TOR
Fall. xn, 10. || 4° S. m. Serpent du- genre
boa.
— HIST. XIVe s. Pourquoi les pertuis de ces os
furent tortus es oreilles, H. DE MONDEVILLE, P 14.
|| xvi" s. L'aviron semble tortu dans l'eau, MONT, n,
352, H les chassa d'une ardeur de courage incon-
sidérée jusques dedans des chemins tortus, plan-
tez d'arbres et fossoyez de larges fossez, AMYOT,
Arat. 45. Par ainsi la bouche et autres parties de
la face demeureront tortues, PAKE, VIII, 21. Tortue
busche fait droict feu, COTGRAVE.
— ÉTYM. Tortu représente une forme latine fic-
tive tortutus, dérivé de tortus, l'action de tordre,
de torquere (voy.. TORDRE).
TORTUE (tor-tue), s. f. \\ l'Animal amphibie à
quatre pieds, qui marche fort lentement, et dont
le corps est couvert d'un têt, d'une écaille (fa-
mille de la classe des reptiles). Tortue de mer.
Tortue de terre. Soupe à la tortue. Écaille de tor-
tue. Il laisse la tortue Aller son train de séna-
teur; Elle part," elle s'évertue : Elle se hâte avec
lenteur, LA FONT. Fall. vi, to. Nos gens y prirent
une tortue du poids environ de deux cents livres,
BOUGAINV. Foy.t. il, p. 251. ||Pasde tortue, marche
très-lente. Marchez donc ; la, quel pas de tortue !
TH. CORN. Comt. d'Orgueil,m, 9. || S pas de tortue,
en tortue, comme une tortue, très-lentement. Faire
les doux yeux sans parler, C'est faire l'amour en
tortue, RÉGNIER, Amour, tr. Quand mes lettres vont
comme des tortues par la tranquille voie du mes-
sager, SÉV. 3 avr. 1 675. Il partit le plus tard qu'il
put et marcha à pas de tortue, ST-SIM. 109,Voyez où en sont Cyrus et Aronce au commence-
ment du premier tome [du roman de Cyrus, par
Mlle de Scudéry] ; cependant ces héros, avec leurs
pas de tortue, ne laissent pas d'arriver au dou-
zième, FONTEN. Lait. gai. 8. Le mal a des ailes, et
le bien va à pas de tortue, VOLT. Lett. 'SGravesande,
■1736. || 2° Espèce d'abri" ou'de toit que les Ro-
mains formaient en tenant leurs boucliers réunis
au-dessus de leurs têtes, pour se couvrir en ap-
prochant du pied de la muraille d'une ville assié-
gée. Ayant mis leurs boucliers sur leurs têtes, ils
s'avancèrent ainsi en tortue, sans que ni les traits
ni les tuiles pussent leur nuire en aucune façon,
ROLLIN, Hist. anc. (Eu», t. vin, p. 34 7. || Machine
de guerre, montée sur des roues et couverte, à
l'abri de laquelle on pouvait s'avancer jusqu'au
pied des murailles d'une ville assiégée. || 3° Us-
tensile pour la coction de certains mets, jj Terme
de cuisine. Tête de veau en tortue, c'est-à-dire à
la financière. || 4° Constellation qu'on appelle aussi
la Lyre. || 5° Terme de marine. Embarcation qu'on
emploie pour traverser un bras de mei || 6" Petite
tortue ou vanesse, sorte de papillon.
— HIST. xnie s. D'un home pereceus je dirai :
ce est une » tortue, BRUN, LATINI, Trésor, p. 487.
]| xvi" s. Testudo, maladie ainsi appelée, à cause
que les patiens ont une apostume à la teste, sem-
blable à une tortue, PARÉ, Introd.n. Bélier, vi-
gnes, tortues, balistes, m. ix. Préf. La tortue,
quand elle a mangé de la vipère, MONT, n, 171.
— ÉTYM. Tortu, la bête ayant été ainsi nom-
mée parce qu'elle a les pieds tortus; provenç. et
espagn. tortuga.
TORTUE, ÉE (tor-tu-é, ée), part, passé de tor-
tuer. Tige droite etnonpastortuée, GRIMM, Corresp.
t. II, p. 473.
