EPE
de près les éperons à quelqu'un, poursuivre de près
quelqu'un qui s'enfuit. Les ennemis se retiraient,
notre cavalerie leur chaussa les éperons. Locution
qui vieillit. (| Donner un coup d'éperon jusqu'à un
certain endroit, y courir, y aller en diligence. || Ce
cheval n'a ni bouche ni éperon, il a la bouche dure
et n'est pas sensible à l'éperon. Et 5g. Cet homme
n'a ni bouche ni éperon, il est stupide, insensible.
,| Terme de manège. Souffrir l'éperon, se dit d'un
cheval peu sensible à cette manière de le conduire.
Avoir l'éperon délicat et fin, fuir l'éperon, connaître
l'éperon, s'attacher à l'éperon, se manier aisément
avec l'éperon, expressions qui toutes désignent un
cheval facile à conduire et à stimuler. || Journée des
éperons, bataille perdue par les Français à Guine-
gate[l5t3], ainsi nommée parce que les Français
firent plus usage de leurs éperons que de leurs
armes; et la bataille de Courtray [) 302], perdue par
les Français, ainsi dite à cause de la grande quan-
tité d'éperons que les Flamands vainqueurs prirent
sur les chevaliers tués dans la bataille. || 2° Par
analogie, ergot des coqs. || 3° Ergot que les chiens
ont aux jambes de devant. || 4° Terme de botanique.
Prolongement postérieur de la base du calice ou de
la corolle de certaines fleurs. || Terme de jardinage.
Branches courtes, droites, parallèles à l'horizon.
|| Éperon de la Vierge ou de chevalier, plante, pied-
dalouette (delphinium consolida, L.). || 5° Terme
d'anatomie. Petite saillie formée, dans l'intérieur
des artères, par leur membrane interne, au niveau
de chacune de leurs divisions. || Terme d'entomo-
logie. Certaines épines insérées à l'extrémité du
tibia de quelques insectes. || 6° Partie de la proue
d'un bâtiment terminée en pointe. L'éperon, qu'on
appelait roslrum, était à fleur d'eau; c'était une
poutre qui avançait, munie d'une pointe de cuivre
et quelquefois de fer, ROLL. Hist.anc. OEuvr. t. iv,
p. 669, dans POUGENS. Leurs gros vaisseaux, portés
sur les rochers des côtes voisines, brisés les uns
contre les autres, entr'ouverts dans leurs flancs par-
les éperons des galères athéniennes, couvraient la
merde leurs débris, BARTHÉL. Anach. Introd. part,
il, sect. 2. || Aujourd'hui les éperons des vaisseaux
cuirassés sont des masses d'acier, à bord tranchant,
qui occupent toute la hauteur de la proue. || 7° Terme
de guerre. Fortification en angle saillant, qui se fait
au milieu des courtines, sur les bords des rivières,
etc. pour garantir une place. || 8° Tout ouvrage en
pointe qui sert à rompre le cours de l'eau. || Terme
de marine. Pointe de rocher qui rompt les lames
à l'entrée d'un havre. || Ouvrage de maçonnerie
terminé en pointe et servant d'appui à un bâti-
ment, à une muraille. Une assez haute portion de
tour gothique avec l'éperon qui la soutient, DIDEROT,
Salon de <767, OEuvres, t. xiv, p. 48G, dans poo-
GENS. || Terme de géologie. Saillie brusque que pré-
sente le contre-fort d'une chaîne de montagnes.
|| 9° Fig. et familièrement. Rides qui se forment
au coin de l'oeil des vieillards. || 10° Terme d'eaux
et forêts. Instrument pour repiquer en glands les
clairières des bois. || 11° Anciennement, couper les
éperons, dégrader un chevalier. || 12° Ordre de l'É-
peron, ordre institué en f26G par le roi de Naples.
|| Ordre de l'Éperon d'or, ordre institué en <559 à
Rome par les papes, pour récompenser le mérite
civil.
— HIST. xi' s. Esperùns d'or [il] ad en ses piez
fermez, Ch. de Roi. xxvi. || xne s. Et [il] li
chaussa son premier esperon, Ronc. p. 29. || xnr° s.
Li Barrois le saisit par le col, et feri cheval des es-
porons, et letraist par force de bras des ardions,
Chr. de Rains, p. 40. Se j'estoie montés sor mon ce-
val et le feroie [piquais] des espérons parmi enfans
ou par presse de gent, BEAIIM. LXIX, G. || xve S.
