1774
FRE
FRE
FRE
Genre d'oiseaux de la famille des corvidées, de l'or-
dre des omnivores, où l'on distingue le frégile d'Eu-
rope, dit vulgairement choucas à bec et à pieds
rouges.
t. FREIN (frin ; Vn ne se lie pas : un frin argenté;
au pluriel, l's se lie : des frin-z' argentés), s. m.
|| 1" Autre nom du mors, partie de la bride qu'on
passe dans la bouche du cheval pour le gouverner,
s...Les chevaux, que leur sang effarouche, Boulever-
sent leur charge, et n'ont ni frein ni bouche, CORN.'
Lesvict.duroien 1672. Ils ne connaissent plus ni
le frein ni là voix, RAC, Phèdre, v, e. Ses coursiers
n'obéissent plus au frein, FÉN. Tél. xxiv. || Fig. Il
est vrai qu'il [le diable] a ses forces entières; mais
celui qui les lui a laissées pour son supplice, lui a
mis un frein dans les mâchoires, et ne lui lâche la
bride qu'autant qu'il lui plaît, BOSS. 2» sermon, dé-
mons, 3. Celui qui met un frein à la fureur des
flots, RAC. Athal. i, 4.11 mord en frémissant le frein
'de l'esclavage, VOLT. Als. i, 4. || Ronger son frein,
se dit du cheval qui, forcé au repos, mâche le frein
qu'il a dans la bouche. Le superbe coursier que Di-
don devait monter rongeait son frein à l'attendre,
LE p. CATROU, dans DESFONTAINES. || Fig. Ronger son
frein, réprimer le dépit qu'on éprouve. Le marquis
d'Harcourt rongeait son frein de n'avoir pas eu la
liberté de traiter avec la reine pour l'amirauté,
ST-SIM. 84,43. || Ronger son frein, signifie aussi être
condamné à l'ennui. La plupart aux grands airs élè-
vent leurs aînées, Tandis qu'en un couvent, lieu pour
elles malsain, Les cadettes nonnains sont à ronger
leur frein, HAUTEROCHE, Bourg, de qualité, m, 4.
|| Prendre le frein aux dents, s'emporter, en par-
lant du cheval ; locution venant de ce que, le frein
exerçant son influence sur le fond de la bouche et
la jonction des lèvres, le cheval y échappé en re-
mettant le frein en avant et en le tenant dans les
dents. On dit plutôt aujourd'hui prendre le mors
aux dents. || Fig. Prendre le frein aux dents, se li-
vrer avec emportement à quelque chose, n'être plus
retenu. .||.2°'.Fig. Ce qui retient sous l'autorité, dans
les. bornes du devoir, de la raison. Les nouvel-
les villes étaient un frein à qui voudrait remuer,
VADGEL. Q, C,\. x, dans RiCHELET. C'est [la con-
fession] un frein merveilleux pour arrêter notre
coeur, et pour réprimer ses désirs criminels, BOUR-
DAL. 43" dim. après la Pentec. Dominic. t. m,
p. 674. Mais de combattre en elle et dompter ses
faiblesses.... Mettre un frein à son luxe, à son
ambition, BOIL. Sot. x. Quel frein pourrait d'un
peuple arrêter, la licence? RAC. Iphig. iv, 4. Digne
emploi d'un ministre ennemi des flatteurs, Choisi
pour mettre un frein à ses jeunes ardeurs, m.
Brit. m, 3. Je sais combien crédule en sa dévotion,
Le peuple suit le frein de la religion, in. Bajaz. î,
2. Qu'un roi n'a d'autre frein que sa volonté même,
ID. Âthal. iv, 3. Ils ne mettent plus de frein
à leurs passions, FÉN. Tél. XXII. Ils ne connaissent
plus d'autre frein que leur volonté, MASS. Pet. ca-
rême, Tent. Nasica, dans cette vue, voulait lui
laisser [à Rome] la crainte de Carthage comme un
frein pour modérer et réprimer son audace, ROLLIN,
Hist. anc. QEùv. t. i, p. 624, dans POUGRNS. En
d'autres temps mon courage tranquille Au frein de
vos leçons serait souple et docile, VOLT. Mèrope, v,
3. La crainte d'être Reposé est un plus grand frein
pour les empereurs turcs que les lois de l'Alcoran,
ID. Moeurs, 93. Être méprisé de ceux avec qui l'on
vit est une chose que personne n'a jamais pu et ne
pourra jamais supporter; c'est peut-être le plus grand
frein que la nature ait mis aux injustices des hom-
meSj ID. Trait, métaph. ch. 9. Si vous ne reconnais-
sez point de Dieu, quel frein aurez-vous pour les
crimes secrets ? m. Honnêt. litlér. 27. || Mettre un
freina sa langue, s'abstenir déparier par prudence
ou par honnêteté. || 3° Terme d'anatomie. Nom de
certains ligaments, qui brident ou retiennent une
partie. Le frein dé la langue. |j Le frein du prépuce,
petit repli qui unit le prépuce au glàhd. || Les freins
de la glande pinéale, ses pédoncules supérieurs.
