ÉMO
qu'il n'eût été ni prudent, ni humain de punir trop
sévèrement, FONTEN. Argenson. Ils [maréchal de
Boufflers et duc .de Gramont] rencontrèrent le ma-
réchal d'Huxelles dans son carrosse, qu'ils arrêtè-
rent pour lui demander des nouvelles parce qu'il
venait du côté de l'émotion, ST-SIM. 244, 3. || 3" Mou-
vement moral qui trouble et agite, et qui se pro-
duit sous l'empire d'une idée, d'un spectacle, d'une
contradiction, et quelquefois spontanément sous
l'influence d'une perturbation nerveuse, comme
cela a lieu quelquefois dans l'hypocondrie. Une des
choses qui m'effrayait le plus, était que, lorsque
j'étais bien haut et que je regardais en bas, la cou-
verture [où on le bernait] me paraissait si petite
qu'il me semblait impossible que je retombasse de-
dans; et je vous avoue que cela me donnait quel-
que émotion, VOIT. Lelt. ix. Si ce grand silence A
ton émotion fait quelque violence, COHN. Cinna,
v, 4. Et quoique le dehors soit sans émotion, Le
dedans n'est que trouble et que sédition, ID. Poly.
H , 2. Une émotion universelle de la personne, PASC.
dans COUSIN. A quel propos donner cette émotion ?
SÉV. 442. Le peu d'émotion qu'il eut de sa contusion,
m. 492. Qui pourrait n'être pas ému à ce spec-
tacle [la mort de la reine] ? mais ces émotions d'un
jour, qu'opèrent-elles? BOSS. Uarie-Thèr. L'esprit
de charité et de douceur a ses émotions et ses co-
lères, PASO. Prov. xi. Se sentant de l'émotion
contre un esclave : je te frapperais , dit-il [ So-
crate] , si je n'étais en colère, ROLLIN, Hist. anc.
t. iv, p. 366, dans pouGENS.'Et cette émotion
dont son âme est remplie, A.*bientôt épuisé les
forces de sa vie, VOLT. Zaïre, m, 4. Dès qu'il fut
seul avec ses officiers les plus dévoués, toutes ses
émotions éclatèrent à la fois par des exclamations
d'étonnement, d'humiliation et décolère, SÉGÏÏR,
Hist. de Napol.ix, 4 2. |] En un sens particulier,
trouble heureux ou doux de l'âme. Les arts du des-
sin, la sculpture, la peinture ont beaucoup de rap-
ports avec la poésie dans les émotions qu'éprouve
l'artiste et dans celles qu'il veut communiquer,
TURGOT, Ébauche du 2e dise. Progrès de l'esprit
humain, p. 275. Il me trouvait plus belle, et ses
émotions Ouvrirent'un chemin à mes séductions,
IEMERC. Frëdég. et Bruneh. i, 2. C'est là le mérite
de Richardson: ainsi, parce don de l'émotion et
du pathétique, les images les plus fortes, les plus
hardies arriveront naturellement sous sa plume, VIL-
LEMAIN, Litt. franc, xvni" siècle, 2e part, 4re leçon.
— HIST. xvi" s. Lors de l'émotion de Catilina
[conspiration, soulèvement], MONT, I, 340.
— ÉTYM. Lat. émolument, de emotum, supin de
emovere, émouvoir (voy. ÉMOUVOIR).
, t ÉMOTHHINER (é-mo-sio-né), v. a. Néologisme.
Causer des émotions. || S'émotionner, v. réfl. Ne
vous émotionnez donc pas comme cela.
— SYN. ÉMOTIONNER, ÉMOUVOIR. D'abord émotion-
ner est du style familier; émouvoir est de tous les
styles. Puis émouvoir s'applique à ce qui est tou-
chant, triste, etc. Emotionner se dit des petites
perturbations de la vie habituelle.
— ÉTYM. Émotion. Ce verbe nouveau est d'un
assez mauvais style; cependant il est régulièrement
fait, comme affectionner d'affection.
t ÉMOTTAGE (é-mo-ta-j'), s. m. Action d'émotter.
— ËTYM. Émotter.
ÉMOTTÉ, ÉE (é-mo-lé, tée), part, passé. Terrain
éniotté. '
t ÉMOTTEMENT (è-mo-te-man), s. m. L'action
d'émotter; le résultat de cette action.
