Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 2 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5406698m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49511
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
GOP
t GODINETTE (go-di-nè-tf), s. f. Ancien mot
rçui signifiait une grisette et qui s'était conservé
jusque dans le xvn" siècle, en cette locution tom-
bée elle-même en désuétude : baiser en godinette,
baiser d'une manière tendre, amoureuse. || On
trouve aussi : en godinet. Je vous embrasse en go-
dinet, Lettres de Mlle Laurette de Malboissière avec
Vme la marquise de la Grange.
— HIST. XVe s. Avez vous point vu ci entrer Na-
% gueres une godinette Qui vient rire, esbattre, dan-
ser? COQUILLAR»-, Botte de foin.
— ÉTYM. CoJin, joli, mignon, dans Cotgrave,
et godinette semblent venir de l'ancien verbe goder
(voy. GODAILLE à l'étymologie), que Diez n'ose pas
rapporter au latin gaudere (gaudere ayant donné
jouir,goir), et qui lui semble appartenir plutôt à un
radical celtique : kimry, god, luxure, exubérance.
GODIVEAU (go-di-vô), s. m. Terme de cuisine.
Sorte de pâté chaud composé d'andouilleltes, de
hachis de veau, etc. Tourte de godiveau Un
godiveau tout brûlé par dehors Dont un beurre
gluant inondait tous les bords, BOIL. Sat. m.
— HIST. xvr s. Mangeans ensemble un boisseau
de godiveaus [especed'andouilletteJ,RABEL. m, 4 8.
— ÉTYM. Origine inconnue ; à moins que, avec
Scheler, on n'y voie un dérivé de l'ancien verbe
goder (voy. GODINETTE).
GODRON (go-dron),s. m. ||i° Terme d'orfèvrerie.
Moulure ovale qu'on fait aux, bords de la vaisselle
d'argent. Vaisselle à gros godrons. || Espèce de
rayon droit ou tournant, fait à l'échoppe sur le
fond d'une bague ou d'un cachet. || 2" Terme de
sculpture et d'architecture. Ornements qu'on taille
sur des moulures, les uns fleuronnés, d'autres
creusés.. || 3° Plis ronds qu'on fait aux fraises, aux
jabots. || Fer avec lequel on faisait ces plis.
— HIST. xvc s. Une nef d'argent, goderonnée,
l'un des goderons d'argent et l'autre blancq, DE LA-
BORDE, Émaux, p. 332. || xvie s. Les yeux [du che-
val] gros, grands, noirs et clairs comme miroirs,
emboutissant en hors ainsi que goderons, o. DE
SERRES, 301. Gauderon de beau langage [langage
apprête], COTGRAVE.
— ÉTYM. Origine inconnue. D'après Génin, Ré-
créat. t. il, p. 93, godron était dans l'ancien fran-
çais le nom de l'amidon ; sans dire où il a trouvé
cette explication. D'ailleurs le godron ou goderon
paraît avoir été d'abord une moulure d'orfèvrerie.
Scheler le tire de goder, où il voit un verbe ger-
manique : goth. valtjan, rouler. Roullin le rat-
tache au latin grunda, gouttière.
t GODRONNAGE (go-dro-na-j'), s. m. Action de
godronner, et résultat de cette action.
— ÉTYM. Godronner. -
GODRONNÉ, ÉE (go^dro-né, née), port, passe
de godronner. || i" Garni de moulures. De la belle
vaisselle toute neuve, toute godronnée, au fruit,
SÊV. 695. Cet argent fin, ciselé, godronné, En plat,
en vase, en soucoupe tourné, VOLT. Apol. du luxe.
|| 2° Terme de botanique. Feuille godronnée, feuille
dont les bords présentent des espèces de festons
séparés par des sinuosités profondes. || 3° Terme
d'anatomie. Canal godronné, espace qui se trouve
dans l'oeil entre le corps vitré et le corps ciliaire,
et qui embrasse toute la circonférence du cristallin.
|| 4° Qui est plissé en godron. Les sénateurs de la
ville, vêtus de cérémonie avec leurs toques de ve-
lours, leurs courtes robes de damas et leurs fraises
godronnées, vinrent saluer la reine, LE LABOUREUR,
Voyage de la reine de Pologne, p. 403, dans LA-
CURNE, au mot gaudronné.
