ESC
Petite ville, iv, 2. Croyez-moi, sans esclandre, a
nous seuls, étouffons la flamme, p. L. COUR, I, 260.
Il Faire esclandre ou causer de l'esclandre, faire
du tapage. Tous les amours y [dans mon gîte] met-
tent garnison; En vrais soudards ils y faisaient es-
clandre, BÉBANG. Mêternpsych. || Faire esclandre,
éclater d'une façon scandaleuse. Les désordres de sa
fie ont fini par faire esclandre. || Faire un esclandre à
quelqu'un, lui faire une querelle publique et scan-
daleuse. H 2° Attaque, rixe. Le pauvre loup dans
cet esclandre, Empêché par son hoqueton, Ne peut
fuir ni se défendre, LA FONT. Fabl. m, 3. Quand on
n'a qu'un endroit à défendre On le munit de peur
d'esclandre, ID. 16. x, 9. Ce n'est coup sûr en-
contre tous esclandres, ID. On ne s'avise. Vieux en
ce sens.
— REM. Esclandre a été du féminin : La fortune
lui trame en secret cette esclandre, LA FONT, Fiang.
Aujourd'hui le genre est fixé ; esclandre est du mas-
culin; mais plusieurs auteurs s'y trompent encore :
Si vous vous en étiez souvenu, vous n'auriez pas
fait une pareille esclandre, ANCELOT et DUPORT,
Une camarade de pension, 11, 43; Ah! ah! c'est
pour cela que vous voulez, ma toute belle, une
bonne petite esclandre, FR. SOULIÉ , Les quatre
soeurs, part, iv, § 6 ; Condamnons par maintes es-
clandres.... SCRIBE, Nouv. Pourc. se. 3.
— HIST. xiic s. Encuntre tun frère parlowes ftu
parlais], e encuntre le fil ta mère posowes ftu met-
tais] escandle, Liber psalm. p. 67. De sa mortel
ovre haïe-E de sa laide félonie, Dunt par le munt
fu grant esclandres.... BENOÎT, II, 43447. De la des-
corde sunt entur de conseillier; Wai [malheur à]
celui par qui vient escanles d'escunbrier, 27i. le
mart. 89. || xiir» s. Mener une vie si deshoneste que
ce soit escanlles à li et à son lignage, BEAUM. XH, 4 7.
Mes s'il fussent garnis de meurs et bien letrez, Ja-
mais par symonie ne fussent enmitrez , Dont Diex
et la gent laie les tiennent en viltez Por l'erreur et
l'esclandre où il se sunt boutez, J. DE MEUNG, Test.
540.|| xv° s. Et tous ces appareils et l'esclandre qui s'en
faisoit estaient pour retraire hors le duc de Lancastre
et sa route du royaume de Castille, FROISS. H, ni, 40.
Il xvie s Pour avoir esté si hardis, que d'avoir fait
cette esclandre si près du roi, YVER, p. 0(5.
— ETYM. Provenç. escandol ; espagn. escandalo ;
ital. scandalo; du latin scandalum, qui, ayant l'ac-
cent sur scan, a donné esclandre (avec épenthèse
de l'e comme dans esprit), et qui, beaucoup plus
tard, a fourni scandale.
ESCLAVAGE (è-skla-va-j'), s. m. || 1° État d'es-
clave dans l'antiquité. L'esclavage chez les Grecs et
chez les Romains. Emmener, réduire en esclavage
des femmes, des enfants. On ne croirait jamais que
c'eût été la pitié qui eût établi l'esclavage, MONTESQ.
Esp. xv, 2. Je ne vous demande que la liberté d'une
jeune esclave de Babylone que vous avez depuis
quelques jours ; et je consens.de rester en escla-
vage à sa place, si je n'ai pas le bonheur de guérir
le magnifique seigneur Ogul, VOLT. Zadig, 48.
Il État d'esclave chez les modernes. L'esclavage des
nègres. Le cri pour l'esclavage est le cri du luxe et
de la volupté, et non pas celui de l'amour de la féli-
cité publique,.MONTESQ. Esp. xv, 9. L'esclavage est
d'ailleurs aussi opposé au droit civil qu'au droit na-
turel ; quelle loi civile pourrait empêcher un es-
clave de fuir? ID. ib. xv, 2. || 2° Par extension,
assujettissement, dépendance. Etre en esclavage
sous un despote. Gouverner les peuples contre leur
volonté, c'est se rendre très-misérable pour avoir le
faux honneur de les tenir dans l'esclavage, FÉN.
