REN
REN
REN
160?
renard des mûres, elles sont trop vertes, même sens.
|| Il faut coudre la peau du renard à celle du lion,
voy. LION, n° 4.
— HIST. xne s. Tousjours [il] ama le roi sans
branche de renart (voy. à l'étymologie), Sax xix.
|| xme s. Feme set moult de renart, Deux cordes a
BU son are, llss. de poés. franc, avant 4300, t. il,
p. "23. Esploité en avon corn félon et renart,
Berle, xxn. Qu'el cuide qu'il soit uns lobieres
[trompeur], Un regnarz, un enfantosmieres, ta
Rose, 7796. Je devant diz Robers reconnois que
li prevos de Rumigni puist prendre en ce bois
lièvre ou connin, lou, renart et taison,. DU CANGE,
tesura. || xiv* s. Comme il advient au regnart que
son poil cbiet une fois l'an, aussi est appelé le choir
des cheveux allopice, LANFRANC, f° 38, verso.
|| xvi° s. Ce sont renards, qui sous simples ha-
bits Vont dévorant les plus tendres brebis, MAROT,
I, 34 4. lors, pour se oster la haine de cette affaire,
le renard envoya Pompée Collonne avec mine de
mener secours, D'AUB. ffisf. i, 242. Le marché es-
tant fait, à.la charge que Pui-Gaillard (qui seul
sentoit cet affaire au renart) s'obligeroit à garentir
les sommes promises, ID. ib. Il, 139. Renard qui dort
la matinée N'ha pas la langue emplumée, H. EST.
Prêeell. 4 93. Quant je pense à votre médecine, il n'y
a si bon coeur qui ne tire au renard [qui n'ait envie
de vomir], Contes de Cholières, f°62, dans LACDRNE.
[Gargantua] escorchoit le regnard, RAB. I, 44.
— ÉTYM.vWallon, rind. Le nom vrai du renard
dans l'ancien français est goulpil, gorpil, golpille,
venant de vulpeculus ou vulpecula, diminutif du
lat. vulpes, renard. Mais il y eut dans le haut
moyen âge une épopée très-célèbre, où les animaux
tiennent la place des hommes ; chacun y a son nom :
le lion se nomme Noble, le chat Tibert, l'ours
Brun, le moineau Drouinaus, le coq Chante-clair, et
le goulpil Jîenori. Cette composition, qui ne provient
pas d'un seul auteur et qui a diverses, branches
(d'où, figurément, sans branche de renard, sans
fraude, sans trahison), devint tellement populaire
dès le XIIe siècle, que renart commença à se sub-
stituer dans le langage commun à goulpil et a fini
par le supplanter entièrement. Renart ou renard,
provenç. raynart, anc. catal. ranarl, est un nom
propre, le même que Renaut et Reginald, dont les
formes les plus anciennes sont Raginohard, Regin-
hart, mot germanique composé de ragin, conseil,
et de hart, dur; le sens est: bon au conseil. Ce
sens est exprimé dans ces deux vers du poème
(v. 46876) : Si ai maint bon conseil doné; Par mon
droit non ai non Renart.
f 2. RENARD (re-nar), s. m. Terme de marine.
Petite pelote de bois sur laquelle on a figuré les
trente-deux aires de vent.
— ÉTYM.. Corruption du hollandais rekenaar, cal-
culateur.
RENARDE (re-nar-d'), s.f. Femelle du renard.
— HIST. xiii° s. Assez font el [autre chose] que il ne
dient : Prenez i garde, Ypocrisielarenarde, Qui defors
uint [oint] et dedenz larde, Vint ou roiaume, RLTEB.
206. || xvies. Les renardes entreprises des ennemis de
l'estat, Sat. Mén. p. 8. La renarde une fois, la louve
une autre fois, Et l'ourse l'alaitta.... RONS. 2(3.
— ÊTYM. Renard.
t RENARDE, ÉE (re-nar-dé, dée), adj. Se dit des
parfums éventés, du succin de couleur noirâtre.
RENARDEAU (re-nar-dô), s. m. Petit renard.
M. le prince se mit à faire des niches à Rose, il lui
fit jeter [dans son parc] trois ou quatre cents renards
ou renardeaux, ST-SIM. 85, 4 09.
