1454 RAI
r îlier? peut-on railler sans crainte d'offenser?
|| Raillerie à part, sans raillerie, sérieusement,,
tout de bon. || Entendre la raillerie, entendre bien
!a raillerie, avoir le talent de railler avec esprit.
il Entendre raillerie, ne point s'offenser des raille-
ries dont on est l'objet. Mais les hypocrites n'ont
point entendu raillerie, MOL. Tart. Préface. Je ris
quand on veut rire, et j'enteuds raillerie, TH. CORN.
Baron d'Albikrac, v, 4. J'ai reconnu en vous une
qualité que j'estime fort; c'est que vous entendez
très-bien raillerie, quand d'autres que moi vous
font la guerre sur vos petits défauts, BAC. Lett. à son
fils, 41. || Il n'entend pas raillerie, se dit d'un
homme sévère, exigeant, difficile. Ils ont accusé
M. de Saint-Foix d'avoir mal parlé de la religion;
M. de Saint-Faix, qui n'entend pas raillerie, a ré-
solu de leur donner sur les oreilles, VOLT. Facéties,
Préface. ,| Il n'entend pas raillerie là-dessus, se dit
d'un homme sensible, sévère sur une certaine chose.
Nous n'entendons point raillerie sur les matières
de l'honneur, et nous l'avons élevée [notre fille] dans
toute la sévérité possible, MOL. G. Dandin, i, 4. || Fa-
milièrement. C'est une raillerie, c'est une plaisante
raillerie, se dit d'une chose qui ne paraît pas vrai-
semblable. |l C'est une raillerie de nous venir dire
que.... C'est une raillerie de croire que.... c'est-à-
dire c'est une chose ridicule, absurde, de dire....
de croire.... La maison du garde.... réellement nous
appartient comme ayant de tout temps fait partie
de la forêt; c'est une raillerie de prétendre avoir
vendu le pot et non l'anse, p. L. COUR. Corresp.
6 fév. -i816. I| Il n'y a point de raillerie à cela, ce
n'est point une raillerie, la chose est sérieuse, ce
n'est pas un conte fait à plaisir. Je suis venue ce
matin dîner chez Mme de Villars, pour lui dire
adieu; car il n'y a plus de raillerie, elle s'en va
jeudi, SÉV. 310. Répondez, mon esprit; ce n'est
plus raillerie, BOIL. Sat. rx. |] Proverbe. Cette rail-
lerie passe le jeu, passe jeu, c'est-à-dire elle va
trop loin. |) On dit dans le même sens : le jeu passe
la raillerie. C'est là que de la fourbe il a fallu m'ai-
der, Et que le jeu pour moi passait la raillerie,
TH. CORN. Gai. doubl. m, i.
— SYN. RAILLERIE, MOQUERIE. Ces deux mots sont
très-voisins l'un de l'autre ; cependant la nuance
est que la raillerie est une aggravation de la mo-
querie, une moquerie acerbe.
— HIST. xvie s. Quiconque soit trouvé à peler les
chesnes de quelqu'un, ou les taillader par raillerie
[pour s'amuser]....Nouv. coust.gën. 1.1, p. 843.
— ÉTYM. Railler.
BAILLEUR, EUSE (râ-lleur, lleû-z', Il mouil-
lées, et non râ-yeur), adj. Porté à la raillerie.
Vous m'accusez à tort, je ne suis point railleuse,
HAUTEROCHE, les Appar. tromp. i, 12. Philippe était
naturellement railleur, et ne pouvait se contenir,
même en traitant les affaires les plus sérieuses,
ROLLIN, Hist. anc. OEuvr. t. vin, p. 259. || Qui a le
caractère de la raillerie. [L'oiseau] ....qui pour chant
i n'eut en partage Que le talent railleur d'imiter
d'autres voix, LAMOTTE, Fabl. i, o. Il faudrait, avant
que de prendre le ton railleur, être bien sûr qu'on
a raison, VOLT. Phil. Newt. u, 3. 11 est vrai qu'à
travers la railleus» gaieté du baron, Ton voyait bril-
ler dans ses yeux une maligne joie, J. i. ROUSS.
