GAG
logue : tenir à ses gages. Les grands [de Rome],
pour s'affermir achetant des suffrages, Tiennent
pompeusement leurs maîtres [les gens qui yotent]
a leurs gages, CORN. Cinna, n, 4. Un faquin or-
gueilleux qui vous tient à ses gages, BOIL. S'at. I.
|| Familièrement. Casser aux gages, retirer à quel-
qu'un son emploi, ses appointements. Et que pour
sa paresse il faut casser aux gages, SCARRON, dans
LE HOUX, Dict. comique. || Il se dit aussi d'un supé-
rieur qui retire sa confiance à un inférieur. Il a eu
longtemps quelque crédit auprès du ministre; mais
il a été cassé aux gages. Enfin, pour l'inconnue,
elle est cassée aux gages, TH. CORN. Galant doxM.
ni, 4. || S gages, qui reçoit des gages. Ce gouver-
neur n'est pas un homme à gages, J. J. ROUSS. Ém.
I. || En mauvaise.part. X gages, qui est payé pour
faire quelque service peu honorable. Des applaudis-
seurs à gages. La Cleveland [maîtresse de Char-
les II], dont il ne se souciait plus, ne laissait pas
de le déshonorer par des inconstances réitérées, par
des choix indignes, et le ruinait par des amants à
gages, HAMILT. Gramm. 4 1. || La Fontaine a dit à
gage au singulier. Notre souffleur, à gage Se gorge
de vapeur, s'enfle comme un ballon, Fabl. vi, 3.
|| 9° Gages se dit quelquefois du salaire d'un capi-
taine de navire, d'un matelot. || 10° Gages se disait
autrefois du payement que le roi ordonnait par an
aux officiers de sa maison, aux officiers de justice
et de finance.
— SYN. GAGES, APPOINTEMENTS, HONORAIRES. Ap-
pointements se dit pour tout ce qui est place, ou
qu'on regarde comme tel. Honoraires a lieu pour les
maîtres qui enseignent quelque science, et pour
ceux à qui on a recours dans l'occasion à l'effet d'ob-
tenir un conseil salutaire, ou quelque autre service
que leur doctrine ou leur fonction met à portée de
rendre. Gagés est d'usage à l'égard des domestiques
de particuliers et des gens qui se louent pendant
quelque temps au service d'autres personnes, Encycl.
vin, 294. Traitement peut être ajouté à ces trois
mots examinés par l'Encyclopédie ; il est synonyme
d'appointements et diffère par conséquent de ga-
ges et d'honoraires. 11 y a en outre une différence
qui n'est pas notée, c'est que les appointements,
le traitement, les gages sont quelque chose de fixe,
tandis que les honoraires s'entendent mieux de ce
qui est occasionnel : un prêtre assistant à un ser-
vice, un médecin, un avocat ont des honoraires ; le
prêtre qui dessert une église, le médecin qui est
attaché à un hôpital ont un traitement.
— HIST. xi° s. Il durra [donnera] wage, e tru-
verad plege, Lois de Guill. 6. Devant iceo que [avant
que] [le bétail] seit mis en guage, ib. 25. || xne s.
Donner son gage, Ronc. p. 4 3. La teste [il] i pert,
n'i laissa autre gage, ib. p. 64. Pur ço [cela] s'ala
à Turs ceie nuit herbergier, E saveir se li reis le
voldreit là baisier; Mais il ne porta là ne maille ne
denier ; Ses guages li covint rachater ou laissier ;
Ne li reis nel baisa, n'il nés fist desguaigier, Th. le
mart. 4 4 7. ||xmc s. Par la beneoite mère Dieu, j'ai
hiaus enfans de mon seigneur, je les meterai en
gage et bien trouverai qui me prestera sour aus
[eux], Chron. de Rains, H 58. Mais la qeue remest
en gages, Dont moult li poise et moult li grieve,
Ren. 1250. Cil qui apele par gages de bataille ne
pot contremander, BEAUM. LXIX. La tierce manière de
proeve si est par gage de bataille, ID. XXXIX,4. Et cil
qui presta sor le gage ne pot avoir son garant de
celi qui li bailla en gages, ID. XXV, 23. Je dis au
roy que Mons. Pierre de Courcenay me devoit
quatre cens livres de mes gajes, lesquiex il ne me
vouloit paier, JOINV. 253. Mestiers fu à l'umain li-
gnai ge, Que plus fort de li mist en gaige Souffisant
pour li acquiter Vers Dieu qui Tôt fait à s'ymaige,
1. DE MEUNG, 2V. 278. |[xrve s. Se un rent à l'autre
son gage ou son depost, non pas de volenté, mais
par paour, l'en ne doit pas dire que il face juste
opération fors tant solement par accident, ORESME,
Elh. «s. Mais il sont pluseurs gens, en cbe [ce]
siècle régnant, Qui ne croient en Dieu, le père
royaumant, Se che n'est sus bon gaige qu'avoir
voelent devant, Baud. de Séb. v, 88. || xve S; [Le
capitaine apprend à sa garnison que le Château est
miné] Les compagnons ne furent mie bien assurés
de ces paroles; car nul ne meurt volontiers, puis-
qu'il peut finer sur autres gages [quand il peut
sortir d'embarras autrement], FROISS. 1, I, 320.
