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ÉMO
t ÉMOUSSOIR (é-mou-soir), s. m. Terme rural.
Instrument pour émousser les arbres. _
— ÉTYM. Émousser 2.
ÉMOUSTILLE, ÉE (é-mou-sti-llé, liée, II mouil-
lées, et non é-mou-sti-yé, yée), part, passé. Ëmous-
tillé par un petit coup de Champagne.
ÉMOUSTILLER (é-mou-sti-llé, II mouillées, et
non é-mou-sti-yé), v. a. Exciter à la gaieté, à la
bonne humeur. Cela vous émoustille. Sa mère ne la
quittait pas d'un pas; en lui faisant apprendre à
chanter, en lui donnant un jeune maître, elle fai-
sait de son mieux pour l'émoustiller, mais cela ne
réussit pas, J. i. ROUSS. Confess. v. || Absolument. Le
Champagne émoustille. || S'émoustiller, v. réfl. Sortir
de sa torpeur.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et moustille, qui
se dit du pétillement du vin (voy. MOUSTILLE). Le-
roux, Dict. comique, dit qu'il signifie écarter les
mouches; de sorte qu'il le regarderait comme une
corruption de esmouchiller ; mais rien n'appuie ni
ce sens ni cette étymologie. Emoustiller n'est ni
dans les anciennes éditions de l'Académie, ni dans
Furetière, ni dans Richelet.
f ÉMOUVANT, ANTE (é-mou-van, van-f), adj.
Qui émeut, qui cause de l'émotion. Scène émouvante.
f ÉMOUVEMENT (é-mou-ve-man), s. m. Action
d'émouvoir; résultat de cette action.
— mST. xive s. Hz sont meuz de passion, de cha-
leur et esmouvemènt de folle hardiesse, ORESME,
Eth. 82. Comme un esmouvemènt fait la boe puir
horriblement, m. ib. 25. || XVe s. Et tout par l'emou-
vement et enortement faux de ce Hue le despen-
sier, FROISS. i, i, 7.
— ÉTYM. Émouvoir; provenç. esmovemen.
ÉMOUVOIR (é-mou-voir), j'émeus, tu émeus, il
émeut, nous émouvons, vous émouvez, ils émeu-
vent; j'émouvais; j'émus; j'émouvrai; j'émouvrais;
émeus, qu'il émeuve, émouvons, émouvez, qu'ils
émeuvent; que j'émeuve, que nous émouvions, que
vous émouviez, qu'ils émeuvent ; que j'émusse;
émouvant; ému, v. a. || i° Mettre en mouvement.
Six chevaux attelés à ce fardeau pesant Ont peine
à l'émouvoir sur le pavé glissant, BOIL. Sat. vi.
|| 2° Agiter, troubler. Cette drogue émeut les hu-
meurs. Cela lui émut un peu le pouls. Ayant ému
les flots, apaisez la tempête, TRISTAN, Panthée,
m, 4. 11 ne faut rien pour vous émouvoir en l'état
où vous êtes, MOL. Mal. imag. n, 3. || Fig. Emou-
voir la bile, exciter la colère. Et je vais lui dicter
une lettre d'un style Qui de madame Argante émou-
vra bien la bile, SEGNARD, Légat, H, 6. || 3° Faire
naître, susciter. Souffrez qu'on vous appelle Pour
être entre nous deux juge d'une querelle, D'un
débat qu'ont ému nos divers sentiments Sur ce qui
peut marquer les plus parfaits amants, MOL. Fdch.
il, 4. Si je ne vous vois arriver, je croirai que cela
vient de la guerre que cette préférence aura émue
entre eux, SÉV. 92. On émeut des troubles contre
eux, BOSS. Àvert. 6. S'était-on avisé d'émouvoir une
question si frivole?lD.For. 4 B. Ces jours passés, chez
un vieil histrion, Un chroniqueur émut la question,
Quand dans Paris commença la méthode De ces
sifflets qui sont tant à la mode, RAC. l'Origine des sif-
flets (Épigr. contre Fontenelle). On a ému la ques-
tion si.;., VOLT. Dict- philos, iv, 487. || 4° Pousser au
soulèvement, à la sédition. M. de Beaufort ne sa-
vait pas que qui assemble le peuple l'émeut tou-
jours, BETZ, IV, 469. [Ils] courent parmi la ville
Émouvoir le soldat et le peuple imbécile, CORN.
