GAR
afin que vous en soyez avisé ;"car vous estes gar-
dien de ce pays, FROISS. II, 11, 4 5.
— ÉTYM. Garde)-; provenç. gardian; catal. guar-.
jdiâ; espagn. guardian; ital. guardiano.
t GARDIENNAGE (gar-diè-na-j'), s. m. Soin de
garder et de tenir en état. Les soins de gardiennage
«t, de réparation que nécessite un vaste bâtiment,
un musée, Disc, de M. Barbet au Corps législ.
29 juin H865. |] Terme de marine. Ensemble des
moyens de conservation appliqués à certains objets
dans un port. Gardiennage des tonneaux, des balises.
|| Emploi degardien.
— ÉTYM. Gardien.
f GARDIENNAT(gar-diè-na), s. m. Dans les mai-
sons religieuses, office de gardien ; sa durée.
— ÉTYM. Gardien.
f GARDIENNERIE (gar-dië-ne-rie), s. f. Ancien
terme de marine. Cbambre des canonniers à bord
d'un vaisseau.
— ÉTYM. Gardien.
GARDON (gar-don), s. m. Petit poisson d'eau
douce, ditaussi rosse (lettciscus idus). \\ Fami-
lièrement. Être frais comme un gardon, être comme
un gardon, avoir un air de fraîcheur et de santé; locu-
tion tirée de l'éclat de l'écaillé de ce poisson. Après
avoir été un mois à la campagne à se reposer, à
se purger, à se rafraîchir, elle revient comme un gar-
don, SËV. 438. Fraîche comme un gardon, droite
comme une perche, BOURSAULT, Mots à la mode.
se. 4 6. || Fig. Donner un chabot pour avoir un gar-
don, faire un petit présent pour avoir en retour un
présent plus grand. Ne faites, s'il se peut, jamais
présent ni don, Si ce n'est d'un chabot pour avoir
un gardon, RÉGNIER, Sot. xm.
— HIST. xm" s. Nus poissonniers ne autre nepuet
ne ne doit vendre gardons freans; c'est à savoir,
gardons entre le mi-avril et mi-moi, Liv. des met.
2G5. || xyi° s. Jeter un gardon pour avoir un brochet
[faire un petit présent pour en avoir un grand], cor-
GRAVE. Cest hamesson n'est pas trop bien amorcé
pour prendre des guerdons, PALSGR. p. 443. Mais il
survint un affecté maroufle Sorti du creux où l'on
pesche aux gardons, RAB. Garg. 1,2.
— ÉTYM. Origine inconnue. Bas-lat. gardio.
4. GARE (ga-r'), interj. || i° Terme familier. Il
s'emploie lorsqu'on avertit de se ranger, de faire'
place, d'éviter quelque chose qui est lancé, qui
tombe. Il faut que je voie, que je m'informe, que
je coure chez le notaire; gare que je passe, PICARD,
Marionnettes; v, 9. || Gare devant, se dit pour aver-
tir quelqu'un qui est devant nous de se détourner.
Il Gare, se dit-aussi pour avertir de prendre garde.
Gare, gare, gare; voici quelqu'un qui vient inter-
rompre la conversation, DANCOURT, l'Opérateur,
se. -H. Il En termes de chasse, celui qui entend le
cerf bondir de la reposée doit crier gare. || 2° Frap-
per sans dire gare, frapper sans avoir menacé. Et
qui frappe sans dire gare, SCARRON, Yirg. 1. ...sans
leur dire gare, elle [la mort] abat les humains, MOL.
l'Ét. 11, 4. X qui en a-t-il donc de vous rosser comme
cela sans dire gare? DANCOURT, Tuteur, se. 9. || Sans
dire gare, signifié aussi sans avertir. J'entre sans
dire gare et cherche à m'informer Où demeure un
monsieur que je ne puis nommer, BODRSAULT, Nerc.
gai. iv, 6. Il 3" Gare, exprime aussi qu'on appréhende
pour soi ou pour les autres certaines choses fâcheu-
ses. Vous devez marcher droit pour n'être pas berné;
Et, s'il faut que sur vous on ait la moindre prise,
Gare qu'aux carrefours on ne vous tympanise, MOL.