GODRONNER (go-dro-né), t). a. || 1" Faire des
godrons. Godronner de la vaisselle. Godronner du
linge. || 2° Tourner les têtes des épingles sur les
moules à l'aide du rouet. || 3° Faire autour de la
tête plate d'une vis de petites entailles empêchant
que la vis ne glisse dans les doigts quand on la serre
ou desserre.
— HIST. xv" s. Six hanaps plains, dorez par de-
dans et goderonnez par dehors ; laquelle godero-
neure estoit dorée et blanche, Vente des meubles de
J. Coeur, dans J. Coeur, par CLÉMENT, t. n, p. 4 79.
|| xvr s. Il y en a de grandes [citrouilles], de pe-
tites, de goderonnées, ressemblantes à citrons et
poncires, diversement colorées, o. DE SERRES, 647.
La plus grande finesse qui soit en- ce monde est
aller rondement en besongne, parler son vrai pa-
tois et naturel langage, sans le pourfiler et damas-
quiner, comme font nos refraisez et gaudronnez de
ce jour, Contes d'Eulrapel, p. 4 90, dans LACURNE.
II avoit une fraise empesée et godronnée à gros
godrons, .au bout de laquelle il y avoit de belle et
grande dentelle, les manchettes estoient godron-
GOG
nées de mesme, DE LABORDE, Émaux, p. 322. He-
liodorus, ce bon evesque de Tricca, aima mieulx
perdre la dignité d'une prelature si vénérable que
de perdre sa fille [un roman, les Ëthlopiques] ; fille
qui dure encores bien gentille, mais à l'adventure
pourtant un peu trop curieusement et mollement
goderonnée pour fille ecclésiastique et sacerdotale,
MONT, II, 89.
— ÉTYM. Godron.
fGODRONNEUR, EUSE (go-dro-neur, neû-z'), s.
m. et f. Ouvrier, ouvrière qui fait des godrons.
t GODUONNOIR (go-dro-noir), s. m. Sorte de oi-
selet à l'usage du godronneur.
t GODURE (go-du-r'), s. f. État de ce qui gode.
GOELAND (go-è-lan), s. m. Oiseau de mer, es-
pèce de grande mouette, appartenant au genre
larus, de Linné, qui contient les mouettes. Les
goélands se,tiennent en troupes sur les rivages de
la mer ; souvent on les voit couvrir de leur multi-
tude les ècueils et les falaises qu'ils font retentir
de leurs cris importuns et sur lesquels ils sem-
blent fourmiller, BCFF. Ois. t. xvi, p. 4 77. || Goé-
land br-un, le lare frontal (palmipèdes), dit cordon-
nier par les navigateurs.
— HIST. xvic s. Il y a un genre d'oiseaux qui
sont blancs et grands comme pigeons, que l'on
appelle goilants, qui au temps des tempestes se
sçavent retirer es eaux douces, PALISSY, 273.
— ÉTYM. Bas-breton, gwélan; kimry, gwylan ;
kimry du ix' siècle, guilan; gaélique, foilenn ; pro-
bablement du bas-breton gwcla, pleurer, à cause
de son cri plaintif.
GOELETTE (go-è-lè-f), s. f. || i" Terme de ma-
rine. Bâtiment à deux mâts, du port de trente à
cent tonneaux. || 2° Hirondelle de mer.
— ÉTYM. Il semble, comme le dit Scheler, que
la goélette navire a été dénommée d'après la goé-
lette oiseau, et que le nom de celle-ci a même ra-
dical que le goéland.
GOËMON (go-è-mon), s. m. Varech ou herbe ma-
rine. || Engrais végétal composé de plantes de la fa-
mille des algues, recueillies sur les rochers au bord
de la mer.
— REM. On a écrit gouesmon : Pour régler les
jours auxquels on devra commencer et finir la coupe
de l'herbe appelée varech ou vreicq, sar ou goues-
mon, croissant en mer à l'endroit de leur territoire,
Ordonn. de la marine, août 4 684, livr. iv, tit. x, art. 4.
— ÉTYM. Origine inconnue.
■ f GOETHÉE (gheu-tée), s. f. Terme de botanique.
