Titre : Dictionnaire de la langue française.... Tome 2 / par É. Littré,...
Auteur : Littré, Émile (1801-1881). Auteur du texte
Éditeur : L. Hachette (Paris)
Date d'édition : 1873-1874
Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30824717s
Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12250808s
Type : monographie imprimée monographie imprimée
Langue : français
Format : 4 vol. ; gr. in-4 4 vol. ; gr. in-4
Description : [Dictionnaire de la langue française (français)] [Dictionnaire de la langue française (français)]
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5406698m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-49511
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/12/2008
1T66
FRA
FRA
FRA
à être prise. Pourquoi jouer ainsi? vous aviez la
dame franche. || 13° Terme d'horticulture. Dans le
sens le plus étendu, se dit de tout arbre qui n'a
pas été greffé. || Dans un sens plus étroit. Un ar-
bre franc de pied, ou, simplement, arbre franc,
arbre qui, sans avoir besoin d'être greffé, produit
une bonne espèce de fruit. Un prunier franc. || On
le dit quelquefois des fruits mêmes. Noisettes
franches. Pèche franche. || Enter franc sur sauva-
geon, enter un scion d'un arbre franc sur un sau-
vageon. || Enter franc sur franc, greffer un arbre
franc sur un arbre franc. ||Fig. et par plaisanterie.
Enter franc sur franc, se dit d'un bâtard qui a
un autre bâtard. || 14° Cheval franc du collier, voy.
COLLIER. || Franc d'amble, se dit d'un cheval qui va
l'amble naturellement. || 15° Franc carreau, nom
d'un jeu, qui consiste à jeter une pièce de monnaie
dans un carré qu'on a tracé sur la terre. Le vain-
queur est celui qui approche le plus du centre.
|| 16° Terme de coutume. Franche vérité, acte de
justice d'un seigneur qui fait informer par ses juges
des délits commis sur ses terres. |) 17° Terme de
blason. Franc canton, pièce .à dextre dans un carré.
|| 18° Terme d'argot. Franc bourgeois, nom donné à
des filous qui quêtent pour des infortunes imagi-
naires. || 19° Franc, adv. Ouvertement, résolument,
sans rien déguiser; il ne se dit qu'avec tout, un
peu. Elle est assez jolie, mais, tout franc, vous l'êtes
encore plus qu'elle, HAUTEROCHE,COC?I. supposé, 4 5.
Je vous dirai tout franc que cette maladie, Partout
où vous allez, donne la comédie, MOL. Mis. i, 4. Je
vous parle un peu franc, mais c'est là mon humeur,
Et je ne mâche point ce que j'ai sur le coeur, ID.
Tort, i, 4. Je lui disais parfois : Monsieur Perrin
Dandin, Tout franc, vous vous levez tous les jours
trop matin ; Qui veut voyager loin ménage sa mon-
ture, RAC. Plaid, i, 4. J'ai une grâce à demander à
votre Altesse Koyale, c'est, tout franc, qu'elle me
loue un peu moins, VOLT. Lett. prince de Prusse,
4 44. || Franc et net, même sens. Je lui ai dit franc et
net ce que je pensais de sa conduite. || Franc-pen-
sant, s'est dit pour libre penseur. Cet acte, qui
paraît si ridicule à milord Bolingbroke, à Wools-
ton, et à tous les franc-pensants, VOLT. Déf. de
Bolingbroke, ch. 32. || Entièrement, sans qu'il y
manque rien. II sauta le fossé franc, tout franc.
|| Avec exemption de toutes charges, peines, dettes,
etc. Il ne reste pas trois ans [de bonheur] franc et
quitte pour les plus heureux, VOLT. Dial. xxiv, 4 6.
— HIST. XI" s. E cil frans hoem qui aveit.... Lois
de Guill. S. Franc chevalier, dit l'emperere Char-
les, Ch. de Roi. xx. ||xir» s. Morz est Rolant, li
francs coms, li prisez, Ronc. p. 4 07. Hé! franche
riens pour qui je muir amanz, Coud, xx. Mais onc
[il] n'ot fil ne fille de sa franche moillier, Saa. iv.
