TOU
D'un tournoi de bassette ordonner les apprêts,
BOIL. Saf. x. || 2° Fig. Tournoi de paroles, assaut en-
tre des orateurs, des parleurs. Dans tous les mélo-
drames, on réserve une scène à effet pour ces
deux acteurs à forte poitrine ; c'est un beau tour-
noi de paroles; l'un fait sonner toutes lesr, l'autre
toutes les s, TH. GAUTIER, Hist. de l'art dramatique,
t. r, p. 24.
— HIST. xme s. Un tournoi [il] fait crier, que
plus n'i veut atendre, AUDEFR. LE BAST. Roman-
cero, p. 47. || nv° s. Ceulx qui vont as tournez,
ORESME, Éth. 79. || xve s. i tant il recouvra son
lieaulme et s'en arma, puis dist à Norgal : Sire
chevalier, se vous sçavez riens que dire à ceste
jouste, venez autournoy, si en prenez sur moi ven-
geance au trenchant de l'espée, Perceforest, t. v,
f" 23. Adonc les suivirent environ deux cens cheva-
liers, tant qu'ilz vindreht en la place ; lors se vou-
lurent par bendes partir; mais Paustonnet les
destourna, disant que le tournoy estoit commun, et
que chascun fist du mieux qu'il pourroit; à ces
paroles appella chascun son compaignon de la
jouste, et commencèrent le tournoy fort et puis-
sant, ib. t. iv, f° 4 58. Luy tout seul et ung sien
cousin maintenoient le tournoy [combat véritable],
et se deffendirent, Lancelot du lac, t. m, f" 40,
dans LACURNE. Trop je connois Vos durs tournois
Et vostre luyte, le Blason des faulces amours,
p. 240, dans LACURNE. Il xvi" s. Joustes, tournoys,
courses de bagues, CARLOIX, II, 4.
— ÉTYM. Substantif verbal de tournoyer ; pro-
venç. tornei; catal. tornesi; espagn. torneo; por-
tug. torneios, torneos; ital. torneo.
TOURNOIEMENT ou TOURNOÎMENT (tour-
noi-man), s. m. || 1° Action de ce qui tournoie.
Les gouffres ne sont que des tournoiements d'eau
qui sont produits par des courants opposés, et les
ouragans ne sont que des tourbillons ou tournoie-
ments d'air produits par des vents contraires, BUFF.
Théorie de la terre, preuves, art. xv. || Fig. Heu-
reux ceux qui voient le bouleversement et le tour-
noiement des choses humaines ! NICOLE, Essais,
t. vin, 2e part. p. 4 76, dans POUGENS. |l 2° Tournoie-
ment de tête, indisposition du cerveau, durant
laquelle il semble que tous les objets tournent.
Ce qu'il y a de plaisant dans mon goût pour les
lieux escarpés, est qu'ils me font tourner la tête ;
et j'aime beaucoup ce tournoiement, pourvu que
je sois en sûreté, J. J. ROOSS. Confess. iv. || 3° Sy-
nonyme de tournis.
— HIST. un" s. Et avint un jour que chevalier
de son lignage aloient au tournoiement [tournoi],
Chron. de Rains, 8venus d'ung tournoiement, Où il ot faite pour
s'amie Mainte jouste et mainte envaïe [assaut], la
Rose, -1190. || xiv" s. Certains esbatemens et exer-
citations comme seroient par aventure-tournoie-
mens, ORESME, Eth. 89. ||xve s. Commencèrent les
Anglois à mener forte guerre, et faire plusieurs
courseB et tournoiemens ou païs de Bretaigne,
MONSTREL. t. il, p. 36. || xvi° s. Un esblouissement
.et tournoyement de teste, MONT, n, 301.
. — ÊTYM., Tournoyer; provenç. torneiament, tor-
neyamen; ital. tomeamento, torniamento.
f TOURNOIR (tour-noir), s. m. Bâton qui meut
le tour du potier d'étain.
fTOURNOIRE (tour-noi-r'}, s. f. Moulin à carton.
TOURNOIS (tour-noî), adj. invar. || 1° Il s'est dit
de la monnaie qui se frappait à Tours, plus faible
d'un cinquième que celle qui se frappait à Paris.
|| Il s'est dit ensuite des livres valant vingt sous, à
la différence des livres parisis qui en valaient
vingt-cinq, et des sous valant douze deniers, à
la différence des sous parisis qui en valaient quinze.