Montèrent à cheval, et au fraper des espérons en-
trèrent en la ville de Courtray; car il n'y avoit def-
fense, nul contredit, FROISS. n, p. 226, dans LA-
CURNE. || xvi" s. Je ne pouvois fournir de rennes
[rênes] pour les premiers; ces derniers ont usé mes
espérons, D'AUB.Hist. i, i&e. Ils poursuivirent leur
victoire en tuant jusques dans l'eau, à la merci et
sous les espérons des galères, ID. ib. i, 246. On avoit
basti au milieu du pont deux demi-esperons qui se
flanquoient bien, ID. ib. n, 350. Le ressentiment de
la roine d'Escosse servit d'espron pour faire partir
cette grande armée, ID. ib. in, t 99. L'os de l'esperon
ou petit-focile de la jambe, PARÉ, IV, 3(. Les er-
gots et espérons hautement posés à costé des jam-
bes [chez le coq], o. DE SERRES, 350. Que Millan
seroit bientôt révoltée, et qu'il esperoit aller jus-
ques dedans Millan avec un esperon de bois [sans
difficulté], ROB. DE LA MARK, Seign. de Fleuran-
ges, llém. ms. p. <60, dans LAÇURNE.
OlfiT ris LA LANGUE FRANÇAISE.
ÉPE
— ÉTYM. Wallon, sporon;provenç. espero; espagn.
esperon, espolon; portug. espora, esporào; ital.
sperone, sprone; de l'anc. h.-allem. sporo au no-
minatif, sporon à l'accusatif; gaélique, spor. Le ra-
dical spor tient peut-être au sanscrit sphar, agiter.
ÉPERONNÉ, ÉE (ô-pe-ro-né, née), adj. || 1° Qui
a des éperons aux talons. Ses jambes éperonnées s'è-
tant embarrassées dans celles des autres, SCARR.
Rom.com.i, -10. [Dorante] éperonné, botté, prêt
à monter à cheval, il attend _e boute-selle, p. L.
COURR. I, 227. || 2° Muni d'un éperon, en parlant des
co,qs et des chiens. || 3° Terme de botanique. Termi-
né en éperon, en parlant d'un calice, d'une co-
rolle, etc. || 4" Avoir les yeux éperonnés, ou être
éperonné, avoirdes rides au coin de l'oeil. || Le Dic-
tionnaire de l'Académie a l'adjectif éperonné, mais
ni le verbe éperonner, ni le participe éperonné.
fÉPERONNELLE (é-pe-ro-nè-P), s. f. Nom vul-
gaire appliqué selon les provinces : l° au gaillet
accrochant (rubiacées), dit aussi grateron (galium
aparine, L.); 2° au gaillet crucié, appelé encore
croisette (galium cruciatum, L.); 3° aux espèces
du genre xamhium, nommées en outre lampourde,
LEGOARANT.
— ÉTYM. Diminutif d'éperon.
t ÉPERONNEMENT (é-pe-ro-ne-man), s. m. Ac-
tion d'éperonner.
— HIST'. XVIC s. Esperonnement, COTGRAYE.
— ÉTYM. Éperonner.
f EPERONNER (é-pe-ro-né), v. a.\\i° Piquer
avec l'éperon. Le cheval vivement éperonné par
son cavalier. || Fig. Aiguillonner, stimuler. Que la
peur tout ensemble éperonné et retarde, RÉGNIER,
Sat. xi. || 2° Chausser les éperons à quelqu'un. || Epe-
ronner un coq, chausser ses ergots de pointes d'a-
cier pour le combat. || 3° T. n. Terme d'escrime. Faire
un mouvement comme pour donner un coup d'épe-
ron. En se fendant, il ne faut point éperonner.
— HIST. XIe s. [Il] Lascbela resne, moût souvent
l'esperonne [son cheval], Ch.de Roi. cxxiu. ||xne s.
