TRA
On tâche autant qu'on peut, dans son petit trafic, ï
gagner ses dépens en servant le public, REGNARD, le
Joueur, v, 2. Il faudrase souvenir que les marchands,
de quelque espèce qu'ils soient, ne font que le
commerce de commission, commerce que je nom-
merai quelquefois trafic, CONDIL. Comm. gouv. 1, B.
||Fig. Quel marché veut-il faire avec ce pauvre
homme? oh! l'admirable.trafic, le riche et pré-
cieux échange ! il veut avoir l'habit de ce pauvre,
et pour cela il lui donne le sien, BOSS. Panég.
St Franc. d'Assise, 1.1| 2" Fig. et en mauvaise
part, profit que l'on tire de certaines choses. Quel
trafic on fait aujourd'hui des bénéfices ! PASC.
Prov. vi. Ô mon Dieu.... depuis que vos ministres
eux-mêmes on ont fait [de votre maison] une mai-
son de trafic, d'ennui et d'avarice, MASS. Carême,
Temples. Ces hommes infâmes qui font un trafic
honteux de la vérité, n>. Pet. carême, Obstacles.
Il [Attila] envoyait à Constantinople ceux qu'il
voulait récompenser, afin qu'on les comblât de
biens, faisant,un trafic continuel de la frayeur
des Romains, MONTESQ. Rom. « 9., Je sais bien qu'il
y a des âmes aussi basses que jalouses qui pour-
ront me reprocher de rendre à M. de Saint-
Lambert éloges pour éloges, et de faire avec lui
trafic d'amour-propre, VOLT. Mél. litt. à M. Du-
pont. Il 3° Particulièrement, dans les chemins de
fer, transport des marchandises, par opposi-
tion au transport des voyageurs. H 4° Terme d'ar-
geur adapte à un canon de fusil, et qui lui sert
à le manier.
— HIST. xve s. Tant de trafiques Et sophistiques
Sçavez ferir, Que sans garir Faudra périr, Si vos
raisons sont autentiques, le Blason.des faulses
■amours, p. 234, dans LACURNE. ||xvie s. Les traffi-
ques-, tromperies, larrecins, rapacitez, lesquelles
ont exercé jusques ici les facteurs et traffiqueurs
des indulgences, CALV. Instit. 523. Il [Thaïes]
dressa une traficque qui dans un an rapporta telles
richesses qu'à peine.... MONT, I, -1*2. Avec petits
vaisseaux légers de coursaires ilz empeschoient
tout le trafic et entrecours de la marchandise,
AMYOT, P. Mm. 9.
— ÊTYM. Génev. trafi; prov. trafee, trafey ;
catal. trafag, trafic; espagn. trâfago, trâfico;
portug. trâfego, trâfico; ital. trâffico. On remar-
que qu'en espagnol, en portugais et en italien l'ac-
cent est sur la première syllabe. Diez, observant
que le portug. trasfegar, qui signifie transvaser,
signifie aussi trafiquer, et que le catal. trafag,
trafic, signifie aussi transvasement, conjecture
qu'on a là une composition de la préposition tra ou
iras, et fag, fec, fie, représentant le latin vices,
échange; vices ayant pris Vf, provenç. fetg, franc.
fois. La conjecture est plausible.
TRAFIQUANT (tra-fi-kan), s. m. Celui qui fait
le trafic. Un trafiquant sur mer, par bonheur, s'en-
richit, LA FONT. FaU. VH, 14. PierreValdo [qui fut
l'auteur des vaudois], marchand de Lyon, dans
une assemblée où il était selon la coutume avec
les autres trafiquants.... BOSS. Yar. xi, 78. J'ap-
pellerai trafiquant un marchand, lorsque, par une
suite d'échanges faits en différents pays, il pa-
raît commercer de tout, CONDIL. Comm, gouv. 1, B.
— REM. Il semblerait naturel d'écrire un trafi-
cant comme on écrit un fabricant, PAÏÏTEX.
TRAFIQUÉ, ÉE (tra-fi-ké, kée), part, passé de
trafiquer. Des billets trafiqués sur là place.
