Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 4 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k54066991
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-57472
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
SAL
SALAIRE (sa-lê-r'), s. m. || 1° Payement pour
travail ou pour service. Les ouvriers ont demandé
une augmentation de salaires. Elle [la cigogne]
retira l'os [du gosier du loup], puis pour un si bon
tour Elle demanda son salaire, LA FONT. Fabl.m,
9. Enfin un médecin, fort expert en son art, Le
guérit [unfou].... Mais voulant de ses soins exiger
le salaire.... BOIL. Sat. rv. On les forçait [les cul-
tivateurs du pays de Gex] à travailler sans salaire,
eux qui ne vivent que de leur salaire, VOLT. Pol.
et lég. Remontrances ou roi. Le salaire donc ré-
glé, d'un côté par la concurrence des vendeurs, et
par celle des acheteurs de l'autre; le salaire de
l'artisan se réglera de la même manière, CONDIL.
Comm. gouv. i, 8. |[ En termes d'économie poli-
tique, l'ouvrier est un travailleur qui reçoit sur
les capitaux d'autrui une rémunération^ stipulée
d'avance, qu'on nomme salaire, pour exécuter un
certain travail avec les capitaux d'autrui, LEVAS-
SEUR, Cours d'écon. rurale, p. 165. || 2° Fig. Ré-
compense. Le fils tout dégouttant du meurtre de
son père, Et, sa tête à la main, demandant son
salaire, CORN. Cinna, î, 3. Mais, comme aux grands
périls le salaire enhardit.... m. OEdipe, î, 4. [Le
serpent réchauffé] Puis tâche à faire un saut Con-
■ tre son bienfaiteur, son sauveur et son père. In-
grat, dit le manant, voilà donc mon salaire ! LA
FONT. FaU. vi, 13. Pourquoi juger si mal de son
intention [d'Assuérus] ? Il croit récompenser une
bonne action; Ne faut-il pas, seigneur, s'étonner
au contraire Qu'il en ait si longtemps différé le sa-
laire? RAC. Esth. m, t. || Par antiphrase, châti-
ment. Ce lâche mercenaire Qui de sa perfidie a
reçu le salaire, MAIR. Mort d'Asdrub. m, 3. Non,
il faut qu'il ait le salaire Des mots où tout à
l'heure il s'est émancipé, MOL. Àmph. m, 4. N'im-
putez qu'à Pallas un exil nécessaire; Son orgueil
dès longtemps exigeait ce salaire, RAC. Brit. m, 3.
— HIST. xme s. Li procureur.... doivent avoir
salaire soufizant, selon les besongnes qu'il pro-
curent, BEAUM. rv, 22. |J3av° s. À Robiert Vachot,
pour sen sollaire de aidier à kierkier [charger] les
beniaus.... CAFFIAUX, Régence d'Aubert de Bavière,
p. 62. La jouvence des nobles corrompue par telx
salaires, BERCHEURE, f° 63, recto. Je ai brassé maint
mal et si les ai fait fayre, Je croi que briefment
en aray,mon salayre, Guescl. 16399. ||xve s. J'aijà
un lonc tens servi Amours en espoir de plaire ;
Mes d'un trop petit salaire M'a mon service meri
[récompensé], FROISS. Poés. mss. p. 250, dans
LACURNE. || xvi° s. Il n'est pas raisonnable que les
Honneurs les plus relevez soient les salaires des
crimes les plus abjects, D'ADB. Fasn. î, 9.
— ÉTYM. Provenç. salari, selari ; espagn. et ital.
salaria; du lat. solarium, solde du soldat, de sal,
sel, à cause que le salaire fut d'abord une indem-
nité pour le sel. On remarquera en Flandre le
changement de l'a en o ; solaire.
