minerve
vous a comme transformé en un autre homme au-
dessus de vous-même, pour faire par vous ce que
vous avez fait?FÉN. Tél. xxn. Bientôt ces hommes
[les Guaranis du Paraguai] furent transformés, et
devinrent sujets de leurs bienfaiteurs, VOLT.
Moeurs, 154. || 3* Se transformer, v. réfl. Changer
de forme. La chenille se transforme en papillon.
Les démons se transforment quelquefois en anges
de lumière, MALEBH. Rech. vér. n, m, 2. Si, par un
sort pourtant qu'on ne peut concevoir, La belle,
tout d'un coup rendue insociable, D'ange, ce sont
vos mots, se transformait en diable, BOIL. Sat. x.
Il 4" Fig. Se déguiser, prendre plusieurs caractères
selon ses vues et ses intérêts. C'est un homme qui
se transforme en mille manières. La vertu se pro-
fane, Se déguise, se masque et devient courti-
sane, Se "transforme aux humeurs.... RÉGNIER,
Sat. v. || 5° Être transformé. Quand oes détriments
[détritus] ont subi une violente action du feu....
ils ont été brûlés autant qu'ils pouvaient l'être,
et se sont transformés en mâchefer, en sablons....
BUPF. Min. t. iv, p. 40.
— HIST. xvi» s. Et donques sermons ne porroient
teles gens transformer et convertir à bien, ORESME,
Eth. 324. Qui veist lo-s une poure vierge si no-
blement parée et soudainement transformée par
telle manière que à peine le peuple la recongnois-
soit... Ménapier, i, 6.1|xvi° s. Beautez, grâces,
discours qui m'allez transformant, DESPORTES,
Diane, n, 6<. J'en vsois qui se transforment et
se transsubstancient en autant de nouvelles ligures
et de nouveaux estres, qu'ils entreprennent de
charges, MONT, IV, <68.
— ÉTYM. Prov. et esp. transformar ; it. trasfor-
mare ; du latin, transformare, de trans, et formare,
former.
t TRANSFORMISME (tran-sior-mi-sm'), s. m. Hy-
pothèse biologique, émanée des travaux de Lamarck
et de Dirwin, d'après laquelle on admet que les
espèces dérivent les unes des autres par une série
de transformations que déterminent les change-
ments de milieux et de conditions vitales.
t TRANSFORMISTE (tran-sfor-mi-sl'), s. m. Par-
tisan du transformisme.
TRANSFUGE (tran-sfu-j'), s. m. || i° Celui qui, à
la guerrs, abandonne son drapeau pour passer
dans'les rangs ennemis. On a su par un trans-
fuge qui s'est venu rendre à Maestricht, que les
Hollandais avaient déjà perdu devant Grave bien
près de quatre mille hommes, PELLISSON, Lelt.
hist. t. n, p. -170. Les transfuges, qui étaient en-
viron neuf cents, voyant qu'il n'y avait point de
quartier à espérer pour eux, ROLLIN, Hist. anc. OEuv.
t. i, p. 655, dans POUGENS Mithridate put les ar-
mer [ses soldats] et les instruire dans l'art mili-
taire des Romains, et former des corps considé-
rables de leurs transfuges, MONTESQ. Esp. xxi, i 2.
|| 2° Fig. Celui qui abandonne son parti pour pas-
ser dans le parti contraire. Le témoignage seul
d'un homme obscur, d'un transfuge de toutes les
religions, MASS. Carême, Doutes sur la relig. || On
dit dans un sens analogue : transfuge de la vertu,
dos bons principes. Ce sont des transfuges qui
Craignent les lois qu'ils ont violées, et regrettent
les vertus qu'ils ont perdues, BÀRTHÉL. Anach.
ch. 48. || En un sens qui n'est pas défavorable.
