ROI
dent], ST-SIM. 26, 40. Messieurs les hidalgos étant
ordinairement roides en fait d'alliance, et gens à
observer les longues et les brèves, LESAGE, Est.
Gonx. 36. || Substantivement. Sa société [du P. Tel-
lier, jésuite] pour l'ardeur de son naturel et son
roide avait été obligée de le renvoyer en France, STT
SIM. 2)7, 479* || Il se dit des choses en un sens ana-
logue. [Suivant les réformés] il n'y en avait jamais
eu [de libre arbitre] ni parmi les hommes ni parmi les
anges.... jamais les stoïciens n'avaient fait la fata-
lité plus roide et plus inflexible, BOSS. Var. xiv, 4.
Les idées qu'on y prend [dans la vie retirée] sont plus
roides et inflexibles, faute d'être traversées, pliées
par celles des autres, FONTEN, Méry. Les principes
lesplusraidesdesa secte [stoïcienne], DIDER. Claude
et Nér. n, 88. ||5° Difficile-à monter, escarpé. Une
côte roide. Il entre dans cette grotte souterraine, et
descend un escalier excessivement roide, GENLIS,
Yeili. du chat. 1.1, p. 648, dans POUGENS, || 6° Qui
a un mouvement rapide et fort. Les pigeons ont l'aile
fort roide. Le cours de cette rivière est roide. || Fig.
et familièrement. Faire ce jeune homme si vite ca-
pitaine, cela était un peu raide. || Par extension.
Cela est raide, se dit de quelque chose, parole ou
acte, qu'il est difficile d'accepter. || 7° Adyerbialer
ment. Vite, vivement, avec force. La Rancune se
mit à pisser si largement et si roide, que le bruit
seul du pot de chambre eût pu réveiller le mar-.
chand, SCARR. Rom. corn, i, 6. || Raide comme balle,
très-rapidement, sans hésiter. j| Terme de vénerie.
Découpler raide, découpler les chiens d'un relais,
aussitôt que l'animal est passé, sans attendre la
meute. || Fig. et familièrement. On a mené cette
affaire bien roide, on l'a poussée fort vivement.
|| Dans le même sens. On a mené cet homme bien
roide. Jele mène un peuroide, REGNARD, Ret. impr. vi>
— HIST. XIIe s. Â tels jà e suef et dulz estre devez,
En pur ço que vous estes e enuins et sacrez, E
reddes as pluseurs pur le brant que portez, Th. le
Mart. 78. [Une lance] Qui moult fut roide et le fer
acéré, Ronc. p. 4 90. E hanste fort e rade à cel mes-
tier, Gérard de Ross. p. 3)6. ||xm* s. Les iex
lyeux] [il] ot clos et le corps roide, Et en plusieurs
lieus la char froide, Blonde et Jehan, v. 4 4 74. Et
de il [un ouvrier] est si foz et si roides et si aboutiz
que il ne vueille obéir au commendement le mestre
[du métier],!'!-», des met. 198. La coste estoitsi roite
que à peinne s'i pooit tenir cheyaus, JOINV, 276.Xjus-
tices tenir et à droitures soies loiaus et roide, sans
tourner à des'tre ne à senestre, va. soi. Bone justice
et roide, et qui n'espargnast plus le riche home que
le poùî-e, ID. 297. ||xiv° s. Homme de très rede
seigneurie et de très sur et aspre empire, BER-
CHEURE, f° 84, verso. Les âmes des christiens reçoi
en ta grant sale, Dont li corps sont çy mort, tuit
froit, tuit roit, tuit pale, Girart de Ross. v. 4082.
|| xve s. Par dessous cette montagne-couroit ung ri-
vière forte et roide, FROISS. I, I, 44. Ces Flamands
qui descendoient orgueilleusement et de grand vo-
lonté, venoient roids et durs, n>. n, u, 4 97, Se ce
meschant [le médecin] j'eusse creu, Lasl je seroy,
mort tout roide, Se seulement j'eusse beu Sa ti-
sanne et son eau froide, BASSELIN, XLVIII. ||xvr s.
C'est la qualité d'un portefaix, d'avoir les bras et les
jambes plus roides, MONT, I, 242. Roides, transis et
immobiles du froid, ID. I, 262. Un roide jousteur,
ID. iv, 36. Et leur commandèrent qu'ilz s'en ceur-
russent le plus roide qu'ilz pourraient vers Mega-
res, AMYOT, Pyrrhus, in.