TRAFIQUER (tra-fi-ké), je trafiquais, nous trafi-
quions, vous trafiquiez ; que je trafique, que nous
trafiquions, que vous trafiquiez, v. n. || 1° Faire
trafic. Et sans peur du larron trafique le mar-
chand, RÉGNIER, Sat. 1. Il vendit son troupeau,
Trafiqua de l'argent, le mit entier sur l'eau, LA
FONT. Fabl. iv, 2. Ils nous regardèrent comme
des esclaves dont les Phéniciens trafiquaient, FÉN.
Tél. 11. Les Portugais trafiquèrent aux Indes en
conquérants, MONTESQ. Esp. xxi, 21. || 2" Fig. Faire
un profit illicite, malhonnête, honteux. Pour-moi
qui n'estime pas tant ma prose, je ne prétends point
d'en trafiquer, BALZ. liv. vi, lett. 3. De plus, que
Melpomène Souvent, sans déroger, trafique de sa
peine, LA FONT. Fabl. I, 14. Un vil amour du gain
infectant les esprits.... Trafiqua du discours et ven-
ditles paroles, BOIL. Art p. iv. Des amis vendus....
Qui, choisis par Néron pour ce commerce infâme,
Trafiquent avec lui des secrets de mon âme, RAC.
Brit. 1, 4. y 3* Fig. Avoir relation, commerce,
correspondance. Vous qui, depuis dix ans à la
cour attaché, Sur les seules douceurs [aux dames]
vous êtes retranché, Et qui, ne méditant que
conquêtes nouvelles, Trafiquiez sans scrupule
IRA -
avec toutes les belles ! HAOTER. Nobles de prov. 1,
6. Elle [Mme de Chaulnes] m'entretint deux heu-
res.... pour me conter toute leur conduite [d'elle
et de son mari].... elle sait que je trafiqué en plu-
sieurs endroits, et que je pouvais avoir été in-
struite par des gens "qui m'auraient dit le contraire,
SÉV. 27 oct. 1675. || IL se conjugue avec l'auxi-
liaire avoir. Il 4° V. a. Faire trafic de (peu usité en
cet emploi). Ils [les Juifs] achètent à vil prix' les
blés, les bestiaux, les denrées du pays, les trafi-
quent à Dantzik et en Allemagne, VOLT. Char-
les XII, 2. Il Négocier. Trafiquer une lettre de
change. || Fig. Ceux dont l'unique profession est
de vendre et d'acheter des billets publics sur les
nouvelles heureuses et malheureuses qu'on débite,
et de trafiquer la crainte et l'espérance, VOLT. Dict.
phil. Économie. Embrasez-vous, autels! rentrent
dans la poussière, Avec leur idole grossière, Tous
ces tyrans sacrés qui trafiquent l'erreur, GILB. le
Jubilé. De quel droit, trahissant les droits de la na-
ture, Trafiquaient-ils le monde et la race future ? LE-
BRUN, dans Alman. des muses pour! 791, p. 169.
— HIST. xvi' s. Tous gens vivans de la soude
[solde] et de la' guerre, comme ceulx qui ne sça-
voient ni labourer la terre ny traffiqùer sur mer,
AMYOT, P. jEm. l8. Pour directeur de ceste entre-
prise [la conjuration d'Amboise] a esté commis un
gentilhomme nommé la Renauldie, homme d'es-
prit, remuant, qui par cidevant a esprouvé diver-
ses fortunes ; cestuy a couru par tout le royaume,
et traffiqué le coeur de plusieurs, PASQUIER, Lett.
t. 1, p. 179.
— ÉTYM. Trafic; espagn. traficar, trafagar; por-
tug. trafaguear; ital. traficare. •
t TRAFUSOIR (tra-fu-zoir), s. m. Machine pour
séparer les écheveaux de fil ou de soie.
TRAGACANTHE (tra-ga-kan-tf), s. f. Nom donné
à plusieurs arbrisseaux du genre astragale qui
produisent la gomme adragant.
— ÉTYM. TpctYâxocvSa, de rpâyoç, bouc, et
axavôa, épine.