Confess. ix. X considérer ces propos [des salonsj
selon nos idées, on aurait tort de les appeler sati-
riques; car ils sont bien plus railleurs que mordants
et tombent moins sur le vice que sur le ridicule, io.
Hél. H, <7. || Substantivement. Celui, celle qui aime
à railler. Une fine railleuse. Sais-tu que les railleurs
et les mauvais plaisants D'ordinaire avec moi pas-
sent fort mal leur temps? REGNARD, les Ménechm.
i, 2. Jamais railleur n'a moins souffert la raillerie ;
un trait plaisant qui l'aurait effleuré légèrement
l'aurait blessé, MARMONTEL, Mém. v. Vous êtes
grand railleur, milord ; mais je parie Que vous ne
rirez pas de ma plaisanterie, c. DELAV. Enfants
à"Édouard, n, i. || Familièrement. Vous êtes un
railleur, se dit à un homme qu'on suppose ne pas
parler sérieusement. || Proverbe. Souvent les rail-
leurs sont raillés, on se moque souvent de ceux qui
voulaient se moquer des autres. Le railleur sera
raillé, il aura stu les doigts, MOL. Impromptu, 3.
— HIST. xvi' s. Railleur, irrisor. SYLVIDS, Gramm.
p. 104.
— ÉTYM. Railler. L'ancienne langue disait rail-
lart; Grandgousierestoitbon raillard en son temps,
RAB. 1,2.
t RAILLEUSEMENT (râ-lleu-ze-man, Il mouil-
lées), adv. Néologisme. D une manière railleuse. Cet
humoriste américain qui faisait dire railleusement
à un homme d'État européen que la vraie, la bonne
RAI
distance pour bien juger les affaires coloniales était
de dix-huit cents à deux mille lieues, HORACF. DE
LAGARDIE, Journ. des Débats, 15 juill. 1866.
— ÉTYM. Adverbe formé avec railleur, comme
flatteusement avec flatteur.
t RAILROUTE (rèl-rou-f), s. f. Mot qu'on a pro-
posé pour remplacer raihvay.
t RAILURE (rè-lu-r'), s. f. Petite rainure de cha-
que côlé du trou d'une aiguille.
— ÉTYM. Mot formé probablement d'un raile,
qui se trouve dans certains patois (norm. raile,
raie), et qui peut se rattacher aux formes ancien-
nes de règle (voy. ce mot).
f RAILWAY (rè-louè), s. m. Route à rails, che-
min de fer.
— ÉTYM. Angl. rail, etway, chemin; allem. Weg,
chemin.
f RAIMER ou R'AIMER (rè-mé), v. a. Aimer
de nouveau. S'il est ainsi, si dans votre misère
Vous le raimez, n'ayant pas mieux à faire, De
Croupillac le conseil était bon, VOLT. l'Enfant pro-
digue, III, 6.
f RAIN (rin), s. m. Terme forestier. Lisière d'un
bois. Les grands-maîtres, faisant leurs visites,
seront tenus de faire mention, dans leurs procès-
verbaux, de toutes les places vides non aliénées ni
données à titre de cens ou d'afféage, qu'ils auront
trouvées dans l'enclos et aux rains de nos forêts,
Ordonn. sur les eaux et forêts, titre xxvn, 3. Vous
pouvez vous faire rapporter les titres de tous les pro-
priétaires de terres qui sont aux rains et rives des
forêts, afin que cela vous serve encore à faire con-
naître les usurpations qui ont été faites, Lett. etc.
de Colberl,\v, (85.
— HIST. xiv" s. Es termes et ou rain des forez,
DU CANGB, raina.
— ÉTYM. Anc. baut-allem. rain, bord; holl. rên.
RAINCEAU (rin-sô), s. m. Voy. RINCEAU.
RAINE (rê n'), s. f. Terme vieilli. Grenouille. On
n'y entendait dans les soirées d'été que la crécelle
des raines dans les eaux des fossés, MARCHANGY,
Tristan le voyageur, ch. Lxxvm. || Il se dit aussi
pour rainette. Les raines ont le corps ovoïde, les
cuisses postérieures longues et grêles, et des pla-
ques visqueuses en forme de lentilles sous les doigts,
BRONGNIART, Instit. Mém. scienc. ph. et math. Sav.
