1538
ÉTU
plan est encore à l'étude. || 6° On dessin ou un
morceau de peinture, de sculpture, exécuté pour
l'étude particulière d'un objet. Une étude de drape-
rie, de paysage. Les études de Raphaël. Les études
de ces artistes montrent combien ils ont encore be-
soin d'en faire, DIDEH. Salon de 4 767, OEuv. t. xrv,
p. 276 , dans POUGENS. Nous y vîmes aussi un
grand nombre d'études qu'ils avaient faites d'après
plusieurs beaux monuments, et en particulier d'a-
près cette fameuse statue de Polydète, qu'on
i nomme le canon ou la règle, BARTHÉL. Anach.
' ch. 72. || Tête d'étude, tête dessinée pour servir
■ de modèle. || Terme de musique. Composition faite
pour exercer au doigté , au jeu d'un instrument.
Des études pour le violon. || 6° Soin particulier
que l'on apporte à quelque chose. Tandis qu'autour
des deux tu perdras ton étude [à deviner lequel des
deux est ton filsj, Mon àme jouira de ton inquié-
tude, CORN. Héracl. iv, 6. Son âme semble en vivre
[de soupçons], et je mets mon étude X trouver des
raisons à son inquiétude, MOL. D. Garc< H, 4. Je
mettrais toute mon étude à rendre ce quelqu'un
jaloux, n>. Sicil. 7. Us emploient toute leur étude
à chercher, PASG. Prov. 2. Se faire une étude d'une
bagatelle, BOSS. m, Vêture, 3. Je songe à me con-
naître et me cherche en moi-même, C'est là l'uni-
que étude où je veux m'attacher, BOIL. Épit. v. Je
mets à les former [de jeunes filles] mon étude et
mes soins, BAC. Esth. i, 4 Ta fière ingrati-
tude Se fait de m'offenser une farouche étude, VOLT.
Uort de Ces. n, 6. Ma main donne au papier, sans tra-
vail , sans étude, Des vers fils de l'amour et de la soli-
tude, A. CHÊN. Èlég. xvi. || Préméditation L'in-
dignation qu'on prend avec étude Augmente avec le
temps et porte un coup plus rude, CORN. Pomp. iv,
4. Tranquille en me frappant, barbare avec étude,
VOLT. Irène, ïv, 4. || 7° Objet d'étude, de soin.Votre
exemple est partout une étude pour moi, CORN. Sert.
m, 2. J'ai.... de l'inquiétude De voir qu'un sot
amour fait toute votre étude, MOL. Sgan. 7. Je
me suis fait une étude de cet endroit d'une de vos
lettres, SÉV. 437. || 8° En mauvaise part. Affectation,
recherche. Éviter l'apprêt et l'étude. Elle plaît sans
étude. Que ne puis-je vous représenter cet homme
simple et sans étude? FLÉCH. n, 424. Toute notre
vie est une étude de vanité, MASS. Myst. Ass.
|| 9° Etude est quelquefois un titre d'ouvrage, moins
usité, il est vrai, que essai. Études sur la musique
ancienne.i| 10° Anciennement, chambre, cabinet où
l'on étudie, où l'on compose. Et ces heureux ha-
sards des fruits de mon étude, CORN. La poésie à la
peinture. Ces vers, produits dans mon étude, Ré-
citent tes commandements, RACAN, Psaume 4 48.
Plus d'un héros, épris des fruits de mon étude,
Vient quelquefois chez moi goûter la solitude,
BOIL. Êp. x. Considérez les avantages d'un homme
[un orateur] qui n'apprend pas par coeur.... la cha-
leur qui l'anime lui fait trouver des expressions et
des figures qu'il n'aurait pu préparer dans son étu-
de, FÉN. Dial. sur l'éloq. n. || 11° Aujourd'hui, lieu
où l'on réunit les élèves pour étudier leurs leçons
et faire leurs devoirs. Les études de ce collège
sont vastes et bien aérées. || On dit très-souvent
aussi : salle d'étude. || Dans les lycées de Paris, au-
lieu d'étude, on dit ordinairement quartier. || Le
temps de ces exercices. L'étude la plus longue est
celle du soir. || Maître d'étude, maître chargé de
la surveillance pendant les études, les récréations
et les promenades. Le titre officiel est, depuis quel-
ques années, maître-répétiteur. || 12° Pièce où un
notaire, un avoué, un huissier fait travailler ses
clercs. || Dépôt des minutes et des papiers que les
notaires et les avoués conservent; clientèle du no-
taire, de l'avoué, etc. Acheter une étude. Il cède
son étude à son premier clerc.