TORTUER (tor-tu-é), je tortuais, nous tor-
tuions, vous tortuiez; que je tortue, que nous tor-
tuions, que vous tortuiez, v, a.\\ i° Rendre tortu.
|| 2° Se tortuer, v.. rêfl. Devenir tortu.
— ÉTYM. Tortu.
TORTUEUSEMENT (tor-tu-eû-ze-man), adv.
D'une manière tortueuse. Cette armée, qui part
du sentier étroit qu'on a pratiqué sur le sommet
des roches, et qui conduit laborieusement et tor-
tueusement les hommes du haut de ces roches sur
le pont qui les unit au château, DIDER. Salon de
■1705, OEuv. t. XIII, p. -164, dans POUGENS. Celui
qui bassement et tortueusement Se venge... v.
HUGO, Ruy Blas, i, 2.
— HIST. xive s. Les pierres se fendent tortueu-
ement, ORESME, Thèse de MEUNIER.
— ÉTYM. Tortueuse, et le suffixe ment ; provenç.
ortuosament; espagn. tortuosamente.
^TORTUEUX, EUSE(tor-tu-eû,eû-z'), adj. || 1° Qui
est courbé plusieurs fois en différents sens. Com-
bien de fois [M. de Montausier] arrêta-t-il une
flatterie qui, comme un serpent tortueux, allait se
glisser dans son âme [du Dauphin]! FLÉCH. M. de
Mont. Le prélat et sa troupe à pas tumultueux
Descendaient du Palais l'escalier tortueux, BOIL.
TOR
Lutr. v. Sa croupe se recourbe en replis tortueux,
RAC. Phèdre, v, 6. Si les rivières sont tortueuses,
leurs bords, qui les arrêtent à l'endroit des sinuo-
sités, font élever les eaux, et leur donnent plus de
force pour les ronger eux-mêmes et pour les per-
cer, FONTEN. Guglielmini. Elles [les lois] ressem-
blent à nos villes bâties irrégulièrement au ha-
sard, mêlées de palais et de chaumières dans des
rues étroites et tortueuses, VOLT. Lett, à Cathe-
rine II, 20 juillet -1770. Les possessions qu'ils [les
flibustiers] occupèrent sur une côte tortueuse se
trouvèrent enveloppées par Cuba, la Jamaïque, les
Turques, RAYNAL, Hist. phil. xm, 46. De ses bras
tortueux la vigne les embrasse [les ormeaux], DE-
LILLE, Par. perdu, iv. || Fig. Esprit humain, abîme
infini.... tu as des conduites si enveloppées, des
retraites si profondes et si tortueuses.... BOSS. Ser-
mons, Prédicat. 2. Le système général des sciences
et des arts est une espèce de labyrinthe, de chemin
tortueux, où l'esprit s'engage sans trop connaître
la roule qu'il doit tenir, D'ALEMB. OEUV. t. i,
p. 230. Ne serait-il pas raisonnable d'éviter la
route tortueuse des échanges, et de faire arriver
chaque chose à sa destination par la ligne la plus
droite? RAYNAL, Hist. phil. xiv, 47. j| 2° Fig. Qui
est contraire à la netteté, à la franchise, à la droi-
ture. Une marche, une conduite tortueuse. Des
voies tortueuses. De quelque belle apparence que
l'iniquité se couvrît, il en pénétrait les détours, et
d'abord il savait connaître, même sous les fleurs,
la marche tortueuse de ce serpent, BOSS. le Tellier.
Je rougis d'écrire ces choses, et les docteurs qui
les écrivent en avaient boute; c'est ce qu'on voit
dans tout leur discours tortueux et embarrassé,
ID. Var. vi, 6, Le chemin de la justice n'est pas
de ces chemins tortueux qui ressemblent à dés la-
byrinthes où on craint toujours de se perdre,
ID. 2° sermon, Dimanche de la Passion, 2.
— SYN. SINUEUX, TORTUEUX. Dans la chose si-
nueuse, on considère surtout les enfoncements ;
dans la chose tortueuse, on considère surtout les
plis et replis.
— HIST. xiv" s. Un pertuis tortueux, n. DE MONDE-
VILLE, fe -19, verso. Ligne courve et tortueuse,
ORESME, Thèse de MEUNIER. || xvie s. Qui eslongné
du droit sentier Suyt la tortueuse carrière....
