GRA
marine. Se dit quelquefois de l'homme qui tient le
gouvernail. || 5" Terme de papeterie. Ouvrier chargé
de faire pourrir les chiffons, de les couper, de les
mettre dans les piles. || 6° Nom d'un petit poisson
qui sert, dit-on, de conducteurà la baleine. || 7"Au
féminin, gouverneuse s'est dit quelquefois, mais
toujours par plaisanterie, pour gouvernante d'un
homme, celle qui est à la tête de son ménage.
— HIST. xn« s. Saint iglise est espuse al soveraing
seignur, E, s'um dune à s'espuse malvais guver-
neûr, A Deu e à s'espuse en fait um deshonur,
Th. le mart. i 28. ||xm« s. Nous Baudoins par la grâce
de Dieu très feaus empereres en Crist, gouvernieres
Je Romanie, nn CANGE, Villehard. App. p. 6. Je vous
commant à Dieu qui est vrais gouverniere, Berte, iv.
Et disoit encore que nul ne pooit estre bon gouver-
neur de terre, se il ne sayoit aussi hardiment es-
condire [refuser] comme il saurait donner, JOINV.
289, || xivE S. Tout aussi comme le bon gouverneur
d'un ost dse de sa gent de tant et de tielz comme
îlz sont, au mielx qu'il appartient selon fait d'armes,
ORESME, Eth. 25. Il y aura à présent au dit duché
de Bourgogne un gouverneur souverain ayant de
nous pleine puissance, Ordonn. des rois de Fr. t. m,
p. 536. || xv" s. Et n'y avoit dame ni damoiselle....
fors la gouverneresse de Lille femme au gouver-
neur, FROISS. H, H, 217. Gouverneur des celiers du
duc de Bourgogne, Estats des officiers des ducs de
Bourgogne,^). 66, dans LACURNE. ||xvie s. Il y aune
grande admiration de la société et amitié qui est
entre le poisson appelle gouverneur et la balaine,
PARÉ, Animaux, <6. Est-ce pas faire au ciel injure
et deshonneur, De dire que l'amour, du monde gou-
verneur, Soit meschant et cruel et autheur de tout
vice? RONS. 770.
— ËTYM. Provenç. governaire, governador; es-
pagn. gobernador; portug- governador; ital. gover-
natore; du lat. gubernatorem, de gubernare, gou-
verner. Dans l'ancien français et le provençal,
governere, governaire sont au nominatif, de guber-
nâtor: governeor, governador sont au régime, de
gubernatorem. Gouverneresse (qui est dans Frois-
sart), et non pas gouvernante, serait le vrai nom
pour la femme d'un gouverneur de province, de ville.
t GOUVION (gou-vi-on), s. m. Cheville de 1er
pour assembler les pièces de grosse charpente.
— 6TYM. Ce semble une autre forme de goujon î.
GOYAVE (go-ia-v'), s. f. Fruit du goyavier, re-
cherché à cause de sa saveur sucrée, parfumée et
acidulé. Confitures de goyave.
GOYAVIER (go-ia-vié; IV ne se lie jamais; au
pluriel, l's se lie : les go-ia-vié-z et leurs fruits), s. m.
Grand arbre d'Amérique et de l'Inde, qui porte un fruit
long ou ovale, à peu près gros comme une pomme
de reinette, psidiwn pyriferum, L. myrtacées.
tGRAAL (SAINT) (sin-gra-al), s. m. Vase prodi-
gieusement célèbre au moyen âge, dans lequel Jé-
sus fit la cène, qui servit à Joseph d'Arimathie à
recueillir le sang qui coulait des plaies du Christ, et
qui, après avoir fait des miracles en Terre Sainte,
î Rome et selon d'autres dans la Grande-Bretagne,
semblait perdu lorsque, dans le sac de la ville de
Césarée, en M 02, il fut retrouvé, devint le partage
des Génois et, pendant plusieurs siècles, fut mon-
tré aux fidèles dans l'église cathédrale de Gênes sous
le nom de sacro catino, DE LABORDE, Émaux,p. 333.
Transporté à Paris, à l'époque des guerres et con-
quêtes de notre révolution, on examina le graal et
on démontra sans difficulté qu'il n'était pas taillé
dans une gigantesque émeraude, mais fait de verre,
coloré d'un beau vert,"et la forme qu'en donne la
planche alors publiée, fait croire qu'il est d'origine
antique, m. ib. || Terme de littérature du moyen âge.