— HIST. xive s. Ses deux filz ot bien assenez Re-
nars, qu'il les ot ordenez [faits religieux] ; Renar-
diaus jacobins estoit, Li ainsnez, et noirs dras ves-
toit, J.DE CONDÊ, t. m, p. 73. ||xvie s. Un enfant de
Lacedemone se laissa déchirer tout le ventre à un
regnardeau qu'il avoit desrobbé, MONT, m, 4 50.
— ÉTYM. Dimin. de renard.
t RENARDER (re-nar-dé), v. n. || 1° Imiter les
finesses du renard. || 2° Populairement. Vomir.
— HIST. xve s. 0 les coulons [avec les pigeons]
fault vivre simplement, 0 les renars renarder ense-
ment, E. DESCH. Poés. mss. f° 4 3.
— ÊTYM. Renard.
T RENARDIE (re-nar-die), s. f. Terme vieilli.
Ruse, déloyauté, action de renard.
-— HIST. xnie s. J'aim mieux devant les gens
orer [prier], Et aflubler ma renardie Du -mantel de
papelardie, ,o Rose, 4 4 717. || xve s. Vilain, despoulle
ton chasuble, Qui ta grant renardie afuble; Il te
fault un pou [peu] espoullier, Mort, de St-Denis.
— ÊTYM. Renard.
KENARDIER (re-uar-dié; IV ne se lie jamais ;
au pluriel, Vs se lie : des re-nar-dié-z habiles), s. m.
Celui qui, dans une terre, a le soin de prendre les
renards. '
— ÉTYM. Renard.
RENARDIÈRE (re-nar-diè-r'), s. f. || i° Tanière
du renard. || 2° Terme de métallurgie. Nom donné
au fourneau d'affinage ; c'est une des régions placées
au niveau des tuyères; on dit aussi ouvrage.
— HIST. xvie s. Celle motte se nomme aujour-
d'huy alopeque, comme qui diroit la regnardiere,
AMYOT, Lysand. 56.
— ÉTYM. Renard.
f RENARÉ, ÉE (re-na-ré, rée), adj. Terme usité
dans quelques provinces. Rusé comme un renard.
Il est renaré.
— ÉTYM. Renard, avec perte du d.
t RENASQDER (re-nâ-ké), v. n. Voy. RENÂCLER.
j RENAVIGABLE (re-na-vi-ga-bl'), adj. Que l'on
peut renaviguer.
— HIST. xvie s. Mais les destins, et l'onde lamen-
table Du grand palud qui n'est renavigable, De ces
esprits empesche le retour, DU BELLAY, IV, 62, recto.
t RENAVIGUER (re-na-vi-ghé), v. n. Naviguer
de nouveau.
— HIST. xvie s. Renaviger, COTGRAVE.
RENCAISSAGE (ran-kê-sa-j'), s. m. Action de
rencaisser. || On dit aussi rencaissement.
RENCAISSÉ, ÉE (ran-kê-sé, sée), part, passé
de rencaisser.
■[ RENCAISSEMENT (ran-kê-se-man), s. m. Voy.
RENCAISSAGE.
RENCAISSER (ran-kê-sé), v. a. |[1° Terme de
jardinier. Remettre dans une caisse. Rencaisser des
grenadiers. || 2° Terme de finance. Remettre en
caisse. Rencaisser une somme.
— ÉTYM. Re..., et encaisser.
j RENCART (AU) (ran-kar), loc. adverb. Voy.
RANCART. Faut mettre ta tendresse au rencart,
VADÊ, 4746, dans LARCHEY, Excentr. du langage.
t RENCHAÎNER (ran-chê-né), v. a. Remettre à
la chaîne, enchaîner de nouveau.
— HIST. xvie s. Je sors d'une prison, tu r'enchal-
nes mon ame, Je suis guari d'un trait, un autre me
rentame, DESPORTES, Diane, n, 4.
— ÉTYM. Re..., etenchatner; wallon, richainé.
RENCHÉRI, IE (ran-chè-ri, rie), part, passe de
renchérir. || t" Devenu plus cher, plus coûteux. Le
blé est fort renchéri à Saint-Quentin : le setier, qui ne
valait que vingt sous, en vaut soixante-six, RAC. Lett.