Des sous, des livres tournois. || 2° Substantivement.
Posséder trois bénéfices pour douze tournois, trois
ducats et six carlins, VOLT. Moeurs, 427.
— HIST. xaf s. Ou se Pierres dist que ce fust
parisis qu'il presta, et li tesmoing dient que ce
furent tornois ou autre monnoie, BEAUMAN. XL, 9.
Et m'avint ainsi que, quant je arivai en Cypre, il
ne me fu demouré de remenant que xn vins [240]
livres de tournois, ma nef paiée, JOINV. 244. ||xvi° s.
Taxons et modérons leurs salaires pour chascune
journée à la somme de huit sols parisis au pays
de parisis, et de huit sols tournois au pays de
tournois, Gr. coust. de France, liv. i, ch. 5, p. 44.
— ■ ÉTYM. Lat. turonensis, de la cité de Tours.
t TOURNOYANT, ANTE (tour-ho-ian, ian-t';
d'autres disent : tour-noi-ian, ian-t'), adj. || 1° Qui
fait plusieurs tours. Le roitelet troglodyte, ayant
quelquefois reçu le nom de trochilos à cause de
*on vol tournoyant, BUFF. Ois. t. xvi, p. 291 Dès
TOU
lors on ne vit plus que lignes ondoyantes, Que
sentiers tortueux, que routes tournoyantes, DELILLE,
Jard. iv. || 2° Oui présente un tournoiement. Les
eaux tournoyantes sont dangereuses. Après quoi
la flamme ondoyante Fut dans l'air longtemps
tournoyante, SCARR. Yirg. vn. Un flot tournoyant,
v. HUGO, Orient. 33. || 3" Épithète donnée à une
plante singulière, l'hédysare tourno^'ant, dont les
deux folioles latérales exécutent sans "cesse et
d'elles-mêmes des mouvements successifs d'éléva-
tion et d'abaissement autour du pétiole.
TOURNOYER (tour-no-ié; quelques-uns disent :
tour-noi-ié), ». n. Il se conjugue comme employer,
|j 1° Tourner en faisant plusieurs tours. Les grands
chemins qui tournoient entre des montagnes,
DESC. lléth. n, 2. Ainsi jamais il n'est la proie Du
lion toujours rugissant, Qui, pour surprendre l'in-
nocent, Tout à l'entour de lui tournoie, CORN.
Imit. i, 13. C'est comme dans une forêj, après
avoir longtemps tournoyé parmi des sentiers em-
barrassés, se retrouver au point d'où on était parti,
BOSS. 5e avert. 59. Il voit les tristes bords du
fleuve marécageux dont les eaux bourbeuses et
dormantes ne font que tournoyer, FÉN. Tél. xvm.
Démocrite, Épicure et Lucrèce, avec leurs atomes
déclinant dans le vide, étaient pour le moins
aussi enfants que Descartes avec ses tourbillons
tournoyant dans le plein, VOLT. Systèmes, not.
Les mains cherchent les mains ; soudain la ronde
immense Comme un ouragan sombre en tour-
noyant commence, v. HUGO, Ballades, Sabbat.
|| 2° Fig. et familièrement. Biaiser, chercher des
détours. C'est en vain qu'on tournoie : il en faut
venir à reconnaître le consentement à sa perte
[à la damnation], BOSS. Préf. sur l'instr. past. de
M. de Cambrai, 20. || Il se conjugue avec l'auxi-
liaire avoir.
— REM. Saint-Simon l'a employé activement, au
sens d'écarter : On n'entendait plus parler du
prince Louis, depuis qu'on l'avait tournoyé et
laissé de côté, 4 4 s, 32.
— HIST. xn" s. Contre le ciel [il] va moult bien
torniant Son fort espié.... Ronc. p. 37. || xrn° s. Et
dirai dou roi Richart qui fu preus et hardi.... et
venoit tournoyer es marches de France et de
Poito, Chr. de Rains, p. 17. Ou sus charbon ou
sur greïlles, Ou tournoies à grans chevilles,
Comme Yxion, à tranchans roes Que maufé [les
diables] tornent à lor poes [pattes], la Rose, 19480.