Ainsi amour me mist en son servaige, Mais pour
seurté retint mon cueur en gaige, CH. D'ORL. i.
[Maison] Où serviteurs ot en grant habondance Qui
gaiges ont excessis sans raison, EOST. DESCH. Admin.
de l'ostel du prince. En ladicte bataille estaient
mors huyt mil hommes du party dudit duc prenans
GAG
gages de luy, et autres menues gens assez, COMM.
v, 3. Je veiz le bonhomme vieil présenter le gage
à son filz [le duc de Gueldres et son fils comparais-
saient devant le duc de Bourgogne pour un diffé-
rend qu'ils avaient entre eux], ID. IV, 4. Voulez-
vous faire un gage [pari] à moi? Oui, vraiment,
dit-il; quel sera-t-il? LOUIS XI, Nouv. xxvn. Pensez
que le pauvre gentilhomme rendoit bien gage
[payait cher] du bon temps qu'il avoit eu en ce
jour, m. ib. LXXII. Lesdits capitaines.... casseront
des gages d'un quartier ceulz qu'ilz trouveront avoir
excédé et delinqué ; et s'ilz y renchéent une autre
fois, ilz les casseront du tout et mectroht d'autres
en leurs lieux, Ordonn. o oct. 44S6. || xvi° s. Il y
a deux sortes de gages vif et mort. Vif gage est qui
s'acquitte des issues [dont le revenu vient en dé-
duction de la dette], mort-gage, qui de rien ne
s'acquitte [dont le revenu est absorbé en pure perte
pour le débiteur], LOYSEL, 483, 484. Telle estait la
coustunie que celui qui appelloit jettoit un gant
pour gage, et l'appelle le levoit, et s'appeloit gage
de bataille, BRANT. Sur les duels, p. 4 7, dans LA-
CURNE. Alors du dit combat, l'armée vénitienne
esloit en bataille.... lesquels Vénitiens gardoient les
gages [demeuraient simples spectateurs du com-
bat] ; car, s'ils eussent voulu assaillir de leurs
costés, les ennemis eussent esté contraints de sé-
parer leurs forces en divers lieux, DU BELLAY, Mêm.
liv. 11, f° 44 , dans LACDRNE. De gage qui mange, nul
ne s'en arrange, LEROBXDE LINCY, Prov. t. 11, p. 4 34.
Gager est s'obliger à payer les rentes et redevances
dues pour l'année suivante; si le vassal n'est pas
resseant sur le fief, à raison duquel il les doit, il
doit donner plege qui y demeure et qui s'oblige de
les payer ; de ces deux mots, gage et plege, on a
composé celuy de gage-plege, LAURIÊRE, Gloss. du
droit fr. L'un l'avoit nourri et avoit pour gages de
son amitié la nourriture de son enfance, LA BOÉTIE,
Servitude volontaire.
— ÉTYM. Wallon, voig; prov. gaige, gatghe,gaje ;
espagn. gage; ital. gaggio; du bas-latin vadium,
ivadiùm, dans les lois barbares. Il y a deux étymo-
logies aussi probables l'une que l'autre : la première
latine, vas, vadis, répondant, garant ; bien que le
g ou gu réponde ordinairement au w germanique,
l'objection n'est pas absolue, car vagina, entre au-
tres, a donné gaine; la seconde germanique : goth,
vadi;anc. haut-allem. wetti; frison, ved, gage, cau-
tion, promesse. Il est probable que les deux étymo-
logies ont concouru pour former le mot roman.
