1866
SEC
SÉC
SÉC
l'époque de la basse mer ou dans des temps
calmes. Nous avons fait le nord-est pour passer
entre ladite île et Palme, rangeant toujours de
fort près ladite Vache à cause d'une sèche qui est
presque au milieu de ia passe, Joum. de la route
du vaisseau le Mure, 1 68S, dans JAL.
- ÊTYM. Sec; ilal. secca.
SÉCHÉ, ÉE (sè-ché, chée), part, passé de sécher.
Rendu sec. Le ciel même peut-il réparer les ruines
De cet arbre séché jusque dans ses racines? SAC.
Athal. I, i. Quelques pleurs.... Versés par le re-
gret, et séchés par la rage, DELIU. Imag. iv.
f SÉCHÉE (sè-chée), s. f Terme de métiers. Ac-
tion de l'aire sécher; temps employé à l'aire sécher.
SÈCHEMENT (sè-che-man), adv. || 1° D'une ma-
nière sèche, à l'abri de l'humidité. On doit tenir
sèchement et à couvert tous les c.arbons; ceux de
bois blancs surtout s'altèrent à l'air et à la pluie
dans très-peu de temps, BUFF. Min. t. iv, p. ni".
]| 2° Fig. D'une manière froide et peu agréable.
Mlle de Méry dit que je lui ai écrit fort sèchement,
SÉV. 7 juill. i GSM. J'ai parlé deux l'ois au roi des
maîtresses d'école du diocèse de Séez; et, les
deux fois, il m'a répondu très-sèchement pour
vous et pour moi, MAINTENON, Lett. au cardinal de
Noailles, 25 avril 1699. La visite se fit [de M. de
Chevreuse chez M. et Mme de Chaulnes], et fut
très-sèchement reçue, ST-SIM. 27, 58. || 3° Sans
agrément, en parlant d'ouvrages d'esprit. Des ma-
noeuvres de guerre sèchement racontées, de longs
discours au parlement en faveur des jésuites, et
enfin la vie du P. Colon forment, dans Daniel, le
règne de Henri IV, VOLT. Moeurs, 4 74. || Ecrire
sèchement, avoir un style sec, dénué d'agrément.
|| Peindre sèchement, peindre en marquant dure-
ment les contours.
— ÊTYM. Sèche, et le suffixe ment; provenç. se-
camens; catal. secament; espagn. secamente; ital.
seccamente.
SÉCUEU (sè-ché; lasyllabe s^prend un accent gra-
ve, quand la syllabe qui suit est muette : je sèche,
excepté au futur et au conditionnel : je sécherai,
je sécherais), v. a. || 1° Rendre sec. Sécher ses vê-
tements mouillés par la pluie. Le grand hàle sèche
les fleurs. Qu'il soit comme le fruit en naissant
arraché, Ou qu'un souffle ennemi dans sa fleur -a
séché! RAC. Alhal. i, 2. Et j'essuyai mon front que
vint sécher la brise, LAMART. Jocelyn, Prologue.
|| 2° Mettre à sec. 11 a changé les fleuves en lieux
secs et déserts, e\, séché les sources et les ruis-
seaux, SACI. Bible, Psaum. cvi, 33. Nous avons ap-
pris qu'à votre sortie d'Egypte, le Seigneur sécha
tes eaux de la mer Rouge, ID. Josué, n, 10. || Par
extension. Déjà l'ardente soif le sèche et le dé-
vore, DUCIS, Abuf. i, 3. || Fig. Je suis trop embar-
rassé du mauvais succès de mes affaires, et cette
inquiétude sèohe toutes les pensées de vers, RAC.
Lett. 20, à Levasseur. || Fig. Dans l'argot de cer-
taines hautes écoles, sécher un élève, lui donner
des notes par suite desquelles il sera déclaré n'a-
voir pas satisfait aux examens de sortie (voy. FRUIT
l, n- 2). |1 3° Fig. Sécher les larmes, consoler,
empêcher de pleurer. Quels pleurs ai-je séchés?
dans quels yeux satisfaits Ai-je déjà goûté le fruit
de mes bienfaits? RAC. Bérèn. iv, 4. C'est moi,
mon ami, qui ai apaisé vos premiers cris, séché
vos premières larmes, A. DUVAL, Men. de Li-
vonie, m, n. || On dit de même: sécher les
yeux. Cette pitoyable nouvelle n'a pas séché mes
yeux, SÉV. l (5. || Sécher ses pleurs, cesser de pleu-
rer. Sèche tes pleurs, Sabine, ou les cache à ma
vue, CORN. Ilor.ïv, 7. D'Antin pleurait et disait
que.... il sécha et regretta, bienlôt ses larmes,
ST-SIM. 107, 133. La cuisinière entra, Mlle Hubert
sécha ses pleurs, MARIV. Pays. parv. 3e part.
|| 4" Y. n. Devenir sec. Les arbres séchèrent sur
pied. Faire sécher des fruits au four. Au même
moment le figuier sécha, SACI, Bible, Évang.
