FOR
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vous faictes la passion de M. de Saint-Pol, je me fe-
toys forte que le roy seroitobey, MARG. Lett. 404. Au
plus fort de son niai, il ne fait que parler et s'esbattre,
n>. ib. 84. Si vousm'aimez autant que yous dites,je
suis sure que, pour avoir ma bonne grâce, rien ne
TOUS sera fort [difficile] à faire, m. Nouv. xxiv.
Ayant esté bien fort offensé par les Limosins, MONT,
I, 4. Forte battaille, ID. I, A9. Il n'est rien qui abas-
tardissesi fort une nature bien née, ID. I, 483. Au
fort de l'éloquence de Cicero, plusieurs entroient en
admiration, n>. i, 489. Le pouls lui bat fort, ID. I,
339. Dans le plus fort dudoubte, ID. II, 406. C'estoit
l'homme du monde le plus fort [difficile] à tenir,
car il ne se passoit jour qu'il ne fist quelque folie,
DESPER. Contes, rv. Il trouvoit le vin assez fort sans
eau, buvant sicut terra sine aqua, ro. t'6. LXXXVII.
Theseus se faisant fort, et promettant qu'il viendroit
au dessus du Minotaure, AMYOT, Thésée, 20. Le fer
entra si avant dedans la terre, qui estoit forte et
grasse, que nul ne le peut arracher, ID. tb.32. Ceulx
qui estaient plus faits et plus forts apportaient du
bois : ceulx qui estaient plus petits et plus foibles,
des herbes, ID. Lyc. 36. Themistocle leur nia fort et
ferme, ID. Thimist. 37. Le louant comme un fort
homme de bien, ID. Caton, 64. Les Macédoniens luy
en sceurent fort mauvais gré, etl'enblasmerent fort,
ID. Pyrrhus, 69. La barbe forte et espesse, le front
large, le nez aquilin, ID. Anton. 6. Teligni jure et
asseure savoir bien que c'estoit pour un fort de plai-
sir [petite guerre] qu'on vouloit attaquer dans la
cour du Louvre, D'AUB. Bist. n, 4 e. Il avoit esté con-
traint de se retirer en son logis et y tenir fort cinq
ou six heures, CARLOIX, i, 20.
— ÉTYM. Bourguig. fô; provenç. fort; espagn.
fuerte; portug. et ital. forte; du latin forlis.
FORTE ^for-té), adv. Mot italien employé en
termes de musique. Il se met aux endroits où le son
doit être renforcé. || Substantivement. Voici unforte.
|| S'est dit autrefois pour l'instrument nommé forte-
piano ou piano (voy. FORTE-PIANO). || AU plur. Des
forte.
— ÉTYM. Ital. forte, fort.
FORTEMENT (for-te-man), adv. || i° Avec une
grande force musculaire. Si l'on frappe fortement et
par plusieurs coups successifs une lame de fer ai-
mantée, elle perdra sa vertu magnétique, BUFF. Min.
t. xx, p. 442, dans POUGENS. || Il se dit aussi de la
force qu'a une chose. Cela tient fortement à la mu-
raille. || 2" Par extension, avec vigueur. Son bois
[d'un arbre] avait poussé fortement, et ses branches
s'étaient élevées à cause des grandes eaux qui l'arro-
saient, SACI, Bible, Égéchiel, xxxi, 6; || Des contours,
des muscles, etc. fortement dessinés, des muscles,
des contours, etc. dont la forme ou la saillie est
très-prononcée. || On dit dans un sens analogue, en
parlant du visage : des traits marqués fortement.
|| 3" Fig. Avec énergie. Leur parle fortement, les
conjure, les pique D'appuyer en tombant la fortune
publique, DU RYER, Scévole, i, 3. L'amant si forte-
ment s'unit à ce qu'il aime Qu'il en fait dans son
coeur une part dev lui-même, CORN. Théodore, m, 3.
