EMP
ique. || Proverbe. Le plus fort l'emporte, c'est-
à-dire le plus puissant a toujours l'avantage.
— REM. « On emporte une place, dit Voltaire,
on remporte un avantage, on a un succès, on
n'emporte point un succès ; c'est un barbarisme. »
Il n'y a point de barbarisme; les meilleurs auteurs
au xvl" et au xvn" siècle ont parlé ainsi; et il n'y a
aucune raison pour ne pas parler comme eux.
SYN. EMPORTER LE PRIX, REMPORTER LE PRIX. La
particule réduplicative re a-tellement perdu ici son
sens propre,que l'usage seul a établi quelque dif-
férence, non dans le sens, mais dans .l'emploi. On
dit remporter un prix quand il s'agit des distribu-
tions de prix, des concours; en ce cas, emporter
ne s'emploie pas. Mais, quand il ne s'agit pas de
ces distributions, et surtout dans le style élevé,
emporter est de mise. Emporter se prend surtout
dans le sens superlatif, c'est-à-dire avec l'article le
qui donne à prix le sens général : il emporte le
prix. Mais, s'il s'agit de prix particuliers, on dira :
il remporte un prix, des prix.
— HIST. xi* s. Se truis [si je trouve] Rolant, [il]
n'enportera la teste [ne s'en ira avec la tête sur ses
épaules], Ch. de Roi. LXXIII. ||xn' s. De Saragoce
les clés [clefs] enporterez, Ronc. p. si. Et je meîsme
n'enporterai la vie [ne reviendrai vivant], ib. p. 83.
Si m'emporta en som [au sommet d'] un pui moût
grant, ib. p. -164. 11 peut sa crois garder et estoier
[ficher], Qu'encor l'a-il tele qu'il l'emporta [à la
croisade], HUES D'OISI, flomanc. p. 404. |[ xm" s.
Tant que la vraie histoire [j'] emportai avec mi,
Berte, i. Si comenda que ses cuers fust enfouis à
Roem, et ses cors fust emportés àLondres et enfouis
en la mère église, Chr. de Rains, 80. Et aucune
fois ele [une société commerciale] se fet en tele
manière que li un emporte part au gaaing s'il y
est; et se perte tome, il n'emporte point de perte,
BEAUM. xxi, 33. Combien que il y ait de mariages
et filles de cascun [chaque] mariage, et du dee-
rain mariage fust uns hoirs malles [mâle], si em-
porteroit il l'ainsneece contre se [sa] sereur, ip.
xvin, 24. Comment que uns autres enport les frais
d'un fief duquel je sui hoirs, je sui tenus à obéir,
m. xn, 42. || xv s. Et laira-t-on les Anglois con-
venir et les Portingalois aller et venir parmi le
pays de Castille; ils n'emporteront pas le pays,
quand ils s'en iront, avecques eux, FROISS. II, m,
64. Le quel Charolois rendit responce, en disant
que diable peust emporter ceulxqui faisoient tel, et
qu'ils faisoient plus que on ne leur commandoit,
JEHAN DE TROYES, Chron. 4 4GB. S'il en a fait occi-
sion, Autant en emporte le vent; Gens pleins de dis-
solucion, On les doit corriger souvent, Recueil de
farces, p. 384. [| xvr s. Amy Gavan, on t'a fait
le rapport Depuis un peu que j'estois trespassé :
Je prie à Dieu que le deable m'emport S'il en est
rien, ne si j'y ai pensé, MAROT, m, 60. Les mots
de Moyse n'emportent sinon qu'il a imposé nom
à l'autel, CALV. Instit. 78. L'un et l'aultre de ces
deux moyens m'emporteroit aysement, MONT, I, 42.
Il se laisse emporter à ce dernier accident, ID. i, 6.
Ainsin emporte les bestes leur rage à s'attaquer
à....m. I, 26. S'ils emportent la victoire sureulx, ID.
I, S44. Si tu ne portes la douleur, elle t'emportera,
ID. i, 304. Je n'estime point qu'en suffisance et en
grâce à cheval nulle nation nous emporte, ID. I,
308. Capoue feut emportée le lendemain, ID. n, 37.
Un chien luy emporta le gras de la jambe, ID. m,
302. On disait à Socrates que quelqu'un ne s'estoit
aulcunement amendé en son voyage : Je crois bien,
dict-il; il s'estoit emporté avecques soy, ID. I, 38.
