Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 4 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54066991
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-57472
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
1984
SOR
SOR
SOR
rine de Médicis avait mis la magie si fort à la
mode en France, qu'un prêtre nommé Séchelles, qui
fut brûlé en Grève sous Henri III pour sorcellerie,
accusa douze cents personnes de ce prétendu
crime, VOLT. Henr. v, notes. C'est à cette raison
naissante qu'on dut la déclaration du roi de 1672,
qui défendit aux tribunaux d'admettre les simples
accusations de sorcellerie, m. Louis XIV, 31. On
immola des enfants de dix ans [pour accusation de
sorcellerie dans la Nouvelle-Angleterre] ; on dé-
pouilla de jeunes filles; on chercha sur tout leur
corps, avec une impudente curiosité, des marques
de sorcellerie, KAYNAL, Hist. phil. xvn, 20. La ma-
gie goétique est ce qu'on a appelé aussi sorcellerie ;
ceux qui en faisaient profession n'avaient commerce
qu'avec les mauvais démons, et n'employaient leur
pouvoir que pour nuire et commettre'des crimes,
LEBLOND, lnstit. Mém. litt. et beaux-arts, t.1, p. 188.
|| 2° Fig. Tours d'adresse, choses qui paraissent au-
dessus des forces de la nature. Cela ne peut se
faire sans sorcellerie.
— HIST. xmc s. Daciens voit son frère, moult
docement li prie; Amis, car croi en Dieu le fil
.sainte Marie, Et relenquis Mahon et sa sorcelerie,
Ch. d'Ant. vi, 793. || xvie s. Une vieille dame, crain-
tive de ces sorcelleries [sorts jetés], MONT, I, BB.
Si j'oypis parler ou des esprits qui reviennent, ou
du prognostique des choses futures, des enchan-
tements, des sorcelleries, m. i, 200.
— ÉTYM. L'anc. verbe sorceler, de même radical
que sorcier; wallon, sorsulreie; provenç. sorrolha-
ria. Le mot le plus usité dans l'ancienne langue
était sorcerie ; on disait aussi sorcelage.
SORCIER, 1ÈRE (sor-sié, siè-r'), s. m, et */"•
|| 1" Celui, celle qui passe pour avoir fait un pacte
avec le diable, à l'effet d'opérer des maléfices, et
pour aller à des assemblées nocturnes dites sabbat.
On les tient [les chrétiens] pour sorciers dont l'enfer
est le maître, CORN. Pol. iv, 6. Le sorcier en fit
une fille [de la chatte] De l'âge de quinze ans, et
telle et si gentille, Que le fils de Priam pour elle
aurait tenté Plus encor qu'il ne fit pour la grecque
beauté, LA PONT. Fabl. ix, 7. Encore que je sois
persuadé que les véritables sorciers soient très-
rares, que le sabbat ne soit qu'un songe, et que
les parlements qui renvoient les accusations des
sorcelleries soient les plus équitables, ,MALEBR.
Rech. vér. n, 3, ch. dernier. Le grand juge de ce
pays [Saint-Claude], nommé Boguet, se vante,
dans son livre sur les sorciers imprimé à Lyon en
1607, d'avoir fait brûler sept cents sorciers, VOLT.
Pol. et lég. Requête. Nicolas Rémi, dans sa Dénio-
nolâtrie, rapporte' neuf cents arrêts rendus en
quinze ans contre les sorciers dans la seule Lor-
raine, m. Louis XIV,Si. Encore de nos jours, en
4 760, la justice sacerdotale de l'évêque de Wurtz-
bourg a condamné comme sorcière une religieuse,
fille de qualité, au supplice du feu, n>. Dict. phil.
Arrêts not. Sachez que la nuit dernière Sur un
vieux balai rôti, Avec certaine sorcière, Pour
l'enfer je suis parti, BÉRANG. Desc. aux enf. || Fa-
milièrement. Il n'est pas sorcier, il n'est pas grand
sorcier, il n'est pas très-habile. || Il ne faut pas être
grand sorcier pour cela, c'est une chose qui n'exige
pas une bien grande habileté. Il ne fallait pas être
une grande sorcière Pour voir, dès le moment de
vos desseins pour lui, Tout ce que votre esprit ne
voit que d'aujourd'hui, MOL. le Bép. rc, 1. Il ne
faut pas être grand sorcier pour deviner cela,
DANCOURT, le Cheval, à la mode, iv, 1.1| En un sens
opposé. Il faut être sorcier pour le lire [ce ma-
nuscrit de Longus] ; j'espère pourtant en venir à
bout, p. i. COUR. Lelt. à M. Renouard. || 2° Fig.