Mais je vois son esprit fortement irrité, ID. Sertor.
iv, 4. Non que votre bonheur fortement l'intéresse,
ID. Pulchér. i, 3. Thrasybule, à qui les Thébains
avaient fourni des armes et de l'argent lorsqu'il
entreprit de rétablir la; liberté à Athènes, appuya
fortement leur demande, ROLUN , Bist. anc. OEuv.
t. iv, p. 274, dans POUGENS. || Penser fortement,
écrire fortement, avoir des pensées, un style qui
indique une grande force d'esprit. Les sentiments
vigoureux de l'âme passent dans le langage ; et qui
pense fortement parle de même, VOLT. Brutus,
■préface. La pièce pe Misanthrope] est d'un bout à
l'autre à peu près dans le style des satires de Des-
préaux, et c'est de toutes les pièces de Molière la
plus fortement écrite, ID. Vie de Molière.
— HIST. xi" s. Forment [il] le plaint à la lei [cou-
tume] de sa terre, Ch. de Roi. CLXIV. )| xne s. Qui
de ses armes fu forment redolez, Ronc. p. 36.
|| xmc s. Li roys et la royne forment les honorèrent,
Berte, m. Puis moût plus fortement dus Naymes
[le duc Naymes] la ferma [fortifia], t'&. ix. ||xv° s.
Ils estaient si forment obligés envers le roi de
France que.... FROISS. I, I, 66. || xvr» s. Us estoyent
logez toutesfoisiortement, LANOUE, 676.
>— ÉTYM. Forte, et le suffixe ment ; bourguign.
formin; norm. freument; provenç. fortment; es-
pagn. fuertcmente; ital. fortemenie. Dans l'ancien
français, forment ou fortment est composé de fort
au féminin, suivant l'ancienne règle des adjectifs
•atins en w, et du suffixe ment.
FORTE-PIANO (for-té-pi-a-no), s. m. Nom qui
fut Jonné pendant quelque temps à l'instrument I
que nous nommons aujourd'hui piano (voy. ce
mot).
— ÉTYM. Ce nom vient de la différence qu'on re-
marqua d'abord entre les anciens clavecins, où la
corde, étant pincée par un bec de plume, l'était tou-
jours de la même manière, tandis que l'emploi du
marteau dans les nouveaux clavecins permit de
faire les forte et les piano. Ces clavecins furent
donc nommés clavecins à forte et piano, par abré-
viation forte-piano, et, en abrégeant toujours, tantôt
forte, tantôt piano. 'Aujourd'hui ce dernier mot est
seul usité.
FORTERESSE (for-te-rè-s'), s. f. Lieu régulière-
ment fortifié pour résister aux attaques d'un en-
nemi. Par les soins d'un si grand roi, la France
entière n'est plus, pour ainsi dire, qu'une seule
forteresse qui montre de tous côtés un front redou-
table, BOSS. Marie-Thér. || Fig. C'est là [la distribu-
tion des biens et des maux] que les impies se re-
tranchent comme-dans leur forteresse imprenable,
c'est de là qu'ils jettent hardiment des traits contre
la sagesse qui régit le monde , ID. Sermons, Pro-
vid. préambule.
— HIST. XII" s. Vers nous ne se tenra [tiendra]
forteresce ne tors [tour], Sax. xxvn. || xme s. Ensi
furent une pieche [pièce] dou tans que il faisoient
lor volentés defors [hors] fortereches, que nus ne lor
deffendoit, Chr. de Rains, p. 64. La femme, par
nostre coustume, enporte en son douaire le cief [chef]
manoir, tout soit ce que ce soit forterece, BEAUM.XIII,
8. [| xive s. En quelque forteresce que chiens voi-
sent [aillent] trouver loutre, Modus, ms. f° 67, dans
LACURNE. Là montèrent no gent, et font telle es-
tourmie Que tous vont escriant : forteresse gaignie !
Guescl. 34 96. || xvie s. Mais la fortresse de mon
cueur, Dont vostre oeil fut le seul vainqueur, S'est
rendue imprenable, DU BELLAY, m, 64, verso.
— ÉTYM. Fort; provenç. fortalessa, fortaressa ;
catal. fortalesa; espagn. fortaksa. La dérivation
s'est faite de fort h l'aide d'un suffixe al ou ar, el
ou es, comme dans l'italien corsare, corsale, dérivé
de corsa, course.
f FORTIFIABLE (for-ti-fi-a-i;'.'x adj. Qui peut être
fortifié.
— HIST. xvi" s. Advis'er quelque lieu fortifiable
pour y asseoir son camp, M. DU BELLAY, 284,.
— ÉTYM. Fortifier.