Si te puisse tornoier fièvre, Uen. 21202. Ma feme
het le tornoier [n'aime pas que j'aille au tournois],
Poésies mss. avant 1300, t. ni, p. 4270, dans LA-
CURNE. J'irai as paiens tornoier [combattre], Par-
tonop. v. 2071. Et se parti de Cambaluc, et ala
bien quatre moys de journées vers ponent; et
pour ce vous conterai tout es que il vit en celîe
voie alant et tournoyant, MARC POL, p. 348. || XIVe s.
Il [le renard] fuit en tournoyant, Modus, f" XL.
|| xv° s. Entandis que le chevalier tournoyoit au roy
escossois, Perceforest, t. n, f° 449. Auquel jour il
seroit lui quarantiesme de nobles hommes, mon-
tez et armez chascun la lance et l'espée au poing,
et icelles espées seroient rabattues et les pointes
coupées, pour courre la lance contre autres qua-
rante qui y viendraient, et puis tournoyer des dites
espées, MATH, DE COUCY, Hist. de Ch. VII, p. 679,
dans LACURNE. || xvi" s. J'ai mieux aimé au coin
d'une maison Du ciel apprendre et l'ordre et la
raison.... Que, tournoyant la terre pas à pas, Voir
tout le monde et ne l'entendre pas, ST GEL. 216.
Et lui dirent qu'ilz sçavoient un chemin tour-
noyant que les ennemis ne gardoient point,
AMYOT, Flam. 6. Il mect, entre l'historien et celui
qui fait chose digne d'histoire, pareille différence
qu'entre le héraut, ou trompette, et le tournoyant
en la lice, M. DUBELL. Prol. La colique se fait par-
une contorsion, c'est à dire que les boyaux s'en-
tortillent et tournoyent, de sorte.... PARÉ, XV,
65 bis. Le vin se verse, et l'escumeuse couppe De
main en main tournoyé par la troupe, RONS. 627.
Tournoyant et flottant dans cette mer vaste, trou-
ble et ondoyante des opinions humaines, MONT.
n, 266.
— ÉTYM. Dérivé de tourner; provenç. torneiar,
tornegar, torniar; catal. tornejar; espagn. tor-
near; ital. torniare.
f TOURNOYEUR (tour-no-ieur), s. m. Celui qui
prend part à un tournoi. Si quelque chevalier avait
mal parlé des dames, les autres tournoyeurs le
battaient de leurs épées, VOLT. Moeurs, 99.
— HIST. XHI° s. Tornoieur, vos, que atendeiz,
Qui la terre ne deffendeiz, Qui est à vostre créa-
teur? RUTEB. 62. Ains est si très bons chevaliers^
TOU 2283
Si membrez et si porveans, Si tornoierres, si jos-
tans, Partonop. mss. de St-Germain, f° 4 64, dans
LACURNE. H xive s. Il a en France un tel proverbe :
De bon tourneeur çouart guerrier, ORESME, Éth. 7».
—ÉTYM. Tournoyer; provenç. torneyare (au nomi-
natif), torneyaior (au régime); espagn. torneador.
TOURNURE (tour-nu-r'), s. f. || 1° Ce qui tombe
quand on façonne un objet au tour. L'oxyde de cui-
vre étant mêlé de tournure de ce métal, SÉRULLAS,
Instit. Mém. Acad. scienc. t. xi, p. 4 93. || 2° La forme
donnée au fer à cheval pour qu'il s'ajuste,sur le
pied en en suivant les contour.;. || 3° Terme de
cuisine. Bande que le cuisinier ou le ' confiseur
détache de la surface d'un légume ou d'un fruit.