Il se dit de celui qui charme comme par un sor-
tilège. Allez, allez, madame, Étaler vos appas et
vanter vos mépris A l'infâme sorcier qui charme
vos esprits, CORN. Médée, n, 7. || Il se dit aussi des
choses qui captivent. Là cadence aussitôt, la rime,
la césure, La riche expression, la nombreuse me-
sure, Sorcières dont l'amour sait d'abord les char-
mer [les poètes], De fatigues sans fin viennent les
consumer, BOIL. Ép. xi. ]| 3° Fig. et populairement.
Un vieux sorcier, un homme vieux et méchant.
|| Une vieille sorcière, une femme vieille et mé-
chante. 114" S. f. Sorcière, un des noms de la circée
lutétienne, onagrariées, dite aussi herbe à la ma-
gicienne. j| Nom vulgaire de la synancée horrible,
poissons aoanthoptérygiens, la scorpène horrible
de certains auteurs. || Nom vulgaire des espèces du
. genre mante) insectes orthoptères.
•— HIST. XIE° s. L'orde et vieille sorcière, Berte,
Xii. Li sorciers et les sorcières si errent contre la
foy, BEADM. xi, 25. |l xvie s. Et fay, quand il me
plaist, par figures sorcières Flots sur flots entassés
les grands monts escumer, R. BELLEAU, Bergeries,
t. i, p. 131, dans LACURNE. Les traits d'une jeune
guerrière.... Hauts discours, divines pensées, Et
mille vertus amassées Sont les sorciers qui m'ont
charmé, DESPORTES, Amours jL'llippolyle, ix, chan-
son. Dix ou douze prisonniers de ce genre [accusés
de sorcellerie], et une vieille, vrayement bien sor-
cière en laideur et deformité, MONT, IV, 187.
— ÉTYM. Wallon, sôrsi; saintong. sorcière, tour-
billon de vent attribué aux sorciers ; du bas-lat.
sortiarius, qui vient du lat. sors, sort : proprement,
celui qui jette un sort, ou qui dit le sort; provenç.
sortilhier; espagn. sortero; ital. sortiere.
SORDIDE, (sor-di-d'), adj. || 1° Sale, vilain. Sa
volupté [d'Épicure] n'était point sordide ; il a vécu
si sobrement que les Pères en font parfois honte
aux chrétiens, LA MOTHE LE VAYER,T"ertu des païens,
n, Épicure. Tomber dans-une sordide pauvreté,
PATRU, Plaid. 3. François ne saurait avoir ni un
habillement si sordide ni une nourriture si modi-
que, qu'il ne soit parfaitement satisfait, BOSS.
Panég. SI Franc. d'Ass. 2. ]| En parlant de per-
sonnes. Irais-je, adulateur sordide, Encenser un sot
dans l'éclat? GRESSET, Chartreuse. || 2° Terme de
médecine. Sale, de mauvais aspect. Une plaie sor-
dide. || Ulcères sordides, ulcères qui fournissent
une suppuration sanieuse ou de mauvaise nature.
|| 3° Fig. Il se dit de l'avarice et des choses qui s'y
rapportent. Il y a un noble intérêt, il y a un inté-
rêt bas et sordide, BOSS. Rép. à quatre lettres de
M. de Cambrai, 2. Travaillez pour la gloire,
et qu'un sordide gain Ne soit jamais l'objet
d'un illustre écrivain, BOIL. Art p. iv. On ne peut
t'excuser sur ton avarice sordide [de Caton l'ancien],
FÉN. Dial. des morts anc. 35. Le parfait désinté-
ressement de Socrate, qui était sans héritage et
sans revenu, faisait encore sentir davantage par le
contraste la sordide avidité des sophistes, ROLLIN,
Hist. anc. OEuvr. t. xi, 2e part. p. 776, dans POU-
GENS. || 4° Par extension, très-avare, vilain, en par-
lant des personnes. C'est un avare des plus sor-
dides. Une avare et sordide famille, BOIL. Sat. x.