étr. t. i, p. 634. || Proverbe rural. Il n'est pas cause
que les raines D'ont pas de queue, c'est un homme
peu intelligent, peu capable.
— HIST. xme s. Et il %'.it en cel fossé mors, Tôt
estendu com une raine, Bm. 6985. ||xvic s. Rane
est latin ; escry donc autrefois Rayne en picard, ou
grenouille en françois, MAROT, VI, 96.
— ÉTYM. Wallon, rainn; prov. rana, rayna; es-
pagn. et ital. rana ; du latin râna, pour racna
d'après Corssen, Aussprache, 2e éd. p. 636, d'un ra-
dical rac exprimant le coassement.
f RAINEAU (rè-nô), s. m. Terme de construction.
Pièce de charpente qui lie les têtes des pilotis dans
une digue, ou dans les fondations d'un édifice.
f RAINER (rè-né), v. a. Faire des rainures. Après
avoir fait les tenons et mortaises, il raine avec un
rabot appelé bouvet pour mettre les panneaux,
Dict. des arts et m. Menuisier.
— ÉTYM. Scbeler propose l'ancien français rain,
bord (voy. RAIN).
1. RAINETTE (rè-nè-f), s. f. Sorte de grenouille
qui habite les buissons, rana arborea.
— ÉTYM. Diminutif de raine ; prov. raineta.
2. RAINETTE (rè-nè-f), s. f. Sorte de pomme
(voyez REINETTE).
f 3. RAINETTE, RAINETTER, voyez RÉNETTE,
RÉNETTER.
f RAINOIRE (rè-noi-r'), s. f. Outil servant à
rainer. Les layetiers se servent presque de tous les
outils des menuisiers, comme d'établi, de ci-
seaux.... de feuillerets qu'ils nomment des rainoi-
res, Dict. des arts et met. Layetier.
RAINURE (rè-nu-r'), s. f.\\ i° Terme de menui-
sier. Entaillure qui se fait en longueur, sur l'épais-
seur d'une planche, pour recevoir une languette ou
pour servir de coulisse. Les portes à la campagne
doivent être simples, mais de bonnes planches de
chêne assemblées en rainures, c'est-à-dire par ca-
nal fait dans le bois, GENLIS, Maison rust. t. i,
p. 5), dans POUGENS. || 2° Terme d'anatomie. Cavités
allongées qui se remarquent à la surface des os.
|| Rainure digastrique ou mastoïdienne, échan-
crure qui se voit au côté interne de l'apophyse ma-
stoïde.
— ÉTYM. Rainer.
RAIPONCE (rè-pon-s'), s. f. Espèce de campanule
dont les racines se mangent en salade (campanula
RAI
rapunculus, L.) (campanulacées). || La raiponse est
aussi la racine qui se mange du phyteuma spica-
lum, L., même famille. || Familièrement et fig. Man-
ger des raiponces, se ruiner en cautionnant autrui,
par un mauvais jeu de mots entre raiponce et ré-
ponse.
— HIST. XVIe s. Quant aux reponces ou raipon-
ces, bien que leur naturel soit de venir d'elles-
mêmes sans artifice; près des bonis, buissons, et
autres arbustes sauvages.... o. DE SERRES, 63). Ra-
punculus, responses, in Ruellixim, de Stirpibus.
— ÉTYM. Es'pagn. reponche, raiponce ; port.
raponto ; ital. raperonso ; du latin râpa, rave.
4. RAIRE (rê-r') ou RÉER (ré-é), je rais,
tu rais, il rait, nous rayons, vous rayez, ils raient;
je rayais; je rairai; que je raie ; rayant; rait ; ou
je rée, je réais, je rérai ; que je rée ; que je réasse ;
réant ; réé, v. n. Terme de vénerie. Il se dit du
cri du cerf. Les cerfs ont rait ou réé toute la nuit.
S'ils [les cerfs] sont d'égale force, ils se menacent,
ils grattent la terre, ils raient d'un cri terrible,
BUFF. Quadrup. t. n, p. 29. La biche a la voix plus
faible et t us courte, elle ne rait pas d'amour, mais
de crainte, ID. ib. t. 11, p. 62.