Emporter le prix, AMYOT, Thés. 22. Le sort la
[Hélène] donna à Theseus, qui l'emporta en la ville
de Aphidnes, ID. ib. 39. Leur risée emportoit tous-
jours, quand et elle, un doulx admonestement, ID.
Lyc. 63. Il y eut grande contention et grande con-
trariété d'opinions, toutefois à la fin la plus doulce
l'emporta, ID. Cam. 73. La peste, oultre une multi-
tude innumerable de peuple, emporta encore plu-
sieurs magistrats, ID. Cam. 74. Demosthenes,
l'ayant souspesée, s'esmerveilla du poids qui estoit
grand, et demanda combien de poids elle empor-
toit ; et Harpalus en se riant lui respondit : Elle
t'emportera vingt talents; et sitost que la nuict fut
venue, luy envoya lacouppeavec les vingt talents,
ID. Dêmosth: 36. Ceux à qui un gros boulet aura
emporté un membre, PARÉ, IX, 4 0. Philippe, pour
la grandeur de ses mérites, emporta, par la voix des
doctes, le surnom d'Auguste, PASQUIER, Rech. m, 29.
— ÉTYM. .En 2, et porter; bourguig. empâtai;
provenç. emporter. Emporter, c'est porter de là :
lat. inde portare.
t EMPOTAGE (an-po-ta-j'), s. m. Action d'em-
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
EMP
poter. || Terme de cuisine. Bouillon dont on se sert
pour mouiller les potages. I
— ÉTYM. Empoter. \
EMPOTÉ, ÉE (an-po-té, tée), port, passé. Des
géraniums empotés. Des confitures empotées.
EMPOTER (an-po-té), v. a. Mettre enj pot des
plantes. || Mettre en pot des confitures, des conserves.
— ÉTYM. En 4, et pot.
t EMPOÛDRER (an-pou-dré), v. a. Couvrir de
poudrer de poussière.
— HIST. xm" s. Ou se sa robe trop s'empoudre,
Soulevez-la lui de la poudre, la Rose, 728611| XV" S.
Et estoient leurs chevaux tout chargés et empou-
drés, et aussi eux-mesmes, FROISS. II, ni,!83.
— ÉTYM. En 4, et poudre.
tEMPOUILLÉ,ÉE(an-pou-llé, liée, Il mouillées),
adj. Garni d'empouilles. Il est défendu aux labou-
reurs de laisser vaguer leurs chevaux et j bestiaux
dans les terres empouillées, Arrêt du parlement,
4 4 août 4 787.
— ÉTYM. Voy. EMPOUILLES.
t EMPOUILLES (an-pou-11', Il mouillées), s. f.
plur. Terme de droit coutumier. Les fruits de la terre
encore sur pied, par opposition à dépouille, qui si-
gnifiait ces mêmes fruits, coupés ou moissonnés. Dé-
fenses sont faites à toutes personnes de laisser aller
leurs poules ou poulets et autres volailles dans les
empouilles, prés, sainfoins, luzernes, qui ayoisinent
les maisons, Arrêt du parlement, 44aoûtj4787.
— ÉTYM. Mot fait avec en ) sur le modèle de dé-
pouille, et, comme si dépouille était formé de la
préposition de, et de pouille.
î EMPOUPER (an-pou-pé), v. a. Terme de marine.
Prendre un vaisseau en poupe, en parlant du vent.
— HIST. xvi° s. Lors un bon vent vint empoupper
la flotte, DU BELLAY, iv, 38, verso. Je prie à Dieu
que vous puissiez empoupper vostre navire d'un
vent heureux, PASQUIER, Lettres, t. ni, p. 699,dans
LACDRNE.
— ÉTYM. En 4, et poupe.
EMPOURPRÉ, ÉE (an-pour-pré, prée), part,
passé. Teint de couleur de pourpre. Là s'élevaient
trois arbres.... à leurs racines rampaient quelques
baies empourprées, CHATEAUDR. Gaul, 264. Et, vers
l'occident seul, une porte éclatante Laissait voir la
lumière à flots d'or ondoyer; Et la nue empourprée
imitait une tente Qui voile sans l'éteindre un im-
mense foyer, LAMART. Harm. n, 2. || Revêtu de la
pourpre. Archevêques, abbés, empourprés cardi-
naux, VOLT. Stances, 26.
