DEG
Qui dégoutte. Du linge dégouttant. Un habit tout
dégouttant de pluie. Être tout dégouttant de sueur.
Un arbuste dégouttant de rosée. Le fils tout dégout-
tant du meurtre de son père, CORN. Cinna, i, 3.
Les ronces dégouttantes Portent de ses cheveux les
dépouilles sanglantes, BAC. Phèd. Y, 6. Les ven-
geances toutes dégouttantes de sang, FÉN. Tel. xvm.
f DÉGOUTTEMENT(dé-gou-te-man), s. m. Action
de dégoutter, de tomber goutte à goutte. || Ce qui
dégoutte d'un objet. Ce petit nombre de plantes est
bientôt étouffé par l'ombre continuelle , ou sup-
primé par le dégouttement de l'arbre, BUFF. Expér.
sur les végét. 2° mém.
— ËTYM. Dégoutter.
DÉGOUTTER (dé-gou-té, ou bref), v. n. || 1° Couler
goutte à goutte. La sueur lui dégoutte du front. 11 ne
se sert" à table que ce ses mains; il manie les vian-
des, les remanie, démembre, déchire.... le jus et les
sauces lui dégouttent du menton et de la barbe,
LA BRUT. xi. L'eau dégouttait de tous les endroits de
son manteau, FÉN. Diog. || 2° Il se dit aussi des cho-
ses d'où dégoutte quelque liquide, ■....le chêne de
manne et de m/el dégouttait, RÉGNIER, Sat. vi.
Voyez, voyez le sang dont ce poignard dégoutte,
ROTR. Yencesl. IV, 6. || 3° Y. a. Fig. Pressez-les, tor-
dez-les, ils dégouttent l'orgueil, l'arrogance, la
présomption, IA BRUY. vin. |] Proverbes. X la cour,
auprès des grands, s'il n'y pleut, il y dégoutte;
c'est-à-dire on y a toujours quelque profit. || Quand
il pleut sur le curé, il dégoutte sur le vicaire; ou,
dans le mêma sens, s'il pleut sur moi, il dégout-
tera sur vous, vous aurez part au bien ouaumalqui
m'arrivera. || Use conjugue avec l'auxiliaire avoir.
— HIST. xn" s. Les enseignes à or batues S'en is-
sent des cors degutantes, Descolorées e sanglantes,
BENOÎT, Chron. il, 95t7. Devant le hait altel fu li
cors sainz jiortez, E de moines e d'altres fu tute nuit
gardez; Receùs fu li sancs qui en ert degutez, Th.
le viart. -H3. [Il] Lui ront auprès l'ospaule tote, Si
que lisans [sang] jus en degote, la Charrette, 4-147.
|| xmc s. Et certes li ciel dégoûtèrent d'esperital ro-
sée, Psautier, î" 77. En la trace du sang [elle] s'est
mise, Qui du chevalier degutot, MARIE, Tvenec. Et
se doit on faire laver le [la] tieste en ewe dégoûtant
qui vient par tuiaus, ALEBRANT, f° 33. De pité et
de dol [deuil] est aval aclinés, Les larmes li dego-
tent fil à fil sor le nés, Ch. d'Ant. v, 479. Doulz
Diex qui de doulceur serondes [abondes] et desgou-
tes, Sur mon dur cuer desgoutes de ta doulceur
deux goûtes, J. DE MEUNG, Testam. 2092. Car il si
durement suoit, Que touz ses cors en degoutoit,
Saint-Graal, v. 4 605. || xivc s. Sans leur vie es-
pargnier ne doubter char navrée, Ne saignie de
sanc, ne sueur dégoûtée, Guescl. 8394. A tel mes-
chef cheï, ce nous dit li rommans, Que par bou-
che et par nés li degoutoit li sans, Baud. de Seb.
m, 874. y xv° s. Hé dea! s'il ne pleut, il dégoûte,
Patelin, v. 4244. || xvr s. Au vase estroit, qui dé-
goûte Son eau, qui veult sortir toute, DU BELL. in,
7B, verso. Le nez lui degouttoit, principalement
en hiver, comme la poche d'un pescheur, DESPER.
Contes, LXXXV Tout moyte et dégoûtant s'est
sauvé du naufrage, DUBELL. YI , 4 0, verso. Souffrir des
contractions et convulsions estranges, desgoutter
parfois de grosses larmes des yeulx, MONT, m, 271.