GAGÉ, ÉE (ga-jé, jée), part, passé de gager.
Il 1° Meubles gagés, ceux qui ont été saisis pour la
sûreté de quelque dette. || 2° Mis en gageure. Un
déjeuné gagé. || 8° Qui reçoit un salaire. Je suis au-
près de lui gagé pour serviteur, Vous me voudriez
encor payer pour précepteur, MOL. l'Ét. 1, 9. C'est
ainsi que des auteurs gagés par des libraires écrivent
l'histoire, VOLT. Moeurs, 4 6. Les assassins gagés qu'il
menait à sa suite, LEMIERRE, Barnevelt, 1,6. Et moi,
quel est mon sort? malheureux ! je ne suis Qu'un
esclave gagé qui sert la tyrannie, MASSON, Helvét.
11.11 II semble qu'il soit gagé pour faire cela, il semble
qu'il soit payé pour cela.
jGAGÉE (ga-jéë),s. f. Terme de botanique.
Genre deliliacées, qui a pour type la gagée minime.
GAGE-MORT (ga-je-mor),s. m. Voy. MORT-GAGE;
voy. aussi GAGE à l'historique, xvie siècle.;
GAGER (ga-jé. Le g prend un e devant o et 0 :
gageant, nous gageons), v. a. || 1° S'engager à... par
une sorte de gage. Vous voudriez qu'elle fût parfaite;
avait-elle gagé de l'être au sortir de son couvent?
SÉV. 522. y 2° Convenir avec quelqu'un, sur une con-
testation, que celui des deux qui aura tort donnera
à l'autre une somme ou quelque . autre chose. Je
gage cent pistoles que c'est toi, MOL. l'Impromptu,
3. Quand il y.aurait une infinité de hasards, dont
un seul serait pour vous, vous auriez encore raison
de gager un pour avoir deux, PASC. Pensées, t. 1,
p. 304,éd.LAHURE. [| Absolument. Gageons, dit celle-
ci, que vous n'atteindrez point Sitôt que moi ce
but, LA PONT. Fables, vi, 40. Et situ veux, nous ga-
gerons, et verrons qui a raison des deux, MOL. l'Im-
promptu, 3. Il gage que c'est moi ; et -moi je gage
que c'est lui, ID. ib. Dans le palais hier Bilain
Voulait gager contre Ménage Qu'il était faux que
Saint-Sorlin Contre Arnauld eût fait un ouvrage,
BOIL. Épigr. v. || Gage que, ellipse familière pour :
je gage que.... Gage qu'il se dédit. —Et moi gage
que non, MOL. l'Ét. ni, 3. || Il se dit quelquefois
comme simple affirmation. Et moi je gage qu'il ne
saurait être approuvé d'aucune personne raisonna-
ble, MOL. l'Avare, 1, 6. Comme vous avez les yeux
rouges! vous avez pleuré, je gage, GENI.IS, Thédt.
bAG 1811
d'éduc. la Lingère, 1, 2. || 3° Donner des gages, un
salaire, des appointements à quelqu'un. Gager des
domestiques. Elle [la royauté] fait subsister l'arti-
san de ses peines, Enrichit le marchand, gage le
magistrat, LA PONT. Fabl. in, 2. Vous les voyez en-
core, amoureux'et volages, Chercher, la bourse en
main, de beautés en beautés La mort qui les attend
au sein des voluptés; De leurs biens prodigués pour
d'infâmes capricesEnrichir nosPhrynés dontils ga-
gent les vices, QTLB. Le 48' siècle.
— REM. On a contesté que gager de suivi d'un in-
finitif dût se dire comme parier, sur cette raison que
gager indique une chose dont on est à peu près sûr,
et parier une chose dont on est moins sûr; mais la
synonymie de ces deux mots est trop voisine pour
que l'emploi en soit différent. Quand on a blâmé
la phrase de Mme de Sévigné citée plus haut, on
n'a pas fait attention que' gager y a le sens non de
parier, mais de s'engager; si on y mettait parier à
la place de gager, on la rendrait ridicule.
— SYN. GAGER, PARIER. Dans gager est gage ; et
dans parier est pair, égal. Celui qui gage expose
donc gage contre gage; et celui qui parie est but à
but contre quelqu'un. Cela fait une différence pour
l'imagé que les deux mots présentent à l'esprit, mais
cela n'en- fait point pour le sens qui s'est attaché à
l'un et à l'autre. La synonymie en est complète.