|| 4° Fig. Manière dont une personne est tournée,
taille, habitude de corps. Voilà un soldat d'une
bonne tournure; locution de la cour, DE CAILLÈRES,
4 690.11 y a de certaines tournures d'hommes qu'on
n'oublie point, MARIV. l'Épreuve, se. 4. Il est véri-
tablement d'une fort jolie tournure, GENLIS, Ad. et
Th. t. n, p. 461. Que t'en semble? quelle tour-
nure? Ils sont bien généreux vraiment De montrer
gratis des figures Qu'on irait voir pour de l'ar-
gent, SCRIBE et GERM. DELAVIGNE, Somnambule,
i, 9. || 5" Fig. Manière de tourner,, de présenter
les choses. Il est vrai, dit " le jeune comte,
qui revenait de l'armée, qu'ils donnent à tout ce
qu'ils disent des tournures admirables.... je sais
qu'on dit fort bien : M. un tel a l'esprit bien ou
mal tourné, et que c'est une façon de parler quo
l'usage a appliquée, dans un sens figuré, aux choses
spirituelles ; mais cela ne conclut pas qu'on puisse
se servir du terme de tournure dans le même
sens; la tournure est un terme de mécanique qui
ne signifie autre chose que l'action, l'ouvrage des
tourneurs; ainsi je suis d'avis qu'on le rende à co
métier, et qu'on cesse de lui faire un vol qui me
paraît plus propre à avilir notre langue qu'à l'en-
richir, CAILLÈRES, Mots à la mode, Convers. 4r". Je
sais la tournure qu'il faut donner à ce -qui vient
d'arriver, MARIV. Marianne, 3e part. || Manière dont
les choses se présentent. Je vis la tournure et le
ton que prenait la plaisanterie, MARMONTEL, Mém.
vu. L'affaire prit une mauvaise tournure, GENLIS,
Yeill. du chdt. t. i, p. 633, dans POUGENS. || Malgré
la condamnation de Caillères, tournure s'est éta-
bli en ce sens. || 6° Fig. Manière d'être en parlant
de l'esprit. Son esprit est d'une agréable tournure.
Je fis part de mon projet à mon amie; elle avait
aussi une tournure d'esprit romanesque, GENLIS,
Mères riv. t. m, p. 265, dans POUGENS. || Tournure
d'esprit a été blâmé par BOUHOURS, NOUV. remar-
ques (ce qui n'a pas empêché le met de réussir) :
« Il y en a qui disent tournure d'esprit. Il faut
laisser ce langage aux précieux et aux précieuses.
Ce mot est venu trop tard pour réussir. X quoi
bon dire tournure quand nous avons tour.' »
11 7° Il se dit de l'arrangement des mots. Tournure
de phrase. Cette tournure est élégante. La tour-
nure d'un vers. || 8° Bande d'étoffe raide ou em-
pesée que les femmes mettent autour de leurs reins,
pour faire bouffer la robe à cet endroit. Cette dame
a mis trop de tournure. || Fig. Chacun [hommes de
lettres prenant un pseudonj jae] arrangeait un
peu son nom, pour lui donner plus de tournure.
TH. GAUTIER, dans le Bien public, 4 0 mars 4 872.
— HIST. xve s. Guillotin Barbes avoit getté et
mis certaines pierres au no du moulin à fouler
draps.... en telle manière que ledit moulin et la
tourneure d'icellui en estaient empeschez, DU
CANGE, torneura. ||xvie s. S la tournure [présure]
des chevreaux et aignaux, pour en faire de bonne
présure, ajouste-on un peu de saffran, de gingem-
bre et de poivre pulvérisé, avec bonne quantité
de sel, o. DE SERRES, 285.
— ÉTYM. Tourner.
t TOUROUTIER (tou-rou-tié), s. m. Nom vul-
gaire du sterculia ivira, sterculiacées.
t TOURQUE (tour-k'), s. /. Mesure pour charger
les minerais.
t TOURRETTE (tou-rè-tf), s, f. Genre de mous-
ses. || Nom français du genre turritis, crucifères.
4. TOURTE (tour-f), s. f. || 1° Se dit, dans quel-
ques provinces, d'un'pain en forme de disque. Une
tourte de pain bis. Une tourte de pain blanc.
|| 2° Pièce de pâtisserie, dans laquelle on met des
viandes, du poisson, etc. et qu'on sert chaude.
En mangeant une tourte de pigeons, SÉV. 273.
Mon appétit s'ouvre, Et mon oeil découvre Les
portes d'un Louvre En tourte arrondi, BÉRANG.
Cocagne. || 3° II se dit quelquefois abusivement
pour tarte. Elle ordonna à son grand écuyer de lui
faire une tourte de confitures, VOLT. Zadig, 48.
