1726
RIE
mode, plus faits pour les sages que pour le parterre,
D ALEMB. Éloges, la Chaussée.
— REM. Au xvn« siècle, .Marg. Buffet, Observ.
p, 49, recommande de ne pas dire rédicule, rédicu-
lement, c'est une faute qui se fait encore.
— SYN RIDICULE, RJSIBLE. Ridicule, qui excite la
risée, risible, qui est propre à exciter le rire. On rit de
ce qui est risible ; on se rit de ce qui est ridicule.
Risible se prend en bonne et en mauvaise part; ri-
dicule ne se prend qu'en mauvaise part. Risible pris
en mauvaise part dit beaucoup moins que ridicule.
— HIST. xvr s. Et feut. ridicule l'humeur de Poly-
crates, tyran de Samos, lequel, pour interrompre le
cours de son continuel bonheur... alla jecter en lamer
le plus cher et précieux joyau qu'il eut, MONT, II, 258.
— ÉTYM. Lat. ridiculus, de ridere, rire.
f2. RIDlCULE(ri-di-ku-l'), s. ro.Voy. BÉTICOLE, n° 2.
RIDICULEMENT (ri-di-ku-le-man), adv. D'une
manière.ridicule. Croire ridiculement aux démons,
tandis qu'ils se font un honneur de ne pas croire en
Dieu, MASS. Carême, Doutes. Tout se fait bien ridi-
culement dans votre pays velche, VOLT. Lett. d'Ar-
gental, 27 sept. 1769.
— ÉTYM. Ridicule, et le suffixe ment.
RIDICULISÉ, ÉE (ri-di-ku-li-zé, zée), part.
passé de ridiculiser.
RIDICULISER (ri-di-ku-li-zé), v. a. || i" Tourner
en ridicule. Je ne puis croire que l'auteur des Dou-
tes avait voulu rendre ridicule M. Ménage, ou, pour
me servir de son mot, le ridiculiser, dit M. Bou-
hours; ridiculiser est un mot très-usité parmi nous
dans le discours et dans le style familier, MÉNAGE,
Observ. 2e part. p. 260. vous qui n'aimez pas les
portraits, j'ai compris que vous seriez la première
à me ridiculiser, SÉV. 343. Ridiculiser dans
M. Jourdain cette prétention, si commune à la ri-
chesse roturière, de rivaliser avec la noblesse, LA-
HARPE, Cours de lin. t. vm, p. 262. || 2° Se ridicu-
liser, v. rcfl. Se rendre ridicule. Vous ne sauriez
l'épuiser, il sait toutes les manières de se ridiculi-
ser, COTIN, dans MCIIELKT. Ce serait se ' ridiculiser
que d'agir autrement, MARIV. Pays. pare. 6° part.
— ÉTYM. Ridicule.
tRipiÇULISSIME(ri-di-ku-li-ssi-rn'), aàj. Terme
familier..Très-ridicule. Ils [les évêques] ont eu l'hu-
milité de changer en monseigneur le titre de révé-
rendissime père en Dieu, qu'ils avaient porté douze
cents ans; pour Jean-George [évêque du Pu y], iln'est
assurément que ridiculissime, VOLT, dans LAVEAUX.
— ÉTYM. Lat. Hdiculissimus, superl. de ridicu-
lus, ridicule.
RID1CULITÉ (ri-di-ku-li-té), s. f. || 1° Qualité de
ce qui est ridicule. Elle [Mlle duPlessis] a les meil-
leurs sentiments du monde ; j'admire que cela
puisse être gâté par l'impertinence de son esprit et
la ridiculité de ses manières, SÉV. 4 3 oct. 4 675.
Vous jugez très-juste du moi des Essais de morale;
il est vrai qu'il y a, comme disait le vieux Chape-
lain, teinture de ridiculité dans cette expression,
m. 30 juin, <676. || 2° Action ou parole ridicule.
J'abuserais de votre patience, si je rapportais toutes
les ridiculités dont ce chapitre est rempli, FRÉRON,
Armée liit. 4 760, t. 1, p. 86.
— ÉTYM. Ridicule.
t RIDOIR (ri-doir), s. m. Terme de marine. Ma-
chine pour rider.
— ÉTYM. Rider 2.
t RIDOTTE (ri-do-f), s. m. Synonyme inusité de
redoute. Il y a quelques mois que je le trouvai au
ridotte, DUCLOS, OEUV. t. vm, p. 39.
— ÉTYM. Ital. ridolto. Voy. REDOUTE n° 3.
