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homme en songeant Resve après là viande et s'en-
goue en mangeant, RONSARD, 843.
— ÉTYM. En 4, et le radical gav, qui se trouve
dans gavion (voy. ce mot); Berry, agouer. Le pas-
sage du sens propre au sens figuré consiste en ce
que l'esprit est occupé par quelque chose comme le
gosier par ce qui ¥ engoue; c'est une lésion, un
mal de l'esprit comme du gosier; car l'engouement
est considéré comme un travers.
ENGOUFFRÉ, ÉE (an-gou-fré, frée), part, passé.
|| 1° Perdu dans un gouffre. L'enfant tombe et est
engouffré dans le torrent, VOLT. Zadig, 20. || Par
extension, retiré dans un fond. Nous manquions
tout à fait de fourrages, fort engouffrés entre les
deux camps et acculés au Rhin, ST-SIMON, 29, 83.
|| 2° Qui se précipite comme dans un gouffre, en
parlant des eaux et du vent. C'est.... du corbeau
qui s'abat l'aigre croassement, Des autans engouf-
frés le triste sifflement, LAMART. JOC. ni, -H6-.
ENGOUFFREE (S') (an-gou-fré), v. rèfl. \\ i° Tom-
ber dans un gouffre. || Par extension, se retirer
dans une profonde retraite. Votre Sainteté s'en ira,
Toute réduite en sa pensée, S'engouffrer la tête
baissée Dans quelque couvent réformé, SCARR. Poe's.
div. OEuvr. t. vu, p. 4 33, dans POUGENS. || 2° Il se
dit des courants d'eau ou d'air qui pénètrent dans
une sorte de gouffre. Le Rhône s'engouffre au lieu
dit la Perte du Rhône, et reparaît un quart de lieue
plus loin. Le vent s'engouffrait dans la cheminée.
Dans ce moment, une montagne d'eau' d'une ef-
froyable grandeur s'engouffra entre l'île d'Ambre et
la côte, BERN. DE ST-PIERRE, P. et V. p. 488. Sous ses
haillons où s'engouffre la bise, C'est du pain qu'elle
attend de nous, BÉRANG. Pauv. femme. Les vents,,
en s'engouffrant sous ces vastes débris, En tirent
des soupirs, des hurlements , des cris, LAMART.
Méd. n, 20. || Fig. Que de fortunes viennent s'en-
gouffrer dans les ieux de bourse! || 3° F. a. Engouf-
frer, faire tomber, foire disparaître dansungouffre.
Son ombré plane encor sur tant d'hommes sublimes
Qu'Aboukir engouffra dans ses sanglants abîmes, BAR-
THÉLÉMY, dans lePicf.de BESCHERELLE. || La forme
active n'est pas donnée par l'Académie ; mais. rien
n'empêche de s'en servir.
— HIST. XVIe s. Dequoy donc vous profite-il de
vous engouffrer par vostre curiosité enragée en cest
abyme? CALV. înstit. 764. En combien de périls et
dangiers nous allons engoulfer, par ung chemin
estroict de 30 lieues de long, où.... CARL. IV, 24.
N'est-il donc pas bien misérable, Celuy qui est in-
satiable D'amonceler l'or dessus l'or. Ou qui, soû-
lant son avarice, L'engoufre, o trop estrange vice,
Dedans l'abisme d'un trésor? JACQ. TAHUREAU, Poé-
sies, p. 4 49, dansLACHRNE..La vérité est engoufrée
dans des profonds abysmes où la veue humaine ne
peult pénétrer, MONT, II, 3(7.
— ÊTYM. En i, et gouffre.
f ENGOUJURE (an-gou-ju-r'), s. f. Terme de ma-
rine. Sorte de rainure pratiquée en travers,.sous les
caisses des mâts de hune et de perroquet, pour re-
cevoir le braguet.
" f ENGOULANT, ANTE (an-gou-lan, lan-t'), odj.
Terme de blason. Se dit d'un animal qui est repré-
senté engloutissant dans sa gueule une pièce des ar-
moiries.
ENGOULÉ, ÉE (an-gou-lé, \èe), part, passé.
||i° Saisi par une gueule. Le poussin engoulé par
le chien. || 2° Terme de blason. Se dit des pièces dont
les extrémités entrent dans des gueules d'animaux.