Éc. dés f. 1, 4. Sinon, gare l'instant de la conclu-
sion, DESTOUCHES, Phil. marié, 1, 4. Mon vieux tronc
a porté quelques fruits cette année.... les sols et les
fanatiques auront bon temps cet automne et l'hiver
prochain; mais gare le printemps, VOLT. Lett.d'Ar-
genlal, 28 août <760. La petite diatribe que je vous
envoie a été fort applaudie à la représentation;
mais gare la lecture, D'ALEMB. lett. à Voltaire,
24 janv. 4778. Il 4" Garelepot aunoir, s'est dilau-
trefois, au jeu de colin-maillard, pour exprimer ce
qu'on dit aujourd'hui casse-cou.
— HIST. xvi« s. Nous sommes tous morts à ce coup;
guare! vby le ci, RAB. Pant. iv,'33. Si elle [la for-
tune] continue, elle m'en envoyera très content et
satisfait; mais gare le heurt, MONT, IV, 442.
— ÉTYM. Impératif du verbe garer; bourguig.
gaire.
2..GARE (ga-r'), s. f. || 1» Lieu disposé'sur les ri-
vières pour servir d'abri aux bateaux contre les gla-
ces, les inondations, etc. || 2° Par extension, lieu
de dépôt de marchandises sur les lignes de che-
mins de fer. || Nom de parties d'un chemin de fer
qui, situées en dehors de la voie ordinaire, servent
à éviter la rencontre des convois. Gare d'arrivée et
GAR
de départ, celles des deux extrémités du chemin.
Gare d'évitement, celle qui reçoit et abrite un con-
voi pendant qu'un autre convoi passe, || Station
d'embarquement et de débarquement des voyageurs
et des marchandises sur les chemins de fer.
— ÉTYM. Voy. GARER.
GARÉ, ÉE(ga-ré, rée), part, passé de garer. Mis
à l'abri dans une gare. Un bateau, un convoi garé.
Défenses à tous courtiers et jaugeuns de vins de
goûter ni jauger ceux qui seront es bateaux garés es
dites îles et ports, Aides, 27 mars 4 620.
GARENNE (ga-rè-n'. Au xvii 0 siècle plusieurs
prononçaient ga-ra-n' : C'est où Flore et Pomone
entretiennent Diane, Qui se vient délasser dedans
cette garanne, CORN. Pois. div. Presbyt. d'Eènone.
Ménage met en garde contre cette prononciation,
qui était sans doute la prononciation ancienne),
s. f. H 1° Proprement et anciennement, défense
de pêcher dans une rivière, de chasser dans un
bois; On, ne peut tenir rivière en garenne s'il
n'y a titre ou prescription suffisante, Coût, du
Nivernais, ch. 46, art. 4. || 2° Par passage du
sens de droits prohibitifs aux lieux qui en étaient
l'objet, lieu particulier près du château que le
seigneur faisait garder avec plus de soin. Ga-
renne à bois et à eau, étangs et forêts, appartient
au fils. aîné pour son précipùt et droit d'aînesse,
Coust. gén. t. 11, p. 4 80. || 3° Plus particulière-
ment encore, lieu à la campagne planté d'arbres, où
il y a des lapins et où on a soin de les conser-
ver. Un chat était entré dans une garenne peuplée
de lapins, FÉN, t. xix, p. 61. Le lapin de garenne
semble savoir qu'il n'est pas logé et il se loge; les
lapins de clapiers dont on peuple les garennes, se
gîtent comme le lièvre; mais, au bout de quelques
générations,, ils commencent à se faire des terriers,
BONNET, Contempl. nat. n, 30. || Lapin de garenne,
se dit, comme meilleur à manger, par opposition a
lapin de clapier ou de choux, jj Fig. Celui-là est de
garenne [par allusion aux lapins de garenne], se
dit d'un conte ou d'un trait d'esprit dont on raille.
Il Garenne forcée ou garenne privée, petit lieu clos
de murailles ou de fossés pleins d'eau, où l'on met
et élève des lapins. [| 4° Lieu de garde, de réserve
pour certains animaux Que les seigneurs s'y
attribuaient la pêche, qu'on y formait des garennes
à cygnes et des pêcheries, ROBIN, Mémoire sur les
marais de Cléville, Calvados, 4 781, p. 22. || Ga-
renne à poisson, espèce de réservoir que l'on fait
dans les rivières ou étangs.