EMPOURPRER (an-pour-pré), v. a. Colorer de
pourpre ou de rouge. Commençons par ce corps
d'albâtre dont mon fils a publié les merveilles et
qu'il appelle le temple de la blancheur ; prenez vos
scions, filles de la nuit, et me l'empourprez si bien
que cette blancheur ne trouve pas même un asile
en son propre temple, LAFONT. Psyché, n, p. 473.
Bacchus lui-même aux vendanges Vient empourprer
le raisin, FËN. t. xxi,p. 29). La flamme des jvaisseaux
empourpre la voilure, v. HUGO, Crép.i. .J..Le sang
empourprait d'un rouge plus ardent Sa crête dente-
lée [du serpent], ID. Orient. 26. || S'empourprer, pren-
dre la couleur de pourpre. L'horizon s'empourprait.
— HIST. xvie s. J'empourpreroy mes plumes en
mon sang, Pour tesmoignerla peine que j'endure,
RONS. 77.
— ÉTYM. En 4, et pourpre.
f EMPOUTRERIE (an-pou-tre-rie), s. f. Réunion
de deux poutres qui soutiennent le plancher du bef-
froi d'un moulin. \
— ÉTYM. En 4, et poutre.
EMPREINDRE (an-prin-dr'), j'empreins, nous
empreignons, vous empreignez, ils empreignent;
j'empreignais; j'empreignis; j'empreindrai; j'em-
preindrais; empreins, empreignons;.que j'emprei-
gne, que nous empreignions, que j'empreignisse;
empreigoant; empreint, v. a. |]1° Produire en re-
lief ou en creux, par la pression sur une surface, une
figure, des traits, etc. Il empreignit son sceau dans
la cire. || 2° Fig. Nous empreignons de notre être
composé toutes les choses simples que nous con-
templons, PASC. dans COUSIN. Dieu avait déjà em-
preint au dedans de lui [le roi] les caractères de la
mort, MASS. Or. fun. Louis XIV. || 3° S'empreindre,
v. réfl. Etre marqué. Leurs pas s'étaient empreints
sur le sable. Image fidèle des libres mouvements de
l'esprit humain, cette longue histoire que je vous
raconte doit s'élever, s'abaisser, s'empreindre de
mille couleurs, ou riantes ou sévères, VIJ.LEM. Lit-
tér. franc. 4 8" siècle, 2» part. 3° leçon.
— SYN. EMPREINORE, IMPRIMER. Ces deux Mots
sont étymologiquement identiques, puisque tous
deux reproduisent le verbe latin imprimere, l'un
EMP
1361
sous l'ancienne forme française, l'autre sous la
forme moderne. La différence que l'usage a mise
c'est que imprimer est d'un usage plus étendu. On
dit également empreindre ou imprimer un sceau
dans de la cire, empreindre ou imprimer un carac-
tère; mais on dit seulement imprimer une étoffe,
imprimer un livre. De plus, au figuré, on se sert
presque exclusivement de imprimer.
— HIST. XIII" s. Dès ce que fui. hors d'ignorance,
Et que connui qu'estoit honnours, Emprient a vo
douce semblance, Dame, en mon cuer loialamours,
A. DiNAOx, Trouvères artésiens, p. 263 Cuer
qui l'amor Dieu maintient, Quant de ceste [amour]
se sent emprient.... Fabliaux mss, n" 7248, f" 426,
dans LACDRNE. || xiv° s. Très dous pensers en li em-
praint, MACHADT, p. 26. || xvi" s. Car vostre oeil
qui fait offense Au coeur où vous este emprainte,
X la langue fait défense De vous à vous faire plaincte,
ST-GELAIS, 4 88. Les règles de la raison que na-
ture a empreintes en nous, MONT, I, 64. La beauté
de Stratonice trop vivement empreinte en son ame-
ID. î, 92. Un bandeau, sur lequel y avoit des cou-
ronnes et des victoires empraintes et portraites de
broderie, AMYOT, Timol. 4 2.
