1956
SOB
SOB
SOC
tSOBOLE (so-bo-1'), s. f. Terme de botanique.
Rudiment d'uDe nouvelle branche ou d'un nouveau
pied.
— ÉTYM. Lat. soboles, progéniture.
t SOBOLIFÈRE (so-bo-li-fê-r'), adj. Terme de
botanique. Qui porte ou pousse des soboles, des re-
jetons. .■
— ÊTYM. Sobole, et lat. ferre.
SOBRE (so-br'), adj. || 1° Tempérant dans le boire
et le manger. Je serai toujours sobre.... je ne
mangerai que pour le besoin, VOLT. Memnon. Il
[l'âne] est sobre et sur la quantité et sur la qua-
lité de la nourriture, BUFF. Quadrup. t. i, p. 4 53.
Sparte était sobre avant que Soorate eût loué la
sobriété, J. J. KOUSS. Ém. iv. J'ai toujours remar-
qué que les gens faux sont sobres, et la grande ré-
serve de la table annonce assez souvent des moeurs
feintes et des âmes doubles, n>. Hél. i, 23. Le tra-
vail de l'imagination ne veut pas être embarrassé
par celui des autres organes; les Muses,a-t-on dit,
sont chastes; il aurait fallu ajouter qu'elles étaient
sobres, MARMONTEL, Mém. iv. Je voudrais m'en
tenir à l'antique sagesse, Oui du sobre Épicure a
fait un demi-dieu, A. DE MUSSET, Esp. en Dieu.
|| Substantivement. Ils eussent appelé Jules César
ivrogne une heure après avoir dit de lui qu'un
sobre était venu ruiner la république, BALZ. De la,
cour. 6e dise. || Il se dit des choses dans le même
sens. Un repas sobre. Un régime sobre. Une table
sobre. || 2° Fig. Oui use de certaines choses avec
discrétion, modération, réserve. M. Jurieu, sans
oser entreprendre de les justifier [Calvin et Bèze,
sur la prédestination], n'en avait pu dire autre
chose, sinon qu'ils étaient sobres en comparaison
de Luther, BOSS. 2e avert. 6. Puisqu'il est certain
que tous ces grands hommes, si vantés dans l'his-
toire profane, ont eu le malheur d'ignorer le vrai
Dieu et de lui déplaire, il faut être sobre et cir-
conspect dans les louanges qu'on leur donne, ROL-
LIN, Hist. anc. Préface. Il faut.... être sobre à blâ-
mer les abus, de peur d'autoriser le libertinage,
MASS. Carême, Yérit. culte. || Il se dit des choses en
un sens analogue. Ses pensées [deNonnus], je dis
les plus réglées et les plus sobres, vont bien au
delà de l'extravagance ordinaire, BALZ. Dissert,
critiques, 7. En inspirant cette sobre sagesse qui
remplit avec dignité les devoirs de son-état, MASS.
Carême, Confession.
— REM. Sobre se construit avec de et un sub-
stantif : sobre de paroles, sobre de louanges ; avec
à et un infinitif : sobre à blâmer.
— SYN. SOBRE, FRUGAL. L'homme sobre évite l'ex-
cès; mais il peut user de. mets .recherchés. L'homme
frugal évite aussi l'excès, mais il se contente des
mets les plus simples.
— HIST. xn° s. Ne me tenez pur fille de Belial;
kar sobre sui, e en anguisse et en plur, Bots, p. 4.
|| xm° s. De la bouche fu il [saint Louis] si sobre,
que onques jour de ma vie je ne li oy deviser [de-
mander] nulles viandes, JOINV. 4 93. || xiv° s. Sains
François et sains Dominikes.... Leur sobre vie pour-
caçoient, Les bons morssiaus pas ne caçoient, J. DE
CONDÉ, t. m, p. 254. || xvi" s. Sobre jugement, et
sens fort agu et clair voyant, AMYOT, Cicéron, 24.
Hz sont fort sobres et estroicts en leur vivre, ID.
Philop. 4 4. Sa table estoit sobre et simple, mais
ouverte à tout le monde, m. Cimon et Lucull. 2.
— ÊTYM. Lat.- sobrius, de se pour sine, sans, et
bria, vase à boire ; comparez ebrius (voy. IVRE).