|| Terme d'entomologie. Crochet de l'aile des lépido-
ptères. ||4" Cerceau autour du rouet du moulina
vent, qui arrête le moulin par le moyen d'une bas-
cule. [15° Terme dé mécanique. Appareil pour mo-
dérer bu détruire la vitesse d'un mécanisme. Le frein
d'une locomotive. || Frein dynamométrique, appareil
pour mesurer le travail des moteurs. [| Proverbe. X
vieille mule frein doré, se dit pour se moquer d'une
vieille qui se pare pour faire la jeune.
— HIST. xi' s. Li frein sont d'or, les selles d'ar-
gent mises, Ch. de Bol. vu. || xn" s. Donc [il] laisse
courre à plein fren estendu, Ro'nc. p. 60. La cruiz
[croix] arcevesqual fist porter à sa destre, E la reis-
gne [rêne] del frein tint en la main senestre, Th. le
i mari. 38. || xnr s. S tant es vous un musart qui le
prit par le l'rain et le vot [voulut] retourner ariere,
! Chr. de Bains, 14 8. Que la premeraine vertu, C'est
de mètre en sa langue frain, la Base, 70S9. Pren
durement as dens le.frain, Et donte ton cuer et re-
frain, ib. 3079. Cil qui ensuit sa volenté sanz frain de
raison, vit à loi de beste sanz vertu, BRUN, LATINI,
Trésor, p. 337. Frains d'or ne fait meillor cheval,
ID. ib. p. 457. || xivc s. Il estoit li premiers au frein
de l'ainsné filz du roy [son premier gouverneur],
dans MORÉRI, iloréuil Bernard, 6e du nom. || xv« s.
Quand le sire de Bauderoden les vit venir, il tourna
son frein tout sagement, et fit chevaucher son pen-
non et ses compagnons pour revenir au pont....
FROISS. i, i, 439. Or nous faut prendre le frein aux
dents, ID. il, n, 4B2. Tout esdenté, mon frein me
fault rongier, CH. B'ORL. Bail. 432. I| xvi" s. Nostre
ame ne sçauroit de son siège atteindre si hault ; il
faut qu'elle le quitte et s'esleve, et, prenant le frein
aux dents, qu'elle emporte et ravisse son homme si
loing, qu'aprez il s'estonne luy mesme de son faict,
MONT. II, 22.
— ÊTYM. Provenç. fren-, fres ; catal. fre; espagn.
et ital. freno; portug. freio; du lat. frenum, qui se
rapproche naturellement de fretus, soutenu, garni;
c'est le radical sanscrit dhar, tenir, porter.
f 2. FREIN (frin), s. m. Vieux terme de mer. Va-
gues qui se brisent contre un obstacle.
— REM. Ce mot devrait être écrit fraint (voy.
l'historique et l'étymologie).
— HIST. xvic s. La première soirée et tout le len-
demain les frains de la mer, qui estoit rude, firent
que le comte ne pust faire descente, D'ADB. Hist. n,
86. La sentinelle ne pouvant les ouir à cause des
freins de l'eau et du grand bruit qu'elle fait en cet
endroit, ID. ib. n, 374.
— ÊTYM. Lat. frangere, qui avait donné, dans l'an-
cien français, fraindre, participe fraint.
FRELAMP1ER (frer-lan-pié ; IV ne se lie jamais),
s. m. Terme populaire et vieilli. Homme de peu et
qui n'est bon à rien.
— HIST. xvi° s. Frelampier, ODDIN, Dict.