■— HIST. XII" s. Là le desarment li prince et li
chasé; De son bliaut ot l'ermin [l'hermine] engoulé
[disposé autour de "ouverture pour le passage du
cou]; En nule terre n'ot plus bel desarmé, Raoul
de Camb. 62. (| xm« s. S'ot vestu un rouge fustain-
gne, Mes que par leus ert detrouez; Entre le col
ert engouiez D'une liste trestote blanche, Ren. 7622.
ENGOULER (an-gou-lé), v. a. Saisir à pleine
gueule. Ce chien engoulé tout ce qu'on lui jette.
— HIST. xine s. En ceste terre n'a mastin Qui me
rescossit [m'ôtât] un pocin| Por que je l'eusse en-
golé, Ben. 4 304 3. Le bort du henap trop n'engoule,
Si comme font maintes norrices Qui.... la Rose,
43646. Car la douçor si fort les boule [trompe], Qu'il
n'est nus [nul] qui tant en engoulé, Qu'il n'en vueille
plus engouler, ib. 6018. || xvi" s. Ce lyon jetta sa
griffe sur une fille aagée de douze ans ou environ,
et l'aterra : ce fait, engoula sa teste, et avec les
dents iuy fist plusieurs playes, PARÉ, vin, 45.
— ÉTYM. En 4, et goule, une des anciennes for-
mes de gueule; provenç. engolir, engouller; es-
pagn, engullir.
t ENGOULEVENT (an-gou-le-van), s. m. Genre
d'oiseaux dont l'espèce la plus commune est vulgai-
rement appelée crapaud volant {caprimul-gus eu-
ropseus, L.).
— ÉTYM. Engouler, et vent; ainsi dit parce que
cet oiseau a un bec qui s'ouvre énormément.
ENGOURDI, IE (an-gour-di, die), part, passé
d'engourdir. || i° Saisi d'engourdissement. Mains
engourdies par le froid. Non, non, si sans le fer
ce bras est engourdi ROTR. Hère. mour. m, 6
Par de chastes baisers, dans son pieux transport,
Il ranimait mon coeur engourdi par la mort, DUr
cis, Oscar, v, 4. [Un aiglon] Dont l'oeil aspire-à sa
sphère, Et qui rampe sur la terre Comme un rep-
tile engourdi, LAMART. Barm. n, 4 3. || Terme de
marine. Navire engourdi, navire qui parait immo-
bile au milieu d'une grosse mer. Peu usité. || Fig.
N'avoir pas les mains engourdies, être habile à pren-
dre, à voler. Vous me trouvez l'air d'un fripon qui
n'aura pas les mains engourdies pour emporter
l'argent d'une maison, MARIVAUX. , Paysan parv.
2e partie. || 2° Fig. Un esprit engourdi. La composi-
tion en est pesante et engourdie, DIDEROT, Salon
de (7fiB, QEu». t. xm, p. 94, dansPOUGENS.
ENGOURDIR (an-gour-dir), v. a. || 1° Causer
dans un membre une sorte de paralysie momenta-
née, incomplète. Le froid engourdit les membres.
La torpille engourdit la main de ceux qui la tou-
chent. On peut comparer les malheureuses produc-
tions de cette espèce à ces jours affligeants de l'hi-
ver, où un brouillard épais, joint à une gelée
pénétrante, semble à la fois engourdir et contrister
tous les êtres vivants, D'ALEMB. Éloges, Crëbillon.
Je baise bien tendrement vos pattes, et si, je les
exhorte à ne se laisser ni brûler, ni engourdir, m.
Lett. à Voltaire, 4 5oct. 4776. ||.2°Fig. L'oisiveté"
engourdit l'esprit. Il se prenait à tout ce qui pouvait
engourdir son impatience, HAMILT. Gramm. 4 4.
|| 3° S'engourdir, v. rêfl. Devenir engourdi. Le loir
s'engourdit pendant l'hiver. Ses membres épuisés
s'engourdissent et le cours du fleuve l'entraîne,
FÉN. Tél. iv. Maintenant je m'engourdis avec la na-
ture jusqu'à ce qu'elle renaisse, je ne vis plus, s. I.
ROUSS. Lett. à MmedeSuze, Corresp. t. vi, p. (42,
dans POUGENS. || Fig. Vous vous engourdissez dans le
repos. On perd l'habitude de réfléchir comme celle
de marcher; et l'âme s'engourdit et s'énerve comme
le corps dans une stupide indolence, MARMONTEL,
Élém. litt. OEuv. t. vu, p. 4(6, dans POUGENS..