— HIST. xvie s. Le chancre ulcéré est fort sor-
dide, PARÉ, v, 27.
— ÉTYM. Lat. sordidus, sale, de sordes, ordures.
SORDIDEMENT (sor-di-de-man), adj. D'une ma-
nière sordide. Ce que l'on prodigue, on l'ôte à son
héritier; ce que l'on épargne sordidement, on se
l'ôte à soi-même : le milieu est justice pour soi et
pour les autres, LA BRUY. VI.
— HIST. XVIe s.... Que l'on employast leur nom
si vilement et sordidement, CHARRON, Sagesse,!, 42.
— ÉTYM. Sordide, et le suffixe ment; ital. sordi-
damente.
SORDIDITÉ (sor-di-di-té), s. f. || 1° État de ce
qui est sordide, sale. La chambre de la reine et
des enfants offrait la même sordidité, LAMARTINE,
cité dans LEGOARANT. || 2° Mesquineriej ladrerie.
Devant un avare, sa dureté et sa sordidité n'est plus
[dans notre bouche] qu'une sage modération et
une bonne conduite domestique, MASS. Avent,
Épiphan.
— ÉTYM. Sordide.
f SORE (so-r'), s. m. Paquet de corpuscules re-
producteurs, au dos des frondes des fougères.
— ÉTYM. 2wpèç, tas.
f SOREDION (so-ré-di-on), s. m. Terme de bota-
nique. Tache pulvérulente produite par la réunion
des corpuscules reproducteurs de certains lichens.
— ÉTYM. Dimin. de oupè; (voy. SOHE).
SOHET, adj. m. Voy. SAURET au mot SAURE.
f SORGHO (sor-go), s. m. Genre créé par Micheli
de quelques espèces des genres andropogon et
holcus. L'espèce type est le sorghum vulgare, Per-
soon. Le sorgho proprement dit, ou houlque sor-
gho, ou grand millet, est cultivé en plusieurs en-
droits de la France méridionale où l'on en fait les
balais du commerce. |] La houlque sucrée ou sorgho
à sucre {holcus saccharatus, L. sorghum saccha-
ratum, Persoon), provenant de la Chine, et cul-
tivée en Algérie, y donne, assure-t-on, près de
quatre-vingts hectolitres d'alcool par hectare.
— ETYM. Ital. surgo; bas-lat. surgum, surcum,
suricum.
t SORGUEUR (sor-gheur), s. m. Terme d'argot.
Voleur de nuit qui ne recule ni devant la vio-
lence, ni devant le meurtre (de sorgue, la nuit, en
argot).
t SORICIENS (so-ri-siin), s. m. pi. Terme de zoo-
logie. Famille de mammifères, ayant pour type le.
genre musaraigne.
— ÉTYM. Lat. sorex, la souris.
SORITE (so-ri-tf), s. m. Terme de logique. Sorte
de raisonnement, composé d'une suite de propo-
sitions, dont la seconde doit expliquer l'attribut de
la. première, la troisième l'attribut de la se-
conde, ainsi de suite, jusqu'à ce qu'enfin on
arrive à la conséquence que l'on veut tirer. Le so-
rite est une suite d'enthymèmes enchaînés l'un
à l'autre, MARMONTEL, OEuvr. t. rx, p. 609.
— ÉTYM. Iwpeitïiç, de trupè;, tas, ainsi dit parce
que l'argument sophistique par lequel on mon-
tre qu'un tas de blé ne diffère que par un grain
de ce qui ne fait pas un tas, est le type du sorite.
t SORNE (sor-n'), s. f. Scorie qui adhère aux
parois de la fonte.
SORNETTE (sor-nè-f), s. f. Discours frivole, ba-
gatelle. Un esprit fécond en sornettes, RÉGNIER,
Epît. rn. Sans ce maudit honneur, ce conteur de
sornettes, m. Sat. vi. Tous deux gens sots, tous
deux gens à sornettes, XA FONT. Rémois. Et ce
qui m'a vingt fois fait tomber de mon haut, C'est
de vous voir au ciel élever des sornettes Que vf/us
désavoueriez si vous les aviez faites, MOL. Femm
sav. iv, 2. Il mé détourne de mes livres sérieux,
et, sous prétexte que je me fais mal aux yeux, il
me faut écouter des sornettes que je veux oublier,
SÉV. 239. Grand dommage est que ceci soit sor-
nettes, LA BRUY. xiv. Dès que j'eus bien ou mal
rimé quelque sornette, Je me vis tout en même
temps Affublé du nom de poète,' CHAUL. Épit. à
la taré, déc. 1703.
