REL.
juges, la religion d'un tribunal, surprendre la jus-
tice du prince, des juges, d'un tribunal, les trom-
per par un faux exposé. Il ne disait point qu'on
avait surpris la religion de la cour en accusant
milord Pe'terborough d'avoir hasardé les troupes de
la reine Anne, parce que ce n'était pas une affaire
de religion, VOLT. Jenni, 4. || Voltaire se trompe ; il
prend cette locution comme un néologisme de son
temps, et il le blâme. Cette locution est beaucoup
plus ancienne; elle se trouve déjà dans la pre-
mière édition du Dictionnaire de l'Académie, en 4696.
(| 5° L'état des personnes engagées par des voeux à
une certaine règle autorisée par l'Église. Un reli-
gieux avec son habit de religion, PASC. Prov. vi.
Mlle de la Basinière est en religion, tout au-
près de Mme de la Fayette ; quelques intérêts de
famille et une très-désagréable humeur ont causé
cette retraite où elle s'ennuie fort, SËV. 400.
Il [le concile de Latran] appelle les nouveaux or-
dres monastiques de nouvelles religions.... ces nou-
velles religions ne font point des Églises nouvelles ;
ce n'est pas la singularité de créance, mais la pro-
fession d'une piété plus particulière.... qui leur
donne le titre de religion, BOSS. Réfut. cat. Ferry,
préambule. Ne soyez pas les meurtriers barbares
des enfants mêmes que vous consacrez à la religion,
MASS. Prof, reiig. 4. || Entrer en religion, se faire
religieux ou religieuse. Toutes les langues et toutes
les sciences lui sont infuses ; enfin c'est un prodige
[Madame Angélique Arnauld, abbesse de Port-
Royal], d'autant plus qu'elle est entrée à six ans en
religion, SÉV. 388. Je ne vais point dans cette mai-
son, que je n'en sorte avec regret, et que je ne me
repente de n'être point entrée en religion, MAINTE-
NON, LeU. à Mme de Sl-Géran, 27 août 4704. || Met-
tre une fille en religion, la faire religieuse. [| Couvent.
La reine a envoyé par les religions pour faire prier
Dieu, afin qu'il plût à sa sainte bonté de détourner
le roi d'un dessein qu'il a [épouser une des nièces
de Mazarin], GUI PATIN, LeU. t. n, p. 4 83. Ma tante
de Maignelai la mit [la nièce de l'Êpinglière] dans
une religion où elle mourut huit ou dix ans après
en réputation de sainteté, RETZ, I, 65. Les parents
jettent leurs enfants dans les religions sans voca-
tion, et les empêchent d'y entrer contre leur voca-
tion, BOSS. Pensées chrét. et mor. 42. Un religieux
qui s'estsauvé dans le fond d'une religion, de peur
de goûter ni de voir même les plaisirs du monde,
K.ÊCH. Sermons, Jour de Noël. || Nom de religion,
nom que des religieux, des religieuses prennent en
entrantau couvent. La soeur de M. Pascal, qui s'ap-
pelait en #eligion soeur Euphémie, RAC. Hist. de
Port-Royal, part. 2. || Fig. et par plaisanterie. Cette
personne veut être de la religion de saint Josepli,
avec quatre pantoufles scus le lit, elle veut se ma-
rier. || 6° Absolument. La religion, l'ordre de Malte.
Les galères de la religion.
— HIST. xi" s. ïglise de religium [monastère],
lois de Guill. i. || xin* s. Du grant ator que ele
avoit, Bien puet cogr.oistre qui la voit, Qu'el n'est
pas de religion, la Rose, 3441. Puet l'en trover re-
ligion En séculière maison? ib. 44 127. Servise de
voie à cimetire est de droit privé, et por ce le puet
l'en chalongier au signor cui la teneure est; et
cest servise puet estre aquis por la religion de
l'enterrement, Liv. de jusl. 138. Cil qui snnten re-
ligion ne poent pas revenir au siècle, BSAUM. LVI, 4.