Matth. xxi, 19. Tout le rest.edu peuple a séché de
soif, n>. ib.Isaïe, v, 13. Qu'on vous couronne de
fleurs, qu'on vous compose des guirlandes, ces
fleurs ne seront bonnes qu'à sécher sur votre tom-
beau, FLÉCH. Duch. de Montaus. Sa justice [de
Dieu], indignée que vous employiez contre lui ses
propres bienfaits.... renverse vos fortunes, éteint
vos familles, fait sécher la racine de votre posté-
rité, MASS. Pet. carême, Vices et vert. La superbe
Carthage n'était point encore un port de mer; il
n'y avait là que quelques Numides qui faisaient
sécher 1 des poissons au soleil, VOLT. Princ. de
Babyl. xi. Faut-il demander.... pourquoi l'on voit
des années qui n'ont ni printemps ni automne,
où les fruits de l'année sèchent dans leur fleur?
VAUVENAR, Clasomène ou la Vertu malheureuse.
|| Par extension. Je vissa femme [du maréchal de
Créquy qui venait d'être défait].... elle n'est pas
reconnaissable ; les yeux ne lui sèchent pas, SÉV.
26 août 1675. || Se tarir. Cette horrible famine....
funeste aux mères qui voyaient sécher leurs ma-
melles, BOSS. Ilist. n, s. || Fig. Les paroles sèchent,
la langue sèche, se dit quand on ne peut parler.
Que dit-on quand on a tort? pour moi, je n'ai
pas le mot à dire ; les paroles me sèchent à
la gorge, SÉV. à Bussy, 29 mai 1679. La langue
de l'impie sécha toujours devant iui de honte
et de confusion, MASS. Or. fun. Dauphin, 2e p.
|| 5° Être frappé d'un dessèchement, eh parlant
d'une partie du corps. La jambe droite lui a séché.
|| Fig. Si j'avais écrit comme on le désirait, j'aurais
bien dit d'autres merveilles; mais j'aurais eu peur
que ma main n'eût séché, SÉV. 23 janv. 1682.
|| 8° Fig. Languir, dépérir. Je crois qu'avant deux
jours je sécherais d'ennui, CORN. Galerie, iv, s.
Pouvons-nous être témoins de tant de chutes et
de tant de malheurs, et n'en pas sécher de dou-
leur comme le prophète? BOURBAL. Exhort. char,
env. un. sémin. t. i, p. 151. Mme de Montespan
sèche de notre joie; elle meurt de jalousie, MAIN-
TENON, Lett. à Mme de Si Géran, 7 août 1682. Je me
consume de chagrins et de veilles : je sèche à vue,
ID. Lett. à l'abbé Gobelin, 29 juill. 1676. Que
Rohault vainement sèche pour concevoir Comme,
tout étant plein, tout a pu se mouvoir, BOIL. Èpît. v.
Va maigrir, si tu veux, et sécher sur un livre, ID.
Lutr. iv. On voit quelquefois des enfants qui sè-
chent et qui dépérissent d'une langueur secrète,
parce que d'autres sont plus caressés qu'eux, FÉN.
t. xvn, p. 35. Rousseau a, de son aveu même, sé-
ché souvent six mois sur les strophes d'un canti-
que, GILB. Lett. à M. Imbert. || Éprouver un senti-
ment d'impatience, de contrariété. On sèche quand
on entend sortir ces discours d'une telle bouche
[Fénelon] ; h'aurait-on pas plus tôt fait d'avouer
une faute humaine... BOSS. Préf. Instruct. pastor.
