Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 4 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54066991
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-57472
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
R
RAB
R (èr), s. f. || 1° La dix-huitième lettre de l'ai-'
phabet et la quatorzième des consonnes. Une R ma-
juscule. || Dans la nouvelle épellation, r se prononce
re et est masculin. Un r.'|| 2° r} dans les livres d'é-
glise, signifie répons, et,, dans une ordonnance
médicale, recipe, c'est-à-dire prenez. || 3° R dans la
numéralion romaine valait 80; avec un trait au-
dessus, R valait 80000.
— REM. 1. Dans l'ancienne langue, en des mots où
entre l'r, tels que meurtrier, ouvrier, on ne comp-
tait que deux syllabes; il en était de même dans
les secondes personnes du pluriel des conditionnels :
Elle n'est pas fort bonne, et vous devriez tâcher....
MOL. VÉt. i, 2. Cela a duré jusqu'au commencement
du xvir siècle. Cependant, dès le XIYC siècle, on
voit des cas où la prononciation qui est la nôtre se
montre déjà : Se je me suis pené d'ouir ce murtrier,
Guesclin, 25S5 ; Cure n'ai de traître ne de nul mur-
trier, ib. 2694. |)2. D'après Ménage, les substantifs
en OÎV se prononçaient oi : mouchoi, tiroi, etc.
|| 3. D'après Bouhours, l'eur des noms en eur qui
font au féminin rase, se prononçait eu, dans la con-
versation : im flatleux. Ménage, qui conteste la gé-
néralité de cette remarque, reconnaît qu'on dit
toujours rieux, pour rieur : Les rieux ne sont pas
de son côté.
— HlST. xm" s. Au contraire, disoit-il, que maie
chose estait de prendre de l'autrui; car le remire
estoit si grief, que neis [même] au nommer le ren-
dre escorchoit la gorge par les erres qui y sont,
JOINV. -195. R est une lettre qui graigne [grogne];
Quant li gaignons [chien] veut ronger l'os, S'uns
autres chiens lui veut reprendre, Sans R ns lui peut
défendre, Senefmnce de Z'ABC. dans JUBINAL, t. n,
p. 283.
— ÉTYM. K latin, grec p, qui sont le rcsch phé-
nicien, lequel signilie tète, sens du signe hiéro-
glyphique qui a donné IV phénicien.
f RA (ra), s. m. Coups de baguette donnés sur
le tambour, de manière à former un roulement
très-bref. Les ra et les fia.
RABÂCHAGE (ra-M-cha-j'), s. m. [| i° Discours
de celui qui rabâche. Je vous prie de ne pas oublier
votre philosophe lorrain, qui aime encore les ra-
bâchages de Paris, surtout quand ils passent par
vos mains, VOLT. Lelt. Thiriot, 15 mai 4736. Vous
devez être excédé de mon rabâchage, K™ DU DEFFANT,
Corresp. t. î, p. ", Jans POUGENS. || 2° Défaut de ce-
lui qui rabâche. Les personnes disposées au rabâ-
chage sont fatigantes.
— ÉTYM. Rabâcher.
, RABÂCHÉ, ÉE (ra-bâ-ché, chée), part. passé de
rabuchef. Des contes sans cesse rabâchés.
| RABÂCHEMENT (ra-bâ-cke-nian), s. m. Action
de rabâcher.
— HlST. xvr s. Rabaschernent, COTGRAVE.
RABÂCHER (ra-bâ-ché), v. n. Terme familier.
Répéter souvent et inutilement la même chose.
Vous me rabâchez de seigneurs et de dames les
plus titrés; qu'esl-ce que cela veut dire? VOLT. Lelt.
Thiriot, 12 juin 4 735. Je n'ai jamais été tenté de
prendre la plume que pour dire des choses grandes,
neuves et nécessaires, et non pas pour rabâcher,
s. J. ROUSS. 2" dial. Il Activement. Petit Konotte,
rabâcheras-tu toujours les contes de la légion thé-
baine...? VOLT. JSfc't. litt. Bonn. litt. 2\.