Quant il veut entrer en religion, ID. xxi, 4. Reli-
gions est celé vertus qui nos fait curious de Dieu
et faire son servise, BRUN, LAT. Trésor, p. 421. Qui-
cunques n'est fors et fiers [ferme] en sa loi et en
sa religion, à peine puet estre loiaus nom; car qui
n'est loiaus vers son Dieu, comment sera il loiaus
vers les homes? ID. t'b. || xve s. Et délibéra s'en aller à
-Romme et se mettre en une religion auprès, COMM.
v, 7. || xvie s. Quant au mot de religion, combien que
Ciceron le déduise très bien du mot de relire....
j'estime que ce mot est opposé à la trop grande li-
cence et excessive que la pluspart du monde s'est
permise. — Religion donc comporte autant comme
une retraite et discrétion meure et bien fondée,
CALV. Instit. 66. Y a-il une telle religion à fleschir
le genouil, ou envelopper un corps mort, qu'on ne
puisse laisser ces choses sans crime? ID. ib. 96s). Et
lui défendit que jamais elle ne parlast à ce mar-
chand, oq qu'elle la mettroit en religion, MARG.
Nouv. vil: Pour atteindre au sommet d'une telle
équité, Il faut la piété joincte à la charité, Et la re-
ligion dont reliez nous sommes, RONS. 662. Ceux de
la religion, grande pitié que j'use maintenant de ce
mot, pour dire ceux de la ligue ou faction, PAS-
QUIER, LeU. t. i, p. 272. Ce. que ces trois filles s'es-
toient rendues religieuses en mesine monastère, si-
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
REL
gnifioit que vostre amye et ses deux compagnes se
marioient ; car, comme l'on dit, le mariage est la
grande religion, l'Amant ressuscité, p. 433, dans
LACURNE. Nos rois.... Ploians la pieté au joug de
leur service; Gardent religion pour ame de police,
O'AUB. Tragiques, Princes.
— ÊTYM. Prov. religio, religion; espagn. reli-
gion; ital. religione; du lat. religionem, dont l'é-
tymologie est douteuse entre relegere, recueillir, et
religare, relier. Pour relegere, on dit que religare
aurait fait religatio (ce qui est inexact, car re-lig-io
se conçoit, exemple opt-io), et on cite la phrase :
religentem esse oporlet, religiosum nefas (voy.
FREUNO) ; en ce sens, religio voudrait dire recueil
(c'est probablement le sens primitif de lex), recueil
de formules religieuses, de pratiques. Pour religa-
reç on cite la phrase d'Aulu-Gelle (n, 28) : falsa
religione alligare, alium [deum] pro alio nomi-
nando ; ce serait une formule qui liait les dieux,
et l'homme à eux. En latin, religio, au sens d'état
monastique, se trouve dès le V siècle.'
RELIGIONNAIRE (re-li-ji-o-nê-r'), s. m. et f.
Nom qu'on donnait à celui, à celle qui faisait pro-
fession de la religion réformée. Le mot de religion-
naire n'est pas français; il vient du même pays que
celui de doctrinaire; et ce fut sans doute un prédica-
teur gascon qui le débita le premier dans les chaires
de Paris, BALZ. Socr. chrét. Disc. x. Voilà la source
où nos religionnaires ont puisé ; mais dès ces pre-
miers temps l'erreur fut confondue et la vérité triom-
pha, BOURDAL. Fête des saints, Myst. t. n, p. 411.
— REM. Religionnaire, blâmé par Balzac, étant
fait de religion comme visionnaire de vision, est
de formation correcte; mais on ne le dit plus pour
calviniste, sinon parfois en langage historique.
— ÊTYM. Religion.
t RELIGIOSITÉ (re-li-ji-ô-zi-té), s. f. || 1° Senti-
ment de scrupule religieux. Avec quelle exactitude,
disons mieux, avec quelle religiosité ne s'y compor-
terait-on pas? BOURDAL. 4 2" dim. après la Pentec.
Dominic. t. m, p. 318. ||2° Disposition religieuse,
ensemble des sentiments religieux (néologisme en
cette signification). Il faut que la religiosité de-
vienne religion, religion positive, rendue visible et
palpable, tout comme il faut que les principes du
droit de nature, qui servent de base au droit posi-
tif, subissent la forme extérieure d'une constitution
civile; la religiosité ne peut pas plus se passer
de temples et de ministres, que la sociabilité ne peut
se passer de tribunaux et de juges; cela posé, l'en-
treprise de ceux qui crurent, poussés par de petites
passions, pouvoir délruire la religion positive et sau-
ver la religiosité, fut une entreprise chimérique,
VILLERS, Kant, p. 4 35.