Tél.Yin. Ce serait mettre les familles dans le plus ri-
goureux esclavage, iD.t'6. XXIII. L'esclavage politique
établi dans le corps de l'État fait que l'on sent peu
l'esclavage civil, MONTESQ. Esp. xv, (3. Dans les
climats où les femmes vivent sous un esclavage do-
mestique , il semble que la loi doive permettre aux
femmes la répudiation, et aux maris seulement le
divorce, ID. ib. xvi, (6. Â peine Jérusalem jouit-elle
de quelque ombre de liberté, qu'elle fut d échirée par
des guerres civiles, qui la rendirent, sous ses fan-
tômes de rois, beaucoup plus à plaindre qu'elle ne
l'avait jamais été dans une si longue suite de diffé-
rents esclavages, VOLT. Dict. phil. Juifs. || 3° Fig.
Ce qui assujettit, subjugue. L'esclavage des pas-
sions. Je ne hais point la vie et j'en aime l'usage,
Mais sans attachement qui sente l'esclavage, CORN.
JPohj. v, 2. Je brisé avec honneur mon illustre es-
clavage, m. Rodog. in, 3. 11 vous dégage des pas-
sions.... qui sont les sources de vos péchés.... si
vous en aimez l'esclavage, BOURD. Àvent, Finit.
*82. Vous vivez dans l'esclavage du péché et vous y
mourrez, ID. 8e dim. après la Pentec. Dominic.
ESC
t. m, p. 4 35. Mais si, par d'autres soins plus dignes
de mon âge, Par de profonds respects, par un long
esclavage, RAC. Baj. m, 2. || L'esclavage de la
rime, la gêne, la contrainte qu'elle impose. || Ce
qui laisse peu de liberté, de loisir. Cet emploi est
lucratif, mais c'est un esclavage. || 4° Terme de
gravure. Manière gênée, taille qui n'est point quittée
à propos. I] 5° Sorte de chaîne, ordinairement
ornée de diamants ou de pierres précieuses, qui
descend sur la poitrine en demi-cercle, dite ainsi
parce qu'on la compare à la chaîne portée par l'es-
clave. 11 portait un chapeau pointu retroussé d'un
gros diamant, et un esclavage de perles et de rubis
au lieu de carcan, HAMILTON, Le bélier, au com-
mencement. Il 6° Ancien terme de négoce. Le droit
qu'une compagnie de marchands avait seule de
vendre et d'acheter certaines marchandises.
— REM. M. de Malherbe disait et écrivait esclavi-
tude, et ne pouvait souffrir esclavage; néanmoins
esclavage est beaucoup plus usité que l'autre,VAUG.
Rem. 1.11, p. 684, dans POUGENS.
— jh'YM. Esclave.
t ESCLAVAGISTE (è-skla-va-ji-sf), s. m. Néo-
logisme. Celui qui, dans les pays où les nègres
sont esclaves, est partisan de l'esclavage.
ESCLAVE (è-skla-v'), s. m. et /. || i- Celui, celle
qui est sous la puissance absolue d'un maître, par
achat, par héritage ou par la guerre. Délivrer, ra-
cheter des esclaves. Platon vendu comme esclave. Le
trafic des esclaves à la côte d'Afrique. On trouve la
sainteté dans les emplois les plus bas, et un esclave
s'élève à la perfection dans le service d'un maître
mortel, pourvu qu'il y sache regarder l'ordre de
Dieu, IBOSS. leTellier. De mon rang descendue, à
mille autres égale, Ou la première esclave enfin de
ma rivale, RAC. Baj. v, 4. Aristote veut prouver
qu'il y a des esclaves par nature ; ce qu'il dit ne le
prouve guère, MONTESQ. Esp. xv,- 7. Les Athéniens
traitaient leurs esclaves avec une grande douceur ;
on ne voit point qu'ils aient troublé l'État à Athènes,
comme ils ébranlèrent celui de Lacédémone, ID. ib.
xv, 47. Chaque nation européenne a une manière
de traiter ses esclaves qui lui est propre : l'Espa-
gnol en fait les compagnons de son indolence ; le
Portugais, les instruments de ses débauches ; le
Hollandais, les victimes de son avarice, RAYNAL,
hist. phil. xi, 22. Il est prouvé que quatorze ou
quinze cent mille noirs, aujourd'hui épars dans les
colonies européennes du nouveau monde, sont les
restes infortunés de huit ou neuf millions d'esclaves
qu'elles ont reçus, ID. ib. Les esclaves de tout âge,
de tout sexe et de toute nation sont un objet consi-
dérable de commerce dans toute la Grèce, BARTHÉL.