— REM. Étude a été longtemps masculin, d'après le
latin qui est neutre. « Etude pour un lieu où l'on
étudie est féminin ; étude pour travail d'étudier est
masculin ; qui fait au contraire n'y entend rien, i
MALH. Comment, sur Desportes , édit. LALANNE ,
t ïv, p. 345. Cela est répété par Chifflet, Gramm.
p. 449. Aujourd'hui la terminaison féminine l'a dé-
finitivement emporté, et étude est uniquement du
féminin.
— HIST. xu" s. Ainz voliez poverte de vostre gré
porter, En oreisun adès e en estudie ester, Th. le
marf.84. ||xm*g. [Les rois qui] Fièrement metentlor
estuide X faire entoreus armer gens, la Rose, 6288.
H xv° s. Il ne vous est mie mestiers, Dame, dis-je,
que le vous die; Car, sans mettre y vostre estudie,
Vous en savés là et avant, FROISS. Esp. amour.
Collèges, n'attendez demain; Estudes [universités],
vous deussiez aler Devers le roy pour enhorter Le
ETU
concilie, et chercher le voir [le vrai], E. DESCH.
dans POUGENS. En laquelle chose France a grand
honneur, le roy et les princes d'icelle, avec la
noble université de l'estude de Paris, Boude, m,
20. J'ai ma fille à marier, où j'ay grant estude de
la bien asseurer, Perceforest, t. v, f° 407. || xyi" s.
Mais par sus tout il mit son estudie X reparer son
pals d'Arcadie, MAROT, ïv, 77. Puys se mettoyt à
son estude principal par troys heures ou d'advan-
taige, RAB. Garg. i, 23. Et des principaux estudes
de ma vie, c'est que le bout s'en porte bien, MONT.
I, 68. Mais on trouva enfin que c'estoit une estude
profonde, son esprit s'exercitant, m. n, 4 75. Faire
un capitaine d'un personnage qui n'auroit jamais
bougé de dessus les livres en une estude, AMYOT, Préf.
x, 36. Presque toute leur estude estoit d'apprendre
à obéir, ID. Lyc. 33. Si estoit il en ses premiers ans
plus enclein à l'estude de la poésie qu'à nul autre,
ID. Cicéron, 2.
— ÉTYM. Wallon, sitûd, s. f. ; provenç. estudi;
espagn. estudio;portug. estudo; ital. studio; dulat.
studium. Estudie au xn* siècle est purement ortho-
graphique; le vers montre que la prononciation était
estuide. Plus tard estudie se dit, mais alors il est
calqué sur le latin.
ÉTUDIANT (é-tu-di-an), s. m. Celui qui étudie.
Je commence par mettre aux pieds de Votre Ma-
jesté la reconnaissance du jeune étudiant qu'elle
a bien voulu honorer de ses bontés, D'ALEMB. Lett.
au roi de Pr. 26 oct. 4 76). || Particulièrement, celui
qui étudie dans une université, et, en France, dans
une faculté. Il y a peu d'étudiants à ce cours. Étu-.
diant en droit. || Au féminin, étudiante, dans une
espèce d'argot, grisette du quartier latin. Commis
et grisettes, étudiants et étudiantes affluent dans
ce bal.
— ÉTYM. Étudier ; provenç. estudian ; espagn.
estudianle; portug. estudante; ital. studiante.
ÉTUDIÉ, ÉE (é-tu-di-é, ée), part, passé. || 1° Qui
a été l'objet d'études. Un auteur étudié avec soin.
Tacite étudié dans les classes. La botanique étudiée
avec ardeur. || Appris par coeur. Leçon bien, mal
étudiée. ||2° Qui a été médité, composé avec soin.
La lecture de tous les bons livres est comme une con-
versation avec les plus honnêtes gens des siècles
passés qui en ont été les auteurs, et même une con-
versation étudiée en laquelle ils ne nous découvrent
que les meilleures de leurs pensées, DESC. Méth.
i, 6. Leur discours étudié ne fit qu'augmenter les
soupçons qu'on avait déjà de la trahison, FLÉCH. Eist.
de Théod. rv, 38. Tout cela était dit avec la rapidité
d'un discours étudié, MARIVADX, Paysan parv. 6" par-
tie. La tragédie ne représente pas les hommes tels que
nous les voyons dans la société ; elle peint un na-
turel d'un ordre différent, un naturel plus étudié,
plus mesuré, plus égal, CONDIL. Art d'écr. ïv, 5.