— ÉTYM. D'après Diez, un verbe latin ragire se
forma sur le modèle de vagire, mugire, et donna lieu
au français raire, et à l'italien ragghiare, braire.
t 2. RAIRE (rê-r'), v. a. Mot hors d'usage ei si-
gnifiant raser, tondre. || A barbe de fou on apprend
araire, on devient habile en son métier au péril de
ceux qui sont assez fous pour permettre qu'on
s'exerce d'abord sur eux. || Ne se soucier des rais
ni des tondus, ne se soucier de personne.
— HIST. xi' s. La teste.... jus des espaules raire,
Ch. de Roi. CXL. |[xiv« s. Avoir fait raire et faus-
ser une date de nos lettres, DU CANGE, radiare.
Il xvie s. Sans estre ne raiz ne tondu, Incontinent
on le fait moyne, MAROT, I, 188.
— ÉTYM. Provenç. raire ; du Iat. radere, raser.
RAIS (rê), s. m. || 1° Terme qui vieillit. Rayon.
Qu'aii»si qu'en été le soleil, Il dissipe aux rais de
son oeil Toute vapeur.... RÉGNIER, Hymne. Le so-
leil.... laisse échapper de longs rais d'une lumière ,
pâle qui nous annoncent la tempête, BERN. DE ST-
PIERRE. Harmon. liv. n. Il est midi; de l'éclat
de ses rais Le jour me brûle et mon fusil me
pèse, p. LEBRUN, Poés. t. 1, t8. y Au xvii" siècle,
quand rais commençait à vieillir, Vaugelas, décla-
rant qu'il ne pouvait plus se dire des rayons du
soleil, admettait qu'il se disait encore très-bien,
en vers et en prose, des rayons de la lune. Cela est
observé dans les exemples suivants. Comme les
voyageurs qui se lèvent aux rais de la lune, pensant
qu'il soit jour, BALZ. le Prince, ch. (6. Le soleil,
qui commence à luire, Ne te brûlera point dans la
chaleur du jour; Et, quand la lune aura son tour,
Ses rais les plus malins ne pourront plus te nuire,
CORN. Trad. du ps. 120. La lune avec beaucoup
d'éclat Illuminait tout mon grabat, Perçant de ses
rais ma fenêtre, SCARR. Virg. ni> Combien de fois
la lune a leurs pas éclairés, Et, couvrant de ses rais
l'émail d'une prairie, Les a vus à l'envi fouler
l'herbe fleurie! LA FONT. Adonis. || 2° Pièces qui
entrent par un bout dans le moyeu d'une roue, et
par l'autre dans les jantes; ainsi dites de leur dis-
position rayonnée. Les rais de la roue. Un rais est
rompu. H 3° En architecture. Rais de coeur, orne-
ment en forme de coeur. || 4° Terme de blason. Les
pointes qui sortent d'une étoile comme des rayons.
— REM. On devrait écrire rat au singulier comme
on faisait autrefois; l's n'a aucune raison d'être.
— HIST. xnc s. L'aiguë lui court du cuer parmi
les oilz [yeux] à rais, Sax. xv. [I xme s. Et quant
ele [la lune] a l'umbre passée, Si revient toute en-
luminée Des rais que li soleil li monstre, Qui d'au-
tre part reluist encontre, la Rose, 4807. ||xvie s.
....D'or estoit le haut tour De chasqueroue; et l'or-
dre bel et gent De chascun ray fut estoffé d'argent,
MAROT, IV, 62.
— ÉTYM. Wallon, ret (d'une roue); provenç. rai,
raig,rait, rach, rah; espagn. rayo, radio; ital.
raggio ; du lat. radius.
RAISIN (rè-zin), s. m. || 1° Le fruit de la vigne.
Grappe de raisin. Fouler le raisin. Raisin sec. Cer-
tain renard gascon, d'autres disent noimand,
Mourant presque de faim, vit, au haut d'une treille,
Des raisins mûrs apparemment Et couverts d'une
peau vermeille, LA FONT. Fabl. m, H. || Moitié ligue,
moitié raisin, voy. FIGUE. || 2" Raisins de caisse,
raisins qui viennent du midi de la France; ils sont
trempés avec leurs rafles dans une lessive de souds
et séchés au soleil. || Raisins de Corinthe, ainsi ap-
pelés parce qu'ils venaient autrefois de cette ville,
r îlier? peut-on railler sans crainte d'offenser?
|| Raillerie à part, sans raillerie, sérieusement,,
tout de bon. || Entendre la raillerie, entendre bien
!a raillerie, avoir le talent de railler avec esprit.
il Entendre raillerie, ne point s'offenser des raille-
ries dont on est l'objet. Mais les hypocrites n'ont
point entendu raillerie, MOL. Tart. Préface. Je ris
quand on veut rire, et j'enteuds raillerie, TH. CORN.