ch. 6. Il Terme de droit romain. Esclaves de la
peine, ceux qui étaient condamnés à travailler
dans les minés, ou à combattre des animaux féroces
pour divertir le peuple. || Par extension. Esclave
couronnée, Je partis pour l'hymen où j'étais des-
tinée, BAC. Mithr. 1, 3. Ce n'est donc point, Ismène,
un bruit mal affermi ? Je cesse d'être esclave et n'ai
plus d'ennemi, ID. Phèdre, 11, i. || Fig. Il [unlivre]
est esclave né de quiconque l'achète, BOIL. Sat. rx.
La rime est une esclave et ne doit qu'obéir, -ID.
Art p. i- Il 2° Celui qui est soumis aune domination
étrangère, à un gouvernement despotique. Fut-il
jamais au joug esclaves plus soumis? RAC. Esth.
m, 4. Quand l'esclave imprudent pour ses maîtres
combat, Tout son sang prodigué se répand sans
éclat, c. DELAV. Vêpres sicil. 1, 2. D'anciens Gau-
lois, pauvres esclaves, Un soir qu'autour d'eux tout
dormait, Levaient la. dîme sur les caves Du maître
qui les opprimait, BÉRANG. Escl. gaulois. || En es-
clave, à la façon des esclaves, servilement. Je pré-
tends n'être point obligée à me soumettre en es-
clave à vos volontés, MOL. G. Dandin, 11, 4. Le
sang des Ottomans Ne doit point en esclave obéir
aux serments, RAC. Baj. in, 3. || 3" Dominé par,
assujetti à. Vous seriez devenu, pour avoir tout
dompté, Esclave des grandeurs où vous êtes monté,
CORN. Cinna, 11, 1. Elle a trop de vertus pour n'être
pas chrétienne.... Pour vivre des enfers esclave in-
fortunée, ID. Poly. iv, 3. Père dénaturé, malheu-
reux politique, Esclave ambitieux d'une peur chimé-
rique, ID. ib. v, 6. Vil esclave toujours sous le joug
du péché, Au démon qu'il redoute il demeure at-
taché, BOIL. Éptt. xil. Triste destin des rois, es-
claves que nous sommes Et des rigueurs du sort
et des discours des hommes, RAC. Iphig. 1, 5. Es-
clave d'une lâche et frivole pitié, ID. Alhal. il, 7.
L'empereur soupçonneux, esclave de son rang,
CAMPISTRON, Ahdron. I, 8. Plus une âme mondaine
est esclave de ses passions, MASS. Car. Respect hum.
Elle n'en est pas moins l'esclave des vanités d'Egypte,
ESG
1487
ID. ib. Prosp. J'eusse été près du Gange esclave des
faux dieux, Chrétienne dans Paris, musulmane en
ces lieux, VOLT. Zaïre, 1, t. Mais le reste du monde,
esclave de la crainte, ID. Alx. I, i. En arrivant à
la cour, il se vit entouré une seconde fois des es-
claves de la faveur, CONDORCET, Maurepas. || Être
esclave de sa parole, tenir religieusement la pro-
messe qu'on a faite. || Etre esclave de son devoir,
l'accomplir scrupuleusement. Tout cela part d'un
coeur toujours maître de soi, D'un héros qui n'est
point esclave de sa foi, RAC. Andr. iv, 6. || 4° Qui
est volontairement asservi aux volontés de quel-
qu'un. Tous les hommes vivants sont ici-bas es-
claves; Mais, suivant ce qu'ils sont, ils diffèrent
d'entraves, RÉGNIER, Sat. m. Qui est plus esclave
qu'un courtisan assidu, si ce n'est un courtisan plus
assidu ? LA BRUY. vin. Les hommes veulent être es-
claves quelque part et puiser là de quoi dominer
ailleurs, ID. ib. Vous exigez que vos esclaves vous
servent avec tant de respect, MASS. Car. Temples.