— HlST. xiv" s.- S'escoute parler, et se glorifie en
son fait et à sa preudhommie, combien qu'à l'adven-
ture elle ne sçait qu'elle ravache, les Quinze joyes
du mariage, p. IGO, dans LACURNE. || xvr s. Ra-
bascher, COTGRAVE.
— ÉTYM. Génev. rebâcher; wallon, rabdgi. Ori-
gine inconnue. On a le substantif dans un texte
du xnr siècle : Car il est de veillier trop las; Et
demain le ramenras chi, Quant un peu il ara dormi;
Aussi ne fait il fors rabasches, Li jus Adam, Théâ-
tre franc, au moyen, âge, p. 72. Génin y voit une
autre forme de rauasser qui s'est dit pour rêvasser
(Pantagruel soy retirant aperceut par la galerie
Panurge en maintien d'unresveur ravassant, Panl.
m, 6); dans cette conjecture, le changement des
deux s en ch n'est pas expliqué. Scheler conjecture
rebec ou rabac, sorte de violon usité au moyen âge :
de sorte que rabâcher serait racler un violon. L'an-
RAB
cienne langue a rdbaler, faire du bruit, rabat, lutin,
conservé dans le Berry rabat, bruit, rabâler, faire
du bruit; mais les intermédiaires manquent pour
dériver rabâcher de rabater; cependant remarquons
que Oudin, dans son dictionnaire, traduit rabascher
par far strepito. Chevallet a proposé une origine
celtique : bas-bret. rebec, reproche, rebecha, repro-
che]'; kymri, rhab, reproche; gaélique, rliabanach,
celui qui répète sans cesse, de rabâcha, avis, cen-
sure; comparez dans le dialecte corse rimbeccu;
ital. rimbneco, lesquels viennent de becco, bec. En-
fin le général Ambert (Moniteur du 7 août 1807,
p. 10S2, i" colonne) le tire de rabach, nom donné
aux chausses des rocantins, lesquels, étant de vieux
soldats, rabâchaient leurs histoires; mais le mot
est trop ancien pour avoir une telle origine. -
RABÂCHERIE (ra-bâ-che-rie), s. f. Terme fami-
lier. Discours, écrits ennuyeux et qui se répètent.
Le sujet [Lettre de l'abbé Pinzo à Clément XIV]
était fait exprès pour lui [Voltaire], et prêtait à
mille rabâcheries, dont on ne se lasse pas de sa
part, GRIMM, Corresp. t. u, p. 807.
— ÉTYM. Rabâcher; wallon, rabagreie.
RABÂCHEUR, EUSE (ra-bà-cheur, cbeû-z'), s. m.
et f. Terme familier. Celui, celle qui rabâche. Je
suis bien rabâcheuse, M"C DE L'ESPINASSF., Lelt.
t. n, p. 2, dans PODGEKS. On ose parler de patrie et
de vertu sans passer pour rabâcheur, j. J. ROUSS.
Lelt. à d'Alemb. Je vois, par ce que vous me man-
dez, que nous ne tarderons pas à voir le Corneille
[le Commentaire] ; n'oubliez pas de le louer beau-
coup quand il est sublime, et, quand il est rabâ-
cheur, failes-le sentir sans le dire, D'ALEMB. Lelt.
à Voltaire, il nov. 1~C2. Mais où trouver des anti-
dotes Contre ce rabâcheur d'anciennes anecdotes...?
DELILLE, Corners, i.
— ÉTYM. Rabâcher; génev. rebâcheur; wallon,
rabageu.
f RABA1LLET (ra-ba-llè, Il mouillées), s. m.
Nom vulgaire de la crécerelle en Champagne,
— ÉTYM. Rat, et baillet, fauve, de bai: déno-
mination qui vient de ce que la crécerelle niche
dans les trous de murs (voy. RAT-BAILLET).
