1994
SOU
radica±, ont aus^ même signification. Ils no dif-
fèrent que par l'emploi ; soudain est du style poé-
tique ou élevé; subit est de tous les styles.
— HIST. xrve s. Item que la chose ne soit pas
soudene, car l'en n'auroit pas temps d'avoir con-
seil et délibération, ORESME, Éth. 66. |] xve s. Au
mieulx venir, nostre vie mondaine X soixante ans
pou puet oultre passer, Dont vingt ans sont en jeu-
nesse soudaine.... E. DESCH. Poés. mss. i° 405.
|| xvte s. Les biens et les honneurs mondains En-
gendrent mal, sont douteux et soubdains [passa-
gers], les Triomphes delanoble dame,f° 309, dans
LACURNE. Tant bien instruictz en art militaire,
tant soubdains à obéir à leurs capitaines, RAB.
Garg. i, 47. Soubdain que nos ancres feurent on
port jectées, vindrent vers nous.... ro. Pant. rv,
48. Et tout soudain luy vindrent nouvelles d'un
autre costé comme les Megariens avoient aussi pris
les armes, AMYOT, Périt. 43. L'un estoit prompt,
soudain, hasardeux, fin, et qui légèrement entre-
prenoit toutes choses, m. Arist. 4. Celui qui voit
sa belle main Se peut assurer tout soudain D'avoir
vu celle de l'Aurore, Ode en faveur de Louise Labé.
— ÉTYM. Provenç. subitan, subtan; espagn.
subitaneo; ital. subitano; du lat. subitaneus, qui
Vient de subitus, subit.
SOUDAINEMENT (sou-dè-ne-man), adv. D'une
manière soudaine. Il mourut soudainement. Il
faut qu'on la retire, et que soudainement On la
fasse sans bruit porter au monument, TRISTAN,
M.de Chrispe, v, 4 0.
— HIST. xina s. Et lors le prisent et levèrent et
le misent en son lit, et usent entendant au peuple
qu'il estoit mors soudainement, Chr. de Rains,
p. 4 6. || xiv" s. Nous disons aucunes choses estre
voluntaires, qui sont laites ou aviennent soudai-
nement, ORESME, Éth. 63. || xve s. Quand les Fran-
çois virent sur eux ces Anglois si soudainement,
si furent tous esbahis, FROISS. I, I, 327. ||xvie s.
Il advint que le soleil éclipsa soudainement,
AMYOT, Péric. 67. Bois et matière propre à pren-
dre feu soubdaineinent, MONT, n, 38.
— ÉTYM. Soudaine, et le suffixe ment; provenç.
sopdanamcn.
SOUDAINETÉ (sou-dè-ne-té), s. f. Qualité de ce
qui est soudain. Les beautés du sublime... enlèvent
l'âme, et se font sentir à tout le monde avec la
soudaineté des éclairs, LA FONT. Psyché, i, p. H 02.
Comment, dit-if, peindre un poète [la Fontaine] qui
souvent semble s'abandonner comme dans une con-
versation facile; qui, citant Ulysse à propos des
voyages d'une tortue; s'étonne lui-même de le
trouver là; dont les beautés paraissent quelquefois
une heureuse rencontre, et possèdent, pour me
servir d'un mot qu'il aimait, la grâce de la sou-
daineté? CHAMFORT, Éloge de In Font. 2° part.
Nous avons un gouvernement pré-existant, un roi
pré-existant, des préjugés pré-existants; il faut,
autant qu'il est possible, assortir toutes ces choses-
là à la révolution et sauver la soudaineté du pas-
sage, MIRAB. Collection, t. n, p. 448.
— HIST. xvie s. Il avoit desfait l'un par tardité,
et l'autre par soudaineté, AMYOT, Lucull. 35. Ordi-
nairement la soudaineté et facilité ne peult donner
une fermeté perdurable ny une beaulté parfaitte à
l'oeuvre, n>. Péric. 26. L'homme froid et posé ne
peut venir à la soudaineté, le Prince de Machiavel,
p. 4 62, dans LACURNE.
— ETYM. Soudain.