TRAGÉD'IE (tra-jé-die), s. f. || 1" Pièce de théâ-
tre en vers, dans laquelle figurent des person-
nages illustres, dont le but est d'exciter la terreur
et la pitié, et qui se termine ordinairement par
un événement funeste. Le bonhomme Pyrante
disait que vous étiez en philosophie, qu'il n'é-
tait encore qu'en cinquième, et qu'à la tragédie
du collège il jouait Cupidon quand vous repré-
sentiez l'empereur, HADTEROCHE, Crispin méd. 1, 1.
La première de toutes les tragédies françaises est
la Cléopatre de Jodelle; elle est d'une simplicité
fort convenable à son ancienneté, FONTEN. Hist.
Théât. fr. OEuv. t. nr,p. 52. Il faut toujours dans une
tragédie, que l'on craigne, qu'on espère à chaque
scène, VOLT. Lett. d'Argental, 18 nov. 1768. Nous
apprenons qu'il s'élève une petite secte de bar-
bares qui veut qu'on ne fasse désormais des tra-
gédies qu'en prose, ID. Dict. phil. Rime. De tous
les plaisirs de l'âme, je tiens que le premier
est- une tragédie bien jouée, m. Lett. Landgr.
Hesse-Cassél, 7 avr. 1764. On fait une tragédie,
ma chère nièce, en trois semaines, il n'y a rien de
plus aisé ; mais, en trois semaines, on ne l'achève
pas, ID. Lett. Mme de Fontaine, il juin 1761. J'a-
vais cru que Racine serait ma consolation [à son
commentaire sur Corneille] ; mais il est mon dés-
espoir; c'est le comble de l'insolence de faire une
tragédie après ce grand homme-là, ID. Lett. d'Ar-
gental, 26 févr. 1763. Une tragédie est une expé-
rience sur le coeur humain; et cette expérience
ne réussit pas toujours, même entre les mains
des plus habiles, CONDORCET, Yie de Voltaire.
Euclide avait tâché de réunir toutes les tragé-
dies, comédies et satyres que depuis près de deux
cents ans on a représentées sur les théâtres de la
Grèce et de la Sicile; il en possédait environ
trois mille, BARTHÉL. Anach. ch. 80. Mon petit
neveu, vous me garderez une loge pour votre
tragédie de société; je me sens en train de rire,
PICARD, Vieille tante, 1, 7. ||Les tragédies de So-
phocle, de Corneille, de Racine, etc. les tragédies
composées par ces poètes. ||La tragédie de Cinna,
d'Athalie, etc. la tragédie dont Cinna, Athalie, etc.
est le sujet. Le roi et toute lacour sont charmés de
la tragédie d'Esther, SÉV. 513. La tragédie de
Mérope, première pièce profane sans le secours
d'une passion amoureuse et qui fit à notre auteur
plus d'honneur qu'il n'en espérait, fut représentée
le 26 février -1743, VOLT. Comm. OEuv. aut. Henr.
Il Fig. Muse tragique. Ainsi,, pour nous charmer,
la Tragédie en pleurs D'OEdipe tout sanglant fit
parler les douleurs, BOIL. Art p. ni. || 2" Art de
TRA' 2295
composer, de jouer des tragédies; le genre tragi-
que. La tragédie, informe et grossière en naissant,
N'était qu'un simple choeur où chacun en dansant,
Et du dieu des raisins entonnant les louanges,
S'efforçait d'attirer de fertiles vendanges ; Là, la
vin et la joie éveillant les esprits, Du plus habile '
chantre un bouc était le prix, BOIL Art p. m. Je
ferais voir que, pour la tragédie, nous somines
beaucoup supérieurs aux Latins, qui ne sauraient
opposer à tant d'excellentes pièces tragiques que
nous avons en notre langue, que quelques décla-
mations plus pompeuses que raisonnables d'un
prétendu Sénèque, et un peu de bruit qu'ont fait
en leur temps le Thyeste de Varius et la Médée
d'Ovide, m. Lett. à Perrault. Thespis est regardé
comme l'inventeur de la tragédie; il est aisé de
juger combien dans, ces premiers temps elle était
grossière et imparfaite, ROLLIN, Hist. anc. liv. xxv,
ch. 1, 1, 2. Eschyle commença à perfectionner la
tragédie, et à la mettre en honneur; il donna à
ses acteurs un masque, un habit plus décent, une
chaussure plus haute appelée cothurne, et leur
construisit un petit théâtre, ID. ib. La tragédie est
encore plus faite pour être représentée.que pour être
lue, VOLT. Zulime, Lettre. On a beaucoup et trop
écrit depuis Aristote sur la tragédie; les deux
grandes règles sont que les personnages intéres-
sent, et que les vers soient bons, ID. Don Pèdre,
Disc. hist. Us [les modernes] ont fait de la
tragédie non pas le tableau des calamités de
l'homme esclave de la destinée, mais le tableau
des malheurs et des crimes de l'homme esclave
de ses passions; dès lors le ressort de l'action
tragique a été dans le coeur de l'homme, et tel
est le nouveau système dont Corneille est le
créateur, MARMONTEL, OEuv. t. x, p. 291. || 3° Fig.