SALAISON (sa-lè-zon), s. f. || i° Action de saler
les viandes ou autres provisions pour les conser-
ver. La salaison du porc, du beurre. Il faut pren-
dre vos mesures de bonne heure pour faire faire
les salaisons des chairs dans les mois de septem-
bre et octobre, qui est la saison la plus propre
pour les faire bonnes, Colbert à Jaquier, 7 juin
•1670, dans JAL. ||Fig. On savait qu'elle [Mme de
Sévigné] se passait bien des choses en causant;
il se voit maintenant qu'elle se les passait en écri-
vant aussi; les preuves de ces libertés et de ces
salaisons de langage sont des plus significatives,
STE-BEUVE, le Constitut. 16 déc. 1861. || 2° Viande
salée, poisson salé pour l'alimentation. Vivre de
salaisons. Ils [les Athéniens] aimaient beaucoup les
salaisons; et, pour récompenser un certain Clweré-
phile, excellent charcutier, ils donnèrent à ses fils
le rang de citoyen, LEVESQUE, Instit. Mém. scienc.
mor. et pol. t. iv, p. 127.
— ÉTYM. Saler.
SALAMALEC (sa-la-ma-lèk), s. m. || 1" Terme de
plaisanterie. Au sens propre, qui n'est plus usité,
salut. Après avoir, comme très-sage, Avec grande
crainte et respect Dit par trois fois salamalec,
SCARR. Yirg. 1.1| 2° Aujourd'hui et dans le style
familier, révérence profonde, pol^esse exagérée
Faire de grands salamalecs.
— ÉTYM. Salutation arabe, de salâm, sal«t, f.t
aleik, sur toi : salut sur toi.
SALAMANDRE (sa-la-man-dr'), s (. || 1° Genre
de batraciens urodèles nombreux en espèces, que
le vulgaire redoute parce qu'il en croit la mor-
sure venimeuse; ce qui n'est pas. ||Le type du
genre salamandre est la salamandre tachetée, dite
vulgairement salamandre, laquelle n'habite l'eau
D1CT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
SAL
qu'àj'état de têtard, ou lorsqu'elle y dépose ses
têtards, et à laquelle on attribuait la faculté de
vivre dans le feu. C'est un préjugé général parmi
les gens de la campagne que les salamandres sont
des animaux dangereux, BONNET, 1" mém. reprod.
salamandres. Si l'on coupe les quatre jambes de
la salamandre, elle en poussera quatre nouvelles,
qui seront si parfaitement semblables à celles
qu'on aura retranchées, qu'on y comptera, comme
dans celles-ci, quatre-vingt-dix-neuf os, ro. Paling.
phil. ix, 6. La salamandre, j'ai presque honte de le
dire, est si peu faite pour vivre dans le feu, qu'il
est démontré aujourd'hui par les expériences de
M. Spallanzani qu'elle est de tous les animaux
celui qui résiste le moins à l'excès de la chaleur,
m. ib'. || 2° Partie des attributs du roi François Ier,
qui avait pris pour emblème une salamandre avec
cette devise : J'y vis et je l'éteins. || 3° Terme de la
cabale. Nom donné aux prétendus esprits du feu.
Quant aux salamandres, habitants enflammés de
la sphère du feu, ils servent aux philosophes,
DE VILLARS, le Comte de GabaHs, 2e entretien. Les
salamandres sont composées des plus subtiles par-
ties de la sphère du feu, m. ib. A ce spectacle s'é-
lance, du milieu du régiment de Sans-Quartier, un
poète plus brillant, plus léger qu'une salamandre,
GILB. le Carnav. des auteurs. Au frais ondin s'unit
l'ardente salamandre, v. HUGO, Ballades, 2. || En
ce sens, salamandre est du masculin quand on
parle des esprits mâles, et féminin quand on parle
des esprits femelles. Un salamandre habile à qui je
confiais l'éducation du jeune prince, PETIS DE LA
CROIX, les Mille et un jours, 1.1, p. 261. || 4° Terme
d'ancienne chimie. Sang de salamandre, vapeur,
rouge qui s'élève pendant la distillation de l'esprit
de nitre; c'est aujourd'hui l'acide hypoazotique.
|| 5° Salamandre pierreuse, nom donné autrefois à
l'amiante flexible, qui ne brûle point quand on la
jette dans le feu.
— HIST. xm s°. [Un évêque] Qui, autant com la
salamandre Aime le feu et la chalor, Aime curtoi-
sie et valor, Hist. litt. de la Fr. t. xxm, p. 258.
Salemandre est ressemblable à petite lisarde, de
vaire color, BRUN, LATINI, Trésor, p. 196. ||\vie s.