RABAIS (ra-bê; l's se lie : des ra-bê-z incroya-
bles), s. m. || i° Diminution de valeur. Ces marchan-
dises ont subi un grand rabais. 11 compte tirer dix
mille francs de cette succession ; mais il y aura du
rabais. j| Remise dont on convient pour payer une
somme avant l'échéance. || Rabais des monnaies,
réduction dont le gouvernement frappe une mon-
naie. Il y a des âmes.... capables d'une seule vo-
lupté, qui est celle d'acquérir ou de ne point per-
dre.... uniquement occupées de leurs débiteurs,
toujours inquiètes sur le rabais ou sur le décri des
monnaies, LA BRUY. VI. || 2» Diminution sur le prix
des denrées, des marchandises. Il a acheté des livres
au rabais. C'est à toi que je dois le rabais qu'on m'a
fait, D'HAUTEROCHE, Deuil, se. 12. Chaque individu
doit travailler à l'envi et par conséquent au rabais....
TOULONGEON, Inst. Mém. scienc. mor. et pol. t. iv,
p. 421. || Aurabais, se dit d'un mode d'adjudication,
suivantlequelon adjugedestravauxou des fournitu-
res à celui qui s'en charge au plus bas prix. Donner
une entreprise au rabais. || Fig. Les jésuites ont
été, si on peut parler de la sorte, au rabais du
marché de Pelage; ils ont dit aux chrétiens : vous
pouvez tout, et Dieu vous demande peu de chose,
D'ALEMB. Dest. des jésuit. OEuv. t. v, p. 46, dans
POUGENS. || 3° Fig. Il se dit quelquefois de l'action
de rabaisser, de déprécier. Relever l'un par le rabais
de l'autre, LE P. SIM. MARS, Myst. du roy. de Dieu,
p. 202, dans POUGENS. || Meitre quelqu'un ou quelque
chose au rabais, parler désavantageusement d'une
personne, d'une chose. || Il s'est dit du ton moins
élevé. Celle conversation fut longue et poussée,
Monsieur toujours sur le haut ton, et le roi tou-
jours au rabais, ST-SIM. 91, 204.
■— HlST. xvi" s. L'ostracisme estoit seulement un
rabais et diminution d'aulhorité trop grande....
AMYOT, Ârist. 17. Ayant .l'oeil à ce que l'on n'ot-
troyast rabais aux fermiers, ID. Calon d'Utiq. 26.
Et les despescha sur toutes leurs doléances et né-
cessités, comme de rabais de subsides.... CARLOIX,
, x, 26. On pourrait dire que le meslange du corps
RAB
y apporte à l'amour du rabais et de l'afibibUsso-
rnent, MONT, m, 166.
— ÉTYM. Voy. RABAISSER.
RABAISSÉ, ÉE (ra-bê-sé, sée), part, passé de
rabaisser. Mis plus bas. Une corniche mise trop
haut, puis rabaissée. 1| Fig. Si vous les croyez [les
flatteurs], vous serez tenté de vous croire quelque
chose de plus qu'un homme, et, dupe de vos courti-
sans, vous vous trouverez rabaissé même au-des-
sous d'eux, CONDIL. Étud. hist.i, i.
RABAISSEMENT (ra-bê-se-man), s. m. || 1°Action
de rabaisser. Le rabaissement d'une corniche trop
haute. || 2° Action de diminuer la valeur des mon-
naies, le montant des impôts. Le rabaissement des
monnaies, des impôts. |j 3"Fig. Action de rabaisser,
de diminuer, de ravaler. Je vous conjure, mon
cousin.... dechanger votre écriteau [légende au bas
d'un portrait de Mme de Sévigné]; et, si vous n'y
voulez point mettre de bien, n'y mettez point de
rabaissement, SÉV. à Bussy, 4 déc. 1G6S. N'est-il
pas plaisant que des têtes pensantes puissent ima-
giner que la paresse est un titre de grandeur, et
l'action un rabaissement de notre nature? VOLT.
item. Pens. Pascal, 24.
— HlST. xvi° s. On veit soudainement une grande
mutation en luy, tant au rabaissement de la gravité
et de la pompe et magnificence qu'il tenoit au para-
vant, qu'au retranchement de la superfluité de la
despense, AMYOT, Pomp. 26.
— ÉTYM. Rabaisser.