Transfuge des routes ingrates De l'infructueux
Hélicon, Dans les retraites des Socrates J'allais
jouir de ma raison, GRESSET, Chartr. Rousseau,
riche d'une âme indépendante et fière, Transfuge
des châteaux, revole à la chaumière, MILLEVOYE,
Indép. de l'h. de lettres. ||Par exagération, qui va
d'une demeure à une autre. Du palais des repré-
sentants à l'Elysée [où demeurait Napoléon I«r], on
se voit à nu; et tout est mis à jour par de fré-
quents transfuges, VILLEMAIN, Souvenirs contem-
porains, les Cent-Jours, ch. xi.
— REM. « Transfuge : ce mot est nouveau, mais
reçu avec applaudissement, à cause de la néces-
sité que l'on en avait.... transfuge.... est quiconque
quitte son parti pour suivre celui des ennemis, »
VAUGEL. Rem. t. n, p. 760, dans POUGENS. Yaugelas
se trompe; le mot n'est pas nouveau; seulement
il était tombé en désuétude, «Hi du moins il a été
TRA
employé par Bercheure, qui le tirait de Tite-Live.
— HIST. xive s. Fugitis et transfuges estoient cil
qui lessoient leur ost et leur partie, et se trans-
portaient de l'autre partie, BERCHEURE, f" 2, verso.
Il se doubta que les Roumains ne le prissent, et
que il ne le retraisissent comme transfuge, n>.
f° 32, recto.
— ÉTYM. Lat. transfuga, de trans, au delà, et
fugere, fuir.
TRANFUSÉ, ÉE (tran-sfu-zé, zée), part, passé
de transfuser. Le sang transfusé dans les veines.
TRANSFUSER (tran-sfu-zé), v. a. Faire passer
un liquide d'un récipient dans un autre. || Particu-
lièrement, faire la transfusion du sang.
— ÊTYM. Lat. transfusum, supin de transfun-
dere, de trans, au delà, et fundere, verser.
t TRANSFUSEUR (tran-sfu-zeur), s. m. Partisan
de la transfusion du sang. || Celui qui la met en
pratique.
TRANSFUSION (tran-sfu-zion), s. f. || 1° Action
de transfuser. || Par extension. La transfusion des
deux scènes paternelles d'Argire et d'Aménaïde
[dans Tancrède] en une seule, VOLT. Lett. d'Argen-
tal, 4 oct. 4 700. || Fig. Quand l'affection est mu-
tuelle à un même degré, c'est l'union la plus
étroite, c'est le plus parfait accord qui puisse ré-
gner entre deux êtres sensibles ; c'est enfin, s'il est
permis de le dire, la transfusion et la coexistence
de deux âmes, MARMONTEL, OEuv. t. xvi, p. 448.
|| 2° Transfusion du sang, opération qu'on avait
proposée pour rajeunir l'homme ou le rendre im-
mortel. La panacée, quelle qu'en fût la composi-
tion, la transfusion du sang et les autres moyens
qui ont été proposés pour rajeunir ou immortaliser
le corps, BUFF. Hist. nat. hom. OEuv. t. iv, p. 355.
|| Fig. Nous envoyer, par quelque subtil enchan-
tement, tout le sens, toute la force, toute la santé,
toute la joie que vous avez de trop, pour en faire
une transfusion dans la machine de ma fille, SÉV.
àCoulanges, 4 5 oct. 4695. || Aujourd'hui, opération
qui consiste à introduire dans les veines d'un ani-
mal malade, pour remédier à son état, le sang d'un
animal sain, et, d'après les expériences dernières,
d'un animal de la même espèce. Après divers essais,
Denis publia une relation de la cure d'un jeune
homme qui, attaqué d'une léthargie extraordi-
naire, en aurait été guéri par la transfusion du
sang artériel d'un agneau dans ses veines, SAINT-
FOIX, Ess. Paris, OEuv. t. iv, p. 393, dans POUGENS.
— HIST. xvi* s. La création n'est point une trans-
fusion, comme si on tiroit le vin d'un vaisseau en
une bouteille, CALV. Instit. 4 27.
— ÉTYM. Lat. transfusionem (voy. TRANSFUSER).
t TRANSGANGÉTIQUE (tran-sgan-jé-ti-k'), adj.
Qui est au delà du Gange. L'Inde transgangétique.