— ÉTYM. Provenç. enpremar; espagn. imprimir;
ital. imprimere; du latin imprimere, de in, en, et
premere, presser. In-primere, avec l'accent sur pri,
donne régulièrement en-preindre. Plus tard d'im-
primere on a tiré directement imprimer.
EMPREINT, EINTE (an-prin, prin-t'), part, passé
d'empreindre. Marqué par impression. Un pied em-
preint sur le sable. Un conquérant, dans sa fortune
altière, Se fit un jeu dessceptres etdeslois;Et de ses
pieds on peut voir la poussière Empreinte encor sur
le bandeau des rois, BÉRANG. le Dieu des Bonnes gens.
|| Fig. La même majesté sur son visage empreinte,
CORN. Pomp. il, 2. De qui même le front déjà pâle
et glacé, Porte empreint le trépas dont il est menacé,
ID. OEdipe, i, 4. Ces sentiments d'erreur qui sont
si empreints en nous-mêmes, PASC. dans COUSIN. La
marque infaillible d'inspiration divine qu'ils [les li-
vres de l'Ancien Testament] portent empreinte dans
le grand nombre et la suite des prédictions mémo-
rables dont on les trouve remplis, BOSS. Hist. n, 43.
Et couvrent de Dieu même, empreint sur leur vi-
sage, De leurs honteux plaisirs l'affreux libertinage,
BOIL. Sat. x. L'auguste majesté sur votre front em-
preinte, RAC. Esth. n, 7.
EMPREINTE (an-prin-tf), s. f. || i" Figure mar-
quée par impression. Empreinte en creux, en re-
lief. Je me tourmentais l'esprit pour deviner qui
pouvait avoir pris des empreintes ou des modèles
de mes clefs, LESAGE,.Gugm. d'Alfar. iv, 3. Dans
le cabinet où travaillait cet infatigable écrivain [Le
Nain de Tillemont], on voyait l'empreinte de ses
deux pieds marquée sur les carreaux qui étaient
sous son bureau, SAINT-FOIX, ESS. Paris, OEuvres,
t. m, p. 369, dans POUGENS. || Terme de géologie.
Figures d'insectes, de plantes, etc. empreintes sur
une roche. || Terme d'anatomie. Nom donné aux iné»
galitésdes os auxquelles s'attachent les fibres tendi-
neuses etligamenteuses. || 2° Fig.'La foi de ses aïeux,
ton amour et ta crainte Dont il porte dans l'âme une
éternelle empreinte, MALH. II, 4. Ni l'air ni le vent
ne portent l'empreinte de Dieu, Boss. Lett. Corn. 25.
Elle s'arrête, et d'une douleur feinte, X tous ses
traits elle donne l'empreinte, MILLEV. Charlem. à
Pavie, ch. î. Maintenant je cherche dans l'école
historique anglaise l'empreinte de Montesquieu et
de Voltaire, en cette liberté philosophique, cette
raison supérieure dont ils donnèrent l'exemple,
VILLEMAIN, 4 8° siècle, 2e partie, 3e leçon. Partout
du doigt de Dieu reconnaissant l'empreinte Je courbe
mon orgueil sous sa majesté sainte, c UELAV. Vêp.
sicil. Scène supprimée. Voyageur fatigué qui reviens
sur nos plages Demander à tes champs leurs anti-
ques ombrages, 5. ton coeur ses premiers amours;
Que de jours ont passé sur ces chères empreintes I
LAMART. .Harm. m, 4. || 3° Terme de peinture. Pre-
mière couleur couchée uniformément sur la toile
avant d'y dessiner le sujet du tableau. On dit aussi
impression.
— HIST. XIII" s. Quant autre conseil n'i puet mè-
tre, Si taille emprainte de tel letre Qu'il lor donne
formes veroies [vraiesj En coinz de diverses mon-
noies, la Rose, 46246. Et voit-on cler par ce seel
[sceau] que l'empreinte du seel brisée est sembla-
ble au seel entier, JOINV. 204. || xiv" s. En tel
pays que tu puisses veoir l'emprunte du pied sur
l'herbe, Modus, ms. f° 7, dans LACDRNE. || XV" S.
Emprainte en plomb où est le visage de Fran-
çois de Carare en un costé, DE LABORDE, Emaux,
p. 260.
