Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 4 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54066991
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-57472
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
1990
SOT
SOT
SOT
ire sot! vous savez que je vous ai dit que je n'aime
pas les faiseurs de remontrances, MOL. Don Juan,
ï, 2. || Un bon sot, un homme qui croit ce qu'on
lui dit, qui se laisse attrapper. J'étais un bon sot,
moi, de croire, quand tu m'as parlé de prendre
des précautions, que.... HAMILT. Gramm. 3. || C'est
un sot en trois lettres, se dit pour appuyer sur la
qualification.... Vous êtes un sot en trois lettres,
mon fils, MOL. Tart. i, 4. [| Familièrement. Par el-
lipse, quelque sot, c'est-à-dire quelque sot le fe-
rait, le dirait, le croirait. Moi, monsieur! quelque
sot : la colère fait mal, MOL. l'Ét. n, 7. Orgon :
Certes, je t'y guettais. — Dorine : Quelque sotte,
ma foi!.... m. Tart. il, 2. || 2" Il se dit des choses
au même sens. Et toi, que me veux-tu, Ridicule
retour d'une sotte vertu? CORN. Rodog. Y,A. La sotte
vanité nous est particulière; Les Espagnols sont
vains, mais d'une autre manière : Leur orgueil
me semble, en un mot, Beaucoup plus fou, mais
pas si sot, LA FONT. Fabl. vin, 4 5. Le sot projet
qu'il [Montaigne] a de se peindre! PASC. Pens.
vi, 33. Toute la dignité de l'homme est en la
pensée; mais qu'est-ce que cette pensée? qu'elle
est sotte ! m. ib. xxiv, 58 bis. Rien n'est si sot que
d'aimer avec excès un enfant qui n'est point à
moi, MAINTENON, Lett. à l'abbé Gobelin, 44 juillet
4669. L'amour-propre est, hélas! le plus sot des
amours, DESHOUL. t. i, p. 4 03. [| 3° Fâcheux, dés-
agréable, ridicule, en parlant de choses. Morgue!
voilà une sotte nuit, d'être si noire que cela, MOL.
Georg. Dand. m, 4. Nous travaillons à finir une
sotte affaire avec un président, pour recevoir le
reste du payement d'une terre, SÉV. 27 novi 4 675.
Il y a eu une sotie occasion dans l'armée du maré-
chal d'Humières, où Nogaret a été dangereusement
blessé, ID. 2 août 4689. Je suis persuadée qu'une
femme indifférente trouvera peu d'hommes assez
hardis pour lui faire de sottes propositions,
»■' DE PUISIEUX. Ridic. à la mode, p. 21, dans
POUGENS ....Et déjà je m'étonne Qu'il ne vous ait
point fait quelque sot compliment, REGNARD, Hé-
nechmes, m, 4 4. La sotte guerre de Rousseau
et de moi continue toujours; j'en suis fâché,
cela déshonore les lettres, VOLT. Lett. Cideville,
25 sept. 4736. || 4° Embarrassé, confus. Sans
ce trait fallût Un homme l'emmenait, qui s'est
trouvé fort sot, MOL. l'Ét. n, 4 4. Ils furent bien
sots, lorsque, s'apprêtant à se saisir de mes effets,
ils apprirent qu'ils étaient à couvert, LESAGE,
Gusm. d'Alf. vi, 3. On me mande qu'on est tout
consterné et tout sot à Paris, VOLT. Lett. d'Argen-
tal, 4'4 oct. 4 759. Voulez-vous voir un personnage
embarrassé ? placez un homme entre deux femmes
avec chacune desquelles il aura des liaisons se-
crètes, puis observez quelle sotte figure il y fera,
j. J. ROUSS. Émi v. Comme il restera sot ! — Ed-
mond : Bien sot de l'aventure, A. DUVAL, Fille
d'honneur, m, 8. |] Substantivement. Comme un
sot, avec confusion. Sans l'inspiration subite de la
lettre, il faut l'avouer, j'étais éconduit comme un
sot, BEAUMARCH. Barb. de Sév. m, 3. || 5° Au fémi-
nin, follement amoureuse. Si bien donc qu'elle est
sotte de vous, MOL. l'Et. i, 6. Que Marinette est
sotte après son Gros-René! ID. le Bip. iv, 4.
|| 6° Par euphémisme,_ il s'est dit d'un homme
trompé par sa femme. Éçouser une sotte est pour
n'être point sot, MOL. Ecole des femmes, i, 4. Se
croyant aussi sot qu'il méritait de l'être, [il] Vou-
lut perdre sa femme; et, d'après ton rapport,
Il la fit mourir, MONTFLEURY, Femme juge et par-
tie, i, 4. || Substantivement. Il veut, à toute force,
être au nombre des sots; Il se maintient cocu....