— ÊTYM. Trans, et Gange, fleuve de l'Inde.
TRANSGRESSÉ, ÉE (tran-sgrè-sé, sée), part.
passé de transgresser. Des ordres imprudemment
transgressés.
TRANSGRESSER (tran-sgrè-sé), v. a.\\l° Con-
trevenir à quelque ordre, à quelque loi. J'ai seule
transgressé cet arrêt inhumain, ROTR. Antig. iv, 3.
Ne transgressez point les bornes que vos pères ont
établies, dit le Sage, BOSS. Polit. IX, v, 5. || 2" Il se
dit particulièrement de la violation des préceptes
divins. Il y a dans le mariage des lois établies de
Dieu, et qu'il n'est pas permis de transgresser,
BOURDAL. 2edt'm. après l'Épiphan. Dominic. t. I,
p. 99. Si leurs pieds souvent glissèrent, Si leurs
lèvres transgressèrent Quelque lettre de ta loi,
LAMART. Harm. n, 4.
— HIST. XVIC s. Celui qui se sera abstenu de
transgresser extérieurement, aura satisfait aux lois
politiques, CALV. Instit. 275. Troubler le royaume
en transgressant les edicts, CONDÉ, Mém. p. 658.
— ÉTYM. Lat. transgressum, supin de transgredi,
aller au delà, de trans, au delà, et gradi, aller.
TRANSGRESSEUR (tran-sgrè-seur), s. m. Celui
qui transgresse. Si quelque transgresseur enfreint
cette promesse, Qu'il éprouve, grand Dieu, ta fu-
reur vengeresse, RAC. Alh. iv, 3. Dans la prépara-
tion du coeur à laquelle seule le Seigneur regarde,
vous êtes peut-être un enfant de mort et un trans-
gresseur déclaré de la loi, MASS. Carême, Fautes
légères. Combien de transgresseurs [de la loi mo-
saïque] ont passé leurs jours dans les délices, té-
moin Salomonl VOLT. Mél. litt. lett. au pr. de'*', 4.
|| Adj. Là sont plongés les juges transgresseurs, De
l'innocence infâmes oppresseurs, J. J. ROUSS. Allég.
n, 4.
— HIST. xrv* s. Transgresseur de loys, ORESME,
Thèse de MEUNIER. || XVI' S. NOUS voyons aussi com-
ment Moyse ratifie estroitement lesnrpj-.eptesdela
TRA
-oy ; comment les prophètes insistent ardemment
et menacent les transgresseurs, CALV. Instit. 233.
— ÉTYM. Provenç. transgressor; espagn. trans-
gresor; ital. transgressore ; du latin transgresso-
rem (voy. TRANSGRESSER).
t TRANSGRESSIF, IVE (tran-sgrè-sif, si-v'), adj
Qui passe par-dessus ou au delà. || Terme de géo-
logie. Se dit d'une couche qui est -venue se dé-
poser sur des couches de différente nature en
montant par-dessus ces couches. Les bassins si-
dérolithiques et la molasse des environs de Mont-
béliard et de Belfort se trouvent en contact et en
stratification transgressive avec tous les niveaux
des étages jurassiques supérieurs, CONTEJEAN, Acad.
des se. Comptes rendus, t. LXII, p. 46.
— ÉTYM. Transgresser.
TRANSGRESSION (tran-sgrè-sion; en vers, de
quatre syllabes), s. f. Action de transgresser.
Où il n'y a point de loi établie, ni de préceptes
donnés, on ne saurait accuser personne de trans-
gression, LA MOTHE LE VAYER, Vertu des païens, i-,
Droit dénature. En se permettant toutes les Uaus-
gressions qui ne sont pas renfermées dans ie pré-
cepte, MASS. Carême, Fautes légères. Vous croyez
vous tirer d'affaire en disant que Dieu payait son
peuple [les Hébreux] comptant, en le punissant
temporellement de ses transgressions, et en le ré-
compensant par les biens de la terre quand il était
fidèle, VOLT. Mél. litt. Lett au pr. de***, i.