Sert, v, 3. Il lui faut me bannir, de crainte que mes
cris Du peuple et de la cour n'émeuvent les esprits,
ID. Perthar. v, 3. Antoine émut le peuple contre
ceux qui l'avaient tué [César], BOSS. Hist. m, 7.
La guerre émut l'Asie et l'Egypte alarmée; Et la
terreur s'accrut comme ta renommée, LEMERC.
Louis IX, m, 3. || Exciter des troubles, des sédi-
tions. Si tu n'étais qu'un lâche, on aurait quelque
espoir Qu'enfin tu pourrais vivre et ne rien émou-
voir, CORN. Perthar. v, 6. || 5° Fig. Produire sur
l'âme un mouvement comparé au mouvement phy-
sique. Mais mon déplaisir ne vous peut émouvoir,
CORN. Poly. i, 2. Il émut le sénat pour des rois ou-
tragés, m. Pomp. m, 2. Je ne saurais voir d'hon-
nêtes pères chagrinés par leurs enfants que cela
ne m'émeuve, MOL. Fourber. n, 8 Le coeur
qu'un vrai mérite émeut, TH. CORN. Ariane, iv, 2.
Ces yeux que n'ont émus ni soupirs, ni terreur,
BAC. Brit. v, i. Quand mes larmes en vain tâchaient
de l'émouvoir, in. Bajas. m, 3. Mais, si mes voeux
ardents vous peuvent émouvoir, m. Phèd. m, 5.
|l Émouvoir à, porter à un sentiment. On prend
plaisir à se sentir émouvoir à toutes sortes de
passions, DESG. Pass. 04. Pour vous émouvoir a
EMO
compassion, PERROT, Tac. 93. Si rien à la pitié
ne peut vous émouvoir, CRÉBILLON, dans DESFON-
TÀINES. || Absolument. On n'émeut point sans être
ému; et le langage de l'enthousiasme a cela de
commun avec toutes les passions, qu'il est ridicule
lorsqu'il n'est qu'imité, TURGOT, Ebauche du 2°
dise. Progrès del'esprit humain, p. 306. || Il se dit
aussi des sentiments qu'on met en mouvement.
-Mon père tout caduc émouvant ma pitié, CORN, tié-
die,!, 4. Mon crime redoublé n'émeut point ta co-
lère, m. Hor. iv, 7. Je pourrai de mon père émou-
voir la tendresse, RAC. Phèd. m, 6. Je ne.cherche
qu'à émouvoir sa sensibilité, et je ne veux point
exciter sa crainte, u°" BE GENLIS, Adèle et Thiod.
t. i, lett. 25, dans POUGENS. || 6° S'émouvoir, v. réfl.
Eprouver une émotion. A ces souvenirs de son en-,
fance il s'émut. L'un s'émeut de pitié, l'autre est
saisi d'horreur, CORN. Hor. m, 2. L'orateur re-
courut X ces figures violentes Qui savent exciter
les âmes les plus lentes; Il fit parler les morts,
tonna, dit ce qu'il put; Le vent emporta tout, per-
sonne ne s'émut, LA FONT. Fabl. vni, 4. Tantôt à
son aspect je l'ai vu s'émouvoir, RAC. Athal. v, 2.
Votre coeur malgré vous s'émeut et s'adoucit, VOLT.
Alg. i, l. || Par extension. La terre s'en émeut, l'air
en est infecté, RAC. Phèd. y, 6. || 7° S'emporter,
s'irriter. Le jeune homme s'émeut voyant peint
un lion : Ahl monstre! cria-t-il, c'est toi qui me
fais vivre Dans l'ombre et dans les fers, LA FONT.
Fabl. vin, 4 8. Rebuté, il s'émeut contre eux, BOSS.
Hist. n, 4. Sans doute à cet aspect sa rage s'est
émue, RAC. Andr. v, 6. || 8° S'inquiéter. "Cléo-
patre s'enferme en son appartement, Et, sans s'en
émouvoir, attend son compliment, CORN. M. de
Pomp. vi, ■I.Viriate, il est vrai, pourra s'en émou-
voir, m. Sertor. i, 2. Le lendemain, il apprit qu'on
disputait à Delzons la possession de Malo-Iarosla-
vetz; il ne s'en émut guère, soit confiance, soit
incertitude dans ses projets, SÊGUR, Hist. de Nap.
ix, 2. || 9° S'agiter, s'insurger. X ce spectacle, le
peuple s'émut : les statues de l'empereur furent ren-
versées en divers endroits, BOSS. Hist. i, 41. Tout
l'empire s'émeut contre l'Église naissante, ID. ib.
n, 7. On vit les Gaules, les Espagnes, tous les royau-
mes dont l'empire était composé, s'émouvoir tout
à coup, ID. ib. n, 9. || 10" S'élever, être suscité.
Entre deux bourgeois d'une ville, S'émut jadis un
différend, LA FONT. Fabl. vm , 4 9. || Imperson-
nellement. Son voisin devint amoureux de sa femme
et l'enleva ; iT s'émut une grande querelle , MON-
TESQ. Lett. pers. 44. || 11° On dit que la graine des
vers à soie s'émeut quand elle commence à blanchir.
|| Proverbe. Il ne faut pas émouvoir les frelons, c'est-
à-dire il ne faut point aller irriter des gens irritables.
— HIST. xi 8 s. Li amirals qui trestouz les esmut
[mit en mouvement], Ch. de Roi. CXCVII. || xii° s.
[Cil] Qui plus ont esmeû la tanson [querelle] et
l'envie, Sax. xx. Cume ço vit la mère que l'um
l'enfant dut detrenchier, tut le quer [coeur] li fud
esmeûd, flots, p. 237. ||xmes. La comtesse Marie....
si acoucha d'une fille, et après, quant ele fu rele-
vée , si s'esmut [se mit en marche] et ala outre-mer
après son seigneur, VILLEH. CXXX. Et par ce que
cis pardons fu si grans, s'esmurent moult li cuer
des gens, si que maint s'en croisierent par le
monde, ID. I. Quant la roine vit que li rois s'esmo-
voit, si l'en pesa, Chr. de Rains, 4 92. Raison ne
s'esmovra jamais À chose qui contre vous aille,
la Rose, 40388. Ne m'esmovez pas à ire, Psautier,
f" 4(5. X l'esmouvoir l'ost le roy, r'ot [il y eut de
nouveau] grant noise [bruit] de tron? .-"s et de cors
sarrazinois, JOINVILLE, 227. Garde toy ^ esmouvoir
guerre, sanz grant conseil, contre home crestien,
ID. 30). || xive s. Et la ville s'esmuit; cascuns keurt
[court] tangrement, Pour assalir le [la] tour, que
Bauduin deffent, Beaud. de Seb. vu; 783. Frère, dit
Gloriant, par Dieu vous dites voir; Pensons de nous
haster et de nous esmouvoir; Car, s'il se ravisoit,
trop nous porroit doloir, ib. ix, 800. || xve s. Et
voyoient tout le pays tourner avec la roine et son
ains-né fils , et dresser et émouvoir contre eux,
FROISS. I, i, 20. L'un ravist tout, l'autre pert son
demaine; Peuples s'esmuet, l'église est suhournée;
Noblece fault, tant est mal ordonnée, EDST. DESCH.
Souffr. du peuple. Guerre s'esmeut entre eulx pour
leur auctorité, qui a duré par longues années,
COMM. I, 7. [Louis XI avait recommandé que quand
on le verrait en danger de mort] on ne luy dist
fors tant seullement : parlez peu, et que on l'es-
meut seullement à soy confesser sans luy prononcer
ce cruel mot de mort, m. vi, 42. Elle alloit et venoit,
maintenant ci, maintenant là, tant émue qu'il sem-
bloit qu'elle fust ravie de son sens, LOUIS XI, Nouv.
EMP
c. H xvi' s. Charger la parole de Dieu des séditions
qu'esmeuvent à l'encontre d'icelle les fols et escer-
velez — On accusoit les apostres comme s'ils eus-
sent esmeu le populaire à tumulte — Ce ne sommes
pas nous qui esmouvons les troubles, CALV. lnstit.
dédie. Il estoit esmeu comme la fueille de l'arbre,
m. ib. 434. Esmouvoir à commisération et à pitié
— Un trouble s'estant esmeu pendant ce parlement
MONT, I, 25. Préparé d'une belle oraison pour l'es-
mouvoir à la guerre contre.... ID. i, 489. Socrates
va tousjours demandant et esmouvant la dispute,
jamais l'arrestant, ID. H, * 239. Et s'estant esmeu
d'adventure quelque débat et différent entre les
pasteurs, AMYOT, Bom."7. Amulius, esmeu de ces
raisons, luy livra entre ses mains Remus pour
en faire punition, ID. ib. 8. Il ne s'esmeut point
autrement de cette nouvelle, m. Public. 27. H se
levoit un grand vent du costé de la mer, qui
emouvoit de grosses vagues dedans le canal, ID.
Thém. 28. Les fondements des plus hautes mon-
tagnes Tous esbranlés s'esmurent grandement, MA-
ROT, IV, 253.
— ÉTYM. Berry, émouver; provenç. esmover, es-
movre; du latin emovere, de e, et mouere, mouvoir
(voy. MOUVOIR).
EMPAILLAGE (an-pa-lla-j', Il mouillées, et non
an-pa-ya-j'), s. m. L'art ou l'action d'empailler des
chaises, une paillasse, des animaux. || Terme de
marine. Sorte d'exhaussement ou d'abri, dans cer-
tains bateaux. f
:— ÉTYM. Empailler.
EMPAILLÉ, ÉE(an-pa-llée, liée, Il mouillées, et
nonan-pa-yé, yée), part, passé. ||i° Rembourré de
paille. Un oiseau empaillé. On voyait des têtes pro-
prement empaillées qu'on allait porter à la Sublime-
Porte, VOLT. Cand. 30. || 2° Défendu par de la paille.
Un figuier empaillé pour l'hiver.
f EMPAILLEMENT (an-pa-lle-man, Il mouillées,
et non an-pa-ye-man), s. m. || i° Action d'empailler
les chaises. || 2° Action d'empailler les animaux
morts. || 3° Action d'entourer de paille une plante
pour la garantir du froid. || 4" Ternie rural. Ensem-
ble des pailles qui proviennent des récoltes de cé-
réales. || Action de mettre dans du fumier de la
paille, des feuilles, des herbes.
— ÉTYM. Empailler.
EMPAILLER (an-pa-llé, Il mouillées, et non an-
pa-yé), ». a. || 1° Garnir de paille. Empailler des
chaises. Empailler des ballots. || 2° Empailler des
animaux, garnir leur peau de manière à conserver
les formes qu'ils avaient dans l'état de vie. || 3° Terme
de jardinage. Entourer de paille des arbres pour les
protéger contre les rayons solaires, contre.le froid,
les atteintes des animaux ou des instruments. || En-
velopper des légumes pour les étioler et les faire blan-
chir. || Empailler des cloches de verre, mettre de
la paille entre des cloches pour les transporter sans
courir le risque de les casser.
— ÉTYM. En t, et paille.
EMPAILLEUR, EUSE (an-pa-lleur, lleû-z', Il
mouillées, et non an-pa-yeur,' yeû-z'), *. m. et f.
Celui, celle qui empaille des chaises, des oi-
seaux, etc.
— ÉTYM; Empailler.
f EMPALANGE (an-pa-lan-j'), s. m. Buffle d'A-
frique.
EMPALÉ, ÉE (an-pa-lée, lée), part, passé. L'as-
sassin de Kléber empalé suivant la justice turque.
4. EMPALEMENT (an-pa-le-man), s. m. Action
d'empaler ; supplice du pal.
— ÉTYM. Empaler.
f 2. EMPALEMENT (an-pa-le-man), s. m. Petite
vanne de moulin. || Se dit aussi des vannages d'une
usine.
— ÉTYM. En i, et pale.
EMPALER (an-pa-lé), v. a. Faire subir le sup-
plice du pal. De la sorte que vous en parlez, je crois
aussi que vous auriez été bien aise que j'eusse été
empalé une demi-heure pour savoir comment cela se
fait, et comment l'on s'en trouve, von. Lett. 50. Il
y à quelques années 'que l'on condanjna, dans la
Tartarie, deux jeunes gens à être empales, pour
avoir regardé, leur bonnet sur la tête, passer une
procession de lamas, VOLT. VH. aux. 40 écus,
proportions. Il fit empaler un boulanger qu'il avait
surpris en fraude, MONTESQ. Esp. xxvi, 24. ||Paf
extension. J'aurais donc pour ressource des escar-
gots, des vers, des mouches, et je passerais ma
vie à me mettre hors d'haleine pour courir après
des papillons, à empaler de-pauvres insectes....
j. J. ROUSS. Promen. 7. || S'empaler, v. réfl. Se dit
quelquefois d'un accident où un homme, tombant de
haut sur quelque objet pointu, se.fait une blessure
ÉMO
t ÉMOUSSOIR (é-mou-soir), s. m. Terme rural.
Instrument pour émousser les arbres. _
— ÉTYM. Émousser 2.
ÉMOUSTILLE, ÉE (é-mou-sti-llé, liée, II mouil-
lées, et non é-mou-sti-yé, yée), part, passé. Ëmous-
tillé par un petit coup de Champagne.
ÉMOUSTILLER (é-mou-sti-llé, II mouillées, et
non é-mou-sti-yé), v. a. Exciter à la gaieté, à la
bonne humeur. Cela vous émoustille. Sa mère ne la
quittait pas d'un pas; en lui faisant apprendre à
chanter, en lui donnant un jeune maître, elle fai-
sait de son mieux pour l'émoustiller, mais cela ne
réussit pas, J. i. ROUSS. Confess. v. || Absolument. Le
Champagne émoustille. || S'émoustiller, v. réfl. Sortir
de sa torpeur.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et moustille, qui
se dit du pétillement du vin (voy. MOUSTILLE). Le-
roux, Dict. comique, dit qu'il signifie écarter les
mouches; de sorte qu'il le regarderait comme une
corruption de esmouchiller ; mais rien n'appuie ni
ce sens ni cette étymologie. Emoustiller n'est ni
dans les anciennes éditions de l'Académie, ni dans
Furetière, ni dans Richelet.
f ÉMOUVANT, ANTE (é-mou-van, van-f), adj.
Qui émeut, qui cause de l'émotion. Scène émouvante.
f ÉMOUVEMENT (é-mou-ve-man), s. m. Action
d'émouvoir; résultat de cette action.
— mST. xive s. Hz sont meuz de passion, de cha-
leur et esmouvemènt de folle hardiesse, ORESME,
Eth. 82. Comme un esmouvemènt fait la boe puir
horriblement, m. ib. 25. || XVe s. Et tout par l'emou-
vement et enortement faux de ce Hue le despen-
sier, FROISS. i, i, 7.
— ÉTYM. Émouvoir; provenç. esmovemen.
ÉMOUVOIR (é-mou-voir), j'émeus, tu émeus, il
émeut, nous émouvons, vous émouvez, ils émeu-
vent; j'émouvais; j'émus; j'émouvrai; j'émouvrais;
émeus, qu'il émeuve, émouvons, émouvez, qu'ils
émeuvent; que j'émeuve, que nous émouvions, que
vous émouviez, qu'ils émeuvent ; que j'émusse;
émouvant; ému, v. a. || i° Mettre en mouvement.
Six chevaux attelés à ce fardeau pesant Ont peine
à l'émouvoir sur le pavé glissant, BOIL. Sat. vi.
|| 2° Agiter, troubler. Cette drogue émeut les hu-
meurs. Cela lui émut un peu le pouls. Ayant ému
les flots, apaisez la tempête, TRISTAN, Panthée,
m, 4. 11 ne faut rien pour vous émouvoir en l'état
où vous êtes, MOL. Mal. imag. n, 3. || Fig. Emou-
voir la bile, exciter la colère. Et je vais lui dicter
une lettre d'un style Qui de madame Argante émou-
vra bien la bile, SEGNARD, Légat, H, 6. || 3° Faire
naître, susciter. Souffrez qu'on vous appelle Pour
être entre nous deux juge d'une querelle, D'un
débat qu'ont ému nos divers sentiments Sur ce qui
peut marquer les plus parfaits amants, MOL. Fdch.
il, 4. Si je ne vous vois arriver, je croirai que cela
vient de la guerre que cette préférence aura émue
entre eux, SÉV. 92. On émeut des troubles contre
eux, BOSS. Àvert. 6. S'était-on avisé d'émouvoir une
question si frivole?lD.For. 4 B. Ces jours passés, chez
un vieil histrion, Un chroniqueur émut la question,
Quand dans Paris commença la méthode De ces
sifflets qui sont tant à la mode, RAC. l'Origine des sif-
flets (Épigr. contre Fontenelle). On a ému la ques-
tion si.;., VOLT. Dict- philos, iv, 487. || 4° Pousser au
soulèvement, à la sédition. M. de Beaufort ne sa-
vait pas que qui assemble le peuple l'émeut tou-
jours, BETZ, IV, 469. [Ils] courent parmi la ville
Émouvoir le soldat et le peuple imbécile, CORN.
Sert, v, 3. Il lui faut me bannir, de crainte que mes
cris Du peuple et de la cour n'émeuvent les esprits,
ID. Perthar. v, 3. Antoine émut le peuple contre
ceux qui l'avaient tué [César], BOSS. Hist. m, 7.
La guerre émut l'Asie et l'Egypte alarmée; Et la
terreur s'accrut comme ta renommée, LEMERC.
Louis IX, m, 3. || Exciter des troubles, des sédi-
tions. Si tu n'étais qu'un lâche, on aurait quelque
espoir Qu'enfin tu pourrais vivre et ne rien émou-
voir, CORN. Perthar. v, 6. || 5° Fig. Produire sur
l'âme un mouvement comparé au mouvement phy-
sique. Mais mon déplaisir ne vous peut émouvoir,
CORN. Poly. i, 2. Il émut le sénat pour des rois ou-
tragés, m. Pomp. m, 2. Je ne saurais voir d'hon-
nêtes pères chagrinés par leurs enfants que cela
ne m'émeuve, MOL. Fourber. n, 8 Le coeur
qu'un vrai mérite émeut, TH. CORN. Ariane, iv, 2.
Ces yeux que n'ont émus ni soupirs, ni terreur,
BAC. Brit. v, i. Quand mes larmes en vain tâchaient
de l'émouvoir, in. Bajas. m, 3. Mais, si mes voeux
ardents vous peuvent émouvoir, m. Phèd. m, 5.
|l Émouvoir à, porter à un sentiment. On prend
plaisir à se sentir émouvoir à toutes sortes de
passions, DESG. Pass. 04. Pour vous émouvoir a
EMO
compassion, PERROT, Tac. 93. Si rien à la pitié
ne peut vous émouvoir, CRÉBILLON, dans DESFON-
TÀINES. || Absolument. On n'émeut point sans être
ému; et le langage de l'enthousiasme a cela de
commun avec toutes les passions, qu'il est ridicule
lorsqu'il n'est qu'imité, TURGOT, Ebauche du 2°
dise. Progrès del'esprit humain, p. 306. || Il se dit
aussi des sentiments qu'on met en mouvement.
-Mon père tout caduc émouvant ma pitié, CORN, tié-
die,!, 4. Mon crime redoublé n'émeut point ta co-
lère, m. Hor. iv, 7. Je pourrai de mon père émou-
voir la tendresse, RAC. Phèd. m, 6. Je ne.cherche
qu'à émouvoir sa sensibilité, et je ne veux point
exciter sa crainte, u°" BE GENLIS, Adèle et Thiod.
t. i, lett. 25, dans POUGENS. || 6° S'émouvoir, v. réfl.
Eprouver une émotion. A ces souvenirs de son en-,
fance il s'émut. L'un s'émeut de pitié, l'autre est
saisi d'horreur, CORN. Hor. m, 2. L'orateur re-
courut X ces figures violentes Qui savent exciter
les âmes les plus lentes; Il fit parler les morts,
tonna, dit ce qu'il put; Le vent emporta tout, per-
sonne ne s'émut, LA FONT. Fabl. vni, 4. Tantôt à
son aspect je l'ai vu s'émouvoir, RAC. Athal. v, 2.
Votre coeur malgré vous s'émeut et s'adoucit, VOLT.
Alg. i, l. || Par extension. La terre s'en émeut, l'air
en est infecté, RAC. Phèd. y, 6. || 7° S'emporter,
s'irriter. Le jeune homme s'émeut voyant peint
un lion : Ahl monstre! cria-t-il, c'est toi qui me
fais vivre Dans l'ombre et dans les fers, LA FONT.
Fabl. vin, 4 8. Rebuté, il s'émeut contre eux, BOSS.
Hist. n, 4. Sans doute à cet aspect sa rage s'est
émue, RAC. Andr. v, 6. || 8° S'inquiéter. "Cléo-
patre s'enferme en son appartement, Et, sans s'en
émouvoir, attend son compliment, CORN. M. de
Pomp. vi, ■I.Viriate, il est vrai, pourra s'en émou-
voir, m. Sertor. i, 2. Le lendemain, il apprit qu'on
disputait à Delzons la possession de Malo-Iarosla-
vetz; il ne s'en émut guère, soit confiance, soit
incertitude dans ses projets, SÊGUR, Hist. de Nap.
ix, 2. || 9° S'agiter, s'insurger. X ce spectacle, le
peuple s'émut : les statues de l'empereur furent ren-
versées en divers endroits, BOSS. Hist. i, 41. Tout
l'empire s'émeut contre l'Église naissante, ID. ib.
n, 7. On vit les Gaules, les Espagnes, tous les royau-
mes dont l'empire était composé, s'émouvoir tout
à coup, ID. ib. n, 9. || 10" S'élever, être suscité.
Entre deux bourgeois d'une ville, S'émut jadis un
différend, LA FONT. Fabl. vm , 4 9. || Imperson-
nellement. Son voisin devint amoureux de sa femme
et l'enleva ; iT s'émut une grande querelle , MON-
TESQ. Lett. pers. 44. || 11° On dit que la graine des
vers à soie s'émeut quand elle commence à blanchir.
|| Proverbe. Il ne faut pas émouvoir les frelons, c'est-
à-dire il ne faut point aller irriter des gens irritables.
— HIST. xi 8 s. Li amirals qui trestouz les esmut
[mit en mouvement], Ch. de Roi. CXCVII. || xii° s.
[Cil] Qui plus ont esmeû la tanson [querelle] et
l'envie, Sax. xx. Cume ço vit la mère que l'um
l'enfant dut detrenchier, tut le quer [coeur] li fud
esmeûd, flots, p. 237. ||xmes. La comtesse Marie....
si acoucha d'une fille, et après, quant ele fu rele-
vée , si s'esmut [se mit en marche] et ala outre-mer
après son seigneur, VILLEH. CXXX. Et par ce que
cis pardons fu si grans, s'esmurent moult li cuer
des gens, si que maint s'en croisierent par le
monde, ID. I. Quant la roine vit que li rois s'esmo-
voit, si l'en pesa, Chr. de Rains, 4 92. Raison ne
s'esmovra jamais À chose qui contre vous aille,
la Rose, 40388. Ne m'esmovez pas à ire, Psautier,
f" 4(5. X l'esmouvoir l'ost le roy, r'ot [il y eut de
nouveau] grant noise [bruit] de tron? .-"s et de cors
sarrazinois, JOINVILLE, 227. Garde toy ^ esmouvoir
guerre, sanz grant conseil, contre home crestien,
ID. 30). || xive s. Et la ville s'esmuit; cascuns keurt
[court] tangrement, Pour assalir le [la] tour, que
Bauduin deffent, Beaud. de Seb. vu; 783. Frère, dit
Gloriant, par Dieu vous dites voir; Pensons de nous
haster et de nous esmouvoir; Car, s'il se ravisoit,
trop nous porroit doloir, ib. ix, 800. || xve s. Et
voyoient tout le pays tourner avec la roine et son
ains-né fils , et dresser et émouvoir contre eux,
FROISS. I, i, 20. L'un ravist tout, l'autre pert son
demaine; Peuples s'esmuet, l'église est suhournée;
Noblece fault, tant est mal ordonnée, EDST. DESCH.
Souffr. du peuple. Guerre s'esmeut entre eulx pour
leur auctorité, qui a duré par longues années,
COMM. I, 7. [Louis XI avait recommandé que quand
on le verrait en danger de mort] on ne luy dist
fors tant seullement : parlez peu, et que on l'es-
meut seullement à soy confesser sans luy prononcer
ce cruel mot de mort, m. vi, 42. Elle alloit et venoit,
maintenant ci, maintenant là, tant émue qu'il sem-
bloit qu'elle fust ravie de son sens, LOUIS XI, Nouv.
EMP
c. H xvi' s. Charger la parole de Dieu des séditions
qu'esmeuvent à l'encontre d'icelle les fols et escer-
velez — On accusoit les apostres comme s'ils eus-
sent esmeu le populaire à tumulte — Ce ne sommes
pas nous qui esmouvons les troubles, CALV. lnstit.
dédie. Il estoit esmeu comme la fueille de l'arbre,
m. ib. 434. Esmouvoir à commisération et à pitié
— Un trouble s'estant esmeu pendant ce parlement
MONT, I, 25. Préparé d'une belle oraison pour l'es-
mouvoir à la guerre contre.... ID. i, 489. Socrates
va tousjours demandant et esmouvant la dispute,
jamais l'arrestant, ID. H, * 239. Et s'estant esmeu
d'adventure quelque débat et différent entre les
pasteurs, AMYOT, Bom."7. Amulius, esmeu de ces
raisons, luy livra entre ses mains Remus pour
en faire punition, ID. ib. 8. Il ne s'esmeut point
autrement de cette nouvelle, m. Public. 27. H se
levoit un grand vent du costé de la mer, qui
emouvoit de grosses vagues dedans le canal, ID.
Thém. 28. Les fondements des plus hautes mon-
tagnes Tous esbranlés s'esmurent grandement, MA-
ROT, IV, 253.
— ÉTYM. Berry, émouver; provenç. esmover, es-
movre; du latin emovere, de e, et mouere, mouvoir
(voy. MOUVOIR).
EMPAILLAGE (an-pa-lla-j', Il mouillées, et non
an-pa-ya-j'), s. m. L'art ou l'action d'empailler des
chaises, une paillasse, des animaux. || Terme de
marine. Sorte d'exhaussement ou d'abri, dans cer-
tains bateaux. f
:— ÉTYM. Empailler.
EMPAILLÉ, ÉE(an-pa-llée, liée, Il mouillées, et
nonan-pa-yé, yée), part, passé. ||i° Rembourré de
paille. Un oiseau empaillé. On voyait des têtes pro-
prement empaillées qu'on allait porter à la Sublime-
Porte, VOLT. Cand. 30. || 2° Défendu par de la paille.
Un figuier empaillé pour l'hiver.
f EMPAILLEMENT (an-pa-lle-man, Il mouillées,
et non an-pa-ye-man), s. m. || i° Action d'empailler
les chaises. || 2° Action d'empailler les animaux
morts. || 3° Action d'entourer de paille une plante
pour la garantir du froid. || 4" Ternie rural. Ensem-
ble des pailles qui proviennent des récoltes de cé-
réales. || Action de mettre dans du fumier de la
paille, des feuilles, des herbes.
— ÉTYM. Empailler.
EMPAILLER (an-pa-llé, Il mouillées, et non an-
pa-yé), ». a. || 1° Garnir de paille. Empailler des
chaises. Empailler des ballots. || 2° Empailler des
animaux, garnir leur peau de manière à conserver
les formes qu'ils avaient dans l'état de vie. || 3° Terme
de jardinage. Entourer de paille des arbres pour les
protéger contre les rayons solaires, contre.le froid,
les atteintes des animaux ou des instruments. || En-
velopper des légumes pour les étioler et les faire blan-
chir. || Empailler des cloches de verre, mettre de
la paille entre des cloches pour les transporter sans
courir le risque de les casser.
— ÉTYM. En t, et paille.
EMPAILLEUR, EUSE (an-pa-lleur, lleû-z', Il
mouillées, et non an-pa-yeur,' yeû-z'), *. m. et f.
Celui, celle qui empaille des chaises, des oi-
seaux, etc.
— ÉTYM; Empailler.
f EMPALANGE (an-pa-lan-j'), s. m. Buffle d'A-
frique.
EMPALÉ, ÉE (an-pa-lée, lée), part, passé. L'as-
sassin de Kléber empalé suivant la justice turque.
4. EMPALEMENT (an-pa-le-man), s. m. Action
d'empaler ; supplice du pal.
— ÉTYM. Empaler.
f 2. EMPALEMENT (an-pa-le-man), s. m. Petite
vanne de moulin. || Se dit aussi des vannages d'une
usine.
— ÉTYM. En i, et pale.
EMPALER (an-pa-lé), v. a. Faire subir le sup-
plice du pal. De la sorte que vous en parlez, je crois
aussi que vous auriez été bien aise que j'eusse été
empalé une demi-heure pour savoir comment cela se
fait, et comment l'on s'en trouve, von. Lett. 50. Il
y à quelques années 'que l'on condanjna, dans la
Tartarie, deux jeunes gens à être empales, pour
avoir regardé, leur bonnet sur la tête, passer une
procession de lamas, VOLT. VH. aux. 40 écus,
proportions. Il fit empaler un boulanger qu'il avait
surpris en fraude, MONTESQ. Esp. xxvi, 24. ||Paf
extension. J'aurais donc pour ressource des escar-
gots, des vers, des mouches, et je passerais ma
vie à me mettre hors d'haleine pour courir après
des papillons, à empaler de-pauvres insectes....
j. J. ROUSS. Promen. 7. || S'empaler, v. réfl. Se dit
quelquefois d'un accident où un homme, tombant de
haut sur quelque objet pointu, se.fait une blessure
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