— HIST. xm" s. Les pez out tortz [il eut les pieds
torts], nerfs engurdis, Edouard le conf. v. 4 937.
|| XV s. Et ne fussent lasches ne engourdelis, Mais
fors, et preux, et à chiere hardie, EUST. DESCH.
Poésies mss. f" 25, dans LÀCURNE. || xvr s'. Bien est
à présumer que Pharamond premièrement, puis son
successeur Clodion, voyant l'empire en tel desordre,
ne demeuroient ce temps pendant engourdis, FAS-
QUIER, dans le Diet. de DOCHEZ.
— ÉTYM. En 4, et gourd; provenç. engordir.
ENGOURDISSEMENT (an-gour-di-se-man), s. m.
|| 1° Sorte de paralysie momentanée causée par le
froid ou une autre cause, et qui est caractérisée par
la pesanteur, ]a difficulté du mouvement et un four-
millement incommode. Avoir un engourdissement
au bras. || Il se dit aussi d'un état qui rend les fa-
cultés obtuses comme par un demi-sommeil. Un
engourdissement total m'ôta jusqu'à la faculté de
parler et dé penser, M™e DE GENLIS, Adèle et Théod.
t. n, lett. 38, p. 364, dans POUGENS. || Il se dit
enfin de l'état où tombent certains animaux hiber-
nants. Il faut savoir gré à M. de Buffon d'avoir re-
cherché le premier la cause secrète de l'engourdis-
sement de divers animaux, tels que la marmotte, le
hérisson, le loir, la chauve-souris, BONNET, Con-
templ. nat. 4 2= part. ch. 3(. || 2° Fig. Torpeur.
L'engourdissement de l'esprit. Tirer quelqu'un de
son engourdissement. On dit qu'il y eut dans tout
ce mouvement un peu de l'engourdissement qui suit
un long repos, SÉGUR, Hist. de Napol. ix, 2.
— ÉTYM. Engourdir.
■1 4. ENGRAIN (an-grin), s. m. Biseau qui, pra-
tiqué à une meule, sert à engager dessous les ma-
tières qui doivent être broyées.
— ÉTYM. Voy. ENGRENER 2.
t 2. ENGRAIN (an-grin), s. m. Terme rural.
Toute semence faite en céréales.
— HIST. xvi« s. L'achateur sera payé de ses airures
[labourages], semences et engrains, s'il n'a les
■fruicts, Coust. génér. t. i, p. 4 024
— ÉTYM. En 4, et grain.
t ENGRAINEMENT (an-grè-ne-nian), s. m. Voy.
ENGRÈNEMENT.
fENGRAINER (an-grè-né), v. a. Voy. ENGRENER.
ENGRAIS (an-grê; Vs se lie: un an-grê-z excel-
lent) . s. m. |j 1° Pâture <4u'on donne aux volailles
pour les engraisser. || Mettre à l'engrais, se dit des
bestiaux que l'on met dans les herbages pour qu'ils
s'y engraissent. C'est ordinairement à l'âge de dix
ans qu'on met les boeufs à l'engrais, BUFF. Boeuf.
|| 2° Tout ce qui, déposé à la surface du sol et
mêlé à la terre arable, augmente ou rétablit la fé-
condité, en lui fournissant les matières organiques
ou minérales' nécessaires à.la végétation. Il sou-
mit l'art des engrais à des principes fondés sur la
saine physique, CONDORCET, Duhamel. Rival de
Duhamel, surprenez ses secrets; Connaissez, em-
ployez l'art fécond des engrais, DELILLE, Hom. des
eh. ch. n. || Engrais normal, fumier dé ferme pro-
duit par une proportion de 30 Ghevaux, 30 boeufs
ou vaches; 4 2 à 20 porcs, ainsi dit par Payen et
Boussingault, parce que ce fumier leur sert de type,
et que, dans leurs recherches comparatives, ils
fixent sa valeur ou ses effets à 4 00. || Engrais désin-
fecté, dit souvent aussi engrais humain, mélange
d'excréments humains, de poudrette, avec le char-
bon ou avec le terreau carbonisé; || Engrais flamand,
nom donné à la matière des fosses d'aisance mise
en citerne et mélangée avec une certaine proportion
d'eau qui en fait un engrais liquide. || Engrais verts,
nom donné aux tiges, feuilles ou fanes des. végé-
taux herbacés spécialement cultivés pour service de
fumure, tels que lupin, colza, seigle, etc; on les en-
fouit dans la terre, ils y pourrissent et la fertilisent.
|| Engrais mixtes, engrais formés de substances mi-
nérales assimilables par les plantes, et.de matières
organiques.