Evénement funeste. La tragédie d'Angleterre
[l'exécution de Charles Ier], DESC. Lett. à Elisa-
beth, Rev. Germ. t. xxxi, p. 82. En un temps où la
fortune joue des tragédies par tous les endroits
de l'Europe, VOIT. Lett. 53. Nous verrons ce que
Dieu voudra représenter après cette tragédie [révo-
lution d'Angleterre], SÉV. 25 fév. 1685. L'homme
est celui des animaux qui est le plus né pour la
concorde, et l'homme est celui des animaux où
l'inimitié et la haine font de plus sanglantes
tragédies, BOSS. Sermons, Charité fratern. préamb
II [Louis le Débonnaire] envoie des gens pour ar-
rêter ceux qui avaient contribué au désordre de ses
soeurs; cela causa bien des tragédies, MONTESQ.
Esp. xxxi, 20. Que me parles-tu, Vallier, de rn'oc-
cuper à faire des tragédies? la tragédie court les
rues; si je mets les pieds hors de chez moi, j'ai
du sang jusqu'à la cheville, DÏÏCIS, Corresp. à
M. Vallier (sans date, mais pendant la terreur).
— HIST. xiv s. Malvestiés et injustices que l'on
raconte es tragédies, ORESME, Eth. 27. || xvr s.
Voyez vous quelles tragédies sont excitées par cer-
tains pastophores [prêtres] ? RAB. IV. Prol. de Vaut.
Cette tragédie [l'exécution de Horn et d'Egmont]
que le duc d'Albe nous feit voir à Bruxelle, MONT.
1, 30. Les tragédies latines de Bucanan, ID. I, 198.
— ÉTYM. Lat. tragoedia, de TpayçSia, de xpoeyoç,
bouc (voy. TRAGIQUE), et tp8ï), chant (voy. ODE).
TRAGÉDIEN, IENNE (tra-jé-diin, diè-n'), s. m.
et f. Il i" Acteur, actrice tragique. Un grand tra-
gédien. Une admirable tragédienne. || 2° Auteur de
tragédies (sens peu usité; on dit plutôt un tra-
gique). Apprends qu'un.bon tragédien est très-pro-
pre à être un très-bon historien, parce qu'il faut
dans toute histoire une exposition, un noeud, un
dénoûment et de l'intérêt, VOLT. Mél. litt. Lett. de
la Visclède.
— REM. Au xviie siècle, tragédien n'était pas
usité au sens d'acteur tragique. Aussi voyons-nous
qu'on se sert indifféremment de ce mot de comé-
die, pour qualifier tous les divertissements du
théâtre; on n'a jamais dit: les tragédiens, ni
allons à la tragédie, LA FONT. Psyché, 1, p. 92.
— HIST. XVIe s. Les chantres, menestriers, tra-
gédiens et commediens, tous par ordre, y exer-
cèrent leur mestier, J. D'AUTON, Ann. de Louis XII,
p. 170, dans LACURNE. ' .
TRAGI-COMÉDIE ( tia-ji-ko-mé-die ), s. f.