RIÈBLE (riè-bl'), s. m. Le gaillet accrochant
(rubiacées).
— HIST. xvi" s. Rieble, COTGRAVE.
— ÉTYM. Origine inconnue.
RIEN (riin), s. m. indéterminé. || 1° Quelque
chose.|| 2° Avec lanégationne,nulle chose.|| 3°N'être
rien. N'être de rien. || 4° De rien, avec ne, nulle-
ment. H 5° Ne rien faire. N'avoir rien. Ne rien dire.
Il 6" Cela. ne fait rien. || 7° Ne faire semblant de
rien. || 8° Ne compter pour rien. || 9° Il n'en est
rien, il 10" Ne savoir rien de rien. || 11° Rien se dit
quelquefois des personnes. || 12° Ne.... rien que,
uniquement, seulement. || 13° Ne..., rien moins que.
Ne.... rien de moins. || 14" Rien suivi d'un adjectif,
dont il est séparé par de. || 15" Rien sans la négative
se disant pour nulle chose. !l 16° De rien, après un
substantif, marque la petitesse, le peu de valeur.
Il «.7° Rien que cela. || 18° Il signifie quelquefois par
exagération, peu de chose. Si peu que rien. || 19° Rien
peut être représenté par le pronom il. || 20° S. m.
déterminé. Néant, nullité. || 21° Peu de chose.
!| 22° Au plur. Bagatelles, choses de peu d'impor-
RIE
tance. || 23° Rien pris adverbialement. || 24° En rien,
nullement. || 25° En moins de rien. (| 26° Comme si
île rien n'était.
1° Quelque chose (sens étymologique, sens propre,
qui.a été longtemps le sens essentiel et qui est
encore conservé). En tous les bienfaits d'importance,
la preuve ne peut avoir de lieu; car il n'y a bien sou-
vent que deux qui en sachent rien, MALH. Je Traité
des bienf. de Sénèque, m, 4 0. Et si rien à présent
peut troubler son bonheur, C'est de te voir pour lui
répandre tant de larmes, RACAN, Stances, Conseils
à M. de Bellegarde. Je vous envoie des vers que je
fis il y a trois ans.... faites-moi l'honneur, s'il vous
plaît, de me mander si c'est rien qui vaille, VOIT.
Lett. 498. Cependantplus j'y songe, et plus je m'exa-
mine, Moins je trouve, seigneur, à me reprocher
rien, coss:Agésil. m, 4. Son nom fait tout pour lui
sans qu'il en sache rien, ID. Sertor. i, 4. Je croirais
vous trahir.... Si je vous cachais rien des justes sen-
timents.... ID. Agés, v, 4. Tu n'as pas sujet de rien
appréhender, MOL. l'Ét. v, 7 Contre la coutume
de France, qui ne veut pas qu'un gentilhomme sa-
che rien faire, ID. Sicil. 4 0. Pourquoi consentiez-
vous à rien prendre de lui? ID. Tart. v, 7. Allez
demander aux médecins s'il y a rien de plus préju-
diciable à l'homme que de manger avec excès, ID.
VAv. m, 6. 11 faut que Mme la maréchale ait re-
noncé à louer jamais rien, puisqu'elle ne loue pas
cette pièce, SÉV. BI 9. S. Dieu ne plaise que je dimi-
nue rien par mon discours d'un mérite aussi rare
que celui-là I BOURD. Orais fun. de Condé, 4. \\ C'est
en vertu de cette signification que l'on construit
quelquefois ne.... pas, avec rien. On ne veut pas
rien faire ici qui vous déplaise, BAC. Plaid, il. 6.
Il Autrement on ne construit pas ne.... pas, avec
rien ; construction qui est blâmée dans ces vers do
Molière. Martine : Et tous vos biaux dictons ne ser-
vent pas de rien. — Bélise : De pas mis.avec rien
tu fais la récidive, Et c'est, comme on t'a dit, trop
d'une négative, Fem. sav. 11, 6. || 2° Avec la parti-
cule négative ne, rien signifie nulle chose. Ne crois
rien précieux, ne crois rien admirable, Rien noble,
rien enfin dans la solidité, Que ce qui doit aller jus-
qu'à l'éternité, CORN. Imil. m, 4. Voulez-vous que
moi, chien, qui n'ai rien à la chose, Sans aucun in-
térêt je perde le repos? LA FONT. Fabl. xi, 3. Il y a
cinq ou six petits mots qui ne valent rien du tout,
et qui sont d'un homme qui ne sait pas le monde,
SÉV. 89. Un homme [Cromwell] ....qui ne laissait
rien à la fortune de ce qu'il pouvait lui ôter par
conseil et par prévoyance, ROSS. Reine d'Anglet. Non,
mes frères, les Philistins défaits et les ours même
déchirés de ses mains [de David] ne sont rien en
comparaison de sa grandeur qu'il a domptée, ID.