I. — 171
ique. || Proverbe. Le plus fort l'emporte, c'est-
à-dire le plus puissant a toujours l'avantage.
— REM. « On emporte une place, dit Voltaire,
on remporte un avantage, on a un succès, on
n'emporte point un succès ; c'est un barbarisme. »
Il n'y a point de barbarisme; les meilleurs auteurs
au xvl" et au xvn" siècle ont parlé ainsi; et il n'y a
aucune raison pour ne pas parler comme eux.
SYN. EMPORTER LE PRIX, REMPORTER LE PRIX. La
particule réduplicative re a-tellement perdu ici son
sens propre,que l'usage seul a établi quelque dif-
férence, non dans le sens, mais dans .l'emploi. On
dit remporter un prix quand il s'agit des distribu-
tions de prix, des concours; en ce cas, emporter
ne s'emploie pas. Mais, quand il ne s'agit pas de
ces distributions, et surtout dans le style élevé,
emporter est de mise. Emporter se prend surtout
dans le sens superlatif, c'est-à-dire avec l'article le
qui donne à prix le sens général : il emporte le
prix. Mais, s'il s'agit de prix particuliers, on dira :
il remporte un prix, des prix.
— HIST. xi* s. Se truis [si je trouve] Rolant, [il]
n'enportera la teste [ne s'en ira avec la tête sur ses
épaules], Ch. de Roi. LXXIII. ||xn' s. De Saragoce
les clés [clefs] enporterez, Ronc. p. si. Et je meîsme
n'enporterai la vie [ne reviendrai vivant], ib. p. 83.
Si m'emporta en som [au sommet d'] un pui moût
grant, ib. p. -164. 11 peut sa crois garder et estoier
[ficher], Qu'encor l'a-il tele qu'il l'emporta [à la
croisade], HUES D'OISI, flomanc. p. 404. |[ xm" s.
Tant que la vraie histoire [j'] emportai avec mi,
Berte, i. Si comenda que ses cuers fust enfouis à
Roem, et ses cors fust emportés àLondres et enfouis
en la mère église, Chr. de Rains, 80. Et aucune
fois ele [une société commerciale] se fet en tele
manière que li un emporte part au gaaing s'il y
est; et se perte tome, il n'emporte point de perte,
BEAUM. xxi, 33. Combien que il y ait de mariages
et filles de cascun [chaque] mariage, et du dee-
rain mariage fust uns hoirs malles [mâle], si em-
porteroit il l'ainsneece contre se [sa] sereur, ip.
xvin, 24. Comment que uns autres enport les frais
d'un fief duquel je sui hoirs, je sui tenus à obéir,
m. xn, 42. || xv s. Et laira-t-on les Anglois con-
venir et les Portingalois aller et venir parmi le
pays de Castille; ils n'emporteront pas le pays,
quand ils s'en iront, avecques eux, FROISS. II, m,
64. Le quel Charolois rendit responce, en disant
que diable peust emporter ceulxqui faisoient tel, et
qu'ils faisoient plus que on ne leur commandoit,
JEHAN DE TROYES, Chron. 4 4GB. S'il en a fait occi-
sion, Autant en emporte le vent; Gens pleins de dis-
solucion, On les doit corriger souvent, Recueil de
farces, p. 384. [| xvr s. Amy Gavan, on t'a fait
le rapport Depuis un peu que j'estois trespassé :
Je prie à Dieu que le deable m'emport S'il en est
rien, ne si j'y ai pensé, MAROT, m, 60. Les mots
de Moyse n'emportent sinon qu'il a imposé nom
à l'autel, CALV. Instit. 78. L'un et l'aultre de ces
deux moyens m'emporteroit aysement, MONT, I, 42.
Il se laisse emporter à ce dernier accident, ID. i, 6.
Ainsin emporte les bestes leur rage à s'attaquer
à....m. I, 26. S'ils emportent la victoire sureulx, ID.
I, S44. Si tu ne portes la douleur, elle t'emportera,
ID. i, 304. Je n'estime point qu'en suffisance et en
grâce à cheval nulle nation nous emporte, ID. I,
308. Capoue feut emportée le lendemain, ID. n, 37.
Un chien luy emporta le gras de la jambe, ID. m,
302. On disait à Socrates que quelqu'un ne s'estoit
aulcunement amendé en son voyage : Je crois bien,
dict-il; il s'estoit emporté avecques soy, ID. I, 38.