Cycle du Saint Graal, ensemble de quelques poèmes
lu moyen âge, dont le sujet est la recherche du
Saint Graal par le roi Arthur.
— HIST. xiir" s. Et queu [quelle] sera la renom-
mée Do [du] vaissel qui tant vous agrée? Dites nous,
comment l'apele on, Quant on le nomme par son
nom? Petrus respont : N'ou quier [je ne le veux]
celer; Qui à droit le vourra nummer, Par droit graal
Papelera; Car nus le graal ne verra, Ce croi-je,
qu'il ne li agrée, St Graal, v. 2653. Toutes les es-
cueles et les greaus, en que il [le sénéchal] aura
servi le cors du roy dou premier mes, doivent estre
soues [siennes], DU CANGE, grasala. || xve s. Comme
icelle femme eust appareillé un grasal ou jatte
plain de prunes pouf porter à mangier à ung leur
porc... m. ib. || xvie s. Plats trancheurs et gra-
zals d'estain, et autres fournitures et utencilles
nécessaires pour bien et honestement estre servis
dans leurs réfections, DU CANGE, grasala. [La ca-
thédrale de Gênes] où fut par les chanoines de là
GRA
après la messe monstre le riche vaisseau smaragdin,
c'est à sçavoir le précieux plat au quel nostre sei-
gneur Jésus-Christ mangea avec ses apostres le jour
de la cène; et est celuy plat qu'on appelle le saint
graal, le quel, selon dire commun de Gennes, fut
là apporté par les Genevois l'an mille cent un, et fut
pris en la sainte cité de Hierusalem en la manière
que vous orrez, JEAN D'AUTON, Ann. de Louis XII,
p. -n 2, dans LACURNE.
— ÉTYM. Provenç. grasal, grasal, grasaus ; anc.
catal. gresal; anc. espagn. grial; bas-latin, grada-
lis, gradalus, sorte de vase. Origine inconnue. Diez
demande si Pétymologie ne serait pas le latin crater,
coupe, pour lequel on a dit cratus, et d'où serait
provenue une forme dérivée cratale, cratiale.
GRABAT (gra-ba ; le t ne se lie pas dans le par-
ler ordinaire ; au pluriel, l's se lie : des gra-ba-z en
désordre), s. m. Méchant lit, tel que sont ceux des
pauvres gens. J'étais seul l'autre jour, dans ma
petite chambre, Couché sur mon grabat, souffrant
de chaque membre, SCARRON, Épitre chagrine. Quant
au lit du roi [Frédéric II], c'était un grabat de
sangles avec un matelas mince, caché par un para-
vent ; Marc-Aurèle et Julien, ses deux apôtres,
n'étaient pas plus mal couchés, VOLT. Mëm. écrits
par lui-même. || Familièrement. Être sur le grabat,
être malade au lit. Vous me permettez de ne vous
pas écrire de ma main, quand ma détestable santé me
tient sur le grabat, VOLT. Lett. Richelieu, i 7 août 1767.
|| Mettre sur le grabat, rendre malade. Venez-vous
purger encore, saigner, droguer, mettre sur le grabat
toute ma maison ? BEAUM. Barb. de Séville, m, 6.
— HIST. XIe s. Eufemien, bel sire, riches hom,
Quar me herberges pur Deu en tue maison; Suz tun
degret me fai un grabatum, St Alexis, xuv. || xvr s.
Le faut lier [l'enfant] et bander en son petit grabat
de si bonne façon, que son col et son dos ne soyent
aucunement courbés, PARÉ, xvm, -8.
— ÊTYM. Lat. grabatus, du grec xpâSaToc.
GRABATAIRE (gra-ba-tê-r'), s. m. et f. |j 1" Nom
de sectaires qui différaient de recevoir le baptême
jusqu'au lit de mort. || 2° Adj. Malade et alité. Jean
Clousier secourait depuis l'âge, de quatorze ans une
mère infirme et grabataire, BACIIAUMONT, Mém. secr.
t. xxxv, p. 75. || Substantivement. Dans le langage des
bureaux debienfaisance,maiade qui ne quittepaslé lit.