DU BELLAY, III, 90, Verso.
— ÉTYM. Provenç. tortuos; espagn. et ital. tor-
tuoso; du lat. tortuosus, dérivé du substantif tor-
tus, action de tordre, de torquere (voy. TORDRE).
TORTUOSITÉ (tor-tu-ô-zi-lé), s', f. État de ce qui
est tortueux. Dans les inextricables tortuosités de
ce labyrinthe, i. J. ROUSS. Ém. n. || Fig. Quoique je
fusse peu ébloui d'autre chose que du mérite des
maréchaux de Brissac, des exploits et des services
du premier, de la science de cour, des tortuosités,
de la valeur du second, ST-SIM. -153, 230. Le parle-
ment crut qu'en faisant arrêter Pommereu, il
trouverait le bout d'un fil qui le conduirait en bien
des tortuosités curieuses et secrètes, ID. 460, 32.
— HIST. xive s. Par sa longue demeure [du son]
es dites tortuosités [de l'oreille] est apeticée l'ex-
cellence [intensité] de lui, H. DE MONDEVILLE, fM4.
|| xvie s. Il a forme, en longueur et tortuosité, d'un
petit serpent, PARÉ, Introd. 21. Demeurant ce bout
[de la corne] net et poli sans tortuosité, o. DE
SERRES, 296.
— ÉTYM. Prov. torluositat; esp. tortuosidad; du
lat. tortuositatem, de tortuosus, tortueux.
f TORTURANT, ANTE (tor-tu-ran, ran-t'), adj.
Qui- torture. Les remords torturants.
TORTURE tor-tu-r'), s. f. || Ie Action de tordre,
contorsion. Ce sont apparemment ces bizarres atti-
tudes et ces tortures naturelles qui ont ancienne-
ment frappé les yeux de la superstition, quand
elle adopta cet oiseau [le torcol] dans le: enchan-
tements, BUFF. Ois. t. xm, p. \ 29.112" Tourment,
supplice. La torture, le fer et la flamme t'attend,
BOTR. St Gen. n, 2. La Providence nous met quel-
quefois à la torture, en y. employant la pierre,
la gravelle, la goutte, le déchirement d'entrailles,
les convulsions, et autres exécutions des vengeances
de la Providence, VOLT. Dict. phil. Torture. || 3° Par-
ticulièrement. Tourment auquel on soumettait un
accusé pour en obtenir des révélations; question.
La torture a été abolie en France par Louis XVI en
■l 780. Quoiqu'il y ait peu d'articles de jurisprudence
dans ces honnêtes réflexions alphabétiques, il faut
pourtant dire un mot de la torture, autrement
nommée question; «'est une étrange manière de
questionner les hommes; ce ne sont pourtant point
de simples curieux qui,,Vont inventée, ID. Dict.
phil. Torture. Il [un conseiller de la Tournelle] se
TOR 2263
donne le plaisir de l'appliquer [un accusé] à 1»
grande et à la petite torture, en présence d'un
chirurgien qui lui tâte le pouls, jusqu'à ce qu'il
soit en danger de mort,.après quoi on .recom-
mence; et, comme dit très-bien la comédie des
Plaideurs, cela fait toujours passer une heure ou
deux, ID. I&. Les Romains n'infligèrent la torture
qu'aux esclaves, ID. ib. En quoi était-il nécessaire
qu'on coupât la main et la langue au chevalier
de la Barre, -qu'on l'appliquât à la torture ordi-
naire et extraordinaire, et qu'on le brûlât tout
vif? ID. Dict. phil. Supplices. Il est aussi absurde
d'infliger la torture pour parvenir à la connais-
sance d'un crime, qu'il était absurde d'ordonner
autrefois le duel pour juger un coupable, ra. Dict.
phil. Question. On prétend qu'en faisant donner
la torture aux accusés, il [Louis XI] était caché
derrière une jalousie, pour entendre les interro-
gatoires, DUCLOS, OEuv. t. m, p. 368. On les met-
tait [les esclaves] à la torture pour la moindre
faute; ils pouvaient être punis de mort sans
l'intervention du magistrat, RAYNAL, Hist. phil.
xi, 24. || 3e Fig. Peine vive, tourment. Mettra-t-on
tous les jours mon âme à la torture ? ROTR. Vencesl.
m, 3. Ce qui m'est un sujet d'éternelle torture,
C'est de voir.... MOL. D. Gare, m, 2. ||4" Par exa-
gération. Embarras, effort pénible. Tandis que ses
discours me donnent la torture, RÉGNIER, Sat. vin.