SOBREMENT (so-bre-man), adv. \\ i° D'une ma-
nière sobre. Vivre sobrement. Il [l'âne] boit aussi
sobrement qu'il mange, et n'enfonce point du tout
son nez dans l'eau, par la peur que lui fait, dit-on,
l'ombre de ses oreilles, BUFF. Quadrup. 1.1, p. 464.
Vivre, non de ce bruit dont l'orgueil nous enivre, Mais
de ce pain du jour qui nourrit sobrement, De tra-
vail, de prière et de contentement, LAMART. Harm.
i, 6. |12" Fig. Avec circonspection, avec retenue.
Il a usé sobrement de cette permission. Comme il
ne louait guère personne, aussi ne blâmait-il que
rarement; mais il digérait sobrement lui tout seul
ses morceaux, GUI PATIN, Lettres, t. n, p. 273. Je
n'ai pas oublié comme il faut parler sobrement de
soi, SÉV. 22 juill. 4 085. Apprenez une autre fois à
parler plus sobrement de tout ce qui peut vous
. attirer quelaue louange, FÉN. Tél. iv.
— HIST. xm° s. Saint Pol, qui scet si haultement,
Enseigne à savoir sobrement, Et non plus savoir
que convient, J. DEMEUNG, Tr. 434. || xiv 0 s. L'ormne
n'a qu'une bouche, et ce nous monstre que foraine
doit sobrement mengier et boire, et sobrement
parler, Ménagier, i, 3. || xv° s. Item doit un roy
vivre sobrement et peu menger et peu boire et peu
seoir, pour en estre plus sain, Bibl. des ch. 6° sé-
rie, t. n, p. 142. Si dois prendre des biens de ce
monde sobrement, tant comme est besoing pour ton
usaige tant seulement, Intern. consol. n, 4 6. Et bref
le vin pris sobrement Est toujours une bonne chose,
BASSELIN, LX. Il xvi° s.... Et Marcellus après luy res-
pondit sobrement, et en peude paroles, pour se jus-
tifier seulement, AMYOT, Marcell. 45. À ce biais
s'accommode la voix divine [saint Paul] : ne soyez
pas plus sages qu'il ne fault, mais soyez sobre-
ment sages, MONT. I, 224.
— IÎTYM. Sobre, et le suffixe ment.
SOBRIÉTÉ (so-bri-é-té), s. f.\\i.° Tempérance
dans le boire et le manger. La sobriété est l'amour
de la santé, ou l'impuissance de manger beau-
coup, LA ROCHEFOUÇ. Prem. pens. n° 39. La so-
briété, la modération et les moeurs pures de ce
peuple lui donnent une vie longue et exempte de
maladies, FÉN. Tél. vm. Les moeurs, la simplicité,
l'égalité étaient les mêmes dans Amsterdam qu'à'
Sparte, et la sobriété plus grande, VOLT. Moeurs,
4 64. || 2° Fig. Modération, retenue. L'orateur peut
se permettre quelquefois la finesse des pen-
sées et des tours, pourvu que ce soit avec sobriété,
D'ALEMB. OEuvr. t. in, p. 256. Une règle plus déli-
cate et plus difficile à prescrire, c'est l'économie et
la sobriété dans la distribution des images, MAR-
MONTEL, OEuvr. t. vm, p. 4 77. || D'après saint
Paul, il faut être sage avec sobriété, il faut gar-
der, même dans les meilleures choses, une cer-
taine mesure, de peur de les outrer. La parfaite
raison fuit toute extrémité, Et veut que l'on soit
sage avec sobriété, MOL. Mis. i, 4.
— HIST. sur 5 s. Sobrietez est à donter le délit
[plaisir] dou goster et de la bouche par ateni-
prance de raison; BRUN, LATINI, Trésor, p. 384. Ne
savoir plus que. ne t'est, besoing de savoir, mais
pêne toi de savoir à sobriété, c'est poi ne trop, ID.
ib. p. 4 72. || xiv 0 s. Et prent avec toi abstinence Et
sobriété sa conipaigne, J. BRUYANT, dans Ménagier,
t. n, p. 4 3. Li dus fut si très pleins de grant so-
briété, Qu'il n'est riens qu'il heïst tanteom ebrieté,
Girarl de Ross. v. 299S. ||xvi 0 s. Numa leur osta
toute curiosité, leur enseigna sobriété, et les ac-
coustuma à peu parler, AMYOT, Lyc. et Numa."
comp. 7. S'ils estiment mots estranges ceux qui
ont esté curieusement inventez et s'en défendent
superstitieusement.... j'approuve grandement leur
sobriété, CALV. Instit. 74. Il y a trois choses que
donnent credict au parlant : sa vie, la vérité de la
chose, et la sobriété de la parole, BONIVARD, Advis
et devis des lengiies, p. 67.