à Mme Racine, 45 mai 4692. || 2° Fig. et familière-
ment. Difficile, dédaigneux. Hé! là, là, madame la
nuit, Un peu doucement, je vous prie ; Vous avez
dans le monde un bruit De n'être pas si renchérie,
MOL. Amph. Prologue. Tant soit peu fat et par trop
renchéri, VOLT. Enf. prod. i, 2. || Substantivement.
Le fat fera le renchéri, Et me dira : Dieu vous as-
siste, SCARR. Virg. iv. A-t-on jamais vu deux pec-
ques provinciales faire plus les renchéries que
celles-là? MOL. Prc"c. 4. Loin de faire la renchérie,
quand l'occasion se présentait, elle ne marchan-
dait seulement pas, HAMILT. Gramm. 9.
RENCHÉRIR (ran-ché-rir). |[ Ie V. a. Rendre plus
cher, d'un prix plus élevé. 11 [Louis XI] entrait dans
les moindres détails de la police, et il punit sévère-
ment les boulangers, qui avaient fait une cabale
pour renchérir le pain, DUCLOS, OEUV. t. m, p. 335.
|| 2° V. n. Devenir plus cher. Tout renchérit.
|| 3° Fig. Dire, faire plus qu'un autre. Mais sur
tout certain Grec renchérit et se pique D'une élé-
gance laconique, LA FONT. Fabl. vi, 4. Mon senti-
ment n'est pas qu'on prenne la méthode De ceux
qu'on voit toujours renchérir sur la mode, MOL. ÉC.
des mar. i, 4. Pour renchérir par-dessus son maître,
HAMILT. Gramm. 7. Rien n'est plus contagieux
que l'erreur appuyée d'un grand nom; aussi plu-
sieurs écrivains, se prévalant de l'aulorité de Pline,
ont renchéri sur le merveilleux de son récit, BUFF.
OIS. t. ix, p. 4 36. On peut, après une périphrase,
en ajouter une seconde, une troisième, et ce sera
fort bien, pourvu qu'elles expriment chacune des
accessoires qui renchérissent les uns sur les autres,
CONDIL. Art d'écrire, n, 3. Lucain était jeune, et l'am-
bition d'un jeune homme est d'étonner en renché-
rissant sur lui-même, MARMONTEL, OEUV. t. v, p. 8.
|| Particulièrement. Renchérir sur quelqu'un, dire
des choses vraies ou fausses, plus extraordinaires que
celles qu'il dit. Â renchérir sur lui, voyons, que je
m'amuse, COLLIN D'HARLEV. il. de Crac, se. 4.
— HIST. xme s. Aucun sunt qui acatent [achè-
tent], qui, por renquierir le marcié, acatent par té-
lés conditions que.... BEAUM. XLIV, 20. [| xve s. Ne ren-
chérirent les vivres, qu'on n'eust la denrée pour un
denier, aussi bien qu'on avoit par avant qu'ils [des
étrangers] vinssent, FROISS. I, I, 32. Fortune, vueilliez
moy laissier En paix une fois, je vous prie ; Trop lon-
guement, à vray compter, Avez eu sur moy sei-
gneurie; Tousjours faictes la renchérie Vers moy,
et ne voulez ouïr Lesmaulx que m'avez fait souffrir,
CH. D'ORL. Bal. 40. || xvie s. Le roy estoit distingué
de son peuple d'une plaisante manière et bien ren-
chérie : il avoit une religion à part, MONT, I, 326.
Poppea masquoit ses beautez pour les renchérir à
ses amants, ID. m, 5. Le roi exagéra le fait par pa-
rolles si violentes, criant que c'estoit lui qui estoit
blessé [lors de la blessure de Coligny] ; la roine
mère le r'encherit, disant que c'estoit toute. la
France, D'AUB. Hist. n, 4 4. Et de tant que je me
montrais affectionné à avoir son secret, de tant plus
il faisoit le renchéri, PARÉ, XXV, 32.
— ÉTYM. Re..., et enchérir; Berry, renchardir.
RENCHÉRISSEMENT (ran-ché-ri-se-man), s. m.
Augmentation de prix. Le renchérissement des den- .
rées.
— HIST. xnie s. Les rentes ou li loage doivent es-
tre fet à cix [ceux] qui plus y voelent doner, et par
renquierissemens, BEAUM. XXXVIII, 46.
— ÉTYM. Renchérir.
t RENCLOÎTRER (ran-Moî-tré), v. a. Enfermer
de nouveau dans un cloître. Me voici renclollré
dans notre couvent moitié militaire, moitié littéraire
[Potsdam], VOLT. Lett. Mme Denis, 20 mars 4 764.