D'un tournoi de bassette ordonner les apprêts,
BOIL. Saf. x. || 2° Fig. Tournoi de paroles, assaut en-
tre des orateurs, des parleurs. Dans tous les mélo-
drames, on réserve une scène à effet pour ces
deux acteurs à forte poitrine ; c'est un beau tour-
noi de paroles; l'un fait sonner toutes lesr, l'autre
toutes les s, TH. GAUTIER, Hist. de l'art dramatique,
t. r, p. 24.
— HIST. xme s. Un tournoi [il] fait crier, que
plus n'i veut atendre, AUDEFR. LE BAST. Roman-
cero, p. 47. || nv° s. Ceulx qui vont as tournez,
ORESME, Éth. 79. || xve s. i tant il recouvra son
lieaulme et s'en arma, puis dist à Norgal : Sire
chevalier, se vous sçavez riens que dire à ceste
jouste, venez autournoy, si en prenez sur moi ven-
geance au trenchant de l'espée, Perceforest, t. v,
f" 23. Adonc les suivirent environ deux cens cheva-
liers, tant qu'ilz vindreht en la place ; lors se vou-
lurent par bendes partir; mais Paustonnet les
destourna, disant que le tournoy estoit commun, et
que chascun fist du mieux qu'il pourroit; à ces
paroles appella chascun son compaignon de la
jouste, et commencèrent le tournoy fort et puis-
sant, ib. t. iv, f° 4 58. Luy tout seul et ung sien
cousin maintenoient le tournoy [combat véritable],
et se deffendirent, Lancelot du lac, t. m, f" 40,
dans LACURNE. Trop je connois Vos durs tournois
Et vostre luyte, le Blason des faulces amours,
p. 240, dans LACURNE. Il xvi" s. Joustes, tournoys,
courses de bagues, CARLOIX, II, 4.
— ÉTYM. Substantif verbal de tournoyer ; pro-
venç. tornei; catal. tornesi; espagn. torneo; por-
tug. torneios, torneos; ital. torneo.
TOURNOIEMENT ou TOURNOÎMENT (tour-
noi-man), s. m. || 1° Action de ce qui tournoie.
Les gouffres ne sont que des tournoiements d'eau
qui sont produits par des courants opposés, et les
ouragans ne sont que des tourbillons ou tournoie-
ments d'air produits par des vents contraires, BUFF.
Théorie de la terre, preuves, art. xv. || Fig. Heu-
reux ceux qui voient le bouleversement et le tour-
noiement des choses humaines ! NICOLE, Essais,
t. vin, 2e part. p. 4 76, dans POUGENS. |l 2° Tournoie-
ment de tête, indisposition du cerveau, durant
laquelle il semble que tous les objets tournent.
Ce qu'il y a de plaisant dans mon goût pour les
lieux escarpés, est qu'ils me font tourner la tête ;
et j'aime beaucoup ce tournoiement, pourvu que
je sois en sûreté, J. J. ROOSS. Confess. iv. || 3° Sy-
nonyme de tournis.
— HIST. un" s. Et avint un jour que chevalier
de son lignage aloient au tournoiement [tournoi],
Chron. de Rains, 8
s'amie Mainte jouste et mainte envaïe [assaut], la
Rose, -1190. || xiv" s. Certains esbatemens et exer-
citations comme seroient par aventure-tournoie-
mens, ORESME, Eth. 89. ||xve s. Commencèrent les
Anglois à mener forte guerre, et faire plusieurs
courseB et tournoiemens ou païs de Bretaigne,
MONSTREL. t. il, p. 36. || xvi° s. Un esblouissement
.et tournoyement de teste, MONT, n, 301.
. — ÊTYM., Tournoyer; provenç. torneiament, tor-
neyamen; ital. tomeamento, torniamento.
f TOURNOIR (tour-noir), s. m. Bâton qui meut
le tour du potier d'étain.
fTOURNOIRE (tour-noi-r'}, s. f. Moulin à carton.
TOURNOIS (tour-noî), adj. invar. || 1° Il s'est dit
de la monnaie qui se frappait à Tours, plus faible
d'un cinquième que celle qui se frappait à Paris.
|| Il s'est dit ensuite des livres valant vingt sous, à
la différence des livres parisis qui en valaient
vingt-cinq, et des sous valant douze deniers, à
la différence des sous parisis qui en valaient quinze.