— HIST. xm" s. Tant se haste et tant s'esploite,
Tant chevauche bois et garane, Qu'il est venuz à
Theroane, Ben. 48245. Aucunes gens cuident que
cil qui sunt pris emblant connins ou autres grosses
bestes savages en autrui garennes anciennes, ne
soient pas pendables; mes si sunt, quant il sunt
pris par nuit, BEAUM. xxx, 405. ||XIV° S. Qui est
trouvé tendant aux perdrix en païs de garenne, il
chet en amende de dix livres, et le harnas perdu,
BOUTEILLER, Somme rural, 11, titre 40. ||xvc s. Les
escumeurs d'Affrique.... faisoient de la ville d'Af-
frique leur warenne et font encore, FROISS. III, IV ,
13. Ilxvic s. Lapins de.garenne, PARÉ, V, 26. Es-
tangs et rivières portant garennes et aussi ga-
rennes sont défendues, et qui y chasse ou pes-
che sera puni comme de larfecin, Coust. gêner.
t. 1, p. 94 9.
— ÉTYM. Berry, varenne, terre sablonneuse ; pi-
card, varenne; provenç. garuna, varena; bas-lat.
warenna ; du même radical que garer (garenne si-
gnifiant proprement un lieu réservé, défendu), avec
un suffixe irrégulier.
GARENNIER (ga-rè-nié; l'r ne se lie -jamais; au
pluriel, Vs se lie : des ga-rè-niéz actifs), s. m.
Celui qui garde une garenne.
— ÉTYM. Garenne.
GARER (ga-ré), v. a. || i° Faire entrer et mettre
à l'abri dans une gare. Garer un bateau, un con-
voi. Il Par extension. Ordonnons.que toutes les épa-
navigables soient garées sur terre, Ordonn. des eaux
et forêts, titre 31, 46. || Garer un train de bois, le
lier. H 2°Se garer, v. ré(l. Se rangerde côté, en par-
lant d'un bateau qui en laisse passer d'autres. || Par
extension, se dit d'un train de chemin de fer qui
entre dans la gare d'évitement pour laisser passer un
autre train. |j II se dit aussi des personnes qui
se rangent, se détournent. Se garer des voitures.
Il Fig. et familièrement. Se préserver, se défendre,
éviter: Garez-vous, de cet homme. L'abbé guérit
et voulait tuer Arnaud qui s'en gara bien, et le
pauvre abbé en fut pour ses plaisirs, SAINT-SIM.
7, 94.
GAR 1837
— HIST. xiic s. Garez en vous, gentils fils à ba-
ron, Bonc. p. 440. || xvr s. Tous voicturierspar ea-
seront tenus gârrer leurs batteaux et vins à l'isla
Nostre Dame, Cour des aides, arrêt, S août 4 586.
— ÉTYM. Berry, gairer; provenç. garar, guarar;
du haut-allem. waron, prendre garde; comparez le .
celtique : kirnry, gwara, défendre l'accès des pa-
lissades ; bas-breton, gwarer ; ce sens convient à
garenne et à garer (comparez l'étymologie de
garder)
t GARGAMELLE (gar-ga-mè-1'), s. f. Terme po-
pulaire. Gorge, gosier. Je vais me rafraîchir un peu
la gargamelle, IIAUTEROCHE, Amant qui trompe, dans
LE ROUX, Dict. comique. Et de sa propre alumelle
Il se coupa la gargamelle, ancien dicton de trictrac
pour signifier qu'un joueur a amené un dé qui "l'a
perdu, Trévoux; Gargamelle.
— HIST. XVe s. Le suppliant cdppa la gorge au dit
Guillaume, ou quoy que soit, la gargamele ou go-
sier, DU CANGE, gargalio. |lxvie.s. Puis luy passai
ma broche à travers la gargamelle, RABEL. Pant.
11,44.
