DEG
Le poivre était chaud à tel degré. |[ Dans l'ancienne
physique, ces mêmes qualités élémentaires étaient
partagées en huit. Le feu était chaud au huitième
degré et sec au quatrième. || Fig. et par analogie,
le plus ou le moins que présentent les choses in-
tellectuelles ou morales. Sa grandeur doit atteindre
aux degrés les plus hauts, CORN. Attila, i, 2. Vous
ne me donnez rien par cette haute estime Que vous
n'ayez déjà dans le degré sublime, m.Sertor.m, 2.
Oui, du degré de l'âge il faut porter la peine, EOTROU,
Vencesl. i, 2. Le degré où les hommes n'avaient pu
. atteindre est rempli par une jeune reine, PASC. dans
COUSIN. Mon envie de partir est au dernier degré,
SÉV. 4 29. Dieu distribue ses dons dans le degré qu'il
veut, BOSS. Lett. Corn. 44 6. Les plaisirs innocents
le deviennent [péchés mortels,par l'excès de l'atta-
chement] , selon la doctrine des saints.... mais qui
sait le degré qu'il faut pour leur inspirer ce poison
mortel? ID. Marie-Thér. Deux choses vous vont
faire voir l'éminent degré de sa" vertu, ID. ib. Alors
au suprême degré de son éclat, IUMILT. Gramm. 4 4.
Haut degré de gloire et de puissance, RAC. Béréu.
i, 4. Quand la religion des chrétiens n'aurait point
d'autre preuve contre l'incrédulité que l'élévation de.
cette maxime [la charité envers tous], elle aurait
toujours ce degré de sainteté et, par conséquent,
de vraisemblance sur toutes les sectes qui ont jamais
paru sur la terre, MASS. Carême, Fard. Un homme
médiocre peut avoir de la justesse à son degré, un
petit ouvrage de même, VAUVEN. Justesse. Chaque
fonction est pour lui [le prêtre indigne] un nouveau
crime et ajoute un nouveau degré à sa réprobation,
MASS. Confér. Disc, sur la voc. Il fallait non-seule-
ment un grand usage de la cour, mais une liberté
bien circonspecte, une hardiesse bien mesurée, de
peur qu'un degré de moins ne gâtât l'ouvrage, et
qu'un degré de plus ne perdit l'auteur, D'OLIVET,
Hist. Acad. t. n, p. 265, dans POU'GENS. || Points suc-
cessifs que l'on parcourt. Premierdegréd'instruction.
|J 10" Terme de physique. Chacune des divisions prin-
cipales qui sont marquées sur des instruments destinés
à apprécier la chaleur, l'humidité, la pesanteur. Les
degrés d'un baromètre, d'un hygromètre, d'un aréo-
mètre. L'eau bout quand le thermomètre est à cent
degrés ; la glace fond quand il est à zéro. || 11° Terme
de géométrie et d'astronomie. Chacune des S60 par-
ties dans lesquelles on divise la circonférence. Si je
veux mesurer un angle de 60 degrés, J. J. ROUSS.
Ém. u. || Terme de géographie. Degré de longitude,
l'espace compris entre deuxméridiens; degrédelati-
tude, l'espace compris entre deux parallèles. Des
lieues de vingt-cinq au degré. Le degré se divise en
60 minutes et la minute en 60 secondes. L'on comp-
tera toujours au nombre des oeuvres qui ont illustré
notre siècle l'entreprise de mesurer eu même temps
deux degrés du méridien, l'un sous l'équateur, l'au-
tre près du pôle boréal de notre continent, CONDOR-
CET, Maurepas. Ces marchands faisaient leur route,
tenant à peu près le 40e degré de latitude nord, par
des'pays qui sont au couchant de la Chine, MONTESQ.