— ÉTYM. Re..., en, et cloître.
f RENCLORE (ran-klo-r'), v. a. Il se conjugue
comme clore. Enclore de nouveau, ou, simplement,
enclore. La convention nationale maintient provi-
soirement dans leur possession tous les détenteurs
des portions du rivage de la mer qu'ils avaient ren-
closes et cultivées avant le mois de juillet (789,
Loi du 24 prairial, an II.
— ÉTYM. Re..., et enclore.
RENCOGNÉ, ÉE (ran-ko-gné, gnée), part, passé
de rencogner. Rencogné par un importun-qui le
tint une heure sur ses jambes.
RENCOGNER (ran-ko-gné) , v. a. || 1° Terme
familier. Pousser, serrer quelqu'un dans un coin. Je
fus surpris de voir venir à moi, au sortir du cabi-
net du roi, Madame la Dauphine avec qui je n'a-
vais aucune privance, m'environneret me rencogner
en riant avec cinq ou six dames de sa cour plus fa-
milières, ST-SIM. 301, 4 60. Bosquiat s'approchait de
Turbilly, et le rencognait bientôt dans la croisée la
plus voisine de la porte, L'ABBÉ MORELLET, Mém. t. 1,
p. 76, dans PODGENS. || Fig. Rencogner ses larmes,
faire effort pour ne pas pleurer. Jusqu'à ce que
Mme la duchesse d'Orléans ayant repris ses esprits
et surmonté son embarras et son dépit, elle fit effort
pour rencogner ses larmes, ST-SIM. t. VIN, p. 295,
édit. cnÉRDEL. Il 2" Se rencogner, v. re'fl. S'enfermer.
Puis Euphémon, d'un air tout rechigné, Dans son
logis soudain s'est rencogné, VOLT. Enf. prod. 1, 5.
Le chevalier se rencogné je ne sais où, CARACCIOLI,
Lett. récréât, et mor. t. n, p. 43, dans POUGENS.
— ÉTYM. Re..., en, et cogner; Berry, rencouiner.
RENCONTRE (ran-kon-tr'), s. f. || i° Action d'al-
ler vers quelqu'un qui vient. Aller au-devant est
une phrase beaucoup meilleure que celle d'aller à
la rencontre, qui a pourtant quelque usage, surtout
quand on l'emploie sans pronom personnel, comme :
ils sont allés à la rencontre de leur ami, Acad. Ob-
serv. sur Vaugel. p. 244, dans POUGENS. Cepen-
dant aucun d'eux à vos yeux ne se montre, Qu'on
ne vous voie en hâte aller à sa rencontre, MOL. Mis.
11, 5. Ils sont allés à la rencontre de cette prin-
cesse, tant que la'terre lespourra porter, SÉV. 405.
Croyez-moi, montrez-vous ; venez à sa rencontre,
RAC. Mithr, 11, 4. H Poétiquement. Les fleurs nais-
sent^ sa rencontre, Dans les coeurs et dans les
esprits, MALH. m, 4.112° Occasion qui fait trouver
fortuitement une personne, une chose. Après tous les
soins que nous aurons apportés à en faire une bonne
élection [d'une femme], nous y pourrons aussitôt
faire hasard que rencontre, MALH. Lett. 11, 29. Je
ne pouvais avoir rencontre plus heureuse, CORN.
le. Ment, v, 4. Tu fis pour ton malheur ma rencon-
tre en Phoeide, ID. OEdipe,-ï\, 4. Tout se fait par
rencontre et à l'aventure, SACI, Bible, Ecclésiasle,
ix, 44. On est venu lui dire.... Que les ouvriers qui
sont après son édifice.... Avaient fait par hasard
rencontre d'un trésor, MOL. l'Ét. n, 4. Ah! si vous
aviez vu comme j'en fis rencontre! ID. Tart. 1, 6.
Vous êtes bien heureuse d'avoir fait une si bonne
rencontre [un bon précepteur] : c'est une marchan-
dise qu'on ne trouve pas aisément, SÉV, d Mme de
Coligny, 31 oct. 4 692. Je découvre sur la terre un
homme avide, insatiable, inexorable, qui veut aux
dépens de tout ce qui se trouvera sur son chemin
REN
REN
160?
renard des mûres, elles sont trop vertes, même sens.
|| Il faut coudre la peau du renard à celle du lion,
voy. LION, n° 4.