Ne remest à semondre chevaliers ne frans hom, ib.
xxv. Pur ço est France franche, par les sains où je
fuij Que cil Ici mestier unt i viengent [viennent] à
refui; Multseit il bienvenu.... Th. le mart. 64. De
nule rien purquant ne s'en ad esmaié, Mais de sun
païs out et tendrur e pitié, E des francs qui li ou-
rent en sun eissil aidié, ib. 423. ||xnie s. Mais
douce et débonnaire et de franche matière, Bcrte,
IV. Frans rois, où est ma fille, la blonde, l'eschevie ?
ib. xc. Quant tu du cors départiras, Tous francs ou
saint ciel l'en iras, F.t lesseras humanité, Vivans en
pure deité, la Rose, 6046. Car frans voloirs [libre ar-
bitre] est si poissans.... ib. 47777. La sorquanie qui
fu blanche, Senefioit que douce et franche Estoit celé
qui la vestoit, ib. 4 228. Tout li enfant que celé porte
qui est serve, sont serf, tout soit ce que li pères soit
frans hons.... BEAUM. XLV, 45. Es viles campestres,
nul ne pot mesonner si près de moi que li uegous
de me [ma] meson ne me demeurt tos franz, ID.
XXIV, 22. Bien doivent estre tel jor franc et délivre
de pies, ID. 62. Chetivoisons [captivité] et servage
sont contrere au droit naturel, qar au commence-
ment neissoient tuit li home franc par le droit na-
turel, PIERRE DE FONT. 476. ||xiv° s. Vin franc [non
aigri], tlénagier, n, 6. ||xv«s.Et demeura la bonne
cité de Tournay franche et entière, qui avoit esté
en très grand péril [le siège était levé], FROISS. I, I ,
4 46. Quand ceux du franc [le franc, canton de Bru-
ges qui avait des franchises] entendirent que le
comte de Flandres estoit paisiblement à Bruges....
ID. liv. il, p. 447, dans LACURNE. Huyt cens hom-
mes de guerre.... lesquelz furent tous délivrez francz
et quittes, excepté luy qui fut mené à Basle, COMM.
IV, 2. Le roy Charles VII ordonna, en chacune
paroisse de son royaume, estre entretenu un archer,
aux despens des villages, et furent nommez francz
archers, pour ce que le roy les fit tenir quittes de
toutes aides et subsides, Hist. chron. depuis 4 400-
1467, p. 347, dans LACURNE. Plusieurs compaignons
commencèrent à jouer un jeu, que on dit au plus
franc [c'est le jeu nommé franc du carreau], DU
CANGE, francum Mais en pou de langage Meres-
pont franc : povreté te dépose ; Riche amoureux a
toujours Favantage, VILLON, Ballade. Mil quatre
cens cinquante six, Je François Villon, escolier, Con-
sidérant de sens rassis, Le frein aux dents, franc au
collier, ID. ib. \\ xvi" s. [La terre était blanche] Par
force espics plains de grain bel et franc, Prests à
cueillir, MAROT, IV, 47 Ce qui est franc, s'y
doit tenir Sans point vouloir serf devenir, ID. iv,
4 90. Nous parlerons du franc et du serf arbitre de
l'homme, CALV. Instit. 462. Au regard de la volonté
nous sommes inexcusables, veu qu'estant franche,
elle s'est faite serve du péché, ID. ib. 242.Rendre les
traficques et négociations libres et franches, MONT.
I, 4 4 8. On nous a tant assubjectis aux chordes, que
nous n'avons plus de franches allures, ID. I, 464.
Que cherche elle tant que ses coudées franches?
ID. II, 173. Le bon Froissarda marché d'une si fran-
che naïfveté, que....m.n, 4 4 0. Les arbres qui crois-
sent naturellement es bois sont appeliez sauvages :
et estans transplantez on les appelle francs, PALISSY,
4 72. Chacun, estant de retour chez soy, auroitpour
le moins la moitié de sa paye franche, LANOUE, 279.