— HIST. xive s. De communication politique
sont trois espèces, et les corrupeions ou transgres-
sions de elles sont en nombre equal, ORESME, Éth.
245. Prsvarication est quelconque transgression
de bonne loy, ID. Thèse de MEUNIER. ||xve s. "Vous
savez la transgression D'Eve et d'Adam comme ils
cheïrent. Mari, de St Etienne. ||xvies. Il faut qu'il
nie quant et quant, que la transgression de la loy
n'est point péché, CALV. Instit. 468. Et les trans-
gressions d'un pécheur misérable, DESPORTES, ffiu-
vres chrest. xvin, psal. 54.
— ÉTYM. Provenç. transgressio ; espagn. trans-
gresion; ital. transgressione ; du lat. transgres-
sionem (voy. TRANSGRESSER).
f TRANSHUMANCE (tran-zu-man-s'), s. f. Émi-
gration périodique des troupeaux de moutons des
pays de plaine, qui vont, sous la conduite des
bergers, passer les mois les plus chauds de l'an-
née dans les pâturages des montagnes. Quant aux
bestiaux, leur entrée et leur sortie constituaient
moins un commerce qu'une transhumance; ils
passaient l'été en France sur le versant nord des
Pyrénées et l'hiver en Espagne sur le versant sud;
F. BAUDRY, Introd. aux Mém. de N. J Foucault;
Introd. p. c.
— ÉTYM. Transhumer.
f TRANSHUMANT, ANTE(tran-zu-man, man-t'),
adj. Se dit des bestiaux qu'on mène paître en été
dans les montagnes et l'hiver dans les plaines.
M. Pierre Lombard, baile [garde] d'un troupeau
transhumant, E. BERTHET, Directr. des postes, p. 24 4
| TRANSHUMER (tran-zu-mé). || I" Y. a. Mener
paître des bestiaux en transhumance. || 2" V. n.
Allerpaîtredans les montagnes. Beaucoup de trou»
peaux du midi de la France transhument ; ils vont
sur les Alpes, dans les pacages élevés de l'Ardèche
et de l'Auvergne, etc. Le système pastoral et l'o-
bligation de transhumer avec ses troupeaux, c'est-
à-dire de se déplacer suivant les saisons, afin de
trouver l'eau et l'herbe nécessaires à ses animaux,
TISSERAND, Rapp. ou maréchal Vaillant, Monit.
univ. 8 avr. 1868, p. 494, 4™ col. ||3° En certains
pays, on fait aussi transhumer les ruches, pour que
les abeilles trouvent une pâture plus abondante, et
c'est souvent sur des bateaux qu'on les promène.
— ÉTYM. Espagn. trashumar; de trans, au delà,
et humus, terre.
TRANSI, IE (tran-si, sie), part, passé de tran-
sir. || 1" Pénétré par le froid. Transi, gelé, perclus,
immobile, rendu, N'ayant pas à vivre un quart
d'heure, LA FONT. FaU. vi, 43. Le rouge-gorge
vient jusque sur nos fenêtres siffler sa petite chan-
son transie, CH. LÉVÊQUE, Science du beau, t. n,
p. 334. || 2' Fig. Qui est dans un état moral com-
paré à celui d'une personne transie de froid. Un
mal pour qui.... J'eus la bouche fermée et le coeur
si transi, RÉGNIER, Dial. Et j'ai le coeur transi De
crainte que quelqu'un ne te découvre ici, CORN
la PI. roy. m, 8. Tous ses sens de tristesse étouffés
et transis, SEGRAIS, dans VAUGEL. Arou» rem. Obsr
de if***, p. 328, dans POUGENS. NOUS sommes tou-
jours transis, jusquesà ce que nous sachions si nos
troupes ont repassé le Rhin, SÉV. 6 août-1675. Rien
n'est si froid que nos lettres, parce que notre coeur
TRA
soleil penche à son couchant; il transforme en
autant de diamants les gouttes d'eau qui pen-
dent attachées aux extrémités inégales des pierres,
DIDER. Essai sur la peint, ch. 6. || Terme d'algèbre.