Sanglans [il] ot les talons de tost esperoner, Sax.
xin. || xiii 0 s. Et au cheval reparoit auques [parais-
sait un peu], que il avoit esté espouronnés par
besoing, H. DE VALENC. iv. || xv° s. Si tost comme ils
se purent connoistre et appercevoir [les Gascons et
les Français], comme ceux qui se tenoient ennemis
les uns des autres et qui se désiraient à avancer et
combattre, en esperonnant leurs chevaux et en abais-
sant leurs glaives et en escriant leurs cris, entrè-
rent les uns es autres, FROISS. II, H, B. || xvie S. NOUS
disons que par espérons on commence soy armer,
RABEL. Pant. m, 8. Les Anglois, qui, pourparestre
gentils-hommes, sont toujours bottez et esperonnez
dans les navires, D'AUB. Fcen. iv, 2. Bon vin,bon
esperon, OUDJN, Curiosités.
— ÊTYM. Éperon; provenç. esperonar ; espagn. es-
polear;portug. esporear; ital. speronare, spronare.
t ËPERONNERIE (é-pe-ro-ne-rie), s. f. Commerce
et fabrication de tout ce qui a rapport au harnache-
ment des chevaux de selle et d'attelage.
— ÉTYM. Éperonner.
ÉPERONNIER (é-pe-ro-niê), s. m. || 1» Celui qui
fait ou qui vend des éperons, des mors, des
étriers, etc. ||2° Terme d'histoire naturelle. Paon
de la Chine, qui porte à chaque pied deux ergots,
dit aussi petit paon de Malacca et faisan paon (poly-
pleclron chinquis, gallinacés).
— HIST. xvie s. Le muscle nommé esperonnier,
à cause qu'il descend de l'os de l'esperon, ou petit
focile, PAKE, IV, 39.
— ÉTYM. Éperon.
f ÉPERONMÈRE (é-pe-ro-niê-r'), s. f. Terme de
botanique. Pied-d'alouette.
— ÉTYM. Éperon.
f ÉPERVERIE (é-pèr-ve-rie), s. f. Art de dresser
les éperviers à la chasse comme on dresse les faucons.
— HIST. xvie s. Quant le roy Modus ot monstre à
ses aprentis tous les dis cappitres de faulconnerie,
il leur demanda s'ils vouloient oyr de Testât et de
la manière d'espreverie, llodus, f° xcv.
— ÉTYM. Épervier.
ÉPERVIER (é-pèr-vié ; IV ne se lie jamais ; au plu-
riel, l's se lie : des é-pèr-vié-z avides), s. m. || i° Oi-
seau de proie dont on se sert dans la fauconnerie
(accipiler nisus). Lâcher Pépervier. Les personnes
distinguées par leur naissance, hommes et femmes,
portaient toujours un épervier sur le poing, SAINT-
FOIX, Ess. Paris, OEuvres, t. iv-, p. 238, dans POU-
GENS. || 2° Terme de pêche. Filet à prendre du pois-
son, ainsi dit parce qu'il prend le poisson comme
Pépervier prend les oiseaux. Jeter Pépervier. Coup
d'épervier. || Nerfs de Pépervier, cordes qui servent
à retenir ce Slet en le lançant et à le serrer quand
EPH
1457
le poisson est pris. |j 3° Terme de chirurgie. Ban-
dage destiné à maintenir un appareil appliqué sur le
nez. || 4° Fig. Usurier, homme âpre au profit., à la
curée. || Proverbes. C'est un mariage d'épervier où
la femelle vaut mieux que le mâle, se dit d'un ma-
riage où la femme est plus habile, plus agissante
que le mari; parce que, dans les éperviers, les fau-
cons, et, en général, les oiseaux de proie, la fe-
melle est plus grosse et plus forte que le mâle. || On
ne saurait faire d'une buse un épervier, c'est-à-dire
on ne saurait faire d'un sot un habile homme.
— REM. On disait encore très-communément,
au XYH" siècle, éprevier: L'éprevier se couvre de
plumes, étendant ses ailes vers le midi, SACI, Bible,
Job, xxxtx, 26.
— HIST. xie s. Plus est isnels qu'esprever ne
aronde [hirondelle], Ch. de Roi. cxv. || xn" s. E Ri-
charz d'Ivecestre fu l'un des mesagiers, Qui alrei
Henris ert [était] ses privez conseilliers.... E al rei
Loewis porta dous[deux] espreviers, Th. le mart.
63. || xine s. Là veîssiez les troi si fièrement aidier;
Aussi corne l'aloe fuit devant Pesprevier, Vont li Turc
après aus [eus], nés [ne les] osent aprochier, Ch.
d'Ânt. vn, 83. || xiv" s. Les plus fors espreviers font
leurs aires sur bas arbres, kénagier, m, B. Au lier
et au deslier te tien saisy de Pesprevier, i"6." m, 2.