Les sauvageaux qui seraient entez sur cest arbre
franc et bien cultivé, en prenant nourriture d'ice-
luy, viendraient avecques le temps à porter fruits
semblables, ID. 284. Le pueple des Pals bas est d'une
nature franche ; par douceur et humanité non feinte
on remue les affections de son coeur, ID. 397. Ne
plus ne moins qu'un fruict franc, qui serait altéré
par adjonction de matière et nourriture sauvage,
AMVOT, La vertu se peut apprendre, 4. Ny l'oeil en-
flammé ne reçoit une claire lumière, ny ï'ame pas-
sionnée un parler franc, ny une reprehension toute
crue, ID. Com. discern. h flat. de l'ami, 68. Il lui
repondit brutallement en franc estourdi.... D'AUB. Vie,
xvni. De francs scélérats, ID. ib. xxxm. D'Aubigné
en franc Gaulois fit des remontrances à la dame de
Carnavalet, ID. ib. Tous sergens bien francs.... à re-
nommée etsans reproche, Nouv. coust. gén. t. 11, p.
604. Un franc à tripe [un glouton, un parasite],
OUDIN, Dict. Lorsqu'un bien est donné franc des
eaux et des vents [en bon état, bien clos].... Nouv.
coust. gén. t. 1, p. 4 034.
— ËTYM. Provenç. franc; espagn. portug. etital.
franco; du lat. francus,nom du peuple (voy. FRANC 4 )
ayant conquis la Gaule, qui devint une qualification
indiquant la bonne origine et la liberté. Dans ce
mot, ainsi que dans quelques autres fort rares, il est
vrai, l'usage avait conservé le génitif pluriel latin :
Qui tant bien me pria et par si grant douçour De
vostre cors garder contre la gent francour, Ch. d'Ant.
vin, 4 063. Gent francour, gens Francorum. Uns
altres li promist altre si grant honur, Que jà ne
li faudreit pur nul humme à nul jur, N'il ne cremi
les reis l'Engleis ne le Francur, Th. le mart. 4 00.
Le Francur (sous-entendu roi), rex Francorum.
4. FRANC, FRANQUE (fran, fran-k'), s. m. et f.
H 1° Nom générique des Européens dans les ports du
Levant. Le quartier des Francs. || 2° Adj. Langue
franque, jargon mêlé d'italien, d'espagnol, etc. à
l'usage des Francs d'Orient. Molière a écrit des
strophes en langue franque, dans le Bourgeois gen-
tilhomme, iv, 4 0 et 14.
— ÉTYM. Franc est le nom que les Orientaux,
depuis les croisades, donnent aux Occidentaux, à
cause du grand rôle que les Français jouèrent dans
ces expéditions.
FRANÇAIS, AISE (fran-sê, sê-z'), adj. || 1° Qui est
de France. Le territoire français. Le caractère fran-
çais. L'Académie française. Il semble que la bonne
fortune de la langue française lui ait ménagé cette
glorieuse prérogative d'être la première qui ait paru
réunie en un corps si vaste et si étendu [un dic-
tionnaire complet], Préf. du Dict. de FURETIÈRE.
Dans le siècle passé, Charles Quint, d'ailleurs en-
nemi mortel de la France, aimait si fort la langue
française qu'il s'en servit pour haranguer les Etats
des Pays-Bas le jour qu'il fit son abdication, ib. Il
n'y a que les coeurs français qui connaissent cette
sorte de délicatesse, J. J. ROUSS. Conf. x. || Par ex-
tension. Être tout Français, être attaché aux inté-
rêts de la France. Comme le sénateur [Morstein]
était tout Français, son témoignage fit employer
Caillières, ST-SIM. 42, 24 4. J'étais Français ardent
[ardent partisan des Français], et cela me rendit nou-
velliste, J. J. ROUSS. Conf. v. Il Théâtre français,,
théâtre de Paris consacré spécialement à la repré-
sentation des tragédies et des comédies. On dit, dans
lemême sens, au pluriel, les Français. Allons aux
Français voir Ciima. Au sortir du concert je le mène
aux Français, Où j'ai depuis huit jours* une loge
louée, BOISSY, Deh: tromp. m, 6. || Les Françaisponr
la Comédie française, ellipse née pendant la rêvo •
lution, iimo DE GENUSj Mém. t. v. p. 91. C'est nne
erreur de Mme de Genlis, comme on le voit par
l'exemple de Boissy, dont la comédie citée plus haut
est de 4740. y2°S. m. et/-. Celui, celle qui est née
en France. Un Français. Une Française. L'on doit
demeurer d'accord que les Français ont quelque
chose en eux de poli, de galant, que n'ont point les
autres nations, MOL. le Sicil. 4 4. Un homme qui
aurait vécu sous Louis XIV et qui reviendrait au
monde ne reconnaîtrait plus les Français; il croi-
rait que les Allemands ont conquis ce pays-ci, VOLT
Lett. Cideville, 4 6 avr. 4735. Sous Hugues Capet,
Robert, Henri et Philippe, on n'appela Français que
les peuples en deçà de la Loire, ID. Dict. phil.