— ÉTYM. Provenç. sobrietat, sobritat; espagn. so-
briedad ; ital. sobrietà ; du lat. sobrielatem, de so-
brius, sobre. L'ancienne langue avait aussi sobresse.
SOBRIQUET (so-bri-kè; le t ne se lie pas; au
pluriel, Y s se lie : des so-bri-kè-z injurieux;' sobri-
quets rime avec traits, paix, succès), s. m. Surnom
qu'on donne à une personne soit par dérision, soit
autrement, et qui est fondé sur quelque particula-
rité de corps ou d'esprit. L'histoire offre beaucoup
de sobriquets : Charles le Mauvais, Guillaume le
Roux, Robert Courte-Heuse, etc. J'aime les sobri-
quets qu'un corps de garde impose; Ils convien-
nent toujours; et quant, à moi je di : Louis [Mon-
seigneur, le fils de Louis XIV] le bien nommé,
c'est Louis le Hardi, LA FONT. Poésies mêlées, LXTV.
Nous n'avons eu que Louis XIII qui ait eu ce beau
surnom [de juste] ; Dieu sait comme il le méritait;
ce titre de juste fut la définition d'Aristide, et le
sobriquet de Louis XIII, VOLT. tett. Mme de Graf-
figny, 22 mars, 4 758. Ce Cheredin, vice-roi d'Alger,
est le même que les auteurs nomment Barberousse ;
ce sobriquet avait été donné à son frère, conqué-
rant d'une partie des côtes de la Barbarie, mort
en 4 54 9, ID. Ann. Emp. Charles-Quint, 4 637. C'é-
tait autrefois du nom de janséniste que la méchan-
ceté gratifiait les objets de sa haine ; ce sobriquet
a vieilli ; celui d'encyclopédiste y a succédé, et ne
tardera pas à vieillir de même, D'ALEMB. Éloges, de
Hautev. note 6. N'est-on pas las d'ambitions vul-
gaires, De sots parés de pompeux sobriquets?
BÉRANG. Comète.
— HIST. xiv° s. Le suppliant donna audit Michiel
deux petits coups, appelez soubzbriquez, des dois
de la main soubz le menton, DU CANGE, barba.
Il xvi° s. Et voilà les sobriquets [propos railleurs]
que ces soldats romains donnoient à leur empe-
reur [J. César], qui ne s'en soucioit point, BRANT.
Bourbon. Sotbriquet, dicterium, ROB. ESTIENNE,
Dict. Le soubriquet de tremblant, duquel le dou-
ziesme roy de Navarre Sancho feut surnommé,
MONT. I, 387.
— ÉTYM. Picard, surpiquet. Origine inconnue.
Diez prenant en considération l'orthographe sotbri-
quet, le tire de sot, et du vieux français briquet,
mauvais drôle ; mais cette étymologie ne peut sub-
sister devant l'historique. Le sens primitif est coup
^ous le menton; puis le sens figuré est propos
railleur, bon mot et surnom. Malheureusement,
cela n'apprend rien sur l'étymologie.
SOC (sok), s. m. Pièce de fer aiguë, large, trian-
gulaire, tranchante en dedans, fixée au sep de la
charrue, et destinée à ouvrir le sillon. Qui forgea le
soc était sage ; Et qui fit l'épée était fou, LAMOTTE,
Falil. ni, 4 4. Sous leur soc triomphant [des vieux
Romains] la terre enorgueillie Fournissait avec joie
aux besoins de la vie, M. J. CHÉN. Gracques, n, 3
Les Albaniens, peuple qui habitait les bords occi-
dentaux de la mer Caspienne, ne labouraient point
encore, au temps de Strabon, avec un soc de fer;
mais ils se servaient pour charrue d'une seule
pièce de bois, MONGEZ, Instit. Mém. hist. et litt.
anc. t. n, p. 625. Le pain que l'on fait croître est
le plus savoureux ; Va, le soc et l'épée ornent la
main des braves, MASSON, Helvétiens, v. L'on di-
rait qu'aucune nation n'a osé succéder aux maîtres
du monde dans leur terre natale [la campagne de
Rome], et que ces champs sont tels que les a
laissés le soc de Cincinnatus ou la dernière charrue
romaine, CHATEAUBR. Italie, Lett. à M. de Fontanes.