RABAISSER (ra-bê-sé), v. a. || i" Mettre plus
bas, placer au-dessous. Ce tableau est trop haut,
il faut un peu le rabaisser. || Fig. La seule pré-
somption suffit pour le rabaisser devant Dieu
aux derniers rangs, BOURDAL. 10° dùn. après la
Pentecôl. Dominic. t. m, p. 189. || 2° Diriger vers
le bas. Et souffre que j'espère Que tu pourras un
jour rabaisser l'oeil sur moi, MOL. Psyché, v, 3. || Cet
oiseau a rabaissé son vol, il est descendu delà hau-
teur où il s'était élevé, il vole plus bas. || Fig. Cet
homme a rabaissé son vol, il a réduit ses dépenses,
ses prétentions. ]| Terme de manège. Rabaisser les
hanches du cheval, asseoir un cheval disposé à s'é-
lever sur les jarrets, ou à marcher et à travailler
sur les épaules. || 3° Terme de relieur. Couper, du
côté de la gouttière, les cartons de la couverture
d'un livre. || Pointe à rabaisser, oulil en acier long
de 24 à 30 pouces, de la forme d'un couleau à
rogner. || Terme de jardinage. Diminuer la longueur
d'un arbre, d'une branche. || 4° Faire descendre
plus bas dans le temps. La première fondation de
Tarse, qu'il [Fréret] prétendait rabaisser jusqu'au
temps de Sardanapale, PETIT-RADEL, Inst. Mém. hist.
et litt. t. il, p. 13. || 5" Rabaisser la voix, l'élever
moins. Rabaissez un peu votre voix. [| 6" Diminuer,
en parlant de prix, de valeur. Rabaisser létaux des
denrées. Rabaisser les monnaies. Son fermier lui
vint signifier |à un propriétaire] l'autre jour de la
rabaisser considérablement [une terre, d'en dimi-
nuer le fermage], SÉV. 21 août 1676. || Absolument.
Je conclus aujourd'hui toutes mes affaires... j'ai
fait un nouveau bail sans rabaisser, SÉV. 21 oct.
1673. j| 7° Fig. Réduire a un degré plus bas. Quelque
éclaire que soit un sujet, sa condition est toujours
rabaissée par la dépendance, PASC. dans COUSIN. Si
vous le tracassez [l'enfant de Mme de Grignan],
vous le déconcerterez au point qu'il n'en reviendra
jamais... il faut donner du courage, et observer de
ne point le rabaisser, SÉV. 2 juillet 1677. Cette dou-
leur [la mort d'un parent] nous rabaisse la joie de
notre petite victoire [gain d'un procès], ID. 18 mars
1689. Pensée capable de rabaisser toutes les enflures
du coeur le plus vain, BOURDAL. Pensées, t. n, p. 120.
Il n'y eut jamais de capitaine grec qui rabaissât la
fierté et la puissance du grand roi de Perse, comme
le fit Cimon, ROLLIN, Hist. anc. OEuv. t. m, p. 346.
Il Rabaisser le caqueta quelqu'un, faire qu'une per-
sonne disposée àélever la voix, à parler beaucoup,
parle moins. Mme de Richelieu me parut abbattue....
les fatigues de la cour ont rabaissé son caquet; son
moulin me parut en chômage, SÉV. HO. |] Fig. Ra-
baisser le caquet de quelqu'un, à quelqu'un, con-
fondre par des raisons ou faire taire par autorité
celui qui parle avec présomption ouinsolence, || On
RAB
R (èr), s. f. || 1° La dix-huitième lettre de l'ai-'
phabet et la quatorzième des consonnes. Une R ma-
juscule. || Dans la nouvelle épellation, r se prononce
re et est masculin. Un r.'|| 2° r} dans les livres d'é-
glise, signifie répons, et,, dans une ordonnance
médicale, recipe, c'est-à-dire prenez. || 3° R dans la
numéralion romaine valait 80; avec un trait au-
dessus, R valait 80000.
— REM. 1. Dans l'ancienne langue, en des mots où
entre l'r, tels que meurtrier, ouvrier, on ne comp-
tait que deux syllabes; il en était de même dans
les secondes personnes du pluriel des conditionnels :
Elle n'est pas fort bonne, et vous devriez tâcher....