Diderot s'est fait esclave des libraires, et est devenu
celui des fanatiques, VOLT. Lett. à d'Alembert, 46
oct. 4769. Je ne désire pas des amis; il ne me faut
que des dupes et des esclaves, GENLIS, Veillées du
chat. t. m, p. 384, dans POUGENS. || Dans le langage
de la galanterie, amant et serviteur d'une dame.
Je ne souffrirai point qu'Hypsipile me brave, Et
m'enlève ce coeur que j'ai vu mon esclave, CORN.
Tois. d'or, iv, 3. Une aventure me fit voir la char-
mante Élise; cette vue me rendit esclave de ses
beautés, MOL. l'Avare, v, 5. Mais enfin je ne puis....
.... esclave d'un coup d'oeil Par des soumissions ca-
resser son orgueil, VOLT. Ait. 1, i. Il 5° Qui n'a au-
cun moment de libre. Cet emploi le rend esclave.
Les domestiques sont esclaves dans cette maison.
Il 6° Adj. Les nègres esclaves, ô malheureuse et res-
pectable reine, comment vous retrouvé-je en ce
lieu écarté, vêtue en esclave et accompagnée d'au-
tres femmes esclaves qui cherchent un basilic pour
le faire cuire dans de l'eau rose par ordonnance du
médecin? VOLT. Zadig, 1.1| Fig. Avoir une âme es-
clave, avoir une âme vile et basse. || Par extension.
Qui obéit comme ferait un esclave. Sylla peut en
effet quitter sa dictature; Mais il peut faire aussi
des consuls à son choix, De qui là pourpre esclave
agira sous ses lois, CORN. Serlor. iv, 3. L'air tient
les vents tous prêts à suivre sa colère [de Médée] ;
Tant la nature esclave a peur de lui déplaire,-ID.
Méd. m, 1. Il est beau d'étaler cette prérogative
Aux yeux du Rhône esclave et de Rome captive,
ID. Sert, iv, 2.
— HIST. xiie s. Qui estoit franc est devenu es-
clave, Machab. 1, 2. ||xme s. Et qui celé rançon ne
porroit paer, si seroit esolas, Hist. occid. des croi-
sades, t. 1, p. 89. Quant Seif Eddin ot les mil es-
claz, ib. p. 97. L'on se. peut clamer par l'assise de
esclaf ou de esclave qui est mesel [lépreux] ou me-
selle, ou qui cheit dou mauvais mau [épilepsie],
Ass. de Jér. 1, 4 29. || xive s. Le royaume de Rome
estoit abandonné non pas seulement à gens es-
tranges et pèlerines, mes encores à serfs et à es-
claves, BERCHEURE, f° 20, verso. Voulons que lesdits
Cathelans qui vouldront venir en nostre dit royaume
le puissent faire seurement et sauvement avec leurs
femmes, enfans, serviteurs, esclaux [valets], es-
claves, bagues, joyaulx, Ordonn. avril 4486.
— ÉTYM. Provenç. esclau, s. m. ; esclava, s. f.;
espagn. esclavo ; portug. escravo ; ital. schiavo ;
allem. Sclave; angl. slave ; de slavus ou sclavus,
Slave, nom de peuple, qui fut employé pour dési-
gner un serf après les guerres qu'Othon le Grand et
ses successeurs firent aux peuples slaves et dans
lesquelles une partie de ces peuples furent emmenés
en captivité, distribués aux guerriers de l'empire
d'Allemagne et réduits en servitude. Un très-grand
nombre de Slaves étant devenus serfs, le mot de
slave fut employé pour synonyme de serf. Les pre-
miers exemples de l'usage de slavus en cette signi-
fication remontent au Xe siècle; voy. GUÉRARD, Po-
lyptyque d'Irminon, I, 283.
■j-ESCLIPOT (è-skli-po), s. m. Terme de pêche.
Caisse dans laquelle on laisse tomber la morue tran-
chée et habillée.
f ESCÔBAR (è-sko-bar), s. m. Nom d'un jésuite,
célèbre casuiste, né en4 689à Valladolid (Espagne).
Quoi 1 vous ne savez pas qui est Escobar de notre so-
ciété, qui a compilé cette Théologie morale de vingt-
quatre de nos pères, sur quoi il fait, dans la préface,
une allégorie de ce livre à celui de l'Apocalypse
qui était sceEé de sept sceaux, PASC. Prov. 6. C'est
à bon droit que l'on condamne & Rome L'évêque
d'Ypre [JanséniusJ auteur de vains débats ; Ses seo
tateurs nous défendent en somme Tous les plaisirs
Petite ville, iv, 2. Croyez-moi, sans esclandre, a
nous seuls, étouffons la flamme, p. L. COUR, I, 260.