Esp. xxi, 46. || Degré décimal, chacune des 400 par-
ties dans lesquelles, suivant la division décimale, on
divise le cercle. Cette division est moins usitée que
la division sexagésimale ou en 860 parties. J| Dans
le langage de la physique, de la géométrie et de
l'astronomie, degré se représente souvent par ce
signe °. Le thermomètre est à 2° au-dessous de
glace. Latitude 40» 30' 3" (40 degrés, 30 minutes,
3 secondes). || 12" Terme d'algèbre. Equation du
premier, du second degré, etc. équation dont l'in-
connue est à la première, à la deuxième puissance.
|| 13° Terme de musique. Différence de position ou
d'élévation entre deux notes placées dans une même
portée.Degrés conjoints.Degrés disjoints. || 14° Terme
de fauconnerie. L'endroit où l'oiseau, durant sa
montée, tourne la tête et prend une nouvelle car-
rière, qu'on appelle second ou troisième degré, jus-
qu'à ce qu'on le perde de vue au quatrième.
— SYN. DEGRÉ, MARCHE, a Degré, dit l'Encyclo-
pédie, v, 929, s'employait dans le dernier siècle
pour désigner chaque marche d'un escalier, et le
mot de marche était uniquement consacré pour
les autels; nous aurions peut-être bien fait de con-
server ces termes distinctifs. » La distinction indi-
quée par l'Encyclopédie n'existe plus; reste à voir
en quoi ces deux termes diffèrent. Le degré est, éty-
mologiquement, ce qui sert à changer de place (de-
gredi), à monter ou à descendre ; la marche est sur
quoi l'on marche. On monte ou l'on descend les de-
grés; on se tient sur une marche. Au pluriel, il
montait ou descendait les degrés, ou les marches,
sauf que degré est réservé , de préférence, au style
élevé et aux grands escaliers : les degrés du grand
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
DEG
escalier du Louvre. Au singulier, marche s'emploie
mieux que degré : il se tenait sur la première
marche mieux que sur le premier degré. En un mot,
toutes les fois que l'on considère les différents éche-
lons d'un escalier comme servant à monter ou à des-
cendre , on se sert plutôt de degré ; comme servant
à poser le pied et à se tenir, de marche.
— HIST. xi" s. Eufemien, bel sire, riches hom,
Quar me hesberges pur Deu en ta maison; Suz tun
degret me fais un grabatum, St Alexis, XLIV. Par
les degrez au palais [il] monte sus, Ch. de Roi.
cxcvn. || xiie s. Les degrez [ils] montent tost et isnel-
lement, Ronc. p. 424. Tost les degrez de marbre [il]
est montez au donjon, Sax. xiv. Or est-il moult en
bas degré; Mais Dieus le metra au plus haut; Car
c'est li sires qui ne faut, GAUTIER D'ARRAS, Eracles,
v. 4 604. || xiiie s. Celui cui il l'ot conmandé A tost le
cheval enselé, Et puis au degré li amené, Ren. 22207.
Amours respont : Or ne t'esmaie [chagrine] ; Puis-
que mis fies en ma menaie [direction], Ton servise
prendre en gré, Et te métrai en haut degré, la Rose,
2036. Puisque li quars degrés est passés, mariages
se pot fere, BEAUM. XVIII, 7. Avant qu'on en viengne
dusqu'à li, on doit porsivir les segneurs sougès de
degré en degré, ID. XI, 4 2. AUS piez des degrez s'a-
genoilla un poure [pauvre] chevalier et li dit ainsi....
JOINV. 205. || xv' s.. Je montay sans compter Les de-
grez.... COQUILL. Monol. de la botte de foin. Apportant
ung plat de viande sur le degré, COMM. I, 9. || xvie s.
La première grâce, qui est comme un degré à la se-
conde, est nommée cause d'icelle, CALV. Instit. 620.
Ce moyen, par lequel Dieu esleve les siens en haut
comme de degré en degré, ID. ib. 816. Us devoyent
estre recognus pour ministres légitimes, ayans le de-
gré de prestrise, ID. ib. 842. Ilnemontoit gueressans
s'eslancer trois ou quatre degrez à la fois, MONT, II,
4 7. C'est un degré de fermeté auquel je ne pourruis
arriver, ID. II, 385. H se laissoit maintes fois tomber
du haut d'un degré, ou en la trappe d'une cave,
DESPER. Contes, LXXIX.
— ÉTYM. Wallon, egré; provenç. degra, degrat;
portug. degrâo ; du bas-latin degradus, formé de
de, et gradus (voy. GRADE).