— ÉTYM. Wallon, reu; picard, rade, rède, vite;
provenç. rege, rege, rede, rot; du lat. rigidus
(voy. RIGUEUR). Ce mot fait difficulté. Au sens de qui
ne plie pas, il vient de rigidus qui donne roit, ou
roide dans le dialecte du centre, et redde ou rede
dans le dialecte ncmand. Mais roide a aussi le
sens de rapide ; et rapidus avait donné rade ou
raide. Y a-t-il eu confusion, et a-t-on mêlé les foi>
mes roide de rigidus et raide de rapidus? Cela est
incontestablement possible pour le normand, entre
rede et roide ; mais cela ne l'est pas pour le dia-
lecte du centre; là raide n'a pu être pris pour
roide, du moins dans les hauts temps et avant la
fin du xin« siècle et le xiv° siècle. Mais, à partir de
ce temps, la confusion a pu se faire. Le seul cas de
confusion que l'on pourrait alléguer serait celui de
Gérard de Rossillon, au xne siècle, où rade est dit
pour rigidus; mais ce poëme, écrit sur les contins
entre la langue d'oc et la langue d'oïl, ne peut pas
faire autorité. X ce point, si les lois phonétiques
n'admettent pas la confusion, dans le dialecte du
centre, entre roide, de rigidus, et raide, de rapidus,
reste la difficulté de savoir comment rigidus a pu
prendre le sens de rapide. C'est .l'idée de tension
ROI
qui aura servi d'intermédiaire : ce qui est tendu a
paru escarpé; et ce qui est escarpé a paru rapide.
tROiPEMENT pu RAIDEMENT (rè-de^man)-,
adv. D'une paanière roide.
— HIST. XIII" s. Se il movoit une verge rpide-
ment en l'air, elle soneroit et plierait, BRUN, LATI-
NI, Trésor, p. -il7. Qui roidement esgarde les raia
dpu soleil, il entenebrit si que il ne voit goule, ip.
ii). p, 369. || xiv° s. Si l'esprevier va querre l'aloe
roidement en tirant à contre mont, que c'est belle
chose à regarder ! Modus, f° ci. )| xve s. Si en fut
tout joyeux, et esperonna aussi moult roidement
vers lui, FROISS. I , i, 99. || xvie s. Commander roi-
dement [durement], AMYOT, Cam. 32.
— ÉTYM. Hotde, et le suffixe ment ; provenç. rei-
dament.
ROIDEUR (roi-deur) ou RAIDEUR (rè-deur; la
prononciation rè-deur est de beaucoup la plus
usitée aujourd'hui), s. f. || 1° Propriété par laquelle
les corps résistent efficacement aux puissances qui
tendent à altérer ou à rompre la cohésion de leurs
parties en en changeant la direction par la flexion.
La roideur d'une corde tendue. La roideur d'une
articulation, à la suite d'un rhumatisme. || 2° Il se
dit de ce qui n'est pas souple, aisé. La roideur des
mouvements, des contours. La maltresse de la mai-
son n'avait rien de cet air emprunté et gauche,
de cette roideur, de cette mauvaise honte qu'on
reprochait alors aux jeunes femmes d'Albion, VOLT.
Princ. de Babylone, 8. Froids, monotones, morts, du
fer qui les mutile Ils [les arbres taillés en ifs] sem-
blent avoir pris la roideur immobile, DELIL. Jard.
i. || On l'applique aussi au style. Un style simple
sans négligence, plein sans roideur, noble sans
faste, élégant presque sans parure, NARMONTEL,
OEuv. t. xvn, p. 32. || 3° Fig. Fermeté qui ne cède
pas, sévérité qui ne se laisse pas fléchir. Cette
grande roideur des vertus des vieux âges Heurte
trop notre siècle et les communs usages, MOL. Mis.
i, 4. Votre monsieur Purgon.... est un homme....
qui, aveG une impétuosité de prévention, une roi-
deur de confiance, une brutalité de sens commun
et de raison, donne au travers des purgations et
des saignées et ne balance aucune chose, MOL. Mal.
imag. m, 3. Cette immobilité et cette roideur in-
flexible qui paraît en quelques actions n'est qu'une
dureté produite par le vent des passions qui enfle
comme des ballons ceux qu'elles possèdent, NIGOLE,
Ess. mor. 4" traité, ch. 4 3. Un homme d'esprit,
et qui est né fier, ne perd rien de sa fierté et de sa
roideur pour se trouver pauvre, LA BRUY. V. Un vain
entêtement de noblesse et cette raideur de' ca-
ractère que rien n'amollit, ont fait vos malheurs
et les siens, J. J. RODSS. Hél. in, 7. Je ne lui Gonr
nais d'autre force dans l'âme que l'inflexible rai-
deur avec laquelle il exige que tout plie sous ses
volontés passagères, BARTHÉL. Anach. ch. 33. Daru
vint à son tour [dans la délibération si on marche^
raitsur Moscou] ; ce ministre est droit jusqu'à la
raideur et ferme jusqu'à l'impassibilité, SÉGUR, Hist.
de Napol. v, 2. |j 4° Rapidité de mouvement. Une
balle lancée avec roideur. Le fidèle émoucheur
Vous empoigne un pavé, le lance avec roideur,
Casse la tête à l'homme en écrasant la mouche....