LA FONT. Coupe. Elles font la sottise, et nous
sommes les sots, MOL. Sgan. 47. Elle? elle n'en
fera qu'un sot, je vous assure, m. Tart. n, 2.
J'irais, par ma constance aux affronts endurci, Me
mettre au rang des saints qu'a célébrés Bussi!
Assez de sots sans moi font parler dans la ville,
BOIL. Sat. vin. || 7° Le sot, un des noms vulgai-
res de la raie oxyrrhynque, dite aussi sotte et
alêne; c'est la raie au long bec de certains au-
teurs. || 8° Mère sotte, titre d'une sotie, satire de
l'Église. La plus célèbre de toutes les soties est
celle de Mère sotte, composée et représentée par
ordre exprès de Louis XII, MARMONTEL, OEUV. t. x,
p. 4 56. |j Proverbes. À sotte demande point de
réponse. Elle a raison : X sot compliment il faut
une réponse de même, MOL. l'Avare, in, 44. || De
sot homme sot songe, qu'il dorme ou qu'il veille
un sot est toujours un sot. || Sot qui s'y fie, il faut
prendre ses précautions. || Sottes gens, sotte be-
sogne, on ne peut rien tirer de bon des sottes
gens. On ne parle que des dissipations de cette
maison [des Mirepoix], depuis les plus grandes
jusqu'aux plus petites choses : sottes gens, sotte
besogne, SÉV. 2t août 4 675.
— REM. On peut dire à quelqu'un sans l'offenser :
vous êtes un fou. Mais on ne peut pas lui dire sans
l'outrager : vous êtes un sot.
— HIST. xii° s. Cornent sunt devenuit si sot li
saige home qui un petit enfant aorent ? ST BERN.
p. 550. Apostoles, fait il, cist rois nous tient por
sot, Sax. xvii. || xnie s. On dist pieclia [il y a long-
temps], que cius [celui-là] a grant disette de sot,
qui de lui meymes le fait, Chr.de Rains, p. 473.
|| xive s. Qui de trestout se taist, il doit bien pais
avoir; Et si ne sont pas bon à dire tout li voir
[toutes les vérités]; Hastive gent et sot n'aront jà
grant avoir,Beaud. de Seb. x, 4 062. Et sachiez que
vddecos sont les plus sos oyseaulx du monde,
Modus, f° cxxxn, verso. ||xve s Les sotes vier-
ges, Qui n'avoient oille ne cierges, Quant aux noces
entrer cuiderent, E. DESCH. Poésies mss. f° 490.
L'un est ménestrel, et l'autre a Semblant de faire
le sot saige [ce qu'on a nommé plus tard un fou] ;
Ces deux ont par tout l'avantaige,L'unen janglant,
l'autre à corner, m. ib. f° 34 3. Tu [le vin] faiz ba-
tailles et rios; Un saiges noms est partoy sos, Car
il pert son sens par yvresse, m. ib. fc 377. Et si ay
veu ailleurs escript Un proverbe qui sur ce dit Que
les grans noces font li sot, Et li saige hommes sans
escot, m. Miroir de mariage, p. 29. Les compai-
gnons de Colomiers en Brie se sont acoustumez de
eslire entre eulx un personnaige propre pour es-
tre et avoir en tiltre le nom de prince des sotz....
DU CANGE, princeps. Le duc de Bourgogne, voyant
leur sotte et rude manière [des Flamands], et que
ce qu'il disoit riens ne luy prouffitoit, par belles
et douces paroles les commença à rappaiser, MON-
STREL. t. i, ch. 78, p. 434, dans LACURNE. ||XVI 0 S.