— ÉTYM. Provenç. et catal. gargamella; du radi-
cal garg, qui se trouve avec le sens de gosier dans
l'ital. gargata, le picard gargate, anc. anglais gar-
gale, espagn. et portng. garganta (voy. GARGOUILLE).
Gargamelle est le nom que Rabelais a donné à la
femme de Grandgousier, mère de Gargantua.
j- GARGANTUA (gar-gan-tu-a), s. «t. Nom propre
d'un personnage gigantesque de Rabelais. || Par an-
tonomase, homme qui mange énormément. C'est un
vrai Gargantua.
— ÉTYM. Voici l'étymologie que donne Rabelais
de ce mot qu'il a forgé : Son père voyant comme il
ouvrait le gosier s'escria : Que grand tu as, d'où
l'on fit Gargantua. Mais c'est une plaisanterie.
M. Baùdry, Bev. de Vlnslr. publ. 4 9 mai 4 859,
p. 404, pense que Gargantua provient du langue-
docien garganle, gosier, et se rattache ainsi à
Grandgousier et Gargamelle.
GARGARISÉ, ÉE (gar-ga-ri-zé, zée), port, passé
de gargariser. La gorge gargarisée. '■
GARGARISER (gar-ga-ri-zé), v. a. Laver la gorge,
la bouche avec un liquide qu'on met en contact
avec toute la membrane muqueuse gutturale ou
buccale, en le promenant et l'agitant dans là bou-
che. La bouche [elle] se gargarisa, Et d'encens s'a-
romatisa, SCARRON, Virg. iv. || Se gargariser, v. réfl.
Laver sa bouche ou sa gorge avec un liquide. Elle
s'est gargarisée! || Avec suppression du pronom per-
sonnel. Faites gargariser cet enfant. || Par exten-
sion et populairement. Se mettre à boire. Ils étaient
tous deux à se gargariser. || Fig. et familièrement.
Se gargariser avec un éloge, s'en délecter., :
— HIST. xvie s. On fera gargariser, souvent le ma-
lade d'oxyeras..,. et d'icelle décoction en sera garga-
risé et tenu en la bouche^ semblablement est bon
de gargariser de lait de vache, PARÉ, vi, 8. Le jus
de l'herbe gargarisé appaise la luete enflammée,
0. DE SERRES, 627.
— ÉTYM. Génev. se gargoriser ; provenç. et es-
pagn. gargarisar; ital. gargarizzare ; du latin gar-
garisare; en grec yapyapîCeiv (comp. GARGAMELLE).
GARGARISME (gar-ga-ri-sm'), s. m. || 1° Liqueur
préparée pourse gargariser. || 2°L'action de sb gargari-
ser. Faites quelques gargarismes, cela vous soulagera.
— HIST. xvie s. User de gargarismes astringents,
PARÉ, VI, 6.
— ÉTYM. Génev. gargarisme ; provenç. garga-
risme; espagn. et ital. gargarismo; du làt. garga-
risma, qui vient du grec yapyapiÇEiv, gargariser.
GARGOTAGE (gar-go-ta-j'), s. m. Terme popu-
laire. Repas malpropre; viande mal apprêtée.
— ÉTYM. Gargoter.
GARGOTE (gar-go-f), s. /. || 1" Petit cabaret où
l'on donne à manger à bas prix. Les deux écus que
je lui demandais [au régent] étaient pour les leur
donner de sa part, afin qu'elles eussent au'moins
pour quelques jours à manger dans quelque gar-
gote, ST-SIM. 500, 4 71. Je me mis dans une de ces
petites auberges, à qui le mépris de la pauvreté a
fait donner le nom de gargote, MARIVAUX, Paysan
parc. 4™ part. Car les dragons, race assez pou dé-
vote, Ne parlaient là que langue de gargote, GRES-
SET, Vert-vert, ni. Je retournai le soir à ma gargote,
i. J. ROUSS. Cowf. iv. || 2° Par mépris, tout caba-
ret ou restaurant ou même ménage où l'on mange
malproprement. Ce restaurant est une vraie gargote.
— ÉTYM. Voy. GARGOTER; Berry, gargot, cabinet
noir, prison des petits enfants.