— HIST. xvi" s. Emoltement, MONET, Dict.
— ÉTYM. Émotter.
ÉMOTTER (é-mo-té), v. a. || 1° Briser, diviser
les mottes de terre qui sont restées entières après
les labour*, et les hersages. || 2" Casser ou écraser
les grosses agglomérations de sucre. || 3° S'émotter,
v. réfl. Etre brisé, en parlant de mottes. La terre
s'émotte ainsi plus facilement.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et motte.
t ÉMOTTEUR, EUSE (é-mo-teur, teû-z'), s. m.
et f. Terme d'agriculture. Celui, celle qui émotte.
|| S. m. Terme de raffinerie. Instrument pour con-
casser les sucres agglomérés.
— HIST. xvi" s. Emoteur, MONET, Dict.
— ÉTYM. Émotter.
t ÉMOTTOIR (é-mo-toir), s. m. Terme d'agricul-
ture. Sorte de batte pour casser les mottes de terre.
— HIST. XIV s. Tribula, esmotouer, vel herse.
nu CÀNGE, tribula.
— ÉTYM. Émotter.
+ ÊMOU (é-mou), s." m. Oiseau de la Nouvelle-
Hollande, dit aussi casoar de la Nouvelle-Hollande
taromaie noir).
ÉMO
ËMOUCHÉ, EE (é-mou-ché, chée), part.[passé.
Chevaux, boeufs émouchés. j
ÉMOUCHER (é-mou-ché), v. a. || i° Chasser les
mouches. || 2° Par extension, battre, comme si les
coups étaient donnés pour chasser les mouches. Il
se sentit émoucher les épaules, LA FONT. Paysan.
lime fit émoucherles épaules et bannir du royaume,
LESAGE, Guzm. d'Alf. iv, 9. || 3° Terme rural. Réu-
nir les grains de blé séparés de l'épi par l'action
du battage. || 4° Émoucher un fleuret, en ôter la
mouche ou le bouton. || 5" S'émouctier, v. réfl.
Ecarter de soi les mouches. Les chevaux s'émou-
chent avec leur queue.
— HIST. XIII» s. Ne li laira pas aprochier, Au
baston se setesmochier, Ren. 44924. ||xvie s.jL'asne
s'esmouchoyt, desmarchoyt, en faszon_..espoven-
table, comme s'il eust ung freslon, RAB. Pont, v, 40.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe j et mouclie;
picard, émouker.
4. ÉMOUCHET (é-mou-chè ; le t ne se lie pas;
au pluriel, l's se lie : les é-mou-chè-z et....; iémou-
chets rime avec traits, succès, jamais, etc.)!, s. m.
Oiseau de proie semblable à l'épervier. ||;Nom,
parmi les oiseliers de Paris et en Normandie, de la
crécerelle.
— HIST. XIII'S. Et ostoirsetesmerillonsEtmoult
grant plenté de mouskés Voler après les oiselés,
Flor. et Bl. v. 34 92.
— ÉTYM. Wallon, mohet, émouehet, mohè, éper-
vier; namur. mochè, mouché, épervier; rouchi,
mouquè ; bas-lat. muscetus, de musca, mouche,
avec e épenihétique ; ainsi dit à cause des mouche-
tures- de son plumage.
f 2. ÊMOTJCHET (é-mou-chè), s. m. Queue des
peaux que préparent les tanneurs. Après avoir ôté
des peaux les cornes, les oreilles et la queue que
lès tanneurs nomment l'émouchet, Dict. des arts et
met. Amst. 4 767, tanneur.
— ÉTYM. Émoucher.
f ÉMOUCHETAGE (é-mou-che-ta-j'), s. m. Action
d'émoucheter des rubans.
f ÉMOUCHETER (é-mou-che-té. Le t se double
quand la syllabe qui suit est muette: j'émouchette),
v. a. || l°Casser la pointe d'un instrument aigu. Fleu-
ret émoucheté. || 2° Donner le fini aux rubans.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et mouchelte,
petite mouche.
4.ÉM0UCHETTE (é-mou-ehè-f ), s. f. Sorte de
caparaçon fait en réseau garni de cordelettes pen-
dantes, qu'on met aux chevaux pour*les émoucher.