jl Fig. Feignant des sentiments longtemps étu-
diés, VOLT. il. de Ces. n, 4. Si de votre ennemi la
haine étudiée, ID. Irène, u, 4. || Fait, travaillé,
fini avec soin. Un dessin, un tableau fort étudié.
|| 3° Qui sent l'étude, le travail. N'attendez pas,
messieurs, que je ménage vos esprits, ou que par
des figures étudiées je flatte ou j'irrite votre dou-
leur, FLÉCH. Dauphine. L'arrangement étudié des
expressions, MASS. Car. Conf. Fontenelle et La-
motte ont écrit en prose avec beaucoup de clarté,
d'élégance, de simplicité même, mais Lamotte avec
une simplicité plus naturelle, et Fontenelle avec une
simplicité plus étudiée, D'ALEMB. Éloges, Lamotte.
|| 4° Affecté, sans naturel. Des larmes étudiées. Le
jeu de cet acteur est étudié. Je n'ai jamais su goû-
ter cette tristesse étudiée, BALZ. liv. Yi, lett. 2.
N'attendez pas de cette princesse des discours étu-
diés et magnifiques, BOSS. Duch. d'Orl. Sans pitié,
sans douleur, au moins étudiée, RAC. Andr. v, 4.
(Cette expression de Racine fut critiquée dans le
temps; à tort; car, bonne en soi, elle était déjà dans
l'usage.) || Il se dit quelquefois des personnes en ce
sens. Il n'est point naturel, il est étudié, Dict. de
l'Acad.
ÉTUDIER (é-tu-di-é), j'étudiais, nous étudiions,
vous étudiiez; que j'étudie, que nous étudiions, que
vous étudiiez. || 1° T. n. Appliquer son esprit à l'é-
tude des sciences, des lettres, etc. Étudier endroit,
en médecine. Il me semble qu'on pourrait tirer de
là que M. d'Avranches [Huet] est peut-être de tous
les hommes qu'il y eut jamais celui qui a le plus
étudié, D'OLIVET, Hist. Acad. t. u, p. 402, dans
POUGENS. Il eut de si fréquentes maladies pendant
son enfance que ses parents n'osèrent le pres-
ser d'étudier, MAIRAN, Éloges, abbé de Molières. On
doit étudier autant pour se former l'esprit que pour
apprendre, DU MARSAIS, OEuvres, t. i, p. 32. Il
ETU
faut étudier pour s'instruire. Mais comment faut-il
étudier? c'est une chose qu'on ignore assez com-
munément, CONDIL. Lang. cale, i, 4 2. || Étudier en-
semble, être élevés dans le même collège, dans la
même maison d'éducation. || Faire étudier, faire
faire à un enfant le cours des classes. J'enrage que
mon père et ma mère ne m'aient pas fait étudier
dans toutes les sciences quand j'étais jeune, MOL.
B. gent. n, 6. L'on trouva moyen de me faire étu-
dier, M. Rouss.^m.iv. || 2° Étudier à, archaïsme resté
en usage au commencement du xvii" siècle. Et puis
quand je n'alléguerais autre chose, sinon que si j'ai
étudié aux bonnes lettres pour me rendre capable
de la vertu, si je suis homme de bien, je rends à
mon père en son bienfait même plus que je n'ai reçu
de lui, MALH. Le traité des bienf. de Sénèque, iîif
34. J'avais un peu étudié, étant plus jeune, entre
les parties delà philosophie, à la logique, et, entre
les mathématiques, à l'analyse des géomètres et à
l'algèbre, DESC. Méth. n, 6. Plus un homme à lui-
même étudie à mourir, Plus il commence à vivre à
l'auteur de son être, CORN. Imit. n, 42. Je m'ima-
ginais que vous avez quelque pensée d'étudier à la
magie, MÊRÊ, OEuvres posth. t. a, p. 360. Vous
n'étudiez plus qu'à bien vivre,iD.ib.p. 260. ||3°7. a.
S'appliquer à apprendre une science, un art, à
comprendre un auteur, à bien connaître une chose.