— ÉTYM. Prov. reliosilat; du lat. religiositatem,
de religiosus, religieux.
[RELIMAGE (re-li-ma-j'), s. m. Action de relimer.
t RELIMER (re-li-mé), v. a. ||1° Limer de nou-
veau. || 2° Fig. Polir, retoucher. De la prose Que
l'art lime et relime, RÉGNIER, Sot. ix. Je suis entouré
de mes tragédies, que je relime, VOLT. LeU. Thi-
riOl, 24 noV. 1738.
— HIST. xvi" s. Loin de moy soit la faveur et la
pompe Qui d'apparence et de fard nous retrompe,
Qui nous relime et nous ronge au dedans, RONS. S5I.
RELIQUAIRE (re-li-kê-r'), s. m. Sorte de boîte,
de coffret, etc. où l'on enchâsse des reliques. Por-
ter un reliquaire sur soi.
— HIST. xiv s. Un angel d'argent doré qui tient
en sa main une petite chapelle d'or où il y a plu-
sieurs reliquaires, DE LABORDE, Émaux, p. 477.
|| xve s. Un reliquaire de cristal, à façon de boiste,
où il y a eu du lait Nostre Dame, garny d'or, ID. ib.s
p. 478. || xvie s. Que s'il [le français] estoit, comme
la [langue] grecque et latine, pery et mis en reli-
quaire de livres, je ne doute point qu'il ne fust, ou
peu s'en faudroit, aussi difficile à apprendre comme
elles sont, DO BELLAY, I, I 8, verso.
— ÉTYM. Voy. RELIQUE ; prov. reliquiari; espagn.
relicario; ital. reliquiario. On le trouve au sens de
relique, au xve siècle : Mars estoit venu recueillir
aucuns vaillans hommes qui là gisoient mors, pour
porter autre part; car >e païs n'estpit point digne
d'avoir si nobles reliquaires, Perceforest, t. iv, f° 86.
RELIQUAT ;'re-li-ka; le t ne se prononce pas et
ne se lie pas; au pluriel, l's se lie : des re-li-ka-z
anciens), s. m. || 1° Ce qui reste dû après un arrêté
de compte. La somme à 1? ruelle s'élèvera le reliquat
dû par le tuteur portera mtérêt, sans demande, à
compter de la clôture du compte, Code Nap. art.
474. || 2eReste d'une maladie incomplètement guérie.
Il continue à tousser; ce rhume lui a laissé un
mauvais reliquat. || 3' Au plur. Les reliquats d'un
REL
1585
repas, ce qui en reste. Nous dînâmes très-bien des
reliquats du festin de la veille. || Vieux en ce sens.
— HIST. xiv» s. Quand on sera présent devant le
grant juge, qu'on saicne de tout rendre bon compte
et reliqua, LE CHEV. DE LA TOUR, Guidon des guerres,
f° »6, dans LACURNE. |) xve s. X la charge de tenir
compte de ce qu'ils auront receu et en rendre le re-
licqua, Statuts des tanneurs de Coulommiers, dans
Bulletin du Comité de la langue, l. in, p. 568.
|| xvr s. Tuteurs et autres sujets! à compte doivent
faire recette et dépense entière, les justifier et payer
le reliquat, LOYSEL, 204. Par un reliqua d'une ma-
ladie.... PARÉ, XVI, i,
— ÉTYM. Lat. reliquatum, de reliquare, faire un
reliquat (voy. RELIQUE); wallon, relicua, graillon,
reste d'un repas.
RELIQUATAIRE (re-li-ka-tê-r'") , s. m. et- f.
Terme de jurisprudence et de comptabilité. Celui ou
celle qui, après un compte rendu, est redevable
d'une certaine somme. Je me trouve reliquataire
pour le présent de 4 7 livres 5 sous, Papiers saisis
à Bareuth, p. 4 00. Le mandataire doit l'intérêt des
sommes qu'il a employées à son usage, à dater de
cet emploi, et de celles dont il est reliquataire, à
compter du jour qu'il est mis en demeure, Code Nap.
art. 4 996.
— ÉTYM. Reliquat.
