Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 2 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5406698m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49511
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
1898
GOU
GOU
GOU
7 GOUIN (gouin), s. m. Terme de marine. Ma-
telot d'une mauvaise tenue.
— ÉTYM. C'est le masculin burlesque de gouine.
GOUME (goui-n'), s. f. Terme très-bas d'injure.
Femme de mauvaise vie, coureuse.
— ÉTYM. Origine inconnue. Diez le rattache à
godine, godinette (voy. GODINETTE), et y voit un
dérivé du radical gaud, du latin gaudere, se ré-
jouir, et il condamne les autres étymologies, entre
autres celles de quean, mot anglais signifiant
femme de mauvaise vie, et tenant à l'anglo-saxon
cwen et à l'islandais quinna, qui signifient femme.
Cependant cette dernière étymologie semble plus
probable que la sienne. Creuzé de Lesser, dans son
poème de la Table ronde, chant vi, tire ce mot de
la reine Goïne qui trompait son mari et le fit périr
pour fuir avec son amant : Quoiqu'en amour à la
bonté j'incline, Je n'en ai pas pour la reine Goïne;
Et jusqu'à nous son nom un peu changé Vint jus-
tement en proverbe érigé.
GOUJAT (gou-ja; le t ne se lie pas; au pluriel, Ys
se lie : desgou-ja-z ivres), s. m. || 1" Valet d'armée.
Mieux vaut goujat debout qu'empereur enterré,
LA FONT, ilatr. La vanité est si ancrée dans le coeur
de l'homme, qu'un soldat, un goujat, un cuisinier,
un crocheteur se vante et veut avoir ses admira-
teurs; et les philosophes mêmes en veulent, PASC.
Pensées, art. n, 3, édit. LAHURE. Il voit les mêmes
passions dans le goujat et l'homme illustre, J. I.
ROHSS. Êm. iv. Alors des clameurs s'élevèrent; déjà
quelques femmes et quelques goujats revenaient
sur leurs pas en courant, n'entendant plus rien, ne
répondant à aucune question, l'air tout effaré, sans
voix et sans haleine, SÉGUR, Hist. de ATop. ix, 3.
|| 2° Apprenti maçon, dont la fonction est de porter
les matériaux, soit à pied d'oeuvre, soit sur les
échafaudages où les ouvriers peuvent en avoir be-
soin. Un petit goujat. Nous n'avons pas assez de
goujats. || 3° Par extension, homme sale et grossier.
On ne l'appelait en badinant que le goujat, pour
marquer la vie qu'il menait et la compagnie qu'il
voyait, M™" DE CAYI-US, Souvenirs, p. toe, dans
POUGENS. On dit que Lekain a joué à Fontainebleau
plus en goujat qu'en Tartare [dans l'Orphelin de la
Chine], qu'il n'est ni noble, ni amoureux, ni ter-
rible, ni tendre, et que Sarrazin a l'air d'un vieux
sacristain de pagode, VOLT. tell. d'Argcntal, oc-
tobre t755. || Il signifie aussi homme malhonnête,
coquin. || Il signifie encore celui qui fait de la mau-
vaise besogne.
— HIST. xv" s. Les gougeas de l'hostel du duc
alloient tous les jours veoir les dames à Deventel,
qui sont femmes moult gracieuses et qui prennent
plaisir à festoyer estrangers, o. DE LA MARCHE, Mèm.
liv. II, p. 689. dans LACURNE. || XVI" S. Fut pris par
noz sentinelles un matin devant jour un goyat sor-
tant d'Edimton, BEAUGUË, Guerre d'Ecosse, i, 12.
Je sçay bien que tu as esté goujate, et que tu as
couru le régiment de Picardie, D'AUB. Conf. n, i.
Gouyatte, combien veux-tu par mois de ton labeur ?
[il s'agit d'un mari vêtu en chambrière et blutant,
dont sa femme se moque], MARG. A'OUU. LXIX Et
la pluspart des goujarts, CARLOIX, V, 6.
— ÉTYM.. Léarn. et gasc. gouyat, jeune homme;
lorrain, goujart. Gouge et goujat sont deux formes
d'un même mot ; ils paraissent gascons, languedo-
ciens, et là ils signifient jeune fille, jeune homme.