— HIST. xne s. Tousjours [il] ama le roi sans
branche de renart (voy. à l'étymologie), Sax xix.
|| xme s. Feme set moult de renart, Deux cordes a
BU son are, llss. de poés. franc, avant 4300, t. il,
p. "23. Esploité en avon corn félon et renart,
Berle, xxn. Qu'el cuide qu'il soit uns lobieres
[trompeur], Un regnarz, un enfantosmieres, ta
Rose, 7796. Je devant diz Robers reconnois que
li prevos de Rumigni puist prendre en ce bois
lièvre ou connin, lou, renart et taison,. DU CANGE,
tesura. || xiv* s. Comme il advient au regnart que
son poil cbiet une fois l'an, aussi est appelé le choir
des cheveux allopice, LANFRANC, f° 38, verso.
|| xvi° s. Ce sont renards, qui sous simples ha-
bits Vont dévorant les plus tendres brebis, MAROT,
I, 34 4. lors, pour se oster la haine de cette affaire,
le renard envoya Pompée Collonne avec mine de
mener secours, D'AUB. ffisf. i, 242. Le marché es-
tant fait, à.la charge que Pui-Gaillard (qui seul
sentoit cet affaire au renart) s'obligeroit à garentir
les sommes promises, ID. ib. Il, 139. Renard qui dort
la matinée N'ha pas la langue emplumée, H. EST.
Prêeell. 4 93. Quant je pense à votre médecine, il n'y
a si bon coeur qui ne tire au renard [qui n'ait envie
de vomir], Contes de Cholières, f°62, dans LACDRNE.
[Gargantua] escorchoit le regnard, RAB. I, 44.
— ÉTYM.vWallon, rind. Le nom vrai du renard
dans l'ancien français est goulpil, gorpil, golpille,
venant de vulpeculus ou vulpecula, diminutif du
lat. vulpes, renard. Mais il y eut dans le haut
moyen âge une épopée très-célèbre, où les animaux
tiennent la place des hommes ; chacun y a son nom :
le lion se nomme Noble, le chat Tibert, l'ours
Brun, le moineau Drouinaus, le coq Chante-clair, et
le goulpil Jîenori. Cette composition, qui ne provient
pas d'un seul auteur et qui a diverses, branches
(d'où, figurément, sans branche de renard, sans
fraude, sans trahison), devint tellement populaire
dès le XIIe siècle, que renart commença à se sub-
stituer dans le langage commun à goulpil et a fini
par le supplanter entièrement. Renart ou renard,
provenç. raynart, anc. catal. ranarl, est un nom
propre, le même que Renaut et Reginald, dont les
formes les plus anciennes sont Raginohard, Regin-
hart, mot germanique composé de ragin, conseil,
et de hart, dur; le sens est: bon au conseil. Ce
sens est exprimé dans ces deux vers du poème
(v. 46876) : Si ai maint bon conseil doné; Par mon
droit non ai non Renart.
f 2. RENARD (re-nar), s. m. Terme de marine.
Petite pelote de bois sur laquelle on a figuré les
trente-deux aires de vent.
— ÉTYM.. Corruption du hollandais rekenaar, cal-
culateur.
RENARDE (re-nar-d'), s.f. Femelle du renard.
— HIST. xiii° s. Assez font el [autre chose] que il ne
dient : Prenez i garde, Ypocrisielarenarde, Qui defors
uint [oint] et dedenz larde, Vint ou roiaume, RLTEB.
206. || xvies. Les renardes entreprises des ennemis de
l'estat, Sat. Mén. p. 8. La renarde une fois, la louve
une autre fois, Et l'ourse l'alaitta.... RONS. 2(3.
— ÊTYM. Renard.
t RENARDE, ÉE (re-nar-dé, dée), adj. Se dit des
parfums éventés, du succin de couleur noirâtre.
RENARDEAU (re-nar-dô), s. m. Petit renard.
M. le prince se mit à faire des niches à Rose, il lui
fit jeter [dans son parc] trois ou quatre cents renards
ou renardeaux, ST-SIM. 85, 4 09.