Emporter le prix, AMYOT, Thés. 22. Le sort la
[Hélène] donna à Theseus, qui l'emporta en la ville
de Aphidnes, ID. ib. 39. Leur risée emportoit tous-
jours, quand et elle, un doulx admonestement, ID.
Lyc. 63. Il y eut grande contention et grande con-
trariété d'opinions, toutefois à la fin la plus doulce
l'emporta, ID. Cam. 73. La peste, oultre une multi-
tude innumerable de peuple, emporta encore plu-
sieurs magistrats, ID. Cam. 74. Demosthenes,
l'ayant souspesée, s'esmerveilla du poids qui estoit
grand, et demanda combien de poids elle empor-
toit ; et Harpalus en se riant lui respondit : Elle
t'emportera vingt talents; et sitost que la nuict fut
venue, luy envoya lacouppeavec les vingt talents,
ID. Dêmosth: 36. Ceux à qui un gros boulet aura
emporté un membre, PARÉ, IX, 4 0. Philippe, pour
la grandeur de ses mérites, emporta, par la voix des
doctes, le surnom d'Auguste, PASQUIER, Rech. m, 29.
— ÉTYM. .En 2, et porter; bourguig. empâtai;
provenç. emporter. Emporter, c'est porter de là :
lat. inde portare.
t EMPOTAGE (an-po-ta-j'), s. m. Action d'em-
DICT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
EMP
poter. || Terme de cuisine. Bouillon dont on se sert
pour mouiller les potages. I
— ÉTYM. Empoter. \
EMPOTÉ, ÉE (an-po-té, tée), port, passé. Des
géraniums empotés. Des confitures empotées.
EMPOTER (an-po-té), v. a. Mettre enj pot des
plantes. || Mettre en pot des confitures, des conserves.
— ÉTYM. En 4, et pot.
t EMPOÛDRER (an-pou-dré), v. a. Couvrir de
poudrer de poussière.
— HIST. xm" s. Ou se sa robe trop s'empoudre,
Soulevez-la lui de la poudre, la Rose, 728611| XV" S.
Et estoient leurs chevaux tout chargés et empou-
drés, et aussi eux-mesmes, FROISS. II, ni,!83.
— ÉTYM. En 4, et poudre.
tEMPOUILLÉ,ÉE(an-pou-llé, liée, Il mouillées),
adj. Garni d'empouilles. Il est défendu aux labou-
reurs de laisser vaguer leurs chevaux et j bestiaux
dans les terres empouillées, Arrêt du parlement,
4 4 août 4 787.
— ÉTYM. Voy. EMPOUILLES.
t EMPOUILLES (an-pou-11', Il mouillées), s. f.
plur. Terme de droit coutumier. Les fruits de la terre
encore sur pied, par opposition à dépouille, qui si-
gnifiait ces mêmes fruits, coupés ou moissonnés. Dé-
fenses sont faites à toutes personnes de laisser aller
leurs poules ou poulets et autres volailles dans les
empouilles, prés, sainfoins, luzernes, qui ayoisinent
les maisons, Arrêt du parlement, 44aoûtj4787.
— ÉTYM. Mot fait avec en ) sur le modèle de dé-
pouille, et, comme si dépouille était formé de la
préposition de, et de pouille.
î EMPOUPER (an-pou-pé), v. a. Terme de marine.
Prendre un vaisseau en poupe, en parlant du vent.
— HIST. xvi° s. Lors un bon vent vint empoupper
la flotte, DU BELLAY, iv, 38, verso. Je prie à Dieu
que vous puissiez empoupper vostre navire d'un
vent heureux, PASQUIER, Lettres, t. ni, p. 699,dans
LACDRNE.
— ÉTYM. En 4, et poupe.
EMPOURPRÉ, ÉE (an-pour-pré, prée), part,
passé. Teint de couleur de pourpre. Là s'élevaient
trois arbres.... à leurs racines rampaient quelques
baies empourprées, CHATEAUDR. Gaul, 264. Et, vers
l'occident seul, une porte éclatante Laissait voir la
lumière à flots d'or ondoyer; Et la nue empourprée
imitait une tente Qui voile sans l'éteindre un im-
mense foyer, LAMART. Harm. n, 2. || Revêtu de la
pourpre. Archevêques, abbés, empourprés cardi-
naux, VOLT. Stances, 26.