H xvi" s. Que l'heur des armes estoit journalier,
qu'ils ne vouloient se condamner à une pareille mort,
comme ils mériteraient en se rendant esparviers de
bpurreau, ou valets de gens en robe longue, D'AUB.
Hist. il, 275.
— ÉTYM. Provenç. esparvier; espagn. esparabel;
ital. sparmere, sparaisiere; du germanique : ancien
haut-allem. sparvari, épervier; allem. Sperber; rat-
taché au goth. sparva, moineau ; allem. Sperling;
angl. sparrow, même sens, les noms d'animaux
permutant souvent de l'un à l'autre. Les étymolo-
gistes y admettent un radical spar, lancer, sanscr.
sphar, se mouvoir, en grec intaipew, s'agiter.
ÉPERVIÈRE (é-pèr-viê-r'), s. f. Terme de bota-
nique. Genre de plantes à fleurs composées. || Nom
de Vhieracium murorum, £. recueilli autrefois
afin de le donner aux éperviers qu'on élevait pour
lâchasse, ou parce que l'on croyait que ces oiseaux le
recherchaient instinctivement pour se fortifier lavue.
— ÉTYM. Épervier.
ÉPERVIN (é-pèr-vin), s. m. Voy. ÉPARVIN.
f ÉPECLER (é-peu-lé)," v. a. Terme de point
d'Alençon (dentelle réseau). Retirer avec une pince
les fils qui traversent le parchemin.
fÉPEULEUSE (é-peu-leû-z'), s. f. Terme do
point d'Alençon (dentelle réseau). Celle qui épeule.
f ÉPEXÉGÈSE (é-pè-gzé-jê-z'), s. f. Terme de
grammaire. Figure que l'on appelle plus ordinaire-
ment apposition.
— ÉTYM. 'EraKYïitriç, de ira, sur, et êÇ^x))-
.<7i; (voy. EXÉGÈSE).
f ÉPHA (é-fa), s. m. Mesure des grains chez les
Hébreux valant i8 litres,08.
f ÉPHÈBE (é-fè-b'), s. m. Terme d'antiquité
grecque. Jeune homme parv&nu à l'âge de puberté.
J'arrivai alors de Perse, je le trouvai dans la dix-
huitième année; c'est à cet âge que les enfants des
Athéniens passent dans la classe des éphèbes et
sont enrôlés dans la milice, BARTHÉL. Anach. ch. 26.
— ÉTYM. "E^go;, jeune homme, de ini, sur, et
^6*1, jeunesse.
f ÉPHEDRE (é-fè-dr'), s. f. Ephedra dista-
chya, L. (famille des conifères), vulgairement rai-
sin de mur, arbrisseau à feuilles squammeuses, à
aspect de prêle, qui vient dans les sables et porte
pour fruit une petite baie rouge et aigre.
— ÉTYM. 'Etpéôpa.
ÉPHÉLIDE (é-fé-li-d'), s. f. Terme de médecine.
Tache à la peau. || Ephélides lentiformes, très-petites
taches lenticulaires, d'un jaune fauve, persistantes,
qui se voient surtout chez les individus à cheveux
blonds ou roux. || Ephélides hépatiques, taches d'un
jaune pâle ou brun, qui se développent sans cause
appréciable, particulièrement-à la nuque, à la poi-
trine, sur les seins! || Ephélides ignéales, taches
qui se développent à la partie interne des jambes et
des cuisses, chez les femmes qui font usage de
chaufferettes très-chaudes. || Ephélides scorbutiques,
taches produites par du sang extravasé dans la peau
chez les individus affectés de scorbut.
— ÉTYM. 'Eçrj).!;, de ènî, et $Xit>ç, soleil : c'est-
à-dire causé par le soleil (voy. HÉLIAQDE).
ÉPHÉMÈRE (é-fé-mê-r'), adj. || 1° Qui ne dure,
qui ne vit qu'un jour. Fleurs, animaux éphémères.