LA FONT. Fabl. vin, 40. Il m'enseigna.... Comme on
louait un sot auteur en place ; Comme on fondait
avec lourde raideur Sur l'écrivain pauvre et sans
protecteur, VOLT. Pauvre diable. || 5" Pente rapide.
La roideur d'un escalier, d'une côte. Des brèches
moins défendues encore par leur roideur que par la
bravoure, ANQUET. Ligue, i, 306.
— HIST. xii* s, E se s'espée tranche, la meie [la
mienne] ad grant reidur, Th. le Mart. 37. Tant ten-
drement les fols ama, que reddement nés [ne lés]
chastia ; par -bel les reprist e par amur, nient par
destresce ne par reddur, cume apent [appartient] à
maistre e à pastur, .Rots, p. 9. || xme s. Li pors [le
sanglier] li vint de tel redor.... Ren. 2261B. Roi-
dors [sévéritéj est une vertus qui restraint le tort
fait par digne torment, BRUN, LATINI, Trésor,
p. 408. [Un malade] ne set que il eust puis roideur
ou chaleur de fièvre ou doleur de chief, Mir. de
StLouis, p. 4 66. Etotroiderequesteestplusde grâce
que de redor de droit, Liv. de joslice, 27. || xive s. Eux
apuians et traians et soulevans si comme la rois-
teur du lieu le requérait, BERCHEURE , f° 414. Froit
est mordant des ulcères, et fait doleur sans boe
[pus], et reddeur, et froidures fiévreuses et spames,
LANFRANC, f" 40. ||xvie s. Des chevaux.... courants
de toute leur roideur, MONT, I, 368.
— ÉTYM. Roide.
ROIDI (roi-di) ou RAIDI, IE (rè-di, die), part,
passé de roidir ou raidir. Des membres roidis par
ROI 1747
le froid. || Fig. Il [Napoléon] croit que ces hommes
[les boyards de MoscouJ, ou raidis d'orgueil,- ou
paralysés de frayeur, restent immobiles sur leurs
foyers, SÉGOR, Hist. de Nap. vin, 4.
R01DILLON (roirdi-llon) ou RAIDILLON (rè-di-
Uon ; Il mouillées, et non rè-di-yon ; la pronon-
ciation rè-di-llon, est à peu près la seule usitée),
s. m. |[ 1° Petite élévation qui se trouve dans un
chemin. Les chevaux peinent à monter ce raidil-
lon. || Particulièrement, sentier raide et raccourci-
que prennent les piétons, pour éviter les circuits
des grandes routes dans les cô/tes. || 2° Fig. et po-
pulairement. Un homme raide, difficile à manier.
C'est monsieur raidillon.
— ÉTYM. Roidir.
ROIDIR (roi-dir) ou RAIDIR (rè-dir. La pronon-
•ciation rè-dir est aujourd'hui la plus usitée de beau-
coup), v. a. || 1° Tendre ou étendre aveG for^
ce. Roidissez le bras. || Terme de charpenterie.
Raidir un étai, l'amener à une pression propre à
soutenir un mur. || 2° Rendre Mide, incapable de
mouvement. Lorsque la vieillesse me courbera-le
dos et me raidira les jarrets, «ARMONTFL, Mém. n.
Leurs habits mouillés [dans la retraite de Moscou]
se gèlent sur eux; cette enveloppe de glace saisit
leurs corps et raidit tous leurs membres, SÉGUR,
Hist. de Nap. ix, 4 4. ||3° Fig. Rendre ferme, roide.
Ce fut [l'intérêt de Mme de Maintenon et d'Har-
Gourt] ce qui les roidit à soutenir Mme des Ur-
sins, ST-SIM. 4 22, 99. Il [Colomb] avait, comme
tous ceux qui forment des projets extraordinai-
res, cet enthousiasme qui les roidit contre les
jugements de l'ignorance,'RAYNAL, Hist. phil. vi, 3.
|| 4° V. n. Devenir roide. Le linge mouillé roidit par
la gelée. || Fig. Gauche, mal à l'aise, souffrant dès
89 sous les risées de la Constituante, il [Robes-
pierre] avait raidi de haine, et s'était comme dressé
sous l'applaudissement du peuple, MICHELET, Hist.