FORTIFIANT, ANTE (for-ti-fi-an, an-t'), adj. Qui
fortifie, qui augmente les forces, en parlant des
remèdes, des aliments:'Le vin est fortifiant. || Sub-
stantivement. Les toniques sont des fortifiants.
f FORTIFICATEUR (for-ti-fi-ka-teur), s. m. Celui
qui fortifie une place, qui s'occupe de la fortifi-
cation.
— HIST. XVIe s. L'ignorance des fortificateurs de
ce temps là estoit de hausser les contr'escarpes et
ne les aplanir pas, D'AUB. Hist. n, 446.
— ÉTYM. Fortifier.
FORTIFICATION (for-ti-fi-ka-sion; en vers, de
six syllabes), s. f. || 1° Action de fortifier une place,
un poste. On travaille à la fortification de cette
place. || 2° L'art de fortifier. Cet ingénieur entend
bien la fortification. || Il se dit en ce sens au pluriel.
Étudier les fortifications, s'entendre aux fortifica-
tions."|| 3eOuvrage de défense, ou ensemble des
ouvrages, revêtus ou non de maçonnerie, qu'on
élève autour d'une ville pour la défendre contre les"
entreprises de l'ennemi. Ils se persuadaient que des
fortifications faites par là nature même étaient
beaucoup" plus sûres que celles de l'art, ROLLIN,
Hist. anc. QEuv. t. xi, 2e part. p. 444, dans POU-
GENS. Les villes chinoises n'ont jamais eu d'autres
fortifications que celles que le bon sens inspirait à
toutes les nations avant l'usage de l'artillerie : un
fossé, un rempart, une forte muraille et des tours,
VOLT. Moeurs, 1.1| En ce sens il se dit surtout au
pluriel.
— HIST. xve s. Quand les Angloys du marché vi-
rent La grant fortification, La place sans assaut ren-
dirent, Vig. de Charles VII, p. 4 67, dans LACURNE.
[Les Anglais] Se sont fiez tolallement En leur for-
tiffication, Myst. du siège d'Orléans, p. 476.
|| xvie s. On enseigneroit les mathématiques, la
géographie, la fortification, et quelques langues
vulgaires, LANOUE, 4 27. Si pour fortification ou plus
grande seureté desdits associez se fait quelque con-
vention, D'AUB. Hist. u, 229. Les trenchées et forti-
fications du camp, AMYOT, Arist. 39.
—ÉTYM. Lat. fortificalionem, de fortificare, for-
tifier.
FORTIFIÉ, ÉE (for-ti-fi-é, ée), part, passé.
|| 1° Rendu fort, plus fort. Fortifié par un bon re-
pas. Ainsi, contre les vents fortifié par l'âge, Dans
la nuit des forêts un chêne à longs rameaux Se plaît
à protéger de son épais ombrage Un peuple, faible
encor, de jeunes arbrisseaux, GILBERT, Stances à
d'Arnaud. || 2° Défendu par des fortifications* Une
ville fortifiée par l'art et la nature. Le roi de Suèdef
dans le commencement du siège,'disait qu'il ne
comprenait pas comment une place bien fortifiée et
munie d'une garnison suffisante pouvait être prise,
VOLT. Clwrles XII, s. :-.•!.■
FORTIFIER [for-ti-fi-é), je fortifiais, nous forti-
fiions, vous fortifiiez; que je fortifie, que nous forti-
fiions, que vous fortifiiez) v. a. || 1° Rendre fort,
donner des forces. Cet exercice est propre à fortifier
le corps. Le bon vin fortifie l'estomac. L'évangéliste
ne nous fait pas entendre que l'ange le consola [Jé-
sus-Christ], mais seulement qu'il le fortifia, BOURDAL.