Bourdonnez sous votre herbe, insectes éphémères,
LAMART. Harm. n, *. || Terme de médecine. Fièvre
éphémère, ou courbature, fièvre causée la plupart
I.-— 183
de près les éperons à quelqu'un, poursuivre de près
quelqu'un qui s'enfuit. Les ennemis se retiraient,
notre cavalerie leur chaussa les éperons. Locution
qui vieillit. (| Donner un coup d'éperon jusqu'à un
certain endroit, y courir, y aller en diligence. || Ce
cheval n'a ni bouche ni éperon, il a la bouche dure
et n'est pas sensible à l'éperon. Et 5g. Cet homme
n'a ni bouche ni éperon, il est stupide, insensible.
,| Terme de manège. Souffrir l'éperon, se dit d'un
cheval peu sensible à cette manière de le conduire.
Avoir l'éperon délicat et fin, fuir l'éperon, connaître
l'éperon, s'attacher à l'éperon, se manier aisément
avec l'éperon, expressions qui toutes désignent un
cheval facile à conduire et à stimuler. || Journée des
éperons, bataille perdue par les Français à Guine-
gate[l5t3], ainsi nommée parce que les Français
firent plus usage de leurs éperons que de leurs
armes; et la bataille de Courtray [) 302], perdue par
les Français, ainsi dite à cause de la grande quan-
tité d'éperons que les Flamands vainqueurs prirent
sur les chevaliers tués dans la bataille. || 2° Par
analogie, ergot des coqs. || 3° Ergot que les chiens
ont aux jambes de devant. || 4° Terme de botanique.
Prolongement postérieur de la base du calice ou de
la corolle de certaines fleurs. || Terme de jardinage.
Branches courtes, droites, parallèles à l'horizon.
|| Éperon de la Vierge ou de chevalier, plante, pied-
dalouette (delphinium consolida, L.). || 5° Terme
d'anatomie. Petite saillie formée, dans l'intérieur
des artères, par leur membrane interne, au niveau
de chacune de leurs divisions. || Terme d'entomo-
logie. Certaines épines insérées à l'extrémité du
tibia de quelques insectes. || 6° Partie de la proue
d'un bâtiment terminée en pointe. L'éperon, qu'on
appelait roslrum, était à fleur d'eau; c'était une
poutre qui avançait, munie d'une pointe de cuivre
et quelquefois de fer, ROLL. Hist.anc. OEuvr. t. iv,
p. 669, dans POUGENS. Leurs gros vaisseaux, portés
sur les rochers des côtes voisines, brisés les uns
contre les autres, entr'ouverts dans leurs flancs par-
les éperons des galères athéniennes, couvraient la
merde leurs débris, BARTHÉL. Anach. Introd. part,
il, sect. 2. || Aujourd'hui les éperons des vaisseaux
cuirassés sont des masses d'acier, à bord tranchant,
qui occupent toute la hauteur de la proue. || 7° Terme
de guerre. Fortification en angle saillant, qui se fait
au milieu des courtines, sur les bords des rivières,
etc. pour garantir une place. || 8° Tout ouvrage en
pointe qui sert à rompre le cours de l'eau. || Terme
de marine. Pointe de rocher qui rompt les lames
à l'entrée d'un havre. || Ouvrage de maçonnerie
terminé en pointe et servant d'appui à un bâti-
ment, à une muraille. Une assez haute portion de
tour gothique avec l'éperon qui la soutient, DIDEROT,
Salon de <767, OEuvres, t. xiv, p. 48G, dans poo-
GENS. || Terme de géologie. Saillie brusque que pré-
sente le contre-fort d'une chaîne de montagnes.
|| 9° Fig. et familièrement. Rides qui se forment
au coin de l'oeil des vieillards. || 10° Terme d'eaux
et forêts. Instrument pour repiquer en glands les
clairières des bois. || 11° Anciennement, couper les
éperons, dégrader un chevalier. || 12° Ordre de l'É-
peron, ordre institué en f26G par le roi de Naples.
|| Ordre de l'Éperon d'or, ordre institué en <559 à
Rome par les papes, pour récompenser le mérite
civil.
— HIST. xi' s. Esperùns d'or [il] ad en ses piez
fermez, Ch. de Roi. xxvi. || xne s. Et [il] li
chaussa son premier esperon, Ronc. p. 29. || xnr° s.
Li Barrois le saisit par le col, et feri cheval des es-
porons, et letraist par force de bras des ardions,
Chr. de Rains, p. 40. Se j'estoie montés sor mon ce-
val et le feroie [piquais] des espérons parmi enfans
ou par presse de gent, BEAIIM. LXIX, G. || xve S.
