GRA
plongés dans l'eau ou enfouis dans une terre hu-
mide. || 23° Gras, adv. Parler gras, grasseyer. L'on ne
peut être plus content de. lui-même : il s'est acquis
une voix claire et délicate, et heureusement il parle
gras, LA BRUYÈRE, xui. Elle affectait d'être languis-
sante, déparier gras, HAMILT. Gramm. 10. ||Terme
de peinture. Peindre gras, avoir le pinceau gras,
peindre par couches épaisses. || Pain gras-cuit, pain
qui n'a pas levé, qui est pâteux faute de cuisson.
|[ Terme de fauconnerie. Voler haut et gras, se dit
d'un oiseau dont le vol est hardi. || Terme de vété-
rinaire. Ce cheval est gras-fondu, il est malade de
gras-fondure.
— HIST. xn* s. Dune comença sun cors durement
à grever, E les grasses-[grossières] viandes, chous e
nés [navets] à user, Th. le mari. 93. Nis dous feiz
[même deux fois] descendirent jus des palefreiz cras,
ib. 114. || xiir S. Tout liiavernier de Paris pueent
vendre tel vin corne il voelent, cras ou bouté, et à
tel fuer corne il voelent, Lin. des met. 29. Grosses bre-
bis et èrasses vaches, Ren. 11473.. Et sachiez que
ses gras [de l'autruche] est molt profitables à tou-
tes dolors que on ait en ses membres, BRUN, LATINI,
Trésor, p. 222. Et ge les voi, les jengleors, Plus
cras qu'abbés né que priors, la Rose, 2568. || xive s.
Le bras estoit dessous la manche Gras et roond,
Lande dorée. Si le vin est gras [sorte de maladie du
vin], Mênagier, n, 3. ||xve s. Le pays de Norman-
die est un des plus gras du monde, raoïss. 1,1,2C4.
Isellui Henriet jura gras et détestables sermens
qu'il ne buroit [boirait] point, nu CANGE, grassus.
Et n'est loisible aucunement A homme ou femme,
hault ou bas, De le tenir secrètement. Ne aussi d'en
faire ses choux gras, COQUIL.. Plaid, de la simple et
de la rusée. Notre hoste a aussi du bon fromage et
bien gras, LOUIS XI, NOUV. XCIX. || xvr s. Un fas-
cheux corps vestu d'un satin gras, Un satin gras
doublé d'un fastueux corps, MAROT, III, 84. Se faire
arracher des dents saines, pour en former la voix
plus molle et plus grasse, MONT, I, 307. Un chien
enragé luy emporta le gras de la jambe, n>. m, 302.
Je fois [fais] nies jours gras des maigres, ID. rv,
î8S. On dit qu'il avoit la langue un peu grasse, ce
qui ne luy seoit pas mal; son parler gras.... AMYOT,
Aie. 2. Un jour blasmant quelqu'un qui estoit ex-
trêmement gras et replet, m. Caton, 18. Gras et
souillé du suif de la Sicile, ID. Nicias, 1. Il descou-
vrit une source d'une humeur grasse et huileuse,
qui ne differoit en rien de l'huile naturelle, ayant
le lustre et la grassesse si semblable, que l'on n'y
eust sceu.... ID. Alex. 96. Et à cause des terres qui
sont fort grasses en ce païs-là, homme ny cheval
ne pouvoit marcher avant ny arrière, CARLOIX, II,
13. Au jeune le sang est plus gras et gluant pour
faire prompte union-et-régénération de chair, PARÉ,
vu, 4. Matière crasse et visqueuse, m. 1, 29. Celle
[maison] de son voisin, où la cuisine estoit plus
grasse que la sienne, NOEL DU FAIL, Contes d'Eu-
trap. f° 18, dans POUGENS.
— ÉTYM. Picard, cras; wallon, crûs, aufém. crâse;
namurois, crau, au fém. crause; Hainaut, cras, au
fém.. crasse; provenç. et catal. gras; espagn. graso;
ital. grasso; du bas-lat. grassus, qui est dans les
Addenda de Quicherat avec le sens de gras, et qui
représente le latin crassus, signifiant épais.
GRAS-DOUBLE (grâ-dou-bl'), s. m. La mem-
brane de l'estomac du boeuf. Un plat de gras-double.