GARGOTER (gar-go-té), v. n. \\ 1° Hanter les
gargotes. Il 2" Boire et mander malproprement,
afin que vous en soyez avisé ;"car vous estes gar-
dien de ce pays, FROISS. II, 11, 4 5.
— ÉTYM. Garde)-; provenç. gardian; catal. guar-.
jdiâ; espagn. guardian; ital. guardiano.
t GARDIENNAGE (gar-diè-na-j'), s. m. Soin de
garder et de tenir en état. Les soins de gardiennage
«t, de réparation que nécessite un vaste bâtiment,
un musée, Disc, de M. Barbet au Corps législ.
29 juin H865. |] Terme de marine. Ensemble des
moyens de conservation appliqués à certains objets
dans un port. Gardiennage des tonneaux, des balises.
|| Emploi degardien.
— ÉTYM. Gardien.
f GARDIENNAT(gar-diè-na), s. m. Dans les mai-
sons religieuses, office de gardien ; sa durée.
— ÉTYM. Gardien.
f GARDIENNERIE (gar-dië-ne-rie), s. f. Ancien
terme de marine. Cbambre des canonniers à bord
d'un vaisseau.
— ÉTYM. Gardien.
GARDON (gar-don), s. m. Petit poisson d'eau
douce, ditaussi rosse (lettciscus idus). \\ Fami-
lièrement. Être frais comme un gardon, être comme
un gardon, avoir un air de fraîcheur et de santé; locu-
tion tirée de l'éclat de l'écaillé de ce poisson. Après
avoir été un mois à la campagne à se reposer, à
se purger, à se rafraîchir, elle revient comme un gar-
don, SËV. 438. Fraîche comme un gardon, droite
comme une perche, BOURSAULT, Mots à la mode.
se. 4 6. || Fig. Donner un chabot pour avoir un gar-
don, faire un petit présent pour avoir en retour un
présent plus grand. Ne faites, s'il se peut, jamais
présent ni don, Si ce n'est d'un chabot pour avoir
un gardon, RÉGNIER, Sot. xm.
— HIST. xm" s. Nus poissonniers ne autre nepuet
ne ne doit vendre gardons freans; c'est à savoir,
gardons entre le mi-avril et mi-moi, Liv. des met.
2G5. || xyi° s. Jeter un gardon pour avoir un brochet
[faire un petit présent pour en avoir un grand], cor-
GRAVE. Cest hamesson n'est pas trop bien amorcé
pour prendre des guerdons, PALSGR. p. 443. Mais il
survint un affecté maroufle Sorti du creux où l'on
pesche aux gardons, RAB. Garg. 1,2.
— ÉTYM. Origine inconnue. Bas-lat. gardio.
4. GARE (ga-r'), interj. || i° Terme familier. Il
s'emploie lorsqu'on avertit de se ranger, de faire'
place, d'éviter quelque chose qui est lancé, qui
tombe. Il faut que je voie, que je m'informe, que
je coure chez le notaire; gare que je passe, PICARD,
Marionnettes; v, 9. || Gare devant, se dit pour aver-
tir quelqu'un qui est devant nous de se détourner.
Il Gare, se dit-aussi pour avertir de prendre garde.
Gare, gare, gare; voici quelqu'un qui vient inter-
rompre la conversation, DANCOURT, l'Opérateur,
se. -H. Il En termes de chasse, celui qui entend le
cerf bondir de la reposée doit crier gare. || 2° Frap-
per sans dire gare, frapper sans avoir menacé. Et
qui frappe sans dire gare, SCARRON, Yirg. 1. ...sans
leur dire gare, elle [la mort] abat les humains, MOL.
l'Ét. 11, 4. X qui en a-t-il donc de vous rosser comme
cela sans dire gare? DANCOURT, Tuteur, se. 9. || Sans
dire gare, signifié aussi sans avertir. J'entre sans
dire gare et cherche à m'informer Où demeure un
monsieur que je ne puis nommer, BODRSAULT, Nerc.
gai. iv, 6. Il 3" Gare, exprime aussi qu'on appréhende
pour soi ou pour les autres certaines choses fâcheu-
ses. Vous devez marcher droit pour n'être pas berné;
Et, s'il faut que sur vous on ait la moindre prise,
Gare qu'aux carrefours on ne vous tympanise, MOL.