— HIST. xmc s. Se aucuns des mestiers devant
diz est adjornés devant le mestre qui garde le mes-
tier.... et se il vient à son jour, et il cognoit, il doit
gagier; et se il ne paie dedenz les nuiz, il est à trois
deniers d'amende, Liv. des met. 4 40. Ciàus [ceux]
ou celles qui font apeler et qui gagent bataille par
champion, Ass. de Jér. 4 60. Il ne muet pas de serfs
[il n'a pas de sens] celui qui plaint Paine et travail
qui aquiert avantage ; Pour ce ne puis veoir que cil
bien aint [aime bien], Qui pour jouir d'amours
souffrance gage [refuse, évite, locution tirée de l'ex-
pression féodale, gager du service, refuser ser-
vice], Poés. franc. avant4 3«o, t. iv, p. 4 388, dans
LACURNE. Il xiv s. Mes plusors qui s'en retornoient
[après une trêve]. Et qui bien la trieve savoient Et
l'accort que l'en avoit fet, Gagiez [arrêtés, pris] fu-
rent sans droit'de fait, Jlist. de Fr. en vers à la suite
du roman de Fauvel, n" 68) 0, f° 84, dans LACURNE.
Et ou cas où vous trouvères aucuns qui s'efforce-
ront defairele contraire des choses dessus dictes....
si les gagez et contraigniez à payer la dicte amende,
Ordonn. des rois, t. m, p. 98. Si vous prie que vous
gaigez qu'elle le fera, et je gaigerai que non, Mé-
nagier, I, 6. On viendra, on nous gagera, Quanque
avons nous sera osté, Pathelin, dans RAYNOUARD.
Il xvr s. Ainsi chascuu se délibère aux armes, Gai-
gent piétons, francs srchiers, hommes d'armes,
j. MAROT, v, 72. Ce que voyant le bon Jannot mon
père Voulut gaiger à Jaquet son compère, Contre un
veau gras, deux aignelets bessons,Que quelque jour
je ferois des chansons, MAROT, I, 218. Qui l'orroit
plaindre aucune fois, On gagerait que c'est la voix
De quelque dolente personne, ID. m, 464. Le juge-
mentd'un homme gagé et achetté est moins libre....
MONT, I, 4 67. Se voyans gagez et obligez par osta-
ges qui leur tenoient de si près, ilz envoyèrent des
ambassadeurs versRomulus,AMYOT, Rom. 23. Quand
quelque habitant ou autre est blechié à sang, il est
tenu, en dedans 24 heures enssuivant, gagier son
sang, qui est de déclarer au sieur son bailly le nom
de cestuy ou ceulx le ayant bleschié, Nouv. coust.
génér. 1.1, p. 407. Gager du service [refuser défaire
service en parlant d'un vassal qui se plaint /Sun
tort non redressé], DU CANGE, vadiare.
— ÉTYM. Gage ; -wallon, wagi ; bourguign. gaigil
norm. gagier; provenç. gatgar, gatjar. En Lorraine,
gager a souvent le sens d'arrêter, dresser procès-
verbal : N'entrez pas dans ce champ, vous vous fe-
riez gager; on les a vus cueillir du raisin, et on
les a gagés. C'est un sens ancien, dont on peut voii
de fréquents exemples dans l'historique.
GAGERIE (ga-je-rie), s: f. Terme de pratique
Saisie-gagerie, simple saisie de meubles sans trans-
port, sans condamnation et même sans permission
du juge, ayant seulement pour objet d'assurer le
gage du créancier. La saisie-gagerie se fait par le
propriétaire sur le locataire.
— HIST. xvie s. Il est loisible à un seigneur cen-
sier en la ville et banlieue de Paris de procéder par
voye de simple gagerie sur les biens estans es mai-
sons pour trois années d'arrérages, Coust. génér.
1.1, p. 39.
— ÉTYM. Gage.
f GAGET (ga-jè), s. m. Un des noms vulgaires du
geai.