MOL. VÉt. i, 2. Cela a duré jusqu'au commencement
du xvir siècle. Cependant, dès le XIYC siècle, on
voit des cas où la prononciation qui est la nôtre se
montre déjà : Se je me suis pené d'ouir ce murtrier,
Guesclin, 25S5 ; Cure n'ai de traître ne de nul mur-
trier, ib. 2694. |)2. D'après Ménage, les substantifs
en OÎV se prononçaient oi : mouchoi, tiroi, etc.
|| 3. D'après Bouhours, l'eur des noms en eur qui
font au féminin rase, se prononçait eu, dans la con-
versation : im flatleux. Ménage, qui conteste la gé-
néralité de cette remarque, reconnaît qu'on dit
toujours rieux, pour rieur : Les rieux ne sont pas
de son côté.
— HlST. xm" s. Au contraire, disoit-il, que maie
chose estait de prendre de l'autrui; car le remire
estoit si grief, que neis [même] au nommer le ren-
dre escorchoit la gorge par les erres qui y sont,
JOINV. -195. R est une lettre qui graigne [grogne];
Quant li gaignons [chien] veut ronger l'os, S'uns
autres chiens lui veut reprendre, Sans R ns lui peut
défendre, Senefmnce de Z'ABC. dans JUBINAL, t. n,
p. 283.
— ÉTYM. K latin, grec p, qui sont le rcsch phé-
nicien, lequel signilie tète, sens du signe hiéro-
glyphique qui a donné IV phénicien.
f RA (ra), s. m. Coups de baguette donnés sur
le tambour, de manière à former un roulement
très-bref. Les ra et les fia.
RABÂCHAGE (ra-M-cha-j'), s. m. [| i° Discours
de celui qui rabâche. Je vous prie de ne pas oublier
votre philosophe lorrain, qui aime encore les ra-
bâchages de Paris, surtout quand ils passent par
vos mains, VOLT. Lelt. Thiriot, 15 mai 4736. Vous
devez être excédé de mon rabâchage, K™ DU DEFFANT,
Corresp. t. î, p. ", Jans POUGENS. || 2° Défaut de ce-
lui qui rabâche. Les personnes disposées au rabâ-
chage sont fatigantes.
— ÉTYM. Rabâcher.
, RABÂCHÉ, ÉE (ra-bâ-ché, chée), part. passé de
rabuchef. Des contes sans cesse rabâchés.
| RABÂCHEMENT (ra-bâ-cke-nian), s. m. Action
de rabâcher.
— HlST. xvr s. Rabaschernent, COTGRAVE.
RABÂCHER (ra-bâ-ché), v. n. Terme familier.
Répéter souvent et inutilement la même chose.
Vous me rabâchez de seigneurs et de dames les
plus titrés; qu'esl-ce que cela veut dire? VOLT. Lelt.
Thiriot, 12 juin 4 735. Je n'ai jamais été tenté de
prendre la plume que pour dire des choses grandes,
neuves et nécessaires, et non pas pour rabâcher,
s. J. ROUSS. 2" dial. Il Activement. Petit Konotte,
rabâcheras-tu toujours les contes de la légion thé-
baine...? VOLT. JSfc't. litt. Bonn. litt. 2\.
— HlST. xiv" s.- S'escoute parler, et se glorifie en
son fait et à sa preudhommie, combien qu'à l'adven-
ture elle ne sçait qu'elle ravache, les Quinze joyes
du mariage, p. IGO, dans LACURNE. || xvr s. Ra-
bascher, COTGRAVE.
— ÉTYM. Génev. rebâcher; wallon, rabdgi. Ori-
gine inconnue. On a le substantif dans un texte
du xnr siècle : Car il est de veillier trop las; Et
demain le ramenras chi, Quant un peu il ara dormi;
Aussi ne fait il fors rabasches, Li jus Adam, Théâ-
tre franc, au moyen, âge, p. 72. Génin y voit une
autre forme de rauasser qui s'est dit pour rêvasser
(Pantagruel soy retirant aperceut par la galerie
Panurge en maintien d'unresveur ravassant, Panl.