Il Faire esclandre ou causer de l'esclandre, faire
du tapage. Tous les amours y [dans mon gîte] met-
tent garnison; En vrais soudards ils y faisaient es-
clandre, BÉBANG. Mêternpsych. || Faire esclandre,
éclater d'une façon scandaleuse. Les désordres de sa
fie ont fini par faire esclandre. || Faire un esclandre à
quelqu'un, lui faire une querelle publique et scan-
daleuse. H 2° Attaque, rixe. Le pauvre loup dans
cet esclandre, Empêché par son hoqueton, Ne peut
fuir ni se défendre, LA FONT. Fabl. m, 3. Quand on
n'a qu'un endroit à défendre On le munit de peur
d'esclandre, ID. 16. x, 9. Ce n'est coup sûr en-
contre tous esclandres, ID. On ne s'avise. Vieux en
ce sens.
— REM. Esclandre a été du féminin : La fortune
lui trame en secret cette esclandre, LA FONT, Fiang.
Aujourd'hui le genre est fixé ; esclandre est du mas-
culin; mais plusieurs auteurs s'y trompent encore :
Si vous vous en étiez souvenu, vous n'auriez pas
fait une pareille esclandre, ANCELOT et DUPORT,
Une camarade de pension, 11, 43; Ah! ah! c'est
pour cela que vous voulez, ma toute belle, une
bonne petite esclandre, FR. SOULIÉ , Les quatre
soeurs, part, iv, § 6 ; Condamnons par maintes es-
clandres.... SCRIBE, Nouv. Pourc. se. 3.
— HIST. xiic s. Encuntre tun frère parlowes ftu
parlais], e encuntre le fil ta mère posowes ftu met-
tais] escandle, Liber psalm. p. 67. De sa mortel
ovre haïe-E de sa laide félonie, Dunt par le munt
fu grant esclandres.... BENOÎT, II, 43447. De la des-
corde sunt entur de conseillier; Wai [malheur à]
celui par qui vient escanles d'escunbrier, 27i. le
mart. 89. || xiir» s. Mener une vie si deshoneste que
ce soit escanlles à li et à son lignage, BEAUM. XH, 4 7.
Mes s'il fussent garnis de meurs et bien letrez, Ja-
mais par symonie ne fussent enmitrez , Dont Diex
et la gent laie les tiennent en viltez Por l'erreur et
l'esclandre où il se sunt boutez, J. DE MEUNG, Test.
540.|| xv° s. Et tous ces appareils et l'esclandre qui s'en
faisoit estaient pour retraire hors le duc de Lancastre
et sa route du royaume de Castille, FROISS. H, ni, 40.
Il xvie s Pour avoir esté si hardis, que d'avoir fait
cette esclandre si près du roi, YVER, p. 0(5.
— ETYM. Provenç. escandol ; espagn. escandalo ;
ital. scandalo; du latin scandalum, qui, ayant l'ac-
cent sur scan, a donné esclandre (avec épenthèse
de l'e comme dans esprit), et qui, beaucoup plus
tard, a fourni scandale.
ESCLAVAGE (è-skla-va-j'), s. m. || 1° État d'es-
clave dans l'antiquité. L'esclavage chez les Grecs et
chez les Romains. Emmener, réduire en esclavage
des femmes, des enfants. On ne croirait jamais que
c'eût été la pitié qui eût établi l'esclavage, MONTESQ.
Esp. xv, 2. Je ne vous demande que la liberté d'une
jeune esclave de Babylone que vous avez depuis
quelques jours ; et je consens.de rester en escla-
vage à sa place, si je n'ai pas le bonheur de guérir
le magnifique seigneur Ogul, VOLT. Zadig, 48.
Il État d'esclave chez les modernes. L'esclavage des
nègres. Le cri pour l'esclavage est le cri du luxe et
de la volupté, et non pas celui de l'amour de la féli-
cité publique,.MONTESQ. Esp. xv, 9. L'esclavage est
d'ailleurs aussi opposé au droit civil qu'au droit na-
turel ; quelle loi civile pourrait empêcher un es-
clave de fuir? ID. ib. xv, 2. || 2° Par extension,
assujettissement, dépendance. Etre en esclavage
sous un despote. Gouverner les peuples contre leur
volonté, c'est se rendre très-misérable pour avoir le
faux honneur de les tenir dans l'esclavage, FÉN.