— ETYM. Grabat.
f GRABEAU (gra-bô), s. m. || i° Terme de phar-
macie. Morceau rompu des drogues ; les plus petits
fragments des substances; ceux dont on ne peut tirer
parti. Il y avait dans cette fourniture une grande
quantité de grabeaux. Grabeaux de girofles rompus,
le cent pesant )00 livres, Décl. du roi, nov. (640,
tarif. || Particules ligneuses trouvées en mondant
le séné avec soin ; douées aussi de propriétés purga-
tives, elles sont employées pour faire le miel de mer-
curiale composé et d'autres préparations officinales.
|| 2° X Genève, scrutin. Les membres du conseil
d'État qui ne sont point sujets au grabeau, n'y
assisteront pas, Constitution de 1814, HUMBERT.
— HIST. xvi* s. Remettons à vostre retour le gra-
beau et belutement de ces matières, RABEL. m, 16.
— ËTYM. Origine inconnue ; voy. cependant GRA-
BUGE. Grabeau répond à l'ancien verbe grabeler,
éplucher, examiner ; on en rapprochera le bas-latin
garbellare, passer au crible, et grabotum, ce qui
est rejeté du van. C'est par le sens d'examiner que
grabeau a pris à Genève le sens de scrutin.
t GRAuELAGE (gra-be-la-j'), s. m. Terme de phar-
macie. Action de grabeler. Ce grabelage sera long.
f GRABELER (gra-be-lé. L'I se double quand la
syllabe qui suit est muette : je grabelle), v. a. Terme
de pharmacie. Séparer une substance médicamen-
teuse de ses grabeaux ou menus fragments.
f GRABELEUR (gra-be-leur), s. m. Celui qu'on
emploie pour grabeler une substance, pour en sé-
parer les grabeaux.
GRABUGE (gra-bu-j'), s. m. || 1° Querelle, noise.
....Qu'il y avait entre nous et la Suède quelque gra-
buge; mais que, si ce grabugene s'accordait pas....,
GUI PATIN, Lett. t. il, p. 87. Tout ce petit grabuge,
Entre vous excité, va finir en deux mots,REGNARD,
Les Ménechm. iv, 9. S'il se trouve deux maris pour
un, hem! ça fera du grabuge, DANCOURT, Vend. Su-
rène, se. 1.1| 2° Nom d'une: partie de cartes. Jouer
au grabuge.
— HIST. xvie s. Fouloit aux pieds le soin qu'il de-
voit avoir de sa famille, laquelle ne pouvoit estre
qu'en garburges, querelles et noises, CHOLIÈRES, Con-
tes, t. il, Après-dînée 2. Galburge, COTGRAVE. I] y
eut aussi un peu de grabouil entre mesdames de
Belin et Bressy, Sat. Mén. p. 30.
— ÉTYM. Hainaut, grabuche; bourguig. graibuge.
GRA
1907
Le provençal a dans le même sens grahusa, en an-
cien français grcûse, dans le Jura greuse. L'italien a
garbuglio, qui avait donné au français du xvie s.
garbouil, et qui paraît aussi avoir donné par alté-
ration grabuge, à en juger par les anciennes formes
garburge, galburge. Scheler pense que le radical de
ce mot est le même que'dans grabeau, et repré-
sente soit l'allemand graben, creuser, soit le hol-
landais krabbelen, gratter.
GRACE (grâ-s'), i. f. || i° Ce qui plaît dans
les attitudes, les manières, les discours (c'est le
sens premier et étymologique). Certes, vous avez
grâce à conter ces merveilles, CORN. Ment, i, 6.
Et la grâce plus belle encor que la beauté, LA FONT.
Adonis. Clitandre auprès de vous me fait son inter<
prête, Et son coeur est épris des grâces d'Henrietta
MOL. F. sav. il, 3. Sa grâce et sa vertu sont de douces
amorces, ID. l'Ét. m, 2. Considérez la princesse ;
représentez-vous cet esprit qui, répandu par tout
son extérieur, en rendait les grâces si vives, BOSS .