— ÊTYM. Ce mot a signifié, dans son origine, le
moine qui avait soin d'allumer les lampes du cou-
vent, et est pour frère-lampier.
FRELATAGE (fre-la-ta-j'), s. m. Action de frela-
ter du vin, des drogues.
— ÊTYM. Frelater.
FRELATÉ, ÉE (fre-la-té, tée), part, passé de fre-
later. Altéré par mélange et sophistication. Vins
frelatés. || Fig. Cela n'est point frelaté, c'est-à-
dire cela est naturel. Son visage est tout neuf et
n'est point frelaté, REGNARD, Démocrile, i, 5. Un
ouvrage qui condamne trop ce goût frelaté intro-
duit parmi nous, VOLT. Lett. Prusse, 40. La vie
frelatée de Paris n'approche assurément pas de la
vie pure, tranquille et doucement occupée qu'on
mène à la campagne , ID. Lett. d'Argental, 27
avr. 4 760.
f FRELATEMENT (fre-la-te-man), s. m, Syno-
nyme de frelalage.
— HIST. xvi° s. Frelatement, COTGRAVE.
— ÊTYM. Frelater.
FRELATER (fre-la-té), v. a. || 1° Au sens propre,
transvaser; conservé seulement en termes de pêche :
passer le hareng caqué d'une futaille dans une au-
tre. || 2° Altérer par mélange ou sophistication, parce
que d'ordinaire ces altérations ne se font pas sans
transvasements. Frelater des eaux-de-vie. || Fig. Ne
laissez point ainsi frelater votre coeur et donnez-le-
moi tel qu'il est, VOLT. Lett: Thiriot, 42 fév. 4739.
|| 3° Se frelater, v. réfl. Être frelaté. Les eaux-de-
vie se frelatent trop souvent.
— HIST. xvi" s.. Pourfaire cela parfaitement bien,
le moien est de frallater [transvaser] ou changer les
vins au huictiesme ou dixiesme jour, prins à leur
origine, les remuans de leurs premiers tonneaux en
autres bien nets et lavés, o. DE SERRES, 213. Le fral-
later ou transvaser n'est indifféremment nécessaire
en toutes sortes de vins, ID. 24 8.
— ÊTYM. Génev. ferlater; Berry, frelassé (dans
cette locution : parler latin frelassé); d'après Diez,
du flamand verlaten, transvaser.
FRELATERIE (fre-la-te-rie), s. f. Synonyme de
frelatage.
FRELATEUR (fre-la-teur), s. m. Celui qui frelate
du vin, des drogues, etc.
— ÊTYM. Frelater.
FRELE (frë-1'), adj. Qui a peu de solidité, de
résistance. Que vois-je? en une frêle barque Quels
insensés fendent les eaux? LAMOTTE , Odes, t. i, I
p. 70, dans POUGENS. Je ne vous réponds pas que j
ma vieille et frêle machine puisse durer jusqu'au
printemps, VOLT. Lett.d'Alembert, 8nov. 4776. Tou-
jours prêt à sortir de ma frêle prison [mourir],
J'en veux du moins -sortir en sage, ID. Lett. Cide-
vûle, 4 9 jany. 4 736. Un frêle appui guide ses pas
pesants, c. DELAV. Paria, m, 4. || Par extension. Un
corps, une santé frêle. Mettant toujours ma frêle
existence à l'ombre de vos ailes, VOLT. Lett. d'Ar-
gental, 24 oct. 4 774. || Fig. La beauté du visage est
un frêle ornement, MOL. Femm. sav. "ni, 6. Tandis
que l'ennemi, par ma fuite trompé, Tenait après son
char un vam peuple occupé, Et, gravant en airain
ses frêles avantages, De mes Etats conquis enchaî-
nait les images, RAC. Mithr. m, 4. || Fig. C'est un
frêle appui que le sien, c'est une bien faible protec-
tion que la sienne.
— HIST. xie s. Altens Noe, et al tems Abraham, Et
à David, qui Deus par ama tant, Bons fut li secles,
jamais n'ot si vailans ; Velz [vieux] est et frailes,
tut s'en vat empirant, St Alexis, n.|| xiie s. [Que]
Karles remaigne por son droit à jugier ; Vielz est et
frelles, ne puet mes chevauchier, Li coron. Looys,
v. 368. || xme s. Quant il les voit devant ses iols
[yeux] Malades etfraires et viols [vieux], DU CANGE,
fragilitatus. || xiv" s. Car li sires de Fiennes, con-
nestable à-present, Devient frailes et vielx.... Gucs-
cl. 46923. || xve s. Gomme femme légère, frêle et
muable de courage, LOUIS XI, NOUV. LXIX. || XVI° S.