Tél.Yin. Ce serait mettre les familles dans le plus ri-
goureux esclavage, iD.t'6. XXIII. L'esclavage politique
établi dans le corps de l'État fait que l'on sent peu
l'esclavage civil, MONTESQ. Esp. xv, (3. Dans les
climats où les femmes vivent sous un esclavage do-
mestique , il semble que la loi doive permettre aux
femmes la répudiation, et aux maris seulement le
divorce, ID. ib. xvi, (6. Â peine Jérusalem jouit-elle
de quelque ombre de liberté, qu'elle fut d échirée par
des guerres civiles, qui la rendirent, sous ses fan-
tômes de rois, beaucoup plus à plaindre qu'elle ne
l'avait jamais été dans une si longue suite de diffé-
rents esclavages, VOLT. Dict. phil. Juifs. || 3° Fig.
Ce qui assujettit, subjugue. L'esclavage des pas-
sions. Je ne hais point la vie et j'en aime l'usage,
Mais sans attachement qui sente l'esclavage, CORN.
JPohj. v, 2. Je brisé avec honneur mon illustre es-
clavage, m. Rodog. in, 3. 11 vous dégage des pas-
sions.... qui sont les sources de vos péchés.... si
vous en aimez l'esclavage, BOURD. Àvent, Finit.
*82. Vous vivez dans l'esclavage du péché et vous y
mourrez, ID. 8e dim. après la Pentec. Dominic.
ESC
t. m, p. 4 35. Mais si, par d'autres soins plus dignes
de mon âge, Par de profonds respects, par un long
esclavage, RAC. Baj. m, 2. || L'esclavage de la
rime, la gêne, la contrainte qu'elle impose. || Ce
qui laisse peu de liberté, de loisir. Cet emploi est
lucratif, mais c'est un esclavage. || 4° Terme de
gravure. Manière gênée, taille qui n'est point quittée
à propos. I] 5° Sorte de chaîne, ordinairement
ornée de diamants ou de pierres précieuses, qui
descend sur la poitrine en demi-cercle, dite ainsi
parce qu'on la compare à la chaîne portée par l'es-
clave. 11 portait un chapeau pointu retroussé d'un
gros diamant, et un esclavage de perles et de rubis
au lieu de carcan, HAMILTON, Le bélier, au com-
mencement. Il 6° Ancien terme de négoce. Le droit
qu'une compagnie de marchands avait seule de
vendre et d'acheter certaines marchandises.
— REM. M. de Malherbe disait et écrivait esclavi-
tude, et ne pouvait souffrir esclavage; néanmoins
esclavage est beaucoup plus usité que l'autre,VAUG.
Rem. 1.11, p. 684, dans POUGENS.
— jh'YM. Esclave.
t ESCLAVAGISTE (è-skla-va-ji-sf), s. m. Néo-
logisme. Celui qui, dans les pays où les nègres
sont esclaves, est partisan de l'esclavage.
ESCLAVE (è-skla-v'), s. m. et /. || i- Celui, celle
qui est sous la puissance absolue d'un maître, par
achat, par héritage ou par la guerre. Délivrer, ra-
cheter des esclaves. Platon vendu comme esclave. Le
trafic des esclaves à la côte d'Afrique. On trouve la
sainteté dans les emplois les plus bas, et un esclave
s'élève à la perfection dans le service d'un maître
mortel, pourvu qu'il y sache regarder l'ordre de
Dieu, IBOSS. leTellier. De mon rang descendue, à
mille autres égale, Ou la première esclave enfin de
ma rivale, RAC. Baj. v, 4. Aristote veut prouver
qu'il y a des esclaves par nature ; ce qu'il dit ne le
prouve guère, MONTESQ. Esp. xv,- 7. Les Athéniens
traitaient leurs esclaves avec une grande douceur ;
on ne voit point qu'ils aient troublé l'État à Athènes,
comme ils ébranlèrent celui de Lacédémone, ID. ib.
xv, 47. Chaque nation européenne a une manière
de traiter ses esclaves qui lui est propre : l'Espa-
gnol en fait les compagnons de son indolence ; le
Portugais, les instruments de ses débauches ; le
Hollandais, les victimes de son avarice, RAYNAL,
hist. phil. xi, 22. Il est prouvé que quatorze ou
quinze cent mille noirs, aujourd'hui épars dans les
colonies européennes du nouveau monde, sont les
restes infortunés de huit ou neuf millions d'esclaves
qu'elles ont reçus, ID. ib. Les esclaves de tout âge,
de tout sexe et de toute nation sont un objet consi-
dérable de commerce dans toute la Grèce, BARTHÉL.