Duch. d'Orl. Le matin elle fleurissait, avec quelles
grâces, vous le savez ; le soir nous la vîmes séchée ;
et ces fortes expressions par lesquelles l'Ecriture
sainte exagère l'inconstance des choses humaines
devaient être pour cette princesse si précises et si
littérales, ID. ib. Faites-nous voir, si vous le pouvez,
toutes les grâces de cette douce éloquence, qui s'in-
sinuait dans les coeurs par des tours si nouveaux et
si naturels, ID. Anne de Gonz. Tant de biens, tant
de -grâces qui accompagnaient la princesse palatine
lui attiraient les regards de toute l'Europe, ID. ib.
Elle sut conserver avec une grâce, comme avec une
jalousie particulière, ce qu'on appelle en Espagne
les coutumes, de qualité, ID. Mar.-Thèr. Je ne
trouve qu'en vous je ne sais quelle grâce Qui me
charme toujours et jamais ne me lasse, RAC. Esth.
il, 7. Oui, vos moindres discours ont des grâces se-
crètes, m. ib m, 4. Vous savez la grâce dont elle
est à chexal, HAMILT. Gramm. M. C'était même
une de ses grâces que de ne point songer à en
avoir, MARIV. Pays. parv. 4e part. Elle l'embel-
lissait de toutes les grâces de son caractère, et
ces grâces-là n'ont point d'âge, in. Marianne,
6 e part. La grâce en s'exprimant vaut mieux que ce
qu'on dit, VOLT. Trois manières. La grâce en pein-
ture, en sculpture, consisté dans la mollesse des
contours, dans une expression douce; et la peinture
a, par-dessus la sculpture, la grâce de l'union des
parties, celle des figures qui s'animent l'une par
l'autre et qui se prêtent des agréments par leurs at-
tributs et leurs regards, ID. Dict. phil. Grâce. La
voix d'un orateur qui manquera d'inflexion et de
douceur sera sans grâce, m. ib. Tant de prétentions,
tant de petites grâces Que je "mets, vu leur date,
au nombre des grimaces, GRESSET, Méchant, iv, 9.
La grâce n'appartient guère qu'aux natures délica
tes, DIDEROT, Pensées sur la peint. GEuv. t. xvf
p. 229, dans POUGENS. L'enfant a de la grâce ; il la
conserve dans l'âge adulte, elle s'affaiblit dans l'âge
viril, elle se perd dans la vieillesse, ID. ib. Qui peut
résister aux séductions de la grâce? fût-elle même
dédaigneuse, elle serait encore toute-puissante.
STAEL, Corinne, vi, i. Là sous la douleur qui le
glace, Ton sourire perdit sa grâce, LAMART. Méd.
n, i. || Familièrement et ironiquement. Faire ses
grâces, se donner des grâces, vouloir prendre un
air gracieux, des façons gracieuses. || Étaler ses
grâces se dit à peu près dans le même sens. || Bonne
grâce, grâce relevée de quelque chose de simpie,
de franc et de libre. Si quelqu'une est difforme,
elle aura bonne grâce, RÉGNIER, Sat. vu. Pleine d'ap-
pas, jeune et de bonne grâce, LA FONT. Or. Pour
sa personne, elle vous plairait sans beauté, parce
qu'elle est d'une taille parfaite, et d'une bonne
grâce à tout ce qu'elle fait SÉV. 286. Nous ne
sommes pas de votre opinion, Mme de Coligny et
moi, sur la critique que vous faites de la maxime
qui dit que la bonne grâce est au corps ce que le
bon sens est à l'esprit; nous croyons que M. de
la Rochefoucauld veut dire que le corps sansla bonne
grâce est aussi désagréable que l'esprit sanr le bon
sens ; et nous trouvons cela vrai ; nous croyons en-
core qu'il y a de la différence entre la bonne grâce
et le bon air, que la bonne grâce est naturelle, et
le bon air acquis; que la bonne grâce est- jolie, et
le bon air beau ; que la bonne grâce attire l'amitié,
et le bon air l'estime, BUSSY, Lett. à Corbinelli, 3)
déc. 1678, t. v, p. 512, de SÉV. édit. RÉGNIER. Cer-
tain air de dévotion, Lorsque l'on n'est plus jeune,
a toujours bonne grâce, DESHOULIÈRES, t. il, p. n.
|| Bonne grâce, se dit aussi des choses. OuiP .
mais notre retour aurait-il bonne grâce ? MAIRET,
Soliman, i, 2. || En un sens opposé, mauvaise grâce.
marine. Se dit quelquefois de l'homme qui tient le
gouvernail. || 5" Terme de papeterie. Ouvrier chargé
de faire pourrir les chiffons, de les couper, de les
mettre dans les piles. || 6° Nom d'un petit poisson
qui sert, dit-on, de conducteurà la baleine. || 7"Au
féminin, gouverneuse s'est dit quelquefois, mais
toujours par plaisanterie, pour gouvernante d'un
homme, celle qui est à la tête de son ménage.