Franc, France. Le résultat de cette savante con-
versation fut qu'on devait donner le nom de Francs
aux pillards, le nom de Velches aux pillés et aux
sots, et celui de Français à tous les gens aimables,
ID. Disc, aux Velches, Suppl. || Collectivement. Le
Français est léger. Le Français, né malin, forma
le vaudeville, BOIL. Art p. 11. || Roi des Français,
qualification donnée à Louis XVI en 4 789, d'après
une distinction subtile et fausse de J. J. Rousssau
qui prétendait que le nom de la terre après le mit
roi, empereur, impliquait la possession absolue du
sol et même des personnes. Cette qualification l'ut re-
prise par Louis-Philippe en 4 830. || 3° S. m. Le fran-
çais, la langue française. Apprendre, enseigner le
français. La capitale de l'empire romain et de l'Église
latine, où toutes les autres langues devraient se taire,
quand le latin parle, Rome, dis-je, observe pourtant
cette coutume dans la publication du jubilé, que
deux prêtres en lisent la \ille, l'un en latin, l'autre
en français sur deux chaires différentes dans l'église
de Saint-Pierre du Vatican, Préf. du Dict. de FURE-
TIÈRE. Ce qui rend encore le français plus commun,
c'est la perfection où le théâtre' a été porté dans
cette langue; c'est à Cmna, à Phèdre, au Misan-
thrope qu'elle a dû sa vogue, et, non pas aux con-
quêtes de Louis XIV, VOLT. Dict. phil. Langues. On
prétend que le latin était, parla vivacité des ellipses
et par la variété des inversions, plus propre à l'élo-
quence; le français le serait plus à la philosophie
par l'ordre et la simplicité de la syntaxe, DUCLOO,
Gramm. CEuv. t. ix, p. 94, dans POUGENS. || Écrire
en français, écrire correctement dans la langue fran-
çaise. Je me pique seulement d'écrire en français ;
c'est un devoir indispensable que tout le monde a
négligé depuis Racine, VOLT. Lett. d'Argental, 2
mars 4 772. || En langage d'écolier, le bon français,
la traduction plus élégante qui se fait après l'expli-
cation littérale. Mettez ce morceau en bon français.
Répéter le bon français. || Entendre le français, com-
prendre la langue française. || Fig. Entendra le
français, comprendre à demi-mot. Hé ! pourquoi
donc ne pas parler ? que craignez-vous ? les petites
filles du palais entendent le français, monsieur, je
vous en réponds, DANCOURT, la Gagette, se; 2. M. de
Duras se disposait à se trouvera Versailles; le roi
lui manda de ne point venir et de ne songer qu'à
sa santé : il entendit le français et demeura à Paris,
ST-SIM. 408, 4 64. || Familièrement. Entendez-vous le
français? comprenez-vous mon avertissement, ma
menace, etc.? || J'entends le français, je vous com-
prends parfaitement. |JEn bon français, clairement,
franchement, sans ménagement. Notre ennemi,
c'est notre maître : Je vous le dis en bon français,
LA FONT. Fabl. vi, 8. Qu'est-ce donc? qu'ai-je fait?
— Le sot, en bon français, MOL. l'Ét. i, 8. || Adjec-
tivement. Ce qui n'est pas clair n'est pas français.
Il Cela n'est pas français, se ditd'un propos contraire
à l'honneur, au sentimentnational, à la galanterie.
Il Adverbialement. Parler français, s'exprimer en
langage français. Cet étranger parle français. On
l'entend [la langue française] et on la parle dans
toutes les cours de l'Europe, et il n'est point rare
d'y trouver des gens qui parlent français et qui
écrivent en français aussi purement que les Fran-
çais mêmes, Préf. du Dict. de FURETIÈRE. Parlez
grec, latin, italien au peuple, mais parlez français
au sage, DIDER. Lettre sur les sourds et muets.