Lèvent elevoit en l'air un grand poulcier de ceste
terre fresle [friable] que j'ay ditte, AMYOT, Sertor. 23
Avoir les fondements trop frailes pour s'appuyer de
sa propre force, MONT, I, 430. Mais tu ne veux, o
fleur des jouvenceaux, Ta vertu vendre à si fresle
despense : Le seul honneur te plaist pour recom-
pense, RONS. 626 Donné un fresle verre en lieu
d'un diamant, ID. 708.
— ÊTYM. Ital. fraile; du lat. fragilis, qui, ayant
l'accent sur frag, a donné régulièrement fraile ou
frêle; de frangere, briser (voy. FRAGILE).
t FRELOCHE(fre-lo-ch'),s./'. Poche de gaze ou
d'autre tissu, pour prendre les insedes volants.
(| Poche de toile pour pêcher les insectes aquatiques,
les petits poissons.
— ÊTYM. Voy. FRELUCHE.
4. FRELON (frelon; plusieurs personnes "pronon-
cent frè-lon; c'était la prononciation, dans le xvir
siècle, tellequ'elle est indiquée dans Ménage), s. m.
|| i" Nom vulgaire de la guêpe frelon. Comme on
voit les frelons, troupe lâche et stérile, Aller piller
le miel que l'abeille distille, BOIL.. Sat. i. Les fre-
lons, qui appartiennent au genre des guêpes et qui
les surpassent toutes en grandeur, ne possèdent pas
au même degré que les guêpes souterraines, l'art
de fabriquer du papier avec des fragments de vieux
bois, BONNET, Contempl. nat. xi, 24. || Fig. Celui qui,
étant incapable de faire un ouvrage, cherche à
le décrier, et quelquefois à s'en emparer. Quant
mon livre de l'Esprit des lois, j'entends quelques
frelons qui bourdonnent autour de moi ; mais, si les
abeilles y cueillent un peu de miel, cela me suffit,
MONIESQ. Corresp. 34. || 2° Terme de fauconnerie.
Poil qui sort des naseaux de l'oiseau. . : "
— HIST. xvie s. Comme en proverbe l'on dit :
irriter les frelons, mouvoir la Camarine [proverbe
grec: |iT)xiva Kauâpivav], esveigler le chat qui dort,
RAB. ni, 44. Les abeilles ne deviennent point fres-
lons, COTGRAVE.
— ÊTYM. Norni. freulon, frûlon, furon, foulon;
picard, foulon ; Berry, grêlon, grolon, groulon, et
aussi frelon. Diez le tire de frêle, à cause que le
corps du frelon est mince comme celui de la guêpe,
et il rattache grêlon du Berry à grêle, mince. Frêle',
nom, en Normandie, de l'insecte dit demoiselle,
vient à l'appui de cette opinion, qui n'en reste pas
moins sujette à des doutes. Faudrait-il trouver quel-
que rapport entre frelon et le verbe fréter, qui dans
le Berry signifie frotter, et, dans d'autres endroits,
brûler avec le bruit que font les cheveux en brûlant?
2. FRELON (fre-lon), s. m. Houx-frelon, petit-
houx ou housson (voy. FRAGON).
— HIST. xive s. En celluy fort yver leurs cham-
bres estoient bien nettes et sans feu ; et qui trou-
vast aucunes feuilles vertes, elles feussent jon-
chées par l'hostel, et la cheminée estoit houssée,
comme en esté, de fraillon ou de aucune . chose
verte, LE CHEV. DE LA'TOUR, Instr. à ses filles, f° 60,
dans LACURNE.
— ÊTYM. La forme primitive parait être fregon
(voy. FRAGON à l'historique), et l'on peut conjectu-
rer que le g s'est changé en l par assimilation
avec frelon 4.