Révol. ix, 4. || 5° Se roidir, v. réjl. Devenir roide. Le
linge mouillé se roidit par la gelée. Ses bras se
raidissent, la pâleur de la mort couvre son front,
GENLIS, Ad. et Th. t H, p. 60, dans POUGENS. || Se
tenir roide. Faisons comme les enfants et les ivro-
gnes, qui ne se cassent jamais ni jambes ni bras
quand ils tombent, parce qu'ils ne se roidissent
pas pour ne pas tomber, J. J. ROUSS. Corresp. du
Peyrou, t. m, p. 337, dans POUGENS. Pour m'arrê-,
ter je me roidis; Mais le tourbillon me dit : passe,
BËRANG. Juif errant. || Se dit d'un cheval qui, par
fantaisie, refuse d'avancer. || 6° Fig. Tenir ferme, ne
vouloir point se relâcher. L'âme doit se roidir plus
elle est menacée, CORN. Méd. i, 5. Il faut avouer
que la religion a quelque chose d'étonnant ; c'est
parce que vous y êtes né, dira-t-on; tant s'en
faut, je me roidis contre par cette raison-là même,
de peur que cette prévention ne me suborne, PASC.
Pensées, Religion, 18, édit. FAUGÈRE. Mais, ma
chère bonne, il y a des extrémités où l'on romprait
tout, si l'on voulait se raidir contre la nécessité,
SÉV. 46 nov. 4684. Je viens.... vous faire admirer
un homme qui ne se détourna jamais de ses de-
voirs; qui, pour maintenir la raison, se roidit contre
la coutume, FLÉGH. Duc de Montaus. S'il survient un
grand événement, il [le diplomate] se roidit ou il se
relâche selon qu'il lui est utile ou préjudiciable, LA
BRUY. x. Il faut que nous nous raidissions sans
relâche Gontre nous-mêmes, MASS. Carême, Tiéd.
2. Le roi s'était raidi à n'excepter aucun de ceux
qui entraient dans le service, de passer une année
dans une de ses deux compagnies de mousquetai-
res, ST-SIM. I, I 2. Le cardinal Mazarin, qui ne se
raidissait pas contre les difficultés comme Riche-
lieu, VOLT. Hist. pari. LV. |[ Avec ellipse du pro-
nom personnel. Quelle est votre pensée, et quel
bourru transport Contre vos propres voeux vous fait
roidir si fort? MOL. le Dèp. m, 9.
— HIST. xne s. [Il] Roidist la jambe, si s'afiche
as estrez [étriers], Ronc. p. 67. || xine s. [Les fem-
mes] Sanglent estroit leur testes d'un las ou d'un
chapel, Pour leur frons defroncier et pour redir la
pel, Contenance des femmes. || xive s. Le mettez [le
lièvre] harler sur le greil, id est roidir sur bon feu
de charbon; Ménagier, n, 6. ||xve s. Les aucuns
sont mortz et roydiz; D'eulx n'est-il plus rien
maintenant, VILLON, Grand testam. \\ xvie s. Ce n'est
pas assez de luy roidir l'ame, il luy fault aussi roi-
dir Jes muscles, MONT. 1,466. Cettuy cy se peine,
se roidit et se tend, pour.... ID. II, 4 05. Ils accomo-
dent bien la reigle de justice, la faisant ployer à
leur profit, et la raidissant à la ruine d'autrui, LA-
KOUE, 240. Elle le vit, froid et terni, roidir entre
ses bras, YVER, p. 693.
— ÉTYM. Roide; Berry, redzir.
dent], ST-SIM. 26, 40. Messieurs les hidalgos étant
ordinairement roides en fait d'alliance, et gens à
observer les longues et les brèves, LESAGE, Est.
Gonx. 36. || Substantivement. Sa société [du P. Tel-
lier, jésuite] pour l'ardeur de son naturel et son
roide avait été obligée de le renvoyer en France, STT
SIM. 2)7, 479* || Il se dit des choses en un sens ana-
logue. [Suivant les réformés] il n'y en avait jamais
eu [de libre arbitre] ni parmi les hommes ni parmi les
anges.... jamais les stoïciens n'avaient fait la fata-
lité plus roide et plus inflexible, BOSS. Var. xiv, 4.