Exhort. sur la prière de J. C. 1.1, p* 390. Le sang
des Guises fortifia la figue, comme la mort de Co-
ligni avait fortifié les protestants, VOLT. ESS.
guerres civ. de France. || Terme de peinture. Forti-
fier une figure, les membres d'une figure, leur don-
ner plus de grosseur. || Fortifier les teintes, les ren-
dre plus vigoureuses." || Fortifier les ombres et les
touches, les rendre plus brunes et plus obscures.
|| 2° Fig. Il se dit au sens moral. Ces méditations
fortifient l'esprit. Fortifier le courage. L'exemple de
ma mort les fortifiera mieux, CORN. Poly- u, 6. For-
tifie, affermis ceux qu'ils auront séduits, ID. Béracl.
i, 2. Comme le christianisme-â pris naissance de la
croix, ce sont aussi les malheurs qui le fortifient,
BOSS. Reine d'Anglet. Elle [l'.Église catholique] en-
seigne qiie nous, qui ne pouvons rien de nous-
mêmes, pouvons avec celui qui nous fortifie; en
telle sorte, que l'homme n'a rien de quoi se glori-
fier, ni de quoi se confier en lui-même, ID. Proj. de
réun. des protest. Explic. de points de controv.
Vous-même Gontrë vous fortifiez-mon coeur, RAC.
Bérén. iv, 6. j | Fortifier quelqu'un dans une résolu-
tion, l'y affermir, l'y faire persister. .|| Corroborer,
confirmer. Cela fortifié les soupçons. [Elle]... fortifie
en toi cette inclination, TRISTAN, Panthéé', ni, 3.
Plusieurs circonstances et divers motifs concouru-
rent à faire naître [à Rome] cette haine implacable de
la royauté et à la fortifier, ROLUN, Trait, des Et. v,
m, 2. Tout fortifie dans les grands cette dangereuse
impression, MASS. -Carême, Prosp. || 3° Terme de
guerre. Fortifier une place, un poste, l'entourer d'ou-
vrages de défense. S'ils avaient pris encore dix au-
tres de nos places avec un pareil succès [c'est-à-dire
en les reperdant après les avoir fortifiées], notre
frontière en serait en meilleur état, et ils l'auraient
mieux fortifiée que ceux qui jusques ici en ont eu
la commission, VOIT. Lett. 74. Qu'il embellît cette
magnifique et délicieuse maison [Chantilly], ou bien
qu'il munît un camp au milieu d'un pays ennemi
et qu'il fortifiât une place.... BOSS. Louis de Bour-
bon. Je suis un peu affligé, en ma qualité de '
Français, d'entendre dire que c'est un chevalier
de Tott qui fortifia les Dardanelles, VOLT Lett.
Catherine, 20 nov, 4 770. || 4° Se fortifier, v. réfl.
Devenir plus fort. Cet enfant se fortifie tous
les jours. Plus l'Église se fortifiait, plus elle fai-
sait éclater sa soumission et sa modestie, BOSS.
Var. 6e avert. § 46. || Fig. L'esprit se fortifie par
l'étude. Ce devrait être aussi notre.unique pensée
De nous fortifier chaque jour contre nous, CORN.
Imitation, i, 3. Le coeur se fortifié dans lavertu,
FÉN. Tél. ix. Le fils qu'elle lui avait donné [au czar
Pierre] en 4 690 naquit malheureusement avec le
caractère de sa mère, et ce caractère se fortifia par
la première éducation qu'il reçut, VOLT. Russie, n,
40. || Avec ellipse du pronom personnel. Chaque
jour voyait croître leur foi et fortifier leur charité,
MASS. Carême, Comm. || S'affermir. Se fortifier dans
sa résolution. j| 5° Se donner l'un à l'autre des
forces, du courage. Us s'encouragent, ils se forti^
fient les uns les autres. Ils se fortifient mutuelle-
ment dans leurs résolutions. || 6" S'entourer de for-
tifications. L'ennemi se fortifie dans son camp. || Se
fortifier dans un poste, s'y mettre en état de tenir
contre les attaques de l'ennemi.
— HIST. xive s. Car tous les fors Englois, de quo\
il y a tant, Chasteaux, villes, citez se vont fortefiant,
Guescl. 46944. H xve s. Et estoit l'intention-des An-
gloisque.... ils detnliroient toute Escbsse pour la
cause de ce que ils s'estaient fortifiés en celle saison
des François [les avaient pris pour'auxiliaires],
FROISS. u, u, 236. Mes [les Anglais] sont fortifiiez
leans, Que à peine en pourrez chévir, Myst. du siège
d'Orléans, p. 479. || xvie s. Si la viande ne se digère,
si elle ne nous augmente et.fortifie.... MONT, I, 444.