FRELUCHE (fre-lu-ch'), s. f. || 1° Petite houppode
soie sortant d'un bouton, d'un gland, etc. Ganse à
FRE
FRE
FRE
Genre d'oiseaux de la famille des corvidées, de l'or-
dre des omnivores, où l'on distingue le frégile d'Eu-
rope, dit vulgairement choucas à bec et à pieds
rouges.
t. FREIN (frin ; Vn ne se lie pas : un frin argenté;
au pluriel, l's se lie : des frin-z' argentés), s. m.
|| 1" Autre nom du mors, partie de la bride qu'on
passe dans la bouche du cheval pour le gouverner,
s...Les chevaux, que leur sang effarouche, Boulever-
sent leur charge, et n'ont ni frein ni bouche, CORN.'
Lesvict.duroien 1672. Ils ne connaissent plus ni
le frein ni là voix, RAC, Phèdre, v, e. Ses coursiers
n'obéissent plus au frein, FÉN. Tél. xxiv. || Fig. Il
est vrai qu'il [le diable] a ses forces entières; mais
celui qui les lui a laissées pour son supplice, lui a
mis un frein dans les mâchoires, et ne lui lâche la
bride qu'autant qu'il lui plaît, BOSS. 2» sermon, dé-
mons, 3. Celui qui met un frein à la fureur des
flots, RAC. Athal. i, 4.11 mord en frémissant le frein
'de l'esclavage, VOLT. Als. i, 4. || Ronger son frein,
se dit du cheval qui, forcé au repos, mâche le frein
qu'il a dans la bouche. Le superbe coursier que Di-
don devait monter rongeait son frein à l'attendre,
LE p. CATROU, dans DESFONTAINES. || Fig. Ronger son
frein, réprimer le dépit qu'on éprouve. Le marquis
d'Harcourt rongeait son frein de n'avoir pas eu la
liberté de traiter avec la reine pour l'amirauté,
ST-SIM. 84,43. || Ronger son frein, signifie aussi être
condamné à l'ennui. La plupart aux grands airs élè-
vent leurs aînées, Tandis qu'en un couvent, lieu pour
elles malsain, Les cadettes nonnains sont à ronger
leur frein, HAUTEROCHE, Bourg, de qualité, m, 4.
|| Prendre le frein aux dents, s'emporter, en par-
lant du cheval ; locution venant de ce que, le frein
exerçant son influence sur le fond de la bouche et
la jonction des lèvres, le cheval y échappé en re-
mettant le frein en avant et en le tenant dans les
dents. On dit plutôt aujourd'hui prendre le mors
aux dents. || Fig. Prendre le frein aux dents, se li-
vrer avec emportement à quelque chose, n'être plus
retenu. .||.2°'.Fig. Ce qui retient sous l'autorité, dans
les. bornes du devoir, de la raison. Les nouvel-
les villes étaient un frein à qui voudrait remuer,
VADGEL. Q, C,\. x, dans RiCHELET. C'est [la con-
fession] un frein merveilleux pour arrêter notre
coeur, et pour réprimer ses désirs criminels, BOUR-
DAL. 43" dim. après la Pentec. Dominic. t. m,
p. 674. Mais de combattre en elle et dompter ses
faiblesses.... Mettre un frein à son luxe, à son
ambition, BOIL. Sot. x. Quel frein pourrait d'un
peuple arrêter, la licence? RAC. Iphig. iv, 4. Digne
emploi d'un ministre ennemi des flatteurs, Choisi
pour mettre un frein à ses jeunes ardeurs, m.
Brit. m, 3. Je sais combien crédule en sa dévotion,
Le peuple suit le frein de la religion, in. Bajaz. î,
2. Qu'un roi n'a d'autre frein que sa volonté même,
ID. Âthal. iv, 3. Ils ne mettent plus de frein
à leurs passions, FÉN. Tél. XXII. Ils ne connaissent
plus d'autre frein que leur volonté, MASS. Pet. ca-
rême, Tent. Nasica, dans cette vue, voulait lui
laisser [à Rome] la crainte de Carthage comme un
frein pour modérer et réprimer son audace, ROLLIN,
Hist. anc. QEùv. t. i, p. 624, dans POUGRNS. En
d'autres temps mon courage tranquille Au frein de
vos leçons serait souple et docile, VOLT. Mèrope, v,
3. La crainte d'être Reposé est un plus grand frein
pour les empereurs turcs que les lois de l'Alcoran,
ID. Moeurs, 93. Être méprisé de ceux avec qui l'on
vit est une chose que personne n'a jamais pu et ne
pourra jamais supporter; c'est peut-être le plus grand
frein que la nature ait mis aux injustices des hom-
meSj ID. Trait, métaph. ch. 9. Si vous ne reconnais-
sez point de Dieu, quel frein aurez-vous pour les
crimes secrets ? m. Honnêt. litlér. 27. || Mettre un
freina sa langue, s'abstenir déparier par prudence
ou par honnêteté. || 3° Terme d'anatomie. Nom de
certains ligaments, qui brident ou retiennent une
partie. Le frein dé la langue. |j Le frein du prépuce,
petit repli qui unit le prépuce au glàhd. || Les freins
de la glande pinéale, ses pédoncules supérieurs.