Grans fleurs de lis, salmendres et autres enrichis-
semens, Bibl. des chartes, 4e série, t. in, p. C3.
— ÉTYM. Provenç. espagn. et ital. salamandra;
du lat. salaman-dra ; grec, oaXoenavSpoe, qui paraît
une transcription grecque d'un mot étranger.
t SALANGA (sa-lan-ga) ou SALANGANE (sa-lan-
ga-n'), s. f. Espèce d'hirondelle dont le nid est
comestible, hirundo esculenta, L. Ce sont certaines
espèces d'algues [appartenant au genre gelidium]
qui fournissent aux salanganes la matière gélati-
neuse dont se composent leurs nids, ÉD. GRIMARD,
Revue des Peux-Mondes, 1er avr. 1867, p. esi.
— ÉTYM. Mot de Luçon, salamga, donné par Ca-
melus, dans Phil. transact. n" 85, mai et juin 1703,
p. 1396.
t SALANGE (sa-lan-j'), s. m. Période de produc-
tion du sel sur les marais salants, Enquête sur les
sels, 1868, 1.1, p. 511.
— ÉTYM. Salant.
f SALANGUET (sa-lan-ghè), s. m. Nom vulgaire
du chenopodium maritimum.
SALANT (sa-lan), adj. m. Il n'est usité que dans :
marais, puits salant, marais, puits d'où l'on tire du
sel. L'on a observé que les vents secs font autant et
peut-être plus d'effet que le soleil sur la surface
des marais salants, BUFF. Min. t. m, p. 390.
— HIST. xvic s. Les champs et parquetages des
marais salans sont foncez de terre argileuse, PA-
LISSY, 176.
— ÉTYM. Saler.
+ SALARD (sa-lar), s. m. Nom donné en Savoie
à certains granités micacés qui ont la propriété de
résister au feu le plus violent.
. t SALARIAT (sa-la-ri-a), s. m. Néologisme.
État, condition d'une personne salariée. Le salariat
lui-même [à la Guyane], là où il existe, est res-
treint au cadre inflexible d'un engagement annuel,
j. DUVAL, Rev. Deux-Mondes, 15 sept. 1861, p. 434.
— ÉTYM. Salarier.
SALARIÉ, ÉE (sa-la-ri-é, ée), part, passé de sala-
rier. || i"Les ouvriers, les employés sont salariés.
|| Substantivement. Celui qui reçoit un salaire.
|| 2° Abusivement, il s'est dit de toute espèce de
payement en retour d'objet vendu ou de service
rendu. Il suffit de remarquer ici qu'à l'exception de
ceux des propriétaires qui ne font rien, tous les
citoyens sont salariés les uns à l'égard des autres;
si l'artisan et le marchand sont salariés du colon
auquel ils vendent, le colon l'est à son tour de l'ar-
SAL
1809
tisan et du marchand auxquels çil vend, et chacun
se fait payer de son travail, CONDIL. Comm. gouVx î, s
SALARIER (sa-la-ri-é), je salariais, nous sala--
riions, vous salariiez; que je' salarie, que nous sa-
lariions, que vous salariiez, v. a. Donner le salaire
qui est dû. Tous les évêques, chanoines et curés
sont salariés par le gouvernement, LAPÉROUSE,
Voy. t. n, p. 351, dans POUGENS. J'entends à ce
mot sa! trier beaucoup de murmures, et l'on dirait
qu'il blesse la dignité du sacerdoce; mais, mes-
sieurs, il serait temps que l'on abjurât les préju-
gés d'ignorance orgueilleuse qui font dédaigner
les mots salaires et salariés; je ne connais que
trois manières d'exister dans la société : il faut y
être mendiant, voleur ou salarié; le propriétaire
n'est lui-même que le premier des salariés, MIRA-
BEAU, Collection, t. n, p. 12.
— HIST. xv° s. Ainsi fut le pauvre amoureux
curé salarié du service qu'il fit à Amour, LOUIS xi,
Nouv. LXXXV. || xvie s. Je trouve à cette heure oc-
casion de l'en salariser et reconnoistre, en lui fai-
sant présent de ma prisonnière, ÏVER, p. 643.