—ÉTYM.Dé.... préfixe, et goutte; provenç. degotar.
t DÉGOUTTUKE ( dé-gou-tu-r'), s. f. Ce qui dé-
goutte. Il était placé sous une lampe qui laissait
échapper l'huile; il a reçu toute la dégoulture.
— ÉTYM. Dégoutter.
t DÉGRADANT, ANTE (dé-gra-dan, dan-t'), ad}.
Qui dégrade, qui déshonore. Une conduite dégra-
dante. Des habitudes dégradantes. Un vice dégradant.
t DÉGRADAT1F, IVE (dé-gra-da-tif, ti-v'), adj.
Qui indique une dégradation de nuance. La finale
âtre est dégradative dans bleuâtre.
— ÉTYit. Voy. DÉGRADATION. Ce terme a été pro-
posé par Butet (de la Sarthe), Cours complet de
lexicologie, n° 396.
4. DÉGRADATION (dé-gra-da-sion ; en poésie, de
cinq syllabes), s. f. || 1° Destitution infamante d'un
grade, d'une dignité, d'une qualité. Dégradation
militaire. Aucune peine infamante ne peut être exécu-
tée contre un membre de la Légion d'honneur, sans
que d'abord il n'ait subi la dégradation. || Dégradation
civique, peine infamante qui consiste dans la pri-
vation de certains droits civils et politiques. || Terme
d'église. Censure par laquelle un ecclésiastique, à
cause de quelque faute considérable, est privé pour
toujours de l'eiercice de son ordre et du bénéfice
ecclésiastique. i| 2° Fig. Avilissement. La dégrada-
tion des âmes est une suite de la servitude. Tel
est le sort de ces malheureux connus à la côte de
nÉG
Coromandel sous le nom de parias; leur dégra-
dation est bien plus entière au Malabar, qui n'a pas
été asservi par le Mogol et où on les appelle pou-
liats, RAYNAL, Hist. pliil. 1, S. || Se dit aussi des
choses. La dégradation du goût, de la couleur, de
la composition, des caractères, de l'expression, du
dessin, a suivi pas à pas la dégradation des moeurs,
DIDER. Saton de 4 70 5, OEuvres, t. XIII , p. 43, dans POU-
GENS. |j 3° Acte duquel résulte la détérioration d'une
chose. La dégradation des monuments publics est
prévue par la loi. || Terme de palais. Dégradation de
biens, dommages et altération qui se font dans les
terres, les bois ou les bâtiments. || Terme de géolo-
gie. Action destructive très-lente, mais continuelle,
à laquelle sont soumises les roches, les montagnes,
lesterres des continents. || État de délabrement d'une
chose par une cause quelconque. La dégradation
de ce mur est telle qu'il menace ruine. || 4° Terme
de pathologie. Arrêt de développement, aberration
d'évolution du corps vivant, soit partielle, soit géné-
rale, soit acquise, soit héréditaire.
— HIST. XYI° s. Par dégradation d'honneur, con-
fiscation d'estat, de biens, et confinement, CARL.
il, G. Qu'ils meriteroient tous deux une honteuse de-
gradation d'armes et de tout honneur, ID. YI, 13.
— ÉTYM. Dégrader 4 ; provenç. desgradalio; es-
pagn. degradacion; ital. degradatione.
2. DÉGRADATION (dé-gra-da-sion), s. f. Le fait
de présenter des degrés successifs. || Terme de phy-
sique. Diminution progressive de la lumière, des
ombres, des couleurs. Il semble que, m'imagi-
nant comme des bandes colorées qui traversent en
tout sens toutes les nations d'un continent, je vois
les langues, les moeurs, les figures mêmes former
une suite de dégradations sensibles ; chaque nation
est la nuance entre les nations ses voisines, TURGOT,
Plan du 4" dise, sur Vhist. universelle. La loi de
la dégradation de la lumière daris le passage de la
partie obscure [de la lune] à sa partie éclairée, LA
PLACE, Expos. 1, 6. Il Terme de peinture. Nom donné
à de certains ménagements des jours, des ombres et
des teintes, suivant les degrés d'éloignement. Ce
peintre entend bien la dégradation des ombres. Pour
former ce vif coloris, ces distributions de lumières,
ces dégradations de couleurs, FÉN. Exist. 8. La per-
spective approche les parties des corps ou les fait fuir,
par la seule dégradation de leurs grandeurs, DIDE-
ROT, Ess. sur lapéinlure, ch. 3. Pointdeplans, point
de dégradation,point d'airentrelesfigures, ID. Salon
de 47G7, OEuvres, t. xv, p. 70, dans POUGENS. Dans
la succession de nos penchants, comme dans une
bonne dégradation de couleurs, J. J. ROUSS.Ém. v.