Et déjà vous croyez dans vos rimes obscures Aux
Saumaises futurs préparer des tortures, BOIL. Sat. ix.
]| Mettre quelqu'un à la torture, lui causer un
embarras pénible ou une vive impatience. || On dit
dans le même sens : être à la torture. || Mettre son
esprit à la torture, donner la torture à son esprit,
se donner la torture, être à la torture, s'occuper de
quelque chose avec une grande contention d'esprit.
Nicias, qui ignorait la ruse et la tromperie d'Alci-
biade, ne pouvait concevoir un changement si
étrange, et se.donnait la torture pour en chercher la
raison, ROLLIN, Hist. anc. OEuv. t. m, p. 605, dans POU-
GENS. J'ai beau donner la torture à mon esprit, je
ne devine point le sujet de plaintes que vous pou-
vez avoir contre moi, LESAGE, Crisp. riv. de son
maître, se. 12. || 5" Fig. Action de fausser quelque
chose. Il est question présentement de la volonté
de Dieu et de la vôtre [pour un voyage à Paris],
ma fille, ne lui donnez point la torture, SÉV,
30oct. -1676. || Particulièrement. Violence faite aux
textes, aux mots. Ces auteurs ont corrompu tous
les sens et donné la torture à tous les passages,
MONTESQ. Lett. pers. 134. [Ils] Mettaient la langue
à la torture, Et triomphaient de n'être pas com-
pris, DELILLE, Convers. m.
— HIST. XII° s. Ne à ceste fieie ne mist mie li
peires en respit la torture, comme faisoit al fil;
carli peires aimet' lo fil, ST BERN. 523. ||xives. Tor-
ture [distorsion] des eux [yeux], des oreilles, des
lèvres et semblables, H. DE MONDEVILLE, f" 66.
j| xvie s. Au coupable il semble [suivant les dé-
fenseurs de la question] qu'elle [la conscience] ayde
à la torture pour lui faire confesser sa faulte, et
qu'elle l'affoiblisse ; et de Faultre part, qu'elle for-
tifie l'innocent contre la torture, MONT, II, 47.
— ÉTYM. Prov. esp. et it. tortura ; du lat. tortura,
de tortum, supin de torquere, torturer et tordre.
TORTURÉ, ÉE (tor-tu-ré, rée), part, passé de
torturer. Et sous nos yeux l'innocent Calas torturé
par les bourreaux n'eût point péri sur la roue,-
i. J. ROUSS. Lett. à l'archev. de Paris.
TORTURER (tor-tu-ré), v. a. || i° Faire éprouver la '
torture, soumettre à la question. Les brigands l'ont
torturé pour lui faire dire où était son argent. || Fig.
Causer une vive peine morale. Vous me torturez.
Une voix qui serre le coeur, qui torture l'âme, LA
HARPE, Cours de litt. t. x, p. 10. || 2° Fig. Torturer
un texte, un mot, lui donner une interprétation
forcée, un sens contraire à celui qu'il a.
—HIST. xvie s. Avoir les os rompus, desboités
et torturés [tortus], PARÉ, XIX, -12.
— ÉTYM. Torture.
t TORULE (to-ru-1'), s. m. Terme de zoologie.
Cavité dans laquelle est implantée la base de
chaque antenne des insectes.
— ÉTYM. Lat. torus, lit, qui est pour storus; com-
parezle sanscr.-sîara, couche, ar6pvu|Ai, lat. sternere.
j TORULEUX, EUSE (to-ru-leû, leû-z'), adj.
Terme d'histoire naturelle. Qui est renflé de dis-
tance en distance.
— ÉTYM. Dérivé de torus, renflement (voy. TORE).
TORY (to-ri), s. m. Nom donné en Angleterre
primitivement aux partisans de Charles II, et qui
est resté un parti politique soutenant la pré-
rogative royale et les principes conservateurs. Les
Fall. xn, 10. || 4° S. m. Serpent du- genre
boa.