Genre de malvacées ayant deux espèces : la goethée
toujours fleurie et la goethée cauliflore.
— ÉTYM. Goethe, célèbre poète allemand.'.
GOÉTIE (go-é-sie), s. f. Espèce de magie par
laquelle on invoquait les génies malfaisants.
— ÉTYM. roïiteïa, de yôriç, sorcier, de yôt\ ou
yôoç, gémissement, hurlement, à cause des cris qui
étaient employés dans certaines incantations.
t GOËTIQUE (go-é-ti-k'), adj. Qui concerne la
goétie, qui appartient à la goétie. Magie goétique.
GOFFE (go-f),'ad). Terme familier et vieilli. Mal
fait, grossier. Un homme, un habit goffe. || Lettres
goffes ou lettres lourdes, nom donné à une sorte de
majuscules gothiques dans le commencement du
xvi" siècle.
— HIST. xvr s. Je m'émerveille comme il a osé
louer un aussi goffe ouvrier et ouvrage, DUVERDIER,
dans le Dût. de DOCHEZ.
— ÉTYM. Patois limousin, gofe, bouffi; espag.
gofo; ital. goffo; patois angl. gof, guff. Origine
ultérieure inconnue. Isidore a bigera, vestis gufa
vel mllata, où gufa paraît signifier grossier.
f GOG (gogh), s. m. Personnification qui, dans
l'Écriture, désigne un peuple ennemi d'Israël.
GOGAIIXE (go-ghâ-11', U mouillées, et non go-
gâ-ye), s. f. Terme populaire. || 1° Repas joyeux.
Faire gogaille. Être en gogaille. Enfin on danse, on
fait gogaille, SCARRON, Virg. vi. Je ne remplirai
point sa mangeoire [d'un serin] par dessus les bords,
pour l'exposer à crever de gogaille, BERQUIN, Ami
des enfants, Favori. || 2° Plaisanterie. Tu vas te cha-
griner pour un mot de gogaille, HAUTEROCHE, Soup,
mal apprêté, 6.
— ÉTYM. Gogue.
GOGO (A) (a-go-go), loc. adv. Terme très-fami-
lier.'Dans l'abondance, à son aise. Moi qui, comme
Midrac, Sidrac, Abdenago (La rime en sera difficile),
Chantais dans la fournaise, et vivais à gogo Dans
les lieux les plus chauds, dont j'ai fait mon asile,
VOIT. Poésies, OEuvres, t. n, p. 4 84, dans POUGENS.
En l'air à gogo suspendue, On la voit pourtant
avancer Plus quasi qu'on ne peut penser, SCARRON,
Virg. v. Où bien mieux que chez Guénego [Gué-
GOG
1891
negaut], On a toute chose à gogo, m. ib. vu. Ne
parlons' que de joie, et jusqu'au conjungo Laissez-
moi , s'il vous plaît, m'en donner à gogo, TH.
CORN. D. César d'Avalos, i, 4.
— HIST. xve s. Mieux amassent à gogo Gésir sur
molz coussinés, en. D'ORL. Chanson. \\ xvr 5 s. N'ayez
pas de religion, mocquez vous à gogo des prestl'es
et des sacremens de l'Eglise, et de tout droict divin
et humain, Sat. Mén. p. 7. [Henri III] Gay comme
perot, tellement que vous eussiez jugé à le voir qu'il
tenoit desjà à gogo son galeux d'Espernon, Particu~
larilés concern. l'assass. du duc de Guy se, Chalons,
4 689, p. 37.
— ÉTYM. Picard, d gaugau, à coeur joie. Le pi-
card semble indiquer pour étymologie gau, radical
du latin gaudere, se réjouir. Mais l'orthographe an-
cienne est par o, et Diez le rattache à gogue.
t GOGDE (go-gh'), s. f. || i° Terme vieilli. Plai-
santerie , divertissement. Etre dans les gogues.
|| 2° Sorte d'appât. Des bergers de la Brie ont été
condamnés à mort pour des maléfices sur les ani-
maux, qu'ils faisaient mourir par des gogues em-
poisonnées qu'ils mettaient dans les lieux où ils
étaient en pâturage.... on ne pouvait remédier à la
mortalité.... qu'en changeant le troupeau de lieu et
en l'éloignant de ces gogues.... quand on pouvait
découvrir l'endroit où elles étaient placées, il était
aisé de la faire cesser; il n'y avait qu'à les lever et
à les faire brûler ; mais il était très-diïficile de le
savoir, les malfaiteurs prenant toutes sortes de pré-
cautions pour les cacher, persuadés qu'ils étaient
qu'il y allait de leur vie, et que celui qui les avait
faites et mises en terre mourait dans le moment
qu'on les levait, SAINT-ANDRÉ, Lettres au sujet de la
magie, p. 286. || Gogue en ce sens est probable-
ment une altération de gobe (voy. ce mot).