SOUDAN (sou-dan), s. m. Nom qu'on donnait
jadis à de certains princes mahométans, et parti-
culièrement au souverain d'Egypte. Le sérail d'un
Soudan, sa triste austérité, Ce nom d'esclave, enfin,
n'ont-ils rien qui vous gêne? VOLT. Zaïre, i, 4.
— HIST. xiie s. Car trente rois i ot et quatorze
GOudans, Sax. v. || xme s. Donc verriez grant coulz
doneir Seur le sozdant et seur sa gent, RUTEB. 4 \ 9.
En ce point que nous venime.s en Cypre, le sou-
danc du Coyne [d'Yconium] estoit le plus riche
roy de toute la paenimme, JOINV. 24 2. || xve s. Mon
voisin, je tiendroy un an Sur le vin, lorsque du
grant chan Ou du souldan Je lui conte quelque
fable Qu'il croit véritable, BASSELIN, xxxin.
— ETYM. Prov. Soudan, soda, saudan ; cat. solda;
esp.-soldan; ital. soldano. Le même que sultan.
f SOUDANT, ANTE (sou-dan, dan-t'), adj. Qui
soude, qui se soude. A la température du fer soudant.
SOUDARD ou SOUDART (sou-dar ; le t ou le d
ne se lie pas), s. m. Terme familier. Homme qui a
longtemps servi à la guerre et qui en a les habi-
tudes; il se prend en mauvaise part, soit par mo-
querie, soit pour exprimer la grossièreté ou la
barbarie. Ta maison et tes biens saccagés des sou-
SOU
dards, RÉGNIER, Êpit. i. One ne fut un meilleur
soudart, SCARR. Virg. v. Le drôle fit un trait de
franc soudart; Car.aux faveurs d'une belle il eut
part, Sans débourser, escroquant la chrétienne,
LA FONT. Femme avare. Après cela, ne vous figurez
pas que je sois un soudard sans âme, comme vous
paraissez le croire, CH. DE BERNARD, la Femme de
quarante ans, § 3. ||Fig. Tous les amours y met-
tent [dans mon gîte] garnison; En vrais soudards
ils y faisaient esclandre, BÉRANG. Ilétemps.
— HIST. xve s. Ne soyons point si vilains et ha-
gards, Que de laisser ce bon vinauz souldards Qui
nous font tant d'outrage,"BASSELIN, tn. Je ne
congnois où je puisse servir, L'arriére ban a fait
crier vieillesse, Las ! fauldra il son soudart deve-
nir ? CH. D'ORL. Bail. 84. || xvie s. X ces mots de Plu-
ton, on voit de toutes parts Sortir du creux manoir
les plus braves soldarts, DESPORTES, Rodomont. Il
distribua à ses soudards les terres conquises sur les
ennemis, AMYOT, Rom. 42. Ses propos [d'un brava-
che] seront à l'equipolent ; car un homme est mort,
si ce soudard courroucé l'a seulement regardé de
travers, LANOUE, 4 94.
— ÉTYM. Solde, et la finale ard souvent péjo-
rative; picard, seudard, souderd.
SOUDE (sou-d'); s. f. || i" Genre de la famille des
salsolées, où l'on distingue la soude commune,
dite vulgairement soude, salsola soda, L. dont les
cendres fournissent un sel alcali. || 2° Plus souvent,
le sel alcali, dit aussi alcali minéral, qu'on tire
de cette plante et aussi des varecs (en chimie,
oxyde de sodium). La soude est.employée dans la
fabrication du verre et du savon. Hierne découvrit
la soude, qu'on nommait nitre, en 4 682 ; Hoffmann
et Boulduc ont confirmé cette découverte, FOUR-
CROY, Connaiss. chim.t. iv, p. 292. La plus estimée
est celle d'Espagne ; elle est connue sous les noms
de soude d'Alicante, de Carthagène, de Malaga ; on
l'extrait de plusieurs plantes, mais particulière-
ment de la barille, que l'on cultive avec soin sur
les côtes d'Espagne, THÉNARD, Traité de chim. t. n,
p,375. || Soude de Normandie, celle qu'on obtient
par l'incinération des varecs. || Soude caustique,
celle qui entre dans les savons, dans les lessives.