EMPOURPRER (an-pour-pré), v. a. Colorer de
pourpre ou de rouge. Commençons par ce corps
d'albâtre dont mon fils a publié les merveilles et
qu'il appelle le temple de la blancheur ; prenez vos
scions, filles de la nuit, et me l'empourprez si bien
que cette blancheur ne trouve pas même un asile
en son propre temple, LAFONT. Psyché, n, p. 473.
Bacchus lui-même aux vendanges Vient empourprer
le raisin, FËN. t. xxi,p. 29). La flamme des jvaisseaux
empourpre la voilure, v. HUGO, Crép.i. .J..Le sang
empourprait d'un rouge plus ardent Sa crête dente-
lée [du serpent], ID. Orient. 26. || S'empourprer, pren-
dre la couleur de pourpre. L'horizon s'empourprait.
— HIST. xvie s. J'empourpreroy mes plumes en
mon sang, Pour tesmoignerla peine que j'endure,
RONS. 77.
— ÉTYM. En 4, et pourpre.
f EMPOUTRERIE (an-pou-tre-rie), s. f. Réunion
de deux poutres qui soutiennent le plancher du bef-
froi d'un moulin. \
— ÉTYM. En 4, et poutre.
EMPREINDRE (an-prin-dr'), j'empreins, nous
empreignons, vous empreignez, ils empreignent;
j'empreignais; j'empreignis; j'empreindrai; j'em-
preindrais; empreins, empreignons;.que j'emprei-
gne, que nous empreignions, que j'empreignisse;
empreigoant; empreint, v. a. |]1° Produire en re-
lief ou en creux, par la pression sur une surface, une
figure, des traits, etc. Il empreignit son sceau dans
la cire. || 2° Fig. Nous empreignons de notre être
composé toutes les choses simples que nous con-
templons, PASC. dans COUSIN. Dieu avait déjà em-
preint au dedans de lui [le roi] les caractères de la
mort, MASS. Or. fun. Louis XIV. || 3° S'empreindre,
v. réfl. Etre marqué. Leurs pas s'étaient empreints
sur le sable. Image fidèle des libres mouvements de
l'esprit humain, cette longue histoire que je vous
raconte doit s'élever, s'abaisser, s'empreindre de
mille couleurs, ou riantes ou sévères, VIJ.LEM. Lit-
tér. franc. 4 8" siècle, 2» part. 3° leçon.
— SYN. EMPREINORE, IMPRIMER. Ces deux Mots
sont étymologiquement identiques, puisque tous
deux reproduisent le verbe latin imprimere, l'un
EMP
1361
sous l'ancienne forme française, l'autre sous la
forme moderne. La différence que l'usage a mise
c'est que imprimer est d'un usage plus étendu. On
dit également empreindre ou imprimer un sceau
dans de la cire, empreindre ou imprimer un carac-
tère; mais on dit seulement imprimer une étoffe,
imprimer un livre. De plus, au figuré, on se sert
presque exclusivement de imprimer.
— HIST. XIII" s. Dès ce que fui. hors d'ignorance,
Et que connui qu'estoit honnours, Emprient a vo
douce semblance, Dame, en mon cuer loialamours,
A. DiNAOx, Trouvères artésiens, p. 263 Cuer
qui l'amor Dieu maintient, Quant de ceste [amour]
se sent emprient.... Fabliaux mss, n" 7248, f" 426,
dans LACDRNE. || xiv° s. Très dous pensers en li em-
praint, MACHADT, p. 26. || xvi" s. Car vostre oeil
qui fait offense Au coeur où vous este emprainte,
X la langue fait défense De vous à vous faire plaincte,
ST-GELAIS, 4 88. Les règles de la raison que na-
ture a empreintes en nous, MONT, I, 64. La beauté
de Stratonice trop vivement empreinte en son ame-
ID. î, 92. Un bandeau, sur lequel y avoit des cou-
ronnes et des victoires empraintes et portraites de
broderie, AMYOT, Timol. 4 2.