Il Fig. Parler français, s'expliquer clairement, in-
telligiblement. Il Parler français, expliquer nette-
ment son intention sur quelque affaire. Expliquez-
vous, on a bien de la peine à vous faire parler
français. Ce discours était assez net, et il était dif-
ficile de parler plus français , MARIV. Marianne,
4'" part. Il Parler français à quelqu'un, lui parler
avec autorité et d'un ton menaçant. Mmevde Mon-
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à être prise. Pourquoi jouer ainsi? vous aviez la
dame franche. || 13° Terme d'horticulture. Dans le
sens le plus étendu, se dit de tout arbre qui n'a
pas été greffé. || Dans un sens plus étroit. Un ar-
bre franc de pied, ou, simplement, arbre franc,
arbre qui, sans avoir besoin d'être greffé, produit
une bonne espèce de fruit. Un prunier franc. || On
le dit quelquefois des fruits mêmes. Noisettes
franches. Pèche franche. || Enter franc sur sauva-
geon, enter un scion d'un arbre franc sur un sau-
vageon. || Enter franc sur franc, greffer un arbre
franc sur un arbre franc. ||Fig. et par plaisanterie.
Enter franc sur franc, se dit d'un bâtard qui a
un autre bâtard. || 14° Cheval franc du collier, voy.
COLLIER. || Franc d'amble, se dit d'un cheval qui va
l'amble naturellement. || 15° Franc carreau, nom
d'un jeu, qui consiste à jeter une pièce de monnaie
dans un carré qu'on a tracé sur la terre. Le vain-
queur est celui qui approche le plus du centre.
|| 16° Terme de coutume. Franche vérité, acte de
justice d'un seigneur qui fait informer par ses juges
des délits commis sur ses terres. |) 17° Terme de
blason. Franc canton, pièce .à dextre dans un carré.
|| 18° Terme d'argot. Franc bourgeois, nom donné à
des filous qui quêtent pour des infortunes imagi-
naires. || 19° Franc, adv. Ouvertement, résolument,
sans rien déguiser; il ne se dit qu'avec tout, un
peu. Elle est assez jolie, mais, tout franc, vous l'êtes
encore plus qu'elle, HAUTEROCHE,COC?I. supposé, 4 5.
Je vous dirai tout franc que cette maladie, Partout
où vous allez, donne la comédie, MOL. Mis. i, 4. Je
vous parle un peu franc, mais c'est là mon humeur,
Et je ne mâche point ce que j'ai sur le coeur, ID.
Tort, i, 4. Je lui disais parfois : Monsieur Perrin
Dandin, Tout franc, vous vous levez tous les jours
trop matin ; Qui veut voyager loin ménage sa mon-
ture, RAC. Plaid, i, 4. J'ai une grâce à demander à
votre Altesse Koyale, c'est, tout franc, qu'elle me
loue un peu moins, VOLT. Lett. prince de Prusse,
4 44. || Franc et net, même sens. Je lui ai dit franc et
net ce que je pensais de sa conduite. || Franc-pen-
sant, s'est dit pour libre penseur. Cet acte, qui
paraît si ridicule à milord Bolingbroke, à Wools-
ton, et à tous les franc-pensants, VOLT. Déf. de
Bolingbroke, ch. 32. || Entièrement, sans qu'il y
manque rien. II sauta le fossé franc, tout franc.
|| Avec exemption de toutes charges, peines, dettes,
etc. Il ne reste pas trois ans [de bonheur] franc et
quitte pour les plus heureux, VOLT. Dial. xxiv, 4 6.
— HIST. XI" s. E cil frans hoem qui aveit.... Lois
de Guill. S. Franc chevalier, dit l'emperere Char-
les, Ch. de Roi. xx. ||xir» s. Morz est Rolant, li
francs coms, li prisez, Ronc. p. 4 07. Hé! franche
riens pour qui je muir amanz, Coud, xx. Mais onc
[il] n'ot fil ne fille de sa franche moillier, Saa. iv.