Des sous, des livres tournois. || 2° Substantivement.
Posséder trois bénéfices pour douze tournois, trois
ducats et six carlins, VOLT. Moeurs, 427.
— HIST. xaf s. Ou se Pierres dist que ce fust
parisis qu'il presta, et li tesmoing dient que ce
furent tornois ou autre monnoie, BEAUMAN. XL, 9.
Et m'avint ainsi que, quant je arivai en Cypre, il
ne me fu demouré de remenant que xn vins [240]
livres de tournois, ma nef paiée, JOINV. 244. ||xvi° s.
Taxons et modérons leurs salaires pour chascune
journée à la somme de huit sols parisis au pays
de parisis, et de huit sols tournois au pays de
tournois, Gr. coust. de France, liv. i, ch. 5, p. 44.
— ■ ÉTYM. Lat. turonensis, de la cité de Tours.
t TOURNOYANT, ANTE (tour-ho-ian, ian-t';
d'autres disent : tour-noi-ian, ian-t'), adj. || 1° Qui
fait plusieurs tours. Le roitelet troglodyte, ayant
quelquefois reçu le nom de trochilos à cause de
*on vol tournoyant, BUFF. Ois. t. xvi, p. 291 Dès
TOU
lors on ne vit plus que lignes ondoyantes, Que
sentiers tortueux, que routes tournoyantes, DELILLE,
Jard. iv. || 2° Oui présente un tournoiement. Les
eaux tournoyantes sont dangereuses. Après quoi
la flamme ondoyante Fut dans l'air longtemps
tournoyante, SCARR. Yirg. vn. Un flot tournoyant,
v. HUGO, Orient. 33. || 3" Épithète donnée à une
plante singulière, l'hédysare tourno^'ant, dont les
deux folioles latérales exécutent sans "cesse et
d'elles-mêmes des mouvements successifs d'éléva-
tion et d'abaissement autour du pétiole.
TOURNOYER (tour-no-ié; quelques-uns disent :
tour-noi-ié), ». n. Il se conjugue comme employer,
|j 1° Tourner en faisant plusieurs tours. Les grands
chemins qui tournoient entre des montagnes,
DESC. lléth. n, 2. Ainsi jamais il n'est la proie Du
lion toujours rugissant, Qui, pour surprendre l'in-
nocent, Tout à l'entour de lui tournoie, CORN.
Imit. i, 13. C'est comme dans une forêj, après
avoir longtemps tournoyé parmi des sentiers em-
barrassés, se retrouver au point d'où on était parti,
BOSS. 5e avert. 59. Il voit les tristes bords du
fleuve marécageux dont les eaux bourbeuses et
dormantes ne font que tournoyer, FÉN. Tél. xvm.
Démocrite, Épicure et Lucrèce, avec leurs atomes
déclinant dans le vide, étaient pour le moins
aussi enfants que Descartes avec ses tourbillons
tournoyant dans le plein, VOLT. Systèmes, not.
Les mains cherchent les mains ; soudain la ronde
immense Comme un ouragan sombre en tour-
noyant commence, v. HUGO, Ballades, Sabbat.
|| 2° Fig. et familièrement. Biaiser, chercher des
détours. C'est en vain qu'on tournoie : il en faut
venir à reconnaître le consentement à sa perte
[à la damnation], BOSS. Préf. sur l'instr. past. de
M. de Cambrai, 20. || Il se conjugue avec l'auxi-
liaire avoir.
— REM. Saint-Simon l'a employé activement, au
sens d'écarter : On n'entendait plus parler du
prince Louis, depuis qu'on l'avait tournoyé et
laissé de côté, 4 4 s, 32.
— HIST. xn" s. Contre le ciel [il] va moult bien
torniant Son fort espié.... Ronc. p. 37. || xrn° s. Et
dirai dou roi Richart qui fu preus et hardi.... et
venoit tournoyer es marches de France et de
Poito, Chr. de Rains, p. 17. Ou sus charbon ou
sur greïlles, Ou tournoies à grans chevilles,
Comme Yxion, à tranchans roes Que maufé [les
diables] tornent à lor poes [pattes], la Rose, 19480.