55. La. Monsery séchait d'impatience, HAMILT.
Gramm. 7. Voici l'heure fatale où l'arrêt [au
théâtre, sur une pièce] se prononce 1 Je sèche, je
me meurs; quel métier! j'y renonce, PIR. Mélrom.
v, l. Je sèche en attendant la consultation des avo-
cats en faveur de cet infortuné [Calas], qui est mort
avec plus de courage que Socrate, VOLT. Lett. Damila-
ville, 25 juill. 1766. || Sécher sur pied, se consumer
d'ennui, de tristesse, ou être en proie à une inquié-
tude qui cause une sorte d'abattement. La répéti-
tion du mariage de Monsieur me fait sécher sur
pied, SÉV. 95. Malgré toutes les attentions de mes
hôtes, malgré la beauté du séjour de la Haye, je
sèche sur pied; il faut que je vous revoie tous,
DIDER. Lett. à Mlle Yoland, 3 sept. 1774. || Mme de
Sévigné a dit: sécher sur le pied. On verra bientôt
cette dernière sécher sur le pied, 19 août 1676. |j Sé-
cher sur pied, se dit aussi, par plaisanterie, d'une
fille qui ne trouve pointa se marier. || 7° Se sécher,
v. réfl. Se rendre sec. Les feux bien allumés, ils
[les soldats] passèrent la nuit à se sécher, au bruit
des imprécations, des gémissements de ceux qui
achevaient de franchir le torrent, ou qui du haut
de ses berges roulaient et se perdaient dans ses gla-
çons, SÉGUR, Ilist. de Nap. ix, 13. || Devenir à ^ec.
Quelque temps après le torrent se sécha, car il
n'avait point plu sur la terre, SACI, Bible, Rois, ni,
xvn, 7. || 8° Devenir sec. La main qu'il [Jéroboam]
avaitétendue contre le prophète, se sécha, et il ne
put plus la retirer à lui, SACI, Bible, Rois, ni, xm,
4. Tant de lauriers qui avaient levé leurs têtes
jusqu'aux nues, se séchèrent bientôt dans une
terre épuisée, VOLT. Princ. de Babyl. 10. || Fig.
Votre main aurait dû se sécher, se dit pour expri-
mer que pour rien au monde on n'eût dû faire tel
ou tel acte. Votre main aurait dû se sécher avant
de signer ce papier. Que du ciel sur les rois les
arrêts sont terribles!.... Nos mains se sécheraient
en touchant la couronne, Si nous savions, mon fils,
à quel titre il la donne, DUCIS, Ilamlet, u, 5.
Il 9° Cesser de couler. Ce qui me parut étonnant,
c'est que ses larmes se séchèrent tout à coup,
MARIV. Pays. parv. 7e part.
— HIST. xnc s. Ensi perdrai tout fors merci crier,
Et sécherai de duel [deuil] et de pesance, Ilist. litt.
de la Fr. t. xxm. p. 576. Tu derumpis les fon-
taines, tu secchas les fluvies [fleuves], Liber psalm.
p. 99. Puis avint que la rivière sechad, Rois, p.sui.
f| xmc s.Nule riens ne sèche si tost comme larmes,
BRUN, LATINI, Trésor, p. 672. Si coin écho.... Qui
seicha tote d'ardure, Fors la voix qui encor dure,
Ilist. litt. de la Fr. t. xxm, p. 717. On doit sayer
[essayer] pour DÛ us aprendre, Piecha c'on dist :
qui siet, il sèche, BAUDOUIN DE CONDÉ, t. i, p. 17
|| xive s. Ne jà il ne l'aura si chier, Qu'il ne le face
tout sechier, Et qu'il ne li toille [ôte] vigour,
KACHALT, p. 27. Il xv« s. Pour quoi fait donc dame
ne pucelelte Si grant dangier de s'amour à ami,
Qui séchera soubz le pié corn l'erbette? E. DESCH
Profiter de la jeunesse. Ne laissons pas seicher Le
passaige des vivres ; Mais que nous soyons yvres,
Nous nous irons couchier, BASSEL. XLII. || xvie s.
Qu'en dictes-vous, quel dueil, quel ennuy est-ce,
De veoir sécher la fleur de tous noz champs?
MAROT, m, 298. Le meilleur conte du monde se
seiche entre mes mains et se ternit, MONT, m,
37. C'esloient tapisseries que l'on avoit tendues
pour les sécher, AMYOT, Thém. 64. Quoi! je ne boy
que par procuration; mouillez-vous pour seicher,
ou seichez-vous pour mouiller, RAB. Garg. i , 5.