Ne remest à semondre chevaliers ne frans hom, ib.
xxv. Pur ço est France franche, par les sains où je
fuij Que cil Ici mestier unt i viengent [viennent] à
refui; Multseit il bienvenu.... Th. le mart. 64. De
nule rien purquant ne s'en ad esmaié, Mais de sun
païs out et tendrur e pitié, E des francs qui li ou-
rent en sun eissil aidié, ib. 423. ||xnie s. Mais
douce et débonnaire et de franche matière, Bcrte,
IV. Frans rois, où est ma fille, la blonde, l'eschevie ?
ib. xc. Quant tu du cors départiras, Tous francs ou
saint ciel l'en iras, F.t lesseras humanité, Vivans en
pure deité, la Rose, 6046. Car frans voloirs [libre ar-
bitre] est si poissans.... ib. 47777. La sorquanie qui
fu blanche, Senefioit que douce et franche Estoit celé
qui la vestoit, ib. 4 228. Tout li enfant que celé porte
qui est serve, sont serf, tout soit ce que li pères soit
frans hons.... BEAUM. XLV, 45. Es viles campestres,
nul ne pot mesonner si près de moi que li uegous
de me [ma] meson ne me demeurt tos franz, ID.
XXIV, 22. Bien doivent estre tel jor franc et délivre
de pies, ID. 62. Chetivoisons [captivité] et servage
sont contrere au droit naturel, qar au commence-
ment neissoient tuit li home franc par le droit na-
turel, PIERRE DE FONT. 476. ||xiv° s. Vin franc [non
aigri], tlénagier, n, 6. ||xv«s.Et demeura la bonne
cité de Tournay franche et entière, qui avoit esté
en très grand péril [le siège était levé], FROISS. I, I ,
4 46. Quand ceux du franc [le franc, canton de Bru-
ges qui avait des franchises] entendirent que le
comte de Flandres estoit paisiblement à Bruges....
ID. liv. il, p. 447, dans LACURNE. Huyt cens hom-
mes de guerre.... lesquelz furent tous délivrez francz
et quittes, excepté luy qui fut mené à Basle, COMM.
IV, 2. Le roy Charles VII ordonna, en chacune
paroisse de son royaume, estre entretenu un archer,
aux despens des villages, et furent nommez francz
archers, pour ce que le roy les fit tenir quittes de
toutes aides et subsides, Hist. chron. depuis 4 400-
1467, p. 347, dans LACURNE. Plusieurs compaignons
commencèrent à jouer un jeu, que on dit au plus
franc [c'est le jeu nommé franc du carreau], DU
CANGE, francum Mais en pou de langage Meres-
pont franc : povreté te dépose ; Riche amoureux a
toujours Favantage, VILLON, Ballade. Mil quatre
cens cinquante six, Je François Villon, escolier, Con-
sidérant de sens rassis, Le frein aux dents, franc au
collier, ID. ib. \\ xvi" s. [La terre était blanche] Par
force espics plains de grain bel et franc, Prests à
cueillir, MAROT, IV, 47 Ce qui est franc, s'y
doit tenir Sans point vouloir serf devenir, ID. iv,
4 90. Nous parlerons du franc et du serf arbitre de
l'homme, CALV. Instit. 462. Au regard de la volonté
nous sommes inexcusables, veu qu'estant franche,
elle s'est faite serve du péché, ID. ib. 242.Rendre les
traficques et négociations libres et franches, MONT.
I, 4 4 8. On nous a tant assubjectis aux chordes, que
nous n'avons plus de franches allures, ID. I, 464.
Que cherche elle tant que ses coudées franches?
ID. II, 173. Le bon Froissarda marché d'une si fran-
che naïfveté, que....m.n, 4 4 0. Les arbres qui crois-
sent naturellement es bois sont appeliez sauvages :
et estans transplantez on les appelle francs, PALISSY,
4 72. Chacun, estant de retour chez soy, auroitpour
le moins la moitié de sa paye franche, LANOUE, 279.
Les sauvageaux qui seraient entez sur cest arbre
franc et bien cultivé, en prenant nourriture d'ice-
luy, viendraient avecques le temps à porter fruits
semblables, ID. 284. Le pueple des Pals bas est d'une
nature franche ; par douceur et humanité non feinte
on remue les affections de son coeur, ID. 397. Ne
plus ne moins qu'un fruict franc, qui serait altéré
par adjonction de matière et nourriture sauvage,
AMVOT, La vertu se peut apprendre, 4. Ny l'oeil en-
flammé ne reçoit une claire lumière, ny ï'ame pas-
sionnée un parler franc, ny une reprehension toute
crue, ID. Com. discern. h flat. de l'ami, 68. Il lui
repondit brutallement en franc estourdi.... D'AUB. Vie,
xvni. De francs scélérats, ID. ib. xxxm. D'Aubigné
en franc Gaulois fit des remontrances à la dame de
Carnavalet, ID. ib. Tous sergens bien francs.... à re-
nommée etsans reproche, Nouv. coust. gén. t. 11, p.