\ DÉGRÉAGE (dé-gré-a-f), s. m. Voy. DËGRÉEMENT.
DÉGRÉÉ, ÉE (dé-gré-é, ée), part, passé. Un vais-
seau dégréé.
t DËGRÉEMENT (dé-gré-man), s. m. Terme de
marine. Action d'ôter les agrès d'un vaisseau.
|| Perte accidentelle des agrès.
— ÉTYM. Dégréer. ■
DÉGRÉER (dè-gré-é), je dégrée, nous dégréons;
je dégrèais, nous dégréions; je dègréerai; je dé-
gréerais; que je dégrée, que nous dégréions ; que
je dégréasse, dégréant, v. a. Terme de marine.
Ôter ou détruire les agrès, les cordages, etc. d'un
vaisseau. Notre frégate, qui n'avait été qu'à demi
dégréée par le combat, le fut entièrement par des
coups de vent.
— HEM. On a écrit, par une mauvaise orthogra-
phe , degrayer : Je suis tout dégrayé^ mes mâts ne
tiennent à rien, Rapport de la Cloclieterie sur le
combat de la Belle-Poule, 4 8 juin 4 778, dans JAL.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et gréer.
f DÉGKÉNAGE (dé-gré-na-j'), s. m. Action de re-
tirer du moulin les matières dont on fait les pâtes
céramiques.
— ÉTYM, Dégrêner.
f DÉGRÊNER (dé-gré-né. La syllabe gré prend
l'accent grave quand la syllabe qui suit est muette :
je dégrène; mais l'accent reste aigu au futur et au
conditionnel : je dégrénerai, je dégrénerais), v. à.
Exécuter le dégrénage.
DÉGREVÉ ËE (dé-gré-vé, vée), part, passé. Le
budget est dégrevé.
DÉGRÈVEMENT (dé-grè-ve-man), s. m. Action
de dégrever; état de la chose dégrevée. || Réduction
ou remise de la cote imposée à un contribuable.
— ÉTYM. Dégrever.
DÉGREVER (dé-gré-vé. Legoarant remarque que
l'Académie écrivant grever sans accent, c'est peut-
être par une faute d'impression qu'elle écrit dégre-
ver avec un accent. L'Académie ne conjuguant pas
ce verbe, on le conjuguera comme elle fait pour les
verbes de cette sorte, c'est-à-dire en mettant un
accent grave quand la syllabe qui suit est muette,
je dégrève, excepté au futur et au conditionnel où
l'accent aigu est conservé : je dégrèverai, je dégrè-
verais), v. a. Supprimer, réduire les charges. Dé-
grever un immeuble, éteindre les hypothèques qui
le grèvent. || Diminuer, remettre une imposition,
une taxe. Dégrever les objets de consommation.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et grever.
t DÉGRILLER (dé-gri-llé, U mouillées, et non
DÉG 1025
dé-grî-yé), v. a. Oter les grilles, et, par extension,
faire sortir du couvent. La mort du comte de Verne
dégrilla sa femme, qu'il tenait dans un couvent,
ST-S1M. 4 37 4.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et grille.
DÉGRINGOLADE (dé-grin-go-la-d'), s. f. Action
de dégringoler. || Fig. Chute, décadence, ruine. Gare
la dégringolade.
— ÉTYM. Dégringoler.
DÉGRINGOLER (dé-grin-go-lé), v. n. || 1° Descen-
dre précipitamment avec la rapidité d'une chute, et
surtout avec un sens dé moquerie ; on n'emploierait
pas ce mot en parlant par exemple d'un homme qui
se tuerait dans la chute. Dégringoler d'une échelle.
La voiture a dégringolé dans un trou. || 2" Fig.
et familièrement. Si deux ou trois personnes ne
soutenaient le bon goût dans Paris, nous dégringo-
lerions dans la barbarie, VOLT. Cité dans CORBLET,
Glossaire picard. Nos ministres dégringolent l'un
après l'autre comme les. personnages de la lan-
terne magique, ID. Lelt. Mme du Deffant, 3 déc.