Voicy entre autres un grand deffaut en la justice
distributive de punir seulement et non salarier,
CHARRON, Sagesse, p. 470, dans LACURNE. Ses édi-
fices s'avancent, car il a salairié plus d'ouvriers,
PALSGR. p. 673.
— ÉTYM. Salaire; ital. salariare.
SALAUD, AUDE (sa-lô. lô-d'), s. m. et f. Terme
populaire et injurieux. Personne sale, malpropre.
Un salaud. Une salaude. || Adj. Cet homme est bien
salaud.
— HIST. xvie s. Toutes les femmes estant fas-
chées de quoi leurs maris avoient oui parler d'une
si salaude femme, BOUCKET, Serées, t. n, f" 249,
dans POUGENS.
— ÉTYM. Dérivé de sale.
t SALAUDERIE (sa-16-de-rie), s. f. Acte, parole
de salaud.
— HIST. xvie s. La rêyne luy ayant demandé un
jour quelques mots en espagnol pour les dire à
l'ambassadeur d'Espagne, et luy, ayant dit quelque
salauderie en riant, elle l'apprist aussitost...
BRANT. Dames ill. p. 12, dans LACURNE.
f SALRANDE (sal-ban-d'), s. f. Surface latérale
d'un filon, celle qui le sépare de la' roche environ-
nante.
f SALDANITE (sal-da-ni-t'*), s. f. Sulfate d'alu-
mine observé sur les bords du Rio Saldana, en
Colombie.
f SALDE (sal-d'), s. f. Genre d'insectes hémiptè-
res, propres à l'Europe, du latin salto, je saute.
f SALDO (sal-do), s. m. Mot italien qui signifie
arrêté de compte, solde, et qu'on emploie quelque-
fois en langage de finance. Il est assez étrange
qu'en face de ces déficit continus on ne rencontre
jamais la trace des saldos, que laisse une année....
la période de 1831 à 1869 devait laisser unsaldo de
65,737,066 florins en monnaie de convention, j. E.
IIORN, Annuaire intern. du crédit public, 1861,
p. 81, à l'art. Autriche.
-SALE(sa-1'), adj. || i° Plein d'ordures, malpropre.
Une chambre sale. Avoir les mains sales. Un homme
sale. Une femme sale. Quelques hommes et des
femmes d'une figure dégoûtante et atroce se mon-
trent tous armés sur ses murs [du Kremlin] ; ils
exhalent une sale ivresse et d'horribles impréca-
tions, SÉG. Hist. de Nap. vin, 6. || Fig. Nous ne
manierons point les choses sacrées avec des mains
sales, nous n'apporterons point nos défauts dans
le plus haut état de perfection, BALZ. Lett. 11,
liv. vi. || Bandes sales, lignes noires formant des
courbes paraboliques ou ogivales qu'on aperçoit
sur la glace des glaciers, et dont la convexité est
tournée en aval. || Substantivement. Fi, le sale!
|| 2" Gris sale, gris terne qui n'a pas l'oeil du gris
ordinaire. Ces boiseries sont peintes en gris sale.
|| On dit de même : vert sale, blanc sale. || 3° Terme
de peinture. Couleur sale, couleur désagréable à
l'oeil, composée de couleurs ennemies. || Son pin-
ceau est sale, se dit d'un peintre dont les teinte?
sont mal fondues. || Se dit des estampes qui sortent
mal nettes des presses. || 4° Terme de marine. Vais-
seau sale, vaisseau dont le fond extérieur est cou-
vert de coquillages, d'herbes qui s'y sont attachées.
|| Côte sale, côte le long de laquelle il y a des ro-
ches, des écueils cachés sous l'eau. || 5° Fig. Qui
blesse la pudeur, la modestie. Mais le plus beau
projet de notre académie.... C'est le retranchement
de ces syllabes sales Qui dans les plus beaux mots
produisent des scandales, MOL. Femm. sav. m, 2.