11 Soude pure, celle que l'on obtient en traitant la
soude du commerce par la chaux vive, puis par
l'alcool. La soude pure sert de réactif dans les
laboratoires.
— REM. On a écrit soultes. Pour le regard des
soultes que l'on employé, qui est une cendre nou-
vellement en usage pour les lessives, et qui tient
lieu de cendres ordinaires, Arrêt du Conseil d'État,
M août 4 634.
— HIST. xvie s Soulde à faire verres, Décl. 20 sept.
4 627. Pegue [poix], soudre, DU CANGE, sodanum.
— ÉTYM. Esp. port, et ital. soda; bas-lat. soda-
num. Origine incertaine. On le tire de solida, so-
lide; cela est fort douteux. Du Cange a solda, lie
de vin.
SOUDÉ, ÉE (sou-dé, dée), part, passé de souder.
j| i" Vaisselle d'argent soudée. || 2° Il se dit de
parties organiques réunies par connexion intime.
[Chez le phalangier] le premier [doigt du pied de
derrière] est soudé avec son voisin, de sorte que
ce double doigt fait la fourche... BUFF. Quadrup.
t. vi, p. 98. Les fleurs qui n'ont qu'une enveloppe
ou le calice soudé à la corolle, Instit. Item,, scient.
<807, 4er sem. p. 81. ||3° En hippologie, un che-
val bien soudé e^t celui dont les articulations sont
larges et épaisses, les paturons courts, et le rein
court et bien attache.
SOUDER (sou-dé), v. a. || 1° Joiadre ensemble
des pièces de métal au moyen de la soudure.
|| 2° Amollir au feu et battre ensemble des pièces
de métal, de manière à les unir et à n'en faire
qu'une même pièce. On soude tous les jours le fer
avec lui-même ou sur lui-même; mais il faut la
plus grande précaution, pour qu'il ne se trouve
pas un peu plus faible aux endroits des soudures,
BDFF. Hist. min. Introd. part. exp. OEuvr. t. vu,
p. 92. || 3°Terme d'anatomie et de botanique. Réu-
nir par adhésion deux~ parties. L'inflammation a
soudé les deux feuillets de la plèvre || 4° F. n.
Devenir soudé. La pièce soudera à merveille,
BUFF. Hist. min. Introd. part. exp. OEuvr. t. vu,
p. 80. || 5° Se souder, v. réfl. Contracter soudure.
L'affinité du cuivre avec le fer est encore démon-
trée par la facilité que ces deux métaux ont
de se souder ensemble, BUFF. Min. t. v, p. 88.
Le fer a la propriété de se souder avec lui-même
sans intermède; il suffit de lui donner une cha-
leur suffisante, A. BRONGNIAIÏT, Traité de min.
t. n, p. 393, dans POUGENS. || 6° En parlant de par-
SOU.
ties organiques, être réuni par adhésion en unt
seule pièce. Ces deux parties se sont soudées.
— HIST. xme s. Vraiement le dist l'Escripture,
Que c'est [baptême] la sodé et la jointure Par
quoi sommes joint et saudé X chelui ki tout a
créé, GUI DE CAMBRAI, Barl. et Jos. p. 47. Et que
nus [nul] ne soit si hardis ki soude d'estain en
noeve oevre [d'or ou d'argent], TAILLIAR, Recueil,
p. 244. Que nus chandelliers de cuivre ne soient
faiz de pièces soudées pour mètre sus la table,
Liv. des met. 4 04. Nus boutonier ne puet faire
boutons, qu'il ne soient bien saudé et loialment,
c'est à savoir li deux bras de la queue, et li bou-
tons en milieu oniement [uniment], t'6. 485.
|| xvie s. Défendons à tous orfeuvres et autres d'ai-
terer, soulder ou charger aucunes espèces d'or ou
d'argent, à peine d'estre punis comme faux mon-
noyeurs, Ordonn. janv. 4560. Souder argent vif
[chose impossible], GÉNIN, Récréai, t. n, p. 249.
— ÉTYM. Wallon, sodé; prov. soldar, soudar;
espagn. et portug. soldar ; ital. sodare ; du lat.
solidare, de solidus, solide : rendre solide,
f SOUDEUR, EUSE (sou-deur, deû-z'), s. m: el, f.