— HIST. xvi" s. Les boeufs d'engrais [de boucherie],
o. DESERRES, 297. Sans attendre que l'on les vinst
hacher en pièces comme moutons, après que l'on
les auroit longuement tenus en meue à l'engrès,
AMYOT, Agis et Cléom. 69,
— ÉTYM. Voy. ENGRAISSER.
t ENGRAISSAGE (an-grè-sa-j'), s. m. Action d'en-
graisser les bestiaux. Peu usité.
— ÉTYM. Engraisser.
f ENGRAISSANT, ANTE (an-grè-san, sân-t'), ad].
Qui engraisse. || Qui tache de graisse. La pommade
est trop engraissante, SÉV. 236.
ENGRAISSÉ, ÉE (an-grè-sé, sée), part, passé.
|| i° Rendu gras. Cet enfant'engraissé depuis que je
ne l'aj vu. Ses troupeaux engraissés dans ces beaux
pâturages, DELILLE, Enéide, vin. || Par extension.
Les mots pleins de l'onction divine opèrent secrète-
ment; on s'en nourrit, l'âme en est engraissée, FÉN.~
t. xviii, p. 439. || Fig. Ces champs,engraissés du sang
de nos soldats. || 2° Fig. Enrichi. J'estime autant Pa-
tru même dans l'indigence Qu'un commis engraiss
des malheurs de la France, BoiL*Épît. v.
ENGRAISSEMENT (an-grè-se-man), s. m. || 1° Ac-
tion d'engraisser. L'engraissement des bestiaux.
|| Etat de celui qui engraisse. || 2° Synonyme d'en-
grais. Mettre des engraissements à la terre. Il ne
faut que de légers engraissements, LA QUINTINYE,
1.1, dans RICHELET. || 3° Terme de charpenterie. Join-
dre du bois par engraissement, l'assembler à force,
et de manière qu'il n'y reste aucun vide.
— HIST. xvi" s Et lesnourissoit-on [les gladia-
teurs] avec cet engraissement, afin qu'ils achetassent
leur graisse par leur mort, D'AUB. Conf. n, 8. Et seront
ces lieux assis en teste des prairies, afin que les en-
graissemens y vuide'nt par les pluies, o. DE SERRES,
21. Le trop de vieillesse résiste à l'engraissement
des boeufs, in. 296.
— ÉTYM. Engraisser; provenç. engrayshament;
anc. cat. engressament; ital. ingrassamento. .
ENGRAISSER (en-grè-sé), v. a. || 1° Faire de-
venir gras. Engraisser des poulets, des cochons,
des bestiaux. Il n'y en a que trop de ce caractère
dans le siècle où nous sommes qui ne semblent
vivre que pour nourrir et engraisser .leur corps,
BOURD. 6" dim. après la Périt. Domin. t.m, p. 4 4,
Que faisons-nous, chrétiens, que faisons-nous au-
tre chose, lorsque nous flattons notre corps, que
d'accroître la proie de la mort, lui enrichir son bu-
tin, lui .engraisser sa victime? BOSS. Or. fun. du P.
Bourgoing. Comme des victimes qu'on engraisse et
qu'on orne de fleurs, MASS.. Myst. Soum. || 2° En-
duire d'un corps gras. Que l'huile du pécheur ne
parfume et n'engraisse point ma ..tête, SACI, Bible,
psaume CXL, v. 5. || Souiller de graisse, Engraisser
ses habits. Aujourd'hui on dit plutôt graisser. || 3° En-
graisser des terres, leur donner de l'engrais. Ces
troupeaux servent à engraisser les campagnes >
FÉN. Tél. xin. Ainsi les torrents engraissent les
vallons de la substance des montagnes avagées,
RAYNAL, Hist.phil. ii, 6. ||.4° Fig. Rendre riche.
N'imite point ces fous dont la sotte avarice Va de
ses revenus engraisser la justice, BOIL. Ép'a. n.