Mar.-Thér. Tout à coup on voit arriver le moment
fatal où la terre n'a plus rien pour elle [la reine] que
des pleurs, ID. ib Je dois vous représenter aujour-
d'hui un magistrat qui n.'a rien ignoré, ni rien né-
gligé dans son ministère, FLÉCH. Lamoignon. Re-
mords, crainte, périls, rien ne m'a retenue, BAC.
Bril. iv, 2. 11 ne faut rien pour gâter les plaisirs :
ce sont des lits de roses, où il est bien difficile que
toutes les feuilles se tiennent étendues, et qu'au-
cune ne se plie, FONTEN. Dial. 2, J/orts anc. La
mesure de bonheur qui nous a été donnée est assez
petite, il n'en faut rien perdre, ip. ilond. 4* soir.
Rien n'est si beau à voir que l'Egypte dans deux
saisons de l'année, ROLLIN, Hist. anc. OEuv. t. I,
p. 44, dans POUGENS. N'ayant rien fait pour nous,
il n'a rien mérité, VOLT. JfeV. 1, 3. L'axiome : Rien
ne vient de rien, a été le fondement de toute philo-
sophie, ID. Dict. phil. Génération. Dumarsais, di-
sait un riche avare, est un fort honnête homme; il
y a quarante ans qu'il est mon ami, il est pauvre,
et il ne m'a jamais rien demandé, D'ALEMB. Éloges,
Dumarsais. || Que rien plus, ellipse pour : que rien
ne l'est plus. Ils soutiennent qu'un tel repentir [sin-
cère, à l'article de la mort] est si rare que rien
plus, Anal, de Bayle, t. m, p. 282. [| Cela ne ressem-
ble à rien, se dit d'une chose inconvenante, mal
faite. Vous avez bien raison de dire que dans ce
siècle il y a des choses qui ne ressemblent à rien, et
beaucoup de riens qu'on voudrait faire ressembler à
des choses, VOLT. Lett. de VÉlect. palatin à Vott.
23 oct. 4 758. || Fig. On ne fait rien de rien, on ne
saurait réussir en quoi que ce soit, si on n'a quel-
ques moyens, quelques ressources pour y parvenir.
Il Cette affaire ne tient à rien, presque rien n'empê-
che qu'elle ne se fasse. || Il ne tint à rien qu'il ne fît
telle chose, il ne s'en fallut presque rien qu'il ne
la fît. || C'est un homme qui ne met rien contre lui,
c'est un homme très-circonspect dans ses actes ou
dans ses discours. || 3° N'être rien, n'occuper aucun
RIE
emploi, aucune position. Il comptait pour.beaucoup
cet avantage si peu recherché de n'être rien, FONTEN.
Reyneau. Vous épousez une personne qui n'est rien,
et qui n'a rien, MARIV. Jfartanne, part. 8. Je vois
s'accomplir cette prédiction que me fit autrefois mon
père : tu ne seras jamais rien, p. L. COUR. Lett. à
l'Acad. des inscriptions. || N'être rien, n'être d'au-
cun prix, d'aucune valeur, d'aucun intérêt, n'être
compté pour rien. Un simple soldat qu'on empor-
tait fort blessé, comme on le plaignait en le. voyant
tout couvert de sang : ce n'est rien, dit-il, le régi-
ment a fait son devoir, PELLISSON, Lett. hist. t. 1,
p. 330. Je ne suis pas de ceux qui disent : ce n'est
rien, C'est une femme qui se noie, LA FONT. Fabl.
ni, 40. Le concile d'Êphèse ne leur est plus rien [aux
calvinistes], BOSS. 4 " Avert. 4 s. Les maux d'autrui
ne sont rien à nos yeux, MASS. avent, Affiict. Mes
bons amis, et bien boiro et bien rire N'est rien en-
cor sans les amours, BÉRANG. Meschev. Il Cethomme
ne m'est rien, n'est pas mon parent. 11 [un pauvre
diable] descend de Pierre Corneille, en droite ligne, et
Mlle Corneille, à la rigueur, n'est rien à Pierre Cor-
neille, VOLT. Lett. d'Argetital, 9 mars 4763. || N'être
de rien à quelqu'un, no l'intéresser en aucune fa-
çon. Le beau temps ne vous est de rien, vous y êtes
trop accoutumée, SÉV. 40 nov. 4075. [X vous calvi-
nistes, qui pactisez avec les luthériens] on voit bien
que la sainte table no vous est de rien, BOSS. 2* avert.