Il 1° Pièce de théâtre qui tient de la tragédie par
le sujet et les personnages, et de la comédie par
les incidents et le dénoûment. Dans ce temps-là
la tragi-comédie était assez à la mode, genre
mêlé, où l'on mettait un assez mauvais tragique
avec du comique qui ne valait guère mieux,
FONTEN. Vie de Corn. Euripide et Archippus
avaient traité ce sujet de tragi-comédie [Amphi-
tryon] chez les Grecs ; c'est une des pièces de
On tâche autant qu'on peut, dans son petit trafic, ï
gagner ses dépens en servant le public, REGNARD, le
Joueur, v, 2. Il faudrase souvenir que les marchands,
de quelque espèce qu'ils soient, ne font que le
commerce de commission, commerce que je nom-
merai quelquefois trafic, CONDIL. Comm. gouv. 1, B.
||Fig. Quel marché veut-il faire avec ce pauvre
homme? oh! l'admirable.trafic, le riche et pré-
cieux échange ! il veut avoir l'habit de ce pauvre,
et pour cela il lui donne le sien, BOSS. Panég.
St Franc. d'Assise, 1.1| 2" Fig. et en mauvaise
part, profit que l'on tire de certaines choses. Quel
trafic on fait aujourd'hui des bénéfices ! PASC.
Prov. vi. Ô mon Dieu.... depuis que vos ministres
eux-mêmes on ont fait [de votre maison] une mai-
son de trafic, d'ennui et d'avarice, MASS. Carême,
Temples. Ces hommes infâmes qui font un trafic
honteux de la vérité, n>. Pet. carême, Obstacles.
Il [Attila] envoyait à Constantinople ceux qu'il
voulait récompenser, afin qu'on les comblât de
biens, faisant,un trafic continuel de la frayeur
des Romains, MONTESQ. Rom. « 9., Je sais bien qu'il
y a des âmes aussi basses que jalouses qui pour-
ront me reprocher de rendre à M. de Saint-
Lambert éloges pour éloges, et de faire avec lui
trafic d'amour-propre, VOLT. Mél. litt. à M. Du-
pont. Il 3° Particulièrement, dans les chemins de
fer, transport des marchandises, par opposi-
tion au transport des voyageurs. H 4° Terme d'ar-
à le manier.
— HIST. xve s. Tant de trafiques Et sophistiques
Sçavez ferir, Que sans garir Faudra périr, Si vos
raisons sont autentiques, le Blason.des faulses
■amours, p. 234, dans LACURNE. ||xvie s. Les traffi-
ques-, tromperies, larrecins, rapacitez, lesquelles
ont exercé jusques ici les facteurs et traffiqueurs
des indulgences, CALV. Instit. 523. Il [Thaïes]
dressa une traficque qui dans un an rapporta telles
richesses qu'à peine.... MONT, I, -1*2. Avec petits
vaisseaux légers de coursaires ilz empeschoient
tout le trafic et entrecours de la marchandise,
AMYOT, P. Mm. 9.
— ÊTYM. Génev. trafi; prov. trafee, trafey ;
catal. trafag, trafic; espagn. trâfago, trâfico;
portug. trâfego, trâfico; ital. trâffico. On remar-
que qu'en espagnol, en portugais et en italien l'ac-
cent est sur la première syllabe. Diez, observant
que le portug. trasfegar, qui signifie transvaser,
signifie aussi trafiquer, et que le catal. trafag,
trafic, signifie aussi transvasement, conjecture
qu'on a là une composition de la préposition tra ou
iras, et fag, fec, fie, représentant le latin vices,
échange; vices ayant pris Vf, provenç. fetg, franc.
fois. La conjecture est plausible.
TRAFIQUANT (tra-fi-kan), s. m. Celui qui fait
le trafic. Un trafiquant sur mer, par bonheur, s'en-
richit, LA FONT. FaU. VH, 14. PierreValdo [qui fut
l'auteur des vaudois], marchand de Lyon, dans
une assemblée où il était selon la coutume avec
les autres trafiquants.... BOSS. Yar. xi, 78. J'ap-
pellerai trafiquant un marchand, lorsque, par une
suite d'échanges faits en différents pays, il pa-
raît commercer de tout, CONDIL. Comm, gouv. 1, B.
— REM. Il semblerait naturel d'écrire un trafi-
cant comme on écrit un fabricant, PAÏÏTEX.
TRAFIQUÉ, ÉE (tra-fi-ké, kée), part, passé de
trafiquer. Des billets trafiqués sur là place.