— ÉTYM. Émoucher.
t 2. ÉMOUCHETTE (é-mou-chè-f), s. f. Se dit
quelquefois pour émouchet t.
f ÉMOUCHEUR (é-mou-cheur), s. m. Celui qui
émouche. L'ours.... Faisant son principal métier
D'être bon émoucheur, écartait du visage De son
ami dormant ce parasite ailé Que nous avons mou-
che appelé, LA FONT. Fabl. vm, 40.
— HIST.xvi" s. Un bon esmoucheteur, RAB 1. Pant.
Il, 45.
— ÉTYM. Émoucher. Esmoucheteur vient de mou-
chelte, petite mouche.
ÉMOUCHOIR (é-mou-choir), s. m. Queue de che-
val attachée à un manche, dont les maréchaux se
servent pour émouGher les chevaux.
— HIST. xui" s. Biau sire, ce m'a fet Renart, Et
encore m'a il pis fet, Mon esmocheor m'a toloit
[pris], Dont m'a malement tempesté, Ren., 43520.
Il xiv 8 s. Un esmouchoirde drap d'or, à fleuride lis,
escartelè des armes de France et de Navarre,, à un
baston d'yvoire, DE LABORDE, Émaux, p. 300.
— ÉTYM. Émoucher.
ÉMOUDRE (é-mou-dr'), j'émous, tu émpus, il
émoud, nous émoulons, vous émoulez, ils émou-
lent; j'émoulais; j'émoulus; j'émoudrai; j'émou-
drais; émpus, qu'il ênioule, émoulons; que j'é-
moule, que nous émoulions; que j'émo^lusse;
émoolant; émoulu, v. a. Aiguiser sur la meule.
Émoudre des couteaux, des ciseaux.
— HIST. xnc svFranzois [ils] destreignent à leur
brans esmouluz, Ronc. p. 80. Diable Pesmoulurent
[le glaive], qui le firent forger, ib. p. 495.|| xine s.
Se ce n'est à besoing que aucun preudome eust
mestier que on li esmousist la pointe de son coutel
ou la pointe de s'espée, Liv. des met. 257. Ysengrin
[le loup] sueffre grant ha'schie, Les denz aj un poi
plus agues Que Renart et plus esmolues, Ren.
44976. || XVe s. Ils se préparèrent tous deux pour
aller jouster de fers esmoulus l'un contre l'autre,
MONSTR. i, 56. || xvie s Des serpes bien esmou-
lues, o. DE SERRES, 744. Socrate.... conservant pour
son exercice la malignité de sa femme, qui est un
essay à fer esmoulu, MONT, H. 4 48.
ÉMO
*349
— ÉTYM. Berry. émeudre; provenç. esmolre; du
latin emolere, de e, et molere, moudre (voy.
MOUDRE).
f ÉMOULAGE (é-mou-la-j'), s. m. Terme de cou-
tellerie. Opération qui donne sa forme définitive à
la pièce qui doit fournir le couteau.
— HIST. xvi" s. Esmoulage, OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Émoudre.
t ÉMOULERIE (é-mou-le-rie), s. f. Action dé
mettre une lime en contact avec une lame en mou-
vement jusqu'à ce que celle-ci soit entièrement
blanche.
— ÉTYM. Émoudre.
ÉMOULEUR (é-mou-leur), s. m. Ouvrier employé
à façonner surla meule le tranchant de' la lame, la
surface ou la pointe des différents instruments mé-
talliques.
— HIST. xvi s. Prenez fange trouvée au fond de
l'auge des couteliers ouesmouleurs, PARÉ,XVIII, 36.
— ÉTYM. Émoudre ; génev. armolan.
ÉMOULU, UE (é-mou-lu, lue), part, passé d'é-
moudre. Une lame émoulue. || Combattre à fer
émoulu, se disait des tournois où l'on se battait
avec des armes affilées, au lieu de n'employer, sui-
vant l'usage ordinaire, que des armes êmoussées et
rabattues. Ce pas d'armes n'était pas dangereux, on
n'y combattait pas à fer émoulu, VOLT. Hoeurs, 99.
|| Fig. Être frais émoulu du collège, ne faire que
d'en sortir. Monsieur est frais émoulu du collège,
et il vous donnera toujours votre reste, MOL. Haï:
im. si, 7.1| Etre frais émoulu d'une chose, l'avoir
étudiée tout récemment.
fÉMOUSSAGE (é-mou-sa-j'), s. m. Terme ru-
ral. Action de détruire les mousses nuisibles.