Montèrent à cheval, et au fraper des espérons en-
trèrent en la ville de Courtray; car il n'y avoit def-
fense, nul contredit, FROISS. n, p. 226, dans LA-
CURNE. || xvi" s. Je ne pouvois fournir de rennes
[rênes] pour les premiers; ces derniers ont usé mes
espérons, D'AUB.Hist. i, i&e. Ils poursuivirent leur
victoire en tuant jusques dans l'eau, à la merci et
sous les espérons des galères, ID. ib. i, 246. On avoit
basti au milieu du pont deux demi-esperons qui se
flanquoient bien, ID. ib. n, 350. Le ressentiment de
la roine d'Escosse servit d'espron pour faire partir
cette grande armée, ID. ib. in, t 99. L'os de l'esperon
ou petit-focile de la jambe, PARÉ, IV, 3(. Les er-
gots et espérons hautement posés à costé des jam-
bes [chez le coq], o. DE SERRES, 350. Que Millan
seroit bientôt révoltée, et qu'il esperoit aller jus-
ques dedans Millan avec un esperon de bois [sans
difficulté], ROB. DE LA MARK, Seign. de Fleuran-
ges, llém. ms. p. <60, dans LAÇURNE.
OlfiT ris LA LANGUE FRANÇAISE.
ÉPE
— ÉTYM. Wallon, sporon;provenç. espero; espagn.
esperon, espolon; portug. espora, esporào; ital.
sperone, sprone; de l'anc. h.-allem. sporo au no-
minatif, sporon à l'accusatif; gaélique, spor. Le ra-
dical spor tient peut-être au sanscrit sphar, agiter.
ÉPERONNÉ, ÉE (ô-pe-ro-né, née), adj. || 1° Qui
a des éperons aux talons. Ses jambes éperonnées s'è-
tant embarrassées dans celles des autres, SCARR.
Rom.com.i, -10. [Dorante] éperonné, botté, prêt
à monter à cheval, il attend _e boute-selle, p. L.
COURR. I, 227. || 2° Muni d'un éperon, en parlant des
co,qs et des chiens. || 3° Terme de botanique. Termi-
né en éperon, en parlant d'un calice, d'une co-
rolle, etc. || 4" Avoir les yeux éperonnés, ou être
éperonné, avoirdes rides au coin de l'oeil. || Le Dic-
tionnaire de l'Académie a l'adjectif éperonné, mais
ni le verbe éperonner, ni le participe éperonné.
fÉPERONNELLE (é-pe-ro-nè-P), s. f. Nom vul-
gaire appliqué selon les provinces : l° au gaillet
accrochant (rubiacées), dit aussi grateron (galium
aparine, L.); 2° au gaillet crucié, appelé encore
croisette (galium cruciatum, L.); 3° aux espèces
du genre xamhium, nommées en outre lampourde,
LEGOARANT.
— ÉTYM. Diminutif d'éperon.
t ÉPERONNEMENT (é-pe-ro-ne-man), s. m. Ac-
tion d'éperonner.
— HIST'. XVIC s. Esperonnement, COTGRAYE.
— ÉTYM. Éperonner.
f EPERONNER (é-pe-ro-né), v. a.\\i° Piquer
avec l'éperon. Le cheval vivement éperonné par
son cavalier. || Fig. Aiguillonner, stimuler. Que la
peur tout ensemble éperonné et retarde, RÉGNIER,
Sat. xi. || 2° Chausser les éperons à quelqu'un. || Epe-
ronner un coq, chausser ses ergots de pointes d'a-
cier pour le combat. || 3° T. n. Terme d'escrime. Faire
un mouvement comme pour donner un coup d'épe-
ron. En se fendant, il ne faut point éperonner.
— HIST. XIe s. [Il] Lascbela resne, moût souvent
l'esperonne [son cheval], Ch.de Roi. cxxiu. ||xne s.
