1910
GRA
GRA
GRA
- ÉTYM. &iâce. Gracier, dans l'ancien français,
signifia rendre grâce, remercier.
GRACIEUSE, ÉE (gra-si-eû-zé, zée), port, passé
de gracieuser. Gracieuse des grands, LESAGB, D. boit.
GRACIEUSEMENT (gra-si-eû-ze-man), adv. D'une
manière gracieuse. 11 accueille gracieusement tout
le monde.
— HIST. xiv" s. Un clerc l'avoit rimée [la chan-
son] tant grasieusement, Baud. de Seb. vi, 39*.
|| xv* s. Et tousjours ledict de la Rivière respon-
doit le plus gratieusement qu'il pouvoit, JOV. DES
URS. Charles VI, 4443. || xv:" s. Obéissez à Dieu
gracieusement, CALV. Instit. 4 0(3.
— ÊTYM. Gracieuse, et le suffixe ment; provenç.
graciosamen; catal. graciosament ; espagn. gracio-
samente; ital. grazio*amente.
GRACIEUSER (gra-si-eû-zé), v. a. Faire de gran-
des démonstrations de bienveillance à quelqu'un.
Le roi d'Espagne fit venir de Flandre le comte de
Serclaës pour y commander ses troupes sous lui,
que le roi gracieusa fort en passant, ST-SIMON, 4 26,
4 37. Le duc d'Orléans vit les magistrats, les entre-
tint, les gracieusa, n>. 254, 4 63.
— REM. Gracieuser, dire des choses obligeantes,
mot présentement du bel usage, DE CAILLIÈRES,
4 690. On commence à se servir du mot gracieuser,
qui signifie recevoir, parler obligeamment ; mais ce
mot n'est pas employé par les bons écrivains dans
le style noble, VOLT. Dict. phil. Gracieux. Le mot
est plus ancien que ne croit Voltaire ; mais il est
en effet plutôt du style familier que du style élevé;
nos adjectifs en eux formant bien peu de verbes
en euser.
— HIST. xvi" s Ce qui donna lieu à la reine de
la gracieuser et de l'honorer d'une grande familia-
rité, D'AUB. Vie, LVII. r-
— ÉTYM. Gracieux.
GRACIEUSETÉ (gra-si-eû-ze-té), s. f. || 1° Civilité
tout affectueuse. Sa vanité lui fit prendre sur son
compte des gracieusetés qui n'étaient que pour ses
bouffonneries, HAMILTON, Gramm. 7. Le roi mit la
calotte sur la têledu cardinal de Noailles avec force
gracieusetés, ST-SIMON , 78, 3. || 2° Gratification, ce
que l'on donne à quelqu'un en sus de ce qu'on lui
doit. Il lui fit une gracieuseté.
— HIST. xv* s. Et estes-vous tel, se vous m'avez,
donné aucune courtoisie ou gracieuseté [cadeau],
que vous me le vouliez après retoller [reprendre] ?
LOUIS xi, Nouv. XVIII. Je vous avois, entre autres,
choisie comme la nompareille de beauté, genteté et
gracieuseté, ID. ib. xxvm. || xvi" s. Nous savons
aussi de quelle gracieuseté saint Augustin usa en-
vers les donatistes, CALV. Inst. 992.
— ÉTYM. Provence graciositat; espagn. gracio-
Hdad; ital. graziosità; du latin grahositalem, de
gratiosus, gracieux.