— HIST. XIVe s. Pourquoi les pertuis de ces os
furent tortus es oreilles, H. DE MONDEVILLE, P 14.
|| xvi" s. L'aviron semble tortu dans l'eau, MONT, n,
352, H les chassa d'une ardeur de courage incon-
sidérée jusques dedans des chemins tortus, plan-
tez d'arbres et fossoyez de larges fossez, AMYOT,
Arat. 45. Par ainsi la bouche et autres parties de
la face demeureront tortues, PAKE, VIII, 21. Tortue
busche fait droict feu, COTGRAVE.
— ÉTYM. Tortu représente une forme latine fic-
tive tortutus, dérivé de tortus, l'action de tordre,
de torquere (voy.. TORDRE).
TORTUE (tor-tue), s. f. \\ l'Animal amphibie à
quatre pieds, qui marche fort lentement, et dont
le corps est couvert d'un têt, d'une écaille (fa-
mille de la classe des reptiles). Tortue de mer.
Tortue de terre. Soupe à la tortue. Écaille de tor-
tue. Il laisse la tortue Aller son train de séna-
teur; Elle part," elle s'évertue : Elle se hâte avec
lenteur, LA FONT. Fall. vi, to. Nos gens y prirent
une tortue du poids environ de deux cents livres,
BOUGAINV. Foy.t. il, p. 251. ||Pasde tortue, marche
très-lente. Marchez donc ; la, quel pas de tortue !
TH. CORN. Comt. d'Orgueil,m, 9. || S pas de tortue,
en tortue, comme une tortue, très-lentement. Faire
les doux yeux sans parler, C'est faire l'amour en
tortue, RÉGNIER, Amour, tr. Quand mes lettres vont
comme des tortues par la tranquille voie du mes-
sager, SÉV. 3 avr. 1 675. Il partit le plus tard qu'il
put et marcha à pas de tortue, ST-SIM. 109,
ment du premier tome [du roman de Cyrus, par
Mlle de Scudéry] ; cependant ces héros, avec leurs
pas de tortue, ne laissent pas d'arriver au dou-
zième, FONTEN. Lait. gai. 8. Le mal a des ailes, et
le bien va à pas de tortue, VOLT. Lett. 'SGravesande,
■1736. || 2° Espèce d'abri" ou'de toit que les Ro-
mains formaient en tenant leurs boucliers réunis
au-dessus de leurs têtes, pour se couvrir en ap-
prochant du pied de la muraille d'une ville assié-
gée. Ayant mis leurs boucliers sur leurs têtes, ils
s'avancèrent ainsi en tortue, sans que ni les traits
ni les tuiles pussent leur nuire en aucune façon,
ROLLIN, Hist. anc. (Eu», t. vin, p. 34 7. || Machine
de guerre, montée sur des roues et couverte, à
l'abri de laquelle on pouvait s'avancer jusqu'au
pied des murailles d'une ville assiégée. || 3° Us-
tensile pour la coction de certains mets, jj Terme
de cuisine. Tête de veau en tortue, c'est-à-dire à
la financière. || 4° Constellation qu'on appelle aussi
la Lyre. || 5° Terme de marine. Embarcation qu'on
emploie pour traverser un bras de mei || 6" Petite
tortue ou vanesse, sorte de papillon.
— HIST. xnie s. D'un home pereceus je dirai :
ce est une » tortue, BRUN, LATINI, Trésor, p. 487.
]| xvi" s. Testudo, maladie ainsi appelée, à cause
que les patiens ont une apostume à la teste, sem-
blable à une tortue, PARÉ, Introd.n. Bélier, vi-
gnes, tortues, balistes, m. ix. Préf. La tortue,
quand elle a mangé de la vipère, MONT, n, 171.
— ÉTYM. Tortu, la bête ayant été ainsi nom-
mée parce qu'elle a les pieds tortus; provenç. et
espagn. tortuga.
TORTUE, ÉE (tor-tu-é, ée), part, passé de tor-
tuer. Tige droite etnonpastortuée, GRIMM, Corresp.
t. II, p. 473.