ch. 6. Il Terme de droit romain. Esclaves de la
peine, ceux qui étaient condamnés à travailler
dans les minés, ou à combattre des animaux féroces
pour divertir le peuple. || Par extension. Esclave
couronnée, Je partis pour l'hymen où j'étais des-
tinée, BAC. Mithr. 1, 3. Ce n'est donc point, Ismène,
un bruit mal affermi ? Je cesse d'être esclave et n'ai
plus d'ennemi, ID. Phèdre, 11, i. || Fig. Il [unlivre]
est esclave né de quiconque l'achète, BOIL. Sat. rx.
La rime est une esclave et ne doit qu'obéir, -ID.
Art p. i- Il 2° Celui qui est soumis aune domination
étrangère, à un gouvernement despotique. Fut-il
jamais au joug esclaves plus soumis? RAC. Esth.
m, 4. Quand l'esclave imprudent pour ses maîtres
combat, Tout son sang prodigué se répand sans
éclat, c. DELAV. Vêpres sicil. 1, 2. D'anciens Gau-
lois, pauvres esclaves, Un soir qu'autour d'eux tout
dormait, Levaient la. dîme sur les caves Du maître
qui les opprimait, BÉRANG. Escl. gaulois. || En es-
clave, à la façon des esclaves, servilement. Je pré-
tends n'être point obligée à me soumettre en es-
clave à vos volontés, MOL. G. Dandin, 11, 4. Le
sang des Ottomans Ne doit point en esclave obéir
aux serments, RAC. Baj. in, 3. || 3" Dominé par,
assujetti à. Vous seriez devenu, pour avoir tout
dompté, Esclave des grandeurs où vous êtes monté,
CORN. Cinna, 11, 1. Elle a trop de vertus pour n'être
pas chrétienne.... Pour vivre des enfers esclave in-
fortunée, ID. Poly. iv, 3. Père dénaturé, malheu-
reux politique, Esclave ambitieux d'une peur chimé-
rique, ID. ib. v, 6. Vil esclave toujours sous le joug
du péché, Au démon qu'il redoute il demeure at-
taché, BOIL. Éptt. xil. Triste destin des rois, es-
claves que nous sommes Et des rigueurs du sort
et des discours des hommes, RAC. Iphig. 1, 5. Es-
clave d'une lâche et frivole pitié, ID. Alhal. il, 7.
L'empereur soupçonneux, esclave de son rang,
CAMPISTRON, Ahdron. I, 8. Plus une âme mondaine
est esclave de ses passions, MASS. Car. Respect hum.
Elle n'en est pas moins l'esclave des vanités d'Egypte,
ESG
1487
ID. ib. Prosp. J'eusse été près du Gange esclave des
faux dieux, Chrétienne dans Paris, musulmane en
ces lieux, VOLT. Zaïre, 1, t. Mais le reste du monde,
esclave de la crainte, ID. Alx. I, i. En arrivant à
la cour, il se vit entouré une seconde fois des es-
claves de la faveur, CONDORCET, Maurepas. || Être
esclave de sa parole, tenir religieusement la pro-
messe qu'on a faite. || Etre esclave de son devoir,
l'accomplir scrupuleusement. Tout cela part d'un
coeur toujours maître de soi, D'un héros qui n'est
point esclave de sa foi, RAC. Andr. iv, 6. || 4° Qui
est volontairement asservi aux volontés de quel-
qu'un. Tous les hommes vivants sont ici-bas es-
claves; Mais, suivant ce qu'ils sont, ils diffèrent
d'entraves, RÉGNIER, Sat. m. Qui est plus esclave
qu'un courtisan assidu, si ce n'est un courtisan plus
assidu ? LA BRUY. vin. Les hommes veulent être es-
claves quelque part et puiser là de quoi dominer
ailleurs, ID. ib. Vous exigez que vos esclaves vous
servent avec tant de respect, MASS. Car. Temples.