— HIST. xive s. N'ot jeu ne riz, feste ne gogues,
DU CANGE, gobelinus. || xve s. Et ne disoit jamais
une parole, puisqu'il estoit en gogues, qu'elle n'ap-
portast avec elle son ris, LOUIS XI, Nouv. 29.
— ÉTYM. Origine incertaine. Diez incline à y
voir un radical gog qui se trouve dans le celtique
avec un sens un peu différent : bas-bret. gôguéa,
tromper, se moquer; kimry, gogan, satire.
GOGUENARD, ARDE (go-ghe-nar, nar-d'), adj.
Qui plaisante en se moquant. Le marquis : Et
comme c'est un air à demi goguenard, Je l'ai
pris sur un ton entre doux et hagard, BOURSAULT,
Merc. gai. v, 4. Et toujours avec lui sera Muse go-
guenarde et caustique, Qui, tandis que fat il
sera, Sans cesse les chansonnera, CHAULIÉU, AU
cheval, de Bouill. Satirique et goguenard dans ses
poésies, HAMILT. Gramm. 8. Vous allez voir quelle
différence il y a d'elle à vos goguenardes de fem-
mes qui ne songent qu'à la bagatelle ! BRUEYS,
Grondeur, il, 4 4. Elle lui demanda, d'un air fort dé-
libéré, si nous coucherions sur le plancher [à la
Bastille]; il répondit sur un ton goguenard assez
déplacé et nous laissa, STAAL, Mém. t. n, p. 93. Cette
destinée qui m'a fait,tantôt goguenard, tantôt sé-
rieux, VOLT. Lett. Cideville, 2! juillet 4 762. Il de-
vint même railleur, goguenard, J, J. ROUSS. Conf.
n. || Substantivement. Riez donc, beau rieur; oh !
que cela doit plaire De voir un goguenard presque
sexagénaire! MOL. Éc. des maris, i, 3. Courbé sur
un bâton, le bon petit vieillard Tousse, crache, se
mouche, et fait le goguenard, De contes du vieux
temps étourdit Isabelle, QUINAULT , Mère coquette,
i, 2. Toutefois n'allez pas, goguenard dangereux,
Faire Dieu le sujet d'un badinage affreux, Bon,.
Art. p. n. Les goguenards de Basse-Bretagne dirent
qu'il ne fallait pas baptiser son vin, VOLT. l'In-
génu, 4.
ÉTYM. Dérivé de gogue, par le même procédé
que le genevoisgoguinette, etleloraiiigoguenettes.
GOGUENARDER (go-ghe-nar-dé), D. «.Terme fa-
milier. Faire le goguenard. Comme on était à table
et que chacun mangeait Et bien ou mal goguenar-
dait, SCARR. OEuv. t. i, p. 3)0. Qui, toujours go-
guenard, prend en goguenardant Ce qu'on dit
qu'on n'obtient jamais en demandant, TH. CORN.
Baron d'Albikrac, i, 3. Nous ne faisions que go-
guenarder pendant le voyage, HAMILT. Gramm. 8.
|| Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.
— ÉTYM. Goguenard.
GOGUENARDERIE (go-ghe-nar-de-i ie), s. f. Plai-
santerie de goguenard. Oui, mais je lVnverrais pro-
mener avec ses goguenarderies, MOL. Méd. m. lui,
n, 3. Le roi était fort accoutumé à lui [Rose] et à
ses goguenarderies, ST-SIM. 85,409.
— ÉTYM. Goguenarder.