23. Sans compter que nous ne vous sommes de rien,
ni vous de rien à nou3, MARIV. Marianne, part. 3.
Cette affaire [de Sirven] agite toute mon âme : les
tragédies, les comédies ne me sont plus de rien,
VOLT. Lett. d'Argenlal, 40 févr. 4766. || N'être de
rien, n'appartenir à rien. Les morts ne sont plus de
rien, ils n'ont plus do part à la société humaine,
BOSS. Panég. St Franc, de Paule, 4. ||4° De rien
avec ne, nullement. Elle ne peut de rien profiter
ni aussi de rien nuire, DESC. Diopt. 9. Il ne sera
pas dit que je ne serve de rien dans cette affaire-là,
MOL. Sicil. 40. Mon indulgence ne servirait de rien,
il faut qu'elle [la demande en grâce] soit signée de
trois autres de mes confrères, VOLT. Zadig, 43.
Il De rien, se dit absolument et populairement,
pour : ce n'en vaut pas la peine. Je vous remercie
du coup de main que vous m'avez donné.—De rion.
Il 5° Ne rien faire, demeurer dans l'oisiveté, le re-
pos. Quant à son temps, bien le sut-dispenser : Deux
parts en fit, dont il soûlait passer L'une à dormir
et l'autre à ne rien faire, LA FONT. Épitaphe. || Avec
ellipse de ne. Passer.... La nuit à bien dormir et
le jour à rien faire, BOIL. Sat. n. L'homme.... Et
formé pour agir se plaisait à rien faire, VOLT. Disc.
6. Il Ne rien faire, n'avoir aucun emploi. || Il ne
fait plus rien, il n'a plus d'emploi. || N'avoir rien,
être sans fortune. Vous n'avez rien ; vous trouvez
un établissement le plus avantageux et le plus'bril-
lant, GENLIS, Thédt d'éduc. Bonne mère, u, B.||Ne
rien dire, garder le silence, se taire. || Ne rien dire
signifie aussi dire des choses qui no sont que du
bavardage. Celle qui toujours parle et no dit jamais
rien, BOIL. Sat. x. || Ne parler de rion, garder le si-
lence sur un objet qu'on a sur le ccour, ou qui
préoccupe, ou qui importe. Mme de S*** nome parla
de rien ; mais elle me reçut avec une froideur qui
me fit assez connaître son juste ressentiment, GEN-
LIS, Mères riv. t. 11, p. 4 44, dans POUGENS. || Fig.
Ne rien dire, avec un nom de chose pour sujet, ne
pas agréer, ne pas intéresser. Cela no me dit rien.
Il 6° Familièrement. Cela ne fait rien, est de peu
d'importance. Cela ne me fait rien. Deux ou trois
pages qui ne font rien à la question, BOSS. 3e Avert.
31. Il On dit dans le même sens : cela me fait moins
que rien. || 7° Ne faire semblant de rien, se com-
porter comme si on ignorait, comme si on ne s'inté-
ressait pas à. Ne faites pas semblant de rien, et me
laissez faire tous deux, MOL. G. Dand. 11, 40. || Avec
ellipse de ne. Pour moi je vais faire semblaut de rien,
MOL. G. Dand. 1, 2. || 8° Ne compter pour rien, n'avoir
aucun égard à, ne faire aucun cas de. Vous ne comp-
tez pour rien les pleurs de Bérénice, BAC. Bér. iv, 6.
Tout le reste de la terre n'est compté pour rien, MASS.
Carême, Enfant prod. || Ayec ellipse de ne. X ces
mauvaises dispositions introduites dans les esprits par
la réforme, ajoutons l'autorité de l'Église méprisée,
la succession des pasteurs comptée pour rien, BOSS.
Far. xv. Il compte même pour rien la réputation,
FÉN. Tél. xi. Et comptez-vous pour rien Dieu qui
combat pour nous? RAC. Athal. 1, 4. || On dit aussi:
ne compter à rien, ne compter rien. Je ne vous
compte à rien le nom de mon époux, CORN. Poly.
iv, 3. Moi qui ne compte rien ni le vin ni la chère.
Si l'on n'est plus au large assis en un festin Qu'aux
sermons de Cassagne ou de l'abbé Cotin, BOIL. Sat.