4 759. Mlle Clairon et MmeduChappe soutiennent la
gloire de la France ; mais ce n'est pas assez : nous
dégringolons furieusement, ID. Lett. Duc de Ri-
chelieu, 25 oct. 4764. || 3° V. a. Dégringoler un es-
calier, Dict. de l'Académie.
— HEM. L'Académie fait, de ce verbe, un verbe
actif, parce qu'on dit : dégringoler un escalier ; mais
il y a une ellipse, dégringoler un escalier est pour
dégringoler le long d'un escalier; et dégringoler
n'est pas plus un verbe actif que ne le sont marcher,
courir dans ces phrases : marcher deux heures, cou-
rir deux lieues. L'Académie écrirait : les marches
que j'ai dégringolées; la grammaire veut qu'où
écrive : les marches que nous avons dégringolé. On
ne peut pas dire dégringoler quelque chose : dégrin-
goler une carafe, etc. Cependant, à l'appui de l'A-
cadémie , voy. DESCENDRE (descendre un escalier, une
pente).
— ÉTYM. Picard, déringoler, dégribouler. Origine
inconnue. D'après Richelet, il vient de gringole,
corruption de gargouille, gouttière; cela n'est pas
impossible.
DÉGRISÉ, ÉE (dé-gri-zé, zée), part, passé. Dé-
grisé le lendemain et revenu à lui.
fDÉGRISEMENT (dé-gri-ze-man), s. m. Action
de dégriser; résultat de cette action.
— ÉTYM. Dégriser.
DÉGRISER (dé-gri-zè), v. a. || 1° Faire passer l'i-
vresse. Le sommeil l'a dégrisé. || 2° Fig. et familiè-
rement, détruire des illusions, des espérances con-
çues trop vite. Cet échec l'a un peu dégrisé. Les
bravos retentissaient; Lambel était enthousiasmé'
de ces acclamations; Cromwell, pour dégriser son
ami, lui dit: On nous applaudirait bien davantage,
si nous allions à l'échafaud, MIRABEAU, Collection,
t. v, p. 465. Eh! eh! notre ami, cela vous contra-
rie et vous dégrise un peu, BEAUM. Barb. de Sév.
n, 44. || 3° Se dégriser, v. réfl. Cesser d'être gris,
un peu ivre. Laissez-lui le temps de se dégriser.
|| Fig. Perdre des espérances trop vite conçues.
— HIST. xvi" s. Les hommes qui s'estimoient le
plus de loin se dégrisent souvent les uns des autres
en s'approchant, MONT, dans le Dict. de DOCHEZ.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, efgriser.
f DÉGROSSAGE (dé-grô-sa-j'), s. m. Action de
dégrosser.
— ÉTYM. Dégrosser.
■f DÉGROSSER (dé-grô-sé), v. a. Faire passer l'or
ou l'argent par la filière, pour le rendre plus menu.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et gros.
4. DÉGROSSI, IE (dé-grô-si, sie), part, passé
de dégrossir. || 1° Dont on a ôté le plus gros. Des
pièces de bois dégrossies.,|| 2" Fig. Nous ne considé-
rons le monde quecommeinformeetàpeinedégrossi,
VOLT.Moeurs, Conn. de l'âme. Ma petite drôlerie
[traduction] dont vous me demandez des nouvelles,
est assez dégrossie, p. L. COUR. Lelt. i, 2t9.
f 2. DÉGROSSI (dé-grô-si), s. m. Laminoir des
plombiers. || Presse pour unir les monnaies. || Action
de dégrossir une glace.
— ÉTYM. Dégrossi 4.
DÉGROSSIR (dé-grô-sir), v. a. \\ i" Ôter le plus
gros d'une matière pour qu'elle reçoive la forme
qu'on veut lui donner. Dégrossir un bloc de marbre.
|| Les sculpteurs dégrossissent leurs ouvrages avec
une masse qui est une espèce de gros marteau. Le
peintre a couvert sa toile de figures, avant que le
statuaire ait.dégrossi son bloc de marbre, DIDEROT,
Observ. sur la sculpt. \\ 2° Fig. Ébaucher, dégrossir
un ouvrage. Tout le faix des marches et des ordres
de subsistances portait sur Puységur, qui même dé-
grossissait les projets, ST-SIM. 26, 42. || Débrouil-
I. — 129
Le poivre était chaud à tel degré. |[ Dans l'ancienne
physique, ces mêmes qualités élémentaires étaient
partagées en huit. Le feu était chaud au huitième
degré et sec au quatrième. || Fig. et par analogie,
le plus ou le moins que présentent les choses in-
tellectuelles ou morales. Sa grandeur doit atteindre
aux degrés les plus hauts, CORN. Attila, i, 2. Vous
ne me donnez rien par cette haute estime Que vous
n'ayez déjà dans le degré sublime, m.Sertor.m, 2.