|| Terme d'entomologie. Crochet de l'aile des lépido-
ptères. ||4" Cerceau autour du rouet du moulina
vent, qui arrête le moulin par le moyen d'une bas-
cule. [15° Terme dé mécanique. Appareil pour mo-
dérer bu détruire la vitesse d'un mécanisme. Le frein
d'une locomotive. || Frein dynamométrique, appareil
pour mesurer le travail des moteurs. [| Proverbe. X
vieille mule frein doré, se dit pour se moquer d'une
vieille qui se pare pour faire la jeune.
— HIST. xi' s. Li frein sont d'or, les selles d'ar-
gent mises, Ch. de Bol. vu. || xn" s. Donc [il] laisse
courre à plein fren estendu, Ro'nc. p. 60. La cruiz
[croix] arcevesqual fist porter à sa destre, E la reis-
gne [rêne] del frein tint en la main senestre, Th. le
i mari. 38. || xnr s. S tant es vous un musart qui le
prit par le l'rain et le vot [voulut] retourner ariere,
! Chr. de Bains, 14 8. Que la premeraine vertu, C'est
de mètre en sa langue frain, la Base, 70S9. Pren
durement as dens le.frain, Et donte ton cuer et re-
frain, ib. 3079. Cil qui ensuit sa volenté sanz frain de
raison, vit à loi de beste sanz vertu, BRUN, LATINI,
Trésor, p. 337. Frains d'or ne fait meillor cheval,
ID. ib. p. 457. || xivc s. Il estoit li premiers au frein
de l'ainsné filz du roy [son premier gouverneur],
dans MORÉRI, iloréuil Bernard, 6e du nom. || xv« s.
Quand le sire de Bauderoden les vit venir, il tourna
son frein tout sagement, et fit chevaucher son pen-
non et ses compagnons pour revenir au pont....
FROISS. i, i, 439. Or nous faut prendre le frein aux
dents, ID. il, n, 4B2. Tout esdenté, mon frein me
fault rongier, CH. B'ORL. Bail. 432. I| xvi" s. Nostre
ame ne sçauroit de son siège atteindre si hault ; il
faut qu'elle le quitte et s'esleve, et, prenant le frein
aux dents, qu'elle emporte et ravisse son homme si
loing, qu'aprez il s'estonne luy mesme de son faict,
MONT. II, 22.
— ÊTYM. Provenç. fren-, fres ; catal. fre; espagn.
et ital. freno; portug. freio; du lat. frenum, qui se
rapproche naturellement de fretus, soutenu, garni;
c'est le radical sanscrit dhar, tenir, porter.
f 2. FREIN (frin), s. m. Vieux terme de mer. Va-
gues qui se brisent contre un obstacle.
— REM. Ce mot devrait être écrit fraint (voy.
l'historique et l'étymologie).
— HIST. xvic s. La première soirée et tout le len-
demain les frains de la mer, qui estoit rude, firent
que le comte ne pust faire descente, D'ADB. Hist. n,
86. La sentinelle ne pouvant les ouir à cause des
freins de l'eau et du grand bruit qu'elle fait en cet
endroit, ID. ib. n, 374.
— ÊTYM. Lat. frangere, qui avait donné, dans l'an-
cien français, fraindre, participe fraint.
FRELAMP1ER (frer-lan-pié ; IV ne se lie jamais),
s. m. Terme populaire et vieilli. Homme de peu et
qui n'est bon à rien.
— HIST. xvi° s. Frelampier, ODDIN, Dict.