GOGUETTES (go-ghè-f), s. f. pi. || 1° Terme fami-
lier. Propos joyeux. Ne me brouillez pas avec le duc
t GODINETTE (go-di-nè-tf), s. f. Ancien mot
rçui signifiait une grisette et qui s'était conservé
jusque dans le xvn" siècle, en cette locution tom-
bée elle-même en désuétude : baiser en godinette,
baiser d'une manière tendre, amoureuse. || On
trouve aussi : en godinet. Je vous embrasse en go-
dinet, Lettres de Mlle Laurette de Malboissière avec
Vme la marquise de la Grange.
— HIST. XVe s. Avez vous point vu ci entrer Na-
% gueres une godinette Qui vient rire, esbattre, dan-
ser? COQUILLAR»-, Botte de foin.
— ÉTYM. CoJin, joli, mignon, dans Cotgrave,
et godinette semblent venir de l'ancien verbe goder
(voy. GODAILLE à l'étymologie), que Diez n'ose pas
rapporter au latin gaudere (gaudere ayant donné
jouir,goir), et qui lui semble appartenir plutôt à un
radical celtique : kimry, god, luxure, exubérance.
GODIVEAU (go-di-vô), s. m. Terme de cuisine.
Sorte de pâté chaud composé d'andouilleltes, de
hachis de veau, etc. Tourte de godiveau Un
godiveau tout brûlé par dehors Dont un beurre
gluant inondait tous les bords, BOIL. Sat. m.
— HIST. xvr s. Mangeans ensemble un boisseau
de godiveaus [especed'andouilletteJ,RABEL. m, 4 8.
— ÉTYM. Origine inconnue ; à moins que, avec
Scheler, on n'y voie un dérivé de l'ancien verbe
goder (voy. GODINETTE).
GODRON (go-dron),s. m. ||i° Terme d'orfèvrerie.
Moulure ovale qu'on fait aux, bords de la vaisselle
d'argent. Vaisselle à gros godrons. || Espèce de
rayon droit ou tournant, fait à l'échoppe sur le
fond d'une bague ou d'un cachet. || 2" Terme de
sculpture et d'architecture. Ornements qu'on taille
sur des moulures, les uns fleuronnés, d'autres
creusés.. || 3° Plis ronds qu'on fait aux fraises, aux
jabots. || Fer avec lequel on faisait ces plis.
— HIST. xvc s. Une nef d'argent, goderonnée,
l'un des goderons d'argent et l'autre blancq, DE LA-
BORDE, Émaux, p. 332. || xvie s. Les yeux [du che-
val] gros, grands, noirs et clairs comme miroirs,
emboutissant en hors ainsi que goderons, o. DE
SERRES, 301. Gauderon de beau langage [langage
apprête], COTGRAVE.
— ÉTYM. Origine inconnue. D'après Génin, Ré-
créat. t. il, p. 93, godron était dans l'ancien fran-
çais le nom de l'amidon ; sans dire où il a trouvé
cette explication. D'ailleurs le godron ou goderon
paraît avoir été d'abord une moulure d'orfèvrerie.
Scheler le tire de goder, où il voit un verbe ger-
manique : goth. valtjan, rouler. Roullin le rat-
tache au latin grunda, gouttière.
t GODRONNAGE (go-dro-na-j'), s. m. Action de
godronner, et résultat de cette action.
— ÉTYM. Godronner. -
GODRONNÉ, ÉE (go^dro-né, née), port, passe
de godronner. || i" Garni de moulures. De la belle
vaisselle toute neuve, toute godronnée, au fruit,
SÊV. 695. Cet argent fin, ciselé, godronné, En plat,
en vase, en soucoupe tourné, VOLT. Apol. du luxe.
|| 2° Terme de botanique. Feuille godronnée, feuille
dont les bords présentent des espèces de festons
séparés par des sinuosités profondes. || 3° Terme
d'anatomie. Canal godronné, espace qui se trouve
dans l'oeil entre le corps vitré et le corps ciliaire,
et qui embrasse toute la circonférence du cristallin.
|| 4° Qui est plissé en godron. Les sénateurs de la
ville, vêtus de cérémonie avec leurs toques de ve-
lours, leurs courtes robes de damas et leurs fraises
godronnées, vinrent saluer la reine, LE LABOUREUR,
Voyage de la reine de Pologne, p. 403, dans LA-
CURNE, au mot gaudronné.