m, 6); dans cette conjecture, le changement des
deux s en ch n'est pas expliqué. Scheler conjecture
rebec ou rabac, sorte de violon usité au moyen âge :
de sorte que rabâcher serait racler un violon. L'an-
RAB
cienne langue a rdbaler, faire du bruit, rabat, lutin,
conservé dans le Berry rabat, bruit, rabâler, faire
du bruit; mais les intermédiaires manquent pour
dériver rabâcher de rabater; cependant remarquons
que Oudin, dans son dictionnaire, traduit rabascher
par far strepito. Chevallet a proposé une origine
celtique : bas-bret. rebec, reproche, rebecha, repro-
che]'; kymri, rhab, reproche; gaélique, rliabanach,
celui qui répète sans cesse, de rabâcha, avis, cen-
sure; comparez dans le dialecte corse rimbeccu;
ital. rimbneco, lesquels viennent de becco, bec. En-
fin le général Ambert (Moniteur du 7 août 1807,
p. 10S2, i" colonne) le tire de rabach, nom donné
aux chausses des rocantins, lesquels, étant de vieux
soldats, rabâchaient leurs histoires; mais le mot
est trop ancien pour avoir une telle origine. -
RABÂCHERIE (ra-bâ-che-rie), s. f. Terme fami-
lier. Discours, écrits ennuyeux et qui se répètent.
Le sujet [Lettre de l'abbé Pinzo à Clément XIV]
était fait exprès pour lui [Voltaire], et prêtait à
mille rabâcheries, dont on ne se lasse pas de sa
part, GRIMM, Corresp. t. u, p. 807.
— ÉTYM. Rabâcher; wallon, rabagreie.
RABÂCHEUR, EUSE (ra-bà-cheur, cbeû-z'), s. m.
et f. Terme familier. Celui, celle qui rabâche. Je
suis bien rabâcheuse, M"C DE L'ESPINASSF., Lelt.
t. n, p. 2, dans PODGEKS. On ose parler de patrie et
de vertu sans passer pour rabâcheur, j. J. ROUSS.
Lelt. à d'Alemb. Je vois, par ce que vous me man-
dez, que nous ne tarderons pas à voir le Corneille
[le Commentaire] ; n'oubliez pas de le louer beau-
coup quand il est sublime, et, quand il est rabâ-
cheur, failes-le sentir sans le dire, D'ALEMB. Lelt.
à Voltaire, il nov. 1~C2. Mais où trouver des anti-
dotes Contre ce rabâcheur d'anciennes anecdotes...?
DELILLE, Corners, i.
— ÉTYM. Rabâcher; génev. rebâcheur; wallon,
rabageu.
f RABA1LLET (ra-ba-llè, Il mouillées), s. m.
Nom vulgaire de la crécerelle en Champagne,
— ÉTYM. Rat, et baillet, fauve, de bai: déno-
mination qui vient de ce que la crécerelle niche
dans les trous de murs (voy. RAT-BAILLET).
RABAIS (ra-bê; l's se lie : des ra-bê-z incroya-
bles), s. m. || i° Diminution de valeur. Ces marchan-
dises ont subi un grand rabais. 11 compte tirer dix
mille francs de cette succession ; mais il y aura du
rabais. j| Remise dont on convient pour payer une
somme avant l'échéance. || Rabais des monnaies,
réduction dont le gouvernement frappe une mon-
naie. Il y a des âmes.... capables d'une seule vo-
lupté, qui est celle d'acquérir ou de ne point per-
dre.... uniquement occupées de leurs débiteurs,
toujours inquiètes sur le rabais ou sur le décri des
monnaies, LA BRUY. VI. || 2» Diminution sur le prix
des denrées, des marchandises. Il a acheté des livres
au rabais. C'est à toi que je dois le rabais qu'on m'a
fait, D'HAUTEROCHE, Deuil, se. 12. Chaque individu
doit travailler à l'envi et par conséquent au rabais....