RIE
mode, plus faits pour les sages que pour le parterre,
D ALEMB. Éloges, la Chaussée.
— REM. Au xvn« siècle, .Marg. Buffet, Observ.
p, 49, recommande de ne pas dire rédicule, rédicu-
lement, c'est une faute qui se fait encore.
— SYN RIDICULE, RJSIBLE. Ridicule, qui excite la
risée, risible, qui est propre à exciter le rire. On rit de
ce qui est risible ; on se rit de ce qui est ridicule.
Risible se prend en bonne et en mauvaise part; ri-
dicule ne se prend qu'en mauvaise part. Risible pris
en mauvaise part dit beaucoup moins que ridicule.
— HIST. xvr s. Et feut. ridicule l'humeur de Poly-
crates, tyran de Samos, lequel, pour interrompre le
cours de son continuel bonheur... alla jecter en lamer
le plus cher et précieux joyau qu'il eut, MONT, II, 258.
— ÉTYM. Lat. ridiculus, de ridere, rire.
f2. RIDlCULE(ri-di-ku-l'), s. ro.Voy. BÉTICOLE, n° 2.
RIDICULEMENT (ri-di-ku-le-man), adv. D'une
manière.ridicule. Croire ridiculement aux démons,
tandis qu'ils se font un honneur de ne pas croire en
Dieu, MASS. Carême, Doutes. Tout se fait bien ridi-
culement dans votre pays velche, VOLT. Lett. d'Ar-
gental, 27 sept. 1769.
— ÉTYM. Ridicule, et le suffixe ment.
RIDICULISÉ, ÉE (ri-di-ku-li-zé, zée), part.
passé de ridiculiser.
RIDICULISER (ri-di-ku-li-zé), v. a. || i" Tourner
en ridicule. Je ne puis croire que l'auteur des Dou-
tes avait voulu rendre ridicule M. Ménage, ou, pour
me servir de son mot, le ridiculiser, dit M. Bou-
hours; ridiculiser est un mot très-usité parmi nous
dans le discours et dans le style familier, MÉNAGE,
Observ. 2e part. p. 260. vous qui n'aimez pas les
portraits, j'ai compris que vous seriez la première
à me ridiculiser, SÉV. 343. Ridiculiser dans
M. Jourdain cette prétention, si commune à la ri-
chesse roturière, de rivaliser avec la noblesse, LA-
HARPE, Cours de lin. t. vm, p. 262. || 2° Se ridicu-
liser, v. rcfl. Se rendre ridicule. Vous ne sauriez
l'épuiser, il sait toutes les manières de se ridiculi-
ser, COTIN, dans MCIIELKT. Ce serait se ' ridiculiser
que d'agir autrement, MARIV. Pays. pare. 6° part.
— ÉTYM. Ridicule.
tRipiÇULISSIME(ri-di-ku-li-ssi-rn'), aàj. Terme
familier..Très-ridicule. Ils [les évêques] ont eu l'hu-
milité de changer en monseigneur le titre de révé-
rendissime père en Dieu, qu'ils avaient porté douze
cents ans; pour Jean-George [évêque du Pu y], iln'est
assurément que ridiculissime, VOLT, dans LAVEAUX.
— ÉTYM. Lat. Hdiculissimus, superl. de ridicu-
lus, ridicule.
RID1CULITÉ (ri-di-ku-li-té), s. f. || 1° Qualité de
ce qui est ridicule. Elle [Mlle duPlessis] a les meil-
leurs sentiments du monde ; j'admire que cela
puisse être gâté par l'impertinence de son esprit et
la ridiculité de ses manières, SÉV. 4 3 oct. 4 675.
Vous jugez très-juste du moi des Essais de morale;
il est vrai qu'il y a, comme disait le vieux Chape-
lain, teinture de ridiculité dans cette expression,
m. 30 juin, <676. || 2° Action ou parole ridicule.
J'abuserais de votre patience, si je rapportais toutes
les ridiculités dont ce chapitre est rempli, FRÉRON,
Armée liit. 4 760, t. 1, p. 86.
— ÉTYM. Ridicule.
t RIDOIR (ri-doir), s. m. Terme de marine. Ma-
chine pour rider.
— ÉTYM. Rider 2.
t RIDOTTE (ri-do-f), s. m. Synonyme inusité de
redoute. Il y a quelques mois que je le trouvai au
ridotte, DUCLOS, OEUV. t. vm, p. 39.
— ÉTYM. Ital. ridolto. Voy. REDOUTE n° 3.