Éc. dés f. 1, 4. Sinon, gare l'instant de la conclu-
sion, DESTOUCHES, Phil. marié, 1, 4. Mon vieux tronc
a porté quelques fruits cette année.... les sols et les
fanatiques auront bon temps cet automne et l'hiver
prochain; mais gare le printemps, VOLT. Lett.d'Ar-
genlal, 28 août <760. La petite diatribe que je vous
envoie a été fort applaudie à la représentation;
mais gare la lecture, D'ALEMB. lett. à Voltaire,
24 janv. 4778. Il 4" Garelepot aunoir, s'est dilau-
trefois, au jeu de colin-maillard, pour exprimer ce
qu'on dit aujourd'hui casse-cou.
— HIST. xvi« s. Nous sommes tous morts à ce coup;
guare! vby le ci, RAB. Pant. iv,'33. Si elle [la for-
tune] continue, elle m'en envoyera très content et
satisfait; mais gare le heurt, MONT, IV, 442.
— ÉTYM. Impératif du verbe garer; bourguig.
gaire.
2..GARE (ga-r'), s. f. || 1» Lieu disposé'sur les ri-
vières pour servir d'abri aux bateaux contre les gla-
ces, les inondations, etc. || 2° Par extension, lieu
de dépôt de marchandises sur les lignes de che-
mins de fer. || Nom de parties d'un chemin de fer
qui, situées en dehors de la voie ordinaire, servent
à éviter la rencontre des convois. Gare d'arrivée et
GAR
de départ, celles des deux extrémités du chemin.
Gare d'évitement, celle qui reçoit et abrite un con-
voi pendant qu'un autre convoi passe, || Station
d'embarquement et de débarquement des voyageurs
et des marchandises sur les chemins de fer.
— ÉTYM. Voy. GARER.
GARÉ, ÉE(ga-ré, rée), part, passé de garer. Mis
à l'abri dans une gare. Un bateau, un convoi garé.
Défenses à tous courtiers et jaugeuns de vins de
goûter ni jauger ceux qui seront es bateaux garés es
dites îles et ports, Aides, 27 mars 4 620.
GARENNE (ga-rè-n'. Au xvii 0 siècle plusieurs
prononçaient ga-ra-n' : C'est où Flore et Pomone
entretiennent Diane, Qui se vient délasser dedans
cette garanne, CORN. Pois. div. Presbyt. d'Eènone.
Ménage met en garde contre cette prononciation,
qui était sans doute la prononciation ancienne),
s. f. H 1° Proprement et anciennement, défense
de pêcher dans une rivière, de chasser dans un
bois; On, ne peut tenir rivière en garenne s'il
n'y a titre ou prescription suffisante, Coût, du
Nivernais, ch. 46, art. 4. || 2° Par passage du
sens de droits prohibitifs aux lieux qui en étaient
l'objet, lieu particulier près du château que le
seigneur faisait garder avec plus de soin. Ga-
renne à bois et à eau, étangs et forêts, appartient
au fils. aîné pour son précipùt et droit d'aînesse,
Coust. gén. t. 11, p. 4 80. || 3° Plus particulière-
ment encore, lieu à la campagne planté d'arbres, où
il y a des lapins et où on a soin de les conser-
ver. Un chat était entré dans une garenne peuplée
de lapins, FÉN, t. xix, p. 61. Le lapin de garenne
semble savoir qu'il n'est pas logé et il se loge; les
lapins de clapiers dont on peuple les garennes, se
gîtent comme le lièvre; mais, au bout de quelques
générations,, ils commencent à se faire des terriers,
BONNET, Contempl. nat. n, 30. || Lapin de garenne,
se dit, comme meilleur à manger, par opposition a
lapin de clapier ou de choux, jj Fig. Celui-là est de
garenne [par allusion aux lapins de garenne], se
dit d'un conte ou d'un trait d'esprit dont on raille.