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homme en songeant Resve après là viande et s'en-
goue en mangeant, RONSARD, 843.
— ÉTYM. En 4, et le radical gav, qui se trouve
dans gavion (voy. ce mot); Berry, agouer. Le pas-
sage du sens propre au sens figuré consiste en ce
que l'esprit est occupé par quelque chose comme le
gosier par ce qui ¥ engoue; c'est une lésion, un
mal de l'esprit comme du gosier; car l'engouement
est considéré comme un travers.
ENGOUFFRÉ, ÉE (an-gou-fré, frée), part, passé.
|| 1° Perdu dans un gouffre. L'enfant tombe et est
engouffré dans le torrent, VOLT. Zadig, 20. || Par
extension, retiré dans un fond. Nous manquions
tout à fait de fourrages, fort engouffrés entre les
deux camps et acculés au Rhin, ST-SIMON, 29, 83.
|| 2° Qui se précipite comme dans un gouffre, en
parlant des eaux et du vent. C'est.... du corbeau
qui s'abat l'aigre croassement, Des autans engouf-
frés le triste sifflement, LAMART. JOC. ni, -H6-.
ENGOUFFREE (S') (an-gou-fré), v. rèfl. \\ i° Tom-
ber dans un gouffre. || Par extension, se retirer
dans une profonde retraite. Votre Sainteté s'en ira,
Toute réduite en sa pensée, S'engouffrer la tête
baissée Dans quelque couvent réformé, SCARR. Poe's.
div. OEuvr. t. vu, p. 4 33, dans POUGENS. || 2° Il se
dit des courants d'eau ou d'air qui pénètrent dans
une sorte de gouffre. Le Rhône s'engouffre au lieu
dit la Perte du Rhône, et reparaît un quart de lieue
plus loin. Le vent s'engouffrait dans la cheminée.
Dans ce moment, une montagne d'eau' d'une ef-
froyable grandeur s'engouffra entre l'île d'Ambre et
la côte, BERN. DE ST-PIERRE, P. et V. p. 488. Sous ses
haillons où s'engouffre la bise, C'est du pain qu'elle
attend de nous, BÉRANG. Pauv. femme. Les vents,,
en s'engouffrant sous ces vastes débris, En tirent
des soupirs, des hurlements , des cris, LAMART.
Méd. n, 20. || Fig. Que de fortunes viennent s'en-
gouffrer dans les ieux de bourse! || 3° F. a. Engouf-
frer, faire tomber, foire disparaître dansungouffre.
Son ombré plane encor sur tant d'hommes sublimes
Qu'Aboukir engouffra dans ses sanglants abîmes, BAR-
THÉLÉMY, dans lePicf.de BESCHERELLE. || La forme
active n'est pas donnée par l'Académie ; mais. rien
n'empêche de s'en servir.
— HIST. XVIe s. Dequoy donc vous profite-il de
vous engouffrer par vostre curiosité enragée en cest
abyme? CALV. înstit. 764. En combien de périls et
dangiers nous allons engoulfer, par ung chemin
estroict de 30 lieues de long, où.... CARL. IV, 24.
N'est-il donc pas bien misérable, Celuy qui est in-
satiable D'amonceler l'or dessus l'or. Ou qui, soû-
lant son avarice, L'engoufre, o trop estrange vice,
Dedans l'abisme d'un trésor? JACQ. TAHUREAU, Poé-
sies, p. 4 49, dansLACHRNE..La vérité est engoufrée
dans des profonds abysmes où la veue humaine ne
peult pénétrer, MONT, II, 3(7.
— ÊTYM. En i, et gouffre.
f ENGOUJURE (an-gou-ju-r'), s. f. Terme de ma-
rine. Sorte de rainure pratiquée en travers,.sous les
caisses des mâts de hune et de perroquet, pour re-
cevoir le braguet.
" f ENGOULANT, ANTE (an-gou-lan, lan-t'), odj.
Terme de blason. Se dit d'un animal qui est repré-
senté engloutissant dans sa gueule une pièce des ar-
moiries.
ENGOULÉ, ÉE (an-gou-lé, \èe), part, passé.
||i° Saisi par une gueule. Le poussin engoulé par
le chien. || 2° Terme de blason. Se dit des pièces dont
les extrémités entrent dans des gueules d'animaux.