GODRONNER (go-dro-né), t). a. || 1" Faire des
godrons. Godronner de la vaisselle. Godronner du
linge. || 2° Tourner les têtes des épingles sur les
moules à l'aide du rouet. || 3° Faire autour de la
tête plate d'une vis de petites entailles empêchant
que la vis ne glisse dans les doigts quand on la serre
ou desserre.
— HIST. xv" s. Six hanaps plains, dorez par de-
dans et goderonnez par dehors ; laquelle godero-
neure estoit dorée et blanche, Vente des meubles de
J. Coeur, dans J. Coeur, par CLÉMENT, t. n, p. 4 79.
|| xvr s. Il y en a de grandes [citrouilles], de pe-
tites, de goderonnées, ressemblantes à citrons et
poncires, diversement colorées, o. DE SERRES, 647.
La plus grande finesse qui soit en- ce monde est
aller rondement en besongne, parler son vrai pa-
tois et naturel langage, sans le pourfiler et damas-
quiner, comme font nos refraisez et gaudronnez de
ce jour, Contes d'Eulrapel, p. 4 90, dans LACURNE.
II avoit une fraise empesée et godronnée à gros
godrons, .au bout de laquelle il y avoit de belle et
grande dentelle, les manchettes estoient godron-
GOG
nées de mesme, DE LABORDE, Émaux, p. 322. He-
liodorus, ce bon evesque de Tricca, aima mieulx
perdre la dignité d'une prelature si vénérable que
de perdre sa fille [un roman, les Ëthlopiques] ; fille
qui dure encores bien gentille, mais à l'adventure
pourtant un peu trop curieusement et mollement
goderonnée pour fille ecclésiastique et sacerdotale,
MONT, II, 89.
— ÉTYM. Godron.
fGODRONNEUR, EUSE (go-dro-neur, neû-z'), s.
m. et f. Ouvrier, ouvrière qui fait des godrons.
t GODUONNOIR (go-dro-noir), s. m. Sorte de oi-
selet à l'usage du godronneur.
t GODURE (go-du-r'), s. f. État de ce qui gode.
GOELAND (go-è-lan), s. m. Oiseau de mer, es-
pèce de grande mouette, appartenant au genre
larus, de Linné, qui contient les mouettes. Les
goélands se,tiennent en troupes sur les rivages de
la mer ; souvent on les voit couvrir de leur multi-
tude les ècueils et les falaises qu'ils font retentir
de leurs cris importuns et sur lesquels ils sem-
blent fourmiller, BCFF. Ois. t. xvi, p. 4 77. || Goé-
land br-un, le lare frontal (palmipèdes), dit cordon-
nier par les navigateurs.
— HIST. xvic s. Il y a un genre d'oiseaux qui
sont blancs et grands comme pigeons, que l'on
appelle goilants, qui au temps des tempestes se
sçavent retirer es eaux douces, PALISSY, 273.
— ÉTYM. Bas-breton, gwélan; kimry, gwylan ;
kimry du ix' siècle, guilan; gaélique, foilenn ; pro-
bablement du bas-breton gwcla, pleurer, à cause
de son cri plaintif.
GOELETTE (go-è-lè-f), s. f. || i" Terme de ma-
rine. Bâtiment à deux mâts, du port de trente à
cent tonneaux. || 2° Hirondelle de mer.
— ÉTYM. Il semble, comme le dit Scheler, que
la goélette navire a été dénommée d'après la goé-
lette oiseau, et que le nom de celle-ci a même ra-
dical que le goéland.
GOËMON (go-è-mon), s. m. Varech ou herbe ma-
rine. || Engrais végétal composé de plantes de la fa-
mille des algues, recueillies sur les rochers au bord
de la mer.
— REM. On a écrit gouesmon : Pour régler les
jours auxquels on devra commencer et finir la coupe
de l'herbe appelée varech ou vreicq, sar ou goues-
mon, croissant en mer à l'endroit de leur territoire,
Ordonn. de la marine, août 4 684, livr. iv, tit. x, art. 4.
— ÉTYM. Origine inconnue.
■ f GOETHÉE (gheu-tée), s. f. Terme de botanique.