— HIST. xive s. Ses deux filz ot bien assenez Re-
nars, qu'il les ot ordenez [faits religieux] ; Renar-
diaus jacobins estoit, Li ainsnez, et noirs dras ves-
toit, J.DE CONDÊ, t. m, p. 73. ||xvie s. Un enfant de
Lacedemone se laissa déchirer tout le ventre à un
regnardeau qu'il avoit desrobbé, MONT, m, 4 50.
— ÉTYM. Dimin. de renard.
t RENARDER (re-nar-dé), v. n. || 1° Imiter les
finesses du renard. || 2° Populairement. Vomir.
— HIST. xve s. 0 les coulons [avec les pigeons]
fault vivre simplement, 0 les renars renarder ense-
ment, E. DESCH. Poés. mss. f° 4 3.
— ÊTYM. Renard.
T RENARDIE (re-nar-die), s. f. Terme vieilli.
Ruse, déloyauté, action de renard.
-— HIST. xnie s. J'aim mieux devant les gens
orer [prier], Et aflubler ma renardie Du -mantel de
papelardie, ,o Rose, 4 4 717. || xve s. Vilain, despoulle
ton chasuble, Qui ta grant renardie afuble; Il te
fault un pou [peu] espoullier, Mort, de St-Denis.
— ÊTYM. Renard.
KENARDIER (re-uar-dié; IV ne se lie jamais ;
au pluriel, Vs se lie : des re-nar-dié-z habiles), s. m.
Celui qui, dans une terre, a le soin de prendre les
renards. '
— ÉTYM. Renard.
RENARDIÈRE (re-nar-diè-r'), s. f. || i° Tanière
du renard. || 2° Terme de métallurgie. Nom donné
au fourneau d'affinage ; c'est une des régions placées
au niveau des tuyères; on dit aussi ouvrage.
— HIST. xvie s. Celle motte se nomme aujour-
d'huy alopeque, comme qui diroit la regnardiere,
AMYOT, Lysand. 56.
— ÉTYM. Renard.
f RENARÉ, ÉE (re-na-ré, rée), adj. Terme usité
dans quelques provinces. Rusé comme un renard.
Il est renaré.
— ÉTYM. Renard, avec perte du d.
t RENASQDER (re-nâ-ké), v. n. Voy. RENÂCLER.
j RENAVIGABLE (re-na-vi-ga-bl'), adj. Que l'on
peut renaviguer.
— HIST. xvie s. Mais les destins, et l'onde lamen-
table Du grand palud qui n'est renavigable, De ces
esprits empesche le retour, DU BELLAY, IV, 62, recto.
t RENAVIGUER (re-na-vi-ghé), v. n. Naviguer
de nouveau.
— HIST. xvie s. Renaviger, COTGRAVE.
RENCAISSAGE (ran-kê-sa-j'), s. m. Action de
rencaisser. || On dit aussi rencaissement.
RENCAISSÉ, ÉE (ran-kê-sé, sée), part, passé
de rencaisser.
■[ RENCAISSEMENT (ran-kê-se-man), s. m. Voy.
RENCAISSAGE.
RENCAISSER (ran-kê-sé), v. a. |[1° Terme de
jardinier. Remettre dans une caisse. Rencaisser des
grenadiers. || 2° Terme de finance. Remettre en
caisse. Rencaisser une somme.
— ÉTYM. Re..., et encaisser.
j RENCART (AU) (ran-kar), loc. adverb. Voy.
RANCART. Faut mettre ta tendresse au rencart,
VADÊ, 4746, dans LARCHEY, Excentr. du langage.
t RENCHAÎNER (ran-chê-né), v. a. Remettre à
la chaîne, enchaîner de nouveau.
— HIST. xvie s. Je sors d'une prison, tu r'enchal-
nes mon ame, Je suis guari d'un trait, un autre me
rentame, DESPORTES, Diane, n, 4.
— ÉTYM. Re..., etenchatner; wallon, richainé.
RENCHÉRI, IE (ran-chè-ri, rie), part, passe de
renchérir. || t" Devenu plus cher, plus coûteux. Le
blé est fort renchéri à Saint-Quentin : le setier, qui ne
valait que vingt sous, en vaut soixante-six, RAC. Lett.