RIÈBLE (riè-bl'), s. m. Le gaillet accrochant
(rubiacées).
— HIST. xvi" s. Rieble, COTGRAVE.
— ÉTYM. Origine inconnue.
RIEN (riin), s. m. indéterminé. || 1° Quelque
chose.|| 2° Avec lanégationne,nulle chose.|| 3°N'être
rien. N'être de rien. || 4° De rien, avec ne, nulle-
ment. H 5° Ne rien faire. N'avoir rien. Ne rien dire.
Il 6" Cela. ne fait rien. || 7° Ne faire semblant de
rien. || 8° Ne compter pour rien. || 9° Il n'en est
rien, il 10" Ne savoir rien de rien. || 11° Rien se dit
quelquefois des personnes. || 12° Ne.... rien que,
uniquement, seulement. || 13° Ne..., rien moins que.
Ne.... rien de moins. || 14" Rien suivi d'un adjectif,
dont il est séparé par de. || 15" Rien sans la négative
se disant pour nulle chose. !l 16° De rien, après un
substantif, marque la petitesse, le peu de valeur.
Il «.7° Rien que cela. || 18° Il signifie quelquefois par
exagération, peu de chose. Si peu que rien. || 19° Rien
peut être représenté par le pronom il. || 20° S. m.
déterminé. Néant, nullité. || 21° Peu de chose.
!| 22° Au plur. Bagatelles, choses de peu d'impor-
RIE
tance. || 23° Rien pris adverbialement. || 24° En rien,
nullement. || 25° En moins de rien. (| 26° Comme si
île rien n'était.
1° Quelque chose (sens étymologique, sens propre,
qui.a été longtemps le sens essentiel et qui est
encore conservé). En tous les bienfaits d'importance,
la preuve ne peut avoir de lieu; car il n'y a bien sou-
vent que deux qui en sachent rien, MALH. Je Traité
des bienf. de Sénèque, m, 4 0. Et si rien à présent
peut troubler son bonheur, C'est de te voir pour lui
répandre tant de larmes, RACAN, Stances, Conseils
à M. de Bellegarde. Je vous envoie des vers que je
fis il y a trois ans.... faites-moi l'honneur, s'il vous
plaît, de me mander si c'est rien qui vaille, VOIT.
Lett. 498. Cependantplus j'y songe, et plus je m'exa-
mine, Moins je trouve, seigneur, à me reprocher
rien, coss:Agésil. m, 4. Son nom fait tout pour lui
sans qu'il en sache rien, ID. Sertor. i, 4. Je croirais
vous trahir.... Si je vous cachais rien des justes sen-
timents.... ID. Agés, v, 4. Tu n'as pas sujet de rien
appréhender, MOL. l'Ét. v, 7 Contre la coutume
de France, qui ne veut pas qu'un gentilhomme sa-
che rien faire, ID. Sicil. 4 0. Pourquoi consentiez-
vous à rien prendre de lui? ID. Tart. v, 7. Allez
demander aux médecins s'il y a rien de plus préju-
diciable à l'homme que de manger avec excès, ID.
VAv. m, 6. 11 faut que Mme la maréchale ait re-
noncé à louer jamais rien, puisqu'elle ne loue pas
cette pièce, SÉV. BI 9. S. Dieu ne plaise que je dimi-
nue rien par mon discours d'un mérite aussi rare
que celui-là I BOURD. Orais fun. de Condé, 4. \\ C'est
en vertu de cette signification que l'on construit
quelquefois ne.... pas, avec rien. On ne veut pas
rien faire ici qui vous déplaise, BAC. Plaid, il. 6.
Il Autrement on ne construit pas ne.... pas, avec
rien ; construction qui est blâmée dans ces vers do
Molière. Martine : Et tous vos biaux dictons ne ser-
vent pas de rien. — Bélise : De pas mis.avec rien
tu fais la récidive, Et c'est, comme on t'a dit, trop
d'une négative, Fem. sav. 11, 6. || 2° Avec la parti-
cule négative ne, rien signifie nulle chose. Ne crois
rien précieux, ne crois rien admirable, Rien noble,
rien enfin dans la solidité, Que ce qui doit aller jus-
qu'à l'éternité, CORN. Imil. m, 4. Voulez-vous que
moi, chien, qui n'ai rien à la chose, Sans aucun in-
térêt je perde le repos? LA FONT. Fabl. xi, 3. Il y a
cinq ou six petits mots qui ne valent rien du tout,
et qui sont d'un homme qui ne sait pas le monde,
SÉV. 89. Un homme [Cromwell] ....qui ne laissait
rien à la fortune de ce qu'il pouvait lui ôter par
conseil et par prévoyance, ROSS. Reine d'Anglet. Non,
mes frères, les Philistins défaits et les ours même
déchirés de ses mains [de David] ne sont rien en
comparaison de sa grandeur qu'il a domptée, ID.