Baron d'Albikrac, v, 4. J'ai reconnu en vous une
qualité que j'estime fort; c'est que vous entendez
très-bien raillerie, quand d'autres que moi vous
font la guerre sur vos petits défauts, BAC. Lett. à son
fils, 41. || Il n'entend pas raillerie, se dit d'un
homme sévère, exigeant, difficile. Ils ont accusé
M. de Saint-Foix d'avoir mal parlé de la religion;
M. de Saint-Faix, qui n'entend pas raillerie, a ré-
solu de leur donner sur les oreilles, VOLT. Facéties,
Préface. ,| Il n'entend pas raillerie là-dessus, se dit
d'un homme sensible, sévère sur une certaine chose.
Nous n'entendons point raillerie sur les matières
de l'honneur, et nous l'avons élevée [notre fille] dans
toute la sévérité possible, MOL. G. Dandin, i, 4. || Fa-
milièrement. C'est une raillerie, c'est une plaisante
raillerie, se dit d'une chose qui ne paraît pas vrai-
semblable. |l C'est une raillerie de nous venir dire
que.... C'est une raillerie de croire que.... c'est-à-
dire c'est une chose ridicule, absurde, de dire....
de croire.... La maison du garde.... réellement nous
appartient comme ayant de tout temps fait partie
de la forêt; c'est une raillerie de prétendre avoir
vendu le pot et non l'anse, p. L. COUR. Corresp.
6 fév. -i816. I| Il n'y a point de raillerie à cela, ce
n'est point une raillerie, la chose est sérieuse, ce
n'est pas un conte fait à plaisir. Je suis venue ce
matin dîner chez Mme de Villars, pour lui dire
adieu; car il n'y a plus de raillerie, elle s'en va
jeudi, SÉV. 310. Répondez, mon esprit; ce n'est
plus raillerie, BOIL. Sat. rx. |] Proverbe. Cette rail-
lerie passe le jeu, passe jeu, c'est-à-dire elle va
trop loin. |) On dit dans le même sens : le jeu passe
la raillerie. C'est là que de la fourbe il a fallu m'ai-
der, Et que le jeu pour moi passait la raillerie,
TH. CORN. Gai. doubl. m, i.
— SYN. RAILLERIE, MOQUERIE. Ces deux mots sont
très-voisins l'un de l'autre ; cependant la nuance
est que la raillerie est une aggravation de la mo-
querie, une moquerie acerbe.
— HIST. xvie s. Quiconque soit trouvé à peler les
chesnes de quelqu'un, ou les taillader par raillerie
[pour s'amuser]....Nouv. coust.gën. 1.1, p. 843.
— ÉTYM. Railler.
BAILLEUR, EUSE (râ-lleur, lleû-z', Il mouil-
lées, et non râ-yeur), adj. Porté à la raillerie.
Vous m'accusez à tort, je ne suis point railleuse,
HAUTEROCHE, les Appar. tromp. i, 12. Philippe était
naturellement railleur, et ne pouvait se contenir,
même en traitant les affaires les plus sérieuses,
ROLLIN, Hist. anc. OEuvr. t. vin, p. 259. || Qui a le
caractère de la raillerie. [L'oiseau] ....qui pour chant
i n'eut en partage Que le talent railleur d'imiter
d'autres voix, LAMOTTE, Fabl. i, o. Il faudrait, avant
que de prendre le ton railleur, être bien sûr qu'on
a raison, VOLT. Phil. Newt. u, 3. 11 est vrai qu'à
travers la railleus» gaieté du baron, Ton voyait bril-
ler dans ses yeux une maligne joie, J. i. ROUSS.