Oui, du degré de l'âge il faut porter la peine, EOTROU,
Vencesl. i, 2. Le degré où les hommes n'avaient pu
. atteindre est rempli par une jeune reine, PASC. dans
COUSIN. Mon envie de partir est au dernier degré,
SÉV. 4 29. Dieu distribue ses dons dans le degré qu'il
veut, BOSS. Lett. Corn. 44 6. Les plaisirs innocents
le deviennent [péchés mortels,par l'excès de l'atta-
chement] , selon la doctrine des saints.... mais qui
sait le degré qu'il faut pour leur inspirer ce poison
mortel? ID. Marie-Thér. Deux choses vous vont
faire voir l'éminent degré de sa" vertu, ID. ib. Alors
au suprême degré de son éclat, IUMILT. Gramm. 4 4.
Haut degré de gloire et de puissance, RAC. Béréu.
i, 4. Quand la religion des chrétiens n'aurait point
d'autre preuve contre l'incrédulité que l'élévation de.
cette maxime [la charité envers tous], elle aurait
toujours ce degré de sainteté et, par conséquent,
de vraisemblance sur toutes les sectes qui ont jamais
paru sur la terre, MASS. Carême, Fard. Un homme
médiocre peut avoir de la justesse à son degré, un
petit ouvrage de même, VAUVEN. Justesse. Chaque
fonction est pour lui [le prêtre indigne] un nouveau
crime et ajoute un nouveau degré à sa réprobation,
MASS. Confér. Disc, sur la voc. Il fallait non-seule-
ment un grand usage de la cour, mais une liberté
bien circonspecte, une hardiesse bien mesurée, de
peur qu'un degré de moins ne gâtât l'ouvrage, et
qu'un degré de plus ne perdit l'auteur, D'OLIVET,
Hist. Acad. t. n, p. 265, dans POU'GENS. || Points suc-
cessifs que l'on parcourt. Premierdegréd'instruction.
|J 10" Terme de physique. Chacune des divisions prin-
cipales qui sont marquées sur des instruments destinés
à apprécier la chaleur, l'humidité, la pesanteur. Les
degrés d'un baromètre, d'un hygromètre, d'un aréo-
mètre. L'eau bout quand le thermomètre est à cent
degrés ; la glace fond quand il est à zéro. || 11° Terme
de géométrie et d'astronomie. Chacune des S60 par-
ties dans lesquelles on divise la circonférence. Si je
veux mesurer un angle de 60 degrés, J. J. ROUSS.
Ém. u. || Terme de géographie. Degré de longitude,
l'espace compris entre deuxméridiens; degrédelati-
tude, l'espace compris entre deux parallèles. Des
lieues de vingt-cinq au degré. Le degré se divise en
60 minutes et la minute en 60 secondes. L'on comp-
tera toujours au nombre des oeuvres qui ont illustré
notre siècle l'entreprise de mesurer eu même temps
deux degrés du méridien, l'un sous l'équateur, l'au-
tre près du pôle boréal de notre continent, CONDOR-
CET, Maurepas. Ces marchands faisaient leur route,
tenant à peu près le 40e degré de latitude nord, par
des'pays qui sont au couchant de la Chine, MONTESQ.