GAGEUR, ETJSE (ga-jeur, jeû-z'l, s. m. et f. Celui,
logue : tenir à ses gages. Les grands [de Rome],
pour s'affermir achetant des suffrages, Tiennent
pompeusement leurs maîtres [les gens qui yotent]
a leurs gages, CORN. Cinna, n, 4. Un faquin or-
gueilleux qui vous tient à ses gages, BOIL. S'at. I.
|| Familièrement. Casser aux gages, retirer à quel-
qu'un son emploi, ses appointements. Et que pour
sa paresse il faut casser aux gages, SCARRON, dans
LE HOUX, Dict. comique. || Il se dit aussi d'un supé-
rieur qui retire sa confiance à un inférieur. Il a eu
longtemps quelque crédit auprès du ministre; mais
il a été cassé aux gages. Enfin, pour l'inconnue,
elle est cassée aux gages, TH. CORN. Galant doxM.
ni, 4. || S gages, qui reçoit des gages. Ce gouver-
neur n'est pas un homme à gages, J. J. ROUSS. Ém.
I. || En mauvaise.part. X gages, qui est payé pour
faire quelque service peu honorable. Des applaudis-
seurs à gages. La Cleveland [maîtresse de Char-
les II], dont il ne se souciait plus, ne laissait pas
de le déshonorer par des inconstances réitérées, par
des choix indignes, et le ruinait par des amants à
gages, HAMILT. Gramm. 4 1. || La Fontaine a dit à
gage au singulier. Notre souffleur, à gage Se gorge
de vapeur, s'enfle comme un ballon, Fabl. vi, 3.
|| 9° Gages se dit quelquefois du salaire d'un capi-
taine de navire, d'un matelot. || 10° Gages se disait
autrefois du payement que le roi ordonnait par an
aux officiers de sa maison, aux officiers de justice
et de finance.
— SYN. GAGES, APPOINTEMENTS, HONORAIRES. Ap-
pointements se dit pour tout ce qui est place, ou
qu'on regarde comme tel. Honoraires a lieu pour les
maîtres qui enseignent quelque science, et pour
ceux à qui on a recours dans l'occasion à l'effet d'ob-
tenir un conseil salutaire, ou quelque autre service
que leur doctrine ou leur fonction met à portée de
rendre. Gagés est d'usage à l'égard des domestiques
de particuliers et des gens qui se louent pendant
quelque temps au service d'autres personnes, Encycl.
vin, 294. Traitement peut être ajouté à ces trois
mots examinés par l'Encyclopédie ; il est synonyme
d'appointements et diffère par conséquent de ga-
ges et d'honoraires. 11 y a en outre une différence
qui n'est pas notée, c'est que les appointements,
le traitement, les gages sont quelque chose de fixe,
tandis que les honoraires s'entendent mieux de ce
qui est occasionnel : un prêtre assistant à un ser-
vice, un médecin, un avocat ont des honoraires ; le
prêtre qui dessert une église, le médecin qui est
attaché à un hôpital ont un traitement.
— HIST. xi° s. Il durra [donnera] wage, e tru-
verad plege, Lois de Guill. 6. Devant iceo que [avant
que] [le bétail] seit mis en guage, ib. 25. || xne s.
Donner son gage, Ronc. p. 4 3. La teste [il] i pert,
n'i laissa autre gage, ib. p. 64. Pur ço [cela] s'ala
à Turs ceie nuit herbergier, E saveir se li reis le
voldreit là baisier; Mais il ne porta là ne maille ne
denier ; Ses guages li covint rachater ou laissier ;
Ne li reis nel baisa, n'il nés fist desguaigier, Th. le
mart. 4 4 7. ||xmc s. Par la beneoite mère Dieu, j'ai
hiaus enfans de mon seigneur, je les meterai en
gage et bien trouverai qui me prestera sour aus
[eux], Chron. de Rains, H 58. Mais la qeue remest
en gages, Dont moult li poise et moult li grieve,
Ren. 1250. Cil qui apele par gages de bataille ne
pot contremander, BEAUM. LXIX. La tierce manière de
proeve si est par gage de bataille, ID. XXXIX,4. Et cil
qui presta sor le gage ne pot avoir son garant de
celi qui li bailla en gages, ID. XXV, 23. Je dis au
roy que Mons. Pierre de Courcenay me devoit
quatre cens livres de mes gajes, lesquiex il ne me
vouloit paier, JOINV. 253. Mestiers fu à l'umain li-
gnai ge, Que plus fort de li mist en gaige Souffisant
pour li acquiter Vers Dieu qui Tôt fait à s'ymaige,
1. DE MEUNG, 2V. 278. |[xrve s. Se un rent à l'autre
son gage ou son depost, non pas de volenté, mais
par paour, l'en ne doit pas dire que il face juste
opération fors tant solement par accident, ORESME,
Elh. «s. Mais il sont pluseurs gens, en cbe [ce]
siècle régnant, Qui ne croient en Dieu, le père
royaumant, Se che n'est sus bon gaige qu'avoir
voelent devant, Baud. de Séb. v, 88. || xve S; [Le
capitaine apprend à sa garnison que le Château est
miné] Les compagnons ne furent mie bien assurés
de ces paroles; car nul ne meurt volontiers, puis-
qu'il peut finer sur autres gages [quand il peut
sortir d'embarras autrement], FROISS. 1, I, 320.