Transformer une équation, la changer en une
autre égale, mais de forme différente. || 2" Fig.
Changer le caractère d'une chose, d'une personne.
Rien ne saurait transformer une pareille action en
un acte de vertu. Ne sentez-vous pas que Minerve
vous a comme transformé en un autre homme au-
dessus de vous-même, pour faire par vous ce que
vous avez fait?FÉN. Tél. xxn. Bientôt ces hommes
[les Guaranis du Paraguai] furent transformés, et
devinrent sujets de leurs bienfaiteurs, VOLT.
Moeurs, 154. || 3* Se transformer, v. réfl. Changer
de forme. La chenille se transforme en papillon.
Les démons se transforment quelquefois en anges
de lumière, MALEBH. Rech. vér. n, m, 2. Si, par un
sort pourtant qu'on ne peut concevoir, La belle,
tout d'un coup rendue insociable, D'ange, ce sont
vos mots, se transformait en diable, BOIL. Sat. x.
Il 4" Fig. Se déguiser, prendre plusieurs caractères
selon ses vues et ses intérêts. C'est un homme qui
se transforme en mille manières. La vertu se pro-
fane, Se déguise, se masque et devient courti-
sane, Se "transforme aux humeurs.... RÉGNIER,
Sat. v. || 5° Être transformé. Quand oes détriments
[détritus] ont subi une violente action du feu....
ils ont été brûlés autant qu'ils pouvaient l'être,
et se sont transformés en mâchefer, en sablons....
BUPF. Min. t. iv, p. 40.
— HIST. xvi» s. Et donques sermons ne porroient
teles gens transformer et convertir à bien, ORESME,
Eth. 324. Qui veist lo-s une poure vierge si no-
blement parée et soudainement transformée par
telle manière que à peine le peuple la recongnois-
soit... Ménapier, i, 6.1|xvi° s. Beautez, grâces,
discours qui m'allez transformant, DESPORTES,
Diane, n, 6<. J'en vsois qui se transforment et
se transsubstancient en autant de nouvelles ligures
et de nouveaux estres, qu'ils entreprennent de
charges, MONT, IV, <68.
— ÉTYM. Prov. et esp. transformar ; it. trasfor-
mare ; du latin, transformare, de trans, et formare,
former.
t TRANSFORMISME (tran-sior-mi-sm'), s. m. Hy-
pothèse biologique, émanée des travaux de Lamarck
et de Dirwin, d'après laquelle on admet que les
espèces dérivent les unes des autres par une série
de transformations que déterminent les change-
ments de milieux et de conditions vitales.
t TRANSFORMISTE (tran-sfor-mi-sl'), s. m. Par-
tisan du transformisme.
TRANSFUGE (tran-sfu-j'), s. m. || i° Celui qui, à
la guerrs, abandonne son drapeau pour passer
dans'les rangs ennemis. On a su par un trans-
fuge qui s'est venu rendre à Maestricht, que les
Hollandais avaient déjà perdu devant Grave bien
près de quatre mille hommes, PELLISSON, Lelt.
hist. t. n, p. -170. Les transfuges, qui étaient en-
viron neuf cents, voyant qu'il n'y avait point de
quartier à espérer pour eux, ROLLIN, Hist. anc. OEuv.
t. i, p. 655, dans POUGENS Mithridate put les ar-
mer [ses soldats] et les instruire dans l'art mili-
taire des Romains, et former des corps considé-
rables de leurs transfuges, MONTESQ. Esp. xxi, i 2.
|| 2° Fig. Celui qui abandonne son parti pour pas-
ser dans le parti contraire. Le témoignage seul
d'un homme obscur, d'un transfuge de toutes les
religions, MASS. Carême, Doutes sur la relig. || On
dit dans un sens analogue : transfuge de la vertu,
dos bons principes. Ce sont des transfuges qui
Craignent les lois qu'ils ont violées, et regrettent
les vertus qu'ils ont perdues, BÀRTHÉL. Anach.
ch. 48. || En un sens qui n'est pas défavorable.
