1852
SCÈ
SCE
SCE
vue. || Fig.' La scène change, va changer, un chan-
gement considérable survient,dans une affaire,
dans les affaires. || 3° L'action même qui fait le su-
jet de là pièce qu'on représente. La scène est à
Paris. Que le lieu de la scène y soit fixe et mar-
qué, BOIL. Art p. m. || Ouvrir la scène, commencer
la" représentation, paraître le premier sur le théâ-
tre. || Fig. Nos troupes marchent vers Cologne;
c'est M. de, Luxembourg qui doit ouvrir la scène,
SÉV. 22 janv. 4 672. || 4° Fig. L'art dramatique. Les
auteurs qui ont illustré la scène. La scène même,
qui depuis Molière est bien plus un lieu où se dé-
bitent de jolies conversations que la représenta-
tion de la vie civile, J. J. ROUSS. Hél. n, 4 7. La
scène, en général, est un tableau des passions hu-
maines, dont l'original est dans tous les coeurs,
ID. Lett. à d'Alembert. || La scène tragique, la tra-
gédie. La scène comique, la comédie, La scène ly-
rique, l'opéra. Toi donc qui, t'élevant sur la scène
tragique, Suis les pas de Sophocle, BOILEAU, Êp.
vu. || La scène française, la littérature dramati-
que en France. Et la scène française sst en
proie à Pradon, BOIL. ÊpU. TOI. En général il y a
beaucoup de discours et peu d'action sur la scène
française, J. J. ROUSS. n, 7. La scène française,
sans contredit la plus parfaite, ou du moins la
plus régulière qui ait encore existé,, m. Lett. à
D'Alemb. || 5° Partie d'un acte d'un poëme drama-
tique, laquelle apporte, du changement à l'action
par l'entrée ou la sortie d'un ou plusieurs acteurs.
La première scène d'Athalie. Que le trouble,
toujours croissant de scène en scène, X son com-
ble arrivé se débrouille sans peine, BOIL. Art
p. m. Que l'action, marchant où la raison la
guide, Ne se perde jamais en une scène vide,
ID. ib. On ne peut prendre trop de précaution
pour ne rien mettre sur le théâtre qui ne soit
très-nécessaire; et les plus belles scènes sont
en danger d'ennuyer du moment qu'on les peut
séparer de l'action et qu'elles l'interrompent au
lieu de la conduire vers sa fin, BAC, Mithr. Préf.
J'ai toujours ouï dire que Despréaux, qui était le
confident de Racine et de Molière, se trompait
toujours sur les scènes qu'il croyait devoir réus-
sir le plus, et sur celles dont il se défiait, VOLT.
Lett. Chabanon, 4 déc. 4 765. Nul auteur n'a jamais
écrit plus mal et mieux; voilà pourquoi on disait
que. Corneille avait un démon qui fit.pour lui les
belles scènes de ses tragédies, et qui lui laissa
faire tout le reste, ID. Cornm. Corn, rem, Théod. i,
i. || Scène muette, voy. MUET. || 6" Ensemble d'ob-
jets qui s'offrent à la vue. Le pays offre une foule
de scènes variées. || 7" Fig. Il se dit de ce que l'on
compare à la scène d'un théâtre. Stratagème dont
il se servit pour avoir la scène libre, HAMILT.
Cramm. 4. Un certain jardin devait être la scène
de cette fête, ID. Gramm. e. On verra le Fils de
l'homme.... produire sur la. scène dos. héros de la
loi, jusques-là inconnus au monde, MASS. Avent,
Jugem. Do quelque nouveau crime il prépare la
scène, VOLT." Oreste, rv, 3. || 8° Fig. Toute action
qui offre quelque chose de remarquable, d'extra-
ordinaire. Des scènes de plaisir et de joie. Il est
vrai quo les scènes en [du conclave] furent cu-
rieuses, RETZ, Conclave d'Alex, vi. Mme dé Coulan-
ges et M. de Barillon jouèrent bien la scène de
Vardes et de Mlle de Toiras ; nous avions tous en-
vie de pleurer; ils se surpassèrent eux-mêmes,
SÉV. 4er avril 4672. Tout le monde se fait une
affaire particulière de cette grande scène [la révo-
lution d'Angleterre], m. 31 déc. 4688. N'attendez
pas que j'ouvre ici une scène tragique, que je re-
présente ce grand homme étendu sur ses propres
trophées, FLÉCH. Turenne. Le monde entier n'était
qu'un théâtre lugubre, où cette passion [l'orgueil]
hautaine et insensée donnait tous les jours les
scènes les plus sanglantes, MASS. Avent, A'oëJ.