GRACIEUX, EUSE (gra-si-eû, eû-z'), adj. || i° Qui
a de la grâce. Votre esprit inquiet, triste, noir,
soucieux, Ne vous produira pas des songes gra-
cieux, MAIRET, S&phon. il, 3. Madame à ce-discours
embrassa le gracieux ignorant, VOLT. Jcannot et
Colin. Oui, voilà son regard et ses traits gracieux,
M. J. CHÉNIER, Fénel. n, 3. || Qui porte à l'imagi-
nation, à l'âme, des idées, des peintures douces
et charmantes, en parlant des productions des let-
tres et des beaux-arts. Un sujet gracieux. Une fable
gracieuse. || Style gracieux, style où l'on trouve
de la grâce. || S. m. Le gracieux, ce qu'il y a de
gracieux. Le gracieux se compose de l'élégant, du
riant et du noble. Watteau a été dans le gracieux
à peu près ce que Teniers a été dans le grotesque,
VOLT. Louis XIV, Artistes. [] 2° Poli, doux, civil. Il
est gracieux pour tout le monde. Et l'accueil gra-
cieux qu'il recevait de vous.... CORN. Hor. i, 3. Et
quel est cet abord? qu'il est peu gracieux 1 ROTROU,
Antig. n, 4. Et désormais gracieux, Allez à Liège,
à Bruxelles, Porter les humbles nouvelles De Na-
mur pris à vos yeux, BOIL. Ode, Namur. Les nou-
veaux magistrats songèrent à se rendre gracieux au
peuple, LE p. CATROU, dans DESFONTAINES. || 3" Qui
est de grâce, favorable. Ce qu'il y aurait eu de gra-
cieux à cela, c'est que, supposé cet établissement
fait et une paix de durée, il n'y a point d'année
que les revenus du roi ne se fussent augmentés
sans rien forcer ni violenter personne, VAUBAN,
Dime, p. 460. ||S titre gracieux, par pure grâce,
sans qu'on y soit obligé par aucune considération.
]| Juridiction gracieuse, celle que les évêques exer-
çaient par eux-mêmes, par opposition à la juridic-
tion contentieuse qu'ils exerçaient par leurs offi-
ciaux. || En style de chancellerie romaine, les
provisions d'un bénéfice sont expédiées en forme
gracieuse'quand elles dispensent l'impétrant de
l'examen et du visa de l'ordinaire. || 4° Qui accorde
des grâces. Il n'est usité en ce sens que comme
titre de certains souverains. La plupart des peuples
du Nord disent : notre gracieux souverain ; appa-
remment qu'ils entendent bienfaisant, VOLT. Dict.
phil.Gracieux. ||5° S. m. Le gracieux, le gracioso.Je
suis le gracieux de la Iroupe, v. HUGO, M. de l'Orme.
— REM. « Gracieux est un terme qui manquait à
« notre langue, et qu'on doit à Ménage. Bouhours,
« en avouant que Ménage en est l'auteur, prétend
« qu'il en a fait aussi l'emploi le plus juste, en di-
te sant : Pour moi de qui les vers n'ont rien de grâ-
ce cieux, VOLT. Dict. phil. Gracieux. » On ne conçoit
pas comment Voltaire a pu dire que le mot gracieux
était dû à Ménage; ce mot se trouve de tout temps
dans la langue. Le fait est que gracieux, condamné
par Vaugelas, par Marguerite Buffet, qui dit qu'il
est hors du beau style, fut défendu par Ménage.
11 a heureusement triomphé de l'opposition des
puristes. Quant à Caillères, il se borne à dire :
Un visage, un sourire gracieux, mot tiré de la
langue des peintres et présentement du bel usage.
L'Académie, dans ses remarques sur Vaugelas, n'ad-
met gracieux que dans le sens de doux, courtois, el
en termes de peinture : Il y a je ne sais quoi de gra-
cieux dans ce tableau.-
— SYN. GRACIEUX, AGRÉABLE. Ce qui est gracieux
a de la grâce; ce qui est agréable a de l'agrément.
Or la grâce a un charme bien plus fort et bien plus
pénétrant que l'agrément. La grâce peut être mise
au-dessus de la beauté; l'agrément ne l'a pu jamais.
— HIST. xme s. Plus gracieus est uns petiz dons
faiz isnelement [vite] que uns autres grans n'est qui
est à paine donés, BRDN. LATINI, Trésor, p. 44 4. Ele
[Bertej est plus gracieuse que n'est la rose en mai,
Berte, LVII. Il laissierent le roi et la roine tous do-
lans pour Loeys lor aisnet filz qui mors estoit sour
l'eage de seize ans et avoit esté mervelles sages et
grassieus, Chr. de Rains, 236. ||xives. Se il est agréa-
ble et gracieux, ORESME, Elh. 263. || xV\s. Il ne
pouvoit faire plus belle saison ni plus gracieuse,
FROISS. n, n, 212. Ettoutesfois feut-il conclu, qu'on
leur feroit la plus gratieuse response que faire se
pourroit, JUVÉN. DES URS. Charles VI, 4 384. || xvi" s.