TOULONGEON, Inst. Mém. scienc. mor. et pol. t. iv,
p. 421. || Aurabais, se dit d'un mode d'adjudication,
suivantlequelon adjugedestravauxou des fournitu-
res à celui qui s'en charge au plus bas prix. Donner
une entreprise au rabais. || Fig. Les jésuites ont
été, si on peut parler de la sorte, au rabais du
marché de Pelage; ils ont dit aux chrétiens : vous
pouvez tout, et Dieu vous demande peu de chose,
D'ALEMB. Dest. des jésuit. OEuv. t. v, p. 46, dans
POUGENS. || 3° Fig. Il se dit quelquefois de l'action
de rabaisser, de déprécier. Relever l'un par le rabais
de l'autre, LE P. SIM. MARS, Myst. du roy. de Dieu,
p. 202, dans POUGENS. || Meitre quelqu'un ou quelque
chose au rabais, parler désavantageusement d'une
personne, d'une chose. || Il s'est dit du ton moins
élevé. Celle conversation fut longue et poussée,
Monsieur toujours sur le haut ton, et le roi tou-
jours au rabais, ST-SIM. 91, 204.
■— HlST. xvi" s. L'ostracisme estoit seulement un
rabais et diminution d'aulhorité trop grande....
AMYOT, Ârist. 17. Ayant .l'oeil à ce que l'on n'ot-
troyast rabais aux fermiers, ID. Calon d'Utiq. 26.
Et les despescha sur toutes leurs doléances et né-
cessités, comme de rabais de subsides.... CARLOIX,
, x, 26. On pourrait dire que le meslange du corps
RAB
y apporte à l'amour du rabais et de l'afibibUsso-
rnent, MONT, m, 166.
— ÉTYM. Voy. RABAISSER.
RABAISSÉ, ÉE (ra-bê-sé, sée), part, passé de
rabaisser. Mis plus bas. Une corniche mise trop
haut, puis rabaissée. 1| Fig. Si vous les croyez [les
flatteurs], vous serez tenté de vous croire quelque
chose de plus qu'un homme, et, dupe de vos courti-
sans, vous vous trouverez rabaissé même au-des-
sous d'eux, CONDIL. Étud. hist.i, i.
RABAISSEMENT (ra-bê-se-man), s. m. || 1°Action
de rabaisser. Le rabaissement d'une corniche trop
haute. || 2° Action de diminuer la valeur des mon-
naies, le montant des impôts. Le rabaissement des
monnaies, des impôts. |j 3"Fig. Action de rabaisser,
de diminuer, de ravaler. Je vous conjure, mon
cousin.... dechanger votre écriteau [légende au bas
d'un portrait de Mme de Sévigné]; et, si vous n'y
voulez point mettre de bien, n'y mettez point de
rabaissement, SÉV. à Bussy, 4 déc. 1G6S. N'est-il
pas plaisant que des têtes pensantes puissent ima-
giner que la paresse est un titre de grandeur, et
l'action un rabaissement de notre nature? VOLT.
item. Pens. Pascal, 24.
— HlST. xvi° s. On veit soudainement une grande
mutation en luy, tant au rabaissement de la gravité
et de la pompe et magnificence qu'il tenoit au para-
vant, qu'au retranchement de la superfluité de la
despense, AMYOT, Pomp. 26.
— ÉTYM. Rabaisser.
RABAISSER (ra-bê-sé), v. a. || i" Mettre plus
bas, placer au-dessous. Ce tableau est trop haut,
il faut un peu le rabaisser. || Fig. La seule pré-
somption suffit pour le rabaisser devant Dieu
aux derniers rangs, BOURDAL. 10° dùn. après la
Pentecôl. Dominic. t. m, p. 189. || 2° Diriger vers
le bas. Et souffre que j'espère Que tu pourras un
jour rabaisser l'oeil sur moi, MOL. Psyché, v, 3. || Cet
oiseau a rabaissé son vol, il est descendu delà hau-
teur où il s'était élevé, il vole plus bas. || Fig. Cet
homme a rabaissé son vol, il a réduit ses dépenses,
ses prétentions. ]| Terme de manège. Rabaisser les
hanches du cheval, asseoir un cheval disposé à s'é-
lever sur les jarrets, ou à marcher et à travailler
sur les épaules. || 3° Terme de relieur. Couper, du
côté de la gouttière, les cartons de la couverture
d'un livre. || Pointe à rabaisser, oulil en acier long
de 24 à 30 pouces, de la forme d'un couleau à
rogner. || Terme de jardinage. Diminuer la longueur
d'un arbre, d'une branche. || 4° Faire descendre
plus bas dans le temps. La première fondation de
Tarse, qu'il [Fréret] prétendait rabaisser jusqu'au
temps de Sardanapale, PETIT-RADEL, Inst. Mém. hist.