Il Au plur. Des gras-doubles.
— ÊTYM. Gros, et double.
GRAS-FONDU (grâ-fon-du), s. m. ou GRAS-FON-
DUBJE (grâ-fon-du-r'), s. f. Terme de vétérinaire.
Diarrhée, chez le cheval, accompagnée d'un amai-
grissement considérable, et dans laquelle l'animal
rend des glaires tamponnées et épaisses. || Se dit
d'autres animaux. Us [les chardonnerets] sont sujets à
l'épilepsie, à la gras-fondure, et souvent la mue est
pour eux une maladie mortelle, BUFF. Ois. t. vu,
p. 280. [Le maréchal de Noailles] C'était un homme
d'une grosseur prodigieuse et entassé, qui, précisé-
ment comme un cheval, mourut de gras-fondu,
ST-SIM. 211,91. Il Familièrement et ironiquement.il
ne mourra pas de gras-fondu, se dit d'un homme
fort maigre.
— ÉTYM. Gras, et fondu.
t GRASSANE (gra-sa-n'), s. f. Variété de figue.
GRASSEMENT (grâ-se-man), .adv. || i" Fort à
l'aisé. Vivre grassement. S'il [le duc d'Orléans]
était homme à avoir besoin de gagner sa vie, il au-
rait cinq ou six moyens différents de la gagner
grassement, ST-SIM. 369, (40. || 2° Largement, sans
lésinerie. Récompenser grassement. Au lieu de;
vingt écus, je t'en donnerai trente; C'est payer son
honneur et le tien grassement, BOURSAULT, Mots à
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
GRA
la mode, se. 15. Je t'aiderai même, en cas de be-
soin, pourvu que tu me fasses payer de mes peines
un peu grassement, REGNARn, la Sérénade, t. .
— HIST. xive s. Il sembloit aus sénateurs et aus
gentils hommes, que ils deussent avoir eu plus
grassement chascun pour soi que chacun du pueple,
BERCHEURE, f° 22, WrsO.
— ÉTYM. Grasse, et le suffixe ment; provenç.
grassament; ital. grassamente.
f GRASSERIE (grâ-se-rie), s. f. Sorte de maladie
des vers à soie.
GRASSET, ETTE (gra-sè, sè-f), ad). || 1" Qui est
un peu gras. Elle est grassette. || 2° S. m. Terme
de vétérinaire. Région du membre postérieur cor-
respondant au genou de l'homme, et ayant pour
base la rotule et les parties m'olles qui l'entourent.
|| Terme de boucherie, voy. HAMPE.
— HIST. xme s. Complexion sanguine fait home
grasset, chantant, lié [gai] et hardi et bénigne,
BRUN, LATINI, Trésor, p. 108. Tant l'a trové plainet
craset, Partonop. t. i, p. 44. || xvie s. Ceux qui sont
froids et grassets, ayans les veines petites et ca-
chées, PARÉ, XX, 28.
— ÊTYM. Diminutif de gras; provenç. grasset,
gra.set.
f H. GRASSETTE (gra-sè-f), s. f. Sarcelle d'été.
{ 2. GRASSETTE (gra-sè-f), s. f. Genre de
plantes aquatiques. La grassette commune {pin-
guicula vulgaris, L.), famille des lentibulariées.
GRASSEYEMENT (gra-sè-ye-man), s. ro. Défaut
de prononciation de celui qui grasseyé. Le véritable
grasseyement consiste en ce que, dans les mots où
la lettre r se trouve seule ou jointe à une autre
consonne, on fait entendre une sorte de roulement
guttural. Le grasseyement affecté consiste à ne pro-
noncer nullement la lettre r, en disant pa-ole,
Pa-is, pour parole, Paris, etc.
— ÊTYM. Grasseyer.
GRASSEYER (gra-sé-ié. Vy grec se conserve
dans toute la conjugaison; je grasseyais, nous gras-
seyions, vous grasseyiez; que je grasseyé, que nous
grasseyions, que vous grasseyiez), v. n. Prononcer
les r d'une manière vicieuse. Ceux qui grasseyent
ou parlent gras ont de la peine à prononcer la lettre
r, et ils lui substituent souvent la lettre l. Je vois
Grandval revenir grasseyer à l'hôtel des comédiens
ordinaires du roi, VOLT. Lett. Damilaville, i fév.