Esp. xxi, 46. || Degré décimal, chacune des 400 par-
ties dans lesquelles, suivant la division décimale, on
divise le cercle. Cette division est moins usitée que
la division sexagésimale ou en 860 parties. J| Dans
le langage de la physique, de la géométrie et de
l'astronomie, degré se représente souvent par ce
signe °. Le thermomètre est à 2° au-dessous de
glace. Latitude 40» 30' 3" (40 degrés, 30 minutes,
3 secondes). || 12" Terme d'algèbre. Equation du
premier, du second degré, etc. équation dont l'in-
connue est à la première, à la deuxième puissance.
|| 13° Terme de musique. Différence de position ou
d'élévation entre deux notes placées dans une même
portée.Degrés conjoints.Degrés disjoints. || 14° Terme
de fauconnerie. L'endroit où l'oiseau, durant sa
montée, tourne la tête et prend une nouvelle car-
rière, qu'on appelle second ou troisième degré, jus-
qu'à ce qu'on le perde de vue au quatrième.
— SYN. DEGRÉ, MARCHE, a Degré, dit l'Encyclo-
pédie, v, 929, s'employait dans le dernier siècle
pour désigner chaque marche d'un escalier, et le
mot de marche était uniquement consacré pour
les autels; nous aurions peut-être bien fait de con-
server ces termes distinctifs. » La distinction indi-
quée par l'Encyclopédie n'existe plus; reste à voir
en quoi ces deux termes diffèrent. Le degré est, éty-
mologiquement, ce qui sert à changer de place (de-
gredi), à monter ou à descendre ; la marche est sur
quoi l'on marche. On monte ou l'on descend les de-
grés; on se tient sur une marche. Au pluriel, il
montait ou descendait les degrés, ou les marches,
sauf que degré est réservé , de préférence, au style
élevé et aux grands escaliers : les degrés du grand
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
DEG
escalier du Louvre. Au singulier, marche s'emploie
mieux que degré : il se tenait sur la première
marche mieux que sur le premier degré. En un mot,
toutes les fois que l'on considère les différents éche-
lons d'un escalier comme servant à monter ou à des-
cendre , on se sert plutôt de degré ; comme servant
à poser le pied et à se tenir, de marche.
— HIST. xi" s. Eufemien, bel sire, riches hom,
Quar me hesberges pur Deu en ta maison; Suz tun
degret me fais un grabatum, St Alexis, XLIV. Par
les degrez au palais [il] monte sus, Ch. de Roi.
cxcvn. || xiie s. Les degrez [ils] montent tost et isnel-
lement, Ronc. p. 424. Tost les degrez de marbre [il]
est montez au donjon, Sax. xiv. Or est-il moult en
bas degré; Mais Dieus le metra au plus haut; Car
c'est li sires qui ne faut, GAUTIER D'ARRAS, Eracles,
v. 4 604. || xiiie s. Celui cui il l'ot conmandé A tost le
cheval enselé, Et puis au degré li amené, Ren. 22207.
Amours respont : Or ne t'esmaie [chagrine] ; Puis-
que mis fies en ma menaie [direction], Ton servise
prendre en gré, Et te métrai en haut degré, la Rose,
2036. Puisque li quars degrés est passés, mariages
se pot fere, BEAUM. XVIII, 7. Avant qu'on en viengne
dusqu'à li, on doit porsivir les segneurs sougès de
degré en degré, ID. XI, 4 2. AUS piez des degrez s'a-
genoilla un poure [pauvre] chevalier et li dit ainsi....
JOINV. 205. || xv' s.. Je montay sans compter Les de-
grez.... COQUILL. Monol. de la botte de foin. Apportant
ung plat de viande sur le degré, COMM. I, 9. || xvie s.
La première grâce, qui est comme un degré à la se-
conde, est nommée cause d'icelle, CALV. Instit. 620.
Ce moyen, par lequel Dieu esleve les siens en haut
comme de degré en degré, ID. ib. 816. Us devoyent
estre recognus pour ministres légitimes, ayans le de-
gré de prestrise, ID. ib. 842. Ilnemontoit gueressans
s'eslancer trois ou quatre degrez à la fois, MONT, II,
4 7. C'est un degré de fermeté auquel je ne pourruis
arriver, ID. II, 385. H se laissoit maintes fois tomber
du haut d'un degré, ou en la trappe d'une cave,
DESPER. Contes, LXXIX.
— ÉTYM. Wallon, egré; provenç. degra, degrat;
portug. degrâo ; du bas-latin degradus, formé de
de, et gradus (voy. GRADE).