Il s'ouvrait alors une grande scène vers les fron-
tières de la Suède, VOLT. Russie, i, 44. Je refusai
de la voir [Velléda], afin de nous épargner à tous
deux une scène douloureuse, CHATEAUBR. Mart. liv.
x. La seule crainte d'une scène embarrassante a
souvent fait prendre aux gens faibles le parti de
la perfidie, GENLIS, Mères riv. t. 4, p. 27, dans
POUGENS. Quand je verrais son globe [de la terre]
errant et solitaire Flottant loin des soleils, pleu-
rant l'homme détruit, Se perdre dans les champs
de l'éternelle nuit; Et quand, dernier témoin de
ces scènes funèbres.;., LAMART. Méd. i, 6. || 9° Sorte
d'esclandre. M. de Coësquen est arrivé à Paris en
même temps que M. de Chaumes ; leur haine et
les mémoires qu'a donnés Coësquen feraient une
belle scène, si le roi les voulait entendre tous
deux, SÉV. 263. Nous lui avons parlé [au roi],
M. de Paris et moi, dans les mêmes sentiments
[sur les affaires quiétistes], mais à diverses heu-
res, pour ne point donner une scène au courtisan,
attentif à cette affaire plus qu'on ne peut vous le
dire, BOSS. Lett. quiét. 438. Vous l'abordez une autre
fois, et il ne s'arrête pas, il se fait suivre, vous
parle si haut que c'est une scène pour ceux qui
passent, LA BRUY. IX. Je suis rentrée, de peur de
donner une scène à toute la maison, J. J. ROUSS.
Hél. i, 44. Quoique mes fureurs donnassent des scè-
nes à pâmer de rire, ID. Conf. i. Je. viens d'avoir une
scène affreuse avec M. deiimours, GENLIS, Ad. et
Th. t. i, p. 264, dans POUGENS En marquant
mon étonnement de la scène plus que bizarre que
M. de Lamarre s'était permise, Papiers saisis à
Bareuth, p. 4 56. || Il ne faut point donner de scène
au public, il faut cacher au public des. débats qui
exciteraient sa malignité. Faut-il donner au public
une scène.... MASS. Resp. hum. || Faire une scène à
quelqu'un, l'attaquer violemment de paroles. Il
lui dit avec une colère concentrée et une voix trem-
blante : eh bien, madame, allez-vous faire une
scène? GENLIS, Ad. et Th. 1.1, p. 288, dans POUGENS.
— REM. Bouhpurs, JVOUU. remorques : « Ce mot
est depuis quelques années fort à la mode dans
un certain tour. Ce fut une étrange scène, il a
donné une plaisante scène au public. Ce mot est
venu de la cour. >
— ÉTYM. Lat. scena; du grec cyxr]vï|, proprement
tente et, par extension, demeure, lieu ombragé;
de même radical que
SCÉNIQUE (sé-ni-k'), adj. Qui a rapport à la
scène, au théâtre. Le peuple [à Rome] devint si
passionné pour les jeux scéniques, que le même
ouvrage eut quelquefois deux représentations dans
un seul jour, comme cela, arriva pour l'Eunuque
de Térence, PASTORET, Instit. Slém. hist. et litt.
anc.t. m, p. 329. || Instinct scénique, instinct d'imi-
tation. Il paraît que cet instinct scénique s'étend
jusqu'à l'imitation des actions du moment, BUFF.
Ois. t. xrv, p. 4 0. || Style scénique, style de la
scène, du théâtre. Le style y est plus leste [dans
la préface], plus vibrant, plus scénique en un mot
que celui de la pièce elle-même, J. CLARETIE, Feuil-
leton de l'Opinion nationale, 6 avril 4 868.