Mar.-Thér. Tout à coup on voit arriver le moment
fatal où la terre n'a plus rien pour elle [la reine] que
des pleurs, ID. ib Je dois vous représenter aujour-
d'hui un magistrat qui n.'a rien ignoré, ni rien né-
gligé dans son ministère, FLÉCH. Lamoignon. Re-
mords, crainte, périls, rien ne m'a retenue, BAC.
Bril. iv, 2. 11 ne faut rien pour gâter les plaisirs :
ce sont des lits de roses, où il est bien difficile que
toutes les feuilles se tiennent étendues, et qu'au-
cune ne se plie, FONTEN. Dial. 2, J/orts anc. La
mesure de bonheur qui nous a été donnée est assez
petite, il n'en faut rien perdre, ip. ilond. 4* soir.
Rien n'est si beau à voir que l'Egypte dans deux
saisons de l'année, ROLLIN, Hist. anc. OEuv. t. I,
p. 44, dans POUGENS. N'ayant rien fait pour nous,
il n'a rien mérité, VOLT. JfeV. 1, 3. L'axiome : Rien
ne vient de rien, a été le fondement de toute philo-
sophie, ID. Dict. phil. Génération. Dumarsais, di-
sait un riche avare, est un fort honnête homme; il
y a quarante ans qu'il est mon ami, il est pauvre,
et il ne m'a jamais rien demandé, D'ALEMB. Éloges,
Dumarsais. || Que rien plus, ellipse pour : que rien
ne l'est plus. Ils soutiennent qu'un tel repentir [sin-
cère, à l'article de la mort] est si rare que rien
plus, Anal, de Bayle, t. m, p. 282. [| Cela ne ressem-
ble à rien, se dit d'une chose inconvenante, mal
faite. Vous avez bien raison de dire que dans ce
siècle il y a des choses qui ne ressemblent à rien, et
beaucoup de riens qu'on voudrait faire ressembler à
des choses, VOLT. Lett. de VÉlect. palatin à Vott.
23 oct. 4 758. || Fig. On ne fait rien de rien, on ne
saurait réussir en quoi que ce soit, si on n'a quel-
ques moyens, quelques ressources pour y parvenir.
Il Cette affaire ne tient à rien, presque rien n'empê-
che qu'elle ne se fasse. || Il ne tint à rien qu'il ne fît
telle chose, il ne s'en fallut presque rien qu'il ne
la fît. || C'est un homme qui ne met rien contre lui,
c'est un homme très-circonspect dans ses actes ou
dans ses discours. || 3° N'être rien, n'occuper aucun
RIE
emploi, aucune position. Il comptait pour.beaucoup
cet avantage si peu recherché de n'être rien, FONTEN.
Reyneau. Vous épousez une personne qui n'est rien,
et qui n'a rien, MARIV. Jfartanne, part. 8. Je vois
s'accomplir cette prédiction que me fit autrefois mon
père : tu ne seras jamais rien, p. L. COUR. Lett. à
l'Acad. des inscriptions. || N'être rien, n'être d'au-
cun prix, d'aucune valeur, d'aucun intérêt, n'être
compté pour rien. Un simple soldat qu'on empor-
tait fort blessé, comme on le plaignait en le. voyant
tout couvert de sang : ce n'est rien, dit-il, le régi-
ment a fait son devoir, PELLISSON, Lett. hist. t. 1,
p. 330. Je ne suis pas de ceux qui disent : ce n'est
rien, C'est une femme qui se noie, LA FONT. Fabl.
ni, 40. Le concile d'Êphèse ne leur est plus rien [aux
calvinistes], BOSS. 4 " Avert. 4 s. Les maux d'autrui
ne sont rien à nos yeux, MASS. avent, Affiict. Mes
bons amis, et bien boiro et bien rire N'est rien en-
cor sans les amours, BÉRANG. Meschev. Il Cethomme
ne m'est rien, n'est pas mon parent. 11 [un pauvre
diable] descend de Pierre Corneille, en droite ligne, et
Mlle Corneille, à la rigueur, n'est rien à Pierre Cor-
neille, VOLT. Lett. d'Argetital, 9 mars 4763. || N'être
de rien à quelqu'un, no l'intéresser en aucune fa-
çon. Le beau temps ne vous est de rien, vous y êtes
trop accoutumée, SÉV. 40 nov. 4075. [X vous calvi-
nistes, qui pactisez avec les luthériens] on voit bien
que la sainte table no vous est de rien, BOSS. 2* avert.