et litt. t. il, p. 13. || 5" Rabaisser la voix, l'élever
moins. Rabaissez un peu votre voix. [| 6" Diminuer,
en parlant de prix, de valeur. Rabaisser létaux des
denrées. Rabaisser les monnaies. Son fermier lui
vint signifier |à un propriétaire] l'autre jour de la
rabaisser considérablement [une terre, d'en dimi-
nuer le fermage], SÉV. 21 août 1676. || Absolument.
Je conclus aujourd'hui toutes mes affaires... j'ai
fait un nouveau bail sans rabaisser, SÉV. 21 oct.
1673. j| 7° Fig. Réduire a un degré plus bas. Quelque
éclaire que soit un sujet, sa condition est toujours
rabaissée par la dépendance, PASC. dans COUSIN. Si
vous le tracassez [l'enfant de Mme de Grignan],
vous le déconcerterez au point qu'il n'en reviendra
jamais... il faut donner du courage, et observer de
ne point le rabaisser, SÉV. 2 juillet 1677. Cette dou-
leur [la mort d'un parent] nous rabaisse la joie de
notre petite victoire [gain d'un procès], ID. 18 mars
1689. Pensée capable de rabaisser toutes les enflures
du coeur le plus vain, BOURDAL. Pensées, t. n, p. 120.
Il n'y eut jamais de capitaine grec qui rabaissât la
fierté et la puissance du grand roi de Perse, comme
le fit Cimon, ROLLIN, Hist. anc. OEuv. t. m, p. 346.
Il Rabaisser le caqueta quelqu'un, faire qu'une per-
sonne disposée àélever la voix, à parler beaucoup,
parle moins. Mme de Richelieu me parut abbattue....
les fatigues de la cour ont rabaissé son caquet; son
moulin me parut en chômage, SÉV. HO. |] Fig. Ra-
baisser le caquet de quelqu'un, à quelqu'un, con-
fondre par des raisons ou faire taire par autorité
celui qui parle avec présomption ouinsolence, || On
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 94.07%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 94.07%.
- Collections numériques similaires Meyer Georg Meyer Georg /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Meyer Georg" or dc.contributor adj "Meyer Georg")Alsatiae Superioris et Inferioris Accuratissima Geographica Descriptio / Authore Georg. Fredericus Meyerus,... /ark:/12148/btv1b532414125.highres Alsatiae Superioris et Inferioris Accuratissima Geographica Descriptio. Milliaria Germanica Communia... 2 [=Om. 095 1 : 155 700 env] / Authore Georgia Frederico Mayero, Basil Geographo et Ingr /ark:/12148/btv1b53100490q.highresPoggendorff Johann Christian Poggendorff Johann Christian /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Poggendorff Johann Christian" or dc.contributor adj "Poggendorff Johann Christian")
- Auteurs similaires Meyer Georg Meyer Georg /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Meyer Georg" or dc.contributor adj "Meyer Georg")Alsatiae Superioris et Inferioris Accuratissima Geographica Descriptio / Authore Georg. Fredericus Meyerus,... /ark:/12148/btv1b532414125.highres Alsatiae Superioris et Inferioris Accuratissima Geographica Descriptio. Milliaria Germanica Communia... 2 [=Om. 095 1 : 155 700 env] / Authore Georgia Frederico Mayero, Basil Geographo et Ingr /ark:/12148/btv1b53100490q.highresPoggendorff Johann Christian Poggendorff Johann Christian /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Poggendorff Johann Christian" or dc.contributor adj "Poggendorff Johann Christian")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 46/1242
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k54066991/f46.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k54066991/f46.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k54066991/f46.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k54066991/f46.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k54066991
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k54066991
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k54066991/f46.image × Aide