— ÊTYM. Scène.
f SCÉNITE (sé-ni-t'), adj. Qui vit sous des ten-
tes. Les peuples scénites.
— ËTVM. Exiivivr,:;, de OTCÏJVÎ), tente (voy. SCÈNE).
SCÉNOGRAPHIE (sé-no-gra-fie), s. f. || 1° Terme
de peinture. Art qui consiste à dessiner les édifi-
ces, les sites, les villes, etc. en perspective, c'est-
à-dire avec les diminutions et les raccourcisse-
ments que la perspective y apporte, par opposition
à ichnograplîie et orthographie, qui sont des
plans purement géométriques, où la perspective
n'est pas observée. || 2° Particulièrement. Art de
peindre les décorations scéniques. [| 3° Les. repré-
sentations mêmes, les objets représentés. La scé-
nographie d'un palais et de ses jardins. || 4" Terme
de maçonnerie. Art de représenter un édifice en
relief, qu'on appelle aussi modèle.
— HIST. xvi" s. Le corps de ce jardin-ci est re-
levé en schenographie ou perspective, il monte
jusques à la hauteur de six toises, par six retours
de la montaignete.... o. DE SERRES, 602.
— ÉTYM. SxTjvoYpoeç'a, l'art d'orner le théâtre,
de CXTJV^, scène, théâtre, et YP
SCÉNOGRAPHIQUE (sé-no-gra-fi-k'), adj. Qui a
rapport à la scénographie.
— ÉTYM. £xr)vof pccçixôç, de oxïivoYpaipia, scéno-
graphie.
| SCÉNOGRAPHIQUEMENT (sé-no-gra-fi-ke-
man), adv. Selon les règles de la scénographie; en
perspective.
SCÉNOPÉGIE (sé'-no-pé-jie), s. f. Nom que les
Grecs donnaient à la fête des Tabernacles des Juifs.
Voy. TABERNACLES. || On dit aussi les scénopégies,
à cause que la fête durait sept jours.
— ÉTYM. SxïivoirriYÎa, action de dresser une tente,
de oaivï), tente(voy. SCÈNE), etnrjYvijw, fixer, établir.
SCEPTICISME (sè-pti-si-sm'), s. m. || 1° Doctrine
des philosophes qui doutent et qui examinent.
Le scepticisme est le premier pas vers la vérité,
DIDER. Pens. philos, n" 34. Le scepticisme ne con-
vient pas à tout le monde, il suppose un examen
profond et désintéressé, ID. ib. 24. Il me semble
quo le scepticisme que certaines discussions his-
toriques provoquent et entretiennent, n'est ni la
moins douce ni la moins saine habitude que l'es-
prit humain puisse contracter, DAUNOU, Instit. Mém.
se. mor. et pol. t. rv, p. 543. [J 2° Particulièrement,
doctrine des philosophes pyrrhoniens.' Pyrrhon,
disciple d'Anaxarque de la secte éléatique, oxerça
le premier cette philosophie pusillanime et dou-
teuse, qu'on apoelle de son nom pyrrhonisme, et,
de sa nature, scepticisme, DIDER. Qpini des anc.
philos, (philos, pyrrhonienne). Le .scepticisme
n'eut ni chez les anciens, ni chez les .modernes,
aucun athlète plus redoutable que Bayle, m ib.
|| 3° Il se dit, dans le langage général, de ceux
qui affectent de douter de tout. Ce scepticisme '
qui fut celui de Montaigne et de tant ^d'autres, leur
laissait du moins du respect et même de. la vénéra- -
tion pour le culte établi, GENLIS, Mères riv. t. m,
p. 2, dans POUGENS. ' "
— REM. Scepticisme n'est pas ancien. « Pascal,
non plus que Montaigne, no se sert du mot de
scepticisme, que nous employons aujourd'hui; on
trouve dans la Mothe le Vayer la sceptique, "ô
GY.'.KTMi), mais non le sceplicisme, » HAVET, Pen-
sées de Pascal, 1.1, p. 45. La table de Bayle, édit
de 4745, donne: * sceptique, scepticisme, .cherchez
pyrrhoniens; > mais à Pyrrhon on ne trouve pas
sceptiesme.
— SFN. SCEPTICISME, PYRRHONISME. Le scepticisme
a un sens plus étendu que le pyrrhonisme, qui est
la philosophie de Pyrrhon. Autrefois on n'avait
que le mot pyrrhonisme; et on confondait les deux
nuances. Aujourd'hui le septicisme s'applique sur-
tout à ce qu'on ne sait pas, par exemple l'essence *
desjshoses. Il se prend aussi quelquefois pour
pyrrhonisme. ,
— ÉTYM. Sceptique.
SCEPTIQUE (sè-pti-k'), adj. || i" Il se dit d'une
secte de philosophes anciens, les pyrrhoniens,
dont le dogme principal était de douter de tout, et,
par extension, de ceux qui, chez les modernes,
.suivent les doctrines pyrrhoniennes, ou qui pro-
fessent le doute philosophique. Le sceptique
philosophe Bayle a été persécuté,' même en Hol-
lande ; |la Mothe le Vayer, plus sceptique et moins
philosophe, a été précepteur du roi Louis XIV et
du frère du roi, VOLT. Dict. phil. Contradiction. Le
mot sceptique, qui est grec dans son origine, si-»
gnifie proprement contemplatif, c'est-à-dire un
homme qui balance les raisons de part et. d'autre,
sans décider pour aucun côté,DIDER. Opin.desanc.
philos, scepticisme. |[ Qui a rapport à.cette .secte.
Philosophie sceptique. Maximes sceptiques. || 2° Qui '
affecte le doute sur toute chose. D'Alembert : Scep-
tique je me serai couché, sceptique je mé lèverai.
— Diderot : sceptique ? est-ce qu'on est sceptique ?
DIDER. Mém. Entret. d'Alemb. Non; du sceptique
Harold le doute est la doctrine ; Le croissant ni la
croix ne couvrent sa poitrine, LAMART. Barold, 40.
|| 3° Substantivement. Comme personne jusque-là
n'avait fait profession de douter absolument de
toutes choses, c'est ce qui a -été cause que Pyr-
rhon a passé pour l'auteur et le chef de tous les
sceptiques, FÉN. Pyrrhon. M. Hume, ce fameux
sceptique, est aussi honoré parmi eux [les Anglais]
que l'homme le plus soumis à la foi, VOLT. Dial.
30. Qu'est-ce qu'un sceptique? c'est un philosophe
qui a douté de tout ce qu'il croit, et qui croit ce
qu'un usage légitime de sa raison et de ses sens lui
a démontré vrai, DmER. Pens. philos, n" 30. Mais
du Dieu trois fois saint notre injure est l'injure ;
Faut-il l'abandonner au mépris du parjure, Aux
langues du sceptique ou du blasphémateur? LA-
MART. Barm. I, 6. || 4° La sceptique,, la doctrine
des pyrrhoniens. Ils [les pyrrhoniens] se sont en-
core voulu aider de certaines façons de parler qui
leur étaient particulières; ce sont celles qu'on
a nommées les voix de la sceptique, comme :
je'ne sais, cela peut être, je ne le comprends
pas, etc., LA MOTHE LE VAYER, Vertu des païens,
n, Pyrrhon.
— HIST. XVIe s. Les autres.... disoient que l'on
pouvoit disputer de toutes choses.... et s'appel-
loient sceptiques, BONIVARD, Amartigenée, p. 4 59.
— ÉTYM'. SxEitTtxôç, de crxéiiTesOou, voir, consi-
dérer ; de même radical que le lat. specere, spec-
tare (voy. SPECTACLE).
f SCEPTIQUEMENT (sè-pti-ke-man), adv. D'une
manière sceptique.
SCEPTRE (sèp-tr'), s. m. || 1° Bâton de comman-
dement qui était un des signes de l'autorité royale.
Dans Homère, les rois portent le sceptre. Vivez, le
sceptre d'or que vous tend cette main, Pour vous
de ma clémence est un gage certain, RAG. Esth.a,
7. On nous présenta d'abord à Aceste, qui, tenant
son sceptre d'or en main, jugeait les peuples etse
préparait à un grand sacrifice, FÉN. Tél.i. || Parti-
culièrement, bâton court surmonté d'un aigle,
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SCE
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vue. || Fig.' La scène change, va changer, un chan-
gement considérable survient,dans une affaire,
dans les affaires. || 3° L'action même qui fait le su-
jet de là pièce qu'on représente. La scène est à
Paris. Que le lieu de la scène y soit fixe et mar-
qué, BOIL. Art p. m. || Ouvrir la scène, commencer
la" représentation, paraître le premier sur le théâ-
tre. || Fig. Nos troupes marchent vers Cologne;
c'est M. de, Luxembourg qui doit ouvrir la scène,
SÉV. 22 janv. 4 672. || 4° Fig. L'art dramatique. Les
auteurs qui ont illustré la scène. La scène même,
qui depuis Molière est bien plus un lieu où se dé-
bitent de jolies conversations que la représenta-
tion de la vie civile, J. J. ROUSS. Hél. n, 4 7. La
scène, en général, est un tableau des passions hu-
maines, dont l'original est dans tous les coeurs,
ID. Lett. à d'Alembert. || La scène tragique, la tra-
gédie. La scène comique, la comédie, La scène ly-
rique, l'opéra. Toi donc qui, t'élevant sur la scène
tragique, Suis les pas de Sophocle, BOILEAU, Êp.
vu. || La scène française, la littérature dramati-
que en France. Et la scène française sst en
proie à Pradon, BOIL. ÊpU. TOI. En général il y a
beaucoup de discours et peu d'action sur la scène
française, J. J. ROUSS. n, 7. La scène française,
sans contredit la plus parfaite, ou du moins la
plus régulière qui ait encore existé,, m. Lett. à
D'Alemb. || 5° Partie d'un acte d'un poëme drama-
tique, laquelle apporte, du changement à l'action
par l'entrée ou la sortie d'un ou plusieurs acteurs.
La première scène d'Athalie. Que le trouble,
toujours croissant de scène en scène, X son com-
ble arrivé se débrouille sans peine, BOIL. Art
p. m. Que l'action, marchant où la raison la
guide, Ne se perde jamais en une scène vide,
ID. ib. On ne peut prendre trop de précaution
pour ne rien mettre sur le théâtre qui ne soit
très-nécessaire; et les plus belles scènes sont
en danger d'ennuyer du moment qu'on les peut
séparer de l'action et qu'elles l'interrompent au
lieu de la conduire vers sa fin, BAC, Mithr. Préf.
J'ai toujours ouï dire que Despréaux, qui était le
confident de Racine et de Molière, se trompait
toujours sur les scènes qu'il croyait devoir réus-
sir le plus, et sur celles dont il se défiait, VOLT.
Lett. Chabanon, 4 déc. 4 765. Nul auteur n'a jamais
écrit plus mal et mieux; voilà pourquoi on disait
que. Corneille avait un démon qui fit.pour lui les
belles scènes de ses tragédies, et qui lui laissa
faire tout le reste, ID. Cornm. Corn, rem, Théod. i,
i. || Scène muette, voy. MUET. || 6" Ensemble d'ob-
jets qui s'offrent à la vue. Le pays offre une foule
de scènes variées. || 7" Fig. Il se dit de ce que l'on
compare à la scène d'un théâtre. Stratagème dont
il se servit pour avoir la scène libre, HAMILT.
Cramm. 4. Un certain jardin devait être la scène
de cette fête, ID. Gramm. e. On verra le Fils de
l'homme.... produire sur la. scène dos. héros de la
loi, jusques-là inconnus au monde, MASS. Avent,
Jugem. Do quelque nouveau crime il prépare la
scène, VOLT." Oreste, rv, 3. || 8° Fig. Toute action
qui offre quelque chose de remarquable, d'extra-
ordinaire. Des scènes de plaisir et de joie. Il est
vrai quo les scènes en [du conclave] furent cu-
rieuses, RETZ, Conclave d'Alex, vi. Mme dé Coulan-
ges et M. de Barillon jouèrent bien la scène de
Vardes et de Mlle de Toiras ; nous avions tous en-
vie de pleurer; ils se surpassèrent eux-mêmes,
SÉV. 4er avril 4672. Tout le monde se fait une
affaire particulière de cette grande scène [la révo-
lution d'Angleterre], m. 31 déc. 4688. N'attendez
pas que j'ouvre ici une scène tragique, que je re-
présente ce grand homme étendu sur ses propres
trophées, FLÉCH. Turenne. Le monde entier n'était
qu'un théâtre lugubre, où cette passion [l'orgueil]
hautaine et insensée donnait tous les jours les
scènes les plus sanglantes, MASS. Avent, A'oëJ.
Il s'ouvrait alors une grande scène vers les fron-
tières de la Suède, VOLT. Russie, i, 44. Je refusai
de la voir [Velléda], afin de nous épargner à tous
deux une scène douloureuse, CHATEAUBR. Mart. liv.
x. La seule crainte d'une scène embarrassante a
souvent fait prendre aux gens faibles le parti de
la perfidie, GENLIS, Mères riv. t. 4, p. 27, dans
POUGENS. Quand je verrais son globe [de la terre]
errant et solitaire Flottant loin des soleils, pleu-
rant l'homme détruit, Se perdre dans les champs
de l'éternelle nuit; Et quand, dernier témoin de
ces scènes funèbres.;., LAMART. Méd. i, 6. || 9° Sorte
d'esclandre. M. de Coësquen est arrivé à Paris en
même temps que M. de Chaumes ; leur haine et
les mémoires qu'a donnés Coësquen feraient une
belle scène, si le roi les voulait entendre tous
deux, SÉV. 263. Nous lui avons parlé [au roi],
M. de Paris et moi, dans les mêmes sentiments
[sur les affaires quiétistes], mais à diverses heu-
res, pour ne point donner une scène au courtisan,
attentif à cette affaire plus qu'on ne peut vous le
dire, BOSS. Lett. quiét. 438. Vous l'abordez une autre
fois, et il ne s'arrête pas, il se fait suivre, vous
parle si haut que c'est une scène pour ceux qui
passent, LA BRUY. IX. Je suis rentrée, de peur de
donner une scène à toute la maison, J. J. ROUSS.
Hél. i, 44. Quoique mes fureurs donnassent des scè-
nes à pâmer de rire, ID. Conf. i. Je. viens d'avoir une
scène affreuse avec M. deiimours, GENLIS, Ad. et
Th. t. i, p. 264, dans POUGENS En marquant
mon étonnement de la scène plus que bizarre que
M. de Lamarre s'était permise, Papiers saisis à
Bareuth, p. 4 56. || Il ne faut point donner de scène
au public, il faut cacher au public des. débats qui
exciteraient sa malignité. Faut-il donner au public
une scène.... MASS. Resp. hum. || Faire une scène à
quelqu'un, l'attaquer violemment de paroles. Il
lui dit avec une colère concentrée et une voix trem-
blante : eh bien, madame, allez-vous faire une
scène? GENLIS, Ad. et Th. 1.1, p. 288, dans POUGENS.
— REM. Bouhpurs, JVOUU. remorques : « Ce mot
est depuis quelques années fort à la mode dans
un certain tour. Ce fut une étrange scène, il a
donné une plaisante scène au public. Ce mot est
venu de la cour. >
— ÉTYM. Lat. scena; du grec cyxr]vï|, proprement
tente et, par extension, demeure, lieu ombragé;
de même radical que
SCÉNIQUE (sé-ni-k'), adj. Qui a rapport à la
scène, au théâtre. Le peuple [à Rome] devint si
passionné pour les jeux scéniques, que le même
ouvrage eut quelquefois deux représentations dans
un seul jour, comme cela, arriva pour l'Eunuque
de Térence, PASTORET, Instit. Slém. hist. et litt.
anc.t. m, p. 329. || Instinct scénique, instinct d'imi-
tation. Il paraît que cet instinct scénique s'étend
jusqu'à l'imitation des actions du moment, BUFF.
Ois. t. xrv, p. 4 0. || Style scénique, style de la
scène, du théâtre. Le style y est plus leste [dans
la préface], plus vibrant, plus scénique en un mot
que celui de la pièce elle-même, J. CLARETIE, Feuil-
leton de l'Opinion nationale, 6 avril 4 868.
— ÊTYM. Scène.
f SCÉNITE (sé-ni-t'), adj. Qui vit sous des ten-
tes. Les peuples scénites.
— ËTVM. Exiivivr,:;, de OTCÏJVÎ), tente (voy. SCÈNE).
SCÉNOGRAPHIE (sé-no-gra-fie), s. f. || 1° Terme
de peinture. Art qui consiste à dessiner les édifi-
ces, les sites, les villes, etc. en perspective, c'est-
à-dire avec les diminutions et les raccourcisse-
ments que la perspective y apporte, par opposition
à ichnograplîie et orthographie, qui sont des
plans purement géométriques, où la perspective
n'est pas observée. || 2° Particulièrement. Art de
peindre les décorations scéniques. [| 3° Les. repré-
sentations mêmes, les objets représentés. La scé-
nographie d'un palais et de ses jardins. || 4" Terme
de maçonnerie. Art de représenter un édifice en
relief, qu'on appelle aussi modèle.
— HIST. xvi" s. Le corps de ce jardin-ci est re-
levé en schenographie ou perspective, il monte
jusques à la hauteur de six toises, par six retours
de la montaignete.... o. DE SERRES, 602.
— ÉTYM. SxTjvoYpoeç'a, l'art d'orner le théâtre,
de CXTJV^, scène, théâtre, et YP
SCÉNOGRAPHIQUE (sé-no-gra-fi-k'), adj. Qui a
rapport à la scénographie.
— ÉTYM. £xr)vof pccçixôç, de oxïivoYpaipia, scéno-
graphie.
| SCÉNOGRAPHIQUEMENT (sé-no-gra-fi-ke-
man), adv. Selon les règles de la scénographie; en
perspective.
SCÉNOPÉGIE (sé'-no-pé-jie), s. f. Nom que les
Grecs donnaient à la fête des Tabernacles des Juifs.
Voy. TABERNACLES. || On dit aussi les scénopégies,
à cause que la fête durait sept jours.
— ÉTYM. SxïivoirriYÎa, action de dresser une tente,
de oaivï), tente(voy. SCÈNE), etnrjYvijw, fixer, établir.
SCEPTICISME (sè-pti-si-sm'), s. m. || 1° Doctrine
des philosophes qui doutent et qui examinent.
Le scepticisme est le premier pas vers la vérité,
DIDER. Pens. philos, n" 34. Le scepticisme ne con-
vient pas à tout le monde, il suppose un examen
profond et désintéressé, ID. ib. 24. Il me semble
quo le scepticisme que certaines discussions his-
toriques provoquent et entretiennent, n'est ni la
moins douce ni la moins saine habitude que l'es-
prit humain puisse contracter, DAUNOU, Instit. Mém.
se. mor. et pol. t. rv, p. 543. [J 2° Particulièrement,
doctrine des philosophes pyrrhoniens.' Pyrrhon,
disciple d'Anaxarque de la secte éléatique, oxerça
le premier cette philosophie pusillanime et dou-
teuse, qu'on apoelle de son nom pyrrhonisme, et,
de sa nature, scepticisme, DIDER. Qpini des anc.
philos, (philos, pyrrhonienne). Le .scepticisme
n'eut ni chez les anciens, ni chez les .modernes,
aucun athlète plus redoutable que Bayle, m ib.
|| 3° Il se dit, dans le langage général, de ceux
qui affectent de douter de tout. Ce scepticisme '
qui fut celui de Montaigne et de tant ^d'autres, leur
laissait du moins du respect et même de. la vénéra- -
tion pour le culte établi, GENLIS, Mères riv. t. m,
p. 2, dans POUGENS. ' "
— REM. Scepticisme n'est pas ancien. « Pascal,
non plus que Montaigne, no se sert du mot de
scepticisme, que nous employons aujourd'hui; on
trouve dans la Mothe le Vayer la sceptique, "ô
GY.'.KTMi), mais non le sceplicisme, » HAVET, Pen-
sées de Pascal, 1.1, p. 45. La table de Bayle, édit
de 4745, donne: * sceptique, scepticisme, .cherchez
pyrrhoniens; > mais à Pyrrhon on ne trouve pas
sceptiesme.