Les idées qu'on y prend [dans la vie retirée] sont plus
roides et inflexibles, faute d'être traversées, pliées
par celles des autres, FONTEN, Méry. Les principes
lesplusraidesdesa secte [stoïcienne], DIDER. Claude
et Nér. n, 88. ||5° Difficile-à monter, escarpé. Une
côte roide. Il entre dans cette grotte souterraine, et
descend un escalier excessivement roide, GENLIS,
Yeili. du chat. 1.1, p. 648, dans POUGENS, || 6° Qui
a un mouvement rapide et fort. Les pigeons ont l'aile
fort roide. Le cours de cette rivière est roide. || Fig.
et familièrement. Faire ce jeune homme si vite ca-
pitaine, cela était un peu raide. || Par extension.
Cela est raide, se dit de quelque chose, parole ou
acte, qu'il est difficile d'accepter. || 7° Adyerbialer
ment. Vite, vivement, avec force. La Rancune se
mit à pisser si largement et si roide, que le bruit
seul du pot de chambre eût pu réveiller le mar-.
chand, SCARR. Rom. corn, i, 6. || Raide comme balle,
très-rapidement, sans hésiter. j| Terme de vénerie.
Découpler raide, découpler les chiens d'un relais,
aussitôt que l'animal est passé, sans attendre la
meute. || Fig. et familièrement. On a mené cette
affaire bien roide, on l'a poussée fort vivement.
|| Dans le même sens. On a mené cet homme bien
roide. Jele mène un peuroide, REGNARD, Ret. impr. vi>
— HIST. XIIe s. Â tels jà e suef et dulz estre devez,
En pur ço que vous estes e enuins et sacrez, E
reddes as pluseurs pur le brant que portez, Th. le
Mart. 78. [Une lance] Qui moult fut roide et le fer
acéré, Ronc. p. 4 90. E hanste fort e rade à cel mes-
tier, Gérard de Ross. p. 3)6. ||xm* s. Les iex
lyeux] [il] ot clos et le corps roide, Et en plusieurs
lieus la char froide, Blonde et Jehan, v. 4 4 74. Et
de il [un ouvrier] est si foz et si roides et si aboutiz
que il ne vueille obéir au commendement le mestre
[du métier],!'!-», des met. 198. La coste estoitsi roite
que à peinne s'i pooit tenir cheyaus, JOINV, 276.Xjus-
tices tenir et à droitures soies loiaus et roide, sans
tourner à des'tre ne à senestre, va. soi. Bone justice
et roide, et qui n'espargnast plus le riche home que
le poùî-e, ID. 297. ||xiv° s. Homme de très rede
seigneurie et de très sur et aspre empire, BER-
CHEURE, f° 84, verso. Les âmes des christiens reçoi
en ta grant sale, Dont li corps sont çy mort, tuit
froit, tuit roit, tuit pale, Girart de Ross. v. 4082.
|| xve s. Par dessous cette montagne-couroit ung ri-
vière forte et roide, FROISS. I, I, 44. Ces Flamands
qui descendoient orgueilleusement et de grand vo-
lonté, venoient roids et durs, n>. n, u, 4 97, Se ce
meschant [le médecin] j'eusse creu, Lasl je seroy,
mort tout roide, Se seulement j'eusse beu Sa ti-
sanne et son eau froide, BASSELIN, XLVIII. ||xvr s.
C'est la qualité d'un portefaix, d'avoir les bras et les
jambes plus roides, MONT, I, 242. Roides, transis et
immobiles du froid, ID. I, 262. Un roide jousteur,
ID. iv, 36. Et leur commandèrent qu'ilz s'en ceur-
russent le plus roide qu'ilz pourraient vers Mega-
res, AMYOT, Pyrrhus, in.
— ÉTYM. Wallon, reu; picard, rade, rède, vite;
provenç. rege, rege, rede, rot; du lat. rigidus
(voy. RIGUEUR). Ce mot fait difficulté. Au sens de qui
ne plie pas, il vient de rigidus qui donne roit, ou
roide dans le dialecte du centre, et redde ou rede
dans le dialecte ncmand. Mais roide a aussi le
sens de rapide ; et rapidus avait donné rade ou
raide. Y a-t-il eu confusion, et a-t-on mêlé les foi>
mes roide de rigidus et raide de rapidus? Cela est
incontestablement possible pour le normand, entre
rede et roide ; mais cela ne l'est pas pour le dia-
lecte du centre; là raide n'a pu être pris pour
roide, du moins dans les hauts temps et avant la
fin du xin« siècle et le xiv° siècle. Mais, à partir de
ce temps, la confusion a pu se faire. Le seul cas de
confusion que l'on pourrait alléguer serait celui de
Gérard de Rossillon, au xne siècle, où rade est dit
pour rigidus; mais ce poëme, écrit sur les contins
entre la langue d'oc et la langue d'oïl, ne peut pas
faire autorité. X ce point, si les lois phonétiques
n'admettent pas la confusion, dans le dialecte du
centre, entre roide, de rigidus, et raide, de rapidus,
reste la difficulté de savoir comment rigidus a pu
prendre le sens de rapide. C'est .l'idée de tension
ROI
qui aura servi d'intermédiaire : ce qui est tendu a
paru escarpé; et ce qui est escarpé a paru rapide.