Qu'un gros sot en rimes compose Des vers par
lesquels il me peint, MAROT, m, 4 5S. Ces sottes ar-
guties, MONT, i, 4 90. Ses livres [de Ctésias] sont
pleins de toute sorte de fables, non seulement in-
croyables, mais aussi folles et sottes, AMYOT, Ar-
tax. 4. Tous les assistens dirent que c'estoit une
sotte mal apprise, qui ne sçavoit ny bien ny hon-
neur, ID. ib. 39. Le fol est sot quand et quand;
mais tout sot n'est pas fol, H. EST. Apol. d'Hérod.
p. 48, dans LACURNE. Pourquoy est-ce quand on
nomme homme sot, il s'estime coqu? Moyen de
parvenir, p. 369, dans LACURNE. Tellement que ce
docte Homère Semble estre fils de sotte mère, Qui
jadis rimoit en dormant, Ou plus tost dormoit en
rimant, DU VERDIER, Biblioth. p 237. Femme sotte
se cogndist à la cotte, COTGRAVE. Sot amy, c'est un
ennemy, LER-OUX DE LINCY, Prov. t. n, p. 44 7.
— ÉTYM. Picard, sot, fou, moins sottes, mains
engourdies par le froid; wallon, so, sott; espagn.
et portug. so(e;angl. et anglo-saxon, sot; holl.
sot ; bas-lat. sottus. Origine inconnue.
t SOTADÉEN (so-ta-dé-in) ou SOTADIQUE (so-
ta-di-k'), adj. m. Terme de,versification ancienne.
Se dit d'une sorte de vers grec ou latin composé
de trois grands ioniens, suivis d'un spondée.
— ETYM. Salades, poète crétois.
j SOTARD (so-tar), s. m. Un des noms vulgaires
de la bécasse.
— ÉTYM. Dérivé de sot. Sotard, signifiant sot,
était dans la langue du xvr siècle.
f SOTÉRÏOLOGIE (so-té-ri-o-lo-jie), s. f. Terme
dogmatique. Doctrine du salut par le Christ.
— ÉTYM. Swiïipiov, salut, et XÔTOC, doctrine.
f SOTHIACAL, ALE (so-ti-a-kal, ka-1') ou SO-
THIAQUE (so-ti-a-k'), adj. Qui appartient à Sothis
ou étoile caniculaire. || Période sothiaque, période
de 44G0 ans nommée aussi grand cycle caniculaire,
grande année égyptienne, période sothiacale, cycle
sothiaque.
— ETYM. SrâOiç, nom égyptien de Sirius.
SOTIE (so-tie), s. f. Pièce de notre ancien théâ-
tre (xv° siècle et commencement du xvic siècle),
sorte de satire allégorique dialoguée, où les per-
sonnages étaient censés appartenir à un peuple
imaginaire nommé le peuple sot ou fol, lequel
représentait, aux yeux des spectateurs, les digni-
taires et personnages du monde réel. Ainsi le sot
juge était un juge quelconque; la mère sotte
était l'Eglise, et ainsi de suite pour tous les états.
— HIST. XIII» s. Se je me fes damace par me
[ma] sotie, et à autrui aussi, je ne sui pas escusé
de l'autrui damace por le mien, BEAUM. XXV, 48.
|| xvi" s. Comme dit Gratian du Pont en son art de
rhétorique, qui voudra sçavoir le nombre des
lignes qu'il faut en monologues, dialogues, farces,
sotties et moralitez, soit adverti que quand mono-
logue passe deux cens vers, c'est trop ; farces et
sotties cinq cens, moralitez mille ou douze cens au
plus.... DU VERDIER, Bibl. p. 427.
— ÉTYM. Sol, au sens de fou, ces pièces ayant
été ainsi qualifiées à cause des bouffonneries.
SOT-L'Y-LAISSE (so-li-lê-s'), s. m. invar. Mor-
ceau très-délicat qui se trouve au-dessus du crou-
pion d'une volaille. Il [La Reynière, célèbre gour-
mand du siècle dernier] trouva son fils à table :
Comment donc! c'est vous qui faites embrocher
sept dindons pour votre souper ! — Monsieur, je vous
avais ouï dire assez souvent qu'il n'y a presque
rien de bon dans une grosse dinde, et je n'en vou-
lais manger que les sot-1'y-laisse, DECOURCHAMPS,
Souvenirs de la marquise de Créquy, t. iv,ch. G.
11 On dit aussi, mais moins bien, fou-1'y-laisse.
— ÊTYM. Sot, le, y, laisse.
fSOTTAIS (so-tê), s. m. pi. Nom, en Belgique,
de nains ou pygmées qui, d'après la superstition
populaire, travaillent mystérieusement aux mines.
— ÉTYM. Soto, qui en basque signifie grotte.