Transfuge des routes ingrates De l'infructueux
Hélicon, Dans les retraites des Socrates J'allais
jouir de ma raison, GRESSET, Chartr. Rousseau,
riche d'une âme indépendante et fière, Transfuge
des châteaux, revole à la chaumière, MILLEVOYE,
Indép. de l'h. de lettres. ||Par exagération, qui va
d'une demeure à une autre. Du palais des repré-
sentants à l'Elysée [où demeurait Napoléon I«r], on
se voit à nu; et tout est mis à jour par de fré-
quents transfuges, VILLEMAIN, Souvenirs contem-
porains, les Cent-Jours, ch. xi.
— REM. « Transfuge : ce mot est nouveau, mais
reçu avec applaudissement, à cause de la néces-
sité que l'on en avait.... transfuge.... est quiconque
quitte son parti pour suivre celui des ennemis, »
VAUGEL. Rem. t. n, p. 760, dans POUGENS. Yaugelas
se trompe; le mot n'est pas nouveau; seulement
il était tombé en désuétude, «Hi du moins il a été
TRA
employé par Bercheure, qui le tirait de Tite-Live.
— HIST. xive s. Fugitis et transfuges estoient cil
qui lessoient leur ost et leur partie, et se trans-
portaient de l'autre partie, BERCHEURE, f" 2, verso.
Il se doubta que les Roumains ne le prissent, et
que il ne le retraisissent comme transfuge, n>.
f° 32, recto.
— ÉTYM. Lat. transfuga, de trans, au delà, et
fugere, fuir.
TRANFUSÉ, ÉE (tran-sfu-zé, zée), part, passé
de transfuser. Le sang transfusé dans les veines.
TRANSFUSER (tran-sfu-zé), v. a. Faire passer
un liquide d'un récipient dans un autre. || Particu-
lièrement, faire la transfusion du sang.
— ÊTYM. Lat. transfusum, supin de transfun-
dere, de trans, au delà, et fundere, verser.
t TRANSFUSEUR (tran-sfu-zeur), s. m. Partisan
de la transfusion du sang. || Celui qui la met en
pratique.
TRANSFUSION (tran-sfu-zion), s. f. || 1° Action
de transfuser. || Par extension. La transfusion des
deux scènes paternelles d'Argire et d'Aménaïde
[dans Tancrède] en une seule, VOLT. Lett. d'Argen-
tal, 4 oct. 4 700. || Fig. Quand l'affection est mu-
tuelle à un même degré, c'est l'union la plus
étroite, c'est le plus parfait accord qui puisse ré-
gner entre deux êtres sensibles ; c'est enfin, s'il est
permis de le dire, la transfusion et la coexistence
de deux âmes, MARMONTEL, OEuv. t. xvi, p. 448.
|| 2° Transfusion du sang, opération qu'on avait
proposée pour rajeunir l'homme ou le rendre im-
mortel. La panacée, quelle qu'en fût la composi-
tion, la transfusion du sang et les autres moyens
qui ont été proposés pour rajeunir ou immortaliser
le corps, BUFF. Hist. nat. hom. OEuv. t. iv, p. 355.
|| Fig. Nous envoyer, par quelque subtil enchan-
tement, tout le sens, toute la force, toute la santé,
toute la joie que vous avez de trop, pour en faire
une transfusion dans la machine de ma fille, SÉV.
àCoulanges, 4 5 oct. 4695. || Aujourd'hui, opération
qui consiste à introduire dans les veines d'un ani-
mal malade, pour remédier à son état, le sang d'un
animal sain, et, d'après les expériences dernières,
d'un animal de la même espèce. Après divers essais,
Denis publia une relation de la cure d'un jeune
homme qui, attaqué d'une léthargie extraordi-
naire, en aurait été guéri par la transfusion du
sang artériel d'un agneau dans ses veines, SAINT-
FOIX, Ess. Paris, OEuv. t. iv, p. 393, dans POUGENS.
— HIST. xvi* s. La création n'est point une trans-
fusion, comme si on tiroit le vin d'un vaisseau en
une bouteille, CALV. Instit. 4 27.