TRAFIQUER (tra-fi-ké), je trafiquais, nous trafi-
quions, vous trafiquiez ; que je trafique, que nous
trafiquions, que vous trafiquiez, v. n. || 1° Faire
trafic. Et sans peur du larron trafique le mar-
chand, RÉGNIER, Sat. 1. Il vendit son troupeau,
Trafiqua de l'argent, le mit entier sur l'eau, LA
FONT. Fabl. iv, 2. Ils nous regardèrent comme
des esclaves dont les Phéniciens trafiquaient, FÉN.
Tél. 11. Les Portugais trafiquèrent aux Indes en
conquérants, MONTESQ. Esp. xxi, 21. || 2" Fig. Faire
un profit illicite, malhonnête, honteux. Pour-moi
qui n'estime pas tant ma prose, je ne prétends point
d'en trafiquer, BALZ. liv. vi, lett. 3. De plus, que
Melpomène Souvent, sans déroger, trafique de sa
peine, LA FONT. Fabl. I, 14. Un vil amour du gain
infectant les esprits.... Trafiqua du discours et ven-
ditles paroles, BOIL. Art p. iv. Des amis vendus....
Qui, choisis par Néron pour ce commerce infâme,
Trafiquent avec lui des secrets de mon âme, RAC.
Brit. 1, 4. y 3* Fig. Avoir relation, commerce,
correspondance. Vous qui, depuis dix ans à la
cour attaché, Sur les seules douceurs [aux dames]
vous êtes retranché, Et qui, ne méditant que
conquêtes nouvelles, Trafiquiez sans scrupule
IRA -
avec toutes les belles ! HAOTER. Nobles de prov. 1,
6. Elle [Mme de Chaulnes] m'entretint deux heu-
res.... pour me conter toute leur conduite [d'elle
et de son mari].... elle sait que je trafiqué en plu-
sieurs endroits, et que je pouvais avoir été in-
struite par des gens "qui m'auraient dit le contraire,
SÉV. 27 oct. 1675. || IL se conjugue avec l'auxi-
liaire avoir. Il 4° V. a. Faire trafic de (peu usité en
cet emploi). Ils [les Juifs] achètent à vil prix' les
blés, les bestiaux, les denrées du pays, les trafi-
quent à Dantzik et en Allemagne, VOLT. Char-
les XII, 2. Il Négocier. Trafiquer une lettre de
change. || Fig. Ceux dont l'unique profession est
de vendre et d'acheter des billets publics sur les
nouvelles heureuses et malheureuses qu'on débite,
et de trafiquer la crainte et l'espérance, VOLT. Dict.
phil. Économie. Embrasez-vous, autels! rentrent
dans la poussière, Avec leur idole grossière, Tous
ces tyrans sacrés qui trafiquent l'erreur, GILB. le
Jubilé. De quel droit, trahissant les droits de la na-
ture, Trafiquaient-ils le monde et la race future ? LE-
BRUN, dans Alman. des muses pour! 791, p. 169.
— HIST. xvi' s. Tous gens vivans de la soude
[solde] et de la' guerre, comme ceulx qui ne sça-
voient ni labourer la terre ny traffiqùer sur mer,
AMYOT, P. jEm. l8. Pour directeur de ceste entre-
prise [la conjuration d'Amboise] a esté commis un
gentilhomme nommé la Renauldie, homme d'es-
prit, remuant, qui par cidevant a esprouvé diver-
ses fortunes ; cestuy a couru par tout le royaume,
et traffiqué le coeur de plusieurs, PASQUIER, Lett.
t. 1, p. 179.
— ÉTYM. Trafic; espagn. traficar, trafagar; por-
tug. trafaguear; ital. traficare. •
t TRAFUSOIR (tra-fu-zoir), s. m. Machine pour
séparer les écheveaux de fil ou de soie.
TRAGACANTHE (tra-ga-kan-tf), s. f. Nom donné
à plusieurs arbrisseaux du genre astragale qui
produisent la gomme adragant.
— ÉTYM. TpctYâxocvSa, de rpâyoç, bouc, et
axavôa, épine.
TRAGÉD'IE (tra-jé-die), s. f. || 1" Pièce de théâ-
tre en vers, dans laquelle figurent des person-
nages illustres, dont le but est d'exciter la terreur
et la pitié, et qui se termine ordinairement par
un événement funeste. Le bonhomme Pyrante
disait que vous étiez en philosophie, qu'il n'é-
tait encore qu'en cinquième, et qu'à la tragédie
du collège il jouait Cupidon quand vous repré-
sentiez l'empereur, HADTEROCHE, Crispin méd. 1, 1.