— HIST. xi° s. S'il [l'objet volé] est trové dedenr
sache et soche [dans une terre ayant droit de sac
et de soc], lois de Guill. 34.||XII° s. E ces de
Israël veneient as Philistiens pur aguiser e adre-
cier e le soc, e le picois, e la cuignée, e la houe,
Rois, p. 44. Il xm° s. Les jachierres, qui n'i refiche
Le soc, demoreront en friche, la Rose, 49777.
Il xiv° s. Deux grosses pièces de fer pour faire
deux scos ou coustres à charrue, DU CANGE, SOCCUS.
Soich,ID. ib.
— ÉTYM. Berry sô (et dans l'ouest soie : aguser
un soie); patois des Fourgs, sou ; du celtique : bas-
bret. souc'h, soe'h ; gaél. soc ; Cornouailles, dans un
texte du rx° siècle, soch. L'antiquité de ce mot dans
le celtique montre que le mot français en vient, et
non le celtique du français ; cela écarte aussi le
lat. soccus, sorte de soulier, mis en avant par
quelques-uns à cause que le soc de fer chausse,
comme un soulier, la pointe de bois.
f SOCCAGE (so-ka-j'), s. m. Opération qui con-
siste à faire évaporer l'eau salée pour en obtenir
le sel. Il Temps que dure cette opération.
t SOCHET (so-chè), s. m. Sorte de charrue sans
roue.
— SYN. Dimin. de soc.
t SOCIABILISER (so-si-a-bi-li-zé), .1). a. Néolo-
gisme. Rendre sociable. || Accoutumer des che-
vaux d'attelage à aller ensemble. En les accouplant
selon leurs aptitudes et leur tempérament [les che-
vaux d'omnibus], en ne les séparant pas du com-
pagnon auquel ils sont habitués, en les laissant
sous la même main dont ils connaissent la moindre
inflexion, on les a sociabilisés, MAXIME DO CAMP,
Rev. des Deux-Mondes, 4 6 mai 4 867, p. 346.
SOCIABILITÉ (so-si-a-bi-li-té), s. f. || 1° Disposi-
tion innée qui porte les hommes et plusieurs au-
tres animaux à vivre en société. Sénèque recon-
naît formellement un code de l'humanité, et en
même temps un principe de sociabilité d'où dé-
rivent toutes les lois de la nature qui regardent
nos devoirs envers les autres hommes, BOUCHAUD,
Instit. Mém. se. mor. et pol. t. iv, p. 407. || 2" Ma-
nière, propre à l'homme, de vivre en société. Les
grands principes de la sociabilité, BONNET,
Palingén. xxi, 4. || 3° Qualité de l'homme sociable.
Nous demanderons si la perfection de ces deux
objets n'est pas essentielle aux agréments de la so-
ciété, dans une nation dont la sociabilité fait 1&
principal caractère, D'ALEMB. Éloges acad. Prêf.
La tempérance naturelle des Français contribue
beaucoup à cette sociabilité qui les distingue,
GENLIS, Mères riv. t. 11, p. 4 62, dans POUGENS.
— ÉTYM. Sociable.
SOCIABLE (so-si-a-bP), adj. || 1° Qui est naturel-
lement porté, qui est propre à vivre en société.
Ce philosophe [Sénèque] reconnaît que nous som-
mes nés sociables, BOUCHAUD, Instit. Mém. se. mor.
et pol. t. iv, p. 408. y Se dit aussi des animaux. L'a-
beille est un animal sociable. || 2° Avec qui il est
aisé de vivre. Monseigneur, je n'ai pas été sociable
depuis que vous êtes parti d'ici ; personne n'a su
me faire parler, et je ne romps encore ce morne
silence que pour vous dire que je suis le plus triste
de tous les ermites, BALZ. Lett. 11, liv. vi. 11 n'y a
point sous le ciel deux autres personnes si bonnes,
SOB
SOB
SOC
tSOBOLE (so-bo-1'), s. f. Terme de botanique.