Si te puisse tornoier fièvre, Uen. 21202. Ma feme
het le tornoier [n'aime pas que j'aille au tournois],
Poésies mss. avant 1300, t. ni, p. 4270, dans LA-
CURNE. J'irai as paiens tornoier [combattre], Par-
tonop. v. 2071. Et se parti de Cambaluc, et ala
bien quatre moys de journées vers ponent; et
pour ce vous conterai tout es que il vit en celîe
voie alant et tournoyant, MARC POL, p. 348. || XIVe s.
Il [le renard] fuit en tournoyant, Modus, f" XL.
|| xv° s. Entandis que le chevalier tournoyoit au roy
escossois, Perceforest, t. n, f° 449. Auquel jour il
seroit lui quarantiesme de nobles hommes, mon-
tez et armez chascun la lance et l'espée au poing,
et icelles espées seroient rabattues et les pointes
coupées, pour courre la lance contre autres qua-
rante qui y viendraient, et puis tournoyer des dites
espées, MATH, DE COUCY, Hist. de Ch. VII, p. 679,
dans LACURNE. || xvi" s. J'ai mieux aimé au coin
d'une maison Du ciel apprendre et l'ordre et la
raison.... Que, tournoyant la terre pas à pas, Voir
tout le monde et ne l'entendre pas, ST GEL. 216.
Et lui dirent qu'ilz sçavoient un chemin tour-
noyant que les ennemis ne gardoient point,
AMYOT, Flam. 6. Il mect, entre l'historien et celui
qui fait chose digne d'histoire, pareille différence
qu'entre le héraut, ou trompette, et le tournoyant
en la lice, M. DUBELL. Prol. La colique se fait par-
une contorsion, c'est à dire que les boyaux s'en-
tortillent et tournoyent, de sorte.... PARÉ, XV,
65 bis. Le vin se verse, et l'escumeuse couppe De
main en main tournoyé par la troupe, RONS. 627.
Tournoyant et flottant dans cette mer vaste, trou-
ble et ondoyante des opinions humaines, MONT.
n, 266.
— ÉTYM. Dérivé de tourner; provenç. torneiar,
tornegar, torniar; catal. tornejar; espagn. tor-
near; ital. torniare.
f TOURNOYEUR (tour-no-ieur), s. m. Celui qui
prend part à un tournoi. Si quelque chevalier avait
mal parlé des dames, les autres tournoyeurs le
battaient de leurs épées, VOLT. Moeurs, 99.
— HIST. XHI° s. Tornoieur, vos, que atendeiz,
Qui la terre ne deffendeiz, Qui est à vostre créa-
teur? RUTEB. 62. Ains est si très bons chevaliers^
TOU 2283
Si membrez et si porveans, Si tornoierres, si jos-
tans, Partonop. mss. de St-Germain, f° 4 64, dans
LACURNE. H xive s. Il a en France un tel proverbe :
De bon tourneeur çouart guerrier, ORESME, Éth. 7».
—ÉTYM. Tournoyer; provenç. torneyare (au nomi-
natif), torneyaior (au régime); espagn. torneador.
TOURNURE (tour-nu-r'), s. f. || 1° Ce qui tombe
quand on façonne un objet au tour. L'oxyde de cui-
vre étant mêlé de tournure de ce métal, SÉRULLAS,
Instit. Mém. Acad. scienc. t. xi, p. 4 93. || 2° La forme
donnée au fer à cheval pour qu'il s'ajuste,sur le
pied en en suivant les contour.;. || 3° Terme de
cuisine. Bande que le cuisinier ou le ' confiseur
détache de la surface d'un légume ou d'un fruit.