— HIST. xv» s. Enfin toutesvoies ils en parti- -
rent contens l'ung de l'autre et bras à bras comme
deux frères, rians et faisans leurs sorhes du roy
qui ainsi les avoit appointié, G. CHAST. Chron. des
ducs de Bourg, i, 34. Il tira à part le suppliant
et lui dist que, s'il vouloit venir devers le soir,
qu'il verroit une bonne soumette ou esbattement,
DU CANGE, subsannatio. Adonc furent les neuf
roynes moult resveillées, qui donnoient les sor-
nettes à leurs marys [s'en moquaient], porce que
le chevalier doré les avoit ainsi abbatus, Perce-
forest, t. m, f° no. Je luy envoyé ces sornettes,
Pour soy desennuyer; combien, S'il veult, face
en des alumettes, VILLON, Grand testam. Legs au
sénéchal. || xvie s. Après souper feurent jouées plu-
sieurs farces, comédies, sornettes plaisantes, RAB.
IV, 52.
— ÉTYM. Bourg, sornôtte; Berry, sornette, so-
briquet : il s'appelle un tel, mais sa sornette est
gueule fraîche. C'est le dimin. de l'anc. franc.
sorne, qui a le même sens; il y avait aussi un verbe
sorner, dire des sornettes. Diez tire sorne du cel-
tique : kimry, swrn, bagatelle. Il y a aussi un au-
tre sorne qui signifie obscurité ; il ne paraît pas
tenir à celui-ci. Enfin sorne, scorie, y doit-il être
rattaché? ^
f SORON (so-ron), s. m. la. patelle nivéenne
(univalves) de Gmelin.
fSORORAL, ALE (so-ro-ral, ra-1') ou SORORIAL,
ALE (so-ro-ri-al, a-1'), adj. Qui appartient à
des soeurs, à une soeur. L'astre des jours et celui
des nuits distribuent tour à tour au blé des in-
fluences fraternelles et sororiales, BERN. DE ST-P.
Harm. i, Tabl. gén. Â la faveur de sa lumière so-
rorale, elle [Diane soeur d'Apollon] fait encore ap-
paraître les monts escarpés, ID. Mort de Socr.
— ÉTYM. Dérivé du lat.soror, sororis (voy. SOEUR).
f SORORICIDE (so-ro.-ri-si-d'), s. m. || 1° Meurtre
d'une soeur. || 2° Meurtrier de sa soeur. Romulus
qui fut allaité D'une louve, fut fratricide; Horace
fut sororicide, SCARR. Poés. div. OEuvr. t. VIT, p. 147.
— ÉTYM. Lat. sororicida, de soror, soeur, et
cxdere, tuer.
t SOROSE (so-rô-z'), s. f. Terme de botanique.
Fruit formé par la réunion de plusieurs autres er.
un seul.
— ÉTYM. 2wpoç, tas.
SORT (sor; le t ne se lie pas : un sor infortuné,
au pluriel, l's ne se lie pas : des sor infortunés ;
cependant quelques-uns la lient : des sor-z infor-
tunés), s. m. || 1° Destinée, considérée comme cause
des événements de la vie, suivant l'idée des an-
ciens. Défions-nous du sort, et prenons garde à
nous Après le gain d'une bataille, LA FONT. Fabl.
vn, 13. Chacun songe comment il s'acquittera de sa
condition; mais, pour le choix de la condition et
de la patrie, le sort nous le donne, PASC. Pens.
xxv, 80, édit. HAVET. Que si .d'un sort fâcheux la
maligne inconstance Vient par un coup fatal faire
tourner la chance, BOIL. Sat. iv. Jeunes et tendres
fleurs par le sort agitées, RAC. Esth. i, 1. Dans
le vulgaire obscur si le sort l'eût placé.... ID. Ath.