\ DÉGRÉAGE (dé-gré-a-f), s. m. Voy. DËGRÉEMENT.
DÉGRÉÉ, ÉE (dé-gré-é, ée), part, passé. Un vais-
seau dégréé.
t DËGRÉEMENT (dé-gré-man), s. m. Terme de
marine. Action d'ôter les agrès d'un vaisseau.
|| Perte accidentelle des agrès.
— ÉTYM. Dégréer. ■
DÉGRÉER (dè-gré-é), je dégrée, nous dégréons;
je dégrèais, nous dégréions; je dègréerai; je dé-
gréerais; que je dégrée, que nous dégréions ; que
je dégréasse, dégréant, v. a. Terme de marine.
Ôter ou détruire les agrès, les cordages, etc. d'un
vaisseau. Notre frégate, qui n'avait été qu'à demi
dégréée par le combat, le fut entièrement par des
coups de vent.
— HEM. On a écrit, par une mauvaise orthogra-
phe , degrayer : Je suis tout dégrayé^ mes mâts ne
tiennent à rien, Rapport de la Cloclieterie sur le
combat de la Belle-Poule, 4 8 juin 4 778, dans JAL.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et gréer.
f DÉGKÉNAGE (dé-gré-na-j'), s. m. Action de re-
tirer du moulin les matières dont on fait les pâtes
céramiques.
— ÉTYM, Dégrêner.
f DÉGRÊNER (dé-gré-né. La syllabe gré prend
l'accent grave quand la syllabe qui suit est muette :
je dégrène; mais l'accent reste aigu au futur et au
conditionnel : je dégrénerai, je dégrénerais), v. à.
Exécuter le dégrénage.
DÉGREVÉ ËE (dé-gré-vé, vée), part, passé. Le
budget est dégrevé.
DÉGRÈVEMENT (dé-grè-ve-man), s. m. Action
de dégrever; état de la chose dégrevée. || Réduction
ou remise de la cote imposée à un contribuable.
— ÉTYM. Dégrever.
DÉGREVER (dé-gré-vé. Legoarant remarque que
l'Académie écrivant grever sans accent, c'est peut-
être par une faute d'impression qu'elle écrit dégre-
ver avec un accent. L'Académie ne conjuguant pas
ce verbe, on le conjuguera comme elle fait pour les
verbes de cette sorte, c'est-à-dire en mettant un
accent grave quand la syllabe qui suit est muette,
je dégrève, excepté au futur et au conditionnel où
l'accent aigu est conservé : je dégrèverai, je dégrè-
verais), v. a. Supprimer, réduire les charges. Dé-
grever un immeuble, éteindre les hypothèques qui
le grèvent. || Diminuer, remettre une imposition,
une taxe. Dégrever les objets de consommation.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et grever.
t DÉGRILLER (dé-gri-llé, U mouillées, et non
DÉG 1025
dé-grî-yé), v. a. Oter les grilles, et, par extension,
faire sortir du couvent. La mort du comte de Verne
dégrilla sa femme, qu'il tenait dans un couvent,
ST-S1M. 4 37 4.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et grille.
DÉGRINGOLADE (dé-grin-go-la-d'), s. f. Action
de dégringoler. || Fig. Chute, décadence, ruine. Gare
la dégringolade.
— ÉTYM. Dégringoler.
DÉGRINGOLER (dé-grin-go-lé), v. n. || 1° Descen-
dre précipitamment avec la rapidité d'une chute, et
surtout avec un sens dé moquerie ; on n'emploierait
pas ce mot en parlant par exemple d'un homme qui
se tuerait dans la chute. Dégringoler d'une échelle.
La voiture a dégringolé dans un trou. || 2" Fig.
et familièrement. Si deux ou trois personnes ne
soutenaient le bon goût dans Paris, nous dégringo-
lerions dans la barbarie, VOLT. Cité dans CORBLET,
Glossaire picard. Nos ministres dégringolent l'un
après l'autre comme les. personnages de la lan-
terne magique, ID. Lelt. Mme du Deffant, 3 déc.