Diderot s'est fait esclave des libraires, et est devenu
celui des fanatiques, VOLT. Lett. à d'Alembert, 46
oct. 4769. Je ne désire pas des amis; il ne me faut
que des dupes et des esclaves, GENLIS, Veillées du
chat. t. m, p. 384, dans POUGENS. || Dans le langage
de la galanterie, amant et serviteur d'une dame.
Je ne souffrirai point qu'Hypsipile me brave, Et
m'enlève ce coeur que j'ai vu mon esclave, CORN.
Tois. d'or, iv, 3. Une aventure me fit voir la char-
mante Élise; cette vue me rendit esclave de ses
beautés, MOL. l'Avare, v, 5. Mais enfin je ne puis....
.... esclave d'un coup d'oeil Par des soumissions ca-
resser son orgueil, VOLT. Ait. 1, i. Il 5° Qui n'a au-
cun moment de libre. Cet emploi le rend esclave.
Les domestiques sont esclaves dans cette maison.
Il 6° Adj. Les nègres esclaves, ô malheureuse et res-
pectable reine, comment vous retrouvé-je en ce
lieu écarté, vêtue en esclave et accompagnée d'au-
tres femmes esclaves qui cherchent un basilic pour
le faire cuire dans de l'eau rose par ordonnance du
médecin? VOLT. Zadig, 1.1| Fig. Avoir une âme es-
clave, avoir une âme vile et basse. || Par extension.
Qui obéit comme ferait un esclave. Sylla peut en
effet quitter sa dictature; Mais il peut faire aussi
des consuls à son choix, De qui là pourpre esclave
agira sous ses lois, CORN. Serlor. iv, 3. L'air tient
les vents tous prêts à suivre sa colère [de Médée] ;
Tant la nature esclave a peur de lui déplaire,-ID.
Méd. m, 1. Il est beau d'étaler cette prérogative
Aux yeux du Rhône esclave et de Rome captive,
ID. Sert, iv, 2.
— HIST. xiie s. Qui estoit franc est devenu es-
clave, Machab. 1, 2. ||xme s. Et qui celé rançon ne
porroit paer, si seroit esolas, Hist. occid. des croi-
sades, t. 1, p. 89. Quant Seif Eddin ot les mil es-
claz, ib. p. 97. L'on se. peut clamer par l'assise de
esclaf ou de esclave qui est mesel [lépreux] ou me-
selle, ou qui cheit dou mauvais mau [épilepsie],
Ass. de Jér. 1, 4 29. || xive s. Le royaume de Rome
estoit abandonné non pas seulement à gens es-
tranges et pèlerines, mes encores à serfs et à es-
claves, BERCHEURE, f° 20, verso. Voulons que lesdits
Cathelans qui vouldront venir en nostre dit royaume
le puissent faire seurement et sauvement avec leurs
femmes, enfans, serviteurs, esclaux [valets], es-
claves, bagues, joyaulx, Ordonn. avril 4486.
— ÉTYM. Provenç. esclau, s. m. ; esclava, s. f.;
espagn. esclavo ; portug. escravo ; ital. schiavo ;
allem. Sclave; angl. slave ; de slavus ou sclavus,
Slave, nom de peuple, qui fut employé pour dési-
gner un serf après les guerres qu'Othon le Grand et
ses successeurs firent aux peuples slaves et dans
lesquelles une partie de ces peuples furent emmenés
en captivité, distribués aux guerriers de l'empire
d'Allemagne et réduits en servitude. Un très-grand
nombre de Slaves étant devenus serfs, le mot de
slave fut employé pour synonyme de serf. Les pre-
miers exemples de l'usage de slavus en cette signi-
fication remontent au Xe siècle; voy. GUÉRARD, Po-
lyptyque d'Irminon, I, 283.
■j-ESCLIPOT (è-skli-po), s. m. Terme de pêche.
Caisse dans laquelle on laisse tomber la morue tran-
chée et habillée.
f ESCÔBAR (è-sko-bar), s. m. Nom d'un jésuite,
célèbre casuiste, né en4 689à Valladolid (Espagne).
Quoi 1 vous ne savez pas qui est Escobar de notre so-
ciété, qui a compilé cette Théologie morale de vingt-
quatre de nos pères, sur quoi il fait, dans la préface,
une allégorie de ce livre à celui de l'Apocalypse
qui était sceEé de sept sceaux, PASC. Prov. 6. C'est
à bon droit que l'on condamne & Rome L'évêque
d'Ypre [JanséniusJ auteur de vains débats ; Ses seo
tateurs nous défendent en somme Tous les plaisirs
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