II, 7. Montrez-nous, héros magnanimes, Votre
SOR
SOR
SOR
rine de Médicis avait mis la magie si fort à la
mode en France, qu'un prêtre nommé Séchelles, qui
fut brûlé en Grève sous Henri III pour sorcellerie,
accusa douze cents personnes de ce prétendu
crime, VOLT. Henr. v, notes. C'est à cette raison
naissante qu'on dut la déclaration du roi de 1672,
qui défendit aux tribunaux d'admettre les simples
accusations de sorcellerie, m. Louis XIV, 31. On
immola des enfants de dix ans [pour accusation de
sorcellerie dans la Nouvelle-Angleterre] ; on dé-
pouilla de jeunes filles; on chercha sur tout leur
corps, avec une impudente curiosité, des marques
de sorcellerie, KAYNAL, Hist. phil. xvn, 20. La ma-
gie goétique est ce qu'on a appelé aussi sorcellerie ;
ceux qui en faisaient profession n'avaient commerce
qu'avec les mauvais démons, et n'employaient leur
pouvoir que pour nuire et commettre'des crimes,
LEBLOND, lnstit. Mém. litt. et beaux-arts, t.1, p. 188.
|| 2° Fig. Tours d'adresse, choses qui paraissent au-
dessus des forces de la nature. Cela ne peut se
faire sans sorcellerie.
— HIST. xmc s. Daciens voit son frère, moult
docement li prie; Amis, car croi en Dieu le fil
.sainte Marie, Et relenquis Mahon et sa sorcelerie,
Ch. d'Ant. vi, 793. || xvie s. Une vieille dame, crain-
tive de ces sorcelleries [sorts jetés], MONT, I, BB.
Si j'oypis parler ou des esprits qui reviennent, ou
du prognostique des choses futures, des enchan-
tements, des sorcelleries, m. i, 200.
— ÉTYM. L'anc. verbe sorceler, de même radical
que sorcier; wallon, sorsulreie; provenç. sorrolha-
ria. Le mot le plus usité dans l'ancienne langue
était sorcerie ; on disait aussi sorcelage.
SORCIER, 1ÈRE (sor-sié, siè-r'), s. m, et */"•
|| 1" Celui, celle qui passe pour avoir fait un pacte
avec le diable, à l'effet d'opérer des maléfices, et
pour aller à des assemblées nocturnes dites sabbat.
On les tient [les chrétiens] pour sorciers dont l'enfer
est le maître, CORN. Pol. iv, 6. Le sorcier en fit
une fille [de la chatte] De l'âge de quinze ans, et
telle et si gentille, Que le fils de Priam pour elle
aurait tenté Plus encor qu'il ne fit pour la grecque
beauté, LA PONT. Fabl. ix, 7. Encore que je sois
persuadé que les véritables sorciers soient très-
rares, que le sabbat ne soit qu'un songe, et que
les parlements qui renvoient les accusations des
sorcelleries soient les plus équitables, ,MALEBR.
Rech. vér. n, 3, ch. dernier. Le grand juge de ce
pays [Saint-Claude], nommé Boguet, se vante,
dans son livre sur les sorciers imprimé à Lyon en
1607, d'avoir fait brûler sept cents sorciers, VOLT.
Pol. et lég. Requête. Nicolas Rémi, dans sa Dénio-
nolâtrie, rapporte' neuf cents arrêts rendus en
quinze ans contre les sorciers dans la seule Lor-
raine, m. Louis XIV,Si. Encore de nos jours, en
4 760, la justice sacerdotale de l'évêque de Wurtz-
bourg a condamné comme sorcière une religieuse,
fille de qualité, au supplice du feu, n>. Dict. phil.
Arrêts not. Sachez que la nuit dernière Sur un
vieux balai rôti, Avec certaine sorcière, Pour
l'enfer je suis parti, BÉRANG. Desc. aux enf. || Fa-
milièrement. Il n'est pas sorcier, il n'est pas grand
sorcier, il n'est pas très-habile. || Il ne faut pas être
grand sorcier pour cela, c'est une chose qui n'exige
pas une bien grande habileté. Il ne fallait pas être
une grande sorcière Pour voir, dès le moment de
vos desseins pour lui, Tout ce que votre esprit ne
voit que d'aujourd'hui, MOL. le Bép. rc, 1. Il ne
faut pas être grand sorcier pour deviner cela,
DANCOURT, le Cheval, à la mode, iv, 1.1| En un sens
opposé. Il faut être sorcier pour le lire [ce ma-
nuscrit de Longus] ; j'espère pourtant en venir à
bout, p. i. COUR. Lelt. à M. Renouard. || 2° Fig.
Il se dit de celui qui charme comme par un sor-
tilège. Allez, allez, madame, Étaler vos appas et
vanter vos mépris A l'infâme sorcier qui charme
vos esprits, CORN. Médée, n, 7. || Il se dit aussi des
choses qui captivent. Là cadence aussitôt, la rime,
la césure, La riche expression, la nombreuse me-
sure, Sorcières dont l'amour sait d'abord les char-
mer [les poètes], De fatigues sans fin viennent les
consumer, BOIL. Ép. xi. ]| 3° Fig. et populairement.
Un vieux sorcier, un homme vieux et méchant.
|| Une vieille sorcière, une femme vieille et mé-
chante. 114" S. f. Sorcière, un des noms de la circée
lutétienne, onagrariées, dite aussi herbe à la ma-
gicienne. j| Nom vulgaire de la synancée horrible,
poissons aoanthoptérygiens, la scorpène horrible
de certains auteurs. || Nom vulgaire des espèces du
. genre mante) insectes orthoptères.
•— HIST. XIE° s. L'orde et vieille sorcière, Berte,
Xii. Li sorciers et les sorcières si errent contre la
foy, BEADM. xi, 25. |l xvie s. Et fay, quand il me
plaist, par figures sorcières Flots sur flots entassés
les grands monts escumer, R. BELLEAU, Bergeries,
t. i, p. 131, dans LACURNE. Les traits d'une jeune
guerrière.... Hauts discours, divines pensées, Et
mille vertus amassées Sont les sorciers qui m'ont
charmé, DESPORTES, Amours jL'llippolyle, ix, chan-
son. Dix ou douze prisonniers de ce genre [accusés
de sorcellerie], et une vieille, vrayement bien sor-
cière en laideur et deformité, MONT, IV, 187.
— ÉTYM. Wallon, sôrsi; saintong. sorcière, tour-
billon de vent attribué aux sorciers ; du bas-lat.
sortiarius, qui vient du lat. sors, sort : proprement,
celui qui jette un sort, ou qui dit le sort; provenç.
sortilhier; espagn. sortero; ital. sortiere.
SORDIDE, (sor-di-d'), adj. || 1° Sale, vilain. Sa
volupté [d'Épicure] n'était point sordide ; il a vécu
si sobrement que les Pères en font parfois honte
aux chrétiens, LA MOTHE LE VAYER,T"ertu des païens,
n, Épicure. Tomber dans-une sordide pauvreté,
PATRU, Plaid. 3. François ne saurait avoir ni un
habillement si sordide ni une nourriture si modi-
que, qu'il ne soit parfaitement satisfait, BOSS.
Panég. SI Franc. d'Ass. 2. ]| En parlant de per-
sonnes. Irais-je, adulateur sordide, Encenser un sot
dans l'éclat? GRESSET, Chartreuse. || 2° Terme de
médecine. Sale, de mauvais aspect. Une plaie sor-
dide. || Ulcères sordides, ulcères qui fournissent
une suppuration sanieuse ou de mauvaise nature.
|| 3° Fig. Il se dit de l'avarice et des choses qui s'y
rapportent. Il y a un noble intérêt, il y a un inté-
rêt bas et sordide, BOSS. Rép. à quatre lettres de
M. de Cambrai, 2. Travaillez pour la gloire,
et qu'un sordide gain Ne soit jamais l'objet
d'un illustre écrivain, BOIL. Art p. iv. On ne peut
t'excuser sur ton avarice sordide [de Caton l'ancien],
FÉN. Dial. des morts anc. 35. Le parfait désinté-
ressement de Socrate, qui était sans héritage et
sans revenu, faisait encore sentir davantage par le
contraste la sordide avidité des sophistes, ROLLIN,
Hist. anc. OEuvr. t. xi, 2e part. p. 776, dans POU-
GENS. || 4° Par extension, très-avare, vilain, en par-
lant des personnes. C'est un avare des plus sor-
dides. Une avare et sordide famille, BOIL. Sat. x.
— HIST. xvie s. Le chancre ulcéré est fort sor-
dide, PARÉ, v, 27.
— ÉTYM. Lat. sordidus, sale, de sordes, ordures.
SORDIDEMENT (sor-di-de-man), adj. D'une ma-
nière sordide. Ce que l'on prodigue, on l'ôte à son
héritier; ce que l'on épargne sordidement, on se
l'ôte à soi-même : le milieu est justice pour soi et
pour les autres, LA BRUY. VI.
— HIST. XVIe s.... Que l'on employast leur nom
si vilement et sordidement, CHARRON, Sagesse,!, 42.
— ÉTYM. Sordide, et le suffixe ment; ital. sordi-
damente.
SORDIDITÉ (sor-di-di-té), s. f. || 1° État de ce
qui est sordide, sale. La chambre de la reine et
des enfants offrait la même sordidité, LAMARTINE,
cité dans LEGOARANT. || 2° Mesquineriej ladrerie.
Devant un avare, sa dureté et sa sordidité n'est plus
[dans notre bouche] qu'une sage modération et
une bonne conduite domestique, MASS. Avent,
Épiphan.
— ÉTYM. Sordide.
f SORE (so-r'), s. m. Paquet de corpuscules re-
producteurs, au dos des frondes des fougères.
— ÉTYM. 2wpèç, tas.
f SOREDION (so-ré-di-on), s. m. Terme de bota-
nique. Tache pulvérulente produite par la réunion
des corpuscules reproducteurs de certains lichens.
— ÉTYM. Dimin. de oupè; (voy. SOHE).
SOHET, adj. m. Voy. SAURET au mot SAURE.
f SORGHO (sor-go), s. m. Genre créé par Micheli
de quelques espèces des genres andropogon et
holcus. L'espèce type est le sorghum vulgare, Per-
soon. Le sorgho proprement dit, ou houlque sor-
gho, ou grand millet, est cultivé en plusieurs en-
droits de la France méridionale où l'on en fait les
balais du commerce. |] La houlque sucrée ou sorgho
à sucre {holcus saccharatus, L. sorghum saccha-
ratum, Persoon), provenant de la Chine, et cul-
tivée en Algérie, y donne, assure-t-on, près de
quatre-vingts hectolitres d'alcool par hectare.
— ETYM. Ital. surgo; bas-lat. surgum, surcum,
suricum.
t SORGUEUR (sor-gheur), s. m. Terme d'argot.
Voleur de nuit qui ne recule ni devant la vio-
lence, ni devant le meurtre (de sorgue, la nuit, en
argot).
t SORICIENS (so-ri-siin), s. m. pi. Terme de zoo-
logie. Famille de mammifères, ayant pour type le.
genre musaraigne.
— ÉTYM. Lat. sorex, la souris.
SORITE (so-ri-tf), s. m. Terme de logique. Sorte
de raisonnement, composé d'une suite de propo-
sitions, dont la seconde doit expliquer l'attribut de
la. première, la troisième l'attribut de la se-
conde, ainsi de suite, jusqu'à ce qu'enfin on
arrive à la conséquence que l'on veut tirer. Le so-
rite est une suite d'enthymèmes enchaînés l'un
à l'autre, MARMONTEL, OEuvr. t. rx, p. 609.
— ÉTYM. Iwpeitïiç, de trupè;, tas, ainsi dit parce
que l'argument sophistique par lequel on mon-
tre qu'un tas de blé ne diffère que par un grain
de ce qui ne fait pas un tas, est le type du sorite.
t SORNE (sor-n'), s. f. Scorie qui adhère aux
parois de la fonte.
SORNETTE (sor-nè-f), s. f. Discours frivole, ba-
gatelle. Un esprit fécond en sornettes, RÉGNIER,
Epît. rn. Sans ce maudit honneur, ce conteur de
sornettes, m. Sat. vi. Tous deux gens sots, tous
deux gens à sornettes, XA FONT. Rémois. Et ce
qui m'a vingt fois fait tomber de mon haut, C'est
de vous voir au ciel élever des sornettes Que vf/us
désavoueriez si vous les aviez faites, MOL. Femm
sav. iv, 2. Il mé détourne de mes livres sérieux,
et, sous prétexte que je me fais mal aux yeux, il
me faut écouter des sornettes que je veux oublier,
SÉV. 239. Grand dommage est que ceci soit sor-
nettes, LA BRUY. xiv. Dès que j'eus bien ou mal
rimé quelque sornette, Je me vis tout en même
temps Affublé du nom de poète,' CHAUL. Épit. à
la taré, déc. 1703.