Ainsi amour me mist en son servaige, Mais pour
seurté retint mon cueur en gaige, CH. D'ORL. i.
[Maison] Où serviteurs ot en grant habondance Qui
gaiges ont excessis sans raison, EOST. DESCH. Admin.
de l'ostel du prince. En ladicte bataille estaient
mors huyt mil hommes du party dudit duc prenans
GAG
gages de luy, et autres menues gens assez, COMM.
v, 3. Je veiz le bonhomme vieil présenter le gage
à son filz [le duc de Gueldres et son fils comparais-
saient devant le duc de Bourgogne pour un diffé-
rend qu'ils avaient entre eux], ID. IV, 4. Voulez-
vous faire un gage [pari] à moi? Oui, vraiment,
dit-il; quel sera-t-il? LOUIS XI, Nouv. xxvn. Pensez
que le pauvre gentilhomme rendoit bien gage
[payait cher] du bon temps qu'il avoit eu en ce
jour, m. ib. LXXII. Lesdits capitaines.... casseront
des gages d'un quartier ceulz qu'ilz trouveront avoir
excédé et delinqué ; et s'ilz y renchéent une autre
fois, ilz les casseront du tout et mectroht d'autres
en leurs lieux, Ordonn. o oct. 44S6. || xvi° s. Il y
a deux sortes de gages vif et mort. Vif gage est qui
s'acquitte des issues [dont le revenu vient en dé-
duction de la dette], mort-gage, qui de rien ne
s'acquitte [dont le revenu est absorbé en pure perte
pour le débiteur], LOYSEL, 483, 484. Telle estait la
coustunie que celui qui appelloit jettoit un gant
pour gage, et l'appelle le levoit, et s'appeloit gage
de bataille, BRANT. Sur les duels, p. 4 7, dans LA-
CURNE. Alors du dit combat, l'armée vénitienne
esloit en bataille.... lesquels Vénitiens gardoient les
gages [demeuraient simples spectateurs du com-
bat] ; car, s'ils eussent voulu assaillir de leurs
costés, les ennemis eussent esté contraints de sé-
parer leurs forces en divers lieux, DU BELLAY, Mêm.
liv. 11, f° 44 , dans LACDRNE. De gage qui mange, nul
ne s'en arrange, LEROBXDE LINCY, Prov. t. 11, p. 4 34.
Gager est s'obliger à payer les rentes et redevances
dues pour l'année suivante; si le vassal n'est pas
resseant sur le fief, à raison duquel il les doit, il
doit donner plege qui y demeure et qui s'oblige de
les payer ; de ces deux mots, gage et plege, on a
composé celuy de gage-plege, LAURIÊRE, Gloss. du
droit fr. L'un l'avoit nourri et avoit pour gages de
son amitié la nourriture de son enfance, LA BOÉTIE,
Servitude volontaire.
— ÉTYM. Wallon, voig; prov. gaige, gatghe,gaje ;
espagn. gage; ital. gaggio; du bas-latin vadium,
ivadiùm, dans les lois barbares. Il y a deux étymo-
logies aussi probables l'une que l'autre : la première
latine, vas, vadis, répondant, garant ; bien que le
g ou gu réponde ordinairement au w germanique,
l'objection n'est pas absolue, car vagina, entre au-
tres, a donné gaine; la seconde germanique : goth,
vadi;anc. haut-allem. wetti; frison, ved, gage, cau-
tion, promesse. Il est probable que les deux étymo-
logies ont concouru pour former le mot roman.
GAGÉ, ÉE (ga-jé, jée), part, passé de gager.