— ÉTYM. Émousser 2.
4. ÉMOUSSÉ, ÉE (é-mou-sé, sée), port, passé
d'émousser 4. || 1" Dont le tranchant, la pointe est
détruite. Couteau émoussé. Il brise sa cuirasse, et
le fer repoussé Sur le céleste acier se recourbe
émoussé, LUCE DE LANC. Hector, v, 6. || Terme de
botanique. Se dit d'organes qui sont dépourvus de
pointe. || Terme de blason. Se dit des instruments de
fer, sans pointe. ||Fig. La justice et la vérité sont
deux pointes si subtiles que nos instruments sont
trop émoussés pour y toucher exactement, PASC.
Puissances trompeuses,imag. || 2° Fig. Rendu moins
actif, moins pénétrant. Mes sensations êmoussées
arrondissaient tous les objets et ne me présentaient
que des images faibles et mal terminées, BUFF. Des
sens. Tes faux biens sans attrait pour mes sens
émoussés,-c. DELAV. Paria, ni, 4.
2. ÉMOUSSÉ, ÉE (é-mou-sé, sée), part, passé
d'é*mousser 2. Arbres émoussés.
4. ÉMOUSSER (é-mou-sé), t>. a. || i" Rendre
mousse, moins tranchant, moins aigu. Emousser
un rasoir, la pointe d'une épée. || Terme de guerre.
Emousser les angles d'un bataillon, en retrancher
les quatre coins, de sorte que, formant un octogone,
il puisse faire face de tous côtés. || 2" Fig. Affaiblir,
diminuer. L'habitude émoussé le plaisir. La mort
émoussera tous ces piquants propos, TRISTAN, Ma-
riane, m, 2. Son dessein pouvait être d'amollir peu
à peu leurs esprits en désarmant leurs mains, d'é-
mousser cette pointe de courage qui les piquait sans
cesse par une noble émulation.... ROLLIN, Hist. anc.
OEuvres, t. v, p. 544, dans POUGENS. Dût César me
punir d'avoir trop émoussé Le fer sacré des lois
entre nos mains laissé, VOLT. Guèbr. i, 4. Jean Rous-
seau, banni de Paris, Vit émousser dans ce pays
[Bruxelles] Le tranchant aigu de sa pince, ID. Ép.
53. || 3°S'émousser, v. réfl. Devenir moins aigu. L'a-
cier de Damas coupe le fer sans s'èmousser. Le fer....
s'émoussé s'il [Dieu] l'ordonne, ROTR. St Genest,
iv, 2. || Fig. Le courage s'émousse dans l'oisiveté.
Tous ses sens s'émoussent et perdent leur usage na-
turel, MASS. Av. Mort dupéch. Qui peut savoir com-
bien toute douleur s'émousse, Et combien sur la
terre un jour d'herbe qui pousse Efface'de tom-
beaux? v. HUGO, F. d'automne, 6.
— HIST. xive s. Si que sa vertu [d'une sub-
stance] est mussée, Et leans sa pointe esmoussée
Faulte de respiration, Traité d'alch. 206. ||xvr s.
Les aigles et les lions en marchant resserrent leurs
ongles au dedans, de peur qu'ilz n'en usent et
emoussent les pointes, AMÏOT, De la curiosité, 4 9.
Quand la science pourroit esmoucer et rabbattie
l'aigreur des infortunés, MONT, II, 24 4.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et mousse, adj.
2. ÉMOUSSER (é-mou-sé), v. a. ôter la mousse
d'un arbre. Les arbres sont tien taillés, bien émous-
sés, les espaliers bien tenus, LAQUIHTIHYE, Jardins,
— ÉTYM. S pour es,,,, préfixe, et mouise, s. f.
qu'il n'eût été ni prudent, ni humain de punir trop
sévèrement, FONTEN. Argenson. Ils [maréchal de
Boufflers et duc .de Gramont] rencontrèrent le ma-
réchal d'Huxelles dans son carrosse, qu'ils arrêtè-
rent pour lui demander des nouvelles parce qu'il
venait du côté de l'émotion, ST-SIM. 244, 3. || 3" Mou-
vement moral qui trouble et agite, et qui se pro-
duit sous l'empire d'une idée, d'un spectacle, d'une
contradiction, et quelquefois spontanément sous
l'influence d'une perturbation nerveuse, comme
cela a lieu quelquefois dans l'hypocondrie. Une des
choses qui m'effrayait le plus, était que, lorsque
j'étais bien haut et que je regardais en bas, la cou-
verture [où on le bernait] me paraissait si petite
qu'il me semblait impossible que je retombasse de-
dans; et je vous avoue que cela me donnait quel-
que émotion, VOIT. Lelt. ix. Si ce grand silence A
ton émotion fait quelque violence, COHN. Cinna,
v, 4. Et quoique le dehors soit sans émotion, Le
dedans n'est que trouble et que sédition, ID. Poly.