Sanglans [il] ot les talons de tost esperoner, Sax.
xin. || xiii 0 s. Et au cheval reparoit auques [parais-
sait un peu], que il avoit esté espouronnés par
besoing, H. DE VALENC. iv. || xv° s. Si tost comme ils
se purent connoistre et appercevoir [les Gascons et
les Français], comme ceux qui se tenoient ennemis
les uns des autres et qui se désiraient à avancer et
combattre, en esperonnant leurs chevaux et en abais-
sant leurs glaives et en escriant leurs cris, entrè-
rent les uns es autres, FROISS. II, H, B. || xvie S. NOUS
disons que par espérons on commence soy armer,
RABEL. Pant. m, 8. Les Anglois, qui, pourparestre
gentils-hommes, sont toujours bottez et esperonnez
dans les navires, D'AUB. Fcen. iv, 2. Bon vin,bon
esperon, OUDJN, Curiosités.
— ÊTYM. Éperon; provenç. esperonar ; espagn. es-
polear;portug. esporear; ital. speronare, spronare.
t ËPERONNERIE (é-pe-ro-ne-rie), s. f. Commerce
et fabrication de tout ce qui a rapport au harnache-
ment des chevaux de selle et d'attelage.
— ÉTYM. Éperonner.
ÉPERONNIER (é-pe-ro-niê), s. m. || 1» Celui qui
fait ou qui vend des éperons, des mors, des
étriers, etc. ||2° Terme d'histoire naturelle. Paon
de la Chine, qui porte à chaque pied deux ergots,
dit aussi petit paon de Malacca et faisan paon (poly-
pleclron chinquis, gallinacés).
— HIST. xvie s. Le muscle nommé esperonnier,
à cause qu'il descend de l'os de l'esperon, ou petit
focile, PAKE, IV, 39.
— ÉTYM. Éperon.
f ÉPERONMÈRE (é-pe-ro-niê-r'), s. f. Terme de
botanique. Pied-d'alouette.
— ÉTYM. Éperon.
f ÉPERVERIE (é-pèr-ve-rie), s. f. Art de dresser
les éperviers à la chasse comme on dresse les faucons.
— HIST. xvie s. Quant le roy Modus ot monstre à
ses aprentis tous les dis cappitres de faulconnerie,
il leur demanda s'ils vouloient oyr de Testât et de
la manière d'espreverie, llodus, f° xcv.
— ÉTYM. Épervier.
ÉPERVIER (é-pèr-vié ; IV ne se lie jamais ; au plu-
riel, l's se lie : des é-pèr-vié-z avides), s. m. || i° Oi-
seau de proie dont on se sert dans la fauconnerie
(accipiler nisus). Lâcher Pépervier. Les personnes
distinguées par leur naissance, hommes et femmes,
portaient toujours un épervier sur le poing, SAINT-
FOIX, Ess. Paris, OEuvres, t. iv-, p. 238, dans POU-
GENS. || 2° Terme de pêche. Filet à prendre du pois-
son, ainsi dit parce qu'il prend le poisson comme
Pépervier prend les oiseaux. Jeter Pépervier. Coup
d'épervier. || Nerfs de Pépervier, cordes qui servent
à retenir ce Slet en le lançant et à le serrer quand
EPH
1457
le poisson est pris. |j 3° Terme de chirurgie. Ban-
dage destiné à maintenir un appareil appliqué sur le
nez. || 4° Fig. Usurier, homme âpre au profit., à la
curée. || Proverbes. C'est un mariage d'épervier où
la femelle vaut mieux que le mâle, se dit d'un ma-
riage où la femme est plus habile, plus agissante
que le mari; parce que, dans les éperviers, les fau-
cons, et, en général, les oiseaux de proie, la fe-
melle est plus grosse et plus forte que le mâle. || On
ne saurait faire d'une buse un épervier, c'est-à-dire
on ne saurait faire d'un sot un habile homme.
— REM. On disait encore très-communément,
au XYH" siècle, éprevier: L'éprevier se couvre de
plumes, étendant ses ailes vers le midi, SACI, Bible,
Job, xxxtx, 26.
— HIST. xie s. Plus est isnels qu'esprever ne
aronde [hirondelle], Ch. de Roi. cxv. || xn" s. E Ri-
charz d'Ivecestre fu l'un des mesagiers, Qui alrei
Henris ert [était] ses privez conseilliers.... E al rei
Loewis porta dous[deux] espreviers, Th. le mart.
63. || xine s. Là veîssiez les troi si fièrement aidier;
Aussi corne l'aloe fuit devant Pesprevier, Vont li Turc
après aus [eus], nés [ne les] osent aprochier, Ch.
d'Ânt. vn, 83. || xiv" s. Les plus fors espreviers font
leurs aires sur bas arbres, kénagier, m, B. Au lier
et au deslier te tien saisy de Pesprevier, i"6." m, 2.