La conscience fortifie l'innocent contre la torture,
ID. II, 47. Il passa au travers l'armée ennemie pour
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vous faictes la passion de M. de Saint-Pol, je me fe-
toys forte que le roy seroitobey, MARG. Lett. 404. Au
plus fort de son niai, il ne fait que parler et s'esbattre,
n>. ib. 84. Si vousm'aimez autant que yous dites,je
suis sure que, pour avoir ma bonne grâce, rien ne
TOUS sera fort [difficile] à faire, m. Nouv. xxiv.
Ayant esté bien fort offensé par les Limosins, MONT,
I, 4. Forte battaille, ID. I, A9. Il n'est rien qui abas-
tardissesi fort une nature bien née, ID. I, 483. Au
fort de l'éloquence de Cicero, plusieurs entroient en
admiration, n>. i, 489. Le pouls lui bat fort, ID. I,
339. Dans le plus fort dudoubte, ID. II, 406. C'estoit
l'homme du monde le plus fort [difficile] à tenir,
car il ne se passoit jour qu'il ne fist quelque folie,
DESPER. Contes, rv. Il trouvoit le vin assez fort sans
eau, buvant sicut terra sine aqua, ro. t'6. LXXXVII.
Theseus se faisant fort, et promettant qu'il viendroit
au dessus du Minotaure, AMYOT, Thésée, 20. Le fer
entra si avant dedans la terre, qui estoit forte et
grasse, que nul ne le peut arracher, ID. tb.32. Ceulx
qui estaient plus faits et plus forts apportaient du
bois : ceulx qui estaient plus petits et plus foibles,
des herbes, ID. Lyc. 36. Themistocle leur nia fort et
ferme, ID. Thimist. 37. Le louant comme un fort
homme de bien, ID. Caton, 64. Les Macédoniens luy
en sceurent fort mauvais gré, etl'enblasmerent fort,
ID. Pyrrhus, 69. La barbe forte et espesse, le front
large, le nez aquilin, ID. Anton. 6. Teligni jure et
asseure savoir bien que c'estoit pour un fort de plai-
sir [petite guerre] qu'on vouloit attaquer dans la
cour du Louvre, D'AUB. Bist. n, 4 e. Il avoit esté con-
traint de se retirer en son logis et y tenir fort cinq
ou six heures, CARLOIX, i, 20.
— ÉTYM. Bourguig. fô; provenç. fort; espagn.
fuerte; portug. et ital. forte; du latin forlis.
FORTE ^for-té), adv. Mot italien employé en
termes de musique. Il se met aux endroits où le son
doit être renforcé. || Substantivement. Voici unforte.
|| S'est dit autrefois pour l'instrument nommé forte-
piano ou piano (voy. FORTE-PIANO). || AU plur. Des
forte.
— ÉTYM. Ital. forte, fort.
FORTEMENT (for-te-man), adv. || i° Avec une
grande force musculaire. Si l'on frappe fortement et
par plusieurs coups successifs une lame de fer ai-
mantée, elle perdra sa vertu magnétique, BUFF. Min.
t. xx, p. 442, dans POUGENS. || Il se dit aussi de la
force qu'a une chose. Cela tient fortement à la mu-
raille. || 2" Par extension, avec vigueur. Son bois
[d'un arbre] avait poussé fortement, et ses branches
s'étaient élevées à cause des grandes eaux qui l'arro-
saient, SACI, Bible, Égéchiel, xxxi, 6; || Des contours,
des muscles, etc. fortement dessinés, des muscles,
des contours, etc. dont la forme ou la saillie est
très-prononcée. || On dit dans un sens analogue, en
parlant du visage : des traits marqués fortement.
|| 3" Fig. Avec énergie. Leur parle fortement, les
conjure, les pique D'appuyer en tombant la fortune
publique, DU RYER, Scévole, i, 3. L'amant si forte-
ment s'unit à ce qu'il aime Qu'il en fait dans son
coeur une part dev lui-même, CORN. Théodore, m, 3.