|| 4° Fig. Manière dont une personne est tournée,
taille, habitude de corps. Voilà un soldat d'une
bonne tournure; locution de la cour, DE CAILLÈRES,
4 690.11 y a de certaines tournures d'hommes qu'on
n'oublie point, MARIV. l'Épreuve, se. 4. Il est véri-
tablement d'une fort jolie tournure, GENLIS, Ad. et
Th. t. n, p. 461. Que t'en semble? quelle tour-
nure? Ils sont bien généreux vraiment De montrer
gratis des figures Qu'on irait voir pour de l'ar-
gent, SCRIBE et GERM. DELAVIGNE, Somnambule,
i, 9. || 5" Fig. Manière de tourner,, de présenter
les choses. Il est vrai, dit " le jeune comte,
qui revenait de l'armée, qu'ils donnent à tout ce
qu'ils disent des tournures admirables.... je sais
qu'on dit fort bien : M. un tel a l'esprit bien ou
mal tourné, et que c'est une façon de parler quo
l'usage a appliquée, dans un sens figuré, aux choses
spirituelles ; mais cela ne conclut pas qu'on puisse
se servir du terme de tournure dans le même
sens; la tournure est un terme de mécanique qui
ne signifie autre chose que l'action, l'ouvrage des
tourneurs; ainsi je suis d'avis qu'on le rende à co
métier, et qu'on cesse de lui faire un vol qui me
paraît plus propre à avilir notre langue qu'à l'en-
richir, CAILLÈRES, Mots à la mode, Convers. 4r". Je
sais la tournure qu'il faut donner à ce -qui vient
d'arriver, MARIV. Marianne, 3e part. || Manière dont
les choses se présentent. Je vis la tournure et le
ton que prenait la plaisanterie, MARMONTEL, Mém.
vu. L'affaire prit une mauvaise tournure, GENLIS,
Yeill. du chdt. t. i, p. 633, dans POUGENS. || Malgré
la condamnation de Caillères, tournure s'est éta-
bli en ce sens. || 6° Fig. Manière d'être en parlant
de l'esprit. Son esprit est d'une agréable tournure.
Je fis part de mon projet à mon amie; elle avait
aussi une tournure d'esprit romanesque, GENLIS,
Mères riv. t. m, p. 265, dans POUGENS. || Tournure
d'esprit a été blâmé par BOUHOURS, NOUV. remar-
ques (ce qui n'a pas empêché le met de réussir) :
« Il y en a qui disent tournure d'esprit. Il faut
laisser ce langage aux précieux et aux précieuses.
Ce mot est venu trop tard pour réussir. X quoi
bon dire tournure quand nous avons tour.' »
11 7° Il se dit de l'arrangement des mots. Tournure
de phrase. Cette tournure est élégante. La tour-
nure d'un vers. || 8° Bande d'étoffe raide ou em-
pesée que les femmes mettent autour de leurs reins,
pour faire bouffer la robe à cet endroit. Cette dame
a mis trop de tournure. || Fig. Chacun [hommes de
lettres prenant un pseudonj jae] arrangeait un
peu son nom, pour lui donner plus de tournure.
TH. GAUTIER, dans le Bien public, 4 0 mars 4 872.
— HIST. xve s. Guillotin Barbes avoit getté et
mis certaines pierres au no du moulin à fouler
draps.... en telle manière que ledit moulin et la
tourneure d'icellui en estaient empeschez, DU
CANGE, torneura. ||xvie s. S la tournure [présure]
des chevreaux et aignaux, pour en faire de bonne
présure, ajouste-on un peu de saffran, de gingem-
bre et de poivre pulvérisé, avec bonne quantité
de sel, o. DE SERRES, 285.
— ÉTYM. Tourner.
t TOUROUTIER (tou-rou-tié), s. m. Nom vul-
gaire du sterculia ivira, sterculiacées.
t TOURQUE (tour-k'), s. /. Mesure pour charger
les minerais.
t TOURRETTE (tou-rè-tf), s, f. Genre de mous-
ses. || Nom français du genre turritis, crucifères.
4. TOURTE (tour-f), s. f. || 1° Se dit, dans quel-
ques provinces, d'un'pain en forme de disque. Une
tourte de pain bis. Une tourte de pain blanc.
|| 2° Pièce de pâtisserie, dans laquelle on met des
viandes, du poisson, etc. et qu'on sert chaude.
En mangeant une tourte de pigeons, SÉV. 273.
Mon appétit s'ouvre, Et mon oeil découvre Les
portes d'un Louvre En tourte arrondi, BÉRANG.
Cocagne. || 3° II se dit quelquefois abusivement
pour tarte. Elle ordonna à son grand écuyer de lui
faire une tourte de confitures, VOLT. Zadig, 48.
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