à Mme Racine, 45 mai 4692. || 2° Fig. et familière-
ment. Difficile, dédaigneux. Hé! là, là, madame la
nuit, Un peu doucement, je vous prie ; Vous avez
dans le monde un bruit De n'être pas si renchérie,
MOL. Amph. Prologue. Tant soit peu fat et par trop
renchéri, VOLT. Enf. prod. i, 2. || Substantivement.
Le fat fera le renchéri, Et me dira : Dieu vous as-
siste, SCARR. Virg. iv. A-t-on jamais vu deux pec-
ques provinciales faire plus les renchéries que
celles-là? MOL. Prc"c. 4. Loin de faire la renchérie,
quand l'occasion se présentait, elle ne marchan-
dait seulement pas, HAMILT. Gramm. 9.
RENCHÉRIR (ran-ché-rir). |[ Ie V. a. Rendre plus
cher, d'un prix plus élevé. 11 [Louis XI] entrait dans
les moindres détails de la police, et il punit sévère-
ment les boulangers, qui avaient fait une cabale
pour renchérir le pain, DUCLOS, OEUV. t. m, p. 335.
|| 2° V. n. Devenir plus cher. Tout renchérit.
|| 3° Fig. Dire, faire plus qu'un autre. Mais sur
tout certain Grec renchérit et se pique D'une élé-
gance laconique, LA FONT. Fabl. vi, 4. Mon senti-
ment n'est pas qu'on prenne la méthode De ceux
qu'on voit toujours renchérir sur la mode, MOL. ÉC.
des mar. i, 4. Pour renchérir par-dessus son maître,
HAMILT. Gramm. 7. Rien n'est plus contagieux
que l'erreur appuyée d'un grand nom; aussi plu-
sieurs écrivains, se prévalant de l'aulorité de Pline,
ont renchéri sur le merveilleux de son récit, BUFF.
OIS. t. ix, p. 4 36. On peut, après une périphrase,
en ajouter une seconde, une troisième, et ce sera
fort bien, pourvu qu'elles expriment chacune des
accessoires qui renchérissent les uns sur les autres,
CONDIL. Art d'écrire, n, 3. Lucain était jeune, et l'am-
bition d'un jeune homme est d'étonner en renché-
rissant sur lui-même, MARMONTEL, OEUV. t. v, p. 8.
|| Particulièrement. Renchérir sur quelqu'un, dire
des choses vraies ou fausses, plus extraordinaires que
celles qu'il dit. Â renchérir sur lui, voyons, que je
m'amuse, COLLIN D'HARLEV. il. de Crac, se. 4.
— HIST. xme s. Aucun sunt qui acatent [achè-
tent], qui, por renquierir le marcié, acatent par té-
lés conditions que.... BEAUM. XLIV, 20. [| xve s. Ne ren-
chérirent les vivres, qu'on n'eust la denrée pour un
denier, aussi bien qu'on avoit par avant qu'ils [des
étrangers] vinssent, FROISS. I, I, 32. Fortune, vueilliez
moy laissier En paix une fois, je vous prie ; Trop lon-
guement, à vray compter, Avez eu sur moy sei-
gneurie; Tousjours faictes la renchérie Vers moy,
et ne voulez ouïr Lesmaulx que m'avez fait souffrir,
CH. D'ORL. Bal. 40. || xvie s. Le roy estoit distingué
de son peuple d'une plaisante manière et bien ren-
chérie : il avoit une religion à part, MONT, I, 326.
Poppea masquoit ses beautez pour les renchérir à
ses amants, ID. m, 5. Le roi exagéra le fait par pa-
rolles si violentes, criant que c'estoit lui qui estoit
blessé [lors de la blessure de Coligny] ; la roine
mère le r'encherit, disant que c'estoit toute. la
France, D'AUB. Hist. n, 4 4. Et de tant que je me
montrais affectionné à avoir son secret, de tant plus
il faisoit le renchéri, PARÉ, XXV, 32.
— ÉTYM. Re..., et enchérir; Berry, renchardir.
RENCHÉRISSEMENT (ran-ché-ri-se-man), s. m.
Augmentation de prix. Le renchérissement des den- .
rées.
— HIST. xnie s. Les rentes ou li loage doivent es-
tre fet à cix [ceux] qui plus y voelent doner, et par
renquierissemens, BEAUM. XXXVIII, 46.
— ÉTYM. Renchérir.
t RENCLOÎTRER (ran-Moî-tré), v. a. Enfermer
de nouveau dans un cloître. Me voici renclollré
dans notre couvent moitié militaire, moitié littéraire
[Potsdam], VOLT. Lett. Mme Denis, 20 mars 4 764.