SOTTEMENT (so-te-man), adv. D'une sotte fa-
çon. Vous donnez sottement vos ' qualités aux au-
tres, MOL. F. sav. m, 5. Les autres suent dans
leur cabinet pour montrer aux savants qu'ils ont
résolu une question d'algèbre.... et tant d'autres
s'exposent aux derniers périls, pour se vanter en-
suite d'une place qu'ils auront prise, et aussi sot-
tement, à mon gré, PASC. Pens. rv, 2, édit. HAVET.
Un poème insipide et sottement flatteur Désho-
nore à la fois le héros et l'auteur, BOIL. Sat. ix.
— HIST. XII" s Biaus amis, or entent; Quar
nos déduit, s'il te vient à talent; Se sez [si tu sais]
chançon, par amors dites en; Si en irons un pou
mains [moins] soltement, Moniage Guillaume,
v. 947. ||xrae s. Le beau cierge.... Que 'sotement
d'entre ses mains Li a en guise d'enragié Deux
fois li moines esragié [arraché], G. DE COINSI, DU
cierge. || xvic s. La sagesse humaine faict bien sot-."
tement l'ingénieuse à rabattre le nombre et la
doulceur des voluptez qui nous appartiennent,
MONT. I, 227.
— ÉTYM. Sotte, et le suffixe ment,
SOTTISE (so-ti-z'), s. f. || i° Défaut de juge-,
ment. C'est une chose assez plaisante qu'aucune
personne d'esprit ne voudrait d'un bonheur fon-
dé sur la sottise; il est clair pourtant qu'on ferait
un très-bon marché, VOLT. Lett. Mme du Deffant,
3 oct. 4 764. C'est une grande sottise de ne trouver
rien d'estimable dans un ennemi estimé de tous,
ID. Comm. Corn. Rem. Observ. de Scudéry. La sot-
tise et la vanité sont compagnes inséparables,
BEAUMARCH. Mère coupable, n, 7. Ses amis [de Da-
niel de Foë] le blâmaient; mais il leur répondit :
Il ne dépend pas de moi de parler ou de me taire,
et, lorsque l'esprit souffle, il faut lui obéir.... quant
à moi, ce n'est pas l'esprit, c'est la sottise qui me
fait aller en prison : j'ai cru bonnement à la
charte.... P. L. COUR. Rèp. aux anonymes. || Sot-
tise des deux parts, se dit en parlant de deux per-
sonnes qui, dans un débat, ont tort chacune de
leur côté. Sottise des deux parts est, comme on
sait, la devise de toutes les querelles, VOLT. Dict.
phil. Sottise. || 2° Parole sotte. Je vous puis assu-
rer que je ne lui avais dit ni l'une ni l'autre de
ces sottises, RETZ, Mém. t. m, liv. rv, p. 333, dans
POUGENS. Il rapporte une sottise triviale qu'a dite
Agnès, comme la chose la plus belle du monde,
MOL. Critique, 7. De dire des sottises par hasard
et par faiblesse, c'est un mal ordinaire ; mais d'en
dire par dessein, c'est ce qui n'est pas supportable,
PASC. Pens. vi, 33, édit. HAVET. Faire dire aux
échos des sottises champêtres, BOIL. Sat. ix. Il y a
je ne sais combien de sottises, que nous dirions si
elles n'avaient pas été dites, et si on ne nous les
avait pas, pour ainsi dire, enlevées, FONTEN. Dial.
anc. mod. OEuv. t. iv, p. 4 80, dans POUGENS.
C'est assez qu'il faille absolument que je parle,
pour que je dise une sottise infailliblement, J. i.
ROUSS. 2° dial. X quoi bon, disait un de ces hommes
qui croient penser mieux que les autres parce
qu'ils pensent autrement, à quoi bon s'embarras-
ser de toutes les sottises qu'on' a dites et faites
avant nous ? D'ALEMBERT, Mélanges, t. v, Réflexions
sur l'histoire. || 3° Action sotte, chose sotte. Que
cela me fait de bien, me disait autrefois un excel-
lent homme, de voir que les héros ont fui, que
les sages ont fait des sottises! BALZ. De la cour,
6e dise. Dame mouche s'en va chanter à leurs oreil-
les, Et fait cent sottises pareilles, LA FONT. Fabl.
vn, 9. Hélas ! on voit que, de tout temps, Les pe-
tits ont pâti des sottises des grands, ID. ib. n, i.