Confess. ix. X considérer ces propos [des salonsj
selon nos idées, on aurait tort de les appeler sati-
riques; car ils sont bien plus railleurs que mordants
et tombent moins sur le vice que sur le ridicule, io.
Hél. H, <7. || Substantivement. Celui, celle qui aime
à railler. Une fine railleuse. Sais-tu que les railleurs
et les mauvais plaisants D'ordinaire avec moi pas-
sent fort mal leur temps? REGNARD, les Ménechm.
i, 2. Jamais railleur n'a moins souffert la raillerie ;
un trait plaisant qui l'aurait effleuré légèrement
l'aurait blessé, MARMONTEL, Mém. v. Vous êtes
grand railleur, milord ; mais je parie Que vous ne
rirez pas de ma plaisanterie, c. DELAV. Enfants
à"Édouard, n, i. || Familièrement. Vous êtes un
railleur, se dit à un homme qu'on suppose ne pas
parler sérieusement. || Proverbe. Souvent les rail-
leurs sont raillés, on se moque souvent de ceux qui
voulaient se moquer des autres. Le railleur sera
raillé, il aura stu les doigts, MOL. Impromptu, 3.
— HIST. xvi' s. Railleur, irrisor. SYLVIDS, Gramm.
p. 104.
— ÉTYM. Railler. L'ancienne langue disait rail-
lart; Grandgousierestoitbon raillard en son temps,
RAB. 1,2.
t RAILLEUSEMENT (râ-lleu-ze-man, Il mouil-
lées), adv. Néologisme. D une manière railleuse. Cet
humoriste américain qui faisait dire railleusement
à un homme d'État européen que la vraie, la bonne
RAI
distance pour bien juger les affaires coloniales était
de dix-huit cents à deux mille lieues, HORACF. DE
LAGARDIE, Journ. des Débats, 15 juill. 1866.
— ÉTYM. Adverbe formé avec railleur, comme
flatteusement avec flatteur.
t RAILROUTE (rèl-rou-f), s. f. Mot qu'on a pro-
posé pour remplacer raihvay.
t RAILURE (rè-lu-r'), s. f. Petite rainure de cha-
que côlé du trou d'une aiguille.
— ÉTYM. Mot formé probablement d'un raile,
qui se trouve dans certains patois (norm. raile,
raie), et qui peut se rattacher aux formes ancien-
nes de règle (voy. ce mot).
f RAILWAY (rè-louè), s. m. Route à rails, che-
min de fer.
— ÉTYM. Angl. rail, etway, chemin; allem. Weg,
chemin.
f RAIMER ou R'AIMER (rè-mé), v. a. Aimer
de nouveau. S'il est ainsi, si dans votre misère
Vous le raimez, n'ayant pas mieux à faire, De
Croupillac le conseil était bon, VOLT. l'Enfant pro-
digue, III, 6.
f RAIN (rin), s. m. Terme forestier. Lisière d'un
bois. Les grands-maîtres, faisant leurs visites,
seront tenus de faire mention, dans leurs procès-
verbaux, de toutes les places vides non aliénées ni
données à titre de cens ou d'afféage, qu'ils auront
trouvées dans l'enclos et aux rains de nos forêts,
Ordonn. sur les eaux et forêts, titre xxvn, 3. Vous
pouvez vous faire rapporter les titres de tous les pro-
priétaires de terres qui sont aux rains et rives des
forêts, afin que cela vous serve encore à faire con-
naître les usurpations qui ont été faites, Lett. etc.
de Colberl,\v, (85.
— HIST. xiv" s. Es termes et ou rain des forez,
DU CANGB, raina.
— ÉTYM. Anc. baut-allem. rain, bord; holl. rên.
RAINCEAU (rin-sô), s. m. Voy. RINCEAU.
RAINE (rê n'), s. f. Terme vieilli. Grenouille. On
n'y entendait dans les soirées d'été que la crécelle
des raines dans les eaux des fossés, MARCHANGY,
Tristan le voyageur, ch. Lxxvm. || Il se dit aussi
pour rainette. Les raines ont le corps ovoïde, les
cuisses postérieures longues et grêles, et des pla-
ques visqueuses en forme de lentilles sous les doigts,
BRONGNIART, Instit. Mém. scienc. ph. et math. Sav.