Un joug gracieux et fardeau léger, CALV.Instit. 946.
Gracieux [qui fait grâce] aux vaincus, MONT, I, 4.
Le vin semble amer au malade et gracieux au sain,
ID. il, 362. Langage nerveux et puissant, comme le
françois est gracieux, délicat, ID. m, 39. Admones-
tant le peuple d'élire, non pas les plus gracieux,
mais les plus aspres et rigoureux médecins, AMYOT ,
Caton, 33.
— ÉTYM. Provenç. gracias; espagn. gracioso;
ital. grasioso; du latin gratiosus, de gratia, grâce.
GRACILITÉ (gra-si-li-té), s. f. Qualité de ce qui
est grêle. La gracilité de la voix.
— ÉTYM. Lat. gracilitatem, de gracilis, grêle
(voy. GRÊLE, adj.).
f GRACIOLE (gra-si-o-1'), s. f. Nom d'une variété
de poire. Graciole d'été, le bon chrétien d'été. Gra-
ciole d'hiver, le bon chrétien d'hiver. Elle est
nommée gratioli dans le Dictionnaire de Trévoux
et gratiori en Normandie.
f GRACIOSO (gra-si-o-zo), s. m. Bouffon de la
comédie espagnole. || Au plur.'Bes graciosos.
— ÉTYM. Lat. gratiosus, gracieux.
t GRADATIF, IVE (gra-da-tif, ti-v'), adj. Terme
didactique. Qui va par gradation.
— ÉTYM. Voy. GRADATION; provenç. gradatiu.
GRADATION (gra-da-sion ; en vers, de quatre syl-
labes) , s. f. || 1° Passage successif d'un état à un
autre. Sans aucune de ces gradations insensibles qui
amènent les saisons, VOLT. Charles XII, 4. Cette
gradation d'êtres qui s'élèvent depuis le plus léger
atome jusqu'à l'être suprême, cette échelle de
l'infini frappe d'admiration, ID. Dict. phil. Chaîne
des êtres. Celui-là [Mars] fait son tour en deux ans,
Jupiter son voisin en douze, Saturne en trente, et
encore Saturne, le plus éloigné de tous, n'est pas si
gros que Jupiter; où est la gradation prétendue? ID. ib.
Nous voyons partout des gradations entre les êtres ;
mais l'ordre de ces gradations ne nous est encore
connu que très-imparfaitement, BONNET, Contempl.
nat. ni, 26. || 2" Particulièrement, accroissement
progressif. La gradation de la lumière est sensible
depuis la pointe du jour jusqu'au lever du soleil. Ils
se prirent de paroles, et, après quelque gradation
d'injures, Charpentier reprocha à l'abbé Tallemant
qu'il était fils d'un marchand banqueroutier de la
Rochelle, FURETIÈRE, Factums, 1.1, p. i 97. ||3°Terme
de rhétorique. Figure par laquelle on accumule plu-
sieurs termes ou plusieurs idées qui enchérissent
l'une sur l'autre. Il fallait dire [dans l'ode de Bci-
leau sur la prise de Namur] : Je vois nos cohortes
s'ouvrir un large chemin à travers les débris des ro-
chers, au milieu des armes brisées et sur des morts
entassés; alors il y aurait eu de la gradation, de la
vérité et une image terrible, VOLT. Dict. phil. En-
thousiasme. || 4° Terme de peinture. Passage insen-
sible d'un ton à un autre. || 5° Plus particulièrement,
en peinture et en sculpture, artifice de composition
par lequel on fait saillir le personnage ou le groupa
principal, en affaiblissant graduellement la lumière,
l'expression'dans les autres figures. || 6° En archi-
tecture, disposition de plusieurs parties qui, ran-
gées par degrés ou les unes au-dessus des autres,
symétrisent par leurs formes et leurs ornements.
|| 7° En musique, mélodie dans laquelle l'expression
monte, pour ainsi dire, au moyen d'une progres-
sion de figures qui se ressemblent. || Il signifie aussi
la progression du piano ou doke au forte et au
fortissimo.
— HIST. xvi« s. Je loue [chez les femmes] la gra-
dation et la longueur en la dispensation de leurs
faveurs, MONT, ni, 369.