George Dandin, George Dandin, vous avez fait une
SOT
SOT
SOT
ire sot! vous savez que je vous ai dit que je n'aime
pas les faiseurs de remontrances, MOL. Don Juan,
ï, 2. || Un bon sot, un homme qui croit ce qu'on
lui dit, qui se laisse attrapper. J'étais un bon sot,
moi, de croire, quand tu m'as parlé de prendre
des précautions, que.... HAMILT. Gramm. 3. || C'est
un sot en trois lettres, se dit pour appuyer sur la
qualification.... Vous êtes un sot en trois lettres,
mon fils, MOL. Tart. i, 4. [| Familièrement. Par el-
lipse, quelque sot, c'est-à-dire quelque sot le fe-
rait, le dirait, le croirait. Moi, monsieur! quelque
sot : la colère fait mal, MOL. l'Ét. n, 7. Orgon :
Certes, je t'y guettais. — Dorine : Quelque sotte,
ma foi!.... m. Tart. il, 2. || 2" Il se dit des choses
au même sens. Et toi, que me veux-tu, Ridicule
retour d'une sotte vertu? CORN. Rodog. Y,A. La sotte
vanité nous est particulière; Les Espagnols sont
vains, mais d'une autre manière : Leur orgueil
me semble, en un mot, Beaucoup plus fou, mais
pas si sot, LA FONT. Fabl. vin, 4 5. Le sot projet
qu'il [Montaigne] a de se peindre! PASC. Pens.
vi, 33. Toute la dignité de l'homme est en la
pensée; mais qu'est-ce que cette pensée? qu'elle
est sotte ! m. ib. xxiv, 58 bis. Rien n'est si sot que
d'aimer avec excès un enfant qui n'est point à
moi, MAINTENON, Lett. à l'abbé Gobelin, 44 juillet
4669. L'amour-propre est, hélas! le plus sot des
amours, DESHOUL. t. i, p. 4 03. [| 3° Fâcheux, dés-
agréable, ridicule, en parlant de choses. Morgue!
voilà une sotte nuit, d'être si noire que cela, MOL.
Georg. Dand. m, 4. Nous travaillons à finir une
sotte affaire avec un président, pour recevoir le
reste du payement d'une terre, SÉV. 27 novi 4 675.
Il y a eu une sotie occasion dans l'armée du maré-
chal d'Humières, où Nogaret a été dangereusement
blessé, ID. 2 août 4689. Je suis persuadée qu'une
femme indifférente trouvera peu d'hommes assez
hardis pour lui faire de sottes propositions,
»■' DE PUISIEUX. Ridic. à la mode, p. 21, dans
POUGENS ....Et déjà je m'étonne Qu'il ne vous ait
point fait quelque sot compliment, REGNARD, Hé-
nechmes, m, 4 4. La sotte guerre de Rousseau
et de moi continue toujours; j'en suis fâché,
cela déshonore les lettres, VOLT. Lett. Cideville,
25 sept. 4736. || 4° Embarrassé, confus. Sans
ce trait fallût Un homme l'emmenait, qui s'est
trouvé fort sot, MOL. l'Ét. n, 4 4. Ils furent bien
sots, lorsque, s'apprêtant à se saisir de mes effets,
ils apprirent qu'ils étaient à couvert, LESAGE,
Gusm. d'Alf. vi, 3. On me mande qu'on est tout
consterné et tout sot à Paris, VOLT. Lett. d'Argen-
tal, 4'4 oct. 4 759. Voulez-vous voir un personnage
embarrassé ? placez un homme entre deux femmes
avec chacune desquelles il aura des liaisons se-
crètes, puis observez quelle sotte figure il y fera,
j. J. ROUSS. Émi v. Comme il restera sot ! — Ed-
mond : Bien sot de l'aventure, A. DUVAL, Fille
d'honneur, m, 8. |] Substantivement. Comme un
sot, avec confusion. Sans l'inspiration subite de la
lettre, il faut l'avouer, j'étais éconduit comme un
sot, BEAUMARCH. Barb. de Sév. m, 3. || 5° Au fémi-
nin, follement amoureuse. Si bien donc qu'elle est
sotte de vous, MOL. l'Et. i, 6. Que Marinette est
sotte après son Gros-René! ID. le Bip. iv, 4.
|| 6° Par euphémisme,_ il s'est dit d'un homme
trompé par sa femme. Éçouser une sotte est pour
n'être point sot, MOL. Ecole des femmes, i, 4. Se
croyant aussi sot qu'il méritait de l'être, [il] Vou-
lut perdre sa femme; et, d'après ton rapport,
Il la fit mourir, MONTFLEURY, Femme juge et par-
tie, i, 4. || Substantivement. Il veut, à toute force,
être au nombre des sots; Il se maintient cocu....