étr. t. i, p. 634. || Proverbe rural. Il n'est pas cause
que les raines D'ont pas de queue, c'est un homme
peu intelligent, peu capable.
— HIST. xme s. Et il %'.it en cel fossé mors, Tôt
estendu com une raine, Bm. 6985. ||xvic s. Rane
est latin ; escry donc autrefois Rayne en picard, ou
grenouille en françois, MAROT, VI, 96.
— ÉTYM. Wallon, rainn; prov. rana, rayna; es-
pagn. et ital. rana ; du latin râna, pour racna
d'après Corssen, Aussprache, 2e éd. p. 636, d'un ra-
dical rac exprimant le coassement.
f RAINEAU (rè-nô), s. m. Terme de construction.
Pièce de charpente qui lie les têtes des pilotis dans
une digue, ou dans les fondations d'un édifice.
f RAINER (rè-né), v. a. Faire des rainures. Après
avoir fait les tenons et mortaises, il raine avec un
rabot appelé bouvet pour mettre les panneaux,
Dict. des arts et m. Menuisier.
— ÉTYM. Scbeler propose l'ancien français rain,
bord (voy. RAIN).
1. RAINETTE (rè-nè-f), s. f. Sorte de grenouille
qui habite les buissons, rana arborea.
— ÉTYM. Diminutif de raine ; prov. raineta.
2. RAINETTE (rè-nè-f), s. f. Sorte de pomme
(voyez REINETTE).
f 3. RAINETTE, RAINETTER, voyez RÉNETTE,
RÉNETTER.
f RAINOIRE (rè-noi-r'), s. f. Outil servant à
rainer. Les layetiers se servent presque de tous les
outils des menuisiers, comme d'établi, de ci-
seaux.... de feuillerets qu'ils nomment des rainoi-
res, Dict. des arts et met. Layetier.
RAINURE (rè-nu-r'), s. f.\\ i° Terme de menui-
sier. Entaillure qui se fait en longueur, sur l'épais-
seur d'une planche, pour recevoir une languette ou
pour servir de coulisse. Les portes à la campagne
doivent être simples, mais de bonnes planches de
chêne assemblées en rainures, c'est-à-dire par ca-
nal fait dans le bois, GENLIS, Maison rust. t. i,
p. 5), dans POUGENS. || 2° Terme d'anatomie. Cavités
allongées qui se remarquent à la surface des os.
|| Rainure digastrique ou mastoïdienne, échan-
crure qui se voit au côté interne de l'apophyse ma-
stoïde.
— ÉTYM. Rainer.
RAIPONCE (rè-pon-s'), s. f. Espèce de campanule
dont les racines se mangent en salade (campanula
RAI
rapunculus, L.) (campanulacées). || La raiponse est
aussi la racine qui se mange du phyteuma spica-
lum, L., même famille. || Familièrement et fig. Man-
ger des raiponces, se ruiner en cautionnant autrui,
par un mauvais jeu de mots entre raiponce et ré-
ponse.
— HIST. XVIe s. Quant aux reponces ou raipon-
ces, bien que leur naturel soit de venir d'elles-
mêmes sans artifice; près des bonis, buissons, et
autres arbustes sauvages.... o. DE SERRES, 63). Ra-
punculus, responses, in Ruellixim, de Stirpibus.
— ÉTYM. Es'pagn. reponche, raiponce ; port.
raponto ; ital. raperonso ; du latin râpa, rave.
4. RAIRE (rê-r') ou RÉER (ré-é), je rais,
tu rais, il rait, nous rayons, vous rayez, ils raient;
je rayais; je rairai; que je raie ; rayant; rait ; ou
je rée, je réais, je rérai ; que je rée ; que je réasse ;
réant ; réé, v. n. Terme de vénerie. Il se dit du
cri du cerf. Les cerfs ont rait ou réé toute la nuit.
S'ils [les cerfs] sont d'égale force, ils se menacent,
ils grattent la terre, ils raient d'un cri terrible,
BUFF. Quadrup. t. n, p. 29. La biche a la voix plus
faible et t us courte, elle ne rait pas d'amour, mais
de crainte, ID. ib. t. 11, p. 62.