— HIST. xn« s. Saint iglise est espuse al soveraing
seignur, E, s'um dune à s'espuse malvais guver-
neûr, A Deu e à s'espuse en fait um deshonur,
Th. le mart. i 28. ||xm« s. Nous Baudoins par la grâce
de Dieu très feaus empereres en Crist, gouvernieres
Je Romanie, nn CANGE, Villehard. App. p. 6. Je vous
commant à Dieu qui est vrais gouverniere, Berte, iv.
Et disoit encore que nul ne pooit estre bon gouver-
neur de terre, se il ne sayoit aussi hardiment es-
condire [refuser] comme il saurait donner, JOINV.
289, || xivE S. Tout aussi comme le bon gouverneur
d'un ost dse de sa gent de tant et de tielz comme
îlz sont, au mielx qu'il appartient selon fait d'armes,
ORESME, Eth. 25. Il y aura à présent au dit duché
de Bourgogne un gouverneur souverain ayant de
nous pleine puissance, Ordonn. des rois de Fr. t. m,
p. 536. || xv" s. Et n'y avoit dame ni damoiselle....
fors la gouverneresse de Lille femme au gouver-
neur, FROISS. H, H, 217. Gouverneur des celiers du
duc de Bourgogne, Estats des officiers des ducs de
Bourgogne,^). 66, dans LACURNE. ||xvie s. Il y aune
grande admiration de la société et amitié qui est
entre le poisson appelle gouverneur et la balaine,
PARÉ, Animaux, <6. Est-ce pas faire au ciel injure
et deshonneur, De dire que l'amour, du monde gou-
verneur, Soit meschant et cruel et autheur de tout
vice? RONS. 770.
— ËTYM. Provenç. governaire, governador; es-
pagn. gobernador; portug- governador; ital. gover-
natore; du lat. gubernatorem, de gubernare, gou-
verner. Dans l'ancien français et le provençal,
governere, governaire sont au nominatif, de guber-
nâtor: governeor, governador sont au régime, de
gubernatorem. Gouverneresse (qui est dans Frois-
sart), et non pas gouvernante, serait le vrai nom
pour la femme d'un gouverneur de province, de ville.
t GOUVION (gou-vi-on), s. m. Cheville de 1er
pour assembler les pièces de grosse charpente.
— 6TYM. Ce semble une autre forme de goujon î.
GOYAVE (go-ia-v'), s. f. Fruit du goyavier, re-
cherché à cause de sa saveur sucrée, parfumée et
acidulé. Confitures de goyave.
GOYAVIER (go-ia-vié; IV ne se lie jamais; au
pluriel, l's se lie : les go-ia-vié-z et leurs fruits), s. m.
Grand arbre d'Amérique et de l'Inde, qui porte un fruit
long ou ovale, à peu près gros comme une pomme
de reinette, psidiwn pyriferum, L. myrtacées.
tGRAAL (SAINT) (sin-gra-al), s. m. Vase prodi-
gieusement célèbre au moyen âge, dans lequel Jé-
sus fit la cène, qui servit à Joseph d'Arimathie à
recueillir le sang qui coulait des plaies du Christ, et
qui, après avoir fait des miracles en Terre Sainte,
î Rome et selon d'autres dans la Grande-Bretagne,
semblait perdu lorsque, dans le sac de la ville de
Césarée, en M 02, il fut retrouvé, devint le partage
des Génois et, pendant plusieurs siècles, fut mon-
tré aux fidèles dans l'église cathédrale de Gênes sous
le nom de sacro catino, DE LABORDE, Émaux,p. 333.
Transporté à Paris, à l'époque des guerres et con-
quêtes de notre révolution, on examina le graal et
on démontra sans difficulté qu'il n'était pas taillé
dans une gigantesque émeraude, mais fait de verre,
coloré d'un beau vert,"et la forme qu'en donne la
planche alors publiée, fait croire qu'il est d'origine
antique, m. ib. || Terme de littérature du moyen âge.