Il Garenne forcée ou garenne privée, petit lieu clos
de murailles ou de fossés pleins d'eau, où l'on met
et élève des lapins. [| 4° Lieu de garde, de réserve
pour certains animaux Que les seigneurs s'y
attribuaient la pêche, qu'on y formait des garennes
à cygnes et des pêcheries, ROBIN, Mémoire sur les
marais de Cléville, Calvados, 4 781, p. 22. || Ga-
renne à poisson, espèce de réservoir que l'on fait
dans les rivières ou étangs.
— HIST. xm" s. Tant se haste et tant s'esploite,
Tant chevauche bois et garane, Qu'il est venuz à
Theroane, Ben. 48245. Aucunes gens cuident que
cil qui sunt pris emblant connins ou autres grosses
bestes savages en autrui garennes anciennes, ne
soient pas pendables; mes si sunt, quant il sunt
pris par nuit, BEAUM. xxx, 405. ||XIV° S. Qui est
trouvé tendant aux perdrix en païs de garenne, il
chet en amende de dix livres, et le harnas perdu,
BOUTEILLER, Somme rural, 11, titre 40. ||xvc s. Les
escumeurs d'Affrique.... faisoient de la ville d'Af-
frique leur warenne et font encore, FROISS. III, IV ,
13. Ilxvic s. Lapins de.garenne, PARÉ, V, 26. Es-
tangs et rivières portant garennes et aussi ga-
rennes sont défendues, et qui y chasse ou pes-
che sera puni comme de larfecin, Coust. gêner.
t. 1, p. 94 9.
— ÉTYM. Berry, varenne, terre sablonneuse ; pi-
card, varenne; provenç. garuna, varena; bas-lat.
warenna ; du même radical que garer (garenne si-
gnifiant proprement un lieu réservé, défendu), avec
un suffixe irrégulier.
GARENNIER (ga-rè-nié; l'r ne se lie -jamais; au
pluriel, Vs se lie : des ga-rè-niéz actifs), s. m.
Celui qui garde une garenne.
— ÉTYM. Garenne.
GARER (ga-ré), v. a. || i° Faire entrer et mettre
à l'abri dans une gare. Garer un bateau, un con-
voi. Il Par extension. Ordonnons.que toutes les épa-
et forêts, titre 31, 46. || Garer un train de bois, le
lier. H 2°Se garer, v. ré(l. Se rangerde côté, en par-
lant d'un bateau qui en laisse passer d'autres. || Par
extension, se dit d'un train de chemin de fer qui
entre dans la gare d'évitement pour laisser passer un
autre train. |j II se dit aussi des personnes qui
se rangent, se détournent. Se garer des voitures.
Il Fig. et familièrement. Se préserver, se défendre,
éviter: Garez-vous, de cet homme. L'abbé guérit
et voulait tuer Arnaud qui s'en gara bien, et le
pauvre abbé en fut pour ses plaisirs, SAINT-SIM.
7, 94.
GAR 1837
— HIST. xiic s. Garez en vous, gentils fils à ba-
ron, Bonc. p. 440. || xvr s. Tous voicturierspar ea-
seront tenus gârrer leurs batteaux et vins à l'isla
Nostre Dame, Cour des aides, arrêt, S août 4 586.
— ÉTYM. Berry, gairer; provenç. garar, guarar;
du haut-allem. waron, prendre garde; comparez le .
celtique : kirnry, gwara, défendre l'accès des pa-
lissades ; bas-breton, gwarer ; ce sens convient à
garenne et à garer (comparez l'étymologie de
garder)
t GARGAMELLE (gar-ga-mè-1'), s. f. Terme po-
pulaire. Gorge, gosier. Je vais me rafraîchir un peu
la gargamelle, IIAUTEROCHE, Amant qui trompe, dans
LE ROUX, Dict. comique. Et de sa propre alumelle
Il se coupa la gargamelle, ancien dicton de trictrac
pour signifier qu'un joueur a amené un dé qui "l'a
perdu, Trévoux; Gargamelle.
— HIST. XVe s. Le suppliant cdppa la gorge au dit
Guillaume, ou quoy que soit, la gargamele ou go-
sier, DU CANGE, gargalio. |lxvie.s. Puis luy passai
ma broche à travers la gargamelle, RABEL. Pant.
11,44.
— ÉTYM. Provenç. et catal. gargamella; du radi-
cal garg, qui se trouve avec le sens de gosier dans
l'ital. gargata, le picard gargate, anc. anglais gar-
gale, espagn. et portng. garganta (voy. GARGOUILLE).