LA FONT. Coupe. Elles font la sottise, et nous
sommes les sots, MOL. Sgan. 47. Elle? elle n'en
fera qu'un sot, je vous assure, m. Tart. n, 2.
J'irais, par ma constance aux affronts endurci, Me
mettre au rang des saints qu'a célébrés Bussi!
Assez de sots sans moi font parler dans la ville,
BOIL. Sat. vin. || 7° Le sot, un des noms vulgai-
res de la raie oxyrrhynque, dite aussi sotte et
alêne; c'est la raie au long bec de certains au-
teurs. || 8° Mère sotte, titre d'une sotie, satire de
l'Église. La plus célèbre de toutes les soties est
celle de Mère sotte, composée et représentée par
ordre exprès de Louis XII, MARMONTEL, OEUV. t. x,
p. 4 56. |j Proverbes. À sotte demande point de
réponse. Elle a raison : X sot compliment il faut
une réponse de même, MOL. l'Avare, in, 44. || De
sot homme sot songe, qu'il dorme ou qu'il veille
un sot est toujours un sot. || Sot qui s'y fie, il faut
prendre ses précautions. || Sottes gens, sotte be-
sogne, on ne peut rien tirer de bon des sottes
gens. On ne parle que des dissipations de cette
maison [des Mirepoix], depuis les plus grandes
jusqu'aux plus petites choses : sottes gens, sotte
besogne, SÉV. 2t août 4 675.
— REM. On peut dire à quelqu'un sans l'offenser :
vous êtes un fou. Mais on ne peut pas lui dire sans
l'outrager : vous êtes un sot.
— HIST. xii° s. Cornent sunt devenuit si sot li
saige home qui un petit enfant aorent ? ST BERN.
p. 550. Apostoles, fait il, cist rois nous tient por
sot, Sax. xvii. || xnie s. On dist pieclia [il y a long-
temps], que cius [celui-là] a grant disette de sot,
qui de lui meymes le fait, Chr.de Rains, p. 473.
|| xive s. Qui de trestout se taist, il doit bien pais
avoir; Et si ne sont pas bon à dire tout li voir
[toutes les vérités]; Hastive gent et sot n'aront jà
grant avoir,Beaud. de Seb. x, 4 062. Et sachiez que
vddecos sont les plus sos oyseaulx du monde,
Modus, f° cxxxn, verso. ||xve s Les sotes vier-
ges, Qui n'avoient oille ne cierges, Quant aux noces
entrer cuiderent, E. DESCH. Poésies mss. f° 490.
L'un est ménestrel, et l'autre a Semblant de faire
le sot saige [ce qu'on a nommé plus tard un fou] ;
Ces deux ont par tout l'avantaige,L'unen janglant,
l'autre à corner, m. ib. f° 34 3. Tu [le vin] faiz ba-
tailles et rios; Un saiges noms est partoy sos, Car
il pert son sens par yvresse, m. ib. fc 377. Et si ay
veu ailleurs escript Un proverbe qui sur ce dit Que
les grans noces font li sot, Et li saige hommes sans
escot, m. Miroir de mariage, p. 29. Les compai-
gnons de Colomiers en Brie se sont acoustumez de
eslire entre eulx un personnaige propre pour es-
tre et avoir en tiltre le nom de prince des sotz....
DU CANGE, princeps. Le duc de Bourgogne, voyant
leur sotte et rude manière [des Flamands], et que
ce qu'il disoit riens ne luy prouffitoit, par belles
et douces paroles les commença à rappaiser, MON-
STREL. t. i, ch. 78, p. 434, dans LACURNE. ||XVI 0 S.
Qu'un gros sot en rimes compose Des vers par
lesquels il me peint, MAROT, m, 4 5S. Ces sottes ar-
guties, MONT, i, 4 90. Ses livres [de Ctésias] sont
pleins de toute sorte de fables, non seulement in-
croyables, mais aussi folles et sottes, AMYOT, Ar-
tax. 4. Tous les assistens dirent que c'estoit une
sotte mal apprise, qui ne sçavoit ny bien ny hon-
neur, ID. ib. 39. Le fol est sot quand et quand;
mais tout sot n'est pas fol, H. EST. Apol. d'Hérod.
p. 48, dans LACURNE. Pourquoy est-ce quand on
nomme homme sot, il s'estime coqu? Moyen de
parvenir, p. 369, dans LACURNE. Tellement que ce
docte Homère Semble estre fils de sotte mère, Qui
jadis rimoit en dormant, Ou plus tost dormoit en
rimant, DU VERDIER, Biblioth. p 237. Femme sotte
se cogndist à la cotte, COTGRAVE. Sot amy, c'est un
ennemy, LER-OUX DE LINCY, Prov. t. n, p. 44 7.
— ÉTYM. Picard, sot, fou, moins sottes, mains
engourdies par le froid; wallon, so, sott; espagn.
et portug. so(e;angl. et anglo-saxon, sot; holl.
sot ; bas-lat. sottus. Origine inconnue.
t SOTADÉEN (so-ta-dé-in) ou SOTADIQUE (so-
ta-di-k'), adj. m. Terme de,versification ancienne.
Se dit d'une sorte de vers grec ou latin composé
de trois grands ioniens, suivis d'un spondée.
— ETYM. Salades, poète crétois.
j SOTARD (so-tar), s. m. Un des noms vulgaires
de la bécasse.
— ÉTYM. Dérivé de sot. Sotard, signifiant sot,
était dans la langue du xvr siècle.
f SOTÉRÏOLOGIE (so-té-ri-o-lo-jie), s. f. Terme
dogmatique. Doctrine du salut par le Christ.
— ÉTYM. Swiïipiov, salut, et XÔTOC, doctrine.
f SOTHIACAL, ALE (so-ti-a-kal, ka-1') ou SO-
THIAQUE (so-ti-a-k'), adj. Qui appartient à Sothis
ou étoile caniculaire. || Période sothiaque, période
de 44G0 ans nommée aussi grand cycle caniculaire,
grande année égyptienne, période sothiacale, cycle
sothiaque.
— ETYM. SrâOiç, nom égyptien de Sirius.
SOTIE (so-tie), s. f. Pièce de notre ancien théâ-
tre (xv° siècle et commencement du xvic siècle),
sorte de satire allégorique dialoguée, où les per-
sonnages étaient censés appartenir à un peuple
imaginaire nommé le peuple sot ou fol, lequel
représentait, aux yeux des spectateurs, les digni-
taires et personnages du monde réel. Ainsi le sot
juge était un juge quelconque; la mère sotte
était l'Eglise, et ainsi de suite pour tous les états.
— HIST. XIII» s. Se je me fes damace par me
[ma] sotie, et à autrui aussi, je ne sui pas escusé
de l'autrui damace por le mien, BEAUM. XXV, 48.
|| xvi" s. Comme dit Gratian du Pont en son art de
rhétorique, qui voudra sçavoir le nombre des
lignes qu'il faut en monologues, dialogues, farces,
sotties et moralitez, soit adverti que quand mono-
logue passe deux cens vers, c'est trop ; farces et
sotties cinq cens, moralitez mille ou douze cens au
plus.... DU VERDIER, Bibl. p. 427.
— ÉTYM. Sol, au sens de fou, ces pièces ayant
été ainsi qualifiées à cause des bouffonneries.
SOT-L'Y-LAISSE (so-li-lê-s'), s. m. invar. Mor-
ceau très-délicat qui se trouve au-dessus du crou-
pion d'une volaille. Il [La Reynière, célèbre gour-
mand du siècle dernier] trouva son fils à table :
Comment donc! c'est vous qui faites embrocher
sept dindons pour votre souper ! — Monsieur, je vous
avais ouï dire assez souvent qu'il n'y a presque
rien de bon dans une grosse dinde, et je n'en vou-
lais manger que les sot-1'y-laisse, DECOURCHAMPS,
Souvenirs de la marquise de Créquy, t. iv,ch. G.
11 On dit aussi, mais moins bien, fou-1'y-laisse.
— ÊTYM. Sot, le, y, laisse.
fSOTTAIS (so-tê), s. m. pi. Nom, en Belgique,
de nains ou pygmées qui, d'après la superstition
populaire, travaillent mystérieusement aux mines.
— ÉTYM. Soto, qui en basque signifie grotte.