Cycle du Saint Graal, ensemble de quelques poèmes
lu moyen âge, dont le sujet est la recherche du
Saint Graal par le roi Arthur.
— HIST. xiir" s. Et queu [quelle] sera la renom-
mée Do [du] vaissel qui tant vous agrée? Dites nous,
comment l'apele on, Quant on le nomme par son
nom? Petrus respont : N'ou quier [je ne le veux]
celer; Qui à droit le vourra nummer, Par droit graal
Papelera; Car nus le graal ne verra, Ce croi-je,
qu'il ne li agrée, St Graal, v. 2653. Toutes les es-
cueles et les greaus, en que il [le sénéchal] aura
servi le cors du roy dou premier mes, doivent estre
soues [siennes], DU CANGE, grasala. || xve s. Comme
icelle femme eust appareillé un grasal ou jatte
plain de prunes pouf porter à mangier à ung leur
porc... m. ib. || xvie s. Plats trancheurs et gra-
zals d'estain, et autres fournitures et utencilles
nécessaires pour bien et honestement estre servis
dans leurs réfections, DU CANGE, grasala. [La ca-
thédrale de Gênes] où fut par les chanoines de là
GRA
après la messe monstre le riche vaisseau smaragdin,
c'est à sçavoir le précieux plat au quel nostre sei-
gneur Jésus-Christ mangea avec ses apostres le jour
de la cène; et est celuy plat qu'on appelle le saint
graal, le quel, selon dire commun de Gennes, fut
là apporté par les Genevois l'an mille cent un, et fut
pris en la sainte cité de Hierusalem en la manière
que vous orrez, JEAN D'AUTON, Ann. de Louis XII,
p. -n 2, dans LACURNE.
— ÉTYM. Provenç. grasal, grasal, grasaus ; anc.
catal. gresal; anc. espagn. grial; bas-latin, grada-
lis, gradalus, sorte de vase. Origine inconnue. Diez
demande si Pétymologie ne serait pas le latin crater,
coupe, pour lequel on a dit cratus, et d'où serait
provenue une forme dérivée cratale, cratiale.
GRABAT (gra-ba ; le t ne se lie pas dans le par-
ler ordinaire ; au pluriel, l's se lie : des gra-ba-z en
désordre), s. m. Méchant lit, tel que sont ceux des
pauvres gens. J'étais seul l'autre jour, dans ma
petite chambre, Couché sur mon grabat, souffrant
de chaque membre, SCARRON, Épitre chagrine. Quant
au lit du roi [Frédéric II], c'était un grabat de
sangles avec un matelas mince, caché par un para-
vent ; Marc-Aurèle et Julien, ses deux apôtres,
n'étaient pas plus mal couchés, VOLT. Mëm. écrits
par lui-même. || Familièrement. Être sur le grabat,
être malade au lit. Vous me permettez de ne vous
pas écrire de ma main, quand ma détestable santé me
tient sur le grabat, VOLT. Lett. Richelieu, i 7 août 1767.
|| Mettre sur le grabat, rendre malade. Venez-vous
purger encore, saigner, droguer, mettre sur le grabat
toute ma maison ? BEAUM. Barb. de Séville, m, 6.
— HIST. XIe s. Eufemien, bel sire, riches hom,
Quar me herberges pur Deu en tue maison; Suz tun
degret me fai un grabatum, St Alexis, xuv. || xvr s.
Le faut lier [l'enfant] et bander en son petit grabat
de si bonne façon, que son col et son dos ne soyent
aucunement courbés, PARÉ, xvm, -8.
— ÊTYM. Lat. grabatus, du grec xpâSaToc.
GRABATAIRE (gra-ba-tê-r'), s. m. et f. |j 1" Nom
de sectaires qui différaient de recevoir le baptême
jusqu'au lit de mort. || 2° Adj. Malade et alité. Jean
Clousier secourait depuis l'âge, de quatorze ans une
mère infirme et grabataire, BACIIAUMONT, Mém. secr.
t. xxxv, p. 75. || Substantivement. Dans le langage des
bureaux debienfaisance,maiade qui ne quittepaslé lit.