— ÉTYM. Provenç. gradatio ; ital. gradaxione ;
du lat. gradationem, ayant pour radical grad qui
est dans gradus, degré (voy. GRADE).
GRADE (gra-d'), s. m. || 1° Degré de dignité,
d'honneur dans une hiérarchie. Rome n'attacha
point le grade à la noblesse, CORN. Sertor. n, 2. Il
est mille douceurs en un grade si haut [le trône]
Où peut-être avez-vous moins pensé qu'il ne faut,
m. Othon, m, 5. Rome enfin de ton choix tient-elle
un lieutenant? Le sort pourvoit Narsès de ce grade
éminent, ROTROD, Bélis. n, 10. Guillaume des Cham-
peaux, né en Brie de parents obscurs, s'éleva par la
réputation qu'il se fit, de grade en grade jusqu'à
l'épiseopat, DIDEROT, Opin. des anc. philos, [sco-
lastiques). || 2° Se dit de l'armée. Le grade de
capitaine, de colonel, de sergent. Les grades supé-
rieurs. Les grades inférieurs. La plupart s'accordè-
rent sur la possibilité de conquérir la Russie, soit que
leur espoir y vît à acquérir, suivant leur position,
depuis un simple grade jusqu'à un trône; soit qu'ils
se fussent laissé prendre à l'enthousiasme des Po-
lonais, SÉGUR, Bist. de Nap. n, 6. || 3° Il se dit aussi
des rangs universitaires. Il y a trois grades dans
l'université : bachelier, licencié, docteur. Prendra
ses grades dans l'université. j| 4° Anciennement,
lettre qu'on obtenait en vertu des grades qu'on
avait acquis. Signifier, jeter ses grades sur une
abbaye. || 5" Nom donné, en géométrie, à la cen-
tième partie du quart de cercle, et, en géographie,
au degré centésimal que l'on a tenté un instant d«
substituer au degré nonagésimal. || Nom donné
aussi quelquefois aux divisions centigrades des me-
sures qui se divisaient autrement. Dans le thermo-
mètre centigrade, le grade vaut les 4/5 du degré de
Réaumur.
— HIST. xvi" s N'eust voulu recevoir une
grade s'il n'eust pensé en estre bien digne, CARL.
I, 19. Honorez du grade de chevalerie, ID. m, 25.
— ÉTYM. Lat. gradus, degré, de la même racine
que gradi, marcher, rapproché avec raison de
l'allemand schreilen, marcher.
GRADÉ (gra-dé), adj. m. Quia un grade dans
l'armée. Militaire gradé, non gradé. Il ne se dit
guère que des grades inférieurs, de ceux qui sont
marqués par des galons.
f GRADILLE (gra-di-11', M mouillées), s. f. Terme
d'architecture. Espèce de dentelure.
GRADIN (gra-din), s. m. || 1° Petit degré qu'on
met sur un autel, sur un buffet, etc. pour y placer
des chandeliers, des fleurs, etc. Un buffet en gra-
dins portait vingt mille vases ou plats d'or, VOLT.
Princ. de Babyl. 3. || Degrés de plomb ou de pierre,
pratiqués dans les buffets d'eau et les cascades, où
l'eau en tombant forme des nappes. || 2° Bancs dis-
posés en étages, par exemple dans les amphithéâ-
tres. Ce monde est un vaste amphithéâtre où chacun
est placé au hasard sur son gradin, VOLT. Dial. 3. Je
vis au bout d'une allée d'orangers et de citronniers
une espèce de lice immense entourée de gradins
couverts d'étoffes précieuses, ID. Voyages de Scar-
mentado. || Par extension. Je commence à gravir ces
gradins de collines.... LAMART. JOC. II, 72. || Abso-
lument. Les gradins des classes des lycées. Il était ■
encore sur les gradins, que déjà il témoignait des
dispositions à la poésie. || 3° Terme de jardinage.
Gradins de gazon, marches ou degrés revêtus de
gazon. || 4° Terme de mines. Gradins renversés, ou-
vrage dans lequel on exploite en forme de dessous
d'escalier.