— ÉTYM. Provenç. enpremar; espagn. imprimir;
ital. imprimere; du latin imprimere, de in, en, et
premere, presser. In-primere, avec l'accent sur pri,
donne régulièrement en-preindre. Plus tard d'im-
primere on a tiré directement imprimer.
EMPREINT, EINTE (an-prin, prin-t'), part, passé
d'empreindre. Marqué par impression. Un pied em-
preint sur le sable. Un conquérant, dans sa fortune
altière, Se fit un jeu dessceptres etdeslois;Et de ses
pieds on peut voir la poussière Empreinte encor sur
le bandeau des rois, BÉRANG. le Dieu des Bonnes gens.
|| Fig. La même majesté sur son visage empreinte,
CORN. Pomp. il, 2. De qui même le front déjà pâle
et glacé, Porte empreint le trépas dont il est menacé,
ID. OEdipe, i, 4. Ces sentiments d'erreur qui sont
si empreints en nous-mêmes, PASC. dans COUSIN. La
marque infaillible d'inspiration divine qu'ils [les li-
vres de l'Ancien Testament] portent empreinte dans
le grand nombre et la suite des prédictions mémo-
rables dont on les trouve remplis, BOSS. Hist. n, 43.
Et couvrent de Dieu même, empreint sur leur vi-
sage, De leurs honteux plaisirs l'affreux libertinage,
BOIL. Sat. x. L'auguste majesté sur votre front em-
preinte, RAC. Esth. n, 7.
EMPREINTE (an-prin-tf), s. f. || i" Figure mar-
quée par impression. Empreinte en creux, en re-
lief. Je me tourmentais l'esprit pour deviner qui
pouvait avoir pris des empreintes ou des modèles
de mes clefs, LESAGE,.Gugm. d'Alfar. iv, 3. Dans
le cabinet où travaillait cet infatigable écrivain [Le
Nain de Tillemont], on voyait l'empreinte de ses
deux pieds marquée sur les carreaux qui étaient
sous son bureau, SAINT-FOIX, ESS. Paris, OEuvres,
t. m, p. 369, dans POUGENS. || Terme de géologie.
Figures d'insectes, de plantes, etc. empreintes sur
une roche. || Terme d'anatomie. Nom donné aux iné»
galitésdes os auxquelles s'attachent les fibres tendi-
neuses etligamenteuses. || 2° Fig.'La foi de ses aïeux,
ton amour et ta crainte Dont il porte dans l'âme une
éternelle empreinte, MALH. II, 4. Ni l'air ni le vent
ne portent l'empreinte de Dieu, Boss. Lett. Corn. 25.
Elle s'arrête, et d'une douleur feinte, X tous ses
traits elle donne l'empreinte, MILLEV. Charlem. à
Pavie, ch. î. Maintenant je cherche dans l'école
historique anglaise l'empreinte de Montesquieu et
de Voltaire, en cette liberté philosophique, cette
raison supérieure dont ils donnèrent l'exemple,
VILLEMAIN, 4 8° siècle, 2e partie, 3e leçon. Partout
du doigt de Dieu reconnaissant l'empreinte Je courbe
mon orgueil sous sa majesté sainte, c UELAV. Vêp.
sicil. Scène supprimée. Voyageur fatigué qui reviens
sur nos plages Demander à tes champs leurs anti-
ques ombrages, 5. ton coeur ses premiers amours;
Que de jours ont passé sur ces chères empreintes I
LAMART. .Harm. m, 4. || 3° Terme de peinture. Pre-
mière couleur couchée uniformément sur la toile
avant d'y dessiner le sujet du tableau. On dit aussi
impression.
— HIST. XIII" s. Quant autre conseil n'i puet mè-
tre, Si taille emprainte de tel letre Qu'il lor donne
formes veroies [vraiesj En coinz de diverses mon-
noies, la Rose, 46246. Et voit-on cler par ce seel
[sceau] que l'empreinte du seel brisée est sembla-
ble au seel entier, JOINV. 204. || xiv" s. En tel
pays que tu puisses veoir l'emprunte du pied sur
l'herbe, Modus, ms. f° 7, dans LACDRNE. || XV" S.
Emprainte en plomb où est le visage de Fran-
çois de Carare en un costé, DE LABORDE, Emaux,
p. 260.
I. — 171
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