— ETYM. Grabat.
f GRABEAU (gra-bô), s. m. || i° Terme de phar-
macie. Morceau rompu des drogues ; les plus petits
fragments des substances; ceux dont on ne peut tirer
parti. Il y avait dans cette fourniture une grande
quantité de grabeaux. Grabeaux de girofles rompus,
le cent pesant )00 livres, Décl. du roi, nov. (640,
tarif. || Particules ligneuses trouvées en mondant
le séné avec soin ; douées aussi de propriétés purga-
tives, elles sont employées pour faire le miel de mer-
curiale composé et d'autres préparations officinales.
|| 2° X Genève, scrutin. Les membres du conseil
d'État qui ne sont point sujets au grabeau, n'y
assisteront pas, Constitution de 1814, HUMBERT.
— HIST. xvi* s. Remettons à vostre retour le gra-
beau et belutement de ces matières, RABEL. m, 16.
— ËTYM. Origine inconnue ; voy. cependant GRA-
BUGE. Grabeau répond à l'ancien verbe grabeler,
éplucher, examiner ; on en rapprochera le bas-latin
garbellare, passer au crible, et grabotum, ce qui
est rejeté du van. C'est par le sens d'examiner que
grabeau a pris à Genève le sens de scrutin.
t GRAuELAGE (gra-be-la-j'), s. m. Terme de phar-
macie. Action de grabeler. Ce grabelage sera long.
f GRABELER (gra-be-lé. L'I se double quand la
syllabe qui suit est muette : je grabelle), v. a. Terme
de pharmacie. Séparer une substance médicamen-
teuse de ses grabeaux ou menus fragments.
f GRABELEUR (gra-be-leur), s. m. Celui qu'on
emploie pour grabeler une substance, pour en sé-
parer les grabeaux.
GRABUGE (gra-bu-j'), s. m. || 1° Querelle, noise.
....Qu'il y avait entre nous et la Suède quelque gra-
buge; mais que, si ce grabugene s'accordait pas....,
GUI PATIN, Lett. t. il, p. 87. Tout ce petit grabuge,
Entre vous excité, va finir en deux mots,REGNARD,
Les Ménechm. iv, 9. S'il se trouve deux maris pour
un, hem! ça fera du grabuge, DANCOURT, Vend. Su-
rène, se. 1.1| 2° Nom d'une: partie de cartes. Jouer
au grabuge.
— HIST. xvie s. Fouloit aux pieds le soin qu'il de-
voit avoir de sa famille, laquelle ne pouvoit estre
qu'en garburges, querelles et noises, CHOLIÈRES, Con-
tes, t. il, Après-dînée 2. Galburge, COTGRAVE. I] y
eut aussi un peu de grabouil entre mesdames de
Belin et Bressy, Sat. Mén. p. 30.
— ÉTYM. Hainaut, grabuche; bourguig. graibuge.
GRA
1907
Le provençal a dans le même sens grahusa, en an-
cien français grcûse, dans le Jura greuse. L'italien a
garbuglio, qui avait donné au français du xvie s.
garbouil, et qui paraît aussi avoir donné par alté-
ration grabuge, à en juger par les anciennes formes
garburge, galburge. Scheler pense que le radical de
ce mot est le même que'dans grabeau, et repré-
sente soit l'allemand graben, creuser, soit le hol-
landais krabbelen, gratter.
GRACE (grâ-s'), i. f. || i° Ce qui plaît dans
les attitudes, les manières, les discours (c'est le
sens premier et étymologique). Certes, vous avez
grâce à conter ces merveilles, CORN. Ment, i, 6.
Et la grâce plus belle encor que la beauté, LA FONT.
Adonis. Clitandre auprès de vous me fait son inter<
prête, Et son coeur est épris des grâces d'Henrietta
MOL. F. sav. il, 3. Sa grâce et sa vertu sont de douces
amorces, ID. l'Ét. m, 2. Considérez la princesse ;
représentez-vous cet esprit qui, répandu par tout
son extérieur, en rendait les grâces si vives, BOSS .