L'on n'y exaltera plus tant ces divinités fabuleu-
ses, dont les noms portent avec eux les plus sen-
II. — 227
SALAIRE (sa-lê-r'), s. m. || 1° Payement pour
travail ou pour service. Les ouvriers ont demandé
une augmentation de salaires. Elle [la cigogne]
retira l'os [du gosier du loup], puis pour un si bon
tour Elle demanda son salaire, LA FONT. Fabl.m,
9. Enfin un médecin, fort expert en son art, Le
guérit [unfou].... Mais voulant de ses soins exiger
le salaire.... BOIL. Sat. rv. On les forçait [les cul-
tivateurs du pays de Gex] à travailler sans salaire,
eux qui ne vivent que de leur salaire, VOLT. Pol.
et lég. Remontrances ou roi. Le salaire donc ré-
glé, d'un côté par la concurrence des vendeurs, et
par celle des acheteurs de l'autre; le salaire de
l'artisan se réglera de la même manière, CONDIL.
Comm. gouv. i, 8. |[ En termes d'économie poli-
tique, l'ouvrier est un travailleur qui reçoit sur
les capitaux d'autrui une rémunération^ stipulée
d'avance, qu'on nomme salaire, pour exécuter un
certain travail avec les capitaux d'autrui, LEVAS-
SEUR, Cours d'écon. rurale, p. 165. || 2° Fig. Ré-
compense. Le fils tout dégouttant du meurtre de
son père, Et, sa tête à la main, demandant son
salaire, CORN. Cinna, î, 3. Mais, comme aux grands
périls le salaire enhardit.... m. OEdipe, î, 4. [Le
serpent réchauffé] Puis tâche à faire un saut Con-
■ tre son bienfaiteur, son sauveur et son père. In-
grat, dit le manant, voilà donc mon salaire ! LA
FONT. FaU. vi, 13. Pourquoi juger si mal de son
intention [d'Assuérus] ? Il croit récompenser une
bonne action; Ne faut-il pas, seigneur, s'étonner
au contraire Qu'il en ait si longtemps différé le sa-
laire? RAC. Esth. m, t. || Par antiphrase, châti-
ment. Ce lâche mercenaire Qui de sa perfidie a
reçu le salaire, MAIR. Mort d'Asdrub. m, 3. Non,
il faut qu'il ait le salaire Des mots où tout à
l'heure il s'est émancipé, MOL. Àmph. m, 4. N'im-
putez qu'à Pallas un exil nécessaire; Son orgueil
dès longtemps exigeait ce salaire, RAC. Brit. m, 3.
— HIST. xme s. Li procureur.... doivent avoir
salaire soufizant, selon les besongnes qu'il pro-
curent, BEAUM. rv, 22. |J3av° s. À Robiert Vachot,
pour sen sollaire de aidier à kierkier [charger] les
beniaus.... CAFFIAUX, Régence d'Aubert de Bavière,
p. 62. La jouvence des nobles corrompue par telx
salaires, BERCHEURE, f° 63, recto. Je ai brassé maint
mal et si les ai fait fayre, Je croi que briefment
en aray,mon salayre, Guescl. 16399. ||xve s. J'aijà
un lonc tens servi Amours en espoir de plaire ;
Mes d'un trop petit salaire M'a mon service meri
[récompensé], FROISS. Poés. mss. p. 250, dans
LACURNE. || xvi° s. Il n'est pas raisonnable que les
Honneurs les plus relevez soient les salaires des
crimes les plus abjects, D'ADB. Fasn. î, 9.
— ÉTYM. Provenç. salari, selari ; espagn. et ital.
salaria; du lat. solarium, solde du soldat, de sal,
sel, à cause que le salaire fut d'abord une indem-
nité pour le sel. On remarquera en Flandre le
changement de l'a en o ; solaire.
SALAISON (sa-lè-zon), s. f. || i° Action de saler
les viandes ou autres provisions pour les conser-
ver. La salaison du porc, du beurre. Il faut pren-
dre vos mesures de bonne heure pour faire faire
les salaisons des chairs dans les mois de septem-
bre et octobre, qui est la saison la plus propre
pour les faire bonnes, Colbert à Jaquier, 7 juin
•1670, dans JAL. ||Fig. On savait qu'elle [Mme de
Sévigné] se passait bien des choses en causant;
il se voit maintenant qu'elle se les passait en écri-
vant aussi; les preuves de ces libertés et de ces
salaisons de langage sont des plus significatives,
STE-BEUVE, le Constitut. 16 déc. 1861. || 2° Viande
salée, poisson salé pour l'alimentation. Vivre de
salaisons. Ils [les Athéniens] aimaient beaucoup les
salaisons; et, pour récompenser un certain Clweré-
phile, excellent charcutier, ils donnèrent à ses fils
le rang de citoyen, LEVESQUE, Instit. Mém. scienc.
mor. et pol. t. iv, p. 127.