Étudier les mathématiques, le grec, le dessin, l'a-
griculture. || 4° Tâcher de fixer dans sa mémoire,
d'apprendre par coeur. Étudier un rôle, un morceau
de musique. Étudier ses leçons. || 5° Méditer, pré-
parer. Étudier un discours, un compliment. || On
dit dans le même sens il fait des contes plaisants,
mais il les étudie. || Absolument. S'exercer sur ur.
instrument de musique, piano, violon, etc. Cette
pianiste étudie six heures par jour. || 6° Terme d'in-
génieur. Étudier un projet, en vérifier les moyens
d'exécution et la dépense. || Les architectes disent
dans le même sens étudier un plan. || 7° Terme de
peinture et de sculpture. Étudier une draperie, une
pose, s'assurer de leur effet avant l'exécution défi-
nitive. || Étudier un modèle, en examiner soigneu-
sementtoutes les qualités. ||I1 se dit dans lé même
sens en littérature. Je suis bien persuadé que de
tous les modèles celui que Massillon avait le plus'
étudié, c'était Racine, MARMONTEL, Élim. litt. OEuv.
t. v, p. 82, dans POUGENS. il 8° Examiner attentive-
ment. Étudier les phénomènes de 1 électricité, les
phases d'une maladie. || Observer avec soin l'hu-
meur, les habitudes, les inclinations des personnes.
Votre homme arrive.... je l'ai étudié une bonne
grosse demi-heure, et je le sais déjà par coeur, MOL.
Pourc. i, 4. J'étudiai leur coeur, je flattai leurs ca-
prices, RAC. A thaï, m, 2. Étudiez nos moeurs avant
de les blâmer, VOLT. Ali. ïv, 2. Comme ils [les
affranchis] ont étudié les faiblesses de leur maître
et non pas ses vertus, MONTESQ. Esp. xv, 4 9. || Étu-
dier un terrain, en examiner les diverses parties
pour l'objet qu'on se propose. || Fig. Étudier le ter-
rain , chercher à connaître à fond les choses et les
hommes. || Il faut étudier le moment favorable,
l'épier afin de le saisir et d'en profiter. || 9° Feindre.
Cent fois je me révolte et cent, fois je succombe;
Tant le calme forcé que j'étudie en vain, Près
d'un si rare objet s'évanouit soudain, CORN. Pulch.
n, 4. || 10° S'étudier, v. réfl. Être étudié. Le grec
s'étudie moins aujourd'hui qu'autrefois. || 11" Faire
étude de soi-même. Il se juge en autrui, se tâte,
s'étudie, CORN. Pomp. m, 4. Je veux exprimer ma
pensée, les paroles convenables me sortent aussitôt
delà bouche, sans que je sache aucun des mouve-
ments que doivent faire, pour les former, la langue
ouïes lèvres, encore moins ceux du cerveau, du pou-
mon et de la trachée-artère ; puisque je ne sais pas
même naturellement si j'ai de telles parties et que j'ai
eu besoin dem'étudier moi-même pourle savoir,BOSS.
Connaiss. ai, 42. Celui qui se sera étudié lui-même
sera bien avancé dans la connaissance des autres,
DIDEROT, Règnede Claudeet deNér.i, § 425. || 12° S'é-
tudier,s'appliquer, s'exercer, avec à et le verbe à l'in-
finitif. Sa rigueur s'étudie assez à m'accabler, TH.
CORN. Essex, ïv, 6. Il s'étudiait à reconnaître les ta-
lents ; il les encourageait, les aidait par des attentions
particulières, FONTEN. Boerhaave. Plus sa place, [de
Colbert] relevait au-dessus d'eux, plus il s'étudiait
à leur témoigner qu'avec eux il n'était que leur
confrère; il leur donnait des fêtes dans sa belle mai-
son de Sceaux, D'OLIVET, Hist. Acad. t. ii, p. 208,
dans POUGENS. || Il se dit aussi avec un substantif.
Plus une âme est humiliée, Plus elle s'est étudiée
X ce noble ravalement, CORN. Imit. in, 43. Un per-
sonnage grave ne s'étudie point à une si extrava-
gante rhétorique, BAYLE, Dict. erit. art. Arodon,
ÉTU
plan est encore à l'étude. || 6° On dessin ou un
morceau de peinture, de sculpture, exécuté pour
l'étude particulière d'un objet. Une étude de drape-
rie, de paysage. Les études de Raphaël. Les études
de ces artistes montrent combien ils ont encore be-
soin d'en faire, DIDEH. Salon de 4 767, OEuv. t. xrv,
p. 276 , dans POUGENS. Nous y vîmes aussi un
grand nombre d'études qu'ils avaient faites d'après
plusieurs beaux monuments, et en particulier d'a-
près cette fameuse statue de Polydète, qu'on
i nomme le canon ou la règle, BARTHÉL. Anach.