604. Un franc à tripe [un glouton, un parasite],
OUDIN, Dict. Lorsqu'un bien est donné franc des
eaux et des vents [en bon état, bien clos].... Nouv.
coust. gén. t. 1, p. 4 034.
— ËTYM. Provenç. franc; espagn. portug. etital.
franco; du lat. francus,nom du peuple (voy. FRANC 4 )
ayant conquis la Gaule, qui devint une qualification
indiquant la bonne origine et la liberté. Dans ce
mot, ainsi que dans quelques autres fort rares, il est
vrai, l'usage avait conservé le génitif pluriel latin :
Qui tant bien me pria et par si grant douçour De
vostre cors garder contre la gent francour, Ch. d'Ant.
vin, 4 063. Gent francour, gens Francorum. Uns
altres li promist altre si grant honur, Que jà ne
li faudreit pur nul humme à nul jur, N'il ne cremi
les reis l'Engleis ne le Francur, Th. le mart. 4 00.
Le Francur (sous-entendu roi), rex Francorum.
4. FRANC, FRANQUE (fran, fran-k'), s. m. et f.
H 1° Nom générique des Européens dans les ports du
Levant. Le quartier des Francs. || 2° Adj. Langue
franque, jargon mêlé d'italien, d'espagnol, etc. à
l'usage des Francs d'Orient. Molière a écrit des
strophes en langue franque, dans le Bourgeois gen-
tilhomme, iv, 4 0 et 14.
— ÉTYM. Franc est le nom que les Orientaux,
depuis les croisades, donnent aux Occidentaux, à
cause du grand rôle que les Français jouèrent dans
ces expéditions.
FRANÇAIS, AISE (fran-sê, sê-z'), adj. || 1° Qui est
de France. Le territoire français. Le caractère fran-
çais. L'Académie française. Il semble que la bonne
fortune de la langue française lui ait ménagé cette
glorieuse prérogative d'être la première qui ait paru
réunie en un corps si vaste et si étendu [un dic-
tionnaire complet], Préf. du Dict. de FURETIÈRE.
Dans le siècle passé, Charles Quint, d'ailleurs en-
nemi mortel de la France, aimait si fort la langue
française qu'il s'en servit pour haranguer les Etats
des Pays-Bas le jour qu'il fit son abdication, ib. Il
n'y a que les coeurs français qui connaissent cette
sorte de délicatesse, J. J. ROUSS. Conf. x. || Par ex-
tension. Être tout Français, être attaché aux inté-
rêts de la France. Comme le sénateur [Morstein]
était tout Français, son témoignage fit employer
Caillières, ST-SIM. 42, 24 4. J'étais Français ardent
[ardent partisan des Français], et cela me rendit nou-
velliste, J. J. ROUSS. Conf. v. Il Théâtre français,,
théâtre de Paris consacré spécialement à la repré-
sentation des tragédies et des comédies. On dit, dans
lemême sens, au pluriel, les Français. Allons aux
Français voir Ciima. Au sortir du concert je le mène
aux Français, Où j'ai depuis huit jours* une loge
louée, BOISSY, Deh: tromp. m, 6. || Les Françaisponr
la Comédie française, ellipse née pendant la rêvo •
lution, iimo DE GENUSj Mém. t. v. p. 91. C'est nne
erreur de Mme de Genlis, comme on le voit par
l'exemple de Boissy, dont la comédie citée plus haut
est de 4740. y2°S. m. et/-. Celui, celle qui est née
en France. Un Français. Une Française. L'on doit
demeurer d'accord que les Français ont quelque
chose en eux de poli, de galant, que n'ont point les
autres nations, MOL. le Sicil. 4 4. Un homme qui
aurait vécu sous Louis XIV et qui reviendrait au
monde ne reconnaîtrait plus les Français; il croi-
rait que les Allemands ont conquis ce pays-ci, VOLT
Lett. Cideville, 4 6 avr. 4735. Sous Hugues Capet,
Robert, Henri et Philippe, on n'appela Français que
les peuples en deçà de la Loire, ID. Dict. phil.