— ÉTYM. Lat. transfusionem (voy. TRANSFUSER).
t TRANSGANGÉTIQUE (tran-sgan-jé-ti-k'), adj.
Qui est au delà du Gange. L'Inde transgangétique.
— ÊTYM. Trans, et Gange, fleuve de l'Inde.
TRANSGRESSÉ, ÉE (tran-sgrè-sé, sée), part.
passé de transgresser. Des ordres imprudemment
transgressés.
TRANSGRESSER (tran-sgrè-sé), v. a.\\l° Con-
trevenir à quelque ordre, à quelque loi. J'ai seule
transgressé cet arrêt inhumain, ROTR. Antig. iv, 3.
Ne transgressez point les bornes que vos pères ont
établies, dit le Sage, BOSS. Polit. IX, v, 5. || 2" Il se
dit particulièrement de la violation des préceptes
divins. Il y a dans le mariage des lois établies de
Dieu, et qu'il n'est pas permis de transgresser,
BOURDAL. 2edt'm. après l'Épiphan. Dominic. t. I,
p. 99. Si leurs pieds souvent glissèrent, Si leurs
lèvres transgressèrent Quelque lettre de ta loi,
LAMART. Harm. n, 4.
— HIST. XVIC s. Celui qui se sera abstenu de
transgresser extérieurement, aura satisfait aux lois
politiques, CALV. Instit. 275. Troubler le royaume
en transgressant les edicts, CONDÉ, Mém. p. 658.
— ÉTYM. Lat. transgressum, supin de transgredi,
aller au delà, de trans, au delà, et gradi, aller.
TRANSGRESSEUR (tran-sgrè-seur), s. m. Celui
qui transgresse. Si quelque transgresseur enfreint
cette promesse, Qu'il éprouve, grand Dieu, ta fu-
reur vengeresse, RAC. Alh. iv, 3. Dans la prépara-
tion du coeur à laquelle seule le Seigneur regarde,
vous êtes peut-être un enfant de mort et un trans-
gresseur déclaré de la loi, MASS. Carême, Fautes
légères. Combien de transgresseurs [de la loi mo-
saïque] ont passé leurs jours dans les délices, té-
moin Salomonl VOLT. Mél. litt. lett. au pr. de'*', 4.
|| Adj. Là sont plongés les juges transgresseurs, De
l'innocence infâmes oppresseurs, J. J. ROUSS. Allég.
n, 4.
— HIST. xrv* s. Transgresseur de loys, ORESME,
Thèse de MEUNIER. || XVI' S. NOUS voyons aussi com-
ment Moyse ratifie estroitement lesnrpj-.eptesdela
TRA
-oy ; comment les prophètes insistent ardemment
et menacent les transgresseurs, CALV. Instit. 233.
— ÉTYM. Provenç. transgressor; espagn. trans-
gresor; ital. transgressore ; du latin transgresso-
rem (voy. TRANSGRESSER).
t TRANSGRESSIF, IVE (tran-sgrè-sif, si-v'), adj
Qui passe par-dessus ou au delà. || Terme de géo-
logie. Se dit d'une couche qui est -venue se dé-
poser sur des couches de différente nature en
montant par-dessus ces couches. Les bassins si-
dérolithiques et la molasse des environs de Mont-
béliard et de Belfort se trouvent en contact et en
stratification transgressive avec tous les niveaux
des étages jurassiques supérieurs, CONTEJEAN, Acad.
des se. Comptes rendus, t. LXII, p. 46.
— ÉTYM. Transgresser.
TRANSGRESSION (tran-sgrè-sion; en vers, de
quatre syllabes), s. f. Action de transgresser.
Où il n'y a point de loi établie, ni de préceptes
donnés, on ne saurait accuser personne de trans-
gression, LA MOTHE LE VAYER, Vertu des païens, i-,
Droit dénature. En se permettant toutes les Uaus-
gressions qui ne sont pas renfermées dans ie pré-
cepte, MASS. Carême, Fautes légères. Vous croyez
vous tirer d'affaire en disant que Dieu payait son
peuple [les Hébreux] comptant, en le punissant
temporellement de ses transgressions, et en le ré-
compensant par les biens de la terre quand il était
fidèle, VOLT. Mél. litt. Lett au pr. de***, i.