— ÉTYM. Dérivé de grade, degré.
t GRADINE (gra-di-.n'), s. f. Ciseau très-affilé et
GRA
GRA
GRA
- ÉTYM. &iâce. Gracier, dans l'ancien français,
signifia rendre grâce, remercier.
GRACIEUSE, ÉE (gra-si-eû-zé, zée), port, passé
de gracieuser. Gracieuse des grands, LESAGB, D. boit.
GRACIEUSEMENT (gra-si-eû-ze-man), adv. D'une
manière gracieuse. 11 accueille gracieusement tout
le monde.
— HIST. xiv" s. Un clerc l'avoit rimée [la chan-
son] tant grasieusement, Baud. de Seb. vi, 39*.
|| xv* s. Et tousjours ledict de la Rivière respon-
doit le plus gratieusement qu'il pouvoit, JOV. DES
URS. Charles VI, 4443. || xv:" s. Obéissez à Dieu
gracieusement, CALV. Instit. 4 0(3.
— ÊTYM. Gracieuse, et le suffixe ment; provenç.
graciosamen; catal. graciosament ; espagn. gracio-
samente; ital. grazio*amente.
GRACIEUSER (gra-si-eû-zé), v. a. Faire de gran-
des démonstrations de bienveillance à quelqu'un.
Le roi d'Espagne fit venir de Flandre le comte de
Serclaës pour y commander ses troupes sous lui,
que le roi gracieusa fort en passant, ST-SIMON, 4 26,
4 37. Le duc d'Orléans vit les magistrats, les entre-
tint, les gracieusa, n>. 254, 4 63.
— REM. Gracieuser, dire des choses obligeantes,
mot présentement du bel usage, DE CAILLIÈRES,
4 690. On commence à se servir du mot gracieuser,
qui signifie recevoir, parler obligeamment ; mais ce
mot n'est pas employé par les bons écrivains dans
le style noble, VOLT. Dict. phil. Gracieux. Le mot
est plus ancien que ne croit Voltaire ; mais il est
en effet plutôt du style familier que du style élevé;
nos adjectifs en eux formant bien peu de verbes
en euser.
— HIST. xvi" s Ce qui donna lieu à la reine de
la gracieuser et de l'honorer d'une grande familia-
rité, D'AUB. Vie, LVII. r-
— ÉTYM. Gracieux.
GRACIEUSETÉ (gra-si-eû-ze-té), s. f. || 1° Civilité
tout affectueuse. Sa vanité lui fit prendre sur son
compte des gracieusetés qui n'étaient que pour ses
bouffonneries, HAMILTON, Gramm. 7. Le roi mit la
calotte sur la têledu cardinal de Noailles avec force
gracieusetés, ST-SIMON , 78, 3. || 2° Gratification, ce
que l'on donne à quelqu'un en sus de ce qu'on lui
doit. Il lui fit une gracieuseté.
— HIST. xv* s. Et estes-vous tel, se vous m'avez,
donné aucune courtoisie ou gracieuseté [cadeau],
que vous me le vouliez après retoller [reprendre] ?
LOUIS xi, Nouv. XVIII. Je vous avois, entre autres,
choisie comme la nompareille de beauté, genteté et
gracieuseté, ID. ib. xxvm. || xvi" s. Nous savons
aussi de quelle gracieuseté saint Augustin usa en-
vers les donatistes, CALV. Inst. 992.
— ÉTYM. Provence graciositat; espagn. gracio-
Hdad; ital. graziosità; du latin grahositalem, de
gratiosus, gracieux.