M. Léon Couture, qui conteste l'étymologie de Huet
pour gouge, pense que le sens propre est jeune
homme, jeune fille, et que le sens de servante est
dérivé, et, partant de là, il adopte l'avis de M. Le-
fèvre, qui propose le latin gaudium, par l'inter-
médiaire du provençal gau.gauch, et du guiennais
goi, goye; suivant lui, l'enfant aurait été ainsi ap-
pelé comme donnant la joie à la famille.
i GOUJON (gou-jon), s." m. || 1° Nom d'un genre
de poissons dans la famille des cyprinoïdes, où l'on
distingue le goujon proprement dit, qui vit dans
les rivières par petites troupes et qui est fort bon à
manger. La tanche rebutée, il trouva du goujon;
Du goujon, c'est bien là le dîner d'un héron 1
LA FONT. FaU. -vu, 4. || Fig. Faire avaler le goujon
à quelqu'un, lui faire accroire quelque chose, le
faire tomber dans un piège. || Goujon do mer, la
gobie ou le paganel.
— HIST. xiv= s. Deux tronçons de carpe et quatre
gougons fris, Hénagier, n, 5. || xvie s. Baugoin, ava-
lant le goujon, remercia et embrassa de tout son
coeur la Tifiardiere et suivit à la lettre son conseil,
D'AUB. Vie, LXX. -
— ÉTYM. Wall, govion; Hainaut, gouvion; du lat.
çobionem, goujon ; grec, xtiëio;.
2. GOUJON (gou-jon), s. m. Nom d'une che-
ville de fer à pointe perdue et d'un morceau de
bois rond que les charrons mettent dans les trous
des jantes pour les unir. || Le goujon sert aussi
à réunir les deux portions d'une charnière en pas-
sant dans leur vide. || Goujon de pommes, broche
de fer sur laquelle les doreurs travaillent les pom-
mes des carrosses.
— HIST. uir s. Ne hùchier, ne huissier ne
pueent.... faire ne trappe,ne huis,ne fenestres sans
goujons de fust ou de fer, par leurs seremens, Liv.
des met. <06. || xiv« s. Du quelcoffre le suppliant osta
les goignons ou crampons, à quoy le couvercle du dit
coffre ou escrin fermoit par derrière, DU CANGE , gojo.
— ÉTYM. Il est possible que goujon cheville ait
été dit ainsi du poisson par comparaison ; mais la
forme goignon, qui paraît dériver de gond, rend
cela très-douteux.
t GOUJONNER (gou-jo-né), v. a. Terme de ma-
rine et de charpenterie. Fixer une pièce de bois à
une autre au moyen d'un goujon. || Terme de char-
ron. Mettre une cheville de bois à pointe perdue et
un morceau de bois rond dans les trous des jantes
pour les unir.
— HIST. xv" s. Le suppliant entra dans l'ostel, et
lui entré desgouj onna [ôta les goujons, les chevilles]
une arche [coffre], DU CANGE, gojo:
— ÉTYM. Goujon 2.
t GOUJONNIER (gou-jo-nié), s. m. Terme de pê-
che. Petit épervier dont les mailles sont très-serrées.
— ETYM. Goujon I.
t GOUJONNIËRE (gou-jo-niè-r'), adj. f. Perche
goujonnière, nom donné par les pêcheurs de la
Seine à la gremille.
t GOUJURE (gou-ju-r'), s. f. Terme de marine.
Entaille qui se fait à quelques instruments pour di-
vers usages, par exemple la cannelure creusée dans
la caisse d'une poulie.
— ÉTYM. Gotige i.
t GOULE (gou-I'), s. f. Génie dévorant, d'après
les superstitions du Levant, les corps morts dans les
cimetières. Aux déités folles des vieux empires,
Nous opposons des diables peu tentants, Des loups-
garous, des goules, des vampires, BÉRANG. Vin de
Chypre. Goules, dont la lèvre Jamais ne se sèvre Du
sang noir des morts! v. HUGO, Bail. <4.
— ÉTYM. Arabe, ghul, de ghàl, fondre sur quel-
qu'un. Pihan remarque que ghul est masculin en
arabe et signifie une espèce de loup-garou.