— HIST. xive s. De communication politique
sont trois espèces, et les corrupeions ou transgres-
sions de elles sont en nombre equal, ORESME, Éth.
245. Prsvarication est quelconque transgression
de bonne loy, ID. Thèse de MEUNIER. ||xve s. "Vous
savez la transgression D'Eve et d'Adam comme ils
cheïrent. Mari, de St Etienne. ||xvies. Il faut qu'il
nie quant et quant, que la transgression de la loy
n'est point péché, CALV. Instit. 468. Et les trans-
gressions d'un pécheur misérable, DESPORTES, ffiu-
vres chrest. xvin, psal. 54.
— ÉTYM. Provenç. transgressio ; espagn. trans-
gresion; ital. transgressione ; du lat. transgres-
sionem (voy. TRANSGRESSER).
f TRANSHUMANCE (tran-zu-man-s'), s. f. Émi-
gration périodique des troupeaux de moutons des
pays de plaine, qui vont, sous la conduite des
bergers, passer les mois les plus chauds de l'an-
née dans les pâturages des montagnes. Quant aux
bestiaux, leur entrée et leur sortie constituaient
moins un commerce qu'une transhumance; ils
passaient l'été en France sur le versant nord des
Pyrénées et l'hiver en Espagne sur le versant sud;
F. BAUDRY, Introd. aux Mém. de N. J Foucault;
Introd. p. c.
— ÉTYM. Transhumer.
f TRANSHUMANT, ANTE(tran-zu-man, man-t'),
adj. Se dit des bestiaux qu'on mène paître en été
dans les montagnes et l'hiver dans les plaines.
M. Pierre Lombard, baile [garde] d'un troupeau
transhumant, E. BERTHET, Directr. des postes, p. 24 4
| TRANSHUMER (tran-zu-mé). || I" Y. a. Mener
paître des bestiaux en transhumance. || 2" V. n.
Allerpaîtredans les montagnes. Beaucoup de trou»
peaux du midi de la France transhument ; ils vont
sur les Alpes, dans les pacages élevés de l'Ardèche
et de l'Auvergne, etc. Le système pastoral et l'o-
bligation de transhumer avec ses troupeaux, c'est-
à-dire de se déplacer suivant les saisons, afin de
trouver l'eau et l'herbe nécessaires à ses animaux,
TISSERAND, Rapp. ou maréchal Vaillant, Monit.
univ. 8 avr. 1868, p. 494, 4™ col. ||3° En certains
pays, on fait aussi transhumer les ruches, pour que
les abeilles trouvent une pâture plus abondante, et
c'est souvent sur des bateaux qu'on les promène.
— ÉTYM. Espagn. trashumar; de trans, au delà,
et humus, terre.
TRANSI, IE (tran-si, sie), part, passé de tran-
sir. || 1" Pénétré par le froid. Transi, gelé, perclus,
immobile, rendu, N'ayant pas à vivre un quart
d'heure, LA FONT. FaU. vi, 43. Le rouge-gorge
vient jusque sur nos fenêtres siffler sa petite chan-
son transie, CH. LÉVÊQUE, Science du beau, t. n,
p. 334. || 2' Fig. Qui est dans un état moral com-
paré à celui d'une personne transie de froid. Un
mal pour qui.... J'eus la bouche fermée et le coeur
si transi, RÉGNIER, Dial. Et j'ai le coeur transi De
crainte que quelqu'un ne te découvre ici, CORN
la PI. roy. m, 8. Tous ses sens de tristesse étouffés
et transis, SEGRAIS, dans VAUGEL. Arou» rem. Obsr
de if***, p. 328, dans POUGENS. NOUS sommes tou-
jours transis, jusquesà ce que nous sachions si nos
troupes ont repassé le Rhin, SÉV. 6 août-1675. Rien
n'est si froid que nos lettres, parce que notre coeur
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