■— HIST. XII" s. Là le desarment li prince et li
chasé; De son bliaut ot l'ermin [l'hermine] engoulé
[disposé autour de "ouverture pour le passage du
cou]; En nule terre n'ot plus bel desarmé, Raoul
de Camb. 62. (| xm« s. S'ot vestu un rouge fustain-
gne, Mes que par leus ert detrouez; Entre le col
ert engouiez D'une liste trestote blanche, Ren. 7622.
ENGOULER (an-gou-lé), v. a. Saisir à pleine
gueule. Ce chien engoulé tout ce qu'on lui jette.
— HIST. xine s. En ceste terre n'a mastin Qui me
rescossit [m'ôtât] un pocin| Por que je l'eusse en-
golé, Ben. 4 304 3. Le bort du henap trop n'engoule,
Si comme font maintes norrices Qui.... la Rose,
43646. Car la douçor si fort les boule [trompe], Qu'il
n'est nus [nul] qui tant en engoulé, Qu'il n'en vueille
plus engouler, ib. 6018. || xvi" s. Ce lyon jetta sa
griffe sur une fille aagée de douze ans ou environ,
et l'aterra : ce fait, engoula sa teste, et avec les
dents iuy fist plusieurs playes, PARÉ, vin, 45.
— ÉTYM. En 4, et goule, une des anciennes for-
mes de gueule; provenç. engolir, engouller; es-
pagn, engullir.
t ENGOULEVENT (an-gou-le-van), s. m. Genre
d'oiseaux dont l'espèce la plus commune est vulgai-
rement appelée crapaud volant {caprimul-gus eu-
ropseus, L.).
— ÉTYM. Engouler, et vent; ainsi dit parce que
cet oiseau a un bec qui s'ouvre énormément.
ENGOURDI, IE (an-gour-di, die), part, passé
d'engourdir. || i° Saisi d'engourdissement. Mains
engourdies par le froid. Non, non, si sans le fer
ce bras est engourdi ROTR. Hère. mour. m, 6
Par de chastes baisers, dans son pieux transport,
Il ranimait mon coeur engourdi par la mort, DUr
cis, Oscar, v, 4. [Un aiglon] Dont l'oeil aspire-à sa
sphère, Et qui rampe sur la terre Comme un rep-
tile engourdi, LAMART. Barm. n, 4 3. || Terme de
marine. Navire engourdi, navire qui parait immo-
bile au milieu d'une grosse mer. Peu usité. || Fig.
N'avoir pas les mains engourdies, être habile à pren-
dre, à voler. Vous me trouvez l'air d'un fripon qui
n'aura pas les mains engourdies pour emporter
l'argent d'une maison, MARIVAUX. , Paysan parv.
2e partie. || 2° Fig. Un esprit engourdi. La composi-
tion en est pesante et engourdie, DIDEROT, Salon
de (7fiB, QEu». t. xm, p. 94, dansPOUGENS.
ENGOURDIR (an-gour-dir), v. a. || 1° Causer
dans un membre une sorte de paralysie momenta-
née, incomplète. Le froid engourdit les membres.
La torpille engourdit la main de ceux qui la tou-
chent. On peut comparer les malheureuses produc-
tions de cette espèce à ces jours affligeants de l'hi-
ver, où un brouillard épais, joint à une gelée
pénétrante, semble à la fois engourdir et contrister
tous les êtres vivants, D'ALEMB. Éloges, Crëbillon.
Je baise bien tendrement vos pattes, et si, je les
exhorte à ne se laisser ni brûler, ni engourdir, m.
Lett. à Voltaire, 4 5oct. 4776. ||.2°Fig. L'oisiveté"
engourdit l'esprit. Il se prenait à tout ce qui pouvait
engourdir son impatience, HAMILT. Gramm. 4 4.
|| 3° S'engourdir, v. rêfl. Devenir engourdi. Le loir
s'engourdit pendant l'hiver. Ses membres épuisés
s'engourdissent et le cours du fleuve l'entraîne,
FÉN. Tél. iv. Maintenant je m'engourdis avec la na-
ture jusqu'à ce qu'elle renaisse, je ne vis plus, s. I.
ROUSS. Lett. à MmedeSuze, Corresp. t. vi, p. (42,
dans POUGENS. || Fig. Vous vous engourdissez dans le
repos. On perd l'habitude de réfléchir comme celle
de marcher; et l'âme s'engourdit et s'énerve comme
le corps dans une stupide indolence, MARMONTEL,
Élém. litt. OEuv. t. vu, p. 4(6, dans POUGENS..