RELIQUE (re-li-k'), s. f. || 1° Ce qui reste de
Jésus-Christ, des saints et des martyrs, soit parties
du corps, soit objets à leur usage, soit instruments
de leur supplice. Un baudet chargé de reliques S'i-
magina qu'on l'adorait; Dans ce penser il se carrait,
Recevant comme siens l'encens et les cantiques,
LA FONT. Fabl. v, 4 4. Les corps saints sont habités
par le Saint-Esprit jusqu'à la résurrection.... c'est
pour cette raison que nous honorons les reliques'des
morts, PASC. Letl. sur la mort de son père. Nous ne
pouvons pas appeler ces précieux restes les reliques
de son corps ; mais nous ne nous éloignerons pas
de la raison, quand nous les nommerons les re-
liques de la sainteté, BOSS. Panég. Si Gorgon,
préambule. J'ai eu le courage de revoir [après la
mort de Louis XIV] les reliques que le roi portait
sur lui, MAINTENON, Letl. à Mme de Caylus, 4 6déc.
4 7)6. On vit des généraux lever un siège et perdre
une ville pour avoir une relique, MOSTESQ. Rom. 22.
Les serments les plus ordinaires des anciens Fran-
çais se faisaient sur les reliques des saints, VOLT.
Dict. phil. Reliques. Le catéchisme du concile de
Trente approuve la coutume de jurer par les reli-
ques, ID. ib. Les saints supposés, les faux miracles,
les fausses reliques commencèrent à être décriés,
ID. louis XIV, 36. Ce pèlerin espagnol, tout glorieux
d'avoir visité plus de reliques qu'aucun de ses pa-
reils, D'ALEMBERT, Éloges, Sl-Aulaire. Ce sont les
femmes qui ont dû inventer le culte des reliques,
par le même sentiment qui leur fait attacher tant
de prix à un chiffre, à un noeud de ruban, ou aune
boucle de cheveux qui leur vient d'un objet aimé,
GENLIS, Voeux téméraires, t. n, p. 38, dans POUGENS.
|| Garder une chose comme une relique, la garder
soigneusement. || Il en fait une relique, des re-
liques, se dit d'un homme qui fait grand état de
quelque chose. || Familièrement. Je n'en veux pas
faire des reliques, se dit d'une chose dont on veut
se servir, dont on permet de se servir. || Fig. et fa-'
milièrement. Je n'ai pas grande foi à ses reliques,
je ne prendrai pas de ses reliques, il ne m'inspire
aucune confiance. || 2° Reliques d'affection, se disait
d'objets que la piété filiale traitait comme des reli-
ques; c'étaient des souvenirs de famille légués par
affection de génération en génération, DE LABORDE,
Ém. p. 478. || 3° Au plur. Dans le style élevé. Débris,
restes de quelque chose de grand (mot qui vieillit,
mais qui est défendu par l'autorité de Racine, et
que A. de Musset a heureusement rajeuni). Il ne
faut pas que tu penses Trouver de l'éternité En tes
pompeuses dépenses Qu'invente la vanité ; Tous ces
chef-d'oeuvres antiquesOnt à peineleurs reliques....
MALH. II, 2. Il rentra dans Babylone avec les tristes
reliques de l'armée, VAUGEL. Q. C. Vf, 46. Je les
blâme de condamner reliques, qui sans doute est
meilleur et beaucoup plus noble que restes dans la
majesté du style de l'histoire, ID. NOUV. rem. obs.
de If*** p. 4)8, dans POUGENS. Voyons sous un tom-
beau ces muettes reliques, ROTR. lierc. mour. iv, 3,
Sur un vaisseau dans le port préparé, Chargeant de
mon débris les reliques plus chères, RAC. £aj. m, 2.
Ils s'arrêtent non loin de ces tombeaux antiques, Où
des rois ses aïeux sont les froides reliques, ID. Phèd.
v, 6. || Fig. Les morts dorment en paix dans le sein
de la terre ; Ainsi doivent "dormir nos sentiments
éteints; Ce3 reliques du coeur ont aussi "leur pous-
(i.—199
juges, la religion d'un tribunal, surprendre la jus-
tice du prince, des juges, d'un tribunal, les trom-
per par un faux exposé. Il ne disait point qu'on
avait surpris la religion de la cour en accusant
milord Pe'terborough d'avoir hasardé les troupes de
la reine Anne, parce que ce n'était pas une affaire
de religion, VOLT. Jenni, 4. || Voltaire se trompe ; il
prend cette locution comme un néologisme de son
temps, et il le blâme. Cette locution est beaucoup
plus ancienne; elle se trouve déjà dans la pre-
mière édition du Dictionnaire de l'Académie, en 4696.