La première de toutes les tragédies françaises est
la Cléopatre de Jodelle; elle est d'une simplicité
fort convenable à son ancienneté, FONTEN. Hist.
Théât. fr. OEuv. t. nr,p. 52. Il faut toujours dans une
tragédie, que l'on craigne, qu'on espère à chaque
scène, VOLT. Lett. d'Argental, 18 nov. 1768. Nous
apprenons qu'il s'élève une petite secte de bar-
bares qui veut qu'on ne fasse désormais des tra-
gédies qu'en prose, ID. Dict. phil. Rime. De tous
les plaisirs de l'âme, je tiens que le premier
est- une tragédie bien jouée, m. Lett. Landgr.
Hesse-Cassél, 7 avr. 1764. On fait une tragédie,
ma chère nièce, en trois semaines, il n'y a rien de
plus aisé ; mais, en trois semaines, on ne l'achève
pas, ID. Lett. Mme de Fontaine, il juin 1761. J'a-
vais cru que Racine serait ma consolation [à son
commentaire sur Corneille] ; mais il est mon dés-
espoir; c'est le comble de l'insolence de faire une
tragédie après ce grand homme-là, ID. Lett. d'Ar-
gental, 26 févr. 1763. Une tragédie est une expé-
rience sur le coeur humain; et cette expérience
ne réussit pas toujours, même entre les mains
des plus habiles, CONDORCET, Yie de Voltaire.
Euclide avait tâché de réunir toutes les tragé-
dies, comédies et satyres que depuis près de deux
cents ans on a représentées sur les théâtres de la
Grèce et de la Sicile; il en possédait environ
trois mille, BARTHÉL. Anach. ch. 80. Mon petit
neveu, vous me garderez une loge pour votre
tragédie de société; je me sens en train de rire,
PICARD, Vieille tante, 1, 7. ||Les tragédies de So-
phocle, de Corneille, de Racine, etc. les tragédies
composées par ces poètes. ||La tragédie de Cinna,
d'Athalie, etc. la tragédie dont Cinna, Athalie, etc.
est le sujet. Le roi et toute lacour sont charmés de
la tragédie d'Esther, SÉV. 513. La tragédie de
Mérope, première pièce profane sans le secours
d'une passion amoureuse et qui fit à notre auteur
plus d'honneur qu'il n'en espérait, fut représentée
le 26 février -1743, VOLT. Comm. OEuv. aut. Henr.
Il Fig. Muse tragique. Ainsi,, pour nous charmer,
la Tragédie en pleurs D'OEdipe tout sanglant fit
parler les douleurs, BOIL. Art p. ni. || 2" Art de
TRA' 2295
composer, de jouer des tragédies; le genre tragi-
que. La tragédie, informe et grossière en naissant,
N'était qu'un simple choeur où chacun en dansant,
Et du dieu des raisins entonnant les louanges,
S'efforçait d'attirer de fertiles vendanges ; Là, la
vin et la joie éveillant les esprits, Du plus habile '
chantre un bouc était le prix, BOIL Art p. m. Je
ferais voir que, pour la tragédie, nous somines
beaucoup supérieurs aux Latins, qui ne sauraient
opposer à tant d'excellentes pièces tragiques que
nous avons en notre langue, que quelques décla-
mations plus pompeuses que raisonnables d'un
prétendu Sénèque, et un peu de bruit qu'ont fait
en leur temps le Thyeste de Varius et la Médée
d'Ovide, m. Lett. à Perrault. Thespis est regardé
comme l'inventeur de la tragédie; il est aisé de
juger combien dans, ces premiers temps elle était
grossière et imparfaite, ROLLIN, Hist. anc. liv. xxv,
ch. 1, 1, 2. Eschyle commença à perfectionner la
tragédie, et à la mettre en honneur; il donna à
ses acteurs un masque, un habit plus décent, une
chaussure plus haute appelée cothurne, et leur
construisit un petit théâtre, ID. ib. La tragédie est
encore plus faite pour être représentée.que pour être
lue, VOLT. Zulime, Lettre. On a beaucoup et trop
écrit depuis Aristote sur la tragédie; les deux
grandes règles sont que les personnages intéres-
sent, et que les vers soient bons, ID. Don Pèdre,
Disc. hist. Us [les modernes] ont fait de la
tragédie non pas le tableau des calamités de
l'homme esclave de la destinée, mais le tableau
des malheurs et des crimes de l'homme esclave
de ses passions; dès lors le ressort de l'action
tragique a été dans le coeur de l'homme, et tel
est le nouveau système dont Corneille est le
créateur, MARMONTEL, OEuv. t. x, p. 291. || 3° Fig.