tROiPEMENT pu RAIDEMENT (rè-de^man)-,
adv. D'une paanière roide.
— HIST. XIII" s. Se il movoit une verge rpide-
ment en l'air, elle soneroit et plierait, BRUN, LATI-
NI, Trésor, p. -il7. Qui roidement esgarde les raia
dpu soleil, il entenebrit si que il ne voit goule, ip.
ii). p, 369. || xiv° s. Si l'esprevier va querre l'aloe
roidement en tirant à contre mont, que c'est belle
chose à regarder ! Modus, f° ci. )| xve s. Si en fut
tout joyeux, et esperonna aussi moult roidement
vers lui, FROISS. I , i, 99. || xvie s. Commander roi-
dement [durement], AMYOT, Cam. 32.
— ÉTYM. Hotde, et le suffixe ment ; provenç. rei-
dament.
ROIDEUR (roi-deur) ou RAIDEUR (rè-deur; la
prononciation rè-deur est de beaucoup la plus
usitée aujourd'hui), s. f. || 1° Propriété par laquelle
les corps résistent efficacement aux puissances qui
tendent à altérer ou à rompre la cohésion de leurs
parties en en changeant la direction par la flexion.
La roideur d'une corde tendue. La roideur d'une
articulation, à la suite d'un rhumatisme. || 2° Il se
dit de ce qui n'est pas souple, aisé. La roideur des
mouvements, des contours. La maltresse de la mai-
son n'avait rien de cet air emprunté et gauche,
de cette roideur, de cette mauvaise honte qu'on
reprochait alors aux jeunes femmes d'Albion, VOLT.
Princ. de Babylone, 8. Froids, monotones, morts, du
fer qui les mutile Ils [les arbres taillés en ifs] sem-
blent avoir pris la roideur immobile, DELIL. Jard.
i. || On l'applique aussi au style. Un style simple
sans négligence, plein sans roideur, noble sans
faste, élégant presque sans parure, NARMONTEL,
OEuv. t. xvn, p. 32. || 3° Fig. Fermeté qui ne cède
pas, sévérité qui ne se laisse pas fléchir. Cette
grande roideur des vertus des vieux âges Heurte
trop notre siècle et les communs usages, MOL. Mis.
i, 4. Votre monsieur Purgon.... est un homme....
qui, aveG une impétuosité de prévention, une roi-
deur de confiance, une brutalité de sens commun
et de raison, donne au travers des purgations et
des saignées et ne balance aucune chose, MOL. Mal.
imag. m, 3. Cette immobilité et cette roideur in-
flexible qui paraît en quelques actions n'est qu'une
dureté produite par le vent des passions qui enfle
comme des ballons ceux qu'elles possèdent, NIGOLE,
Ess. mor. 4" traité, ch. 4 3. Un homme d'esprit,
et qui est né fier, ne perd rien de sa fierté et de sa
roideur pour se trouver pauvre, LA BRUY. V. Un vain
entêtement de noblesse et cette raideur de' ca-
ractère que rien n'amollit, ont fait vos malheurs
et les siens, J. J. RODSS. Hél. in, 7. Je ne lui Gonr
nais d'autre force dans l'âme que l'inflexible rai-
deur avec laquelle il exige que tout plie sous ses
volontés passagères, BARTHÉL. Anach. ch. 33. Daru
vint à son tour [dans la délibération si on marche^
raitsur Moscou] ; ce ministre est droit jusqu'à la
raideur et ferme jusqu'à l'impassibilité, SÉGUR, Hist.
de Napol. v, 2. |j 4° Rapidité de mouvement. Une
balle lancée avec roideur. Le fidèle émoucheur
Vous empoigne un pavé, le lance avec roideur,
Casse la tête à l'homme en écrasant la mouche....