SOTTEMENT (so-te-man), adv. D'une sotte fa-
çon. Vous donnez sottement vos ' qualités aux au-
tres, MOL. F. sav. m, 5. Les autres suent dans
leur cabinet pour montrer aux savants qu'ils ont
résolu une question d'algèbre.... et tant d'autres
s'exposent aux derniers périls, pour se vanter en-
suite d'une place qu'ils auront prise, et aussi sot-
tement, à mon gré, PASC. Pens. rv, 2, édit. HAVET.
Un poème insipide et sottement flatteur Désho-
nore à la fois le héros et l'auteur, BOIL. Sat. ix.
— HIST. XII" s Biaus amis, or entent; Quar
nos déduit, s'il te vient à talent; Se sez [si tu sais]
chançon, par amors dites en; Si en irons un pou
mains [moins] soltement, Moniage Guillaume,
v. 947. ||xrae s. Le beau cierge.... Que 'sotement
d'entre ses mains Li a en guise d'enragié Deux
fois li moines esragié [arraché], G. DE COINSI, DU
cierge. || xvic s. La sagesse humaine faict bien sot-."
tement l'ingénieuse à rabattre le nombre et la
doulceur des voluptez qui nous appartiennent,
MONT. I, 227.
— ÉTYM. Sotte, et le suffixe ment,
SOTTISE (so-ti-z'), s. f. || i° Défaut de juge-,
ment. C'est une chose assez plaisante qu'aucune
personne d'esprit ne voudrait d'un bonheur fon-
dé sur la sottise; il est clair pourtant qu'on ferait
un très-bon marché, VOLT. Lett. Mme du Deffant,
3 oct. 4 764. C'est une grande sottise de ne trouver
rien d'estimable dans un ennemi estimé de tous,
ID. Comm. Corn. Rem. Observ. de Scudéry. La sot-
tise et la vanité sont compagnes inséparables,
BEAUMARCH. Mère coupable, n, 7. Ses amis [de Da-
niel de Foë] le blâmaient; mais il leur répondit :
Il ne dépend pas de moi de parler ou de me taire,
et, lorsque l'esprit souffle, il faut lui obéir.... quant
à moi, ce n'est pas l'esprit, c'est la sottise qui me
fait aller en prison : j'ai cru bonnement à la
charte.... P. L. COUR. Rèp. aux anonymes. || Sot-
tise des deux parts, se dit en parlant de deux per-
sonnes qui, dans un débat, ont tort chacune de
leur côté. Sottise des deux parts est, comme on
sait, la devise de toutes les querelles, VOLT. Dict.
phil. Sottise. || 2° Parole sotte. Je vous puis assu-
rer que je ne lui avais dit ni l'une ni l'autre de
ces sottises, RETZ, Mém. t. m, liv. rv, p. 333, dans
POUGENS. Il rapporte une sottise triviale qu'a dite
Agnès, comme la chose la plus belle du monde,
MOL. Critique, 7. De dire des sottises par hasard
et par faiblesse, c'est un mal ordinaire ; mais d'en
dire par dessein, c'est ce qui n'est pas supportable,
PASC. Pens. vi, 33, édit. HAVET. Faire dire aux
échos des sottises champêtres, BOIL. Sat. ix. Il y a
je ne sais combien de sottises, que nous dirions si
elles n'avaient pas été dites, et si on ne nous les
avait pas, pour ainsi dire, enlevées, FONTEN. Dial.
anc. mod. OEuv. t. iv, p. 4 80, dans POUGENS.
C'est assez qu'il faille absolument que je parle,
pour que je dise une sottise infailliblement, J. i.
ROUSS. 2° dial. X quoi bon, disait un de ces hommes
qui croient penser mieux que les autres parce
qu'ils pensent autrement, à quoi bon s'embarras-
ser de toutes les sottises qu'on' a dites et faites
avant nous ? D'ALEMBERT, Mélanges, t. v, Réflexions
sur l'histoire. || 3° Action sotte, chose sotte. Que
cela me fait de bien, me disait autrefois un excel-
lent homme, de voir que les héros ont fui, que
les sages ont fait des sottises! BALZ. De la cour,
6e dise. Dame mouche s'en va chanter à leurs oreil-
les, Et fait cent sottises pareilles, LA FONT. Fabl.
vn, 9. Hélas ! on voit que, de tout temps, Les pe-
tits ont pâti des sottises des grands, ID. ib. n, i.
George Dandin, George Dandin, vous avez fait une
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