' ch. 72. || Tête d'étude, tête dessinée pour servir
■ de modèle. || Terme de musique. Composition faite
pour exercer au doigté , au jeu d'un instrument.
Des études pour le violon. || 6° Soin particulier
que l'on apporte à quelque chose. Tandis qu'autour
des deux tu perdras ton étude [à deviner lequel des
deux est ton filsj, Mon àme jouira de ton inquié-
tude, CORN. Héracl. iv, 6. Son âme semble en vivre
[de soupçons], et je mets mon étude X trouver des
raisons à son inquiétude, MOL. D. Garc< H, 4. Je
mettrais toute mon étude à rendre ce quelqu'un
jaloux, n>. Sicil. 7. Us emploient toute leur étude
à chercher, PASG. Prov. 2. Se faire une étude d'une
bagatelle, BOSS. m, Vêture, 3. Je songe à me con-
naître et me cherche en moi-même, C'est là l'uni-
que étude où je veux m'attacher, BOIL. Épit. v. Je
mets à les former [de jeunes filles] mon étude et
mes soins, BAC. Esth. i, 4 Ta fière ingrati-
tude Se fait de m'offenser une farouche étude, VOLT.
Uort de Ces. n, 6. Ma main donne au papier, sans tra-
vail , sans étude, Des vers fils de l'amour et de la soli-
tude, A. CHÊN. Èlég. xvi. || Préméditation L'in-
dignation qu'on prend avec étude Augmente avec le
temps et porte un coup plus rude, CORN. Pomp. iv,
4. Tranquille en me frappant, barbare avec étude,
VOLT. Irène, ïv, 4. || 7° Objet d'étude, de soin.Votre
exemple est partout une étude pour moi, CORN. Sert.
m, 2. J'ai.... de l'inquiétude De voir qu'un sot
amour fait toute votre étude, MOL. Sgan. 7. Je
me suis fait une étude de cet endroit d'une de vos
lettres, SÉV. 437. || 8° En mauvaise part. Affectation,
recherche. Éviter l'apprêt et l'étude. Elle plaît sans
étude. Que ne puis-je vous représenter cet homme
simple et sans étude? FLÉCH. n, 424. Toute notre
vie est une étude de vanité, MASS. Myst. Ass.
|| 9° Etude est quelquefois un titre d'ouvrage, moins
usité, il est vrai, que essai. Études sur la musique
ancienne.i| 10° Anciennement, chambre, cabinet où
l'on étudie, où l'on compose. Et ces heureux ha-
sards des fruits de mon étude, CORN. La poésie à la
peinture. Ces vers, produits dans mon étude, Ré-
citent tes commandements, RACAN, Psaume 4 48.
Plus d'un héros, épris des fruits de mon étude,
Vient quelquefois chez moi goûter la solitude,
BOIL. Êp. x. Considérez les avantages d'un homme
[un orateur] qui n'apprend pas par coeur.... la cha-
leur qui l'anime lui fait trouver des expressions et
des figures qu'il n'aurait pu préparer dans son étu-
de, FÉN. Dial. sur l'éloq. n. || 11° Aujourd'hui, lieu
où l'on réunit les élèves pour étudier leurs leçons
et faire leurs devoirs. Les études de ce collège
sont vastes et bien aérées. || On dit très-souvent
aussi : salle d'étude. || Dans les lycées de Paris, au-
lieu d'étude, on dit ordinairement quartier. || Le
temps de ces exercices. L'étude la plus longue est
celle du soir. || Maître d'étude, maître chargé de
la surveillance pendant les études, les récréations
et les promenades. Le titre officiel est, depuis quel-
ques années, maître-répétiteur. || 12° Pièce où un
notaire, un avoué, un huissier fait travailler ses
clercs. || Dépôt des minutes et des papiers que les
notaires et les avoués conservent; clientèle du no-
taire, de l'avoué, etc. Acheter une étude. Il cède
son étude à son premier clerc.
— REM. Étude a été longtemps masculin, d'après le
latin qui est neutre. « Etude pour un lieu où l'on
étudie est féminin ; étude pour travail d'étudier est
masculin ; qui fait au contraire n'y entend rien, i
MALH. Comment, sur Desportes , édit. LALANNE ,
t ïv, p. 345. Cela est répété par Chifflet, Gramm.
p. 449. Aujourd'hui la terminaison féminine l'a dé-
finitivement emporté, et étude est uniquement du
féminin.