— ÉTYM. D'après Diez, un verbe latin ragire se
forma sur le modèle de vagire, mugire, et donna lieu
au français raire, et à l'italien ragghiare, braire.
t 2. RAIRE (rê-r'), v. a. Mot hors d'usage ei si-
gnifiant raser, tondre. || A barbe de fou on apprend
araire, on devient habile en son métier au péril de
ceux qui sont assez fous pour permettre qu'on
s'exerce d'abord sur eux. || Ne se soucier des rais
ni des tondus, ne se soucier de personne.
— HIST. xi' s. La teste.... jus des espaules raire,
Ch. de Roi. CXL. |[xiv« s. Avoir fait raire et faus-
ser une date de nos lettres, DU CANGE, radiare.
Il xvie s. Sans estre ne raiz ne tondu, Incontinent
on le fait moyne, MAROT, I, 188.
— ÉTYM. Provenç. raire ; du Iat. radere, raser.
RAIS (rê), s. m. || 1° Terme qui vieillit. Rayon.
Qu'aii»si qu'en été le soleil, Il dissipe aux rais de
son oeil Toute vapeur.... RÉGNIER, Hymne. Le so-
leil.... laisse échapper de longs rais d'une lumière ,
pâle qui nous annoncent la tempête, BERN. DE ST-
PIERRE. Harmon. liv. n. Il est midi; de l'éclat
de ses rais Le jour me brûle et mon fusil me
pèse, p. LEBRUN, Poés. t. 1, t8. y Au xvii" siècle,
quand rais commençait à vieillir, Vaugelas, décla-
rant qu'il ne pouvait plus se dire des rayons du
soleil, admettait qu'il se disait encore très-bien,
en vers et en prose, des rayons de la lune. Cela est
observé dans les exemples suivants. Comme les
voyageurs qui se lèvent aux rais de la lune, pensant
qu'il soit jour, BALZ. le Prince, ch. (6. Le soleil,
qui commence à luire, Ne te brûlera point dans la
chaleur du jour; Et, quand la lune aura son tour,
Ses rais les plus malins ne pourront plus te nuire,
CORN. Trad. du ps. 120. La lune avec beaucoup
d'éclat Illuminait tout mon grabat, Perçant de ses
rais ma fenêtre, SCARR. Virg. ni> Combien de fois
la lune a leurs pas éclairés, Et, couvrant de ses rais
l'émail d'une prairie, Les a vus à l'envi fouler
l'herbe fleurie! LA FONT. Adonis. || 2° Pièces qui
entrent par un bout dans le moyeu d'une roue, et
par l'autre dans les jantes; ainsi dites de leur dis-
position rayonnée. Les rais de la roue. Un rais est
rompu. H 3° En architecture. Rais de coeur, orne-
ment en forme de coeur. || 4° Terme de blason. Les
pointes qui sortent d'une étoile comme des rayons.
— REM. On devrait écrire rat au singulier comme
on faisait autrefois; l's n'a aucune raison d'être.
— HIST. xnc s. L'aiguë lui court du cuer parmi
les oilz [yeux] à rais, Sax. xv. [I xme s. Et quant
ele [la lune] a l'umbre passée, Si revient toute en-
luminée Des rais que li soleil li monstre, Qui d'au-
tre part reluist encontre, la Rose, 4807. ||xvie s.
....D'or estoit le haut tour De chasqueroue; et l'or-
dre bel et gent De chascun ray fut estoffé d'argent,
MAROT, IV, 62.
— ÉTYM. Wallon, ret (d'une roue); provenç. rai,
raig,rait, rach, rah; espagn. rayo, radio; ital.
raggio ; du lat. radius.
RAISIN (rè-zin), s. m. || 1° Le fruit de la vigne.
Grappe de raisin. Fouler le raisin. Raisin sec. Cer-
tain renard gascon, d'autres disent noimand,
Mourant presque de faim, vit, au haut d'une treille,
Des raisins mûrs apparemment Et couverts d'une
peau vermeille, LA FONT. Fabl. m, H. || Moitié ligue,
moitié raisin, voy. FIGUE. || 2" Raisins de caisse,
raisins qui viennent du midi de la France; ils sont
trempés avec leurs rafles dans une lessive de souds
et séchés au soleil. || Raisins de Corinthe, ainsi ap-
pelés parce qu'ils venaient autrefois de cette ville,
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