GRACIEUX, EUSE (gra-si-eû, eû-z'), adj. || i° Qui
a de la grâce. Votre esprit inquiet, triste, noir,
soucieux, Ne vous produira pas des songes gra-
cieux, MAIRET, S&phon. il, 3. Madame à ce-discours
embrassa le gracieux ignorant, VOLT. Jcannot et
Colin. Oui, voilà son regard et ses traits gracieux,
M. J. CHÉNIER, Fénel. n, 3. || Qui porte à l'imagi-
nation, à l'âme, des idées, des peintures douces
et charmantes, en parlant des productions des let-
tres et des beaux-arts. Un sujet gracieux. Une fable
gracieuse. || Style gracieux, style où l'on trouve
de la grâce. || S. m. Le gracieux, ce qu'il y a de
gracieux. Le gracieux se compose de l'élégant, du
riant et du noble. Watteau a été dans le gracieux
à peu près ce que Teniers a été dans le grotesque,
VOLT. Louis XIV, Artistes. [] 2° Poli, doux, civil. Il
est gracieux pour tout le monde. Et l'accueil gra-
cieux qu'il recevait de vous.... CORN. Hor. i, 3. Et
quel est cet abord? qu'il est peu gracieux 1 ROTROU,
Antig. n, 4. Et désormais gracieux, Allez à Liège,
à Bruxelles, Porter les humbles nouvelles De Na-
mur pris à vos yeux, BOIL. Ode, Namur. Les nou-
veaux magistrats songèrent à se rendre gracieux au
peuple, LE p. CATROU, dans DESFONTAINES. || 3" Qui
est de grâce, favorable. Ce qu'il y aurait eu de gra-
cieux à cela, c'est que, supposé cet établissement
fait et une paix de durée, il n'y a point d'année
que les revenus du roi ne se fussent augmentés
sans rien forcer ni violenter personne, VAUBAN,
Dime, p. 460. ||S titre gracieux, par pure grâce,
sans qu'on y soit obligé par aucune considération.
]| Juridiction gracieuse, celle que les évêques exer-
çaient par eux-mêmes, par opposition à la juridic-
tion contentieuse qu'ils exerçaient par leurs offi-
ciaux. || En style de chancellerie romaine, les
provisions d'un bénéfice sont expédiées en forme
gracieuse'quand elles dispensent l'impétrant de
l'examen et du visa de l'ordinaire. || 4° Qui accorde
des grâces. Il n'est usité en ce sens que comme
titre de certains souverains. La plupart des peuples
du Nord disent : notre gracieux souverain ; appa-
remment qu'ils entendent bienfaisant, VOLT. Dict.
phil.Gracieux. ||5° S. m. Le gracieux, le gracioso.Je
suis le gracieux de la Iroupe, v. HUGO, M. de l'Orme.
— REM. « Gracieux est un terme qui manquait à
« notre langue, et qu'on doit à Ménage. Bouhours,
« en avouant que Ménage en est l'auteur, prétend
« qu'il en a fait aussi l'emploi le plus juste, en di-
te sant : Pour moi de qui les vers n'ont rien de grâ-
ce cieux, VOLT. Dict. phil. Gracieux. » On ne conçoit
pas comment Voltaire a pu dire que le mot gracieux
était dû à Ménage; ce mot se trouve de tout temps
dans la langue. Le fait est que gracieux, condamné
par Vaugelas, par Marguerite Buffet, qui dit qu'il
est hors du beau style, fut défendu par Ménage.
11 a heureusement triomphé de l'opposition des
puristes. Quant à Caillères, il se borne à dire :
Un visage, un sourire gracieux, mot tiré de la
langue des peintres et présentement du bel usage.
L'Académie, dans ses remarques sur Vaugelas, n'ad-
met gracieux que dans le sens de doux, courtois, el
en termes de peinture : Il y a je ne sais quoi de gra-
cieux dans ce tableau.-
— SYN. GRACIEUX, AGRÉABLE. Ce qui est gracieux
a de la grâce; ce qui est agréable a de l'agrément.
Or la grâce a un charme bien plus fort et bien plus
pénétrant que l'agrément. La grâce peut être mise
au-dessus de la beauté; l'agrément ne l'a pu jamais.
— HIST. xme s. Plus gracieus est uns petiz dons
faiz isnelement [vite] que uns autres grans n'est qui
est à paine donés, BRDN. LATINI, Trésor, p. 44 4. Ele
[Bertej est plus gracieuse que n'est la rose en mai,
Berte, LVII. Il laissierent le roi et la roine tous do-
lans pour Loeys lor aisnet filz qui mors estoit sour
l'eage de seize ans et avoit esté mervelles sages et
grassieus, Chr. de Rains, 236. ||xives. Se il est agréa-
ble et gracieux, ORESME, Elh. 263. || xV\s. Il ne
pouvoit faire plus belle saison ni plus gracieuse,
FROISS. n, n, 212. Ettoutesfois feut-il conclu, qu'on
leur feroit la plus gratieuse response que faire se
pourroit, JUVÉN. DES URS. Charles VI, 4 384. || xvi" s.