— HIST. xm" s. Les pez out tortz [il eut les pieds
torts], nerfs engurdis, Edouard le conf. v. 4 937.
|| XV s. Et ne fussent lasches ne engourdelis, Mais
fors, et preux, et à chiere hardie, EUST. DESCH.
Poésies mss. f" 25, dans LÀCURNE. || xvr s'. Bien est
à présumer que Pharamond premièrement, puis son
successeur Clodion, voyant l'empire en tel desordre,
ne demeuroient ce temps pendant engourdis, FAS-
QUIER, dans le Diet. de DOCHEZ.
— ÉTYM. En 4, et gourd; provenç. engordir.
ENGOURDISSEMENT (an-gour-di-se-man), s. m.
|| 1° Sorte de paralysie momentanée causée par le
froid ou une autre cause, et qui est caractérisée par
la pesanteur, ]a difficulté du mouvement et un four-
millement incommode. Avoir un engourdissement
au bras. || Il se dit aussi d'un état qui rend les fa-
cultés obtuses comme par un demi-sommeil. Un
engourdissement total m'ôta jusqu'à la faculté de
parler et dé penser, M™e DE GENLIS, Adèle et Théod.
t. n, lett. 38, p. 364, dans POUGENS. || Il se dit
enfin de l'état où tombent certains animaux hiber-
nants. Il faut savoir gré à M. de Buffon d'avoir re-
cherché le premier la cause secrète de l'engourdis-
sement de divers animaux, tels que la marmotte, le
hérisson, le loir, la chauve-souris, BONNET, Con-
templ. nat. 4 2= part. ch. 3(. || 2° Fig. Torpeur.
L'engourdissement de l'esprit. Tirer quelqu'un de
son engourdissement. On dit qu'il y eut dans tout
ce mouvement un peu de l'engourdissement qui suit
un long repos, SÉGUR, Hist. de Napol. ix, 2.
— ÉTYM. Engourdir.
■1 4. ENGRAIN (an-grin), s. m. Biseau qui, pra-
tiqué à une meule, sert à engager dessous les ma-
tières qui doivent être broyées.
— ÉTYM. Voy. ENGRENER 2.
t 2. ENGRAIN (an-grin), s. m. Terme rural.
Toute semence faite en céréales.
— HIST. xvi« s. L'achateur sera payé de ses airures
[labourages], semences et engrains, s'il n'a les
■fruicts, Coust. génér. t. i, p. 4 024
— ÉTYM. En 4, et grain.
t ENGRAINEMENT (an-grè-ne-nian), s. m. Voy.
ENGRÈNEMENT.
fENGRAINER (an-grè-né), v. a. Voy. ENGRENER.
ENGRAIS (an-grê; Vs se lie: un an-grê-z excel-
lent) . s. m. |j 1° Pâture <4u'on donne aux volailles
pour les engraisser. || Mettre à l'engrais, se dit des
bestiaux que l'on met dans les herbages pour qu'ils
s'y engraissent. C'est ordinairement à l'âge de dix
ans qu'on met les boeufs à l'engrais, BUFF. Boeuf.
|| 2° Tout ce qui, déposé à la surface du sol et
mêlé à la terre arable, augmente ou rétablit la fé-
condité, en lui fournissant les matières organiques
ou minérales' nécessaires à.la végétation. Il sou-
mit l'art des engrais à des principes fondés sur la
saine physique, CONDORCET, Duhamel. Rival de
Duhamel, surprenez ses secrets; Connaissez, em-
ployez l'art fécond des engrais, DELILLE, Hom. des
eh. ch. n. || Engrais normal, fumier dé ferme pro-
duit par une proportion de 30 Ghevaux, 30 boeufs
ou vaches; 4 2 à 20 porcs, ainsi dit par Payen et
Boussingault, parce que ce fumier leur sert de type,
et que, dans leurs recherches comparatives, ils
fixent sa valeur ou ses effets à 4 00. || Engrais désin-
fecté, dit souvent aussi engrais humain, mélange
d'excréments humains, de poudrette, avec le char-
bon ou avec le terreau carbonisé; || Engrais flamand,
nom donné à la matière des fosses d'aisance mise
en citerne et mélangée avec une certaine proportion
d'eau qui en fait un engrais liquide. || Engrais verts,
nom donné aux tiges, feuilles ou fanes des. végé-
taux herbacés spécialement cultivés pour service de
fumure, tels que lupin, colza, seigle, etc; on les en-
fouit dans la terre, ils y pourrissent et la fertilisent.
|| Engrais mixtes, engrais formés de substances mi-
nérales assimilables par les plantes, et.de matières
organiques.