Rudiment d'uDe nouvelle branche ou d'un nouveau
pied.
— ÉTYM. Lat. soboles, progéniture.
t SOBOLIFÈRE (so-bo-li-fê-r'), adj. Terme de
botanique. Qui porte ou pousse des soboles, des re-
jetons. .■
— ÊTYM. Sobole, et lat. ferre.
SOBRE (so-br'), adj. || 1° Tempérant dans le boire
et le manger. Je serai toujours sobre.... je ne
mangerai que pour le besoin, VOLT. Memnon. Il
[l'âne] est sobre et sur la quantité et sur la qua-
lité de la nourriture, BUFF. Quadrup. t. i, p. 4 53.
Sparte était sobre avant que Soorate eût loué la
sobriété, J. J. KOUSS. Ém. iv. J'ai toujours remar-
qué que les gens faux sont sobres, et la grande ré-
serve de la table annonce assez souvent des moeurs
feintes et des âmes doubles, n>. Hél. i, 23. Le tra-
vail de l'imagination ne veut pas être embarrassé
par celui des autres organes; les Muses,a-t-on dit,
sont chastes; il aurait fallu ajouter qu'elles étaient
sobres, MARMONTEL, Mém. iv. Je voudrais m'en
tenir à l'antique sagesse, Oui du sobre Épicure a
fait un demi-dieu, A. DE MUSSET, Esp. en Dieu.
|| Substantivement. Ils eussent appelé Jules César
ivrogne une heure après avoir dit de lui qu'un
sobre était venu ruiner la république, BALZ. De la,
cour. 6e dise. || Il se dit des choses dans le même
sens. Un repas sobre. Un régime sobre. Une table
sobre. || 2° Fig. Oui use de certaines choses avec
discrétion, modération, réserve. M. Jurieu, sans
oser entreprendre de les justifier [Calvin et Bèze,
sur la prédestination], n'en avait pu dire autre
chose, sinon qu'ils étaient sobres en comparaison
de Luther, BOSS. 2e avert. 6. Puisqu'il est certain
que tous ces grands hommes, si vantés dans l'his-
toire profane, ont eu le malheur d'ignorer le vrai
Dieu et de lui déplaire, il faut être sobre et cir-
conspect dans les louanges qu'on leur donne, ROL-
LIN, Hist. anc. Préface. Il faut.... être sobre à blâ-
mer les abus, de peur d'autoriser le libertinage,
MASS. Carême, Yérit. culte. || Il se dit des choses en
un sens analogue. Ses pensées [deNonnus], je dis
les plus réglées et les plus sobres, vont bien au
delà de l'extravagance ordinaire, BALZ. Dissert,
critiques, 7. En inspirant cette sobre sagesse qui
remplit avec dignité les devoirs de son-état, MASS.
Carême, Confession.
— REM. Sobre se construit avec de et un sub-
stantif : sobre de paroles, sobre de louanges ; avec
à et un infinitif : sobre à blâmer.
— SYN. SOBRE, FRUGAL. L'homme sobre évite l'ex-
cès; mais il peut user de. mets .recherchés. L'homme
frugal évite aussi l'excès, mais il se contente des
mets les plus simples.
— HIST. xn° s. Ne me tenez pur fille de Belial;
kar sobre sui, e en anguisse et en plur, Bots, p. 4.
|| xm° s. De la bouche fu il [saint Louis] si sobre,
que onques jour de ma vie je ne li oy deviser [de-
mander] nulles viandes, JOINV. 4 93. || xiv° s. Sains
François et sains Dominikes.... Leur sobre vie pour-
caçoient, Les bons morssiaus pas ne caçoient, J. DE
CONDÉ, t. m, p. 254. || xvi" s. Sobre jugement, et
sens fort agu et clair voyant, AMYOT, Cicéron, 24.
Hz sont fort sobres et estroicts en leur vivre, ID.
Philop. 4 4. Sa table estoit sobre et simple, mais
ouverte à tout le monde, m. Cimon et Lucull. 2.
— ÊTYM. Lat.- sobrius, de se pour sine, sans, et
bria, vase à boire ; comparez ebrius (voy. IVRE).
SOBREMENT (so-bre-man), adv. \\ i° D'une ma-
nière sobre. Vivre sobrement. Il [l'âne] boit aussi
sobrement qu'il mange, et n'enfonce point du tout
son nez dans l'eau, par la peur que lui fait, dit-on,
l'ombre de ses oreilles, BUFF. Quadrup. 1.1, p. 464.
Vivre, non de ce bruit dont l'orgueil nous enivre, Mais
de ce pain du jour qui nourrit sobrement, De tra-
vail, de prière et de contentement, LAMART. Harm.
i, 6. |12" Fig. Avec circonspection, avec retenue.
Il a usé sobrement de cette permission. Comme il
ne louait guère personne, aussi ne blâmait-il que
rarement; mais il digérait sobrement lui tout seul
ses morceaux, GUI PATIN, Lettres, t. n, p. 273. Je
n'ai pas oublié comme il faut parler sobrement de
soi, SÉV. 22 juill. 4 085. Apprenez une autre fois à
parler plus sobrement de tout ce qui peut vous
. attirer quelaue louange, FÉN. Tél. iv.
— HIST. xm° s. Saint Pol, qui scet si haultement,
Enseigne à savoir sobrement, Et non plus savoir
que convient, J. DEMEUNG, Tr. 434. || xiv 0 s. L'ormne
n'a qu'une bouche, et ce nous monstre que foraine
doit sobrement mengier et boire, et sobrement
parler, Ménagier, i, 3. || xv° s. Item doit un roy
vivre sobrement et peu menger et peu boire et peu
seoir, pour en estre plus sain, Bibl. des ch. 6° sé-
rie, t. n, p. 142. Si dois prendre des biens de ce
monde sobrement, tant comme est besoing pour ton
usaige tant seulement, Intern. consol. n, 4 6. Et bref
le vin pris sobrement Est toujours une bonne chose,
BASSELIN, LX. Il xvi° s.... Et Marcellus après luy res-
pondit sobrement, et en peude paroles, pour se jus-
tifier seulement, AMYOT, Marcell. 45. À ce biais
s'accommode la voix divine [saint Paul] : ne soyez
pas plus sages qu'il ne fault, mais soyez sobre-
ment sages, MONT. I, 224.
— IÎTYM. Sobre, et le suffixe ment.
SOBRIÉTÉ (so-bri-é-té), s. f.\\i.° Tempérance
dans le boire et le manger. La sobriété est l'amour
de la santé, ou l'impuissance de manger beau-
coup, LA ROCHEFOUÇ. Prem. pens. n° 39. La so-
briété, la modération et les moeurs pures de ce
peuple lui donnent une vie longue et exempte de
maladies, FÉN. Tél. vm. Les moeurs, la simplicité,
l'égalité étaient les mêmes dans Amsterdam qu'à'
Sparte, et la sobriété plus grande, VOLT. Moeurs,
4 64. || 2° Fig. Modération, retenue. L'orateur peut
se permettre quelquefois la finesse des pen-
sées et des tours, pourvu que ce soit avec sobriété,
D'ALEMB. OEuvr. t. in, p. 256. Une règle plus déli-
cate et plus difficile à prescrire, c'est l'économie et
la sobriété dans la distribution des images, MAR-
MONTEL, OEuvr. t. vm, p. 4 77. || D'après saint
Paul, il faut être sage avec sobriété, il faut gar-
der, même dans les meilleures choses, une cer-
taine mesure, de peur de les outrer. La parfaite
raison fuit toute extrémité, Et veut que l'on soit
sage avec sobriété, MOL. Mis. i, 4.
— HIST. sur 5 s. Sobrietez est à donter le délit
[plaisir] dou goster et de la bouche par ateni-
prance de raison; BRUN, LATINI, Trésor, p. 384. Ne
savoir plus que. ne t'est, besoing de savoir, mais
pêne toi de savoir à sobriété, c'est poi ne trop, ID.
ib. p. 4 72. || xiv 0 s. Et prent avec toi abstinence Et
sobriété sa conipaigne, J. BRUYANT, dans Ménagier,
t. n, p. 4 3. Li dus fut si très pleins de grant so-
briété, Qu'il n'est riens qu'il heïst tanteom ebrieté,
Girarl de Ross. v. 299S. ||xvi 0 s. Numa leur osta
toute curiosité, leur enseigna sobriété, et les ac-
coustuma à peu parler, AMYOT, Lyc. et Numa."
comp. 7. S'ils estiment mots estranges ceux qui
ont esté curieusement inventez et s'en défendent
superstitieusement.... j'approuve grandement leur
sobriété, CALV. Instit. 74. Il y a trois choses que
donnent credict au parlant : sa vie, la vérité de la
chose, et la sobriété de la parole, BONIVARD, Advis
et devis des lengiies, p. 67.
— ÉTYM. Provenç. sobrietat, sobritat; espagn. so-
briedad ; ital. sobrietà ; du lat. sobrielatem, de so-
brius, sobre. L'ancienne langue avait aussi sobresse.
SOBRIQUET (so-bri-kè; le t ne se lie pas; au
pluriel, Y s se lie : des so-bri-kè-z injurieux;' sobri-
quets rime avec traits, paix, succès), s. m. Surnom
qu'on donne à une personne soit par dérision, soit
autrement, et qui est fondé sur quelque particula-
rité de corps ou d'esprit. L'histoire offre beaucoup
de sobriquets : Charles le Mauvais, Guillaume le
Roux, Robert Courte-Heuse, etc. J'aime les sobri-
quets qu'un corps de garde impose; Ils convien-
nent toujours; et quant, à moi je di : Louis [Mon-
seigneur, le fils de Louis XIV] le bien nommé,
c'est Louis le Hardi, LA FONT. Poésies mêlées, LXTV.
Nous n'avons eu que Louis XIII qui ait eu ce beau
surnom [de juste] ; Dieu sait comme il le méritait;
ce titre de juste fut la définition d'Aristide, et le
sobriquet de Louis XIII, VOLT. tett. Mme de Graf-
figny, 22 mars, 4 758. Ce Cheredin, vice-roi d'Alger,
est le même que les auteurs nomment Barberousse ;
ce sobriquet avait été donné à son frère, conqué-
rant d'une partie des côtes de la Barbarie, mort
en 4 54 9, ID. Ann. Emp. Charles-Quint, 4 637. C'é-
tait autrefois du nom de janséniste que la méchan-
ceté gratifiait les objets de sa haine ; ce sobriquet
a vieilli ; celui d'encyclopédiste y a succédé, et ne
tardera pas à vieillir de même, D'ALEMB. Éloges, de
Hautev. note 6. N'est-on pas las d'ambitions vul-
gaires, De sots parés de pompeux sobriquets?
BÉRANG. Comète.
— HIST. xiv° s. Le suppliant donna audit Michiel
deux petits coups, appelez soubzbriquez, des dois
de la main soubz le menton, DU CANGE, barba.
Il xvi° s. Et voilà les sobriquets [propos railleurs]
que ces soldats romains donnoient à leur empe-
reur [J. César], qui ne s'en soucioit point, BRANT.
Bourbon. Sotbriquet, dicterium, ROB. ESTIENNE,
Dict. Le soubriquet de tremblant, duquel le dou-
ziesme roy de Navarre Sancho feut surnommé,
MONT. I, 387.
— ÉTYM. Picard, surpiquet. Origine inconnue.
Diez prenant en considération l'orthographe sotbri-
quet, le tire de sot, et du vieux français briquet,
mauvais drôle ; mais cette étymologie ne peut sub-
sister devant l'historique. Le sens primitif est coup
^ous le menton; puis le sens figuré est propos
railleur, bon mot et surnom. Malheureusement,
cela n'apprend rien sur l'étymologie.
SOC (sok), s. m. Pièce de fer aiguë, large, trian-
gulaire, tranchante en dedans, fixée au sep de la
charrue, et destinée à ouvrir le sillon. Qui forgea le
soc était sage ; Et qui fit l'épée était fou, LAMOTTE,
Falil. ni, 4 4. Sous leur soc triomphant [des vieux
Romains] la terre enorgueillie Fournissait avec joie
aux besoins de la vie, M. J. CHÉN. Gracques, n, 3
Les Albaniens, peuple qui habitait les bords occi-
dentaux de la mer Caspienne, ne labouraient point
encore, au temps de Strabon, avec un soc de fer;
mais ils se servaient pour charrue d'une seule
pièce de bois, MONGEZ, Instit. Mém. hist. et litt.
anc. t. n, p. 625. Le pain que l'on fait croître est
le plus savoureux ; Va, le soc et l'épée ornent la
main des braves, MASSON, Helvétiens, v. L'on di-
rait qu'aucune nation n'a osé succéder aux maîtres
du monde dans leur terre natale [la campagne de
Rome], et que ces champs sont tels que les a
laissés le soc de Cincinnatus ou la dernière charrue
romaine, CHATEAUBR. Italie, Lett. à M. de Fontanes.
— HIST. xi° s. S'il [l'objet volé] est trové dedenr
sache et soche [dans une terre ayant droit de sac
et de soc], lois de Guill. 34.||XII° s. E ces de
Israël veneient as Philistiens pur aguiser e adre-
cier e le soc, e le picois, e la cuignée, e la houe,
Rois, p. 44. Il xm° s. Les jachierres, qui n'i refiche
Le soc, demoreront en friche, la Rose, 49777.
Il xiv° s. Deux grosses pièces de fer pour faire
deux scos ou coustres à charrue, DU CANGE, SOCCUS.
Soich,ID. ib.
— ÉTYM. Berry sô (et dans l'ouest soie : aguser
un soie); patois des Fourgs, sou ; du celtique : bas-
bret. souc'h, soe'h ; gaél. soc ; Cornouailles, dans un
texte du rx° siècle, soch. L'antiquité de ce mot dans
le celtique montre que le mot français en vient, et
non le celtique du français ; cela écarte aussi le
lat. soccus, sorte de soulier, mis en avant par
quelques-uns à cause que le soc de fer chausse,
comme un soulier, la pointe de bois.
f SOCCAGE (so-ka-j'), s. m. Opération qui con-
siste à faire évaporer l'eau salée pour en obtenir
le sel. Il Temps que dure cette opération.
t SOCHET (so-chè), s. m. Sorte de charrue sans
roue.
— SYN. Dimin. de soc.
t SOCIABILISER (so-si-a-bi-li-zé), .1). a. Néolo-
gisme. Rendre sociable. || Accoutumer des che-
vaux d'attelage à aller ensemble. En les accouplant
selon leurs aptitudes et leur tempérament [les che-
vaux d'omnibus], en ne les séparant pas du com-
pagnon auquel ils sont habitués, en les laissant
sous la même main dont ils connaissent la moindre
inflexion, on les a sociabilisés, MAXIME DO CAMP,
Rev. des Deux-Mondes, 4 6 mai 4 867, p. 346.
SOCIABILITÉ (so-si-a-bi-li-té), s. f. || 1° Disposi-
tion innée qui porte les hommes et plusieurs au-
tres animaux à vivre en société. Sénèque recon-
naît formellement un code de l'humanité, et en
même temps un principe de sociabilité d'où dé-
rivent toutes les lois de la nature qui regardent
nos devoirs envers les autres hommes, BOUCHAUD,
Instit. Mém. se. mor. et pol. t. iv, p. 407. || 2" Ma-
nière, propre à l'homme, de vivre en société. Les
grands principes de la sociabilité, BONNET,
Palingén. xxi, 4. || 3° Qualité de l'homme sociable.
Nous demanderons si la perfection de ces deux
objets n'est pas essentielle aux agréments de la so-
ciété, dans une nation dont la sociabilité fait 1&
principal caractère, D'ALEMB. Éloges acad. Prêf.
La tempérance naturelle des Français contribue
beaucoup à cette sociabilité qui les distingue,
GENLIS, Mères riv. t. 11, p. 4 62, dans POUGENS.
— ÉTYM. Sociable.
SOCIABLE (so-si-a-bP), adj. || 1° Qui est naturel-
lement porté, qui est propre à vivre en société.
Ce philosophe [Sénèque] reconnaît que nous som-
mes nés sociables, BOUCHAUD, Instit. Mém. se. mor.
et pol. t. iv, p. 408. y Se dit aussi des animaux. L'a-
beille est un animal sociable. || 2° Avec qui il est
aisé de vivre. Monseigneur, je n'ai pas été sociable
depuis que vous êtes parti d'ici ; personne n'a su
me faire parler, et je ne romps encore ce morne
silence que pour vous dire que je suis le plus triste
de tous les ermites, BALZ. Lett. 11, liv. vi. 11 n'y a
point sous le ciel deux autres personnes si bonnes,
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