GOULËE (gou-lée), s. f. || 1° Terme populaire.
Grosse bouchée. Ce maudit animal vient prendre
sa goulée, Matin et soir, dit-il, et des pièges se rit,
LA FONT. Fabl. iv, 4. || N'en faire qu'une goulée,
manger très-avidement quelque chose. |] 2° Quartier
de terre, capable de nourrir une bouche. Chaque
paysan possède ce que nous appelons sa goulée de
benace, un ou deux arpents de terre en huit ou dix
morceaux, p. L. COUR. Lett. vi. || Proverbe. Brebis
qui bêle perd sa goulée, celui qui parle beaucoup à
table mange peu; et fig. en parlant beaucoup on
perd le temps d'agir.
— HIST. xin" s. Qui vos dona congié dou dire Tel
goulée et tel estoutie, Quant apelas de félonie Si
haut baron com est Rcnart? Ren. 19449. || xiv" s. Et
donne matière de parler aux jangleurs qui au matin
et au soir en tiennent leurs esbatemens et leurs gou-
lées de moqueries, LE CHEV. DE LA TOUR, Insir. à
ses filles, f° 75,- dans LACURNE. || xve s. Elle choisit
un compaignon dont elle ne peut finer [jouir],
sinon à grand peur et à la goulée [à la dérobée], Les
<5 joyes de mariage, p. 69.
— ÉTYM. Goule, aujourd'hui gueule; génev. go-
lée; provenç. golada.
GOULET (gou-lè ; le t ne se lie pas ; au pluriel, l's
se lie : des gou-lè-z étroits ; goulets rime avec traits,
succès, paix, etc.), s. m. || 1° Le cou d'une bouteille.
Un baril défoncé, deux bouteilles sur cul, Qui di-
saient, sans goulet : nous avons trop vécu, RÉGNIER,
Sat. xi. || On dit plutôt aujourd'hui goulot. || 2" En-
trée étroite d'un port ou d'une rade. Le goulet de la
rade de Brest. || 3° Ouverture dans laquelle on met
la fusée d'une bombe, et qui est nommée plus gé-
néralement l'oeil de la bombe. || 4" Terme de pêche.
Espèce d'entonnoir que l'on met à l'entrée des filets
en manche et des nasses, pour que le poisson, qui y
est entré librement, n'en puisse pas sortir.
— HIST. xiv" s. Et en la dite oriere [bord] du pa-
veillon [sorte de piège] a ung goulet qui tient au
paveillon, Modus, f° cxxx. Le ruissel ou goulet, DU
CANGE, gouletus. || xvie s. Jusques au goulet des ri-
vières de Garonne et Gironde en icelle mer, CAR-
LOIX, I, 43.
— ÉTYM. Diminutif de goule, aujourd'hui gueule.
Génev. golet, golette, goulot ; provenç. golei.
t *. GOULETTE (gou-lè-f), s. f. Pierre plate,
mise au fond des fours à chaux, où l'on brûle du
charbon de bois.
2. GOULETTE (gou-lè-f), s. f. Terme d'archi-
tecture. Voy. GOULOTTE. || Canal qui fait commu-
niquer le lac du Bocal avec la Méditerranée, et qu.
forme le port de Tunis en Barbarie.
— ÉTYM. Goulet.
t GOULIAFRE (gou-li-a-fr'), s. m. Terme popu-
laire et méprisant. Homme gourmand, goulu et
mangeant malproprement. Est-ce quelque chose bon
à manger? dit un gouliafre, Don Quichotte, t. i,
dans LE ROUX, Dict. comique.
— HIST. XIII" s. Li goulafre, li rekingié [le rechi-
gné] [goulafre est ici le diable], DU CANGE, gula.
— ÉTYM. C'est une dérivation irrègulière de goule
ou gueule; génev. galiaufre, gouliafe; lorrain, gou-
lafre.
GOULOT (gou-lo; le t ne se lie pas ; au pluriel, Ys
se lie : des gou-lo-z étroits), s. m. Le cou de tout
vase dont l'entrée est étroite. Le goulot d'une bou-
teille. Le goulot de la bouteille est cassé. Il Fig. Ces
gens qui n'ont vu la société que par le goulot étroit
de la bouteille des abstractions, DIDER. Sur l'abbé
Galiani. || Terme d'horticulture. Arroser au goulot,
ôter la pomme de l'arrosoir pour obtenir un seul jet
plus abondant.