Il 1° Meubles gagés, ceux qui ont été saisis pour la
sûreté de quelque dette. || 2° Mis en gageure. Un
déjeuné gagé. || 8° Qui reçoit un salaire. Je suis au-
près de lui gagé pour serviteur, Vous me voudriez
encor payer pour précepteur, MOL. l'Ét. 1, 9. C'est
ainsi que des auteurs gagés par des libraires écrivent
l'histoire, VOLT. Moeurs, 4 6. Les assassins gagés qu'il
menait à sa suite, LEMIERRE, Barnevelt, 1,6. Et moi,
quel est mon sort? malheureux ! je ne suis Qu'un
esclave gagé qui sert la tyrannie, MASSON, Helvét.
11.11 II semble qu'il soit gagé pour faire cela, il semble
qu'il soit payé pour cela.
jGAGÉE (ga-jéë),s. f. Terme de botanique.
Genre deliliacées, qui a pour type la gagée minime.
GAGE-MORT (ga-je-mor),s. m. Voy. MORT-GAGE;
voy. aussi GAGE à l'historique, xvie siècle.;
GAGER (ga-jé. Le g prend un e devant o et 0 :
gageant, nous gageons), v. a. || 1° S'engager à... par
une sorte de gage. Vous voudriez qu'elle fût parfaite;
avait-elle gagé de l'être au sortir de son couvent?
SÉV. 522. y 2° Convenir avec quelqu'un, sur une con-
testation, que celui des deux qui aura tort donnera
à l'autre une somme ou quelque . autre chose. Je
gage cent pistoles que c'est toi, MOL. l'Impromptu,
3. Quand il y.aurait une infinité de hasards, dont
un seul serait pour vous, vous auriez encore raison
de gager un pour avoir deux, PASC. Pensées, t. 1,
p. 304,éd.LAHURE. [| Absolument. Gageons, dit celle-
ci, que vous n'atteindrez point Sitôt que moi ce
but, LA PONT. Fables, vi, 40. Et situ veux, nous ga-
gerons, et verrons qui a raison des deux, MOL. l'Im-
promptu, 3. Il gage que c'est moi ; et -moi je gage
que c'est lui, ID. ib. Dans le palais hier Bilain
Voulait gager contre Ménage Qu'il était faux que
Saint-Sorlin Contre Arnauld eût fait un ouvrage,
BOIL. Épigr. v. || Gage que, ellipse familière pour :
je gage que.... Gage qu'il se dédit. —Et moi gage
que non, MOL. l'Ét. ni, 3. || Il se dit quelquefois
comme simple affirmation. Et moi je gage qu'il ne
saurait être approuvé d'aucune personne raisonna-
ble, MOL. l'Avare, 1, 6. Comme vous avez les yeux
rouges! vous avez pleuré, je gage, GENI.IS, Thédt.
bAG 1811
d'éduc. la Lingère, 1, 2. || 3° Donner des gages, un
salaire, des appointements à quelqu'un. Gager des
domestiques. Elle [la royauté] fait subsister l'arti-
san de ses peines, Enrichit le marchand, gage le
magistrat, LA PONT. Fabl. in, 2. Vous les voyez en-
core, amoureux'et volages, Chercher, la bourse en
main, de beautés en beautés La mort qui les attend
au sein des voluptés; De leurs biens prodigués pour
d'infâmes capricesEnrichir nosPhrynés dontils ga-
gent les vices, QTLB. Le 48' siècle.
— REM. On a contesté que gager de suivi d'un in-
finitif dût se dire comme parier, sur cette raison que
gager indique une chose dont on est à peu près sûr,
et parier une chose dont on est moins sûr; mais la
synonymie de ces deux mots est trop voisine pour
que l'emploi en soit différent. Quand on a blâmé
la phrase de Mme de Sévigné citée plus haut, on
n'a pas fait attention que' gager y a le sens non de
parier, mais de s'engager; si on y mettait parier à
la place de gager, on la rendrait ridicule.
— SYN. GAGER, PARIER. Dans gager est gage ; et
dans parier est pair, égal. Celui qui gage expose
donc gage contre gage; et celui qui parie est but à
but contre quelqu'un. Cela fait une différence pour
l'imagé que les deux mots présentent à l'esprit, mais
cela n'en- fait point pour le sens qui s'est attaché à
l'un et à l'autre. La synonymie en est complète.