(| 5° L'état des personnes engagées par des voeux à
une certaine règle autorisée par l'Église. Un reli-
gieux avec son habit de religion, PASC. Prov. vi.
Mlle de la Basinière est en religion, tout au-
près de Mme de la Fayette ; quelques intérêts de
famille et une très-désagréable humeur ont causé
cette retraite où elle s'ennuie fort, SËV. 400.
Il [le concile de Latran] appelle les nouveaux or-
dres monastiques de nouvelles religions.... ces nou-
velles religions ne font point des Églises nouvelles ;
ce n'est pas la singularité de créance, mais la pro-
fession d'une piété plus particulière.... qui leur
donne le titre de religion, BOSS. Réfut. cat. Ferry,
préambule. Ne soyez pas les meurtriers barbares
des enfants mêmes que vous consacrez à la religion,
MASS. Prof, reiig. 4. || Entrer en religion, se faire
religieux ou religieuse. Toutes les langues et toutes
les sciences lui sont infuses ; enfin c'est un prodige
[Madame Angélique Arnauld, abbesse de Port-
Royal], d'autant plus qu'elle est entrée à six ans en
religion, SÉV. 388. Je ne vais point dans cette mai-
son, que je n'en sorte avec regret, et que je ne me
repente de n'être point entrée en religion, MAINTE-
NON, LeU. à Mme de Sl-Géran, 27 août 4704. || Met-
tre une fille en religion, la faire religieuse. [| Couvent.
La reine a envoyé par les religions pour faire prier
Dieu, afin qu'il plût à sa sainte bonté de détourner
le roi d'un dessein qu'il a [épouser une des nièces
de Mazarin], GUI PATIN, LeU. t. n, p. 4 83. Ma tante
de Maignelai la mit [la nièce de l'Êpinglière] dans
une religion où elle mourut huit ou dix ans après
en réputation de sainteté, RETZ, I, 65. Les parents
jettent leurs enfants dans les religions sans voca-
tion, et les empêchent d'y entrer contre leur voca-
tion, BOSS. Pensées chrét. et mor. 42. Un religieux
qui s'estsauvé dans le fond d'une religion, de peur
de goûter ni de voir même les plaisirs du monde,
K.ÊCH. Sermons, Jour de Noël. || Nom de religion,
nom que des religieux, des religieuses prennent en
entrantau couvent. La soeur de M. Pascal, qui s'ap-
pelait en #eligion soeur Euphémie, RAC. Hist. de
Port-Royal, part. 2. || Fig. et par plaisanterie. Cette
personne veut être de la religion de saint Josepli,
avec quatre pantoufles scus le lit, elle veut se ma-
rier. || 6° Absolument. La religion, l'ordre de Malte.
Les galères de la religion.
— HIST. xi" s. ïglise de religium [monastère],
lois de Guill. i. || xin* s. Du grant ator que ele
avoit, Bien puet cogr.oistre qui la voit, Qu'el n'est
pas de religion, la Rose, 3441. Puet l'en trover re-
ligion En séculière maison? ib. 44 127. Servise de
voie à cimetire est de droit privé, et por ce le puet
l'en chalongier au signor cui la teneure est; et
cest servise puet estre aquis por la religion de
l'enterrement, Liv. de jusl. 138. Cil qui snnten re-
ligion ne poent pas revenir au siècle, BSAUM. LVI, 4.