Gargamelle est le nom que Rabelais a donné à la
femme de Grandgousier, mère de Gargantua.
j- GARGANTUA (gar-gan-tu-a), s. «t. Nom propre
d'un personnage gigantesque de Rabelais. || Par an-
tonomase, homme qui mange énormément. C'est un
vrai Gargantua.
— ÉTYM. Voici l'étymologie que donne Rabelais
de ce mot qu'il a forgé : Son père voyant comme il
ouvrait le gosier s'escria : Que grand tu as, d'où
l'on fit Gargantua. Mais c'est une plaisanterie.
M. Baùdry, Bev. de Vlnslr. publ. 4 9 mai 4 859,
p. 404, pense que Gargantua provient du langue-
docien garganle, gosier, et se rattache ainsi à
Grandgousier et Gargamelle.
GARGARISÉ, ÉE (gar-ga-ri-zé, zée), port, passé
de gargariser. La gorge gargarisée. '■
GARGARISER (gar-ga-ri-zé), v. a. Laver la gorge,
la bouche avec un liquide qu'on met en contact
avec toute la membrane muqueuse gutturale ou
buccale, en le promenant et l'agitant dans là bou-
che. La bouche [elle] se gargarisa, Et d'encens s'a-
romatisa, SCARRON, Virg. iv. || Se gargariser, v. réfl.
Laver sa bouche ou sa gorge avec un liquide. Elle
s'est gargarisée! || Avec suppression du pronom per-
sonnel. Faites gargariser cet enfant. || Par exten-
sion et populairement. Se mettre à boire. Ils étaient
tous deux à se gargariser. || Fig. et familièrement.
Se gargariser avec un éloge, s'en délecter., :
— HIST. xvie s. On fera gargariser, souvent le ma-
lade d'oxyeras..,. et d'icelle décoction en sera garga-
risé et tenu en la bouche^ semblablement est bon
de gargariser de lait de vache, PARÉ, vi, 8. Le jus
de l'herbe gargarisé appaise la luete enflammée,
0. DE SERRES, 627.
— ÉTYM. Génev. se gargoriser ; provenç. et es-
pagn. gargarisar; ital. gargarizzare ; du latin gar-
garisare; en grec yapyapîCeiv (comp. GARGAMELLE).
GARGARISME (gar-ga-ri-sm'), s. m. || 1° Liqueur
préparée pourse gargariser. || 2°L'action de sb gargari-
ser. Faites quelques gargarismes, cela vous soulagera.
— HIST. xvie s. User de gargarismes astringents,
PARÉ, VI, 6.
— ÉTYM. Génev. gargarisme ; provenç. garga-
risme; espagn. et ital. gargarismo; du làt. garga-
risma, qui vient du grec yapyapiÇEiv, gargariser.
GARGOTAGE (gar-go-ta-j'), s. m. Terme popu-
laire. Repas malpropre; viande mal apprêtée.
— ÉTYM. Gargoter.
GARGOTE (gar-go-f), s. /. || 1" Petit cabaret où
l'on donne à manger à bas prix. Les deux écus que
je lui demandais [au régent] étaient pour les leur
donner de sa part, afin qu'elles eussent au'moins
pour quelques jours à manger dans quelque gar-
gote, ST-SIM. 500, 4 71. Je me mis dans une de ces
petites auberges, à qui le mépris de la pauvreté a
fait donner le nom de gargote, MARIVAUX, Paysan
parc. 4™ part. Car les dragons, race assez pou dé-
vote, Ne parlaient là que langue de gargote, GRES-
SET, Vert-vert, ni. Je retournai le soir à ma gargote,
i. J. ROUSS. Cowf. iv. || 2° Par mépris, tout caba-
ret ou restaurant ou même ménage où l'on mange
malproprement. Ce restaurant est une vraie gargote.
— ÉTYM. Voy. GARGOTER; Berry, gargot, cabinet
noir, prison des petits enfants.
GARGOTER (gar-go-té), v. n. \\ 1° Hanter les
gargotes. Il 2" Boire et mander malproprement,
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