— ÉTYM. Saler.
SALAMALEC (sa-la-ma-lèk), s. m. || 1" Terme de
plaisanterie. Au sens propre, qui n'est plus usité,
salut. Après avoir, comme très-sage, Avec grande
crainte et respect Dit par trois fois salamalec,
SCARR. Yirg. 1.1| 2° Aujourd'hui et dans le style
familier, révérence profonde, pol^esse exagérée
Faire de grands salamalecs.
— ÉTYM. Salutation arabe, de salâm, sal«t, f.t
aleik, sur toi : salut sur toi.
SALAMANDRE (sa-la-man-dr'), s (. || 1° Genre
de batraciens urodèles nombreux en espèces, que
le vulgaire redoute parce qu'il en croit la mor-
sure venimeuse; ce qui n'est pas. ||Le type du
genre salamandre est la salamandre tachetée, dite
vulgairement salamandre, laquelle n'habite l'eau
D1CT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
SAL
qu'àj'état de têtard, ou lorsqu'elle y dépose ses
têtards, et à laquelle on attribuait la faculté de
vivre dans le feu. C'est un préjugé général parmi
les gens de la campagne que les salamandres sont
des animaux dangereux, BONNET, 1" mém. reprod.
salamandres. Si l'on coupe les quatre jambes de
la salamandre, elle en poussera quatre nouvelles,
qui seront si parfaitement semblables à celles
qu'on aura retranchées, qu'on y comptera, comme
dans celles-ci, quatre-vingt-dix-neuf os, ro. Paling.
phil. ix, 6. La salamandre, j'ai presque honte de le
dire, est si peu faite pour vivre dans le feu, qu'il
est démontré aujourd'hui par les expériences de
M. Spallanzani qu'elle est de tous les animaux
celui qui résiste le moins à l'excès de la chaleur,
m. ib'. || 2° Partie des attributs du roi François Ier,
qui avait pris pour emblème une salamandre avec
cette devise : J'y vis et je l'éteins. || 3° Terme de la
cabale. Nom donné aux prétendus esprits du feu.
Quant aux salamandres, habitants enflammés de
la sphère du feu, ils servent aux philosophes,
DE VILLARS, le Comte de GabaHs, 2e entretien. Les
salamandres sont composées des plus subtiles par-
ties de la sphère du feu, m. ib. A ce spectacle s'é-
lance, du milieu du régiment de Sans-Quartier, un
poète plus brillant, plus léger qu'une salamandre,
GILB. le Carnav. des auteurs. Au frais ondin s'unit
l'ardente salamandre, v. HUGO, Ballades, 2. || En
ce sens, salamandre est du masculin quand on
parle des esprits mâles, et féminin quand on parle
des esprits femelles. Un salamandre habile à qui je
confiais l'éducation du jeune prince, PETIS DE LA
CROIX, les Mille et un jours, 1.1, p. 261. || 4° Terme
d'ancienne chimie. Sang de salamandre, vapeur,
rouge qui s'élève pendant la distillation de l'esprit
de nitre; c'est aujourd'hui l'acide hypoazotique.
|| 5° Salamandre pierreuse, nom donné autrefois à
l'amiante flexible, qui ne brûle point quand on la
jette dans le feu.
— HIST. xm s°. [Un évêque] Qui, autant com la
salamandre Aime le feu et la chalor, Aime curtoi-
sie et valor, Hist. litt. de la Fr. t. xxm, p. 258.
Salemandre est ressemblable à petite lisarde, de
vaire color, BRUN, LATINI, Trésor, p. 196. ||\vie s.
Grans fleurs de lis, salmendres et autres enrichis-
semens, Bibl. des chartes, 4e série, t. in, p. C3.