— SFN. SCEPTICISME, PYRRHONISME. Le scepticisme
a un sens plus étendu que le pyrrhonisme, qui est
la philosophie de Pyrrhon. Autrefois on n'avait
que le mot pyrrhonisme; et on confondait les deux
nuances. Aujourd'hui le septicisme s'applique sur-
tout à ce qu'on ne sait pas, par exemple l'essence *
desjshoses. Il se prend aussi quelquefois pour
pyrrhonisme. ,
— ÉTYM. Sceptique.
SCEPTIQUE (sè-pti-k'), adj. || i" Il se dit d'une
secte de philosophes anciens, les pyrrhoniens,
dont le dogme principal était de douter de tout, et,
par extension, de ceux qui, chez les modernes,
.suivent les doctrines pyrrhoniennes, ou qui pro-
fessent le doute philosophique. Le sceptique
philosophe Bayle a été persécuté,' même en Hol-
lande ; |la Mothe le Vayer, plus sceptique et moins
philosophe, a été précepteur du roi Louis XIV et
du frère du roi, VOLT. Dict. phil. Contradiction. Le
mot sceptique, qui est grec dans son origine, si-»
gnifie proprement contemplatif, c'est-à-dire un
homme qui balance les raisons de part et. d'autre,
sans décider pour aucun côté,DIDER. Opin.desanc.
philos, scepticisme. |[ Qui a rapport à.cette .secte.
Philosophie sceptique. Maximes sceptiques. || 2° Qui '
affecte le doute sur toute chose. D'Alembert : Scep-
tique je me serai couché, sceptique je mé lèverai.
— Diderot : sceptique ? est-ce qu'on est sceptique ?
DIDER. Mém. Entret. d'Alemb. Non; du sceptique
Harold le doute est la doctrine ; Le croissant ni la
croix ne couvrent sa poitrine, LAMART. Barold, 40.
|| 3° Substantivement. Comme personne jusque-là
n'avait fait profession de douter absolument de
toutes choses, c'est ce qui a -été cause que Pyr-
rhon a passé pour l'auteur et le chef de tous les
sceptiques, FÉN. Pyrrhon. M. Hume, ce fameux
sceptique, est aussi honoré parmi eux [les Anglais]
que l'homme le plus soumis à la foi, VOLT. Dial.
30. Qu'est-ce qu'un sceptique? c'est un philosophe
qui a douté de tout ce qu'il croit, et qui croit ce
qu'un usage légitime de sa raison et de ses sens lui
a démontré vrai, DmER. Pens. philos, n" 30. Mais
du Dieu trois fois saint notre injure est l'injure ;
Faut-il l'abandonner au mépris du parjure, Aux
langues du sceptique ou du blasphémateur? LA-
MART. Barm. I, 6. || 4° La sceptique,, la doctrine
des pyrrhoniens. Ils [les pyrrhoniens] se sont en-
core voulu aider de certaines façons de parler qui
leur étaient particulières; ce sont celles qu'on
a nommées les voix de la sceptique, comme :
je'ne sais, cela peut être, je ne le comprends
pas, etc., LA MOTHE LE VAYER, Vertu des païens,
n, Pyrrhon.
— HIST. XVIe s. Les autres.... disoient que l'on
pouvoit disputer de toutes choses.... et s'appel-
loient sceptiques, BONIVARD, Amartigenée, p. 4 59.
— ÉTYM'. SxEitTtxôç, de crxéiiTesOou, voir, consi-
dérer ; de même radical que le lat. specere, spec-
tare (voy. SPECTACLE).
f SCEPTIQUEMENT (sè-pti-ke-man), adv. D'une
manière sceptique.
SCEPTRE (sèp-tr'), s. m. || 1° Bâton de comman-
dement qui était un des signes de l'autorité royale.
Dans Homère, les rois portent le sceptre. Vivez, le
sceptre d'or que vous tend cette main, Pour vous
de ma clémence est un gage certain, RAG. Esth.a,
7. On nous présenta d'abord à Aceste, qui, tenant
son sceptre d'or en main, jugeait les peuples etse
préparait à un grand sacrifice, FÉN. Tél.i. || Parti-
culièrement, bâton court surmonté d'un aigle,
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