Celui, celle qui soude.
f SOUDIER, 1ÈRE (sou-dié, diè-r'), adj. || Ie Qui
a rapport à la soude. L'industrie soudière. || 2° S. f.
Soudière, usine où l'on fabrique la soude artifi-
cielle.
SOUDIVISER (sou-di-vi-zé), v. a. SOUDIVISION
(sou-di-vi-zion), s. f. Voy. SUBDIVISER et SUBDIVI-
SION.
f SOUDOIR (sou-doir), s. m. Outil pour souder.
SOUDOYÉ, ÉE (sou-do-ié, iée, ou sou-doi-ié),
part, passé de soudoyer. Philippe Auguste fut le
premier de nos rois qui prit à son service quelques
troupes soudoyées, LEGRAND D'AUSSY, Instit. Méni;
Se. mor. et pol. t. n, p. 324.
SOUDOYER (sou-do-ié; plusieurs prononcent
sou-doi-ié), v. a. Il se conjugue comme employer.
|| 1° Avoir, prendre des gens de guerre à sa solde.
Son armée [de Henri de Navarre] n'était pas celle
d'un souverain qui la soudoie, et qui la retient
toujours sous le drapeau; c'était celle d'un chef
de parti, VOLT. Moeurs, 4 73. || 2e Par extension,,
s'assurer à prix d'argent le secours de. Soudoyer
des spadassins, des agents. Louis soudoya l'arche-
vêque de Cologne, Maximiliende Bavière.... comme
il soudoyait le roi d'Angleterre Charles II, VOLT.
Louis XIV, 4 0.
— SYN. SOUDOYER, STIPENDIER. Ces deux mots
sont synonymes, sauf que stipendier n'a plus qu'un
sens défavorable.
— HIST. xne s. Fai pur ço à tes humes abatre
cèdres al bois de Liban, e mes humes i serrant od
les tuens, e jo del mien lur durrai [donnerai], e
tut àlavolentedsoldeirai, Rois, p. 242. |] xves. Pour
payer lesdits gens d'armes et de trait estans en
garnison avec ledit sieur de Sassenage, lesquels il
soldoyat de ses propres deniers... Lettrede Charles
VIII, Bibl. desch. 3e série, t. iv, p. 64. ||xvies. Outre
la solde on doit aussi fournir l'équipage, car on
doit un homme equippé et soudoyé, LANOUE, 230.
La pluspart se soudoyoient de leurs moyens propres,
ro. 404. Ayant remené en Epire 8000 hommes et
500 chevaux, et ne se trouvant point d'argent
pour les soudoyer, AMYOT, Pyrrhus, 57. Jamais
chef de guerre n'eut tant de créance sur.ses sol-
dats [que Jules César] : au commencement de ses
guerres civiles, les centeniers luy offrirent de
souldoyer, chascun sur sa bourse, un homme
d'armes, MONT, m, 475.
— ÉTYM, Solde. Il y avait un substantif très-
usité, sodoier, qui a donné l'anglais soldier, sol-
dat.
SOUDRE (sou-dr'), v. a. Terme didactique qui a
vieilli et dont il n'est resté que l'infinitif, à peine
encore usité. || 1° Résoudre. Le monsieur son pé-
dant à son aide réclame, Pour soudre l'argument,
RÉGNIER, Sat. x. Les rois d'alors [du temps d'É-
sope] s'envoyaient les uns aux autres des pro-
blèmes à soudre sur toutes sortes de matières,
LA FONT. Fabl. Vie d'Ésope. || 2° Dissoudre. Cette
eau extrêmement forte qui peut soudre l'or, DESC.
Météor. 3.
— HIST. xne s. E à tut li respundid li reis, e
solst ses demandes e ses questions, Rois, p. 274.
|| xm° s. Si sainte yglise escommenie, Li frère
pueent bien assoudre, S'escommeniez a que soudre
[payer], RUTEB. n, 6I.||xive s. Toutes ces choses
sont solues par une manière, ORESME, Éth. 222.
Ilxvie s. Ledict Panurge solut très bien le pro>
blesme, RAB. Pant. n, 16. Christ n'a pas ottroyé
à ses apostres la puissance de lier et soudre, avant
SOU
radica±, ont aus^ même signification. Ils no dif-
fèrent que par l'emploi ; soudain est du style poé-
tique ou élevé; subit est de tous les styles.