LA FONT. Fabl. vin, 40. Il m'enseigna.... Comme on
louait un sot auteur en place ; Comme on fondait
avec lourde raideur Sur l'écrivain pauvre et sans
protecteur, VOLT. Pauvre diable. || 5" Pente rapide.
La roideur d'un escalier, d'une côte. Des brèches
moins défendues encore par leur roideur que par la
bravoure, ANQUET. Ligue, i, 306.
— HIST. xii* s, E se s'espée tranche, la meie [la
mienne] ad grant reidur, Th. le Mart. 37. Tant ten-
drement les fols ama, que reddement nés [ne lés]
chastia ; par -bel les reprist e par amur, nient par
destresce ne par reddur, cume apent [appartient] à
maistre e à pastur, .Rots, p. 9. || xme s. Li pors [le
sanglier] li vint de tel redor.... Ren. 2261B. Roi-
dors [sévéritéj est une vertus qui restraint le tort
fait par digne torment, BRUN, LATINI, Trésor,
p. 408. [Un malade] ne set que il eust puis roideur
ou chaleur de fièvre ou doleur de chief, Mir. de
StLouis, p. 4 66. Etotroiderequesteestplusde grâce
que de redor de droit, Liv. de joslice, 27. || xive s. Eux
apuians et traians et soulevans si comme la rois-
teur du lieu le requérait, BERCHEURE , f° 414. Froit
est mordant des ulcères, et fait doleur sans boe
[pus], et reddeur, et froidures fiévreuses et spames,
LANFRANC, f" 40. ||xvie s. Des chevaux.... courants
de toute leur roideur, MONT, I, 368.
— ÉTYM. Roide.
ROIDI (roi-di) ou RAIDI, IE (rè-di, die), part,
passé de roidir ou raidir. Des membres roidis par
ROI 1747
le froid. || Fig. Il [Napoléon] croit que ces hommes
[les boyards de MoscouJ, ou raidis d'orgueil,- ou
paralysés de frayeur, restent immobiles sur leurs
foyers, SÉGOR, Hist. de Nap. vin, 4.
R01DILLON (roirdi-llon) ou RAIDILLON (rè-di-
Uon ; Il mouillées, et non rè-di-yon ; la pronon-
ciation rè-di-llon, est à peu près la seule usitée),
s. m. |[ 1° Petite élévation qui se trouve dans un
chemin. Les chevaux peinent à monter ce raidil-
lon. || Particulièrement, sentier raide et raccourci-
que prennent les piétons, pour éviter les circuits
des grandes routes dans les cô/tes. || 2° Fig. et po-
pulairement. Un homme raide, difficile à manier.
C'est monsieur raidillon.
— ÉTYM. Roidir.
ROIDIR (roi-dir) ou RAIDIR (rè-dir. La pronon-
•ciation rè-dir est aujourd'hui la plus usitée de beau-
coup), v. a. || 1° Tendre ou étendre aveG for^
ce. Roidissez le bras. || Terme de charpenterie.
Raidir un étai, l'amener à une pression propre à
soutenir un mur. || 2° Rendre Mide, incapable de
mouvement. Lorsque la vieillesse me courbera-le
dos et me raidira les jarrets, «ARMONTFL, Mém. n.
Leurs habits mouillés [dans la retraite de Moscou]
se gèlent sur eux; cette enveloppe de glace saisit
leurs corps et raidit tous leurs membres, SÉGUR,
Hist. de Nap. ix, 4 4. ||3° Fig. Rendre ferme, roide.
Ce fut [l'intérêt de Mme de Maintenon et d'Har-
Gourt] ce qui les roidit à soutenir Mme des Ur-
sins, ST-SIM. 4 22, 99. Il [Colomb] avait, comme
tous ceux qui forment des projets extraordinai-
res, cet enthousiasme qui les roidit contre les
jugements de l'ignorance,'RAYNAL, Hist. phil. vi, 3.
|| 4° V. n. Devenir roide. Le linge mouillé roidit par
la gelée. || Fig. Gauche, mal à l'aise, souffrant dès
89 sous les risées de la Constituante, il [Robes-
pierre] avait raidi de haine, et s'était comme dressé
sous l'applaudissement du peuple, MICHELET, Hist.