— ÉTYM. Provenç. espagn. et ital. salamandra;
du lat. salaman-dra ; grec, oaXoenavSpoe, qui paraît
une transcription grecque d'un mot étranger.
t SALANGA (sa-lan-ga) ou SALANGANE (sa-lan-
ga-n'), s. f. Espèce d'hirondelle dont le nid est
comestible, hirundo esculenta, L. Ce sont certaines
espèces d'algues [appartenant au genre gelidium]
qui fournissent aux salanganes la matière gélati-
neuse dont se composent leurs nids, ÉD. GRIMARD,
Revue des Peux-Mondes, 1er avr. 1867, p. esi.
— ÉTYM. Mot de Luçon, salamga, donné par Ca-
melus, dans Phil. transact. n" 85, mai et juin 1703,
p. 1396.
t SALANGE (sa-lan-j'), s. m. Période de produc-
tion du sel sur les marais salants, Enquête sur les
sels, 1868, 1.1, p. 511.
— ÉTYM. Salant.
f SALANGUET (sa-lan-ghè), s. m. Nom vulgaire
du chenopodium maritimum.
SALANT (sa-lan), adj. m. Il n'est usité que dans :
marais, puits salant, marais, puits d'où l'on tire du
sel. L'on a observé que les vents secs font autant et
peut-être plus d'effet que le soleil sur la surface
des marais salants, BUFF. Min. t. m, p. 390.
— HIST. xvic s. Les champs et parquetages des
marais salans sont foncez de terre argileuse, PA-
LISSY, 176.
— ÉTYM. Saler.
+ SALARD (sa-lar), s. m. Nom donné en Savoie
à certains granités micacés qui ont la propriété de
résister au feu le plus violent.
. t SALARIAT (sa-la-ri-a), s. m. Néologisme.
État, condition d'une personne salariée. Le salariat
lui-même [à la Guyane], là où il existe, est res-
treint au cadre inflexible d'un engagement annuel,
j. DUVAL, Rev. Deux-Mondes, 15 sept. 1861, p. 434.
— ÉTYM. Salarier.
SALARIÉ, ÉE (sa-la-ri-é, ée), part, passé de sala-
rier. || i"Les ouvriers, les employés sont salariés.
|| Substantivement. Celui qui reçoit un salaire.
|| 2° Abusivement, il s'est dit de toute espèce de
payement en retour d'objet vendu ou de service
rendu. Il suffit de remarquer ici qu'à l'exception de
ceux des propriétaires qui ne font rien, tous les
citoyens sont salariés les uns à l'égard des autres;
si l'artisan et le marchand sont salariés du colon
auquel ils vendent, le colon l'est à son tour de l'ar-
SAL
1809
tisan et du marchand auxquels çil vend, et chacun
se fait payer de son travail, CONDIL. Comm. gouVx î, s
SALARIER (sa-la-ri-é), je salariais, nous sala--
riions, vous salariiez; que je' salarie, que nous sa-
lariions, que vous salariiez, v. a. Donner le salaire
qui est dû. Tous les évêques, chanoines et curés
sont salariés par le gouvernement, LAPÉROUSE,
Voy. t. n, p. 351, dans POUGENS. J'entends à ce
mot sa! trier beaucoup de murmures, et l'on dirait
qu'il blesse la dignité du sacerdoce; mais, mes-
sieurs, il serait temps que l'on abjurât les préju-
gés d'ignorance orgueilleuse qui font dédaigner
les mots salaires et salariés; je ne connais que
trois manières d'exister dans la société : il faut y
être mendiant, voleur ou salarié; le propriétaire
n'est lui-même que le premier des salariés, MIRA-
BEAU, Collection, t. n, p. 12.
— HIST. xv° s. Ainsi fut le pauvre amoureux
curé salarié du service qu'il fit à Amour, LOUIS xi,
Nouv. LXXXV. || xvie s. Je trouve à cette heure oc-
casion de l'en salariser et reconnoistre, en lui fai-
sant présent de ma prisonnière, ÏVER, p. 643.
Voicy entre autres un grand deffaut en la justice
distributive de punir seulement et non salarier,
CHARRON, Sagesse, p. 470, dans LACURNE. Ses édi-
fices s'avancent, car il a salairié plus d'ouvriers,
PALSGR. p. 673.
— ÉTYM. Salaire; ital. salariare.