— ÊTYM. Wallon, sechi ; Berry, chêcher ; norm.
séquer ; prov. secar, sechar; calai, seccar ; esp.
secar; ital. seccare; du lat. siccare, de siccus. sec
SÉCHERESSE (sè-che-rè-s'), s. f. || i° État,' qua-
lité de ce qui est sec. La sécheresse de la terre
fait grand tort aux moissons. La sécheresse de la
langue dans la fièvre. || 2° Absolument. Disposition
de l'air et du temps contraire à l'humidité. Cette
année, la sécheresse fut très-grande, de manière
que les terres qui étaient dans les lieux élevés
manquèrent absolument, tandis que celles qui pu-
rent être arrosées furent très-fertiles, MONTESQ. Lett.
pers. il. Ces sécheresses dévorantes qui désolent
si souvent les meilleures îles de cet hémisphère
[Amérique], RAYNAL, Hist.phil. ix, 28. || 3» Absence
d'embonpoint, de graisse. Vous me paraissez à peu
près dans le même cas que moi : faiblesse et sé-
cheresse, voilà nos deux principes; cependant,
malgré ces deux ennemies, je n'ai pas laissé de
passer soixante ans, VOLT. Lett. Mme Fontaine.
8 janv. 1756. || Dne sécheresse depulmonique (voy.
PULMONIQUE). Il 4° Fig. Manque d'argent, gêne.
Peut-on rien voir de plus cruel que cette rigou-
reuse épargne qu'on exerce sur nous, que celte
sécheresse étrange où l'on nous fait languir? MOL.
l'Av. i, 2. Quelle augmentation de dépenses, et
quel temps de sécheresse ! SÉV. S fév. i eoo. Ce qui
a causé la sécheresse où j'ai été.... c'est que j'ai
donné beaucoup d'argent pour les rachats des
terres de Basse-Bretagne, en. DE SÉV. dans SÉV.
t. x, p. 408, édit. RÉGNIER. || S" Fig. État d'une
personne qui manque de sensibilité, d'abandon.
Mlle de Méry dit que je lui ai écrit fort sèchement ;
c'est peut-être en elle qu'est la sécheresse, comme
la piqûre n'est pas dans l'épine, SÉV. 7 juil. 1680.
La sécheresse des nouveaux mystiques, qui neveu-
lent rien demander à Dieu, est confondue dès l'o-
rigine du christianisme, BOSS.'Et. d'orais. vi, 18.
Autant que nous pourrons, corrigeons les séche-
resses, pour ne point dire l'aigreur, qu'on trouve
trop souvent dans de tels livres [les livres de con-
troverse], ID. Confér. avec Claude, Avertissement.
Je vous aime plus que ma sécheresse ne me per-
met de vous le dire, MAINTENON, Lett. à M. d'Au-
bigné, 7 sept. 1683. Cette force de caractère allait
quelquefois jusqu'à la sécheresse, J. J. ROUSS.
Confess. il. La sensibilité extrême exclut la sé-
cheresse, D'ALEMB. Pmtr. de Mlle de l'Espinasse.
|| Manque de moelleus La Rancune l'en remercia
autant que la sécheresse de sa civilité le put per-
mettre, SCARR. Rom. corn. I, 6. Je sais qu'il règne
toujours entre hommes une sécheresse qu'une
femme sait mieux adoucir, J. J. ROUSS. Hél. i, 65.
|| Manière de répondre, de se comporter, froide et
dure. Je vis bien à l'extrême sécheresse de ses
manières, que je n'obtiendrais jamais sa tendresse,
GENLIS, Mme de Maintenon, t. i, p. 78, dans POU-
GENS. J'ai beaucoup vu en Italie une femme qui
vous intéresse particulièrement. — Je ne le crois
pas, répondit lady Edgermond avec sécheresse,
STAEL, Corinne, xvi, c. || 6" Terme de dévotion.
État de l'àme qui ne sent point de consolation dans
les exercices de piété. Vous tirerez tout le fruit
que Dieu veut de vos sécheresses, BOSS. Lett. a!d>.
61. Des sécheresses, des ennuis et des dégoûts,
BOURD. Dominie. i, Sainteté et force de la loi, 229.
Que remporte-t-on de la plupart des conversa-
tions? un coeur vide, une imagination égarée,
beaucoup d'indifférence et de sécheresse dans le
service de Dieu, ID. Retraite spirituelle, 6e jour.
Aux âmes que Dieu éprouve.... et qu'il livre à tous
les dégoûts et à toutes les sécheresses d'une vertu
triste et amère, MASS. Myst. Ass. || 7" En parlant
des ouvrages de peinture, manque de moelleux
dans les contours. Cela est peint avec une grand?
SEC
SÉC
SÉC
l'époque de la basse mer ou dans des temps
calmes. Nous avons fait le nord-est pour passer
entre ladite île et Palme, rangeant toujours de
fort près ladite Vache à cause d'une sèche qui est
presque au milieu de ia passe, Joum. de la route
du vaisseau le Mure, 1 68S, dans JAL.
- ÊTYM. Sec; ilal. secca.
SÉCHÉ, ÉE (sè-ché, chée), part, passé de sécher.
Rendu sec. Le ciel même peut-il réparer les ruines
De cet arbre séché jusque dans ses racines? SAC.
Athal. I, i. Quelques pleurs.... Versés par le re-
gret, et séchés par la rage, DELIU. Imag. iv.
f SÉCHÉE (sè-chée), s. f Terme de métiers. Ac-
tion de l'aire sécher; temps employé à l'aire sécher.
SÈCHEMENT (sè-che-man), adv. || 1° D'une ma-
nière sèche, à l'abri de l'humidité. On doit tenir
sèchement et à couvert tous les c.arbons; ceux de
bois blancs surtout s'altèrent à l'air et à la pluie
dans très-peu de temps, BUFF. Min. t. iv, p. ni".
]| 2° Fig. D'une manière froide et peu agréable.
Mlle de Méry dit que je lui ai écrit fort sèchement,
SÉV. 7 juill. i GSM. J'ai parlé deux l'ois au roi des
maîtresses d'école du diocèse de Séez; et, les
deux fois, il m'a répondu très-sèchement pour
vous et pour moi, MAINTENON, Lett. au cardinal de
Noailles, 25 avril 1699. La visite se fit [de M. de
Chevreuse chez M. et Mme de Chaulnes], et fut
très-sèchement reçue, ST-SIM. 27, 58. || 3° Sans
agrément, en parlant d'ouvrages d'esprit. Des ma-
noeuvres de guerre sèchement racontées, de longs
discours au parlement en faveur des jésuites, et
enfin la vie du P. Colon forment, dans Daniel, le
règne de Henri IV, VOLT. Moeurs, 4 74. || Ecrire
sèchement, avoir un style sec, dénué d'agrément.
|| Peindre sèchement, peindre en marquant dure-
ment les contours.
— ÊTYM. Sèche, et le suffixe ment; provenç. se-
camens; catal. secament; espagn. secamente; ital.
seccamente.
SÉCUEU (sè-ché; lasyllabe s^prend un accent gra-
ve, quand la syllabe qui suit est muette : je sèche,
excepté au futur et au conditionnel : je sécherai,
je sécherais), v. a. || 1° Rendre sec. Sécher ses vê-
tements mouillés par la pluie. Le grand hàle sèche
les fleurs. Qu'il soit comme le fruit en naissant
arraché, Ou qu'un souffle ennemi dans sa fleur -a
séché! RAC. Alhal. i, 2. Et j'essuyai mon front que
vint sécher la brise, LAMART. Jocelyn, Prologue.
|| 2° Mettre à sec. 11 a changé les fleuves en lieux
secs et déserts, e\, séché les sources et les ruis-
seaux, SACI. Bible, Psaum. cvi, 33. Nous avons ap-
pris qu'à votre sortie d'Egypte, le Seigneur sécha
tes eaux de la mer Rouge, ID. Josué, n, 10. || Par
extension. Déjà l'ardente soif le sèche et le dé-
vore, DUCIS, Abuf. i, 3. || Fig. Je suis trop embar-
rassé du mauvais succès de mes affaires, et cette
inquiétude sèohe toutes les pensées de vers, RAC.
Lett. 20, à Levasseur. || Fig. Dans l'argot de cer-
taines hautes écoles, sécher un élève, lui donner
des notes par suite desquelles il sera déclaré n'a-
voir pas satisfait aux examens de sortie (voy. FRUIT
l, n- 2). |1 3° Fig. Sécher les larmes, consoler,
empêcher de pleurer. Quels pleurs ai-je séchés?
dans quels yeux satisfaits Ai-je déjà goûté le fruit
de mes bienfaits? RAC. Bérèn. iv, 4. C'est moi,
mon ami, qui ai apaisé vos premiers cris, séché
vos premières larmes, A. DUVAL, Men. de Li-
vonie, m, n. || On dit de même: sécher les
yeux. Cette pitoyable nouvelle n'a pas séché mes
yeux, SÉV. l (5. || Sécher ses pleurs, cesser de pleu-
rer. Sèche tes pleurs, Sabine, ou les cache à ma
vue, CORN. Ilor.ïv, 7. D'Antin pleurait et disait
que.... il sécha et regretta, bienlôt ses larmes,
ST-SIM. 107, 133. La cuisinière entra, Mlle Hubert
sécha ses pleurs, MARIV. Pays. parv. 3e part.
|| 4" Y. n. Devenir sec. Les arbres séchèrent sur
pied. Faire sécher des fruits au four. Au même
moment le figuier sécha, SACI, Bible, Évang.
Matth. xxi, 19. Tout le rest.edu peuple a séché de
soif, n>. ib.Isaïe, v, 13. Qu'on vous couronne de
fleurs, qu'on vous compose des guirlandes, ces
fleurs ne seront bonnes qu'à sécher sur votre tom-
beau, FLÉCH. Duch. de Montaus. Sa justice [de
Dieu], indignée que vous employiez contre lui ses
propres bienfaits.... renverse vos fortunes, éteint
vos familles, fait sécher la racine de votre posté-
rité, MASS. Pet. carême, Vices et vert. La superbe
Carthage n'était point encore un port de mer; il
n'y avait là que quelques Numides qui faisaient
sécher 1 des poissons au soleil, VOLT. Princ. de
Babyl. xi. Faut-il demander.... pourquoi l'on voit
des années qui n'ont ni printemps ni automne,
où les fruits de l'année sèchent dans leur fleur?
VAUVENAR, Clasomène ou la Vertu malheureuse.
|| Par extension. Je vissa femme [du maréchal de
Créquy qui venait d'être défait].... elle n'est pas
reconnaissable ; les yeux ne lui sèchent pas, SÉV.
26 août 1675. || Se tarir. Cette horrible famine....
funeste aux mères qui voyaient sécher leurs ma-
melles, BOSS. Ilist. n, s. || Fig. Les paroles sèchent,
la langue sèche, se dit quand on ne peut parler.
Que dit-on quand on a tort? pour moi, je n'ai
pas le mot à dire ; les paroles me sèchent à
la gorge, SÉV. à Bussy, 29 mai 1679. La langue
de l'impie sécha toujours devant iui de honte
et de confusion, MASS. Or. fun. Dauphin, 2e p.
|| 5° Être frappé d'un dessèchement, eh parlant
d'une partie du corps. La jambe droite lui a séché.
|| Fig. Si j'avais écrit comme on le désirait, j'aurais
bien dit d'autres merveilles; mais j'aurais eu peur
que ma main n'eût séché, SÉV. 23 janv. 1682.
|| 8° Fig. Languir, dépérir. Je crois qu'avant deux
jours je sécherais d'ennui, CORN. Galerie, iv, s.
Pouvons-nous être témoins de tant de chutes et
de tant de malheurs, et n'en pas sécher de dou-
leur comme le prophète? BOURBAL. Exhort. char,
env. un. sémin. t. i, p. 151. Mme de Montespan
sèche de notre joie; elle meurt de jalousie, MAIN-
TENON, Lett. à Mme de Si Géran, 7 août 1682. Je me
consume de chagrins et de veilles : je sèche à vue,
ID. Lett. à l'abbé Gobelin, 29 juill. 1676. Que
Rohault vainement sèche pour concevoir Comme,
tout étant plein, tout a pu se mouvoir, BOIL. Èpît. v.
Va maigrir, si tu veux, et sécher sur un livre, ID.
Lutr. iv. On voit quelquefois des enfants qui sè-
chent et qui dépérissent d'une langueur secrète,
parce que d'autres sont plus caressés qu'eux, FÉN.
t. xvn, p. 35. Rousseau a, de son aveu même, sé-
ché souvent six mois sur les strophes d'un canti-
que, GILB. Lett. à M. Imbert. || Éprouver un senti-
ment d'impatience, de contrariété. On sèche quand
on entend sortir ces discours d'une telle bouche
[Fénelon] ; h'aurait-on pas plus tôt fait d'avouer
une faute humaine... BOSS. Préf. Instruct. pastor.
55. La. Monsery séchait d'impatience, HAMILT.
Gramm. 7. Voici l'heure fatale où l'arrêt [au
théâtre, sur une pièce] se prononce 1 Je sèche, je
me meurs; quel métier! j'y renonce, PIR. Mélrom.
v, l. Je sèche en attendant la consultation des avo-
cats en faveur de cet infortuné [Calas], qui est mort
avec plus de courage que Socrate, VOLT. Lett. Damila-
ville, 25 juill. 1766. || Sécher sur pied, se consumer
d'ennui, de tristesse, ou être en proie à une inquié-
tude qui cause une sorte d'abattement. La répéti-
tion du mariage de Monsieur me fait sécher sur
pied, SÉV. 95. Malgré toutes les attentions de mes
hôtes, malgré la beauté du séjour de la Haye, je
sèche sur pied; il faut que je vous revoie tous,
DIDER. Lett. à Mlle Yoland, 3 sept. 1774. || Mme de
Sévigné a dit: sécher sur le pied. On verra bientôt
cette dernière sécher sur le pied, 19 août 1676. |j Sé-
cher sur pied, se dit aussi, par plaisanterie, d'une
fille qui ne trouve pointa se marier. || 7° Se sécher,
v. réfl. Se rendre sec. Les feux bien allumés, ils
[les soldats] passèrent la nuit à se sécher, au bruit
des imprécations, des gémissements de ceux qui
achevaient de franchir le torrent, ou qui du haut
de ses berges roulaient et se perdaient dans ses gla-
çons, SÉGUR, Ilist. de Nap. ix, 13. || Devenir à ^ec.
Quelque temps après le torrent se sécha, car il
n'avait point plu sur la terre, SACI, Bible, Rois, ni,
xvn, 7. || 8° Devenir sec. La main qu'il [Jéroboam]
avaitétendue contre le prophète, se sécha, et il ne
put plus la retirer à lui, SACI, Bible, Rois, ni, xm,
4. Tant de lauriers qui avaient levé leurs têtes
jusqu'aux nues, se séchèrent bientôt dans une
terre épuisée, VOLT. Princ. de Babyl. 10. || Fig.
Votre main aurait dû se sécher, se dit pour expri-
mer que pour rien au monde on n'eût dû faire tel
ou tel acte. Votre main aurait dû se sécher avant
de signer ce papier. Que du ciel sur les rois les
arrêts sont terribles!.... Nos mains se sécheraient
en touchant la couronne, Si nous savions, mon fils,
à quel titre il la donne, DUCIS, Ilamlet, u, 5.
Il 9° Cesser de couler. Ce qui me parut étonnant,
c'est que ses larmes se séchèrent tout à coup,
MARIV. Pays. parv. 7e part.
— HIST. xnc s. Ensi perdrai tout fors merci crier,
Et sécherai de duel [deuil] et de pesance, Ilist. litt.
de la Fr. t. xxm. p. 576. Tu derumpis les fon-
taines, tu secchas les fluvies [fleuves], Liber psalm.
p. 99. Puis avint que la rivière sechad, Rois, p.sui.
f| xmc s.Nule riens ne sèche si tost comme larmes,
BRUN, LATINI, Trésor, p. 672. Si coin écho.... Qui
seicha tote d'ardure, Fors la voix qui encor dure,
Ilist. litt. de la Fr. t. xxm, p. 717. On doit sayer
[essayer] pour DÛ us aprendre, Piecha c'on dist :
qui siet, il sèche, BAUDOUIN DE CONDÉ, t. i, p. 17
|| xive s. Ne jà il ne l'aura si chier, Qu'il ne le face
tout sechier, Et qu'il ne li toille [ôte] vigour,
KACHALT, p. 27. Il xv« s. Pour quoi fait donc dame
ne pucelelte Si grant dangier de s'amour à ami,
Qui séchera soubz le pié corn l'erbette? E. DESCH
Profiter de la jeunesse. Ne laissons pas seicher Le
passaige des vivres ; Mais que nous soyons yvres,
Nous nous irons couchier, BASSEL. XLII. || xvie s.
Qu'en dictes-vous, quel dueil, quel ennuy est-ce,
De veoir sécher la fleur de tous noz champs?
MAROT, m, 298. Le meilleur conte du monde se
seiche entre mes mains et se ternit, MONT, m,
37. C'esloient tapisseries que l'on avoit tendues
pour les sécher, AMYOT, Thém. 64. Quoi! je ne boy
que par procuration; mouillez-vous pour seicher,
ou seichez-vous pour mouiller, RAB. Garg. i , 5.
— ÊTYM. Wallon, sechi ; Berry, chêcher ; norm.
séquer ; prov. secar, sechar; calai, seccar ; esp.
secar; ital. seccare; du lat. siccare, de siccus. sec
SÉCHERESSE (sè-che-rè-s'), s. f. || i° État,' qua-
lité de ce qui est sec. La sécheresse de la terre
fait grand tort aux moissons. La sécheresse de la
langue dans la fièvre. || 2° Absolument. Disposition
de l'air et du temps contraire à l'humidité. Cette
année, la sécheresse fut très-grande, de manière
que les terres qui étaient dans les lieux élevés
manquèrent absolument, tandis que celles qui pu-
rent être arrosées furent très-fertiles, MONTESQ. Lett.
pers. il. Ces sécheresses dévorantes qui désolent
si souvent les meilleures îles de cet hémisphère
[Amérique], RAYNAL, Hist.phil. ix, 28. || 3» Absence
d'embonpoint, de graisse. Vous me paraissez à peu
près dans le même cas que moi : faiblesse et sé-
cheresse, voilà nos deux principes; cependant,
malgré ces deux ennemies, je n'ai pas laissé de
passer soixante ans, VOLT. Lett. Mme Fontaine.
8 janv. 1756. || Dne sécheresse depulmonique (voy.
PULMONIQUE). Il 4° Fig. Manque d'argent, gêne.
Peut-on rien voir de plus cruel que cette rigou-
reuse épargne qu'on exerce sur nous, que celte
sécheresse étrange où l'on nous fait languir? MOL.
l'Av. i, 2. Quelle augmentation de dépenses, et
quel temps de sécheresse ! SÉV. S fév. i eoo. Ce qui
a causé la sécheresse où j'ai été.... c'est que j'ai
donné beaucoup d'argent pour les rachats des
terres de Basse-Bretagne, en. DE SÉV. dans SÉV.
t. x, p. 408, édit. RÉGNIER. || S" Fig. État d'une
personne qui manque de sensibilité, d'abandon.
Mlle de Méry dit que je lui ai écrit fort sèchement ;
c'est peut-être en elle qu'est la sécheresse, comme
la piqûre n'est pas dans l'épine, SÉV. 7 juil. 1680.
La sécheresse des nouveaux mystiques, qui neveu-
lent rien demander à Dieu, est confondue dès l'o-
rigine du christianisme, BOSS.'Et. d'orais. vi, 18.
Autant que nous pourrons, corrigeons les séche-
resses, pour ne point dire l'aigreur, qu'on trouve
trop souvent dans de tels livres [les livres de con-
troverse], ID. Confér. avec Claude, Avertissement.
Je vous aime plus que ma sécheresse ne me per-
met de vous le dire, MAINTENON, Lett. à M. d'Au-
bigné, 7 sept. 1683. Cette force de caractère allait
quelquefois jusqu'à la sécheresse, J. J. ROUSS.
Confess. il. La sensibilité extrême exclut la sé-
cheresse, D'ALEMB. Pmtr. de Mlle de l'Espinasse.
|| Manque de moelleus La Rancune l'en remercia
autant que la sécheresse de sa civilité le put per-
mettre, SCARR. Rom. corn. I, 6. Je sais qu'il règne
toujours entre hommes une sécheresse qu'une
femme sait mieux adoucir, J. J. ROUSS. Hél. i, 65.
|| Manière de répondre, de se comporter, froide et
dure. Je vis bien à l'extrême sécheresse de ses
manières, que je n'obtiendrais jamais sa tendresse,
GENLIS, Mme de Maintenon, t. i, p. 78, dans POU-
GENS. J'ai beaucoup vu en Italie une femme qui
vous intéresse particulièrement. — Je ne le crois
pas, répondit lady Edgermond avec sécheresse,
STAEL, Corinne, xvi, c. || 6" Terme de dévotion.
État de l'àme qui ne sent point de consolation dans
les exercices de piété. Vous tirerez tout le fruit
que Dieu veut de vos sécheresses, BOSS. Lett. a!d>.
61. Des sécheresses, des ennuis et des dégoûts,
BOURD. Dominie. i, Sainteté et force de la loi, 229.
Que remporte-t-on de la plupart des conversa-
tions? un coeur vide, une imagination égarée,
beaucoup d'indifférence et de sécheresse dans le
service de Dieu, ID. Retraite spirituelle, 6e jour.
Aux âmes que Dieu éprouve.... et qu'il livre à tous
les dégoûts et à toutes les sécheresses d'une vertu
triste et amère, MASS. Myst. Ass. || 7" En parlant
des ouvrages de peinture, manque de moelleux
dans les contours. Cela est peint avec une grand?
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