— ÊTYM. Ce mot a signifié, dans son origine, le
moine qui avait soin d'allumer les lampes du cou-
vent, et est pour frère-lampier.
FRELATAGE (fre-la-ta-j'), s. m. Action de frela-
ter du vin, des drogues.
— ÊTYM. Frelater.
FRELATÉ, ÉE (fre-la-té, tée), part, passé de fre-
later. Altéré par mélange et sophistication. Vins
frelatés. || Fig. Cela n'est point frelaté, c'est-à-
dire cela est naturel. Son visage est tout neuf et
n'est point frelaté, REGNARD, Démocrile, i, 5. Un
ouvrage qui condamne trop ce goût frelaté intro-
duit parmi nous, VOLT. Lett. Prusse, 40. La vie
frelatée de Paris n'approche assurément pas de la
vie pure, tranquille et doucement occupée qu'on
mène à la campagne , ID. Lett. d'Argental, 27
avr. 4 760.
f FRELATEMENT (fre-la-te-man), s. m, Syno-
nyme de frelalage.
— HIST. xvi° s. Frelatement, COTGRAVE.
— ÊTYM. Frelater.
FRELATER (fre-la-té), v. a. || 1° Au sens propre,
transvaser; conservé seulement en termes de pêche :
passer le hareng caqué d'une futaille dans une au-
tre. || 2° Altérer par mélange ou sophistication, parce
que d'ordinaire ces altérations ne se font pas sans
transvasements. Frelater des eaux-de-vie. || Fig. Ne
laissez point ainsi frelater votre coeur et donnez-le-
moi tel qu'il est, VOLT. Lett: Thiriot, 42 fév. 4739.
|| 3° Se frelater, v. réfl. Être frelaté. Les eaux-de-
vie se frelatent trop souvent.
— HIST. xvi" s.. Pourfaire cela parfaitement bien,
le moien est de frallater [transvaser] ou changer les
vins au huictiesme ou dixiesme jour, prins à leur
origine, les remuans de leurs premiers tonneaux en
autres bien nets et lavés, o. DE SERRES, 213. Le fral-
later ou transvaser n'est indifféremment nécessaire
en toutes sortes de vins, ID. 24 8.
— ÊTYM. Génev. ferlater; Berry, frelassé (dans
cette locution : parler latin frelassé); d'après Diez,
du flamand verlaten, transvaser.
FRELATERIE (fre-la-te-rie), s. f. Synonyme de
frelatage.
FRELATEUR (fre-la-teur), s. m. Celui qui frelate
du vin, des drogues, etc.
— ÊTYM. Frelater.
FRELE (frë-1'), adj. Qui a peu de solidité, de
résistance. Que vois-je? en une frêle barque Quels
insensés fendent les eaux? LAMOTTE , Odes, t. i, I
p. 70, dans POUGENS. Je ne vous réponds pas que j
ma vieille et frêle machine puisse durer jusqu'au
printemps, VOLT. Lett.d'Alembert, 8nov. 4776. Tou-
jours prêt à sortir de ma frêle prison [mourir],
J'en veux du moins -sortir en sage, ID. Lett. Cide-
vûle, 4 9 jany. 4 736. Un frêle appui guide ses pas
pesants, c. DELAV. Paria, m, 4. || Par extension. Un
corps, une santé frêle. Mettant toujours ma frêle
existence à l'ombre de vos ailes, VOLT. Lett. d'Ar-
gental, 24 oct. 4 774. || Fig. La beauté du visage est
un frêle ornement, MOL. Femm. sav. "ni, 6. Tandis
que l'ennemi, par ma fuite trompé, Tenait après son
char un vam peuple occupé, Et, gravant en airain
ses frêles avantages, De mes Etats conquis enchaî-
nait les images, RAC. Mithr. m, 4. || Fig. C'est un
frêle appui que le sien, c'est une bien faible protec-
tion que la sienne.
— HIST. xie s. Altens Noe, et al tems Abraham, Et
à David, qui Deus par ama tant, Bons fut li secles,
jamais n'ot si vailans ; Velz [vieux] est et frailes,
tut s'en vat empirant, St Alexis, n.|| xiie s. [Que]
Karles remaigne por son droit à jugier ; Vielz est et
frelles, ne puet mes chevauchier, Li coron. Looys,
v. 368. || xme s. Quant il les voit devant ses iols
[yeux] Malades etfraires et viols [vieux], DU CANGE,
fragilitatus. || xiv" s. Car li sires de Fiennes, con-
nestable à-present, Devient frailes et vielx.... Gucs-
cl. 46923. || xve s. Gomme femme légère, frêle et
muable de courage, LOUIS XI, NOUV. LXIX. || XVI° S.