Mais je vois son esprit fortement irrité, ID. Sertor.
iv, 4. Non que votre bonheur fortement l'intéresse,
ID. Pulchér. i, 3. Thrasybule, à qui les Thébains
avaient fourni des armes et de l'argent lorsqu'il
entreprit de rétablir la; liberté à Athènes, appuya
fortement leur demande, ROLUN , Bist. anc. OEuv.
t. iv, p. 274, dans POUGENS. || Penser fortement,
écrire fortement, avoir des pensées, un style qui
indique une grande force d'esprit. Les sentiments
vigoureux de l'âme passent dans le langage ; et qui
pense fortement parle de même, VOLT. Brutus,
■préface. La pièce pe Misanthrope] est d'un bout à
l'autre à peu près dans le style des satires de Des-
préaux, et c'est de toutes les pièces de Molière la
plus fortement écrite, ID. Vie de Molière.
— HIST. xi" s. Forment [il] le plaint à la lei [cou-
tume] de sa terre, Ch. de Roi. CLXIV. )| xne s. Qui
de ses armes fu forment redolez, Ronc. p. 36.
|| xmc s. Li roys et la royne forment les honorèrent,
Berte, m. Puis moût plus fortement dus Naymes
[le duc Naymes] la ferma [fortifia], t'&. ix. ||xv° s.
Ils estaient si forment obligés envers le roi de
France que.... FROISS. I, I, 66. || xvr» s. Us estoyent
logez toutesfoisiortement, LANOUE, 676.
>— ÉTYM. Forte, et le suffixe ment ; bourguign.
formin; norm. freument; provenç. fortment; es-
pagn. fuertcmente; ital. fortemenie. Dans l'ancien
français, forment ou fortment est composé de fort
au féminin, suivant l'ancienne règle des adjectifs
•atins en w, et du suffixe ment.
FORTE-PIANO (for-té-pi-a-no), s. m. Nom qui
fut Jonné pendant quelque temps à l'instrument I
que nous nommons aujourd'hui piano (voy. ce
mot).
— ÉTYM. Ce nom vient de la différence qu'on re-
marqua d'abord entre les anciens clavecins, où la
corde, étant pincée par un bec de plume, l'était tou-
jours de la même manière, tandis que l'emploi du
marteau dans les nouveaux clavecins permit de
faire les forte et les piano. Ces clavecins furent
donc nommés clavecins à forte et piano, par abré-
viation forte-piano, et, en abrégeant toujours, tantôt
forte, tantôt piano. 'Aujourd'hui ce dernier mot est
seul usité.
FORTERESSE (for-te-rè-s'), s. f. Lieu régulière-
ment fortifié pour résister aux attaques d'un en-
nemi. Par les soins d'un si grand roi, la France
entière n'est plus, pour ainsi dire, qu'une seule
forteresse qui montre de tous côtés un front redou-
table, BOSS. Marie-Thér. || Fig. C'est là [la distribu-
tion des biens et des maux] que les impies se re-
tranchent comme-dans leur forteresse imprenable,
c'est de là qu'ils jettent hardiment des traits contre
la sagesse qui régit le monde , ID. Sermons, Pro-
vid. préambule.
— HIST. XII" s. Vers nous ne se tenra [tiendra]
forteresce ne tors [tour], Sax. xxvn. || xme s. Ensi
furent une pieche [pièce] dou tans que il faisoient
lor volentés defors [hors] fortereches, que nus ne lor
deffendoit, Chr. de Rains, p. 64. La femme, par
nostre coustume, enporte en son douaire le cief [chef]
manoir, tout soit ce que ce soit forterece, BEAUM.XIII,
8. [| xive s. En quelque forteresce que chiens voi-
sent [aillent] trouver loutre, Modus, ms. f° 67, dans
LACURNE. Là montèrent no gent, et font telle es-
tourmie Que tous vont escriant : forteresse gaignie !
Guescl. 34 96. || xvie s. Mais la fortresse de mon
cueur, Dont vostre oeil fut le seul vainqueur, S'est
rendue imprenable, DU BELLAY, m, 64, verso.
— ÉTYM. Fort; provenç. fortalessa, fortaressa ;
catal. fortalesa; espagn. fortaksa. La dérivation
s'est faite de fort h l'aide d'un suffixe al ou ar, el
ou es, comme dans l'italien corsare, corsale, dérivé
de corsa, course.
f FORTIFIABLE (for-ti-fi-a-i;'.'x adj. Qui peut être
fortifié.
— HIST. xvi" s. Advis'er quelque lieu fortifiable
pour y asseoir son camp, M. DU BELLAY, 284,.
— ÉTYM. Fortifier.