— HIST. xv» s. Enfin toutesvoies ils en parti- -
rent contens l'ung de l'autre et bras à bras comme
deux frères, rians et faisans leurs sorhes du roy
qui ainsi les avoit appointié, G. CHAST. Chron. des
ducs de Bourg, i, 34. Il tira à part le suppliant
et lui dist que, s'il vouloit venir devers le soir,
qu'il verroit une bonne soumette ou esbattement,
DU CANGE, subsannatio. Adonc furent les neuf
roynes moult resveillées, qui donnoient les sor-
nettes à leurs marys [s'en moquaient], porce que
le chevalier doré les avoit ainsi abbatus, Perce-
forest, t. m, f° no. Je luy envoyé ces sornettes,
Pour soy desennuyer; combien, S'il veult, face
en des alumettes, VILLON, Grand testam. Legs au
sénéchal. || xvie s. Après souper feurent jouées plu-
sieurs farces, comédies, sornettes plaisantes, RAB.
IV, 52.
— ÉTYM. Bourg, sornôtte; Berry, sornette, so-
briquet : il s'appelle un tel, mais sa sornette est
gueule fraîche. C'est le dimin. de l'anc. franc.
sorne, qui a le même sens; il y avait aussi un verbe
sorner, dire des sornettes. Diez tire sorne du cel-
tique : kimry, swrn, bagatelle. Il y a aussi un au-
tre sorne qui signifie obscurité ; il ne paraît pas
tenir à celui-ci. Enfin sorne, scorie, y doit-il être
rattaché? ^
f SORON (so-ron), s. m. la. patelle nivéenne
(univalves) de Gmelin.
fSORORAL, ALE (so-ro-ral, ra-1') ou SORORIAL,
ALE (so-ro-ri-al, a-1'), adj. Qui appartient à
des soeurs, à une soeur. L'astre des jours et celui
des nuits distribuent tour à tour au blé des in-
fluences fraternelles et sororiales, BERN. DE ST-P.
Harm. i, Tabl. gén. Â la faveur de sa lumière so-
rorale, elle [Diane soeur d'Apollon] fait encore ap-
paraître les monts escarpés, ID. Mort de Socr.
— ÉTYM. Dérivé du lat.soror, sororis (voy. SOEUR).
f SORORICIDE (so-ro.-ri-si-d'), s. m. || 1° Meurtre
d'une soeur. || 2° Meurtrier de sa soeur. Romulus
qui fut allaité D'une louve, fut fratricide; Horace
fut sororicide, SCARR. Poés. div. OEuvr. t. VIT, p. 147.
— ÉTYM. Lat. sororicida, de soror, soeur, et
cxdere, tuer.
t SOROSE (so-rô-z'), s. f. Terme de botanique.
Fruit formé par la réunion de plusieurs autres er.
un seul.
— ÉTYM. 2wpoç, tas.
SORT (sor; le t ne se lie pas : un sor infortuné,
au pluriel, l's ne se lie pas : des sor infortunés ;
cependant quelques-uns la lient : des sor-z infor-
tunés), s. m. || 1° Destinée, considérée comme cause
des événements de la vie, suivant l'idée des an-
ciens. Défions-nous du sort, et prenons garde à
nous Après le gain d'une bataille, LA FONT. Fabl.
vn, 13. Chacun songe comment il s'acquittera de sa
condition; mais, pour le choix de la condition et
de la patrie, le sort nous le donne, PASC. Pens.
xxv, 80, édit. HAVET. Que si .d'un sort fâcheux la
maligne inconstance Vient par un coup fatal faire
tourner la chance, BOIL. Sat. iv. Jeunes et tendres
fleurs par le sort agitées, RAC. Esth. i, 1. Dans
le vulgaire obscur si le sort l'eût placé.... ID. Ath.
II, 7. Montrez-nous, héros magnanimes, Votre
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