Lèvent elevoit en l'air un grand poulcier de ceste
terre fresle [friable] que j'ay ditte, AMYOT, Sertor. 23
Avoir les fondements trop frailes pour s'appuyer de
sa propre force, MONT, I, 430. Mais tu ne veux, o
fleur des jouvenceaux, Ta vertu vendre à si fresle
despense : Le seul honneur te plaist pour recom-
pense, RONS. 626 Donné un fresle verre en lieu
d'un diamant, ID. 708.
— ÊTYM. Ital. fraile; du lat. fragilis, qui, ayant
l'accent sur frag, a donné régulièrement fraile ou
frêle; de frangere, briser (voy. FRAGILE).
t FRELOCHE(fre-lo-ch'),s./'. Poche de gaze ou
d'autre tissu, pour prendre les insedes volants.
(| Poche de toile pour pêcher les insectes aquatiques,
les petits poissons.
— ÊTYM. Voy. FRELUCHE.
4. FRELON (frelon; plusieurs personnes "pronon-
cent frè-lon; c'était la prononciation, dans le xvir
siècle, tellequ'elle est indiquée dans Ménage), s. m.
|| i" Nom vulgaire de la guêpe frelon. Comme on
voit les frelons, troupe lâche et stérile, Aller piller
le miel que l'abeille distille, BOIL.. Sat. i. Les fre-
lons, qui appartiennent au genre des guêpes et qui
les surpassent toutes en grandeur, ne possèdent pas
au même degré que les guêpes souterraines, l'art
de fabriquer du papier avec des fragments de vieux
bois, BONNET, Contempl. nat. xi, 24. || Fig. Celui qui,
étant incapable de faire un ouvrage, cherche à
le décrier, et quelquefois à s'en emparer. Quant
mon livre de l'Esprit des lois, j'entends quelques
frelons qui bourdonnent autour de moi ; mais, si les
abeilles y cueillent un peu de miel, cela me suffit,
MONIESQ. Corresp. 34. || 2° Terme de fauconnerie.
Poil qui sort des naseaux de l'oiseau. . : "
— HIST. xvie s. Comme en proverbe l'on dit :
irriter les frelons, mouvoir la Camarine [proverbe
grec: |iT)xiva Kauâpivav], esveigler le chat qui dort,
RAB. ni, 44. Les abeilles ne deviennent point fres-
lons, COTGRAVE.
— ÊTYM. Norni. freulon, frûlon, furon, foulon;
picard, foulon ; Berry, grêlon, grolon, groulon, et
aussi frelon. Diez le tire de frêle, à cause que le
corps du frelon est mince comme celui de la guêpe,
et il rattache grêlon du Berry à grêle, mince. Frêle',
nom, en Normandie, de l'insecte dit demoiselle,
vient à l'appui de cette opinion, qui n'en reste pas
moins sujette à des doutes. Faudrait-il trouver quel-
que rapport entre frelon et le verbe fréter, qui dans
le Berry signifie frotter, et, dans d'autres endroits,
brûler avec le bruit que font les cheveux en brûlant?
2. FRELON (fre-lon), s. m. Houx-frelon, petit-
houx ou housson (voy. FRAGON).
— HIST. xive s. En celluy fort yver leurs cham-
bres estoient bien nettes et sans feu ; et qui trou-
vast aucunes feuilles vertes, elles feussent jon-
chées par l'hostel, et la cheminée estoit houssée,
comme en esté, de fraillon ou de aucune . chose
verte, LE CHEV. DE LA'TOUR, Instr. à ses filles, f° 60,
dans LACURNE.
— ÊTYM. La forme primitive parait être fregon
(voy. FRAGON à l'historique), et l'on peut conjectu-
rer que le g s'est changé en l par assimilation
avec frelon 4.
FRELUCHE (fre-lu-ch'), s. f. || 1° Petite houppode
soie sortant d'un bouton, d'un gland, etc. Ganse à
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