Quant il veut entrer en religion, ID. xxi, 4. Reli-
gions est celé vertus qui nos fait curious de Dieu
et faire son servise, BRUN, LAT. Trésor, p. 421. Qui-
cunques n'est fors et fiers [ferme] en sa loi et en
sa religion, à peine puet estre loiaus nom; car qui
n'est loiaus vers son Dieu, comment sera il loiaus
vers les homes? ID. t'b. || xve s. Et délibéra s'en aller à
-Romme et se mettre en une religion auprès, COMM.
v, 7. || xvie s. Quant au mot de religion, combien que
Ciceron le déduise très bien du mot de relire....
j'estime que ce mot est opposé à la trop grande li-
cence et excessive que la pluspart du monde s'est
permise. — Religion donc comporte autant comme
une retraite et discrétion meure et bien fondée,
CALV. Instit. 66. Y a-il une telle religion à fleschir
le genouil, ou envelopper un corps mort, qu'on ne
puisse laisser ces choses sans crime? ID. ib. 96s). Et
lui défendit que jamais elle ne parlast à ce mar-
chand, oq qu'elle la mettroit en religion, MARG.
Nouv. vil: Pour atteindre au sommet d'une telle
équité, Il faut la piété joincte à la charité, Et la re-
ligion dont reliez nous sommes, RONS. 662. Ceux de
la religion, grande pitié que j'use maintenant de ce
mot, pour dire ceux de la ligue ou faction, PAS-
QUIER, LeU. t. i, p. 272. Ce. que ces trois filles s'es-
toient rendues religieuses en mesine monastère, si-
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
REL
gnifioit que vostre amye et ses deux compagnes se
marioient ; car, comme l'on dit, le mariage est la
grande religion, l'Amant ressuscité, p. 433, dans
LACURNE. Nos rois.... Ploians la pieté au joug de
leur service; Gardent religion pour ame de police,
O'AUB. Tragiques, Princes.
— ÊTYM. Prov. religio, religion; espagn. reli-
gion; ital. religione; du lat. religionem, dont l'é-
tymologie est douteuse entre relegere, recueillir, et
religare, relier. Pour relegere, on dit que religare
aurait fait religatio (ce qui est inexact, car re-lig-io
se conçoit, exemple opt-io), et on cite la phrase :
religentem esse oporlet, religiosum nefas (voy.
FREUNO) ; en ce sens, religio voudrait dire recueil
(c'est probablement le sens primitif de lex), recueil
de formules religieuses, de pratiques. Pour religa-
reç on cite la phrase d'Aulu-Gelle (n, 28) : falsa
religione alligare, alium [deum] pro alio nomi-
nando ; ce serait une formule qui liait les dieux,
et l'homme à eux. En latin, religio, au sens d'état
monastique, se trouve dès le V siècle.'
RELIGIONNAIRE (re-li-ji-o-nê-r'), s. m. et f.
Nom qu'on donnait à celui, à celle qui faisait pro-
fession de la religion réformée. Le mot de religion-
naire n'est pas français; il vient du même pays que
celui de doctrinaire; et ce fut sans doute un prédica-
teur gascon qui le débita le premier dans les chaires
de Paris, BALZ. Socr. chrét. Disc. x. Voilà la source
où nos religionnaires ont puisé ; mais dès ces pre-
miers temps l'erreur fut confondue et la vérité triom-
pha, BOURDAL. Fête des saints, Myst. t. n, p. 411.
— REM. Religionnaire, blâmé par Balzac, étant
fait de religion comme visionnaire de vision, est
de formation correcte; mais on ne le dit plus pour
calviniste, sinon parfois en langage historique.
— ÊTYM. Religion.
t RELIGIOSITÉ (re-li-ji-ô-zi-té), s. f. || 1° Senti-
ment de scrupule religieux. Avec quelle exactitude,
disons mieux, avec quelle religiosité ne s'y compor-
terait-on pas? BOURDAL. 4 2" dim. après la Pentec.
Dominic. t. m, p. 318. ||2° Disposition religieuse,
ensemble des sentiments religieux (néologisme en
cette signification). Il faut que la religiosité de-
vienne religion, religion positive, rendue visible et
palpable, tout comme il faut que les principes du
droit de nature, qui servent de base au droit posi-
tif, subissent la forme extérieure d'une constitution
civile; la religiosité ne peut pas plus se passer
de temples et de ministres, que la sociabilité ne peut
se passer de tribunaux et de juges; cela posé, l'en-
treprise de ceux qui crurent, poussés par de petites
passions, pouvoir délruire la religion positive et sau-
ver la religiosité, fut une entreprise chimérique,
VILLERS, Kant, p. 4 35.
— ÉTYM. Prov. reliosilat; du lat. religiositatem,
de religiosus, religieux.