FORTIFIANT, ANTE (for-ti-fi-an, an-t'), adj. Qui
fortifie, qui augmente les forces, en parlant des
remèdes, des aliments:'Le vin est fortifiant. || Sub-
stantivement. Les toniques sont des fortifiants.
f FORTIFICATEUR (for-ti-fi-ka-teur), s. m. Celui
qui fortifie une place, qui s'occupe de la fortifi-
cation.
— HIST. XVIe s. L'ignorance des fortificateurs de
ce temps là estoit de hausser les contr'escarpes et
ne les aplanir pas, D'AUB. Hist. n, 446.
— ÉTYM. Fortifier.
FORTIFICATION (for-ti-fi-ka-sion; en vers, de
six syllabes), s. f. || 1° Action de fortifier une place,
un poste. On travaille à la fortification de cette
place. || 2° L'art de fortifier. Cet ingénieur entend
bien la fortification. || Il se dit en ce sens au pluriel.
Étudier les fortifications, s'entendre aux fortifica-
tions."|| 3eOuvrage de défense, ou ensemble des
ouvrages, revêtus ou non de maçonnerie, qu'on
élève autour d'une ville pour la défendre contre les"
entreprises de l'ennemi. Ils se persuadaient que des
fortifications faites par là nature même étaient
beaucoup" plus sûres que celles de l'art, ROLLIN,
Hist. anc. QEuv. t. xi, 2e part. p. 444, dans POU-
GENS. Les villes chinoises n'ont jamais eu d'autres
fortifications que celles que le bon sens inspirait à
toutes les nations avant l'usage de l'artillerie : un
fossé, un rempart, une forte muraille et des tours,
VOLT. Moeurs, 1.1| En ce sens il se dit surtout au
pluriel.
— HIST. xve s. Quand les Angloys du marché vi-
rent La grant fortification, La place sans assaut ren-
dirent, Vig. de Charles VII, p. 4 67, dans LACURNE.
[Les Anglais] Se sont fiez tolallement En leur for-
tiffication, Myst. du siège d'Orléans, p. 476.
|| xvie s. On enseigneroit les mathématiques, la
géographie, la fortification, et quelques langues
vulgaires, LANOUE, 4 27. Si pour fortification ou plus
grande seureté desdits associez se fait quelque con-
vention, D'AUB. Hist. u, 229. Les trenchées et forti-
fications du camp, AMYOT, Arist. 39.
—ÉTYM. Lat. fortificalionem, de fortificare, for-
tifier.
FORTIFIÉ, ÉE (for-ti-fi-é, ée), part, passé.
|| 1° Rendu fort, plus fort. Fortifié par un bon re-
pas. Ainsi, contre les vents fortifié par l'âge, Dans
la nuit des forêts un chêne à longs rameaux Se plaît
à protéger de son épais ombrage Un peuple, faible
encor, de jeunes arbrisseaux, GILBERT, Stances à
d'Arnaud. || 2° Défendu par des fortifications* Une
ville fortifiée par l'art et la nature. Le roi de Suèdef
dans le commencement du siège,'disait qu'il ne
comprenait pas comment une place bien fortifiée et
munie d'une garnison suffisante pouvait être prise,
VOLT. Clwrles XII, s. :-.•!.■
FORTIFIER [for-ti-fi-é), je fortifiais, nous forti-
fiions, vous fortifiiez; que je fortifie, que nous forti-
fiions, que vous fortifiiez) v. a. || 1° Rendre fort,
donner des forces. Cet exercice est propre à fortifier
le corps. Le bon vin fortifie l'estomac. L'évangéliste
ne nous fait pas entendre que l'ange le consola [Jé-
sus-Christ], mais seulement qu'il le fortifia, BOURDAL.