Franc, France. Le résultat de cette savante con-
versation fut qu'on devait donner le nom de Francs
aux pillards, le nom de Velches aux pillés et aux
sots, et celui de Français à tous les gens aimables,
ID. Disc, aux Velches, Suppl. || Collectivement. Le
Français est léger. Le Français, né malin, forma
le vaudeville, BOIL. Art p. 11. || Roi des Français,
qualification donnée à Louis XVI en 4 789, d'après
une distinction subtile et fausse de J. J. Rousssau
qui prétendait que le nom de la terre après le mit
roi, empereur, impliquait la possession absolue du
sol et même des personnes. Cette qualification l'ut re-
prise par Louis-Philippe en 4 830. || 3° S. m. Le fran-
çais, la langue française. Apprendre, enseigner le
français. La capitale de l'empire romain et de l'Église
latine, où toutes les autres langues devraient se taire,
quand le latin parle, Rome, dis-je, observe pourtant
cette coutume dans la publication du jubilé, que
deux prêtres en lisent la \ille, l'un en latin, l'autre
en français sur deux chaires différentes dans l'église
de Saint-Pierre du Vatican, Préf. du Dict. de FURE-
TIÈRE. Ce qui rend encore le français plus commun,
c'est la perfection où le théâtre' a été porté dans
cette langue; c'est à Cmna, à Phèdre, au Misan-
thrope qu'elle a dû sa vogue, et, non pas aux con-
quêtes de Louis XIV, VOLT. Dict. phil. Langues. On
prétend que le latin était, parla vivacité des ellipses
et par la variété des inversions, plus propre à l'élo-
quence; le français le serait plus à la philosophie
par l'ordre et la simplicité de la syntaxe, DUCLOO,
Gramm. CEuv. t. ix, p. 94, dans POUGENS. || Écrire
en français, écrire correctement dans la langue fran-
çaise. Je me pique seulement d'écrire en français ;
c'est un devoir indispensable que tout le monde a
négligé depuis Racine, VOLT. Lett. d'Argental, 2
mars 4 772. || En langage d'écolier, le bon français,
la traduction plus élégante qui se fait après l'expli-
cation littérale. Mettez ce morceau en bon français.
Répéter le bon français. || Entendre le français, com-
prendre la langue française. || Fig. Entendra le
français, comprendre à demi-mot. Hé ! pourquoi
donc ne pas parler ? que craignez-vous ? les petites
filles du palais entendent le français, monsieur, je
vous en réponds, DANCOURT, la Gagette, se; 2. M. de
Duras se disposait à se trouvera Versailles; le roi
lui manda de ne point venir et de ne songer qu'à
sa santé : il entendit le français et demeura à Paris,
ST-SIM. 408, 4 64. || Familièrement. Entendez-vous le
français? comprenez-vous mon avertissement, ma
menace, etc.? || J'entends le français, je vous com-
prends parfaitement. |JEn bon français, clairement,
franchement, sans ménagement. Notre ennemi,
c'est notre maître : Je vous le dis en bon français,
LA FONT. Fabl. vi, 8. Qu'est-ce donc? qu'ai-je fait?
— Le sot, en bon français, MOL. l'Ét. i, 8. || Adjec-
tivement. Ce qui n'est pas clair n'est pas français.
Il Cela n'est pas français, se ditd'un propos contraire
à l'honneur, au sentimentnational, à la galanterie.
Il Adverbialement. Parler français, s'exprimer en
langage français. Cet étranger parle français. On
l'entend [la langue française] et on la parle dans
toutes les cours de l'Europe, et il n'est point rare
d'y trouver des gens qui parlent français et qui
écrivent en français aussi purement que les Fran-
çais mêmes, Préf. du Dict. de FURETIÈRE. Parlez
grec, latin, italien au peuple, mais parlez français
au sage, DIDER. Lettre sur les sourds et muets.
Il Fig. Parler français, s'expliquer clairement, in-
telligiblement. Il Parler français, expliquer nette-
ment son intention sur quelque affaire. Expliquez-
vous, on a bien de la peine à vous faire parler
français. Ce discours était assez net, et il était dif-
ficile de parler plus français , MARIV. Marianne,
4'" part. Il Parler français à quelqu'un, lui parler
avec autorité et d'un ton menaçant. Mmevde Mon-
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