— ÉTYM. Diminutif de goule, aujourd'hui gueule.
GOULOTTE (gou-lo-f), s.f.\\ 1°Terme d'architec-
ture. Petite rigole taillée sur la cymaise d'une corni-
che pour l'écoulement des eaux de la pluie. || 2° Pe-
tit canal taillé sur des tablettes de pierre ou de
marbre, en pente, avec un mélange de petits bassins
en coquille pour le jet des eaux. Au bas de la niche,
la goulotte d'une fontaine dont les eaux sont re-
çues dans une auge, DIDEROT, Salon de 1767, GËm>
t. xiv, p. m, dans POUGENS. || En ce sens on dit
aussi goulette.
— ÉTYM. Goulot.
GOULU, UE (gou-lu, lue), adj. || 1° Qui aime à
manger, qui mange avec avidité. Le canard est un
oiseau très-goulu. Pourtant, si l'on avait l'art De
m'accommoder au lard Un bon plat de ces lentilles,
Si petites, si gentilles, J'aurais le tort qu'Ésaû A eu,
Aussi goulu que velu, ARM. GOUFFË, Chanson. || Par
extension. Donnez-moi cette main qu'il ne baisera
plus, Je veux la dévorer de mes baisers goulus,
SCARR. D. Japhetd'Arm. in, 4. || Fig. C'est que cha-
cun n'a pas cette amitié goulue Qui n'en veut que
pour soi, MOL. Éc. des femmes, n, 3. || Terme de
maréchalerie. Tenailles goulues, ou, substantive-
ment, les goulues (voy. TF.NAILLES). j| Substantive-
ment. Un vilain goulu. Une goulue. Il n'avait qu'un
oeil, le goulu, Et duquel il ne voyait goutte, SCARR.
Virg. ni. || 2° Pois goulu, espèce de pois dont on
mange les cosses. || 3° S. m. Animal sauvage de
Laponie et de Moscovie. || Goulu de mer, le requin.
— HIST. xv" s. Plusieurs humains, comme gou-
lus, Sont en manger fort dissolus, COQUILLART, dans
le Dict. de DOCHEZ. |] XVI" s. II les nourrit si diverse-
ment [deux chiens], qu'il en rendit l'un gourmand
et goulu, et l'autre bon à la chasse et à la queste,
AMYOT, Comm. il faut nourrir les enfants, s.
— ÉTYM. Goule, aujourd'hui gueule; provenç.
golut.
GOULÛMENT (gou-lu-man), adv. D'une manière
goulue. Si Votre Altesse a mangé goulûment, je puis
déterger ses entrailles avec de la casse, de la manne
et des follicules de séné, VOLT. Dict. phil. Maladie.
—HIST. xvi* s. Diogenes, voyant un jeune garçon
qui mangeoit gouluement, donna un soufflet à son
pédagogue, AMYOT, Que la vertu se peut apprendre,
3. Mon oeil de vos regards goulûment se repaist,
RONS. 286. Il n'est air qui se hume si gouluement,
qui s'espande et pénètre, comme faict la licence,
MONT, IV, <99.
— ÉTYM. Goulue, et le suffixe ment; provenç.
goludamen.
f GOUM (goum'), s. m. Mot arabe usité en Algé-
rie et désignant le contingent que chaque tribu
fournit pour les expéditions militaires.
f GOUMIER (gou-mié), s. m. Nom donné par
Adanson à la coquille du ce'rithe vulgaire (univalve),
qui était le murex chinois de Gmelin, LEGOARANT.
f GOUNA fgou-na), s. m. Terme de grammaiTe
sanscrite désignant la modification que subissent les
voyelles autres que a quand on ajoute un a devan'
elles.
— ÉTYM. Sanscr. guna, qualité, parce que l'ad-
jonction de l'a, changeant la voyelle en diphthongue
(t en ai, u en au), lui donne plus de qualité, .de
poids et d'importance.
f GOUPIL (gou-pil), s.m. Ancien nom du renard,
GOU
GOU
GOU
7 GOUIN (gouin), s. m. Terme de marine. Ma-
telot d'une mauvaise tenue.