Exhort. sur la prière de J. C. 1.1, p* 390. Le sang
des Guises fortifia la figue, comme la mort de Co-
ligni avait fortifié les protestants, VOLT. ESS.
guerres civ. de France. || Terme de peinture. Forti-
fier une figure, les membres d'une figure, leur don-
ner plus de grosseur. || Fortifier les teintes, les ren-
dre plus vigoureuses." || Fortifier les ombres et les
touches, les rendre plus brunes et plus obscures.
|| 2° Fig. Il se dit au sens moral. Ces méditations
fortifient l'esprit. Fortifier le courage. L'exemple de
ma mort les fortifiera mieux, CORN. Poly- u, 6. For-
tifie, affermis ceux qu'ils auront séduits, ID. Béracl.
i, 2. Comme le christianisme-â pris naissance de la
croix, ce sont aussi les malheurs qui le fortifient,
BOSS. Reine d'Anglet. Elle [l'.Église catholique] en-
seigne qiie nous, qui ne pouvons rien de nous-
mêmes, pouvons avec celui qui nous fortifie; en
telle sorte, que l'homme n'a rien de quoi se glori-
fier, ni de quoi se confier en lui-même, ID. Proj. de
réun. des protest. Explic. de points de controv.
Vous-même Gontrë vous fortifiez-mon coeur, RAC.
Bérén. iv, 6. j | Fortifier quelqu'un dans une résolu-
tion, l'y affermir, l'y faire persister. .|| Corroborer,
confirmer. Cela fortifié les soupçons. [Elle]... fortifie
en toi cette inclination, TRISTAN, Panthéé', ni, 3.
Plusieurs circonstances et divers motifs concouru-
rent à faire naître [à Rome] cette haine implacable de
la royauté et à la fortifier, ROLUN, Trait, des Et. v,
m, 2. Tout fortifie dans les grands cette dangereuse
impression, MASS. -Carême, Prosp. || 3° Terme de
guerre. Fortifier une place, un poste, l'entourer d'ou-
vrages de défense. S'ils avaient pris encore dix au-
tres de nos places avec un pareil succès [c'est-à-dire
en les reperdant après les avoir fortifiées], notre
frontière en serait en meilleur état, et ils l'auraient
mieux fortifiée que ceux qui jusques ici en ont eu
la commission, VOIT. Lett. 74. Qu'il embellît cette
magnifique et délicieuse maison [Chantilly], ou bien
qu'il munît un camp au milieu d'un pays ennemi
et qu'il fortifiât une place.... BOSS. Louis de Bour-
bon. Je suis un peu affligé, en ma qualité de '
Français, d'entendre dire que c'est un chevalier
de Tott qui fortifia les Dardanelles, VOLT Lett.
Catherine, 20 nov, 4 770. || 4° Se fortifier, v. réfl.
Devenir plus fort. Cet enfant se fortifie tous
les jours. Plus l'Église se fortifiait, plus elle fai-
sait éclater sa soumission et sa modestie, BOSS.
Var. 6e avert. § 46. || Fig. L'esprit se fortifie par
l'étude. Ce devrait être aussi notre.unique pensée
De nous fortifier chaque jour contre nous, CORN.
Imitation, i, 3. Le coeur se fortifié dans lavertu,
FÉN. Tél. ix. Le fils qu'elle lui avait donné [au czar
Pierre] en 4 690 naquit malheureusement avec le
caractère de sa mère, et ce caractère se fortifia par
la première éducation qu'il reçut, VOLT. Russie, n,
40. || Avec ellipse du pronom personnel. Chaque
jour voyait croître leur foi et fortifier leur charité,
MASS. Carême, Comm. || S'affermir. Se fortifier dans
sa résolution. j| 5° Se donner l'un à l'autre des
forces, du courage. Us s'encouragent, ils se forti^
fient les uns les autres. Ils se fortifient mutuelle-
ment dans leurs résolutions. || 6" S'entourer de for-
tifications. L'ennemi se fortifie dans son camp. || Se
fortifier dans un poste, s'y mettre en état de tenir
contre les attaques de l'ennemi.
— HIST. xive s. Car tous les fors Englois, de quo\
il y a tant, Chasteaux, villes, citez se vont fortefiant,
Guescl. 46944. H xve s. Et estoit l'intention-des An-
gloisque.... ils detnliroient toute Escbsse pour la
cause de ce que ils s'estaient fortifiés en celle saison
des François [les avaient pris pour'auxiliaires],
FROISS. u, u, 236. Mes [les Anglais] sont fortifiiez
leans, Que à peine en pourrez chévir, Myst. du siège
d'Orléans, p. 479. || xvie s. Si la viande ne se digère,
si elle ne nous augmente et.fortifie.... MONT, I, 444.
La conscience fortifie l'innocent contre la torture,
ID. II, 47. Il passa au travers l'armée ennemie pour
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