Un joug gracieux et fardeau léger, CALV.Instit. 946.
Gracieux [qui fait grâce] aux vaincus, MONT, I, 4.
Le vin semble amer au malade et gracieux au sain,
ID. il, 362. Langage nerveux et puissant, comme le
françois est gracieux, délicat, ID. m, 39. Admones-
tant le peuple d'élire, non pas les plus gracieux,
mais les plus aspres et rigoureux médecins, AMYOT ,
Caton, 33.
— ÉTYM. Provenç. gracias; espagn. gracioso;
ital. grasioso; du latin gratiosus, de gratia, grâce.
GRACILITÉ (gra-si-li-té), s. f. Qualité de ce qui
est grêle. La gracilité de la voix.
— ÉTYM. Lat. gracilitatem, de gracilis, grêle
(voy. GRÊLE, adj.).
f GRACIOLE (gra-si-o-1'), s. f. Nom d'une variété
de poire. Graciole d'été, le bon chrétien d'été. Gra-
ciole d'hiver, le bon chrétien d'hiver. Elle est
nommée gratioli dans le Dictionnaire de Trévoux
et gratiori en Normandie.
f GRACIOSO (gra-si-o-zo), s. m. Bouffon de la
comédie espagnole. || Au plur.'Bes graciosos.
— ÉTYM. Lat. gratiosus, gracieux.
t GRADATIF, IVE (gra-da-tif, ti-v'), adj. Terme
didactique. Qui va par gradation.
— ÉTYM. Voy. GRADATION; provenç. gradatiu.
GRADATION (gra-da-sion ; en vers, de quatre syl-
labes) , s. f. || 1° Passage successif d'un état à un
autre. Sans aucune de ces gradations insensibles qui
amènent les saisons, VOLT. Charles XII, 4. Cette
gradation d'êtres qui s'élèvent depuis le plus léger
atome jusqu'à l'être suprême, cette échelle de
l'infini frappe d'admiration, ID. Dict. phil. Chaîne
des êtres. Celui-là [Mars] fait son tour en deux ans,
Jupiter son voisin en douze, Saturne en trente, et
encore Saturne, le plus éloigné de tous, n'est pas si
gros que Jupiter; où est la gradation prétendue? ID. ib.
Nous voyons partout des gradations entre les êtres ;
mais l'ordre de ces gradations ne nous est encore
connu que très-imparfaitement, BONNET, Contempl.
nat. ni, 26. || 2" Particulièrement, accroissement
progressif. La gradation de la lumière est sensible
depuis la pointe du jour jusqu'au lever du soleil. Ils
se prirent de paroles, et, après quelque gradation
d'injures, Charpentier reprocha à l'abbé Tallemant
qu'il était fils d'un marchand banqueroutier de la
Rochelle, FURETIÈRE, Factums, 1.1, p. i 97. ||3°Terme
de rhétorique. Figure par laquelle on accumule plu-
sieurs termes ou plusieurs idées qui enchérissent
l'une sur l'autre. Il fallait dire [dans l'ode de Bci-
leau sur la prise de Namur] : Je vois nos cohortes
s'ouvrir un large chemin à travers les débris des ro-
chers, au milieu des armes brisées et sur des morts
entassés; alors il y aurait eu de la gradation, de la
vérité et une image terrible, VOLT. Dict. phil. En-
thousiasme. || 4° Terme de peinture. Passage insen-
sible d'un ton à un autre. || 5° Plus particulièrement,
en peinture et en sculpture, artifice de composition
par lequel on fait saillir le personnage ou le groupa
principal, en affaiblissant graduellement la lumière,
l'expression'dans les autres figures. || 6° En archi-
tecture, disposition de plusieurs parties qui, ran-
gées par degrés ou les unes au-dessus des autres,
symétrisent par leurs formes et leurs ornements.
|| 7° En musique, mélodie dans laquelle l'expression
monte, pour ainsi dire, au moyen d'une progres-
sion de figures qui se ressemblent. || Il signifie aussi
la progression du piano ou doke au forte et au
fortissimo.
— HIST. xvi« s. Je loue [chez les femmes] la gra-
dation et la longueur en la dispensation de leurs
faveurs, MONT, ni, 369.