— ÉTYM. C'est le masculin burlesque de gouine.
GOUME (goui-n'), s. f. Terme très-bas d'injure.
Femme de mauvaise vie, coureuse.
— ÉTYM. Origine inconnue. Diez le rattache à
godine, godinette (voy. GODINETTE), et y voit un
dérivé du radical gaud, du latin gaudere, se ré-
jouir, et il condamne les autres étymologies, entre
autres celles de quean, mot anglais signifiant
femme de mauvaise vie, et tenant à l'anglo-saxon
cwen et à l'islandais quinna, qui signifient femme.
Cependant cette dernière étymologie semble plus
probable que la sienne. Creuzé de Lesser, dans son
poème de la Table ronde, chant vi, tire ce mot de
la reine Goïne qui trompait son mari et le fit périr
pour fuir avec son amant : Quoiqu'en amour à la
bonté j'incline, Je n'en ai pas pour la reine Goïne;
Et jusqu'à nous son nom un peu changé Vint jus-
tement en proverbe érigé.
GOUJAT (gou-ja; le t ne se lie pas; au pluriel, Ys
se lie : desgou-ja-z ivres), s. m. || 1" Valet d'armée.
Mieux vaut goujat debout qu'empereur enterré,
LA FONT, ilatr. La vanité est si ancrée dans le coeur
de l'homme, qu'un soldat, un goujat, un cuisinier,
un crocheteur se vante et veut avoir ses admira-
teurs; et les philosophes mêmes en veulent, PASC.
Pensées, art. n, 3, édit. LAHURE. Il voit les mêmes
passions dans le goujat et l'homme illustre, J. I.
ROHSS. Êm. iv. Alors des clameurs s'élevèrent; déjà
quelques femmes et quelques goujats revenaient
sur leurs pas en courant, n'entendant plus rien, ne
répondant à aucune question, l'air tout effaré, sans
voix et sans haleine, SÉGUR, Hist. de ATop. ix, 3.
|| 2° Apprenti maçon, dont la fonction est de porter
les matériaux, soit à pied d'oeuvre, soit sur les
échafaudages où les ouvriers peuvent en avoir be-
soin. Un petit goujat. Nous n'avons pas assez de
goujats. || 3° Par extension, homme sale et grossier.
On ne l'appelait en badinant que le goujat, pour
marquer la vie qu'il menait et la compagnie qu'il
voyait, M™" DE CAYI-US, Souvenirs, p. toe, dans
POUGENS. On dit que Lekain a joué à Fontainebleau
plus en goujat qu'en Tartare [dans l'Orphelin de la
Chine], qu'il n'est ni noble, ni amoureux, ni ter-
rible, ni tendre, et que Sarrazin a l'air d'un vieux
sacristain de pagode, VOLT. tell. d'Argcntal, oc-
tobre t755. || Il signifie aussi homme malhonnête,
coquin. || Il signifie encore celui qui fait de la mau-
vaise besogne.
— HIST. xv" s. Les gougeas de l'hostel du duc
alloient tous les jours veoir les dames à Deventel,
qui sont femmes moult gracieuses et qui prennent
plaisir à festoyer estrangers, o. DE LA MARCHE, Mèm.
liv. II, p. 689. dans LACURNE. || XVI" S. Fut pris par
noz sentinelles un matin devant jour un goyat sor-
tant d'Edimton, BEAUGUË, Guerre d'Ecosse, i, 12.
Je sçay bien que tu as esté goujate, et que tu as
couru le régiment de Picardie, D'AUB. Conf. n, i.
Gouyatte, combien veux-tu par mois de ton labeur ?
[il s'agit d'un mari vêtu en chambrière et blutant,
dont sa femme se moque], MARG. A'OUU. LXIX Et
la pluspart des goujarts, CARLOIX, V, 6.
— ÉTYM.. Léarn. et gasc. gouyat, jeune homme;
lorrain, goujart. Gouge et goujat sont deux formes
d'un même mot ; ils paraissent gascons, languedo-
ciens, et là ils signifient jeune fille, jeune homme.