23. Sans compter que nous ne vous sommes de rien,
ni vous de rien à nou3, MARIV. Marianne, part. 3.
Cette affaire [de Sirven] agite toute mon âme : les
tragédies, les comédies ne me sont plus de rien,
VOLT. Lett. d'Argenlal, 40 févr. 4766. || N'être de
rien, n'appartenir à rien. Les morts ne sont plus de
rien, ils n'ont plus do part à la société humaine,
BOSS. Panég. St Franc, de Paule, 4. ||4° De rien
avec ne, nullement. Elle ne peut de rien profiter
ni aussi de rien nuire, DESC. Diopt. 9. Il ne sera
pas dit que je ne serve de rien dans cette affaire-là,
MOL. Sicil. 40. Mon indulgence ne servirait de rien,
il faut qu'elle [la demande en grâce] soit signée de
trois autres de mes confrères, VOLT. Zadig, 43.
Il De rien, se dit absolument et populairement,
pour : ce n'en vaut pas la peine. Je vous remercie
du coup de main que vous m'avez donné.—De rion.
Il 5° Ne rien faire, demeurer dans l'oisiveté, le re-
pos. Quant à son temps, bien le sut-dispenser : Deux
parts en fit, dont il soûlait passer L'une à dormir
et l'autre à ne rien faire, LA FONT. Épitaphe. || Avec
ellipse de ne. Passer.... La nuit à bien dormir et
le jour à rien faire, BOIL. Sat. n. L'homme.... Et
formé pour agir se plaisait à rien faire, VOLT. Disc.
6. Il Ne rien faire, n'avoir aucun emploi. || Il ne
fait plus rien, il n'a plus d'emploi. || N'avoir rien,
être sans fortune. Vous n'avez rien ; vous trouvez
un établissement le plus avantageux et le plus'bril-
lant, GENLIS, Thédt d'éduc. Bonne mère, u, B.||Ne
rien dire, garder le silence, se taire. || Ne rien dire
signifie aussi dire des choses qui no sont que du
bavardage. Celle qui toujours parle et no dit jamais
rien, BOIL. Sat. x. || Ne parler de rion, garder le si-
lence sur un objet qu'on a sur le ccour, ou qui
préoccupe, ou qui importe. Mme de S*** nome parla
de rien ; mais elle me reçut avec une froideur qui
me fit assez connaître son juste ressentiment, GEN-
LIS, Mères riv. t. 11, p. 4 44, dans POUGENS. || Fig.
Ne rien dire, avec un nom de chose pour sujet, ne
pas agréer, ne pas intéresser. Cela no me dit rien.
Il 6° Familièrement. Cela ne fait rien, est de peu
d'importance. Cela ne me fait rien. Deux ou trois
pages qui ne font rien à la question, BOSS. 3e Avert.
31. Il On dit dans le même sens : cela me fait moins
que rien. || 7° Ne faire semblant de rien, se com-
porter comme si on ignorait, comme si on ne s'inté-
ressait pas à. Ne faites pas semblant de rien, et me
laissez faire tous deux, MOL. G. Dand. 11, 40. || Avec
ellipse de ne. Pour moi je vais faire semblaut de rien,
MOL. G. Dand. 1, 2. || 8° Ne compter pour rien, n'avoir
aucun égard à, ne faire aucun cas de. Vous ne comp-
tez pour rien les pleurs de Bérénice, BAC. Bér. iv, 6.
Tout le reste de la terre n'est compté pour rien, MASS.
Carême, Enfant prod. || Ayec ellipse de ne. X ces
mauvaises dispositions introduites dans les esprits par
la réforme, ajoutons l'autorité de l'Église méprisée,
la succession des pasteurs comptée pour rien, BOSS.
Far. xv. Il compte même pour rien la réputation,
FÉN. Tél. xi. Et comptez-vous pour rien Dieu qui
combat pour nous? RAC. Athal. 1, 4. || On dit aussi:
ne compter à rien, ne compter rien. Je ne vous
compte à rien le nom de mon époux, CORN. Poly.
iv, 3. Moi qui ne compte rien ni le vin ni la chère.
Si l'on n'est plus au large assis en un festin Qu'aux
sermons de Cassagne ou de l'abbé Cotin, BOIL. Sat.
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