— ÉTYM. Dégrader 2.
4. DÉGRADÉ, ÉE (dé-gra-dé, dée),part, passé de
dégrader 4. || i° Qui a perdu d'une manière infamante
son grade, son rang. Un officier dégradé. ||2° Qui a
perdu son rang, sa dignité. Trois princes dégradés
en un même mois en marquent le commencement,
BOSS. Hist. 11, 4. Le sanhédrin étant dégradé, les
membres de ce grand corps n'étaient plus considé-
rés comme juges, ID. ib. 11, 4 0. C'est là que les plus
grands rois n'ont plus de rang que par leurs vertus,
et que, dégradés à jamais par les mains de la mort,
ils viennent subir sans cour et sans suite le jugement
de tous les peuples et de tous les siècles , ID.
Duch. d'Orl. \\ 3" Fig. Avili. Un homme dégradé.
Nous avons vu l'âme raisonnable dégradée par le pé-
ché, BOSS. Conn. de Dieu, v, 4. L'élévation des pré-
ceptes dégradée par la bassesse des exemples [que
l'on donne], GRESSET, Dise, de réception à l'Acad.
Il 4° Qui a éprouvé une détérioration matérielle. Mur
dégradé et couvert de plantes parasites, DIDEROT , Sa-
lon de 4 7G7, OEuvres, t. xiv, p. 44 0, dans POUGENS.
2. DÉGRADÉ, ÉE (dé-gra-dé, dée), part, passé
de dégrader 2. |j Terme de physique et de peinture.
Diminué progressivement, en parlant de la lumière.
On aurait pu chercher de combien l'intensité de la
lumière d'un objet que le mouvement rend conti-
nuellement visible, se trouve dégradée, CONDORCET,
d'Arci. La Magdeleine, belle perspective, lumière
bien dégradée, grande précision, DIDEROT, Salon
de 4 7G7, OEuvres, t. xiv, p. 284, dans POUGENS.
f DÉGRADEMENT (dé-gra-de-man), s. m. Action
de dégrader. || Perte d'un grade militaire, en vertu
d'un jugement.
— HIST. xvie s. Le degradement de Louis le Dé-
bonnaire, FAUCIIET, Orig. des dignités de France,
liv. 11, p. 43, dans LACURNE.
— ETYM. Dégrader i.
4. DÉGRADER (dé-gra-dé), v. a. || i°Dépouiller
quelqu'un de son grade, de sa dignité, de son em-
ploi, etc. Dégrader un militaire, un magistrat. La
cour l'a dépouillé et dégradé, PATRU, Plaidoyer 7,
DÉG i 023
dans RICHELET. Et [elle] vous dégraderait peut-être
dès demain Du titre glorieux de citoyen romain,
CORN. Sicom. 1, 2. Le lieutenant du roi et le major
de la place de Brisach furent dégradés des armes,
ST-SIM. 4 30, 4 82. Quelle hauteur dans ces fiers ré-
publicains, qui dégradent ainsi sur-le-champ un
roi malheureux! ROLLIN, Hist. anc. OEuvres, t. ix,
p. 137, dans POUGENS. || Par extension. Dégrader les
héros pour te mettre en leurs places, BOIL. Sat. vin.
Il n'est plus saint, M. Jurieu l'a dégradé, BOSS. Yar.
3e avert. § 6. C'est Dieu seul qui fait régner les rois,
qui les place sur le trône ou qui les en dégrade,
MASS. Myst. Soum. En dégradant [faisant descendre]
ceux qui étaient au haut de la roue [de la fortune],
ID. Av. Bonh. H 2° Fig. Rendre vil, méprisable.
La flatterie dégrade le prince et les flatteurs. Ils
nous obligent à dégrader votre parole à des détails
rampants, MASS. Car. Jeûne. Ce n'est pas un éloge
de bienséance ; à Dieu ne plaise que je dégrade ainsi
mon ministère ! ÎD. Pandg. Vilteroy. Le joug s'est
appesanti depuis, et l'espèce humaine a été de plus
en plus dégradée, RAYNAL, Hist. phil. Y, 20. || Abso-
lument. La passion de conserver une première place
fait prendre des précautions qui dégradent, FONTEN.
Yarignon. || 3° Détériorer, endommager. Les longues
pluies ont dégradé les chemins. Des palais superbes
que le temps va dégrader et détruire, MASS. Paraphr.
ps. xvm. Il 4° Terme de maçon. Abattre par le pied.
Dégrader une muraille. || 5° Terme de marine. Ôter
les agrès d'un vaisseau devenu inutile. || 6" Y. n.
Terme de marine. Un navire est dégradé quand le
vent, les courants ou une mauvaise manoeuvre l'ont
entraîné sous le vent de sa roule et éloigné du but
où il tendait. || 7° Se dégrader, v. réjl. s'avilir. Il
croirait se dégrader en fréquentant une telle so-
ciété. Nos titres sont trop beaux, ne nous dégradons
point,TRISTAN, SI. de Chrispe,i, 4. Un gentilhomme
sans coeur se dégrade lui-même, BOSS. Hist. m, 6.
Je me dégradais jusques à me rendre semblable aux
bêtes, BOURD. Purifie, de la Yierge, myst.Tremblons
quand ils [les grands] nous comblent de leurs bien-
faits; plus ils nous élèvent, plus nous devons crain-
dre que nous ne nous soyons dégradés nous-mêmes,
MASS. Confér. Zèle contre les scand. || Se détériorer.
Les peintures se dégradent promptement à l'air.
— HIST. xii" s. S'evesques u prestre est esliz e
alevez U diaclines par prince, que il seit dégradez,
Th. lemart. 127. || xiv s. Doumémoire des hommes
dégradez Et des livres où il ha esté mis, Maudis de
Dieu, de tous sains et dampnez.... puist estre ]i
mois de mars, MACHAULT, p. 430. l|xv° s. Vous avez
droit.... car si je n'allois ou fusse allé devant la vo-
lonté du peuple, vous eussiez esté ou seriez près du
peuple et dégradé à grand confusion et dérision,
FROISS. m, IY, 77. Or regardez des oeuvres de for-
tune, comme elles vont.... quand ce vaillant homme
et bon chevalier fut ainsi demeuré et vitupereuse-
ment dégradé d'honneur et de chevance, m. in,
iv, 30. En plain parlement d'Angleterre furent de-
gradées deux filles du roy Edouard et declairées
bastardes, COMM. VI, 9. || xvi° s. Julien condemna
dix de ses soldats à estre desgradez, MONT, I, 65. II
fu condemné à estre dégradé de noblesse, ID. 1, 6G.
U estoit loisible aux censeurs de dégrader et oster du
sénat un sénateur qui se gouvernoit indignement,
AMYOT, P. jEm. 6). Nycolas fust condampné à estre
desgràdé des armes et de tout l'honneur, CARL. YI, 21.
— ÉTYM. Dé,... préfixe, et grade ; provenç. degra-
dar, desgradar; espagn. degradar; ital. degradare;
du latin degradare, de de, etgradus, degré.
2. DÉGRADER (dé-gra-dé), v. a. || 1° Terme de
peinture. Diminuer graduellement. Dégrader la- lu-
mière, les ombres. Ils emploient, avec un art qu'on
ne se lasse point d'admirer, les teintes, les demi-
teintes et toutes les diminutions de couleurs néces-
saires pour dégrader îa couleur des objets, ROLLIN,
Hist. anc. OEuvres, t. xi, 4re part. p. 4 30, dans POU-
GENS. Il 2° Y. n. Aller par dégradation. Je dirais au
graveur : que les formes soient bien rendues par vos
tailles, que celles-ci dégradent donc scrupuleusement
selon les plans des objets, DIDEROT,- Salon de 4 706,
OEuvres, t. XIII, p. 3G0, dans POUGENS. Il est bien
posé; la lumière dégrade à merveille sur lui, ia. Sa-
londe 4 7G7, p. 07. Il 3° Se dégrader, v. réfl. Dimi-
nuer par degrés. Comme cette terrasse est éclairée,
comme la lumière s'y dégrade, DIDEROT, Regrets sur
ma robe de chambre. Les campagnes non bornées
doivent,en se dégradant, s'étendrejusqu'oùl'horizon
confine avec le ciel, ID. Salon de 4767, QEuvres,
t. XIY, p. 284, dans POUGENS.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et le latin gradus, degré,
DÉGRAFÉ, ÉE (dé-gra-fé, fée), part, passé. Une
camisole dégrafée.
Qui dégoutte. Du linge dégouttant. Un habit tout
dégouttant de pluie. Être tout dégouttant de sueur.
Un arbuste dégouttant de rosée. Le fils tout dégout-
tant du meurtre de son père, CORN. Cinna, i, 3.
Les ronces dégouttantes Portent de ses cheveux les
dépouilles sanglantes, BAC. Phèd. Y, 6. Les ven-
geances toutes dégouttantes de sang, FÉN. Tel. xvm.
f DÉGOUTTEMENT(dé-gou-te-man), s. m. Action
de dégoutter, de tomber goutte à goutte. || Ce qui
dégoutte d'un objet. Ce petit nombre de plantes est
bientôt étouffé par l'ombre continuelle , ou sup-
primé par le dégouttement de l'arbre, BUFF. Expér.
sur les végét. 2° mém.
— ËTYM. Dégoutter.
DÉGOUTTER (dé-gou-té, ou bref), v. n. || 1° Couler
goutte à goutte. La sueur lui dégoutte du front. 11 ne
se sert" à table que ce ses mains; il manie les vian-
des, les remanie, démembre, déchire.... le jus et les
sauces lui dégouttent du menton et de la barbe,
LA BRUT. xi. L'eau dégouttait de tous les endroits de
son manteau, FÉN. Diog. || 2° Il se dit aussi des cho-
ses d'où dégoutte quelque liquide, ■....le chêne de
manne et de m/el dégouttait, RÉGNIER, Sat. vi.
Voyez, voyez le sang dont ce poignard dégoutte,
ROTR. Yencesl. IV, 6. || 3° Y. a. Fig. Pressez-les, tor-
dez-les, ils dégouttent l'orgueil, l'arrogance, la
présomption, IA BRUY. vin. |] Proverbes. X la cour,
auprès des grands, s'il n'y pleut, il y dégoutte;
c'est-à-dire on y a toujours quelque profit. || Quand
il pleut sur le curé, il dégoutte sur le vicaire; ou,
dans le mêma sens, s'il pleut sur moi, il dégout-
tera sur vous, vous aurez part au bien ouaumalqui
m'arrivera. || Use conjugue avec l'auxiliaire avoir.
— HIST. xn" s. Les enseignes à or batues S'en is-
sent des cors degutantes, Descolorées e sanglantes,
BENOÎT, Chron. il, 95t7. Devant le hait altel fu li
cors sainz jiortez, E de moines e d'altres fu tute nuit
gardez; Receùs fu li sancs qui en ert degutez, Th.
le viart. -H3. [Il] Lui ront auprès l'ospaule tote, Si
que lisans [sang] jus en degote, la Charrette, 4-147.
|| xmc s. Et certes li ciel dégoûtèrent d'esperital ro-
sée, Psautier, î" 77. En la trace du sang [elle] s'est
mise, Qui du chevalier degutot, MARIE, Tvenec. Et
se doit on faire laver le [la] tieste en ewe dégoûtant
qui vient par tuiaus, ALEBRANT, f° 33. De pité et
de dol [deuil] est aval aclinés, Les larmes li dego-
tent fil à fil sor le nés, Ch. d'Ant. v, 479. Doulz
Diex qui de doulceur serondes [abondes] et desgou-
tes, Sur mon dur cuer desgoutes de ta doulceur
deux goûtes, J. DE MEUNG, Testam. 2092. Car il si
durement suoit, Que touz ses cors en degoutoit,
Saint-Graal, v. 4 605. || xivc s. Sans leur vie es-
pargnier ne doubter char navrée, Ne saignie de
sanc, ne sueur dégoûtée, Guescl. 8394. A tel mes-
chef cheï, ce nous dit li rommans, Que par bou-
che et par nés li degoutoit li sans, Baud. de Seb.
m, 874. y xv° s. Hé dea! s'il ne pleut, il dégoûte,
Patelin, v. 4244. || xvr s. Au vase estroit, qui dé-
goûte Son eau, qui veult sortir toute, DU BELL. in,
7B, verso. Le nez lui degouttoit, principalement
en hiver, comme la poche d'un pescheur, DESPER.
Contes, LXXXV Tout moyte et dégoûtant s'est
sauvé du naufrage, DUBELL. YI , 4 0, verso. Souffrir des
contractions et convulsions estranges, desgoutter
parfois de grosses larmes des yeulx, MONT, m, 271.
—ÉTYM.Dé.... préfixe, et goutte; provenç. degotar.
t DÉGOUTTUKE ( dé-gou-tu-r'), s. f. Ce qui dé-
goutte. Il était placé sous une lampe qui laissait
échapper l'huile; il a reçu toute la dégoulture.
— ÉTYM. Dégoutter.
t DÉGRADANT, ANTE (dé-gra-dan, dan-t'), ad}.
Qui dégrade, qui déshonore. Une conduite dégra-
dante. Des habitudes dégradantes. Un vice dégradant.
t DÉGRADAT1F, IVE (dé-gra-da-tif, ti-v'), adj.
Qui indique une dégradation de nuance. La finale
âtre est dégradative dans bleuâtre.
— ÉTYit. Voy. DÉGRADATION. Ce terme a été pro-
posé par Butet (de la Sarthe), Cours complet de
lexicologie, n° 396.
4. DÉGRADATION (dé-gra-da-sion ; en poésie, de
cinq syllabes), s. f. || 1° Destitution infamante d'un
grade, d'une dignité, d'une qualité. Dégradation
militaire. Aucune peine infamante ne peut être exécu-
tée contre un membre de la Légion d'honneur, sans
que d'abord il n'ait subi la dégradation. || Dégradation
civique, peine infamante qui consiste dans la pri-
vation de certains droits civils et politiques. || Terme
d'église. Censure par laquelle un ecclésiastique, à
cause de quelque faute considérable, est privé pour
toujours de l'eiercice de son ordre et du bénéfice
ecclésiastique. i| 2° Fig. Avilissement. La dégrada-
tion des âmes est une suite de la servitude. Tel
est le sort de ces malheureux connus à la côte de
nÉG
Coromandel sous le nom de parias; leur dégra-
dation est bien plus entière au Malabar, qui n'a pas
été asservi par le Mogol et où on les appelle pou-
liats, RAYNAL, Hist. pliil. 1, S. || Se dit aussi des
choses. La dégradation du goût, de la couleur, de
la composition, des caractères, de l'expression, du
dessin, a suivi pas à pas la dégradation des moeurs,
DIDER. Saton de 4 70 5, OEuvres, t. XIII , p. 43, dans POU-
GENS. |j 3° Acte duquel résulte la détérioration d'une
chose. La dégradation des monuments publics est
prévue par la loi. || Terme de palais. Dégradation de
biens, dommages et altération qui se font dans les
terres, les bois ou les bâtiments. || Terme de géolo-
gie. Action destructive très-lente, mais continuelle,
à laquelle sont soumises les roches, les montagnes,
lesterres des continents. || État de délabrement d'une
chose par une cause quelconque. La dégradation
de ce mur est telle qu'il menace ruine. || 4° Terme
de pathologie. Arrêt de développement, aberration
d'évolution du corps vivant, soit partielle, soit géné-
rale, soit acquise, soit héréditaire.
— HIST. XYI° s. Par dégradation d'honneur, con-
fiscation d'estat, de biens, et confinement, CARL.
il, G. Qu'ils meriteroient tous deux une honteuse de-
gradation d'armes et de tout honneur, ID. YI, 13.
— ÉTYM. Dégrader 4 ; provenç. desgradalio; es-
pagn. degradacion; ital. degradatione.
2. DÉGRADATION (dé-gra-da-sion), s. f. Le fait
de présenter des degrés successifs. || Terme de phy-
sique. Diminution progressive de la lumière, des
ombres, des couleurs. Il semble que, m'imagi-
nant comme des bandes colorées qui traversent en
tout sens toutes les nations d'un continent, je vois
les langues, les moeurs, les figures mêmes former
une suite de dégradations sensibles ; chaque nation
est la nuance entre les nations ses voisines, TURGOT,
Plan du 4" dise, sur Vhist. universelle. La loi de
la dégradation de la lumière daris le passage de la
partie obscure [de la lune] à sa partie éclairée, LA
PLACE, Expos. 1, 6. Il Terme de peinture. Nom donné
à de certains ménagements des jours, des ombres et
des teintes, suivant les degrés d'éloignement. Ce
peintre entend bien la dégradation des ombres. Pour
former ce vif coloris, ces distributions de lumières,
ces dégradations de couleurs, FÉN. Exist. 8. La per-
spective approche les parties des corps ou les fait fuir,
par la seule dégradation de leurs grandeurs, DIDE-
ROT, Ess. sur lapéinlure, ch. 3. Pointdeplans, point
de dégradation,point d'airentrelesfigures, ID. Salon
de 47G7, OEuvres, t. xv, p. 70, dans POUGENS. Dans
la succession de nos penchants, comme dans une
bonne dégradation de couleurs, J. J. ROUSS.Ém. v.
— ÉTYM. Dégrader 2.
4. DÉGRADÉ, ÉE (dé-gra-dé, dée),part, passé de
dégrader 4. || i° Qui a perdu d'une manière infamante
son grade, son rang. Un officier dégradé. ||2° Qui a
perdu son rang, sa dignité. Trois princes dégradés
en un même mois en marquent le commencement,
BOSS. Hist. 11, 4. Le sanhédrin étant dégradé, les
membres de ce grand corps n'étaient plus considé-
rés comme juges, ID. ib. 11, 4 0. C'est là que les plus
grands rois n'ont plus de rang que par leurs vertus,
et que, dégradés à jamais par les mains de la mort,
ils viennent subir sans cour et sans suite le jugement
de tous les peuples et de tous les siècles , ID.
Duch. d'Orl. \\ 3" Fig. Avili. Un homme dégradé.
Nous avons vu l'âme raisonnable dégradée par le pé-
ché, BOSS. Conn. de Dieu, v, 4. L'élévation des pré-
ceptes dégradée par la bassesse des exemples [que
l'on donne], GRESSET, Dise, de réception à l'Acad.
Il 4° Qui a éprouvé une détérioration matérielle. Mur
dégradé et couvert de plantes parasites, DIDEROT , Sa-
lon de 4 7G7, OEuvres, t. xiv, p. 44 0, dans POUGENS.
2. DÉGRADÉ, ÉE (dé-gra-dé, dée), part, passé
de dégrader 2. |j Terme de physique et de peinture.
Diminué progressivement, en parlant de la lumière.
On aurait pu chercher de combien l'intensité de la
lumière d'un objet que le mouvement rend conti-
nuellement visible, se trouve dégradée, CONDORCET,
d'Arci. La Magdeleine, belle perspective, lumière
bien dégradée, grande précision, DIDEROT, Salon
de 4 7G7, OEuvres, t. xiv, p. 284, dans POUGENS.
f DÉGRADEMENT (dé-gra-de-man), s. m. Action
de dégrader. || Perte d'un grade militaire, en vertu
d'un jugement.
— HIST. xvie s. Le degradement de Louis le Dé-
bonnaire, FAUCIIET, Orig. des dignités de France,
liv. 11, p. 43, dans LACURNE.
— ETYM. Dégrader i.
4. DÉGRADER (dé-gra-dé), v. a. || i°Dépouiller
quelqu'un de son grade, de sa dignité, de son em-
ploi, etc. Dégrader un militaire, un magistrat. La
cour l'a dépouillé et dégradé, PATRU, Plaidoyer 7,
DÉG i 023
dans RICHELET. Et [elle] vous dégraderait peut-être
dès demain Du titre glorieux de citoyen romain,
CORN. Sicom. 1, 2. Le lieutenant du roi et le major
de la place de Brisach furent dégradés des armes,
ST-SIM. 4 30, 4 82. Quelle hauteur dans ces fiers ré-
publicains, qui dégradent ainsi sur-le-champ un
roi malheureux! ROLLIN, Hist. anc. OEuvres, t. ix,
p. 137, dans POUGENS. || Par extension. Dégrader les
héros pour te mettre en leurs places, BOIL. Sat. vin.
Il n'est plus saint, M. Jurieu l'a dégradé, BOSS. Yar.
3e avert. § 6. C'est Dieu seul qui fait régner les rois,
qui les place sur le trône ou qui les en dégrade,
MASS. Myst. Soum. En dégradant [faisant descendre]
ceux qui étaient au haut de la roue [de la fortune],
ID. Av. Bonh. H 2° Fig. Rendre vil, méprisable.
La flatterie dégrade le prince et les flatteurs. Ils
nous obligent à dégrader votre parole à des détails
rampants, MASS. Car. Jeûne. Ce n'est pas un éloge
de bienséance ; à Dieu ne plaise que je dégrade ainsi
mon ministère ! ÎD. Pandg. Vilteroy. Le joug s'est
appesanti depuis, et l'espèce humaine a été de plus
en plus dégradée, RAYNAL, Hist. phil. Y, 20. || Abso-
lument. La passion de conserver une première place
fait prendre des précautions qui dégradent, FONTEN.
Yarignon. || 3° Détériorer, endommager. Les longues
pluies ont dégradé les chemins. Des palais superbes
que le temps va dégrader et détruire, MASS. Paraphr.
ps. xvm. Il 4° Terme de maçon. Abattre par le pied.
Dégrader une muraille. || 5° Terme de marine. Ôter
les agrès d'un vaisseau devenu inutile. || 6" Y. n.
Terme de marine. Un navire est dégradé quand le
vent, les courants ou une mauvaise manoeuvre l'ont
entraîné sous le vent de sa roule et éloigné du but
où il tendait. || 7° Se dégrader, v. réjl. s'avilir. Il
croirait se dégrader en fréquentant une telle so-
ciété. Nos titres sont trop beaux, ne nous dégradons
point,TRISTAN, SI. de Chrispe,i, 4. Un gentilhomme
sans coeur se dégrade lui-même, BOSS. Hist. m, 6.
Je me dégradais jusques à me rendre semblable aux
bêtes, BOURD. Purifie, de la Yierge, myst.Tremblons
quand ils [les grands] nous comblent de leurs bien-
faits; plus ils nous élèvent, plus nous devons crain-
dre que nous ne nous soyons dégradés nous-mêmes,
MASS. Confér. Zèle contre les scand. || Se détériorer.
Les peintures se dégradent promptement à l'air.
— HIST. xii" s. S'evesques u prestre est esliz e
alevez U diaclines par prince, que il seit dégradez,
Th. lemart. 127. || xiv s. Doumémoire des hommes
dégradez Et des livres où il ha esté mis, Maudis de
Dieu, de tous sains et dampnez.... puist estre ]i
mois de mars, MACHAULT, p. 430. l|xv° s. Vous avez
droit.... car si je n'allois ou fusse allé devant la vo-
lonté du peuple, vous eussiez esté ou seriez près du
peuple et dégradé à grand confusion et dérision,
FROISS. m, IY, 77. Or regardez des oeuvres de for-
tune, comme elles vont.... quand ce vaillant homme
et bon chevalier fut ainsi demeuré et vitupereuse-
ment dégradé d'honneur et de chevance, m. in,
iv, 30. En plain parlement d'Angleterre furent de-
gradées deux filles du roy Edouard et declairées
bastardes, COMM. VI, 9. || xvi° s. Julien condemna
dix de ses soldats à estre desgradez, MONT, I, 65. II
fu condemné à estre dégradé de noblesse, ID. 1, 6G.
U estoit loisible aux censeurs de dégrader et oster du
sénat un sénateur qui se gouvernoit indignement,
AMYOT, P. jEm. 6). Nycolas fust condampné à estre
desgràdé des armes et de tout l'honneur, CARL. YI, 21.
— ÉTYM. Dé,... préfixe, et grade ; provenç. degra-
dar, desgradar; espagn. degradar; ital. degradare;
du latin degradare, de de, etgradus, degré.
2. DÉGRADER (dé-gra-dé), v. a. || 1° Terme de
peinture. Diminuer graduellement. Dégrader la- lu-
mière, les ombres. Ils emploient, avec un art qu'on
ne se lasse point d'admirer, les teintes, les demi-
teintes et toutes les diminutions de couleurs néces-
saires pour dégrader îa couleur des objets, ROLLIN,
Hist. anc. OEuvres, t. xi, 4re part. p. 4 30, dans POU-
GENS. Il 2° Y. n. Aller par dégradation. Je dirais au
graveur : que les formes soient bien rendues par vos
tailles, que celles-ci dégradent donc scrupuleusement
selon les plans des objets, DIDEROT,- Salon de 4 706,
OEuvres, t. XIII, p. 3G0, dans POUGENS. Il est bien
posé; la lumière dégrade à merveille sur lui, ia. Sa-
londe 4 7G7, p. 07. Il 3° Se dégrader, v. réfl. Dimi-
nuer par degrés. Comme cette terrasse est éclairée,
comme la lumière s'y dégrade, DIDEROT, Regrets sur
ma robe de chambre. Les campagnes non bornées
doivent,en se dégradant, s'étendrejusqu'oùl'horizon
confine avec le ciel, ID. Salon de 4767, QEuvres,
t. XIY, p. 284, dans POUGENS.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et le latin gradus, degré,
DÉGRAFÉ, ÉE (dé-gra-fé, fée), part, passé. Une
camisole dégrafée.
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