M. Léon Couture, qui conteste l'étymologie de Huet
pour gouge, pense que le sens propre est jeune
homme, jeune fille, et que le sens de servante est
dérivé, et, partant de là, il adopte l'avis de M. Le-
fèvre, qui propose le latin gaudium, par l'inter-
médiaire du provençal gau.gauch, et du guiennais
goi, goye; suivant lui, l'enfant aurait été ainsi ap-
pelé comme donnant la joie à la famille.
i GOUJON (gou-jon), s." m. || 1° Nom d'un genre
de poissons dans la famille des cyprinoïdes, où l'on
distingue le goujon proprement dit, qui vit dans
les rivières par petites troupes et qui est fort bon à
manger. La tanche rebutée, il trouva du goujon;
Du goujon, c'est bien là le dîner d'un héron 1
LA FONT. FaU. -vu, 4. || Fig. Faire avaler le goujon
à quelqu'un, lui faire accroire quelque chose, le
faire tomber dans un piège. || Goujon do mer, la
gobie ou le paganel.
— HIST. xiv= s. Deux tronçons de carpe et quatre
gougons fris, Hénagier, n, 5. || xvie s. Baugoin, ava-
lant le goujon, remercia et embrassa de tout son
coeur la Tifiardiere et suivit à la lettre son conseil,
D'AUB. Vie, LXX. -
— ÉTYM. Wall, govion; Hainaut, gouvion; du lat.
çobionem, goujon ; grec, xtiëio;.
2. GOUJON (gou-jon), s. m. Nom d'une che-
ville de fer à pointe perdue et d'un morceau de
bois rond que les charrons mettent dans les trous
des jantes pour les unir. || Le goujon sert aussi
à réunir les deux portions d'une charnière en pas-
sant dans leur vide. || Goujon de pommes, broche
de fer sur laquelle les doreurs travaillent les pom-
mes des carrosses.
— HIST. uir s. Ne hùchier, ne huissier ne
pueent.... faire ne trappe,ne huis,ne fenestres sans
goujons de fust ou de fer, par leurs seremens, Liv.
des met. <06. || xiv« s. Du quelcoffre le suppliant osta
les goignons ou crampons, à quoy le couvercle du dit
coffre ou escrin fermoit par derrière, DU CANGE , gojo.
— ÉTYM. Il est possible que goujon cheville ait
été dit ainsi du poisson par comparaison ; mais la
forme goignon, qui paraît dériver de gond, rend
cela très-douteux.
t GOUJONNER (gou-jo-né), v. a. Terme de ma-
rine et de charpenterie. Fixer une pièce de bois à
une autre au moyen d'un goujon. || Terme de char-
ron. Mettre une cheville de bois à pointe perdue et
un morceau de bois rond dans les trous des jantes
pour les unir.
— HIST. xv" s. Le suppliant entra dans l'ostel, et
lui entré desgouj onna [ôta les goujons, les chevilles]
une arche [coffre], DU CANGE, gojo:
— ÉTYM. Goujon 2.
t GOUJONNIER (gou-jo-nié), s. m. Terme de pê-
che. Petit épervier dont les mailles sont très-serrées.
— ETYM. Goujon I.
t GOUJONNIËRE (gou-jo-niè-r'), adj. f. Perche
goujonnière, nom donné par les pêcheurs de la
Seine à la gremille.
t GOUJURE (gou-ju-r'), s. f. Terme de marine.
Entaille qui se fait à quelques instruments pour di-
vers usages, par exemple la cannelure creusée dans
la caisse d'une poulie.
— ÉTYM. Gotige i.
t GOULE (gou-I'), s. f. Génie dévorant, d'après
les superstitions du Levant, les corps morts dans les
cimetières. Aux déités folles des vieux empires,
Nous opposons des diables peu tentants, Des loups-
garous, des goules, des vampires, BÉRANG. Vin de
Chypre. Goules, dont la lèvre Jamais ne se sèvre Du
sang noir des morts! v. HUGO, Bail. <4.
— ÉTYM. Arabe, ghul, de ghàl, fondre sur quel-
qu'un. Pihan remarque que ghul est masculin en
arabe et signifie une espèce de loup-garou.