TORTUER (tor-tu-é), je tortuais, nous tor-
tuions, vous tortuiez; que je tortue, que nous tor-
tuions, que vous tortuiez, v, a.\\ i° Rendre tortu.
|| 2° Se tortuer, v.. rêfl. Devenir tortu.
— ÉTYM. Tortu.
TORTUEUSEMENT (tor-tu-eû-ze-man), adv.
D'une manière tortueuse. Cette armée, qui part
du sentier étroit qu'on a pratiqué sur le sommet
des roches, et qui conduit laborieusement et tor-
tueusement les hommes du haut de ces roches sur
le pont qui les unit au château, DIDER. Salon de
■1705, OEuv. t. XIII, p. -164, dans POUGENS. Celui
qui bassement et tortueusement Se venge... v.
HUGO, Ruy Blas, i, 2.
— HIST. xive s. Les pierres se fendent tortueu-
ement, ORESME, Thèse de MEUNIER.
— ÉTYM. Tortueuse, et le suffixe ment ; provenç.
ortuosament; espagn. tortuosamente.
^TORTUEUX, EUSE(tor-tu-eû,eû-z'), adj. || 1° Qui
est courbé plusieurs fois en différents sens. Com-
bien de fois [M. de Montausier] arrêta-t-il une
flatterie qui, comme un serpent tortueux, allait se
glisser dans son âme [du Dauphin]! FLÉCH. M. de
Mont. Le prélat et sa troupe à pas tumultueux
Descendaient du Palais l'escalier tortueux, BOIL.
TOR
Lutr. v. Sa croupe se recourbe en replis tortueux,
RAC. Phèdre, v, 6. Si les rivières sont tortueuses,
leurs bords, qui les arrêtent à l'endroit des sinuo-
sités, font élever les eaux, et leur donnent plus de
force pour les ronger eux-mêmes et pour les per-
cer, FONTEN. Guglielmini. Elles [les lois] ressem-
blent à nos villes bâties irrégulièrement au ha-
sard, mêlées de palais et de chaumières dans des
rues étroites et tortueuses, VOLT. Lett, à Cathe-
rine II, 20 juillet -1770. Les possessions qu'ils [les
flibustiers] occupèrent sur une côte tortueuse se
trouvèrent enveloppées par Cuba, la Jamaïque, les
Turques, RAYNAL, Hist. phil. xm, 46. De ses bras
tortueux la vigne les embrasse [les ormeaux], DE-
LILLE, Par. perdu, iv. || Fig. Esprit humain, abîme
infini.... tu as des conduites si enveloppées, des
retraites si profondes et si tortueuses.... BOSS. Ser-
mons, Prédicat. 2. Le système général des sciences
et des arts est une espèce de labyrinthe, de chemin
tortueux, où l'esprit s'engage sans trop connaître
la roule qu'il doit tenir, D'ALEMB. OEUV. t. i,
p. 230. Ne serait-il pas raisonnable d'éviter la
route tortueuse des échanges, et de faire arriver
chaque chose à sa destination par la ligne la plus
droite? RAYNAL, Hist. phil. xiv, 47. j| 2° Fig. Qui
est contraire à la netteté, à la franchise, à la droi-
ture. Une marche, une conduite tortueuse. Des
voies tortueuses. De quelque belle apparence que
l'iniquité se couvrît, il en pénétrait les détours, et
d'abord il savait connaître, même sous les fleurs,
la marche tortueuse de ce serpent, BOSS. le Tellier.
Je rougis d'écrire ces choses, et les docteurs qui
les écrivent en avaient boute; c'est ce qu'on voit
dans tout leur discours tortueux et embarrassé,
ID. Var. vi, 6, Le chemin de la justice n'est pas
de ces chemins tortueux qui ressemblent à dés la-
byrinthes où on craint toujours de se perdre,
ID. 2° sermon, Dimanche de la Passion, 2.
— SYN. SINUEUX, TORTUEUX. Dans la chose si-
nueuse, on considère surtout les enfoncements ;
dans la chose tortueuse, on considère surtout les
plis et replis.
— HIST. xiv" s. Un pertuis tortueux, n. DE MONDE-
VILLE, fe -19, verso. Ligne courve et tortueuse,
ORESME, Thèse de MEUNIER. || xvie s. Qui eslongné
du droit sentier Suyt la tortueuse carrière....