— HIST. xmc s. Se aucuns des mestiers devant
diz est adjornés devant le mestre qui garde le mes-
tier.... et se il vient à son jour, et il cognoit, il doit
gagier; et se il ne paie dedenz les nuiz, il est à trois
deniers d'amende, Liv. des met. 4 40. Ciàus [ceux]
ou celles qui font apeler et qui gagent bataille par
champion, Ass. de Jér. 4 60. Il ne muet pas de serfs
[il n'a pas de sens] celui qui plaint Paine et travail
qui aquiert avantage ; Pour ce ne puis veoir que cil
bien aint [aime bien], Qui pour jouir d'amours
souffrance gage [refuse, évite, locution tirée de l'ex-
pression féodale, gager du service, refuser ser-
vice], Poés. franc. avant4 3«o, t. iv, p. 4 388, dans
LACURNE. Il xiv s. Mes plusors qui s'en retornoient
[après une trêve]. Et qui bien la trieve savoient Et
l'accort que l'en avoit fet, Gagiez [arrêtés, pris] fu-
rent sans droit'de fait, Jlist. de Fr. en vers à la suite
du roman de Fauvel, n" 68) 0, f° 84, dans LACURNE.
Et ou cas où vous trouvères aucuns qui s'efforce-
ront defairele contraire des choses dessus dictes....
si les gagez et contraigniez à payer la dicte amende,
Ordonn. des rois, t. m, p. 98. Si vous prie que vous
gaigez qu'elle le fera, et je gaigerai que non, Mé-
nagier, I, 6. On viendra, on nous gagera, Quanque
avons nous sera osté, Pathelin, dans RAYNOUARD.
Il xvr s. Ainsi chascuu se délibère aux armes, Gai-
gent piétons, francs srchiers, hommes d'armes,
j. MAROT, v, 72. Ce que voyant le bon Jannot mon
père Voulut gaiger à Jaquet son compère, Contre un
veau gras, deux aignelets bessons,Que quelque jour
je ferois des chansons, MAROT, I, 218. Qui l'orroit
plaindre aucune fois, On gagerait que c'est la voix
De quelque dolente personne, ID. m, 464. Le juge-
mentd'un homme gagé et achetté est moins libre....
MONT, I, 4 67. Se voyans gagez et obligez par osta-
ges qui leur tenoient de si près, ilz envoyèrent des
ambassadeurs versRomulus,AMYOT, Rom. 23. Quand
quelque habitant ou autre est blechié à sang, il est
tenu, en dedans 24 heures enssuivant, gagier son
sang, qui est de déclarer au sieur son bailly le nom
de cestuy ou ceulx le ayant bleschié, Nouv. coust.
génér. 1.1, p. 407. Gager du service [refuser défaire
service en parlant d'un vassal qui se plaint /Sun
tort non redressé], DU CANGE, vadiare.
— ÉTYM. Gage ; -wallon, wagi ; bourguign. gaigil
norm. gagier; provenç. gatgar, gatjar. En Lorraine,
gager a souvent le sens d'arrêter, dresser procès-
verbal : N'entrez pas dans ce champ, vous vous fe-
riez gager; on les a vus cueillir du raisin, et on
les a gagés. C'est un sens ancien, dont on peut voii
de fréquents exemples dans l'historique.
GAGERIE (ga-je-rie), s: f. Terme de pratique
Saisie-gagerie, simple saisie de meubles sans trans-
port, sans condamnation et même sans permission
du juge, ayant seulement pour objet d'assurer le
gage du créancier. La saisie-gagerie se fait par le
propriétaire sur le locataire.
— HIST. xvie s. Il est loisible à un seigneur cen-
sier en la ville et banlieue de Paris de procéder par
voye de simple gagerie sur les biens estans es mai-
sons pour trois années d'arrérages, Coust. génér.
1.1, p. 39.
— ÉTYM. Gage.
f GAGET (ga-jè), s. m. Un des noms vulgaires du
geai.
GAGEUR, ETJSE (ga-jeur, jeû-z'l, s. m. et f. Celui,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93.59%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93.59%.
- Collections numériques similaires Baudry de Saunier Louis Baudry de Saunier Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Baudry de Saunier Louis" or dc.contributor adj "Baudry de Saunier Louis")
- Auteurs similaires Baudry de Saunier Louis Baudry de Saunier Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Baudry de Saunier Louis" or dc.contributor adj "Baudry de Saunier Louis")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 874/1146
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5406698m/f874.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5406698m/f874.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5406698m/f874.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k5406698m/f874.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5406698m
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5406698m
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k5406698m/f874.image × Aide