GOULËE (gou-lée), s. f. || 1° Terme populaire.
Grosse bouchée. Ce maudit animal vient prendre
sa goulée, Matin et soir, dit-il, et des pièges se rit,
LA FONT. Fabl. iv, 4. || N'en faire qu'une goulée,
manger très-avidement quelque chose. |] 2° Quartier
de terre, capable de nourrir une bouche. Chaque
paysan possède ce que nous appelons sa goulée de
benace, un ou deux arpents de terre en huit ou dix
morceaux, p. L. COUR. Lett. vi. || Proverbe. Brebis
qui bêle perd sa goulée, celui qui parle beaucoup à
table mange peu; et fig. en parlant beaucoup on
perd le temps d'agir.
— HIST. xin" s. Qui vos dona congié dou dire Tel
goulée et tel estoutie, Quant apelas de félonie Si
haut baron com est Rcnart? Ren. 19449. || xiv" s. Et
donne matière de parler aux jangleurs qui au matin
et au soir en tiennent leurs esbatemens et leurs gou-
lées de moqueries, LE CHEV. DE LA TOUR, Insir. à
ses filles, f° 75,- dans LACURNE. || xve s. Elle choisit
un compaignon dont elle ne peut finer [jouir],
sinon à grand peur et à la goulée [à la dérobée], Les
<5 joyes de mariage, p. 69.
— ÉTYM. Goule, aujourd'hui gueule; génev. go-
lée; provenç. golada.
GOULET (gou-lè ; le t ne se lie pas ; au pluriel, l's
se lie : des gou-lè-z étroits ; goulets rime avec traits,
succès, paix, etc.), s. m. || 1° Le cou d'une bouteille.
Un baril défoncé, deux bouteilles sur cul, Qui di-
saient, sans goulet : nous avons trop vécu, RÉGNIER,
Sat. xi. || On dit plutôt aujourd'hui goulot. || 2" En-
trée étroite d'un port ou d'une rade. Le goulet de la
rade de Brest. || 3° Ouverture dans laquelle on met
la fusée d'une bombe, et qui est nommée plus gé-
néralement l'oeil de la bombe. || 4" Terme de pêche.
Espèce d'entonnoir que l'on met à l'entrée des filets
en manche et des nasses, pour que le poisson, qui y
est entré librement, n'en puisse pas sortir.
— HIST. xiv" s. Et en la dite oriere [bord] du pa-
veillon [sorte de piège] a ung goulet qui tient au
paveillon, Modus, f° cxxx. Le ruissel ou goulet, DU
CANGE, gouletus. || xvie s. Jusques au goulet des ri-
vières de Garonne et Gironde en icelle mer, CAR-
LOIX, I, 43.
— ÉTYM. Diminutif de goule, aujourd'hui gueule.
Génev. golet, golette, goulot ; provenç. golei.
t *. GOULETTE (gou-lè-f), s. f. Pierre plate,
mise au fond des fours à chaux, où l'on brûle du
charbon de bois.
2. GOULETTE (gou-lè-f), s. f. Terme d'archi-
tecture. Voy. GOULOTTE. || Canal qui fait commu-
niquer le lac du Bocal avec la Méditerranée, et qu.
forme le port de Tunis en Barbarie.
— ÉTYM. Goulet.
t GOULIAFRE (gou-li-a-fr'), s. m. Terme popu-
laire et méprisant. Homme gourmand, goulu et
mangeant malproprement. Est-ce quelque chose bon
à manger? dit un gouliafre, Don Quichotte, t. i,
dans LE ROUX, Dict. comique.
— HIST. XIII" s. Li goulafre, li rekingié [le rechi-
gné] [goulafre est ici le diable], DU CANGE, gula.
— ÉTYM. C'est une dérivation irrègulière de goule
ou gueule; génev. galiaufre, gouliafe; lorrain, gou-
lafre.
GOULOT (gou-lo; le t ne se lie pas ; au pluriel, Ys
se lie : des gou-lo-z étroits), s. m. Le cou de tout
vase dont l'entrée est étroite. Le goulot d'une bou-
teille. Le goulot de la bouteille est cassé. Il Fig. Ces
gens qui n'ont vu la société que par le goulot étroit
de la bouteille des abstractions, DIDER. Sur l'abbé
Galiani. || Terme d'horticulture. Arroser au goulot,
ôter la pomme de l'arrosoir pour obtenir un seul jet
plus abondant.