— ÉTYM. Re..., en, et cloître.
f RENCLORE (ran-klo-r'), v. a. Il se conjugue
comme clore. Enclore de nouveau, ou, simplement,
enclore. La convention nationale maintient provi-
soirement dans leur possession tous les détenteurs
des portions du rivage de la mer qu'ils avaient ren-
closes et cultivées avant le mois de juillet (789,
Loi du 24 prairial, an II.
— ÉTYM. Re..., et enclore.
RENCOGNÉ, ÉE (ran-ko-gné, gnée), part, passé
de rencogner. Rencogné par un importun-qui le
tint une heure sur ses jambes.
RENCOGNER (ran-ko-gné) , v. a. || 1° Terme
familier. Pousser, serrer quelqu'un dans un coin. Je
fus surpris de voir venir à moi, au sortir du cabi-
net du roi, Madame la Dauphine avec qui je n'a-
vais aucune privance, m'environneret me rencogner
en riant avec cinq ou six dames de sa cour plus fa-
milières, ST-SIM. 301, 4 60. Bosquiat s'approchait de
Turbilly, et le rencognait bientôt dans la croisée la
plus voisine de la porte, L'ABBÉ MORELLET, Mém. t. 1,
p. 76, dans PODGENS. || Fig. Rencogner ses larmes,
faire effort pour ne pas pleurer. Jusqu'à ce que
Mme la duchesse d'Orléans ayant repris ses esprits
et surmonté son embarras et son dépit, elle fit effort
pour rencogner ses larmes, ST-SIM. t. VIN, p. 295,
édit. cnÉRDEL. Il 2" Se rencogner, v. re'fl. S'enfermer.
Puis Euphémon, d'un air tout rechigné, Dans son
logis soudain s'est rencogné, VOLT. Enf. prod. 1, 5.
Le chevalier se rencogné je ne sais où, CARACCIOLI,
Lett. récréât, et mor. t. n, p. 43, dans POUGENS.
— ÉTYM. Re..., en, et cogner; Berry, rencouiner.
RENCONTRE (ran-kon-tr'), s. f. || i° Action d'al-
ler vers quelqu'un qui vient. Aller au-devant est
une phrase beaucoup meilleure que celle d'aller à
la rencontre, qui a pourtant quelque usage, surtout
quand on l'emploie sans pronom personnel, comme :
ils sont allés à la rencontre de leur ami, Acad. Ob-
serv. sur Vaugel. p. 244, dans POUGENS. Cepen-
dant aucun d'eux à vos yeux ne se montre, Qu'on
ne vous voie en hâte aller à sa rencontre, MOL. Mis.
11, 5. Ils sont allés à la rencontre de cette prin-
cesse, tant que la'terre lespourra porter, SÉV. 405.
Croyez-moi, montrez-vous ; venez à sa rencontre,
RAC. Mithr, 11, 4. H Poétiquement. Les fleurs nais-
sent^ sa rencontre, Dans les coeurs et dans les
esprits, MALH. m, 4.112° Occasion qui fait trouver
fortuitement une personne, une chose. Après tous les
soins que nous aurons apportés à en faire une bonne
élection [d'une femme], nous y pourrons aussitôt
faire hasard que rencontre, MALH. Lett. 11, 29. Je
ne pouvais avoir rencontre plus heureuse, CORN.
le. Ment, v, 4. Tu fis pour ton malheur ma rencon-
tre en Phoeide, ID. OEdipe,-ï\, 4. Tout se fait par
rencontre et à l'aventure, SACI, Bible, Ecclésiasle,
ix, 44. On est venu lui dire.... Que les ouvriers qui
sont après son édifice.... Avaient fait par hasard
rencontre d'un trésor, MOL. l'Ét. n, 4. Ah! si vous
aviez vu comme j'en fis rencontre! ID. Tart. 1, 6.
Vous êtes bien heureuse d'avoir fait une si bonne
rencontre [un bon précepteur] : c'est une marchan-
dise qu'on ne trouve pas aisément, SÉV, d Mme de
Coligny, 31 oct. 4 692. Je découvre sur la terre un
homme avide, insatiable, inexorable, qui veut aux
dépens de tout ce qui se trouvera sur son chemin
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