[RELIMAGE (re-li-ma-j'), s. m. Action de relimer.
t RELIMER (re-li-mé), v. a. ||1° Limer de nou-
veau. || 2° Fig. Polir, retoucher. De la prose Que
l'art lime et relime, RÉGNIER, Sot. ix. Je suis entouré
de mes tragédies, que je relime, VOLT. LeU. Thi-
riOl, 24 noV. 1738.
— HIST. xvi" s. Loin de moy soit la faveur et la
pompe Qui d'apparence et de fard nous retrompe,
Qui nous relime et nous ronge au dedans, RONS. S5I.
RELIQUAIRE (re-li-kê-r'), s. m. Sorte de boîte,
de coffret, etc. où l'on enchâsse des reliques. Por-
ter un reliquaire sur soi.
— HIST. xiv s. Un angel d'argent doré qui tient
en sa main une petite chapelle d'or où il y a plu-
sieurs reliquaires, DE LABORDE, Émaux, p. 477.
|| xve s. Un reliquaire de cristal, à façon de boiste,
où il y a eu du lait Nostre Dame, garny d'or, ID. ib.s
p. 478. || xvie s. Que s'il [le français] estoit, comme
la [langue] grecque et latine, pery et mis en reli-
quaire de livres, je ne doute point qu'il ne fust, ou
peu s'en faudroit, aussi difficile à apprendre comme
elles sont, DO BELLAY, I, I 8, verso.
— ÉTYM. Voy. RELIQUE ; prov. reliquiari; espagn.
relicario; ital. reliquiario. On le trouve au sens de
relique, au xve siècle : Mars estoit venu recueillir
aucuns vaillans hommes qui là gisoient mors, pour
porter autre part; car >e païs n'estpit point digne
d'avoir si nobles reliquaires, Perceforest, t. iv, f° 86.
RELIQUAT ;'re-li-ka; le t ne se prononce pas et
ne se lie pas; au pluriel, l's se lie : des re-li-ka-z
anciens), s. m. || 1° Ce qui reste dû après un arrêté
de compte. La somme à 1? ruelle s'élèvera le reliquat
dû par le tuteur portera mtérêt, sans demande, à
compter de la clôture du compte, Code Nap. art.
474. || 2eReste d'une maladie incomplètement guérie.
Il continue à tousser; ce rhume lui a laissé un
mauvais reliquat. || 3' Au plur. Les reliquats d'un
REL
1585
repas, ce qui en reste. Nous dînâmes très-bien des
reliquats du festin de la veille. || Vieux en ce sens.
— HIST. xiv» s. Quand on sera présent devant le
grant juge, qu'on saicne de tout rendre bon compte
et reliqua, LE CHEV. DE LA TOUR, Guidon des guerres,
f° »6, dans LACURNE. |) xve s. X la charge de tenir
compte de ce qu'ils auront receu et en rendre le re-
licqua, Statuts des tanneurs de Coulommiers, dans
Bulletin du Comité de la langue, l. in, p. 568.
|| xvr s. Tuteurs et autres sujets! à compte doivent
faire recette et dépense entière, les justifier et payer
le reliquat, LOYSEL, 204. Par un reliqua d'une ma-
ladie.... PARÉ, XVI, i,
— ÉTYM. Lat. reliquatum, de reliquare, faire un
reliquat (voy. RELIQUE); wallon, relicua, graillon,
reste d'un repas.
RELIQUATAIRE (re-li-ka-tê-r'") , s. m. et- f.
Terme de jurisprudence et de comptabilité. Celui ou
celle qui, après un compte rendu, est redevable
d'une certaine somme. Je me trouve reliquataire
pour le présent de 4 7 livres 5 sous, Papiers saisis
à Bareuth, p. 4 00. Le mandataire doit l'intérêt des
sommes qu'il a employées à son usage, à dater de
cet emploi, et de celles dont il est reliquataire, à
compter du jour qu'il est mis en demeure, Code Nap.
art. 4 996.
— ÉTYM. Reliquat.