4 759. Mlle Clairon et MmeduChappe soutiennent la
gloire de la France ; mais ce n'est pas assez : nous
dégringolons furieusement, ID. Lett. Duc de Ri-
chelieu, 25 oct. 4764. || 3° V. a. Dégringoler un es-
calier, Dict. de l'Académie.
— HEM. L'Académie fait, de ce verbe, un verbe
actif, parce qu'on dit : dégringoler un escalier ; mais
il y a une ellipse, dégringoler un escalier est pour
dégringoler le long d'un escalier; et dégringoler
n'est pas plus un verbe actif que ne le sont marcher,
courir dans ces phrases : marcher deux heures, cou-
rir deux lieues. L'Académie écrirait : les marches
que j'ai dégringolées; la grammaire veut qu'où
écrive : les marches que nous avons dégringolé. On
ne peut pas dire dégringoler quelque chose : dégrin-
goler une carafe, etc. Cependant, à l'appui de l'A-
cadémie , voy. DESCENDRE (descendre un escalier, une
pente).
— ÉTYM. Picard, déringoler, dégribouler. Origine
inconnue. D'après Richelet, il vient de gringole,
corruption de gargouille, gouttière; cela n'est pas
impossible.
DÉGRISÉ, ÉE (dé-gri-zé, zée), part, passé. Dé-
grisé le lendemain et revenu à lui.
fDÉGRISEMENT (dé-gri-ze-man), s. m. Action
de dégriser; résultat de cette action.
— ÉTYM. Dégriser.
DÉGRISER (dé-gri-zè), v. a. || 1° Faire passer l'i-
vresse. Le sommeil l'a dégrisé. || 2° Fig. et familiè-
rement, détruire des illusions, des espérances con-
çues trop vite. Cet échec l'a un peu dégrisé. Les
bravos retentissaient; Lambel était enthousiasmé'
de ces acclamations; Cromwell, pour dégriser son
ami, lui dit: On nous applaudirait bien davantage,
si nous allions à l'échafaud, MIRABEAU, Collection,
t. v, p. 465. Eh! eh! notre ami, cela vous contra-
rie et vous dégrise un peu, BEAUM. Barb. de Sév.
n, 44. || 3° Se dégriser, v. réfl. Cesser d'être gris,
un peu ivre. Laissez-lui le temps de se dégriser.
|| Fig. Perdre des espérances trop vite conçues.
— HIST. xvi" s. Les hommes qui s'estimoient le
plus de loin se dégrisent souvent les uns des autres
en s'approchant, MONT, dans le Dict. de DOCHEZ.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, efgriser.
f DÉGROSSAGE (dé-grô-sa-j'), s. m. Action de
dégrosser.
— ÉTYM. Dégrosser.
■f DÉGROSSER (dé-grô-sé), v. a. Faire passer l'or
ou l'argent par la filière, pour le rendre plus menu.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et gros.
4. DÉGROSSI, IE (dé-grô-si, sie), part, passé
de dégrossir. || 1° Dont on a ôté le plus gros. Des
pièces de bois dégrossies.,|| 2" Fig. Nous ne considé-
rons le monde quecommeinformeetàpeinedégrossi,
VOLT.Moeurs, Conn. de l'âme. Ma petite drôlerie
[traduction] dont vous me demandez des nouvelles,
est assez dégrossie, p. L. COUR. Lelt. i, 2t9.
f 2. DÉGROSSI (dé-grô-si), s. m. Laminoir des
plombiers. || Presse pour unir les monnaies. || Action
de dégrossir une glace.
— ÉTYM. Dégrossi 4.
DÉGROSSIR (dé-grô-sir), v. a. \\ i" Ôter le plus
gros d'une matière pour qu'elle reçoive la forme
qu'on veut lui donner. Dégrossir un bloc de marbre.
|| Les sculpteurs dégrossissent leurs ouvrages avec
une masse qui est une espèce de gros marteau. Le
peintre a couvert sa toile de figures, avant que le
statuaire ait.dégrossi son bloc de marbre, DIDEROT,
Observ. sur la sculpt. \\ 2° Fig. Ébaucher, dégrossir
un ouvrage. Tout le faix des marches et des ordres
de subsistances portait sur Puységur, qui même dé-
grossissait les projets, ST-SIM. 26, 42. || Débrouil-
I. — 129
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