— HIST. xrve s. Item que la chose ne soit pas
soudene, car l'en n'auroit pas temps d'avoir con-
seil et délibération, ORESME, Éth. 66. |] xve s. Au
mieulx venir, nostre vie mondaine X soixante ans
pou puet oultre passer, Dont vingt ans sont en jeu-
nesse soudaine.... E. DESCH. Poés. mss. i° 405.
|| xvte s. Les biens et les honneurs mondains En-
gendrent mal, sont douteux et soubdains [passa-
gers], les Triomphes delanoble dame,f° 309, dans
LACURNE. Tant bien instruictz en art militaire,
tant soubdains à obéir à leurs capitaines, RAB.
Garg. i, 47. Soubdain que nos ancres feurent on
port jectées, vindrent vers nous.... ro. Pant. rv,
48. Et tout soudain luy vindrent nouvelles d'un
autre costé comme les Megariens avoient aussi pris
les armes, AMYOT, Périt. 43. L'un estoit prompt,
soudain, hasardeux, fin, et qui légèrement entre-
prenoit toutes choses, m. Arist. 4. Celui qui voit
sa belle main Se peut assurer tout soudain D'avoir
vu celle de l'Aurore, Ode en faveur de Louise Labé.
— ÉTYM. Provenç. subitan, subtan; espagn.
subitaneo; ital. subitano; du lat. subitaneus, qui
Vient de subitus, subit.
SOUDAINEMENT (sou-dè-ne-man), adv. D'une
manière soudaine. Il mourut soudainement. Il
faut qu'on la retire, et que soudainement On la
fasse sans bruit porter au monument, TRISTAN,
M.de Chrispe, v, 4 0.
— HIST. xina s. Et lors le prisent et levèrent et
le misent en son lit, et usent entendant au peuple
qu'il estoit mors soudainement, Chr. de Rains,
p. 4 6. || xiv" s. Nous disons aucunes choses estre
voluntaires, qui sont laites ou aviennent soudai-
nement, ORESME, Éth. 63. || xve s. Quand les Fran-
çois virent sur eux ces Anglois si soudainement,
si furent tous esbahis, FROISS. I, I, 327. ||xvie s.
Il advint que le soleil éclipsa soudainement,
AMYOT, Péric. 67. Bois et matière propre à pren-
dre feu soubdaineinent, MONT, n, 38.
— ÉTYM. Soudaine, et le suffixe ment; provenç.
sopdanamcn.
SOUDAINETÉ (sou-dè-ne-té), s. f. Qualité de ce
qui est soudain. Les beautés du sublime... enlèvent
l'âme, et se font sentir à tout le monde avec la
soudaineté des éclairs, LA FONT. Psyché, i, p. H 02.
Comment, dit-if, peindre un poète [la Fontaine] qui
souvent semble s'abandonner comme dans une con-
versation facile; qui, citant Ulysse à propos des
voyages d'une tortue; s'étonne lui-même de le
trouver là; dont les beautés paraissent quelquefois
une heureuse rencontre, et possèdent, pour me
servir d'un mot qu'il aimait, la grâce de la sou-
daineté? CHAMFORT, Éloge de In Font. 2° part.
Nous avons un gouvernement pré-existant, un roi
pré-existant, des préjugés pré-existants; il faut,
autant qu'il est possible, assortir toutes ces choses-
là à la révolution et sauver la soudaineté du pas-
sage, MIRAB. Collection, t. n, p. 448.
— HIST. xvie s. Il avoit desfait l'un par tardité,
et l'autre par soudaineté, AMYOT, Lucull. 35. Ordi-
nairement la soudaineté et facilité ne peult donner
une fermeté perdurable ny une beaulté parfaitte à
l'oeuvre, n>. Péric. 26. L'homme froid et posé ne
peut venir à la soudaineté, le Prince de Machiavel,
p. 4 62, dans LACURNE.
— ETYM. Soudain.
SOUDAN (sou-dan), s. m. Nom qu'on donnait
jadis à de certains princes mahométans, et parti-
culièrement au souverain d'Egypte. Le sérail d'un
Soudan, sa triste austérité, Ce nom d'esclave, enfin,
n'ont-ils rien qui vous gêne? VOLT. Zaïre, i, 4.
— HIST. xiie s. Car trente rois i ot et quatorze
GOudans, Sax. v. || xme s. Donc verriez grant coulz
doneir Seur le sozdant et seur sa gent, RUTEB. 4 \ 9.
En ce point que nous venime.s en Cypre, le sou-
danc du Coyne [d'Yconium] estoit le plus riche
roy de toute la paenimme, JOINV. 24 2. || xve s. Mon
voisin, je tiendroy un an Sur le vin, lorsque du
grant chan Ou du souldan Je lui conte quelque
fable Qu'il croit véritable, BASSELIN, xxxin.
— ETYM. Prov. Soudan, soda, saudan ; cat. solda;
esp.-soldan; ital. soldano. Le même que sultan.
f SOUDANT, ANTE (sou-dan, dan-t'), adj. Qui
soude, qui se soude. A la température du fer soudant.
SOUDARD ou SOUDART (sou-dar ; le t ou le d
ne se lie pas), s. m. Terme familier. Homme qui a
longtemps servi à la guerre et qui en a les habi-
tudes; il se prend en mauvaise part, soit par mo-
querie, soit pour exprimer la grossièreté ou la
barbarie. Ta maison et tes biens saccagés des sou-
SOU
dards, RÉGNIER, Êpit. i. One ne fut un meilleur
soudart, SCARR. Virg. v. Le drôle fit un trait de
franc soudart; Car.aux faveurs d'une belle il eut
part, Sans débourser, escroquant la chrétienne,
LA FONT. Femme avare. Après cela, ne vous figurez
pas que je sois un soudard sans âme, comme vous
paraissez le croire, CH. DE BERNARD, la Femme de
quarante ans, § 3. ||Fig. Tous les amours y met-
tent [dans mon gîte] garnison; En vrais soudards
ils y faisaient esclandre, BÉRANG. Ilétemps.
— HIST. xve s. Ne soyons point si vilains et ha-
gards, Que de laisser ce bon vinauz souldards Qui
nous font tant d'outrage,"BASSELIN, tn. Je ne
congnois où je puisse servir, L'arriére ban a fait
crier vieillesse, Las ! fauldra il son soudart deve-
nir ? CH. D'ORL. Bail. 84. || xvie s. X ces mots de Plu-
ton, on voit de toutes parts Sortir du creux manoir
les plus braves soldarts, DESPORTES, Rodomont. Il
distribua à ses soudards les terres conquises sur les
ennemis, AMYOT, Rom. 42. Ses propos [d'un brava-
che] seront à l'equipolent ; car un homme est mort,
si ce soudard courroucé l'a seulement regardé de
travers, LANOUE, 4 94.
— ÉTYM. Solde, et la finale ard souvent péjo-
rative; picard, seudard, souderd.
SOUDE (sou-d'); s. f. || i" Genre de la famille des
salsolées, où l'on distingue la soude commune,
dite vulgairement soude, salsola soda, L. dont les
cendres fournissent un sel alcali. || 2° Plus souvent,
le sel alcali, dit aussi alcali minéral, qu'on tire
de cette plante et aussi des varecs (en chimie,
oxyde de sodium). La soude est.employée dans la
fabrication du verre et du savon. Hierne découvrit
la soude, qu'on nommait nitre, en 4 682 ; Hoffmann
et Boulduc ont confirmé cette découverte, FOUR-
CROY, Connaiss. chim.t. iv, p. 292. La plus estimée
est celle d'Espagne ; elle est connue sous les noms
de soude d'Alicante, de Carthagène, de Malaga ; on
l'extrait de plusieurs plantes, mais particulière-
ment de la barille, que l'on cultive avec soin sur
les côtes d'Espagne, THÉNARD, Traité de chim. t. n,
p,375. || Soude de Normandie, celle qu'on obtient
par l'incinération des varecs. || Soude caustique,
celle qui entre dans les savons, dans les lessives.
11 Soude pure, celle que l'on obtient en traitant la
soude du commerce par la chaux vive, puis par
l'alcool. La soude pure sert de réactif dans les
laboratoires.
— REM. On a écrit soultes. Pour le regard des
soultes que l'on employé, qui est une cendre nou-
vellement en usage pour les lessives, et qui tient
lieu de cendres ordinaires, Arrêt du Conseil d'État,
M août 4 634.
— HIST. xvie s Soulde à faire verres, Décl. 20 sept.
4 627. Pegue [poix], soudre, DU CANGE, sodanum.
— ÉTYM. Esp. port, et ital. soda; bas-lat. soda-
num. Origine incertaine. On le tire de solida, so-
lide; cela est fort douteux. Du Cange a solda, lie
de vin.
SOUDÉ, ÉE (sou-dé, dée), part, passé de souder.
j| i" Vaisselle d'argent soudée. || 2° Il se dit de
parties organiques réunies par connexion intime.
[Chez le phalangier] le premier [doigt du pied de
derrière] est soudé avec son voisin, de sorte que
ce double doigt fait la fourche... BUFF. Quadrup.
t. vi, p. 98. Les fleurs qui n'ont qu'une enveloppe
ou le calice soudé à la corolle, Instit. Item,, scient.
<807, 4er sem. p. 81. ||3° En hippologie, un che-
val bien soudé e^t celui dont les articulations sont
larges et épaisses, les paturons courts, et le rein
court et bien attache.
SOUDER (sou-dé), v. a. || 1° Joiadre ensemble
des pièces de métal au moyen de la soudure.
|| 2° Amollir au feu et battre ensemble des pièces
de métal, de manière à les unir et à n'en faire
qu'une même pièce. On soude tous les jours le fer
avec lui-même ou sur lui-même; mais il faut la
plus grande précaution, pour qu'il ne se trouve
pas un peu plus faible aux endroits des soudures,
BDFF. Hist. min. Introd. part. exp. OEuvr. t. vu,
p. 92. || 3°Terme d'anatomie et de botanique. Réu-
nir par adhésion deux~ parties. L'inflammation a
soudé les deux feuillets de la plèvre || 4° F. n.
Devenir soudé. La pièce soudera à merveille,
BUFF. Hist. min. Introd. part. exp. OEuvr. t. vu,
p. 80. || 5° Se souder, v. réfl. Contracter soudure.
L'affinité du cuivre avec le fer est encore démon-
trée par la facilité que ces deux métaux ont
de se souder ensemble, BUFF. Min. t. v, p. 88.
Le fer a la propriété de se souder avec lui-même
sans intermède; il suffit de lui donner une cha-
leur suffisante, A. BRONGNIAIÏT, Traité de min.
t. n, p. 393, dans POUGENS. || 6° En parlant de par-
SOU.
ties organiques, être réuni par adhésion en unt
seule pièce. Ces deux parties se sont soudées.
— HIST. xme s. Vraiement le dist l'Escripture,
Que c'est [baptême] la sodé et la jointure Par
quoi sommes joint et saudé X chelui ki tout a
créé, GUI DE CAMBRAI, Barl. et Jos. p. 47. Et que
nus [nul] ne soit si hardis ki soude d'estain en
noeve oevre [d'or ou d'argent], TAILLIAR, Recueil,
p. 244. Que nus chandelliers de cuivre ne soient
faiz de pièces soudées pour mètre sus la table,
Liv. des met. 4 04. Nus boutonier ne puet faire
boutons, qu'il ne soient bien saudé et loialment,
c'est à savoir li deux bras de la queue, et li bou-
tons en milieu oniement [uniment], t'6. 485.
|| xvie s. Défendons à tous orfeuvres et autres d'ai-
terer, soulder ou charger aucunes espèces d'or ou
d'argent, à peine d'estre punis comme faux mon-
noyeurs, Ordonn. janv. 4560. Souder argent vif
[chose impossible], GÉNIN, Récréai, t. n, p. 249.
— ÉTYM. Wallon, sodé; prov. soldar, soudar;
espagn. et portug. soldar ; ital. sodare ; du lat.
solidare, de solidus, solide : rendre solide,
f SOUDEUR, EUSE (sou-deur, deû-z'), s. m: el, f.
Celui, celle qui soude.
f SOUDIER, 1ÈRE (sou-dié, diè-r'), adj. || Ie Qui
a rapport à la soude. L'industrie soudière. || 2° S. f.
Soudière, usine où l'on fabrique la soude artifi-
cielle.
SOUDIVISER (sou-di-vi-zé), v. a. SOUDIVISION
(sou-di-vi-zion), s. f. Voy. SUBDIVISER et SUBDIVI-
SION.
f SOUDOIR (sou-doir), s. m. Outil pour souder.
SOUDOYÉ, ÉE (sou-do-ié, iée, ou sou-doi-ié),
part, passé de soudoyer. Philippe Auguste fut le
premier de nos rois qui prit à son service quelques
troupes soudoyées, LEGRAND D'AUSSY, Instit. Méni;
Se. mor. et pol. t. n, p. 324.
SOUDOYER (sou-do-ié; plusieurs prononcent
sou-doi-ié), v. a. Il se conjugue comme employer.
|| 1° Avoir, prendre des gens de guerre à sa solde.
Son armée [de Henri de Navarre] n'était pas celle
d'un souverain qui la soudoie, et qui la retient
toujours sous le drapeau; c'était celle d'un chef
de parti, VOLT. Moeurs, 4 73. || 2e Par extension,,
s'assurer à prix d'argent le secours de. Soudoyer
des spadassins, des agents. Louis soudoya l'arche-
vêque de Cologne, Maximiliende Bavière.... comme
il soudoyait le roi d'Angleterre Charles II, VOLT.
Louis XIV, 4 0.
— SYN. SOUDOYER, STIPENDIER. Ces deux mots
sont synonymes, sauf que stipendier n'a plus qu'un
sens défavorable.
— HIST. xne s. Fai pur ço à tes humes abatre
cèdres al bois de Liban, e mes humes i serrant od
les tuens, e jo del mien lur durrai [donnerai], e
tut àlavolentedsoldeirai, Rois, p. 242. |] xves. Pour
payer lesdits gens d'armes et de trait estans en
garnison avec ledit sieur de Sassenage, lesquels il
soldoyat de ses propres deniers... Lettrede Charles
VIII, Bibl. desch. 3e série, t. iv, p. 64. ||xvies. Outre
la solde on doit aussi fournir l'équipage, car on
doit un homme equippé et soudoyé, LANOUE, 230.
La pluspart se soudoyoient de leurs moyens propres,
ro. 404. Ayant remené en Epire 8000 hommes et
500 chevaux, et ne se trouvant point d'argent
pour les soudoyer, AMYOT, Pyrrhus, 57. Jamais
chef de guerre n'eut tant de créance sur.ses sol-
dats [que Jules César] : au commencement de ses
guerres civiles, les centeniers luy offrirent de
souldoyer, chascun sur sa bourse, un homme
d'armes, MONT, m, 475.
— ÉTYM, Solde. Il y avait un substantif très-
usité, sodoier, qui a donné l'anglais soldier, sol-
dat.
SOUDRE (sou-dr'), v. a. Terme didactique qui a
vieilli et dont il n'est resté que l'infinitif, à peine
encore usité. || 1° Résoudre. Le monsieur son pé-
dant à son aide réclame, Pour soudre l'argument,
RÉGNIER, Sat. x. Les rois d'alors [du temps d'É-
sope] s'envoyaient les uns aux autres des pro-
blèmes à soudre sur toutes sortes de matières,
LA FONT. Fabl. Vie d'Ésope. || 2° Dissoudre. Cette
eau extrêmement forte qui peut soudre l'or, DESC.
Météor. 3.
— HIST. xne s. E à tut li respundid li reis, e
solst ses demandes e ses questions, Rois, p. 274.
|| xm° s. Si sainte yglise escommenie, Li frère
pueent bien assoudre, S'escommeniez a que soudre
[payer], RUTEB. n, 6I.||xive s. Toutes ces choses
sont solues par une manière, ORESME, Éth. 222.
Ilxvie s. Ledict Panurge solut très bien le pro>
blesme, RAB. Pant. n, 16. Christ n'a pas ottroyé
à ses apostres la puissance de lier et soudre, avant
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