— ÉTYM. Provenç. gradatio ; ital. gradaxione ;
du lat. gradationem, ayant pour radical grad qui
est dans gradus, degré (voy. GRADE).
GRADE (gra-d'), s. m. || 1° Degré de dignité,
d'honneur dans une hiérarchie. Rome n'attacha
point le grade à la noblesse, CORN. Sertor. n, 2. Il
est mille douceurs en un grade si haut [le trône]
Où peut-être avez-vous moins pensé qu'il ne faut,
m. Othon, m, 5. Rome enfin de ton choix tient-elle
un lieutenant? Le sort pourvoit Narsès de ce grade
éminent, ROTROD, Bélis. n, 10. Guillaume des Cham-
peaux, né en Brie de parents obscurs, s'éleva par la
réputation qu'il se fit, de grade en grade jusqu'à
l'épiseopat, DIDEROT, Opin. des anc. philos, [sco-
lastiques). || 2° Se dit de l'armée. Le grade de
capitaine, de colonel, de sergent. Les grades supé-
rieurs. Les grades inférieurs. La plupart s'accordè-
rent sur la possibilité de conquérir la Russie, soit que
leur espoir y vît à acquérir, suivant leur position,
depuis un simple grade jusqu'à un trône; soit qu'ils
se fussent laissé prendre à l'enthousiasme des Po-
lonais, SÉGUR, Bist. de Nap. n, 6. || 3° Il se dit aussi
des rangs universitaires. Il y a trois grades dans
l'université : bachelier, licencié, docteur. Prendra
ses grades dans l'université. j| 4° Anciennement,
lettre qu'on obtenait en vertu des grades qu'on
avait acquis. Signifier, jeter ses grades sur une
abbaye. || 5" Nom donné, en géométrie, à la cen-
tième partie du quart de cercle, et, en géographie,
au degré centésimal que l'on a tenté un instant d«
substituer au degré nonagésimal. || Nom donné
aussi quelquefois aux divisions centigrades des me-
sures qui se divisaient autrement. Dans le thermo-
mètre centigrade, le grade vaut les 4/5 du degré de
Réaumur.
— HIST. xvi" s N'eust voulu recevoir une
grade s'il n'eust pensé en estre bien digne, CARL.
I, 19. Honorez du grade de chevalerie, ID. m, 25.
— ÉTYM. Lat. gradus, degré, de la même racine
que gradi, marcher, rapproché avec raison de
l'allemand schreilen, marcher.
GRADÉ (gra-dé), adj. m. Quia un grade dans
l'armée. Militaire gradé, non gradé. Il ne se dit
guère que des grades inférieurs, de ceux qui sont
marqués par des galons.
f GRADILLE (gra-di-11', M mouillées), s. f. Terme
d'architecture. Espèce de dentelure.
GRADIN (gra-din), s. m. || 1° Petit degré qu'on
met sur un autel, sur un buffet, etc. pour y placer
des chandeliers, des fleurs, etc. Un buffet en gra-
dins portait vingt mille vases ou plats d'or, VOLT.
Princ. de Babyl. 3. || Degrés de plomb ou de pierre,
pratiqués dans les buffets d'eau et les cascades, où
l'eau en tombant forme des nappes. || 2° Bancs dis-
posés en étages, par exemple dans les amphithéâ-
tres. Ce monde est un vaste amphithéâtre où chacun
est placé au hasard sur son gradin, VOLT. Dial. 3. Je
vis au bout d'une allée d'orangers et de citronniers
une espèce de lice immense entourée de gradins
couverts d'étoffes précieuses, ID. Voyages de Scar-
mentado. || Par extension. Je commence à gravir ces
gradins de collines.... LAMART. JOC. II, 72. || Abso-
lument. Les gradins des classes des lycées. Il était ■
encore sur les gradins, que déjà il témoignait des
dispositions à la poésie. || 3° Terme de jardinage.
Gradins de gazon, marches ou degrés revêtus de
gazon. || 4° Terme de mines. Gradins renversés, ou-
vrage dans lequel on exploite en forme de dessous
d'escalier.
— ÉTYM. Dérivé de grade, degré.
t GRADINE (gra-di-.n'), s. f. Ciseau très-affilé et
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