Duch. d'Orl. Le matin elle fleurissait, avec quelles
grâces, vous le savez ; le soir nous la vîmes séchée ;
et ces fortes expressions par lesquelles l'Ecriture
sainte exagère l'inconstance des choses humaines
devaient être pour cette princesse si précises et si
littérales, ID. ib. Faites-nous voir, si vous le pouvez,
toutes les grâces de cette douce éloquence, qui s'in-
sinuait dans les coeurs par des tours si nouveaux et
si naturels, ID. Anne de Gonz. Tant de biens, tant
de -grâces qui accompagnaient la princesse palatine
lui attiraient les regards de toute l'Europe, ID. ib.
Elle sut conserver avec une grâce, comme avec une
jalousie particulière, ce qu'on appelle en Espagne
les coutumes, de qualité, ID. Mar.-Thèr. Je ne
trouve qu'en vous je ne sais quelle grâce Qui me
charme toujours et jamais ne me lasse, RAC. Esth.
il, 7. Oui, vos moindres discours ont des grâces se-
crètes, m. ib m, 4. Vous savez la grâce dont elle
est à chexal, HAMILT. Gramm. M. C'était même
une de ses grâces que de ne point songer à en
avoir, MARIV. Pays. parv. 4e part. Elle l'embel-
lissait de toutes les grâces de son caractère, et
ces grâces-là n'ont point d'âge, in. Marianne,
6 e part. La grâce en s'exprimant vaut mieux que ce
qu'on dit, VOLT. Trois manières. La grâce en pein-
ture, en sculpture, consisté dans la mollesse des
contours, dans une expression douce; et la peinture
a, par-dessus la sculpture, la grâce de l'union des
parties, celle des figures qui s'animent l'une par
l'autre et qui se prêtent des agréments par leurs at-
tributs et leurs regards, ID. Dict. phil. Grâce. La
voix d'un orateur qui manquera d'inflexion et de
douceur sera sans grâce, m. ib. Tant de prétentions,
tant de petites grâces Que je "mets, vu leur date,
au nombre des grimaces, GRESSET, Méchant, iv, 9.
La grâce n'appartient guère qu'aux natures délica
tes, DIDEROT, Pensées sur la peint. GEuv. t. xvf
p. 229, dans POUGENS. L'enfant a de la grâce ; il la
conserve dans l'âge adulte, elle s'affaiblit dans l'âge
viril, elle se perd dans la vieillesse, ID. ib. Qui peut
résister aux séductions de la grâce? fût-elle même
dédaigneuse, elle serait encore toute-puissante.
STAEL, Corinne, vi, i. Là sous la douleur qui le
glace, Ton sourire perdit sa grâce, LAMART. Méd.
n, i. || Familièrement et ironiquement. Faire ses
grâces, se donner des grâces, vouloir prendre un
air gracieux, des façons gracieuses. || Étaler ses
grâces se dit à peu près dans le même sens. || Bonne
grâce, grâce relevée de quelque chose de simpie,
de franc et de libre. Si quelqu'une est difforme,
elle aura bonne grâce, RÉGNIER, Sat. vu. Pleine d'ap-
pas, jeune et de bonne grâce, LA FONT. Or. Pour
sa personne, elle vous plairait sans beauté, parce
qu'elle est d'une taille parfaite, et d'une bonne
grâce à tout ce qu'elle fait SÉV. 286. Nous ne
sommes pas de votre opinion, Mme de Coligny et
moi, sur la critique que vous faites de la maxime
qui dit que la bonne grâce est au corps ce que le
bon sens est à l'esprit; nous croyons que M. de
la Rochefoucauld veut dire que le corps sansla bonne
grâce est aussi désagréable que l'esprit sanr le bon
sens ; et nous trouvons cela vrai ; nous croyons en-
core qu'il y a de la différence entre la bonne grâce
et le bon air, que la bonne grâce est naturelle, et
le bon air acquis; que la bonne grâce est- jolie, et
le bon air beau ; que la bonne grâce attire l'amitié,
et le bon air l'estime, BUSSY, Lett. à Corbinelli, 3)
déc. 1678, t. v, p. 512, de SÉV. édit. RÉGNIER. Cer-
tain air de dévotion, Lorsque l'on n'est plus jeune,
a toujours bonne grâce, DESHOULIÈRES, t. il, p. n.
|| Bonne grâce, se dit aussi des choses. OuiP .
mais notre retour aurait-il bonne grâce ? MAIRET,
Soliman, i, 2. || En un sens opposé, mauvaise grâce.
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