DU BELLAY, III, 90, Verso.
— ÉTYM. Provenç. tortuos; espagn. et ital. tor-
tuoso; du lat. tortuosus, dérivé du substantif tor-
tus, action de tordre, de torquere (voy. TORDRE).
TORTUOSITÉ (tor-tu-ô-zi-lé), s', f. État de ce qui
est tortueux. Dans les inextricables tortuosités de
ce labyrinthe, i. J. ROUSS. Ém. n. || Fig. Quoique je
fusse peu ébloui d'autre chose que du mérite des
maréchaux de Brissac, des exploits et des services
du premier, de la science de cour, des tortuosités,
de la valeur du second, ST-SIM. -153, 230. Le parle-
ment crut qu'en faisant arrêter Pommereu, il
trouverait le bout d'un fil qui le conduirait en bien
des tortuosités curieuses et secrètes, ID. 460, 32.
— HIST. xive s. Par sa longue demeure [du son]
es dites tortuosités [de l'oreille] est apeticée l'ex-
cellence [intensité] de lui, H. DE MONDEVILLE, fM4.
|| xvie s. Il a forme, en longueur et tortuosité, d'un
petit serpent, PARÉ, Introd. 21. Demeurant ce bout
[de la corne] net et poli sans tortuosité, o. DE
SERRES, 296.
— ÉTYM. Prov. torluositat; esp. tortuosidad; du
lat. tortuositatem, de tortuosus, tortueux.
f TORTURANT, ANTE (tor-tu-ran, ran-t'), adj.
Qui- torture. Les remords torturants.
TORTURE tor-tu-r'), s. f. || Ie Action de tordre,
contorsion. Ce sont apparemment ces bizarres atti-
tudes et ces tortures naturelles qui ont ancienne-
ment frappé les yeux de la superstition, quand
elle adopta cet oiseau [le torcol] dans le: enchan-
tements, BUFF. Ois. t. xm, p. \ 29.112" Tourment,
supplice. La torture, le fer et la flamme t'attend,
BOTR. St Gen. n, 2. La Providence nous met quel-
quefois à la torture, en y. employant la pierre,
la gravelle, la goutte, le déchirement d'entrailles,
les convulsions, et autres exécutions des vengeances
de la Providence, VOLT. Dict. phil. Torture. || 3° Par-
ticulièrement. Tourment auquel on soumettait un
accusé pour en obtenir des révélations; question.
La torture a été abolie en France par Louis XVI en
■l 780. Quoiqu'il y ait peu d'articles de jurisprudence
dans ces honnêtes réflexions alphabétiques, il faut
pourtant dire un mot de la torture, autrement
nommée question; «'est une étrange manière de
questionner les hommes; ce ne sont pourtant point
de simples curieux qui,,Vont inventée, ID. Dict.
phil. Torture. Il [un conseiller de la Tournelle] se
TOR 2263
donne le plaisir de l'appliquer [un accusé] à 1»
grande et à la petite torture, en présence d'un
chirurgien qui lui tâte le pouls, jusqu'à ce qu'il
soit en danger de mort,.après quoi on .recom-
mence; et, comme dit très-bien la comédie des
Plaideurs, cela fait toujours passer une heure ou
deux, ID. I&. Les Romains n'infligèrent la torture
qu'aux esclaves, ID. ib. En quoi était-il nécessaire
qu'on coupât la main et la langue au chevalier
de la Barre, -qu'on l'appliquât à la torture ordi-
naire et extraordinaire, et qu'on le brûlât tout
vif? ID. Dict. phil. Supplices. Il est aussi absurde
d'infliger la torture pour parvenir à la connais-
sance d'un crime, qu'il était absurde d'ordonner
autrefois le duel pour juger un coupable, ra. Dict.
phil. Question. On prétend qu'en faisant donner
la torture aux accusés, il [Louis XI] était caché
derrière une jalousie, pour entendre les interro-
gatoires, DUCLOS, OEuv. t. m, p. 368. On les met-
tait [les esclaves] à la torture pour la moindre
faute; ils pouvaient être punis de mort sans
l'intervention du magistrat, RAYNAL, Hist. phil.
xi, 24. || 3e Fig. Peine vive, tourment. Mettra-t-on
tous les jours mon âme à la torture ? ROTR. Vencesl.
m, 3. Ce qui m'est un sujet d'éternelle torture,
C'est de voir.... MOL. D. Gare, m, 2. ||4" Par exa-
gération. Embarras, effort pénible. Tandis que ses
discours me donnent la torture, RÉGNIER, Sat. vin.