— HIST. xvi" s. Les boeufs d'engrais [de boucherie],
o. DESERRES, 297. Sans attendre que l'on les vinst
hacher en pièces comme moutons, après que l'on
les auroit longuement tenus en meue à l'engrès,
AMYOT, Agis et Cléom. 69,
— ÉTYM. Voy. ENGRAISSER.
t ENGRAISSAGE (an-grè-sa-j'), s. m. Action d'en-
graisser les bestiaux. Peu usité.
— ÉTYM. Engraisser.
f ENGRAISSANT, ANTE (an-grè-san, sân-t'), ad].
Qui engraisse. || Qui tache de graisse. La pommade
est trop engraissante, SÉV. 236.
ENGRAISSÉ, ÉE (an-grè-sé, sée), part, passé.
|| i° Rendu gras. Cet enfant'engraissé depuis que je
ne l'aj vu. Ses troupeaux engraissés dans ces beaux
pâturages, DELILLE, Enéide, vin. || Par extension.
Les mots pleins de l'onction divine opèrent secrète-
ment; on s'en nourrit, l'âme en est engraissée, FÉN.~
t. xviii, p. 439. || Fig. Ces champs,engraissés du sang
de nos soldats. || 2° Fig. Enrichi. J'estime autant Pa-
tru même dans l'indigence Qu'un commis engraiss
des malheurs de la France, BoiL*Épît. v.
ENGRAISSEMENT (an-grè-se-man), s. m. || 1° Ac-
tion d'engraisser. L'engraissement des bestiaux.
|| Etat de celui qui engraisse. || 2° Synonyme d'en-
grais. Mettre des engraissements à la terre. Il ne
faut que de légers engraissements, LA QUINTINYE,
1.1, dans RICHELET. || 3° Terme de charpenterie. Join-
dre du bois par engraissement, l'assembler à force,
et de manière qu'il n'y reste aucun vide.
— HIST. xvi" s Et lesnourissoit-on [les gladia-
teurs] avec cet engraissement, afin qu'ils achetassent
leur graisse par leur mort, D'AUB. Conf. n, 8. Et seront
ces lieux assis en teste des prairies, afin que les en-
graissemens y vuide'nt par les pluies, o. DE SERRES,
21. Le trop de vieillesse résiste à l'engraissement
des boeufs, in. 296.
— ÉTYM. Engraisser; provenç. engrayshament;
anc. cat. engressament; ital. ingrassamento. .
ENGRAISSER (en-grè-sé), v. a. || 1° Faire de-
venir gras. Engraisser des poulets, des cochons,
des bestiaux. Il n'y en a que trop de ce caractère
dans le siècle où nous sommes qui ne semblent
vivre que pour nourrir et engraisser .leur corps,
BOURD. 6" dim. après la Périt. Domin. t.m, p. 4 4,
Que faisons-nous, chrétiens, que faisons-nous au-
tre chose, lorsque nous flattons notre corps, que
d'accroître la proie de la mort, lui enrichir son bu-
tin, lui .engraisser sa victime? BOSS. Or. fun. du P.
Bourgoing. Comme des victimes qu'on engraisse et
qu'on orne de fleurs, MASS.. Myst. Soum. || 2° En-
duire d'un corps gras. Que l'huile du pécheur ne
parfume et n'engraisse point ma ..tête, SACI, Bible,
psaume CXL, v. 5. || Souiller de graisse, Engraisser
ses habits. Aujourd'hui on dit plutôt graisser. || 3° En-
graisser des terres, leur donner de l'engrais. Ces
troupeaux servent à engraisser les campagnes >
FÉN. Tél. xin. Ainsi les torrents engraissent les
vallons de la substance des montagnes avagées,
RAYNAL, Hist.phil. ii, 6. ||.4° Fig. Rendre riche.
N'imite point ces fous dont la sotte avarice Va de
ses revenus engraisser la justice, BOIL. Ép'a. n.
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