SALAUD, AUDE (sa-lô. lô-d'), s. m. et f. Terme
populaire et injurieux. Personne sale, malpropre.
Un salaud. Une salaude. || Adj. Cet homme est bien
salaud.
— HIST. xvie s. Toutes les femmes estant fas-
chées de quoi leurs maris avoient oui parler d'une
si salaude femme, BOUCKET, Serées, t. n, f" 249,
dans POUGENS.
— ÉTYM. Dérivé de sale.
t SALAUDERIE (sa-16-de-rie), s. f. Acte, parole
de salaud.
— HIST. xvie s. La rêyne luy ayant demandé un
jour quelques mots en espagnol pour les dire à
l'ambassadeur d'Espagne, et luy, ayant dit quelque
salauderie en riant, elle l'apprist aussitost...
BRANT. Dames ill. p. 12, dans LACURNE.
f SALRANDE (sal-ban-d'), s. f. Surface latérale
d'un filon, celle qui le sépare de la' roche environ-
nante.
f SALDANITE (sal-da-ni-t'*), s. f. Sulfate d'alu-
mine observé sur les bords du Rio Saldana, en
Colombie.
f SALDE (sal-d'), s. f. Genre d'insectes hémiptè-
res, propres à l'Europe, du latin salto, je saute.
f SALDO (sal-do), s. m. Mot italien qui signifie
arrêté de compte, solde, et qu'on emploie quelque-
fois en langage de finance. Il est assez étrange
qu'en face de ces déficit continus on ne rencontre
jamais la trace des saldos, que laisse une année....
la période de 1831 à 1869 devait laisser unsaldo de
65,737,066 florins en monnaie de convention, j. E.
IIORN, Annuaire intern. du crédit public, 1861,
p. 81, à l'art. Autriche.
-SALE(sa-1'), adj. || i° Plein d'ordures, malpropre.
Une chambre sale. Avoir les mains sales. Un homme
sale. Une femme sale. Quelques hommes et des
femmes d'une figure dégoûtante et atroce se mon-
trent tous armés sur ses murs [du Kremlin] ; ils
exhalent une sale ivresse et d'horribles impréca-
tions, SÉG. Hist. de Nap. vin, 6. || Fig. Nous ne
manierons point les choses sacrées avec des mains
sales, nous n'apporterons point nos défauts dans
le plus haut état de perfection, BALZ. Lett. 11,
liv. vi. || Bandes sales, lignes noires formant des
courbes paraboliques ou ogivales qu'on aperçoit
sur la glace des glaciers, et dont la convexité est
tournée en aval. || Substantivement. Fi, le sale!
|| 2" Gris sale, gris terne qui n'a pas l'oeil du gris
ordinaire. Ces boiseries sont peintes en gris sale.
|| On dit de même : vert sale, blanc sale. || 3° Terme
de peinture. Couleur sale, couleur désagréable à
l'oeil, composée de couleurs ennemies. || Son pin-
ceau est sale, se dit d'un peintre dont les teinte?
sont mal fondues. || Se dit des estampes qui sortent
mal nettes des presses. || 4° Terme de marine. Vais-
seau sale, vaisseau dont le fond extérieur est cou-
vert de coquillages, d'herbes qui s'y sont attachées.
|| Côte sale, côte le long de laquelle il y a des ro-
ches, des écueils cachés sous l'eau. || 5° Fig. Qui
blesse la pudeur, la modestie. Mais le plus beau
projet de notre académie.... C'est le retranchement
de ces syllabes sales Qui dans les plus beaux mots
produisent des scandales, MOL. Femm. sav. m, 2.
L'on n'y exaltera plus tant ces divinités fabuleu-
ses, dont les noms portent avec eux les plus sen-
II. — 227
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 94.07%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 94.07%.
- Collections numériques similaires Ménage Gilles Ménage Gilles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ménage Gilles" or dc.contributor adj "Ménage Gilles")
- Auteurs similaires Ménage Gilles Ménage Gilles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Ménage Gilles" or dc.contributor adj "Ménage Gilles")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 420/1242
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k54066991/f420.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k54066991/f420.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k54066991/f420.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k54066991/f420.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k54066991
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k54066991
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k54066991/f420.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest