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1146 pages
1516
ÉTÉ
gnit-il l'encens, dont la douce et maligne odeur
aurait empoisonné une imagination encore tendre
[du dauphin, fils de Louis XIV]? FLÉCH. DUC de
Montausier. Mais après leur trépas que sont-ils [les
rois] à vos yeux ? Vous éteignez l'encens que vous
brûliez pour eux,VOLT. OEdipe, i, s. ||Fig. Éteindre
les lumières, empêcher le développement desscien-
«es, l'extension de l'instruction. Ceux mêmes qui se
sont efforcés d'éteindre les lumières, n'ont fait que
les répandre, D'HOLBACH, Essai, préj. ch. 44, dans
DDMARSAIS, OEuvres. Éteignons les lumières, Et
rallumons le feu, BÉRANG. Missionnaires. || 3° Éteindre
la chaux, mettre de la chaux vive en contact avec de
l'eau pour former de l'hydrate de chaux. || Éteindre
le fer, le plonger dans l'eau froide lorsqu'il est
chauffé au rouge. || Éteindre les épingles, les laver
dans l'eau fraîche, après qu'elles ont été étamées.
|l 4" Poétiquement. Éteindre la clarté des yeux,
rendre aveugle. Le fer n'a pas éteint le coeur de
Bélisaire, Éteignant de ses yeux l'immortelle clarté,
BOTROU, Bélisaire, v, 8. || Éteindre la lumière
des yeux, faire mourir. Phèdre mourait, seigneur,
et sa main meurtrière Eteignait de ses yeux l'inno-
" cente lumière, RAC. Phèd. iv, 4. |] 5° Éteindre le
feu, faire cesser le feu de l'artillerie ennemie par
une artillerie supérieure, par un tir supérieur. La
place éteignit plusieurs fois le feu de l'assiégeant.
|| 6° Éteindre la vie, faire mourir. Il éteindra ma
vie avant que mon amour, CORN. OEdipe, n, 2. Si
le duc est vivant, quelle vie ai-je éteinte? ROTR. Tenc.
IV, 6. || Il s'est dit aussi quelquefois des personnes
mêmes. Berwick découvrit leur cache de poudre et
de munitions [des révoltés des Cévennes], et à la fin
éteignit tout à fait ces misérables, ST-SIM. 148,466.
|| Eteindre une famille, une race, n'en laisser sub-
sister aucun membre pour la continuer. Les guerres
si meurtrières que les Grecs eurent à soutenir, étei-
gnirent un grand nombre de familles, accoutumées
depuis plusieurs siècles à confondre leur gloire
avec celle de la patrie, BARTHÉL. Anach. introd.
part. Ii,sect 3. || 7° Calmer, en parlant de tout
ce qui est comparé à un feu, à une flamme, à un
incendie. Éteindre l'ardeur de la fièvre. Enfin je
suis sorti d'Europe et j'ai passé ce détroit qui lui
sert de bornes; mais la mer qui est entre vous et
moi ne peut rien éteindre de la passion que j'ai
pour vous, VOIT. Lett. 40. Tu n'as dans, leur que-
relle aucun sujet de craindre ; Un moment l'a fait
naître, un moment peut l'éteindre, CORN. Cid, H,
3. Et comme tous mes feux n'avaient rien que de
saint, L'honneur les alluma, le devoir les éteint,
m. Bdracl. m, 4. J'ai prévu ce tumulte.... Comme
un moment l'allume, un moment peut l'éteindre,
ID. Nicom. v, 4. On si vaillant guerrier, qu'on vient
de nous ravir, Éteint, s'il n'est vengé, l'ardeur de
vous servir, ID. Cid, il, 9. Oui; mais cette grâce
n'éteint pas peut-être le ressentiment des parents et
des amis, MOL. le Festin de P. i, 2. Rien n'est plus
doux que d'aller éteindre sa soif dans un clair
ruisseau, FÉN. t. xix, p. 60. Cette soif de régner que
rien ne peut éteindre, RAC. Iphig. iv, 4. || 8° Dé-
truire, faire disparaître. Aime une ombre comme
ombre, et de cendres éteintes Éteins le souvenir,
MALH. vi, 48. Le premier sang versé rend sa fu-
reur plus forte [de la populace] ; Il l'amorce, il l'a-
charne, il en éteint l'horreur, CORN. Nicom. v,
4. Dans votre infâme sang j'éteindrai votre amour,
ROTROU , Tencesl. i, 4. Je devrais dans ton sang
éteindre ce forfait, LA FONT. Coupe. L'indifférence
éteint en quelque sorte la volonté, BOSS. Orais. vm, 23.
Il se disposait à venir lui-même, à leur tête, étein-
dre l'Église et l'empire tout ensemble, et ajouter au
meurtre de tant de rois celui du souverain pontife
de Jésus-Christ, FLÊCH. Panég. Fr. de Paule. Il
éteint cet amour source de tant de haine, RAC. Brit.
v, 4. Les larmes de la reine ont éteint cet espoir,
ID. Birin. v, 7. Et les soins de la guerre auraient-
ils en un jour Éteint dans tous les coeurs la ten-
dresse et l'amour? ID. Iphig. n, 3. [Les âmes dans
le Tartare souhaitent] une mort qui puisse éteindre
tout sentiment, FÉN. Tél. xvm. En qui des moeurs
tièdes éteignirent toutes les grâces, MASS. Car.
Prière 2. Un seul mot de César a-t-il éteint, dans
toi L'amour de ton pays, ton devoir et ta foi ? VOLT.
If. de Ces. m, 2. Le malheur tôt ou tard éteindra
ma raison, DUCIS, Lear, n, 4. Les lâches courti-
. sans se font une étude d'allumer le vice et d'éteindre
' la vertu, CHATEAUBR. Kart. 4 24. || 9° Éteindre une
rente,une dette,la rembourser,la payer. ||10°Terme
de chancellerie. Éteindre et abolir un crime, l'abo-
lir, l'effacer. || 11° Terme de peinture. Adoucir,
affaiblir. Éteindre les lumières d'un tableau. Éteindre
des tons trop crus. || 12° Il se dit, en un sens ana-
ËTE
logue, dans le langage ordinaire, d'un éclat qui
s'efface. La tristesse avait éteint l'éclat de ses yeux.
La mort avait éteint ses yeux. FÉN. Tél. xvn.
Il 13° S'éteindre, v. réfl. Cesser de brûler. Le feu, le
flambeau s'éteint. || Fig. Quiconque maudit son père
et sa mère, sa lampe s'éteindra au milieu des ténè-
bres, SACI. Bible, Prov. de Salom. xx, 20. Sa lu-
mière s'éteint et son âme s'envole, CORN. Rodog. v,
4. Une mémoire qui se confond, un coeur qui s'é-
teint, MASS. Car. Impén. Tes yeux où s'éteignait la
vie Rayonnent d'immortalité, LAMART. Médit. I, 9.
|| 14° Cesser d'être en activité, en parlant des vol-
cans. Les volcans de l'Auvergne se sont éteints bien
longtemps avant l'âge historique. |) 15° Perdre son
éclat. Les yeux s'allument et s'éleignent en un mo-
ment, PASC. Amour. || 16° Il se dit des maisons, des
dignités qui finissent faute d'héritiers. Cette famille
s'est éteinte. Cette pairie s'éteindra par la mort d'un
tel. || Avec suppression du pronom personnel. Le
jour qui de leurs rois vit éteindre la race Éteignit
tout le feu de leur antique audace,RAC. Athal. i, 4.
|| 17° Cesser d'exister, être détruit. Où le culte de
Dieu s'était éteint, BOSS. Hist. i, 7. Sa loi ne s'é-
teint pas parmi ces rebelles , ID. ib. H, 4. L'a-
mour de la patrie et le respect des lois s'y éteint,
m. ib. m, 7. Et son feu [d'un auteur], dépourvu
de sens et de lecture, S'éteint à chaque pas faute de
nourriture, BOIL. Art p. ni. Dans l'ombre du secret
ce feu P'amour] s'allait éteindre, RAC. Mithr. iv, 4.
Les empires, ainsi que les hommes, doivent croître,
dépérir et s'éteindre, D'ALEMBERT, Éloges, Montes-
quieu. Je languissais, mes ans s'éteignaient dans
l'ennui, M. J. CHËN. Gracques, i, 4. Les langueurs
où s'éteint la vieillesse, c DELAV. Paria, m, 4.
|| 18° Mourir doucement. Il s'éteignit enfin le pre-
mier mars 474 5, âgé de près de 80 ans, FONTEN.
Morin. Si vous brillez à votre aurore, Quand je m'é-
teins à mon couchant, VOLT. Ép. LXXXIX. Son agonie
[de Mme de Maintenon] fut si douce qu'elle avait l'air
d'une personne qui dort tranquillement; elle s'étei-
gnit à six heures du soir, le 4 6 avril 4 719, âgée de
84 ans, GENLIS, Mme de Maintenon, t. u, p. 277,
dans POUGENS. Jeune je m'éteindrai laissant peu de
mémoire.... v. HUGO, Odes, v, 4.||19° U se dit en
parlant du jour qui finit. Ce jour qui va s'éteindre
est le dernier pour moi, c. DELAV. Paria, v, 2.
|| 20° Expirer en parlant de la voix. Les sons ren-
dus parle timbre ne s'éteignent pas sur-le-champ,
DIDEROT, Lett. sur les sourds et muets. Je sens ma
voix s'éteindre et mes genoux trembler, G. DELAV.
le Paria, ni, 2.
— HIST. xii° s. Ta digne miseration Esteigne le
grant feu de t'ire, BENOÎT, n, 43497. Puis qu'en
vous sont tout mal estaint Et tout bien à droit
alumé, Coud, m. Ne de mon cuer [je] ne puis la
flame estaindre, ib. xi. Esteigniez, fait lor il, ces
cirges alumez, Th. le mart. 62. |] xui" s. Ne por ce,
se je veil estaindre La foie amor.... la Rose, 6778.
Si comme se [sa] mesons art [brûle] et je l'estaing....
BEAUM. xxix, 4 2. Quant aucuns a son enfant mort,
si comme par fu [feu], ou par yaue, ou parce
qu'on l'estaint [étouffe] en dormant, ou par aucune
autre malvese garde, ID. LXIX, 5. Quant la royne
se esveilla, elle vit la chambre toute embrasée de
feu, et sailli sus toute nue, et prit la touaille et la
jeta en la mer, et prist les touailles et les estaint
[éteignit], JOINV. 286. || xiv° s. La gent Fabie des-
confite et extaincte, BERCHF.URE, f° 60, verso. Les
queles choses se eles ne sont lantost ostées. eles
estaindront [feront mourir] le pacient, H. DE MONDE-
VILLE, f° 400, verso. || XV s. 11 y ot aucuns mineurs
la-dedans esteints qui oneques ne s'en partirent,car
la mine renversa sur eux, FROISS. U, II, 36. On dit,
et il est vérité, que le grand désir que on a aux
choses que elles aviennent, estaind le sens, et pour
ce sont les vices maistres et les vertus violées et
corrompues, ID. m, iv, 28. Et se estaignist le bruyt
que nous avions ouy, COMM. II, 3. || xvi» s. Trois
cents personnes et davantage esteintes, donnèrent
le premier exemple aux uns pour tuer impunément,
aux autres pour n'espérer point de miséricorde,
D'AUE. Hist. i, 4 30. Ce temple [de Janus] demoura
fermé 43 ans, tant estaient toutes occasions de guer-
res et par tout esteintes et amorties, AMYOT, Numa,
32. Leur monnoye estoit de fer, lequel première-
ment avoit esté esteinct, venant du feu, avec du vi-
naigre, ID. Lysand. 32. Puis en icelle [lessive] on
fera esteindre chaux vive, PARÉ, XXV, 32.
— ÉTYM. Provenç. estenher, esteinger, extenjer;
espagn. et port, extinguir; ital. estinguere; du lat.
exstinguere, de ex, et stinguere, éteindre, presser
sur, appuyer, comme le prouvent in-stinctus (voy.
INSTINCT) , et les rapprochements avec stigare (in-
ÉTÉ
stigare), le grecstechen. piquer. Ex-slinguere, c'est ôter en ap-
puyant.
pTEINT, BINTE (é-tin, tin-t'), part, passé d'é-
teindre. || 1° Qui a cessé de brûler. Un feu éteint
très-promptement. La bougie est éteinte. || X chan-
de le éteinte, ou, substantivement, à éteinte de
chmdelle, s'est dit d'une adjudication qui reste ou-
ve"te tant qu'une petite chandelle qui brûle n'est
pa i consumée. On dit aujourd'hui : à l'extinction
dejs bougies ou des feux. || Fig. Et de David éteint
rallumer le flambeau, RAC. Athal. i, 2. Même au
sein du sénat traînant Rome à son char, Germanicus
éteint triomphe de César, M. J. CHÊN. Tibère, i, 4.
|| !i° Volcans éteints, volcans qui ont cessé de brûler
et d'être en activité. || 3° Qui a perdu son éciat. U
[M, de Monaco] avait deux gros yeux d'aveugle,
éteints, et qui en effet ne distinguaient rien à deux
pieds d'eux, ST-SIM. 44, 2. L'air morne, l'oeil éteint,
pourtant dans leur tristesse Se laissait entrevoir un
rayon d'allégresse, DELH.LE , Paradis perdu,, I.
|| i' Détruit, qui n'exista plus. La vérité était donc
éteinte avant que la réforme parût? BOSS. Avert. 3.
La tyrannie des Pisistratides est entièrement éteinte,
ID. Hist. i, 8. Leur haine pour Hector n'est pas en-
core éteinte, RAC. Andr. i, 4. L'esprit de pénitence
est presque éteint parmi les fidèles, MASS. Car.
Jeine. Des lois ou négligées par le relâchement, ou
été ntes par la coutume, ID. Or.fun. Yillars. Grand
priice [le prince Eugène], qui, dans cette cour [de
Louis XIV] Où la justice était éteinte, Sûtes inspirer
de l'amour, Même en nous donnant de la crainte,
VOIT. Ép. vm. N'avoue-t-il pas lui-même qu'il serait
ridicule de fonder la constitution de l'État sur des
ma rimes éteintes? j. J. ROUSS. Polysynodie, juge-
ment. L'amitié même éteinte avait encore des droits
qu'.l aurait dû respecter, ID. Conf. ix. Hélas! des
rois bientôt la mémoire est éteinte, DUCIS, Hamlet,
n, 6. || Famille, race éteinte, celle dont il ne reste
plu s d'héritier. Et quand Dieu, de vos bras l'arra-
chant sans retour, Voudrait que de David la maison
fùtlêteinte, RAC. Athal. iv, 6. || 5° Il se dit des fa-
cultés qui perdent leur activité. De ses sens presque
éteints il a perdu l'usage, LEMERC. Fre'd. et Br. v,
4. || Dans un sens analogue. Et de mes jours éteints
[il à] ranimé la chaleur, M. J. CHÉN. Fén. iv, 4.
|| itomme éteint, homme dont les facultés sont
amorties soit par les fatigues, soit par l'âge. Elle
est jd'une extrême délicatesse ; elle ne se promène
quasi pas; elle a toujours froid; à neuf heures du
soir! elle est toute éteinte ; les jours sont trop longs
pout elle, SËV. t. vu, lett. 706, p. 229, dans POU-
GENS. H 6° Une voix éteinte, si faible qu'on peut à
peine l'entendre. Non , lui dit-elle, d'une voix
presque éteinte, je n'accepte point ces présents, je
pars, MARMONTEL, Contes moraux, Soliman II.
Il 7° Terme de chimie. Mercure éteint, mercure telle-
mer t trituré avec d'autres substances qu'on n'aper-
çoit plus, dans le mélange, aucun globule métallique.
t ÉTEINTE (é-tin-f), s. £ Usité seulement dans
dan:! cette locution : à éteinte de chandelle (voy.
ÉTEINT).
f ËTELLE (6-15-1'), s. f- Nom donné, sur les bords
de U Seine, aux vagues secondaires ou éclats d'eau
qui suivent la barre ou mascaret.
— ÉTYM. Serait-ce le même mot que le lorrain
étell'. qui signifie éclat de bois, et qui, ici, aurait
un >ens figuré? Élelle représente le latin has-
tella, petit bâton (voy. ATTELLE).
t ËTELON (é;te-lon), s. m. Voy. ÉTALON 2.
ÉTENDAGE (é-tan-da-j'), s. m. Assemblage de
cordlss tendues horizontalement pour y étendre
des objets à sécher. L'étendage d'une blanchisseuse.
Il Lieu où est l'étendage. Mettre, porter du linge,
du papier à l'étendage. || Opération qu'on fait aux
laines.
— ÉTYM. Étendre.
ÉTENDARD (é-tan-dar ; le d ne se lie pas : un
é-tar-dar orné; au pluriel, Ys ne se lie pas : des
é-tai -dar ornés; cependant plusieurs disent: des
é-tar-dar-z ornés), s. m. || 1° Toute sorte d'enseigne
de guerre. Et voyant pour surcroît de douleur et de
hain: Parmi ses étendards porter l'aigle romaine,
RAC. Mithr. v, 4. Déployez en son nom cet étendard
fatal, Des extrêmes périls l'ordinaire signal, ID.
Baj.li, 2. Cet étendard étaitun aigle d'or au bout
d'une pique avec les ailes déployées, et, depuis
ce temps-là, les rois de Perse n'en ont point pris
d'autres, ROLL. Hist. anc. OEuv. t. 11, p. 212, dans
LACDRNE. Le dieu dont j'ai porté les sacrés éten-
dards, VOLT. Fanât, Il, 4. || 2° Aujourd'hui, en
termes militaires, étendard ne se dit que des ensei-
gnes de la cavalerie. Se ranger sous l'étendard.
ÉTÉ
gnit-il l'encens, dont la douce et maligne odeur
aurait empoisonné une imagination encore tendre
[du dauphin, fils de Louis XIV]? FLÉCH. DUC de
Montausier. Mais après leur trépas que sont-ils [les
rois] à vos yeux ? Vous éteignez l'encens que vous
brûliez pour eux,VOLT. OEdipe, i, s. ||Fig. Éteindre
les lumières, empêcher le développement desscien-
«es, l'extension de l'instruction. Ceux mêmes qui se
sont efforcés d'éteindre les lumières, n'ont fait que
les répandre, D'HOLBACH, Essai, préj. ch. 44, dans
DDMARSAIS, OEuvres. Éteignons les lumières, Et
rallumons le feu, BÉRANG. Missionnaires. || 3° Éteindre
la chaux, mettre de la chaux vive en contact avec de
l'eau pour former de l'hydrate de chaux. || Éteindre
le fer, le plonger dans l'eau froide lorsqu'il est
chauffé au rouge. || Éteindre les épingles, les laver
dans l'eau fraîche, après qu'elles ont été étamées.
|l 4" Poétiquement. Éteindre la clarté des yeux,
rendre aveugle. Le fer n'a pas éteint le coeur de
Bélisaire, Éteignant de ses yeux l'immortelle clarté,
BOTROU, Bélisaire, v, 8. || Éteindre la lumière
des yeux, faire mourir. Phèdre mourait, seigneur,
et sa main meurtrière Eteignait de ses yeux l'inno-
" cente lumière, RAC. Phèd. iv, 4. |] 5° Éteindre le
feu, faire cesser le feu de l'artillerie ennemie par
une artillerie supérieure, par un tir supérieur. La
place éteignit plusieurs fois le feu de l'assiégeant.
|| 6° Éteindre la vie, faire mourir. Il éteindra ma
vie avant que mon amour, CORN. OEdipe, n, 2. Si
le duc est vivant, quelle vie ai-je éteinte? ROTR. Tenc.
IV, 6. || Il s'est dit aussi quelquefois des personnes
mêmes. Berwick découvrit leur cache de poudre et
de munitions [des révoltés des Cévennes], et à la fin
éteignit tout à fait ces misérables, ST-SIM. 148,466.
|| Eteindre une famille, une race, n'en laisser sub-
sister aucun membre pour la continuer. Les guerres
si meurtrières que les Grecs eurent à soutenir, étei-
gnirent un grand nombre de familles, accoutumées
depuis plusieurs siècles à confondre leur gloire
avec celle de la patrie, BARTHÉL. Anach. introd.
part. Ii,sect 3. || 7° Calmer, en parlant de tout
ce qui est comparé à un feu, à une flamme, à un
incendie. Éteindre l'ardeur de la fièvre. Enfin je
suis sorti d'Europe et j'ai passé ce détroit qui lui
sert de bornes; mais la mer qui est entre vous et
moi ne peut rien éteindre de la passion que j'ai
pour vous, VOIT. Lett. 40. Tu n'as dans, leur que-
relle aucun sujet de craindre ; Un moment l'a fait
naître, un moment peut l'éteindre, CORN. Cid, H,
3. Et comme tous mes feux n'avaient rien que de
saint, L'honneur les alluma, le devoir les éteint,
m. Bdracl. m, 4. J'ai prévu ce tumulte.... Comme
un moment l'allume, un moment peut l'éteindre,
ID. Nicom. v, 4. On si vaillant guerrier, qu'on vient
de nous ravir, Éteint, s'il n'est vengé, l'ardeur de
vous servir, ID. Cid, il, 9. Oui; mais cette grâce
n'éteint pas peut-être le ressentiment des parents et
des amis, MOL. le Festin de P. i, 2. Rien n'est plus
doux que d'aller éteindre sa soif dans un clair
ruisseau, FÉN. t. xix, p. 60. Cette soif de régner que
rien ne peut éteindre, RAC. Iphig. iv, 4. || 8° Dé-
truire, faire disparaître. Aime une ombre comme
ombre, et de cendres éteintes Éteins le souvenir,
MALH. vi, 48. Le premier sang versé rend sa fu-
reur plus forte [de la populace] ; Il l'amorce, il l'a-
charne, il en éteint l'horreur, CORN. Nicom. v,
4. Dans votre infâme sang j'éteindrai votre amour,
ROTROU , Tencesl. i, 4. Je devrais dans ton sang
éteindre ce forfait, LA FONT. Coupe. L'indifférence
éteint en quelque sorte la volonté, BOSS. Orais. vm, 23.
Il se disposait à venir lui-même, à leur tête, étein-
dre l'Église et l'empire tout ensemble, et ajouter au
meurtre de tant de rois celui du souverain pontife
de Jésus-Christ, FLÊCH. Panég. Fr. de Paule. Il
éteint cet amour source de tant de haine, RAC. Brit.
v, 4. Les larmes de la reine ont éteint cet espoir,
ID. Birin. v, 7. Et les soins de la guerre auraient-
ils en un jour Éteint dans tous les coeurs la ten-
dresse et l'amour? ID. Iphig. n, 3. [Les âmes dans
le Tartare souhaitent] une mort qui puisse éteindre
tout sentiment, FÉN. Tél. xvm. En qui des moeurs
tièdes éteignirent toutes les grâces, MASS. Car.
Prière 2. Un seul mot de César a-t-il éteint, dans
toi L'amour de ton pays, ton devoir et ta foi ? VOLT.
If. de Ces. m, 2. Le malheur tôt ou tard éteindra
ma raison, DUCIS, Lear, n, 4. Les lâches courti-
. sans se font une étude d'allumer le vice et d'éteindre
' la vertu, CHATEAUBR. Kart. 4 24. || 9° Éteindre une
rente,une dette,la rembourser,la payer. ||10°Terme
de chancellerie. Éteindre et abolir un crime, l'abo-
lir, l'effacer. || 11° Terme de peinture. Adoucir,
affaiblir. Éteindre les lumières d'un tableau. Éteindre
des tons trop crus. || 12° Il se dit, en un sens ana-
ËTE
logue, dans le langage ordinaire, d'un éclat qui
s'efface. La tristesse avait éteint l'éclat de ses yeux.
La mort avait éteint ses yeux. FÉN. Tél. xvn.
Il 13° S'éteindre, v. réfl. Cesser de brûler. Le feu, le
flambeau s'éteint. || Fig. Quiconque maudit son père
et sa mère, sa lampe s'éteindra au milieu des ténè-
bres, SACI. Bible, Prov. de Salom. xx, 20. Sa lu-
mière s'éteint et son âme s'envole, CORN. Rodog. v,
4. Une mémoire qui se confond, un coeur qui s'é-
teint, MASS. Car. Impén. Tes yeux où s'éteignait la
vie Rayonnent d'immortalité, LAMART. Médit. I, 9.
|| 14° Cesser d'être en activité, en parlant des vol-
cans. Les volcans de l'Auvergne se sont éteints bien
longtemps avant l'âge historique. |) 15° Perdre son
éclat. Les yeux s'allument et s'éleignent en un mo-
ment, PASC. Amour. || 16° Il se dit des maisons, des
dignités qui finissent faute d'héritiers. Cette famille
s'est éteinte. Cette pairie s'éteindra par la mort d'un
tel. || Avec suppression du pronom personnel. Le
jour qui de leurs rois vit éteindre la race Éteignit
tout le feu de leur antique audace,RAC. Athal. i, 4.
|| 17° Cesser d'exister, être détruit. Où le culte de
Dieu s'était éteint, BOSS. Hist. i, 7. Sa loi ne s'é-
teint pas parmi ces rebelles , ID. ib. H, 4. L'a-
mour de la patrie et le respect des lois s'y éteint,
m. ib. m, 7. Et son feu [d'un auteur], dépourvu
de sens et de lecture, S'éteint à chaque pas faute de
nourriture, BOIL. Art p. ni. Dans l'ombre du secret
ce feu P'amour] s'allait éteindre, RAC. Mithr. iv, 4.
Les empires, ainsi que les hommes, doivent croître,
dépérir et s'éteindre, D'ALEMBERT, Éloges, Montes-
quieu. Je languissais, mes ans s'éteignaient dans
l'ennui, M. J. CHËN. Gracques, i, 4. Les langueurs
où s'éteint la vieillesse, c DELAV. Paria, m, 4.
|| 18° Mourir doucement. Il s'éteignit enfin le pre-
mier mars 474 5, âgé de près de 80 ans, FONTEN.
Morin. Si vous brillez à votre aurore, Quand je m'é-
teins à mon couchant, VOLT. Ép. LXXXIX. Son agonie
[de Mme de Maintenon] fut si douce qu'elle avait l'air
d'une personne qui dort tranquillement; elle s'étei-
gnit à six heures du soir, le 4 6 avril 4 719, âgée de
84 ans, GENLIS, Mme de Maintenon, t. u, p. 277,
dans POUGENS. Jeune je m'éteindrai laissant peu de
mémoire.... v. HUGO, Odes, v, 4.||19° U se dit en
parlant du jour qui finit. Ce jour qui va s'éteindre
est le dernier pour moi, c. DELAV. Paria, v, 2.
|| 20° Expirer en parlant de la voix. Les sons ren-
dus parle timbre ne s'éteignent pas sur-le-champ,
DIDEROT, Lett. sur les sourds et muets. Je sens ma
voix s'éteindre et mes genoux trembler, G. DELAV.
le Paria, ni, 2.
— HIST. xii° s. Ta digne miseration Esteigne le
grant feu de t'ire, BENOÎT, n, 43497. Puis qu'en
vous sont tout mal estaint Et tout bien à droit
alumé, Coud, m. Ne de mon cuer [je] ne puis la
flame estaindre, ib. xi. Esteigniez, fait lor il, ces
cirges alumez, Th. le mart. 62. |] xui" s. Ne por ce,
se je veil estaindre La foie amor.... la Rose, 6778.
Si comme se [sa] mesons art [brûle] et je l'estaing....
BEAUM. xxix, 4 2. Quant aucuns a son enfant mort,
si comme par fu [feu], ou par yaue, ou parce
qu'on l'estaint [étouffe] en dormant, ou par aucune
autre malvese garde, ID. LXIX, 5. Quant la royne
se esveilla, elle vit la chambre toute embrasée de
feu, et sailli sus toute nue, et prit la touaille et la
jeta en la mer, et prist les touailles et les estaint
[éteignit], JOINV. 286. || xiv° s. La gent Fabie des-
confite et extaincte, BERCHF.URE, f° 60, verso. Les
queles choses se eles ne sont lantost ostées. eles
estaindront [feront mourir] le pacient, H. DE MONDE-
VILLE, f° 400, verso. || XV s. 11 y ot aucuns mineurs
la-dedans esteints qui oneques ne s'en partirent,car
la mine renversa sur eux, FROISS. U, II, 36. On dit,
et il est vérité, que le grand désir que on a aux
choses que elles aviennent, estaind le sens, et pour
ce sont les vices maistres et les vertus violées et
corrompues, ID. m, iv, 28. Et se estaignist le bruyt
que nous avions ouy, COMM. II, 3. || xvi» s. Trois
cents personnes et davantage esteintes, donnèrent
le premier exemple aux uns pour tuer impunément,
aux autres pour n'espérer point de miséricorde,
D'AUE. Hist. i, 4 30. Ce temple [de Janus] demoura
fermé 43 ans, tant estaient toutes occasions de guer-
res et par tout esteintes et amorties, AMYOT, Numa,
32. Leur monnoye estoit de fer, lequel première-
ment avoit esté esteinct, venant du feu, avec du vi-
naigre, ID. Lysand. 32. Puis en icelle [lessive] on
fera esteindre chaux vive, PARÉ, XXV, 32.
— ÉTYM. Provenç. estenher, esteinger, extenjer;
espagn. et port, extinguir; ital. estinguere; du lat.
exstinguere, de ex, et stinguere, éteindre, presser
sur, appuyer, comme le prouvent in-stinctus (voy.
INSTINCT) , et les rapprochements avec stigare (in-
ÉTÉ
stigare), le grec
puyant.
pTEINT, BINTE (é-tin, tin-t'), part, passé d'é-
teindre. || 1° Qui a cessé de brûler. Un feu éteint
très-promptement. La bougie est éteinte. || X chan-
de le éteinte, ou, substantivement, à éteinte de
chmdelle, s'est dit d'une adjudication qui reste ou-
ve"te tant qu'une petite chandelle qui brûle n'est
pa i consumée. On dit aujourd'hui : à l'extinction
dejs bougies ou des feux. || Fig. Et de David éteint
rallumer le flambeau, RAC. Athal. i, 2. Même au
sein du sénat traînant Rome à son char, Germanicus
éteint triomphe de César, M. J. CHÊN. Tibère, i, 4.
|| !i° Volcans éteints, volcans qui ont cessé de brûler
et d'être en activité. || 3° Qui a perdu son éciat. U
[M, de Monaco] avait deux gros yeux d'aveugle,
éteints, et qui en effet ne distinguaient rien à deux
pieds d'eux, ST-SIM. 44, 2. L'air morne, l'oeil éteint,
pourtant dans leur tristesse Se laissait entrevoir un
rayon d'allégresse, DELH.LE , Paradis perdu,, I.
|| i' Détruit, qui n'exista plus. La vérité était donc
éteinte avant que la réforme parût? BOSS. Avert. 3.
La tyrannie des Pisistratides est entièrement éteinte,
ID. Hist. i, 8. Leur haine pour Hector n'est pas en-
core éteinte, RAC. Andr. i, 4. L'esprit de pénitence
est presque éteint parmi les fidèles, MASS. Car.
Jeine. Des lois ou négligées par le relâchement, ou
été ntes par la coutume, ID. Or.fun. Yillars. Grand
priice [le prince Eugène], qui, dans cette cour [de
Louis XIV] Où la justice était éteinte, Sûtes inspirer
de l'amour, Même en nous donnant de la crainte,
VOIT. Ép. vm. N'avoue-t-il pas lui-même qu'il serait
ridicule de fonder la constitution de l'État sur des
ma rimes éteintes? j. J. ROUSS. Polysynodie, juge-
ment. L'amitié même éteinte avait encore des droits
qu'.l aurait dû respecter, ID. Conf. ix. Hélas! des
rois bientôt la mémoire est éteinte, DUCIS, Hamlet,
n, 6. || Famille, race éteinte, celle dont il ne reste
plu s d'héritier. Et quand Dieu, de vos bras l'arra-
chant sans retour, Voudrait que de David la maison
fùtlêteinte, RAC. Athal. iv, 6. || 5° Il se dit des fa-
cultés qui perdent leur activité. De ses sens presque
éteints il a perdu l'usage, LEMERC. Fre'd. et Br. v,
4. || Dans un sens analogue. Et de mes jours éteints
[il à] ranimé la chaleur, M. J. CHÉN. Fén. iv, 4.
|| itomme éteint, homme dont les facultés sont
amorties soit par les fatigues, soit par l'âge. Elle
est jd'une extrême délicatesse ; elle ne se promène
quasi pas; elle a toujours froid; à neuf heures du
soir! elle est toute éteinte ; les jours sont trop longs
pout elle, SËV. t. vu, lett. 706, p. 229, dans POU-
GENS. H 6° Une voix éteinte, si faible qu'on peut à
peine l'entendre. Non , lui dit-elle, d'une voix
presque éteinte, je n'accepte point ces présents, je
pars, MARMONTEL, Contes moraux, Soliman II.
Il 7° Terme de chimie. Mercure éteint, mercure telle-
mer t trituré avec d'autres substances qu'on n'aper-
çoit plus, dans le mélange, aucun globule métallique.
t ÉTEINTE (é-tin-f), s. £ Usité seulement dans
dan:! cette locution : à éteinte de chandelle (voy.
ÉTEINT).
f ËTELLE (6-15-1'), s. f- Nom donné, sur les bords
de U Seine, aux vagues secondaires ou éclats d'eau
qui suivent la barre ou mascaret.
— ÉTYM. Serait-ce le même mot que le lorrain
étell'. qui signifie éclat de bois, et qui, ici, aurait
un >ens figuré? Élelle représente le latin has-
tella, petit bâton (voy. ATTELLE).
t ËTELON (é;te-lon), s. m. Voy. ÉTALON 2.
ÉTENDAGE (é-tan-da-j'), s. m. Assemblage de
cordlss tendues horizontalement pour y étendre
des objets à sécher. L'étendage d'une blanchisseuse.
Il Lieu où est l'étendage. Mettre, porter du linge,
du papier à l'étendage. || Opération qu'on fait aux
laines.
— ÉTYM. Étendre.
ÉTENDARD (é-tan-dar ; le d ne se lie pas : un
é-tar-dar orné; au pluriel, Ys ne se lie pas : des
é-tai -dar ornés; cependant plusieurs disent: des
é-tar-dar-z ornés), s. m. || 1° Toute sorte d'enseigne
de guerre. Et voyant pour surcroît de douleur et de
hain: Parmi ses étendards porter l'aigle romaine,
RAC. Mithr. v, 4. Déployez en son nom cet étendard
fatal, Des extrêmes périls l'ordinaire signal, ID.
Baj.li, 2. Cet étendard étaitun aigle d'or au bout
d'une pique avec les ailes déployées, et, depuis
ce temps-là, les rois de Perse n'en ont point pris
d'autres, ROLL. Hist. anc. OEuv. t. 11, p. 212, dans
LACDRNE. Le dieu dont j'ai porté les sacrés éten-
dards, VOLT. Fanât, Il, 4. || 2° Aujourd'hui, en
termes militaires, étendard ne se dit que des ensei-
gnes de la cavalerie. Se ranger sous l'étendard.
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