RELIQUE (re-li-k'), s. f. || 1° Ce qui reste de
Jésus-Christ, des saints et des martyrs, soit parties
du corps, soit objets à leur usage, soit instruments
de leur supplice. Un baudet chargé de reliques S'i-
magina qu'on l'adorait; Dans ce penser il se carrait,
Recevant comme siens l'encens et les cantiques,
LA FONT. Fabl. v, 4 4. Les corps saints sont habités
par le Saint-Esprit jusqu'à la résurrection.... c'est
pour cette raison que nous honorons les reliques'des
morts, PASC. Letl. sur la mort de son père. Nous ne
pouvons pas appeler ces précieux restes les reliques
de son corps ; mais nous ne nous éloignerons pas
de la raison, quand nous les nommerons les re-
liques de la sainteté, BOSS. Panég. Si Gorgon,
préambule. J'ai eu le courage de revoir [après la
mort de Louis XIV] les reliques que le roi portait
sur lui, MAINTENON, Letl. à Mme de Caylus, 4 6déc.
4 7)6. On vit des généraux lever un siège et perdre
une ville pour avoir une relique, MOSTESQ. Rom. 22.
Les serments les plus ordinaires des anciens Fran-
çais se faisaient sur les reliques des saints, VOLT.
Dict. phil. Reliques. Le catéchisme du concile de
Trente approuve la coutume de jurer par les reli-
ques, ID. ib. Les saints supposés, les faux miracles,
les fausses reliques commencèrent à être décriés,
ID. louis XIV, 36. Ce pèlerin espagnol, tout glorieux
d'avoir visité plus de reliques qu'aucun de ses pa-
reils, D'ALEMBERT, Éloges, Sl-Aulaire. Ce sont les
femmes qui ont dû inventer le culte des reliques,
par le même sentiment qui leur fait attacher tant
de prix à un chiffre, à un noeud de ruban, ou aune
boucle de cheveux qui leur vient d'un objet aimé,
GENLIS, Voeux téméraires, t. n, p. 38, dans POUGENS.
|| Garder une chose comme une relique, la garder
soigneusement. || Il en fait une relique, des re-
liques, se dit d'un homme qui fait grand état de
quelque chose. || Familièrement. Je n'en veux pas
faire des reliques, se dit d'une chose dont on veut
se servir, dont on permet de se servir. || Fig. et fa-'
milièrement. Je n'ai pas grande foi à ses reliques,
je ne prendrai pas de ses reliques, il ne m'inspire
aucune confiance. || 2° Reliques d'affection, se disait
d'objets que la piété filiale traitait comme des reli-
ques; c'étaient des souvenirs de famille légués par
affection de génération en génération, DE LABORDE,
Ém. p. 478. || 3° Au plur. Dans le style élevé. Débris,
restes de quelque chose de grand (mot qui vieillit,
mais qui est défendu par l'autorité de Racine, et
que A. de Musset a heureusement rajeuni). Il ne
faut pas que tu penses Trouver de l'éternité En tes
pompeuses dépenses Qu'invente la vanité ; Tous ces
chef-d'oeuvres antiquesOnt à peineleurs reliques....
MALH. II, 2. Il rentra dans Babylone avec les tristes
reliques de l'armée, VAUGEL. Q. C. Vf, 46. Je les
blâme de condamner reliques, qui sans doute est
meilleur et beaucoup plus noble que restes dans la
majesté du style de l'histoire, ID. NOUV. rem. obs.
de If*** p. 4)8, dans POUGENS. Voyons sous un tom-
beau ces muettes reliques, ROTR. lierc. mour. iv, 3,
Sur un vaisseau dans le port préparé, Chargeant de
mon débris les reliques plus chères, RAC. £aj. m, 2.
Ils s'arrêtent non loin de ces tombeaux antiques, Où
des rois ses aïeux sont les froides reliques, ID. Phèd.
v, 6. || Fig. Les morts dorment en paix dans le sein
de la terre ; Ainsi doivent "dormir nos sentiments
éteints; Ce3 reliques du coeur ont aussi "leur pous-
(i.—199
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 94.07%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 94.07%.
- Collections numériques similaires Pierron Alfred Pierron Alfred /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Pierron Alfred" or dc.contributor adj "Pierron Alfred")
- Auteurs similaires Pierron Alfred Pierron Alfred /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Pierron Alfred" or dc.contributor adj "Pierron Alfred")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 196/1242
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k54066991/f196.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k54066991/f196.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k54066991/f196.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k54066991/f196.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k54066991
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k54066991
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k54066991/f196.image × Aide