H xvi" s. Que l'heur des armes estoit journalier,
qu'ils ne vouloient se condamner à une pareille mort,
comme ils mériteraient en se rendant esparviers de
bpurreau, ou valets de gens en robe longue, D'AUB.
Hist. il, 275.
— ÉTYM. Provenç. esparvier; espagn. esparabel;
ital. sparmere, sparaisiere; du germanique : ancien
haut-allem. sparvari, épervier; allem. Sperber; rat-
taché au goth. sparva, moineau ; allem. Sperling;
angl. sparrow, même sens, les noms d'animaux
permutant souvent de l'un à l'autre. Les étymolo-
gistes y admettent un radical spar, lancer, sanscr.
sphar, se mouvoir, en grec intaipew, s'agiter.
ÉPERVIÈRE (é-pèr-viê-r'), s. f. Terme de bota-
nique. Genre de plantes à fleurs composées. || Nom
de Vhieracium murorum, £. recueilli autrefois
afin de le donner aux éperviers qu'on élevait pour
lâchasse, ou parce que l'on croyait que ces oiseaux le
recherchaient instinctivement pour se fortifier lavue.
— ÉTYM. Épervier.
ÉPERVIN (é-pèr-vin), s. m. Voy. ÉPARVIN.
f ÉPECLER (é-peu-lé)," v. a. Terme de point
d'Alençon (dentelle réseau). Retirer avec une pince
les fils qui traversent le parchemin.
fÉPEULEUSE (é-peu-leû-z'), s. f. Terme do
point d'Alençon (dentelle réseau). Celle qui épeule.
f ÉPEXÉGÈSE (é-pè-gzé-jê-z'), s. f. Terme de
grammaire. Figure que l'on appelle plus ordinaire-
ment apposition.
— ÉTYM. 'EraKYïitriç, de ira, sur, et êÇ^x))-
.<7i; (voy. EXÉGÈSE).
f ÉPHA (é-fa), s. m. Mesure des grains chez les
Hébreux valant i8 litres,08.
f ÉPHÈBE (é-fè-b'), s. m. Terme d'antiquité
grecque. Jeune homme parv&nu à l'âge de puberté.
J'arrivai alors de Perse, je le trouvai dans la dix-
huitième année; c'est à cet âge que les enfants des
Athéniens passent dans la classe des éphèbes et
sont enrôlés dans la milice, BARTHÉL. Anach. ch. 26.
— ÉTYM. "E^go;, jeune homme, de ini, sur, et
^6*1, jeunesse.
f ÉPHEDRE (é-fè-dr'), s. f. Ephedra dista-
chya, L. (famille des conifères), vulgairement rai-
sin de mur, arbrisseau à feuilles squammeuses, à
aspect de prêle, qui vient dans les sables et porte
pour fruit une petite baie rouge et aigre.
— ÉTYM. 'Etpéôpa.
ÉPHÉLIDE (é-fé-li-d'), s. f. Terme de médecine.
Tache à la peau. || Ephélides lentiformes, très-petites
taches lenticulaires, d'un jaune fauve, persistantes,
qui se voient surtout chez les individus à cheveux
blonds ou roux. || Ephélides hépatiques, taches d'un
jaune pâle ou brun, qui se développent sans cause
appréciable, particulièrement-à la nuque, à la poi-
trine, sur les seins! || Ephélides ignéales, taches
qui se développent à la partie interne des jambes et
des cuisses, chez les femmes qui font usage de
chaufferettes très-chaudes. || Ephélides scorbutiques,
taches produites par du sang extravasé dans la peau
chez les individus affectés de scorbut.
— ÉTYM. 'Eçrj).!;, de ènî, et $Xit>ç, soleil : c'est-
à-dire causé par le soleil (voy. HÉLIAQDE).
ÉPHÉMÈRE (é-fé-mê-r'), adj. || 1° Qui ne dure,
qui ne vit qu'un jour. Fleurs, animaux éphémères.
Bourdonnez sous votre herbe, insectes éphémères,
LAMART. Harm. n, *. || Terme de médecine. Fièvre
éphémère, ou courbature, fièvre causée la plupart
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