Genre de malvacées ayant deux espèces : la goethée
toujours fleurie et la goethée cauliflore.
— ÉTYM. Goethe, célèbre poète allemand.'.
GOÉTIE (go-é-sie), s. f. Espèce de magie par
laquelle on invoquait les génies malfaisants.
— ÉTYM. roïiteïa, de yôriç, sorcier, de yôt\ ou
yôoç, gémissement, hurlement, à cause des cris qui
étaient employés dans certaines incantations.
t GOËTIQUE (go-é-ti-k'), adj. Qui concerne la
goétie, qui appartient à la goétie. Magie goétique.
GOFFE (go-f),'ad). Terme familier et vieilli. Mal
fait, grossier. Un homme, un habit goffe. || Lettres
goffes ou lettres lourdes, nom donné à une sorte de
majuscules gothiques dans le commencement du
xvi" siècle.
— HIST. xvr s. Je m'émerveille comme il a osé
louer un aussi goffe ouvrier et ouvrage, DUVERDIER,
dans le Dût. de DOCHEZ.
— ÉTYM. Patois limousin, gofe, bouffi; espag.
gofo; ital. goffo; patois angl. gof, guff. Origine
ultérieure inconnue. Isidore a bigera, vestis gufa
vel mllata, où gufa paraît signifier grossier.
f GOG (gogh), s. m. Personnification qui, dans
l'Écriture, désigne un peuple ennemi d'Israël.
GOGAIIXE (go-ghâ-11', U mouillées, et non go-
gâ-ye), s. f. Terme populaire. || 1° Repas joyeux.
Faire gogaille. Être en gogaille. Enfin on danse, on
fait gogaille, SCARRON, Virg. vi. Je ne remplirai
point sa mangeoire [d'un serin] par dessus les bords,
pour l'exposer à crever de gogaille, BERQUIN, Ami
des enfants, Favori. || 2° Plaisanterie. Tu vas te cha-
griner pour un mot de gogaille, HAUTEROCHE, Soup,
mal apprêté, 6.
— ÉTYM. Gogue.
GOGO (A) (a-go-go), loc. adv. Terme très-fami-
lier.'Dans l'abondance, à son aise. Moi qui, comme
Midrac, Sidrac, Abdenago (La rime en sera difficile),
Chantais dans la fournaise, et vivais à gogo Dans
les lieux les plus chauds, dont j'ai fait mon asile,
VOIT. Poésies, OEuvres, t. n, p. 4 84, dans POUGENS.
En l'air à gogo suspendue, On la voit pourtant
avancer Plus quasi qu'on ne peut penser, SCARRON,
Virg. v. Où bien mieux que chez Guénego [Gué-
GOG
1891
negaut], On a toute chose à gogo, m. ib. vu. Ne
parlons' que de joie, et jusqu'au conjungo Laissez-
moi , s'il vous plaît, m'en donner à gogo, TH.
CORN. D. César d'Avalos, i, 4.
— HIST. xve s. Mieux amassent à gogo Gésir sur
molz coussinés, en. D'ORL. Chanson. \\ xvr 5 s. N'ayez
pas de religion, mocquez vous à gogo des prestl'es
et des sacremens de l'Eglise, et de tout droict divin
et humain, Sat. Mén. p. 7. [Henri III] Gay comme
perot, tellement que vous eussiez jugé à le voir qu'il
tenoit desjà à gogo son galeux d'Espernon, Particu~
larilés concern. l'assass. du duc de Guy se, Chalons,
4 689, p. 37.
— ÉTYM. Picard, d gaugau, à coeur joie. Le pi-
card semble indiquer pour étymologie gau, radical
du latin gaudere, se réjouir. Mais l'orthographe an-
cienne est par o, et Diez le rattache à gogue.
t GOGDE (go-gh'), s. f. || i° Terme vieilli. Plai-
santerie , divertissement. Etre dans les gogues.
|| 2° Sorte d'appât. Des bergers de la Brie ont été
condamnés à mort pour des maléfices sur les ani-
maux, qu'ils faisaient mourir par des gogues em-
poisonnées qu'ils mettaient dans les lieux où ils
étaient en pâturage.... on ne pouvait remédier à la
mortalité.... qu'en changeant le troupeau de lieu et
en l'éloignant de ces gogues.... quand on pouvait
découvrir l'endroit où elles étaient placées, il était
aisé de la faire cesser; il n'y avait qu'à les lever et
à les faire brûler ; mais il était très-diïficile de le
savoir, les malfaiteurs prenant toutes sortes de pré-
cautions pour les cacher, persuadés qu'ils étaient
qu'il y allait de leur vie, et que celui qui les avait
faites et mises en terre mourait dans le moment
qu'on les levait, SAINT-ANDRÉ, Lettres au sujet de la
magie, p. 286. || Gogue en ce sens est probable-
ment une altération de gobe (voy. ce mot).