Révol. ix, 4. || 5° Se roidir, v. réjl. Devenir roide. Le
linge mouillé se roidit par la gelée. Ses bras se
raidissent, la pâleur de la mort couvre son front,
GENLIS, Ad. et Th. t H, p. 60, dans POUGENS. || Se
tenir roide. Faisons comme les enfants et les ivro-
gnes, qui ne se cassent jamais ni jambes ni bras
quand ils tombent, parce qu'ils ne se roidissent
pas pour ne pas tomber, J. J. ROUSS. Corresp. du
Peyrou, t. m, p. 337, dans POUGENS. Pour m'arrê-,
ter je me roidis; Mais le tourbillon me dit : passe,
BËRANG. Juif errant. || Se dit d'un cheval qui, par
fantaisie, refuse d'avancer. || 6° Fig. Tenir ferme, ne
vouloir point se relâcher. L'âme doit se roidir plus
elle est menacée, CORN. Méd. i, 5. Il faut avouer
que la religion a quelque chose d'étonnant ; c'est
parce que vous y êtes né, dira-t-on; tant s'en
faut, je me roidis contre par cette raison-là même,
de peur que cette prévention ne me suborne, PASC.
Pensées, Religion, 18, édit. FAUGÈRE. Mais, ma
chère bonne, il y a des extrémités où l'on romprait
tout, si l'on voulait se raidir contre la nécessité,
SÉV. 46 nov. 4684. Je viens.... vous faire admirer
un homme qui ne se détourna jamais de ses de-
voirs; qui, pour maintenir la raison, se roidit contre
la coutume, FLÉGH. Duc de Montaus. S'il survient un
grand événement, il [le diplomate] se roidit ou il se
relâche selon qu'il lui est utile ou préjudiciable, LA
BRUY. x. Il faut que nous nous raidissions sans
relâche Gontre nous-mêmes, MASS. Carême, Tiéd.
2. Le roi s'était raidi à n'excepter aucun de ceux
qui entraient dans le service, de passer une année
dans une de ses deux compagnies de mousquetai-
res, ST-SIM. I, I 2. Le cardinal Mazarin, qui ne se
raidissait pas contre les difficultés comme Riche-
lieu, VOLT. Hist. pari. LV. |[ Avec ellipse du pro-
nom personnel. Quelle est votre pensée, et quel
bourru transport Contre vos propres voeux vous fait
roidir si fort? MOL. le Dèp. m, 9.
— HIST. xne s. [Il] Roidist la jambe, si s'afiche
as estrez [étriers], Ronc. p. 67. || xine s. [Les fem-
mes] Sanglent estroit leur testes d'un las ou d'un
chapel, Pour leur frons defroncier et pour redir la
pel, Contenance des femmes. || xive s. Le mettez [le
lièvre] harler sur le greil, id est roidir sur bon feu
de charbon; Ménagier, n, 6. ||xve s. Les aucuns
sont mortz et roydiz; D'eulx n'est-il plus rien
maintenant, VILLON, Grand testam. \\ xvie s. Ce n'est
pas assez de luy roidir l'ame, il luy fault aussi roi-
dir Jes muscles, MONT. 1,466. Cettuy cy se peine,
se roidit et se tend, pour.... ID. II, 4 05. Ils accomo-
dent bien la reigle de justice, la faisant ployer à
leur profit, et la raidissant à la ruine d'autrui, LA-
KOUE, 240. Elle le vit, froid et terni, roidir entre
ses bras, YVER, p. 693.
— ÉTYM. Roide; Berry, redzir.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 94.07%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 94.07%.
- Collections numériques similaires Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1"Paris, Sèvres, Saint-Cloud, Versailles, Saint-Germain, Fontainebleau, Saint-Denis, Chantilly : avec la liste des rues de Paris / par Paul Joanne... /ark:/12148/bd6t5774757r.highres La comédie à la cour : les théâtres de société royale pendant le siècle dernier, la duchesse du Maine et les grandes nuits de Sceaux, Mme de Pompadour et le théâtre des petits cabinets, le théâtre de Marie-Antoinette à Trianon / Adolphe Jullien /ark:/12148/bd6t5773930r.highres
- Auteurs similaires Littré Émile Littré Émile /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Littré Émile" or dc.contributor adj "Littré Émile")Histoire littéraire de la France. T. XXVI-XXVIII, quatorzième siècle et suite. Tome 27 / ouvrage commencé par des religieux bénédictins de la Congrégation de Saint Maur et continué par des membres de l'Institut (Académie des Inscriptions et Belles lettres) /ark:/12148/bd6t57813555.highres Application de la philosophie positive au gouvernement des sociétés et en particulier à la crise actuelle / par É. Littré,... /ark:/12148/bpt6k30562987.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 358/1242
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k54066991/f358.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k54066991/f358.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k54066991/f358.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k54066991/f358.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k54066991
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k54066991
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k54066991/f358.image × Aide