1764. || Il se dit aussi du grasseyement affecté.
Faut-il grasseyer? quelquefois cela ne sied pas
mal, FAVART, Ninette, n, 3. C'est l'affectation qui
grasseyé en parlant, Écoute sans entendre et lorgne
en regardant, VOLT. Dict. phil. Pope. [Au début de
la Restauration] On rêv.e non les conquêtes, mais la
grande parade.... le prince de *** couche en bon-
net de police ; la vieille garde grasseyé et porte des
odeurs, p. L. COUR. Lettre x.
— HIST. xvi" s. Il grassie une petit, mays cela
luy siet bien, PALSGR. p. 612.
— ÉTYM. Dérivé de gras : parler gras.
f GRASSEYEUR, EUSE (gra-sè-ieur, ieû-z'), s.
m. et f. Celui, celle qui grasseyé, qui parle en
grasseyant. Qu'il écrivit en conséquence au gras-
seyeur Grandval, qu'il instruisit ledit grasseyeur
de la permission de monseigneur le maréchal,
VOLT. Lett. Richelieu, 19 déc. 1764.
GRASSOUILLET, ETTE (gra-sou-llè, llè-t', Il
mouillées, et non gra-sou-yè), adj. Diminutif de
grasset. Un enfant grassouillet et potelé. Un petit
Ragot, grassouillet et rond comme une boule, HAMILT;
Gramm. 3.
— ÉTYM. Dérivé de gras. Ronsard, 100, a dit :
grasselet.
| GRAT (gra), s.-m. Lieu où les poules grattent.
|| Fig. Je l'ai bien envoyé au grat, se disait pour :
je l'ai rebuté, chassé, envoyé promener.
— HIST. xv° s. Ne demourons plus si confuz; Au
grat la terre est dégelée, VILLON,Baillevent et Malepaye.
— ÉTYM. Voy. GRATTER.
f GRATGAL (gra-tgal), s. m. Terme de botani-
que. Genre de plantes rubiacées composé de dix ou
douze espèces d'arbrisseaux exotiques et épineux.
f GRATELIER (gra-te-lié), s. m. Terme de botani-
que. Genre de térébinthaoées originaires d'Amérique.
GRATERON (gra-te-ron), s. m. Nom vulgaire de
différentes plantes : le gaillet accrochant [galium
aparine, L.) (rubiacées) ; l'aspérule odorante (ru-
biacées) ; le gaillet crucié (rubiacées) ; la bardane
(arclium lappa, L.) (composées).
— REM. L'Académie écrit gratter par deux tt, et
grateron par un seul. C'est manquer à l'uniformité.
— HIST. xvie s. Grateron, à cause que, par son
aspreté, elle s'attache aux habillements de ceux
qui l'approchent, .0. DE SERRES, 622.
GRA
1921
— ÉTYM. Gratter.
t GRATICULATION (gra-ti-ku-la-sion), s. f. Ac-
tion, de graticuler.
t GRATICULE (gra-ti-ku-1'), s. /. Châssis préparé
pour réduire un tableau.
. —ÉTYM. Lat. craticula, petite claie, petite grille,
diminutif de craies, claie.
GRATICULER (gra-ti-ku-lé), v. n. Terme de pein-
ture. Diviser un dessin en un certain nombre de
-carreaux reproduits en égal nombre, mais en petit,
sur un papier ou sur une toile ; au moyen de quoi
on conserve exactement les proportions de l'origi-
nal. On dit aussi- craticuler.
— ÉTYM. Graticule.
GRATIFICATION (gra-ti-fi-ka-sion; en vers, de
six syllabes), s. f. Libéralité qu'on fait à quelqu'un.
Nos étals donnèrent des gratifications pour cent
mille écus, SÉV. 83. Des gratifications particulières
d'environ quatre mille louis à Racine, VOLT.
Louis XIY, 25. Depuis que l'Etat a accordé une
gratification de cent trente-deux livres dix sols à
chacun des combattants qui s'élancerait sur un ne •
vire pris ou coulé à fond, RAYNAL, Hist. phil. xix, 6.
Il Se dit, en termes d'administration, d'une somme
qu'on accorde d'ordinaire aux employés à la fin de
l'année comme récompense de leur travail. Il a eu
deux cents francs de gratification.
— HIST. xvie s. En m'y condamnant, ils effacent
la gratification de l'action et de la gratitude qui
m'en seroit due, MONT. 1,-197. Toutes gratifications
ne sont pas bien logées en toutes gents, m. 1, 227.
— ÉTYM. Lat. gratificationem, de gratificare,
gratifier.
GRATIFIÉ, ÉE (gra-ti-fi-é, ée), part, passé de gra-
tifier. Gratifié d'un don de cent mille francs. || Iro-
niquement. Gratifié d'un grand coup de pied.
GRATIFIER (gra-ti-fi-é), je gratifiais, nous gra-
tifiions, vous gratifiiez ; que je gratifie, que nous
gratifiions, que vous gratifiiez, v. a. || 1° Accorder
un don, une faveur. Peu de gens, que le ciel chérit
et gratifie, Ont le don d'agréer infus avec là vie,
LA FONT. Fabl. iv, 5. Pleurez, Amours, gens de Cy-
thère ; Celle que Vénus votre mère Gratifiait de
maints beaux dons, Va passer des jours un peu
longs, ID. Lett. xxn. On le félicite |Louis XIV] sur
des titres d'honneur dont il vient de gratifier quel-
ques grands -de son Etat ; que dit-il ? qu'il ne peut
être content quand tous ne le sont pas, et qu'il lui
est impossible que tous le soient comme il le vou-
drait, LA BRUY. Disc, à VAcoÀ. franc. Ceux-qui con-
naissent le caractère du pape, son goût et son zèle
pour les lettres ne sont point, surpris qu'il m'ait
gratifié de plusieurs de ses médailles, lesquelles
sont autant de monuments du bon goût qui règne
à Rome, VOLT. Mél. littér. au P. de la Tour.
Il 2° Ironiquement et familièrement. Attribuer mal
à propos une chose à quelqu'un. Il veut charita-
blement me gratifier de ses bévues. || 3° Se grati-
fier, v. réfl. S'accorder l'un à l'autre. Les adminis-
trateurs se sont,gratifiés de l'excédant en caisse.
(| Ironiquement. Ils se sont gratifiés àss noms les
plus désagréables.
— HIST. xvie s. Dieu a quelquefois gratifié à des re-
questes, lesquelles toutesfois n'estoy.ent point proce-
dées d'un coeur paisible nebienrangé,OALv.2îisfâ.689.
Je trouveroy plus galand d'imiter ceulx qui entre
prennent, vivants et respirants, jouyr de l'ordre et
honneur de leur sépulture, et qui se plaisent de
veoir en marbre leur morte contenance; heureux qui
sachent resjouyr et gratifier leur sens par l'insensi-
bilité, et vivre de leur mort! MONT, m, 18. J'aimerois
aussi cher qu'il se gratifiast des bonnetades qu'on
lui faict [le prenant pour un autre], ID. m, 312.
Pisistrates adjoùsta ces deux vers, pour gratifier
[être agréable] aux Athéniens, AMYOT, Thésée, 24.
— ÉTYM. Lat. gratificare, degratus, agréable (voy.
GRÉ), et le suffixe verbal ficare (voy. FIER, suffixe).
GRATIN (gra-tin), s. m. || 1° Partie de certains
mets qui s'attache au fond du vase dans lequel
on les a fait cuire et qu'on ne détache qu'en grat-
tant. Le gratin d'une bouillie. En mangeant tous
les gratins des poêlons des petits enfants, SÉV. 400.
Il 2° Apprêt de certains mets couverts de chapelure
et cuits entre deux feux de manière à présenter en
dessus une croûte légère. Boeuf au gratin.'Sole au
gratin. || Le mets lui-même. Un excellent gratin.
|l 3° Matière adhérente aux parois et au fond d'une
fosse d'aisances.- -
— REM. L'Académie écrit gratter avec deux tt, et
gratin avec un seul.-C'est manquer à l'uniformité.
— ÉTYM. Gratter.
f GRATINER (gra-ti-né), v. n. Terme de cui-
sine. Se former en gratin, s'attacher au fond du
1. — 241
plongés dans l'eau ou enfouis dans une terre hu-
mide. || 23° Gras, adv. Parler gras, grasseyer. L'on ne
peut être plus content de. lui-même : il s'est acquis
une voix claire et délicate, et heureusement il parle
gras, LA BRUYÈRE, xui. Elle affectait d'être languis-
sante, déparier gras, HAMILT. Gramm. 10. ||Terme
de peinture. Peindre gras, avoir le pinceau gras,
peindre par couches épaisses. || Pain gras-cuit, pain
qui n'a pas levé, qui est pâteux faute de cuisson.
|[ Terme de fauconnerie. Voler haut et gras, se dit
d'un oiseau dont le vol est hardi. || Terme de vété-
rinaire. Ce cheval est gras-fondu, il est malade de
gras-fondure.
— HIST. xn* s. Dune comença sun cors durement
à grever, E les grasses-[grossières] viandes, chous e
nés [navets] à user, Th. le mari. 93. Nis dous feiz
[même deux fois] descendirent jus des palefreiz cras,
ib. 114. || xiir S. Tout liiavernier de Paris pueent
vendre tel vin corne il voelent, cras ou bouté, et à
tel fuer corne il voelent, Lin. des met. 29. Grosses bre-
bis et èrasses vaches, Ren. 11473.. Et sachiez que
ses gras [de l'autruche] est molt profitables à tou-
tes dolors que on ait en ses membres, BRUN, LATINI,
Trésor, p. 222. Et ge les voi, les jengleors, Plus
cras qu'abbés né que priors, la Rose, 2568. || xive s.
Le bras estoit dessous la manche Gras et roond,
Lande dorée. Si le vin est gras [sorte de maladie du
vin], Mênagier, n, 3. ||xve s. Le pays de Norman-
die est un des plus gras du monde, raoïss. 1,1,2C4.
Isellui Henriet jura gras et détestables sermens
qu'il ne buroit [boirait] point, nu CANGE, grassus.
Et n'est loisible aucunement A homme ou femme,
hault ou bas, De le tenir secrètement. Ne aussi d'en
faire ses choux gras, COQUIL.. Plaid, de la simple et
de la rusée. Notre hoste a aussi du bon fromage et
bien gras, LOUIS XI, NOUV. XCIX. || xvr s. Un fas-
cheux corps vestu d'un satin gras, Un satin gras
doublé d'un fastueux corps, MAROT, III, 84. Se faire
arracher des dents saines, pour en former la voix
plus molle et plus grasse, MONT, I, 307. Un chien
enragé luy emporta le gras de la jambe, n>. m, 302.
Je fois [fais] nies jours gras des maigres, ID. rv,
î8S. On dit qu'il avoit la langue un peu grasse, ce
qui ne luy seoit pas mal; son parler gras.... AMYOT,
Aie. 2. Un jour blasmant quelqu'un qui estoit ex-
trêmement gras et replet, m. Caton, 18. Gras et
souillé du suif de la Sicile, ID. Nicias, 1. Il descou-
vrit une source d'une humeur grasse et huileuse,
qui ne differoit en rien de l'huile naturelle, ayant
le lustre et la grassesse si semblable, que l'on n'y
eust sceu.... ID. Alex. 96. Et à cause des terres qui
sont fort grasses en ce païs-là, homme ny cheval
ne pouvoit marcher avant ny arrière, CARLOIX, II,
13. Au jeune le sang est plus gras et gluant pour
faire prompte union-et-régénération de chair, PARÉ,
vu, 4. Matière crasse et visqueuse, m. 1, 29. Celle
[maison] de son voisin, où la cuisine estoit plus
grasse que la sienne, NOEL DU FAIL, Contes d'Eu-
trap. f° 18, dans POUGENS.
— ÉTYM. Picard, cras; wallon, crûs, aufém. crâse;
namurois, crau, au fém. crause; Hainaut, cras, au
fém.. crasse; provenç. et catal. gras; espagn. graso;
ital. grasso; du bas-lat. grassus, qui est dans les
Addenda de Quicherat avec le sens de gras, et qui
représente le latin crassus, signifiant épais.
GRAS-DOUBLE (grâ-dou-bl'), s. m. La mem-
brane de l'estomac du boeuf. Un plat de gras-double.
Il Au plur. Des gras-doubles.
— ÊTYM. Gros, et double.
GRAS-FONDU (grâ-fon-du), s. m. ou GRAS-FON-
DUBJE (grâ-fon-du-r'), s. f. Terme de vétérinaire.
Diarrhée, chez le cheval, accompagnée d'un amai-
grissement considérable, et dans laquelle l'animal
rend des glaires tamponnées et épaisses. || Se dit
d'autres animaux. Us [les chardonnerets] sont sujets à
l'épilepsie, à la gras-fondure, et souvent la mue est
pour eux une maladie mortelle, BUFF. Ois. t. vu,
p. 280. [Le maréchal de Noailles] C'était un homme
d'une grosseur prodigieuse et entassé, qui, précisé-
ment comme un cheval, mourut de gras-fondu,
ST-SIM. 211,91. Il Familièrement et ironiquement.il
ne mourra pas de gras-fondu, se dit d'un homme
fort maigre.
— ÉTYM. Gras, et fondu.
t GRASSANE (gra-sa-n'), s. f. Variété de figue.
GRASSEMENT (grâ-se-man), .adv. || i" Fort à
l'aisé. Vivre grassement. S'il [le duc d'Orléans]
était homme à avoir besoin de gagner sa vie, il au-
rait cinq ou six moyens différents de la gagner
grassement, ST-SIM. 369, (40. || 2° Largement, sans
lésinerie. Récompenser grassement. Au lieu de;
vingt écus, je t'en donnerai trente; C'est payer son
honneur et le tien grassement, BOURSAULT, Mots à
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
GRA
la mode, se. 15. Je t'aiderai même, en cas de be-
soin, pourvu que tu me fasses payer de mes peines
un peu grassement, REGNARn, la Sérénade, t. .
— HIST. xive s. Il sembloit aus sénateurs et aus
gentils hommes, que ils deussent avoir eu plus
grassement chascun pour soi que chacun du pueple,
BERCHEURE, f° 22, WrsO.
— ÉTYM. Grasse, et le suffixe ment; provenç.
grassament; ital. grassamente.
f GRASSERIE (grâ-se-rie), s. f. Sorte de maladie
des vers à soie.
GRASSET, ETTE (gra-sè, sè-f), ad). || 1" Qui est
un peu gras. Elle est grassette. || 2° S. m. Terme
de vétérinaire. Région du membre postérieur cor-
respondant au genou de l'homme, et ayant pour
base la rotule et les parties m'olles qui l'entourent.
|| Terme de boucherie, voy. HAMPE.
— HIST. xme s. Complexion sanguine fait home
grasset, chantant, lié [gai] et hardi et bénigne,
BRUN, LATINI, Trésor, p. 108. Tant l'a trové plainet
craset, Partonop. t. i, p. 44. || xvie s. Ceux qui sont
froids et grassets, ayans les veines petites et ca-
chées, PARÉ, XX, 28.
— ÊTYM. Diminutif de gras; provenç. grasset,
gra.set.
f H. GRASSETTE (gra-sè-f), s. f. Sarcelle d'été.
{ 2. GRASSETTE (gra-sè-f), s. f. Genre de
plantes aquatiques. La grassette commune {pin-
guicula vulgaris, L.), famille des lentibulariées.
GRASSEYEMENT (gra-sè-ye-man), s. ro. Défaut
de prononciation de celui qui grasseyé. Le véritable
grasseyement consiste en ce que, dans les mots où
la lettre r se trouve seule ou jointe à une autre
consonne, on fait entendre une sorte de roulement
guttural. Le grasseyement affecté consiste à ne pro-
noncer nullement la lettre r, en disant pa-ole,
Pa-is, pour parole, Paris, etc.
— ÊTYM. Grasseyer.
GRASSEYER (gra-sé-ié. Vy grec se conserve
dans toute la conjugaison; je grasseyais, nous gras-
seyions, vous grasseyiez; que je grasseyé, que nous
grasseyions, que vous grasseyiez), v. n. Prononcer
les r d'une manière vicieuse. Ceux qui grasseyent
ou parlent gras ont de la peine à prononcer la lettre
r, et ils lui substituent souvent la lettre l. Je vois
Grandval revenir grasseyer à l'hôtel des comédiens
ordinaires du roi, VOLT. Lett. Damilaville, i fév.
1764. || Il se dit aussi du grasseyement affecté.
Faut-il grasseyer? quelquefois cela ne sied pas
mal, FAVART, Ninette, n, 3. C'est l'affectation qui
grasseyé en parlant, Écoute sans entendre et lorgne
en regardant, VOLT. Dict. phil. Pope. [Au début de
la Restauration] On rêv.e non les conquêtes, mais la
grande parade.... le prince de *** couche en bon-
net de police ; la vieille garde grasseyé et porte des
odeurs, p. L. COUR. Lettre x.
— HIST. xvi" s. Il grassie une petit, mays cela
luy siet bien, PALSGR. p. 612.
— ÉTYM. Dérivé de gras : parler gras.
f GRASSEYEUR, EUSE (gra-sè-ieur, ieû-z'), s.
m. et f. Celui, celle qui grasseyé, qui parle en
grasseyant. Qu'il écrivit en conséquence au gras-
seyeur Grandval, qu'il instruisit ledit grasseyeur
de la permission de monseigneur le maréchal,
VOLT. Lett. Richelieu, 19 déc. 1764.
GRASSOUILLET, ETTE (gra-sou-llè, llè-t', Il
mouillées, et non gra-sou-yè), adj. Diminutif de
grasset. Un enfant grassouillet et potelé. Un petit
Ragot, grassouillet et rond comme une boule, HAMILT;
Gramm. 3.
— ÉTYM. Dérivé de gras. Ronsard, 100, a dit :
grasselet.
| GRAT (gra), s.-m. Lieu où les poules grattent.
|| Fig. Je l'ai bien envoyé au grat, se disait pour :
je l'ai rebuté, chassé, envoyé promener.
— HIST. xv° s. Ne demourons plus si confuz; Au
grat la terre est dégelée, VILLON,Baillevent et Malepaye.
— ÉTYM. Voy. GRATTER.
f GRATGAL (gra-tgal), s. m. Terme de botani-
que. Genre de plantes rubiacées composé de dix ou
douze espèces d'arbrisseaux exotiques et épineux.
f GRATELIER (gra-te-lié), s. m. Terme de botani-
que. Genre de térébinthaoées originaires d'Amérique.
GRATERON (gra-te-ron), s. m. Nom vulgaire de
différentes plantes : le gaillet accrochant [galium
aparine, L.) (rubiacées) ; l'aspérule odorante (ru-
biacées) ; le gaillet crucié (rubiacées) ; la bardane
(arclium lappa, L.) (composées).
— REM. L'Académie écrit gratter par deux tt, et
grateron par un seul. C'est manquer à l'uniformité.
— HIST. xvie s. Grateron, à cause que, par son
aspreté, elle s'attache aux habillements de ceux
qui l'approchent, .0. DE SERRES, 622.
GRA
1921
— ÉTYM. Gratter.
t GRATICULATION (gra-ti-ku-la-sion), s. f. Ac-
tion, de graticuler.
t GRATICULE (gra-ti-ku-1'), s. /. Châssis préparé
pour réduire un tableau.
. —ÉTYM. Lat. craticula, petite claie, petite grille,
diminutif de craies, claie.
GRATICULER (gra-ti-ku-lé), v. n. Terme de pein-
ture. Diviser un dessin en un certain nombre de
-carreaux reproduits en égal nombre, mais en petit,
sur un papier ou sur une toile ; au moyen de quoi
on conserve exactement les proportions de l'origi-
nal. On dit aussi- craticuler.
— ÉTYM. Graticule.
GRATIFICATION (gra-ti-fi-ka-sion; en vers, de
six syllabes), s. f. Libéralité qu'on fait à quelqu'un.
Nos étals donnèrent des gratifications pour cent
mille écus, SÉV. 83. Des gratifications particulières
d'environ quatre mille louis à Racine, VOLT.
Louis XIY, 25. Depuis que l'Etat a accordé une
gratification de cent trente-deux livres dix sols à
chacun des combattants qui s'élancerait sur un ne •
vire pris ou coulé à fond, RAYNAL, Hist. phil. xix, 6.
Il Se dit, en termes d'administration, d'une somme
qu'on accorde d'ordinaire aux employés à la fin de
l'année comme récompense de leur travail. Il a eu
deux cents francs de gratification.
— HIST. xvie s. En m'y condamnant, ils effacent
la gratification de l'action et de la gratitude qui
m'en seroit due, MONT. 1,-197. Toutes gratifications
ne sont pas bien logées en toutes gents, m. 1, 227.
— ÉTYM. Lat. gratificationem, de gratificare,
gratifier.
GRATIFIÉ, ÉE (gra-ti-fi-é, ée), part, passé de gra-
tifier. Gratifié d'un don de cent mille francs. || Iro-
niquement. Gratifié d'un grand coup de pied.
GRATIFIER (gra-ti-fi-é), je gratifiais, nous gra-
tifiions, vous gratifiiez ; que je gratifie, que nous
gratifiions, que vous gratifiiez, v. a. || 1° Accorder
un don, une faveur. Peu de gens, que le ciel chérit
et gratifie, Ont le don d'agréer infus avec là vie,
LA FONT. Fabl. iv, 5. Pleurez, Amours, gens de Cy-
thère ; Celle que Vénus votre mère Gratifiait de
maints beaux dons, Va passer des jours un peu
longs, ID. Lett. xxn. On le félicite |Louis XIV] sur
des titres d'honneur dont il vient de gratifier quel-
ques grands -de son Etat ; que dit-il ? qu'il ne peut
être content quand tous ne le sont pas, et qu'il lui
est impossible que tous le soient comme il le vou-
drait, LA BRUY. Disc, à VAcoÀ. franc. Ceux-qui con-
naissent le caractère du pape, son goût et son zèle
pour les lettres ne sont point, surpris qu'il m'ait
gratifié de plusieurs de ses médailles, lesquelles
sont autant de monuments du bon goût qui règne
à Rome, VOLT. Mél. littér. au P. de la Tour.
Il 2° Ironiquement et familièrement. Attribuer mal
à propos une chose à quelqu'un. Il veut charita-
blement me gratifier de ses bévues. || 3° Se grati-
fier, v. réfl. S'accorder l'un à l'autre. Les adminis-
trateurs se sont,gratifiés de l'excédant en caisse.
(| Ironiquement. Ils se sont gratifiés àss noms les
plus désagréables.
— HIST. xvie s. Dieu a quelquefois gratifié à des re-
questes, lesquelles toutesfois n'estoy.ent point proce-
dées d'un coeur paisible nebienrangé,OALv.2îisfâ.689.
Je trouveroy plus galand d'imiter ceulx qui entre
prennent, vivants et respirants, jouyr de l'ordre et
honneur de leur sépulture, et qui se plaisent de
veoir en marbre leur morte contenance; heureux qui
sachent resjouyr et gratifier leur sens par l'insensi-
bilité, et vivre de leur mort! MONT, m, 18. J'aimerois
aussi cher qu'il se gratifiast des bonnetades qu'on
lui faict [le prenant pour un autre], ID. m, 312.
Pisistrates adjoùsta ces deux vers, pour gratifier
[être agréable] aux Athéniens, AMYOT, Thésée, 24.
— ÉTYM. Lat. gratificare, degratus, agréable (voy.
GRÉ), et le suffixe verbal ficare (voy. FIER, suffixe).
GRATIN (gra-tin), s. m. || 1° Partie de certains
mets qui s'attache au fond du vase dans lequel
on les a fait cuire et qu'on ne détache qu'en grat-
tant. Le gratin d'une bouillie. En mangeant tous
les gratins des poêlons des petits enfants, SÉV. 400.
Il 2° Apprêt de certains mets couverts de chapelure
et cuits entre deux feux de manière à présenter en
dessus une croûte légère. Boeuf au gratin.'Sole au
gratin. || Le mets lui-même. Un excellent gratin.
|l 3° Matière adhérente aux parois et au fond d'une
fosse d'aisances.- -
— REM. L'Académie écrit gratter avec deux tt, et
gratin avec un seul.-C'est manquer à l'uniformité.
— ÉTYM. Gratter.
f GRATINER (gra-ti-né), v. n. Terme de cui-
sine. Se former en gratin, s'attacher au fond du
1. — 241
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