— HIST. xive s. N'ot jeu ne riz, feste ne gogues,
DU CANGE, gobelinus. || xve s. Et ne disoit jamais
une parole, puisqu'il estoit en gogues, qu'elle n'ap-
portast avec elle son ris, LOUIS XI, Nouv. 29.
— ÉTYM. Origine incertaine. Diez incline à y
voir un radical gog qui se trouve dans le celtique
avec un sens un peu différent : bas-bret. gôguéa,
tromper, se moquer; kimry, gogan, satire.
GOGUENARD, ARDE (go-ghe-nar, nar-d'), adj.
Qui plaisante en se moquant. Le marquis : Et
comme c'est un air à demi goguenard, Je l'ai
pris sur un ton entre doux et hagard, BOURSAULT,
Merc. gai. v, 4. Et toujours avec lui sera Muse go-
guenarde et caustique, Qui, tandis que fat il
sera, Sans cesse les chansonnera, CHAULIÉU, AU
cheval, de Bouill. Satirique et goguenard dans ses
poésies, HAMILT. Gramm. 8. Vous allez voir quelle
différence il y a d'elle à vos goguenardes de fem-
mes qui ne songent qu'à la bagatelle ! BRUEYS,
Grondeur, il, 4 4. Elle lui demanda, d'un air fort dé-
libéré, si nous coucherions sur le plancher [à la
Bastille]; il répondit sur un ton goguenard assez
déplacé et nous laissa, STAAL, Mém. t. n, p. 93. Cette
destinée qui m'a fait,tantôt goguenard, tantôt sé-
rieux, VOLT. Lett. Cideville, 2! juillet 4 762. Il de-
vint même railleur, goguenard, J, J. ROUSS. Conf.
n. || Substantivement. Riez donc, beau rieur; oh !
que cela doit plaire De voir un goguenard presque
sexagénaire! MOL. Éc. des maris, i, 3. Courbé sur
un bâton, le bon petit vieillard Tousse, crache, se
mouche, et fait le goguenard, De contes du vieux
temps étourdit Isabelle, QUINAULT , Mère coquette,
i, 2. Toutefois n'allez pas, goguenard dangereux,
Faire Dieu le sujet d'un badinage affreux, Bon,.
Art. p. n. Les goguenards de Basse-Bretagne dirent
qu'il ne fallait pas baptiser son vin, VOLT. l'In-
génu, 4.
ÉTYM. Dérivé de gogue, par le même procédé
que le genevoisgoguinette, etleloraiiigoguenettes.
GOGUENARDER (go-ghe-nar-dé), D. «.Terme fa-
milier. Faire le goguenard. Comme on était à table
et que chacun mangeait Et bien ou mal goguenar-
dait, SCARR. OEuv. t. i, p. 3)0. Qui, toujours go-
guenard, prend en goguenardant Ce qu'on dit
qu'on n'obtient jamais en demandant, TH. CORN.
Baron d'Albikrac, i, 3. Nous ne faisions que go-
guenarder pendant le voyage, HAMILT. Gramm. 8.
|| Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.
— ÉTYM. Goguenard.
GOGUENARDERIE (go-ghe-nar-de-i ie), s. f. Plai-
santerie de goguenard. Oui, mais je lVnverrais pro-
mener avec ses goguenarderies, MOL. Méd. m. lui,
n, 3. Le roi était fort accoutumé à lui [Rose] et à
ses goguenarderies, ST-SIM. 85,409.
— ÉTYM. Goguenarder.
GOGUETTES (go-ghè-f), s. f. pi. || 1° Terme fami-
lier. Propos joyeux. Ne me brouillez pas avec le duc
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