— ÉTYM. Diminutif de goule, aujourd'hui gueule.
GOULOTTE (gou-lo-f), s.f.\\ 1°Terme d'architec-
ture. Petite rigole taillée sur la cymaise d'une corni-
che pour l'écoulement des eaux de la pluie. || 2° Pe-
tit canal taillé sur des tablettes de pierre ou de
marbre, en pente, avec un mélange de petits bassins
en coquille pour le jet des eaux. Au bas de la niche,
la goulotte d'une fontaine dont les eaux sont re-
çues dans une auge, DIDEROT, Salon de 1767, GËm>
t. xiv, p. m, dans POUGENS. || En ce sens on dit
aussi goulette.
— ÉTYM. Goulot.
GOULU, UE (gou-lu, lue), adj. || 1° Qui aime à
manger, qui mange avec avidité. Le canard est un
oiseau très-goulu. Pourtant, si l'on avait l'art De
m'accommoder au lard Un bon plat de ces lentilles,
Si petites, si gentilles, J'aurais le tort qu'Ésaû A eu,
Aussi goulu que velu, ARM. GOUFFË, Chanson. || Par
extension. Donnez-moi cette main qu'il ne baisera
plus, Je veux la dévorer de mes baisers goulus,
SCARR. D. Japhetd'Arm. in, 4. || Fig. C'est que cha-
cun n'a pas cette amitié goulue Qui n'en veut que
pour soi, MOL. Éc. des femmes, n, 3. || Terme de
maréchalerie. Tenailles goulues, ou, substantive-
ment, les goulues (voy. TF.NAILLES). j| Substantive-
ment. Un vilain goulu. Une goulue. Il n'avait qu'un
oeil, le goulu, Et duquel il ne voyait goutte, SCARR.
Virg. ni. || 2° Pois goulu, espèce de pois dont on
mange les cosses. || 3° S. m. Animal sauvage de
Laponie et de Moscovie. || Goulu de mer, le requin.
— HIST. xv" s. Plusieurs humains, comme gou-
lus, Sont en manger fort dissolus, COQUILLART, dans
le Dict. de DOCHEZ. |] XVI" s. II les nourrit si diverse-
ment [deux chiens], qu'il en rendit l'un gourmand
et goulu, et l'autre bon à la chasse et à la queste,
AMYOT, Comm. il faut nourrir les enfants, s.
— ÉTYM. Goule, aujourd'hui gueule; provenç.
golut.
GOULÛMENT (gou-lu-man), adv. D'une manière
goulue. Si Votre Altesse a mangé goulûment, je puis
déterger ses entrailles avec de la casse, de la manne
et des follicules de séné, VOLT. Dict. phil. Maladie.
—HIST. xvi* s. Diogenes, voyant un jeune garçon
qui mangeoit gouluement, donna un soufflet à son
pédagogue, AMYOT, Que la vertu se peut apprendre,
3. Mon oeil de vos regards goulûment se repaist,
RONS. 286. Il n'est air qui se hume si gouluement,
qui s'espande et pénètre, comme faict la licence,
MONT, IV, <99.
— ÉTYM. Goulue, et le suffixe ment; provenç.
goludamen.
f GOUM (goum'), s. m. Mot arabe usité en Algé-
rie et désignant le contingent que chaque tribu
fournit pour les expéditions militaires.
f GOUMIER (gou-mié), s. m. Nom donné par
Adanson à la coquille du ce'rithe vulgaire (univalve),
qui était le murex chinois de Gmelin, LEGOARANT.
f GOUNA fgou-na), s. m. Terme de grammaiTe
sanscrite désignant la modification que subissent les
voyelles autres que a quand on ajoute un a devan'
elles.
— ÉTYM. Sanscr. guna, qualité, parce que l'ad-
jonction de l'a, changeant la voyelle en diphthongue
(t en ai, u en au), lui donne plus de qualité, .de
poids et d'importance.
f GOUPIL (gou-pil), s.m. Ancien nom du renard,
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