Evénement funeste. La tragédie d'Angleterre
[l'exécution de Charles Ier], DESC. Lett. à Elisa-
beth, Rev. Germ. t. xxxi, p. 82. En un temps où la
fortune joue des tragédies par tous les endroits
de l'Europe, VOIT. Lett. 53. Nous verrons ce que
Dieu voudra représenter après cette tragédie [révo-
lution d'Angleterre], SÉV. 25 fév. 1685. L'homme
est celui des animaux qui est le plus né pour la
concorde, et l'homme est celui des animaux où
l'inimitié et la haine font de plus sanglantes
tragédies, BOSS. Sermons, Charité fratern. préamb
II [Louis le Débonnaire] envoie des gens pour ar-
rêter ceux qui avaient contribué au désordre de ses
soeurs; cela causa bien des tragédies, MONTESQ.
Esp. xxxi, 20. Que me parles-tu, Vallier, de rn'oc-
cuper à faire des tragédies? la tragédie court les
rues; si je mets les pieds hors de chez moi, j'ai
du sang jusqu'à la cheville, DÏÏCIS, Corresp. à
M. Vallier (sans date, mais pendant la terreur).
— HIST. xiv s. Malvestiés et injustices que l'on
raconte es tragédies, ORESME, Eth. 27. || xvr s.
Voyez vous quelles tragédies sont excitées par cer-
tains pastophores [prêtres] ? RAB. IV. Prol. de Vaut.
Cette tragédie [l'exécution de Horn et d'Egmont]
que le duc d'Albe nous feit voir à Bruxelle, MONT.
1, 30. Les tragédies latines de Bucanan, ID. I, 198.
— ÉTYM. Lat. tragoedia, de TpayçSia, de xpoeyoç,
bouc (voy. TRAGIQUE), et tp8ï), chant (voy. ODE).
TRAGÉDIEN, IENNE (tra-jé-diin, diè-n'), s. m.
et f. Il i" Acteur, actrice tragique. Un grand tra-
gédien. Une admirable tragédienne. || 2° Auteur de
tragédies (sens peu usité; on dit plutôt un tra-
gique). Apprends qu'un.bon tragédien est très-pro-
pre à être un très-bon historien, parce qu'il faut
dans toute histoire une exposition, un noeud, un
dénoûment et de l'intérêt, VOLT. Mél. litt. Lett. de
la Visclède.
— REM. Au xviie siècle, tragédien n'était pas
usité au sens d'acteur tragique. Aussi voyons-nous
qu'on se sert indifféremment de ce mot de comé-
die, pour qualifier tous les divertissements du
théâtre; on n'a jamais dit: les tragédiens, ni
allons à la tragédie, LA FONT. Psyché, 1, p. 92.
— HIST. XVIe s. Les chantres, menestriers, tra-
gédiens et commediens, tous par ordre, y exer-
cèrent leur mestier, J. D'AUTON, Ann. de Louis XII,
p. 170, dans LACURNE. ' .
TRAGI-COMÉDIE ( tia-ji-ko-mé-die ), s. f.
Il 1° Pièce de théâtre qui tient de la tragédie par
le sujet et les personnages, et de la comédie par
les incidents et le dénoûment. Dans ce temps-là
la tragi-comédie était assez à la mode, genre
mêlé, où l'on mettait un assez mauvais tragique
avec du comique qui ne valait guère mieux,
FONTEN. Vie de Corn. Euripide et Archippus
avaient traité ce sujet de tragi-comédie [Amphi-
tryon] chez les Grecs ; c'est une des pièces de
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