Et déjà vous croyez dans vos rimes obscures Aux
Saumaises futurs préparer des tortures, BOIL. Sat. ix.
]| Mettre quelqu'un à la torture, lui causer un
embarras pénible ou une vive impatience. || On dit
dans le même sens : être à la torture. || Mettre son
esprit à la torture, donner la torture à son esprit,
se donner la torture, être à la torture, s'occuper de
quelque chose avec une grande contention d'esprit.
Nicias, qui ignorait la ruse et la tromperie d'Alci-
biade, ne pouvait concevoir un changement si
étrange, et se.donnait la torture pour en chercher la
raison, ROLLIN, Hist. anc. OEuv. t. m, p. 605, dans POU-
GENS. J'ai beau donner la torture à mon esprit, je
ne devine point le sujet de plaintes que vous pou-
vez avoir contre moi, LESAGE, Crisp. riv. de son
maître, se. 12. || 5" Fig. Action de fausser quelque
chose. Il est question présentement de la volonté
de Dieu et de la vôtre [pour un voyage à Paris],
ma fille, ne lui donnez point la torture, SÉV,
30oct. -1676. || Particulièrement. Violence faite aux
textes, aux mots. Ces auteurs ont corrompu tous
les sens et donné la torture à tous les passages,
MONTESQ. Lett. pers. 134. [Ils] Mettaient la langue
à la torture, Et triomphaient de n'être pas com-
pris, DELILLE, Convers. m.
— HIST. XII° s. Ne à ceste fieie ne mist mie li
peires en respit la torture, comme faisoit al fil;
carli peires aimet' lo fil, ST BERN. 523. ||xives. Tor-
ture [distorsion] des eux [yeux], des oreilles, des
lèvres et semblables, H. DE MONDEVILLE, f" 66.
j| xvie s. Au coupable il semble [suivant les dé-
fenseurs de la question] qu'elle [la conscience] ayde
à la torture pour lui faire confesser sa faulte, et
qu'elle l'affoiblisse ; et de Faultre part, qu'elle for-
tifie l'innocent contre la torture, MONT, II, 47.
— ÉTYM. Prov. esp. et it. tortura ; du lat. tortura,
de tortum, supin de torquere, torturer et tordre.
TORTURÉ, ÉE (tor-tu-ré, rée), part, passé de
torturer. Et sous nos yeux l'innocent Calas torturé
par les bourreaux n'eût point péri sur la roue,-
i. J. ROUSS. Lett. à l'archev. de Paris.
TORTURER (tor-tu-ré), v. a. || i° Faire éprouver la '
torture, soumettre à la question. Les brigands l'ont
torturé pour lui faire dire où était son argent. || Fig.
Causer une vive peine morale. Vous me torturez.
Une voix qui serre le coeur, qui torture l'âme, LA
HARPE, Cours de litt. t. x, p. 10. || 2° Fig. Torturer
un texte, un mot, lui donner une interprétation
forcée, un sens contraire à celui qu'il a.
—HIST. xvie s. Avoir les os rompus, desboités
et torturés [tortus], PARÉ, XIX, -12.
— ÉTYM. Torture.
t TORULE (to-ru-1'), s. m. Terme de zoologie.
Cavité dans laquelle est implantée la base de
chaque antenne des insectes.
— ÉTYM. Lat. torus, lit, qui est pour storus; com-
parezle sanscr.-sîara, couche, ar6pvu|Ai, lat. sternere.
j TORULEUX, EUSE (to-ru-leû, leû-z'), adj.
Terme d'histoire naturelle. Qui est renflé de dis-
tance en distance.
— ÉTYM. Dérivé de torus, renflement (voy. TORE).
TORY (to-ri), s. m. Nom donné en Angleterre
primitivement aux partisans de Charles II, et qui
est resté un parti politique soutenant la pré-
rogative royale et les principes conservateurs. Les
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