— HIST. xu" s. Ainz voliez poverte de vostre gré
porter, En oreisun adès e en estudie ester, Th. le
marf.84. ||xm*g. [Les rois qui] Fièrement metentlor
estuide X faire entoreus armer gens, la Rose, 6288.
H xv° s. Il ne vous est mie mestiers, Dame, dis-je,
que le vous die; Car, sans mettre y vostre estudie,
Vous en savés là et avant, FROISS. Esp. amour.
Collèges, n'attendez demain; Estudes [universités],
vous deussiez aler Devers le roy pour enhorter Le
ETU
concilie, et chercher le voir [le vrai], E. DESCH.
dans POUGENS. En laquelle chose France a grand
honneur, le roy et les princes d'icelle, avec la
noble université de l'estude de Paris, Boude, m,
20. J'ai ma fille à marier, où j'ay grant estude de
la bien asseurer, Perceforest, t. v, f° 407. || xyi" s.
Mais par sus tout il mit son estudie X reparer son
pals d'Arcadie, MAROT, ïv, 77. Puys se mettoyt à
son estude principal par troys heures ou d'advan-
taige, RAB. Garg. i, 23. Et des principaux estudes
de ma vie, c'est que le bout s'en porte bien, MONT.
I, 68. Mais on trouva enfin que c'estoit une estude
profonde, son esprit s'exercitant, m. n, 4 75. Faire
un capitaine d'un personnage qui n'auroit jamais
bougé de dessus les livres en une estude, AMYOT, Préf.
x, 36. Presque toute leur estude estoit d'apprendre
à obéir, ID. Lyc. 33. Si estoit il en ses premiers ans
plus enclein à l'estude de la poésie qu'à nul autre,
ID. Cicéron, 2.
— ÉTYM. Wallon, sitûd, s. f. ; provenç. estudi;
espagn. estudio;portug. estudo; ital. studio; dulat.
studium. Estudie au xn* siècle est purement ortho-
graphique; le vers montre que la prononciation était
estuide. Plus tard estudie se dit, mais alors il est
calqué sur le latin.
ÉTUDIANT (é-tu-di-an), s. m. Celui qui étudie.
Je commence par mettre aux pieds de Votre Ma-
jesté la reconnaissance du jeune étudiant qu'elle
a bien voulu honorer de ses bontés, D'ALEMB. Lett.
au roi de Pr. 26 oct. 4 76). || Particulièrement, celui
qui étudie dans une université, et, en France, dans
une faculté. Il y a peu d'étudiants à ce cours. Étu-.
diant en droit. || Au féminin, étudiante, dans une
espèce d'argot, grisette du quartier latin. Commis
et grisettes, étudiants et étudiantes affluent dans
ce bal.
— ÉTYM. Étudier ; provenç. estudian ; espagn.
estudianle; portug. estudante; ital. studiante.
ÉTUDIÉ, ÉE (é-tu-di-é, ée), part, passé. || 1° Qui
a été l'objet d'études. Un auteur étudié avec soin.
Tacite étudié dans les classes. La botanique étudiée
avec ardeur. || Appris par coeur. Leçon bien, mal
étudiée. ||2° Qui a été médité, composé avec soin.
La lecture de tous les bons livres est comme une con-
versation avec les plus honnêtes gens des siècles
passés qui en ont été les auteurs, et même une con-
versation étudiée en laquelle ils ne nous découvrent
que les meilleures de leurs pensées, DESC. Méth.
i, 6. Leur discours étudié ne fit qu'augmenter les
soupçons qu'on avait déjà de la trahison, FLÉCH. Eist.
de Théod. rv, 38. Tout cela était dit avec la rapidité
d'un discours étudié, MARIVADX, Paysan parv. 6" par-
tie. La tragédie ne représente pas les hommes tels que
nous les voyons dans la société ; elle peint un na-
turel d'un ordre différent, un naturel plus étudié,
plus mesuré, plus égal, CONDIL. Art d'écr. ïv, 5.
jl Fig. Feignant des sentiments longtemps étu-
diés, VOLT. il. de Ces. n, 4. Si de votre ennemi la
haine étudiée, ID. Irène, u, 4. || Fait, travaillé,
fini avec soin. Un dessin, un tableau fort étudié.
|| 3° Qui sent l'étude, le travail. N'attendez pas,
messieurs, que je ménage vos esprits, ou que par
des figures étudiées je flatte ou j'irrite votre dou-
leur, FLÉCH. Dauphine. L'arrangement étudié des
expressions, MASS. Car. Conf. Fontenelle et La-
motte ont écrit en prose avec beaucoup de clarté,
d'élégance, de simplicité même, mais Lamotte avec
une simplicité plus naturelle, et Fontenelle avec une
simplicité plus étudiée, D'ALEMB. Éloges, Lamotte.
|| 4° Affecté, sans naturel. Des larmes étudiées. Le
jeu de cet acteur est étudié. Je n'ai jamais su goû-
ter cette tristesse étudiée, BALZ. liv. Yi, lett. 2.
N'attendez pas de cette princesse des discours étu-
diés et magnifiques, BOSS. Duch. d'Orl. Sans pitié,
sans douleur, au moins étudiée, RAC. Andr. v, 4.
(Cette expression de Racine fut critiquée dans le
temps; à tort; car, bonne en soi, elle était déjà dans
l'usage.) || Il se dit quelquefois des personnes en ce
sens. Il n'est point naturel, il est étudié, Dict. de
l'Acad.
ÉTUDIER (é-tu-di-é), j'étudiais, nous étudiions,
vous étudiiez; que j'étudie, que nous étudiions, que
vous étudiiez. || 1° T. n. Appliquer son esprit à l'é-
tude des sciences, des lettres, etc. Étudier endroit,
en médecine. Il me semble qu'on pourrait tirer de
là que M. d'Avranches [Huet] est peut-être de tous
les hommes qu'il y eut jamais celui qui a le plus
étudié, D'OLIVET, Hist. Acad. t. u, p. 402, dans
POUGENS. Il eut de si fréquentes maladies pendant
son enfance que ses parents n'osèrent le pres-
ser d'étudier, MAIRAN, Éloges, abbé de Molières. On
doit étudier autant pour se former l'esprit que pour
apprendre, DU MARSAIS, OEuvres, t. i, p. 32. Il
ETU
faut étudier pour s'instruire. Mais comment faut-il
étudier? c'est une chose qu'on ignore assez com-
munément, CONDIL. Lang. cale, i, 4 2. || Étudier en-
semble, être élevés dans le même collège, dans la
même maison d'éducation. || Faire étudier, faire
faire à un enfant le cours des classes. J'enrage que
mon père et ma mère ne m'aient pas fait étudier
dans toutes les sciences quand j'étais jeune, MOL.
B. gent. n, 6. L'on trouva moyen de me faire étu-
dier, M. Rouss.^m.iv. || 2° Étudier à, archaïsme resté
en usage au commencement du xvii" siècle. Et puis
quand je n'alléguerais autre chose, sinon que si j'ai
étudié aux bonnes lettres pour me rendre capable
de la vertu, si je suis homme de bien, je rends à
mon père en son bienfait même plus que je n'ai reçu
de lui, MALH. Le traité des bienf. de Sénèque, iîif
34. J'avais un peu étudié, étant plus jeune, entre
les parties delà philosophie, à la logique, et, entre
les mathématiques, à l'analyse des géomètres et à
l'algèbre, DESC. Méth. n, 6. Plus un homme à lui-
même étudie à mourir, Plus il commence à vivre à
l'auteur de son être, CORN. Imit. n, 42. Je m'ima-
ginais que vous avez quelque pensée d'étudier à la
magie, MÊRÊ, OEuvres posth. t. a, p. 360. Vous
n'étudiez plus qu'à bien vivre,iD.ib.p. 260. ||3°7. a.
S'appliquer à apprendre une science, un art, à
comprendre un auteur, à bien connaître une chose.
Étudier les mathématiques, le grec, le dessin, l'a-
griculture. || 4° Tâcher de fixer dans sa mémoire,
d'apprendre par coeur. Étudier un rôle, un morceau
de musique. Étudier ses leçons. || 5° Méditer, pré-
parer. Étudier un discours, un compliment. || On
dit dans le même sens il fait des contes plaisants,
mais il les étudie. || Absolument. S'exercer sur ur.
instrument de musique, piano, violon, etc. Cette
pianiste étudie six heures par jour. || 6° Terme d'in-
génieur. Étudier un projet, en vérifier les moyens
d'exécution et la dépense. || Les architectes disent
dans le même sens étudier un plan. || 7° Terme de
peinture et de sculpture. Étudier une draperie, une
pose, s'assurer de leur effet avant l'exécution défi-
nitive. || Étudier un modèle, en examiner soigneu-
sementtoutes les qualités. ||I1 se dit dans lé même
sens en littérature. Je suis bien persuadé que de
tous les modèles celui que Massillon avait le plus'
étudié, c'était Racine, MARMONTEL, Élim. litt. OEuv.
t. v, p. 82, dans POUGENS. il 8° Examiner attentive-
ment. Étudier les phénomènes de 1 électricité, les
phases d'une maladie. || Observer avec soin l'hu-
meur, les habitudes, les inclinations des personnes.
Votre homme arrive.... je l'ai étudié une bonne
grosse demi-heure, et je le sais déjà par coeur, MOL.
Pourc. i, 4. J'étudiai leur coeur, je flattai leurs ca-
prices, RAC. A thaï, m, 2. Étudiez nos moeurs avant
de les blâmer, VOLT. Ali. ïv, 2. Comme ils [les
affranchis] ont étudié les faiblesses de leur maître
et non pas ses vertus, MONTESQ. Esp. xv, 4 9. || Étu-
dier un terrain, en examiner les diverses parties
pour l'objet qu'on se propose. || Fig. Étudier le ter-
rain , chercher à connaître à fond les choses et les
hommes. || Il faut étudier le moment favorable,
l'épier afin de le saisir et d'en profiter. || 9° Feindre.
Cent fois je me révolte et cent, fois je succombe;
Tant le calme forcé que j'étudie en vain, Près
d'un si rare objet s'évanouit soudain, CORN. Pulch.
n, 4. || 10° S'étudier, v. réfl. Être étudié. Le grec
s'étudie moins aujourd'hui qu'autrefois. || 11" Faire
étude de soi-même. Il se juge en autrui, se tâte,
s'étudie, CORN. Pomp. m, 4. Je veux exprimer ma
pensée, les paroles convenables me sortent aussitôt
delà bouche, sans que je sache aucun des mouve-
ments que doivent faire, pour les former, la langue
ouïes lèvres, encore moins ceux du cerveau, du pou-
mon et de la trachée-artère ; puisque je ne sais pas
même naturellement si j'ai de telles parties et que j'ai
eu besoin dem'étudier moi-même pourle savoir,BOSS.
Connaiss. ai, 42. Celui qui se sera étudié lui-même
sera bien avancé dans la connaissance des autres,
DIDEROT, Règnede Claudeet deNér.i, § 425. || 12° S'é-
tudier,s'appliquer, s'exercer, avec à et le verbe à l'in-
finitif. Sa rigueur s'étudie assez à m'accabler, TH.
CORN. Essex, ïv, 6. Il s'étudiait à reconnaître les ta-
lents ; il les encourageait, les aidait par des attentions
particulières, FONTEN. Boerhaave. Plus sa place, [de
Colbert] relevait au-dessus d'eux, plus il s'étudiait
à leur témoigner qu'avec eux il n'était que leur
confrère; il leur donnait des fêtes dans sa belle mai-
son de Sceaux, D'OLIVET, Hist. Acad. t. ii, p. 208,
dans POUGENS. || Il se dit aussi avec un substantif.
Plus une âme est humiliée, Plus elle s'est étudiée
X ce noble ravalement, CORN. Imit. in, 43. Un per-
sonnage grave ne s'étudie point à une si extrava-
gante rhétorique, BAYLE, Dict. erit. art. Arodon,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93.59%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93.59%.
- Collections numériques similaires Photographie de spectacle de l'après-guerre à nos jours Photographie de spectacle de l'après-guerre à nos jours /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "PhoSpec1"[Sortilèges, texte d'Alfredo Arias et Kado Kostzer, mise en scène d'Alfredo Arias et Le roi se meurt, texte d'Eugène Ionesco, mise en scène de Jacques Mauclair : photographies / Daniel Cande] /ark:/12148/btv1b10612871p.highres [Mademoiselle Julie, texte d'August Strindberg : photographies / Daniel Cande] /ark:/12148/btv1b106128635.highres
- Auteurs similaires Photographie de spectacle de l'après-guerre à nos jours Photographie de spectacle de l'après-guerre à nos jours /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "PhoSpec1"[Sortilèges, texte d'Alfredo Arias et Kado Kostzer, mise en scène d'Alfredo Arias et Le roi se meurt, texte d'Eugène Ionesco, mise en scène de Jacques Mauclair : photographies / Daniel Cande] /ark:/12148/btv1b10612871p.highres [Mademoiselle Julie, texte d'August Strindberg : photographies / Daniel Cande] /ark:/12148/btv1b106128635.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 601/1146
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5406698m/f601.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5406698m/f601.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5406698m/f601.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k5406698m/f601.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5406698m
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5406698m
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k5406698m/f601.image × Aide