H , 2. Une émotion universelle de la personne, PASC.
dans COUSIN. A quel propos donner cette émotion ?
SÉV. 442. Le peu d'émotion qu'il eut de sa contusion,
m. 492. Qui pourrait n'être pas ému à ce spec-
tacle [la mort de la reine] ? mais ces émotions d'un
jour, qu'opèrent-elles? BOSS. Uarie-Thèr. L'esprit
de charité et de douceur a ses émotions et ses co-
lères, PASO. Prov. xi. Se sentant de l'émotion
contre un esclave : je te frapperais , dit-il [ So-
crate] , si je n'étais en colère, ROLLIN, Hist. anc.
t. iv, p. 366, dans pouGENS.'Et cette émotion
dont son âme est remplie, A.*bientôt épuisé les
forces de sa vie, VOLT. Zaïre, m, 4. Dès qu'il fut
seul avec ses officiers les plus dévoués, toutes ses
émotions éclatèrent à la fois par des exclamations
d'étonnement, d'humiliation et décolère, SÉGÏÏR,
Hist. de Napol.ix, 4 2. |] En un sens particulier,
trouble heureux ou doux de l'âme. Les arts du des-
sin, la sculpture, la peinture ont beaucoup de rap-
ports avec la poésie dans les émotions qu'éprouve
l'artiste et dans celles qu'il veut communiquer,
TURGOT, Ébauche du 2e dise. Progrès de l'esprit
humain, p. 275. Il me trouvait plus belle, et ses
émotions Ouvrirent'un chemin à mes séductions,
IEMERC. Frëdég. et Bruneh. i, 2. C'est là le mérite
de Richardson: ainsi, parce don de l'émotion et
du pathétique, les images les plus fortes, les plus
hardies arriveront naturellement sous sa plume, VIL-
LEMAIN, Litt. franc, xvni" siècle, 2e part, 4re leçon.
— HIST. xvi" s. Lors de l'émotion de Catilina
[conspiration, soulèvement], MONT, I, 340.
— ÉTYM. Lat. émolument, de emotum, supin de
emovere, émouvoir (voy. ÉMOUVOIR).
, t ÉMOTHHINER (é-mo-sio-né), v. a. Néologisme.
Causer des émotions. || S'émotionner, v. réfl. Ne
vous émotionnez donc pas comme cela.
— SYN. ÉMOTIONNER, ÉMOUVOIR. D'abord émotion-
ner est du style familier; émouvoir est de tous les
styles. Puis émouvoir s'applique à ce qui est tou-
chant, triste, etc. Emotionner se dit des petites
perturbations de la vie habituelle.
— ÉTYM. Émotion. Ce verbe nouveau est d'un
assez mauvais style; cependant il est régulièrement
fait, comme affectionner d'affection.
t ÉMOTTAGE (é-mo-ta-j'), s. m. Action d'émotter.
— ËTYM. Émotter.
ÉMOTTÉ, ÉE (é-mo-lé, tée), part, passé. Terrain
éniotté. '
t ÉMOTTEMENT (è-mo-te-man), s. m. L'action
d'émotter; le résultat de cette action.
— HIST. xvi" s. Emoltement, MONET, Dict.
— ÉTYM. Émotter.
ÉMOTTER (é-mo-té), v. a. || 1° Briser, diviser
les mottes de terre qui sont restées entières après
les labour*, et les hersages. || 2" Casser ou écraser
les grosses agglomérations de sucre. || 3° S'émotter,
v. réfl. Etre brisé, en parlant de mottes. La terre
s'émotte ainsi plus facilement.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et motte.
t ÉMOTTEUR, EUSE (é-mo-teur, teû-z'), s. m.
et f. Terme d'agriculture. Celui, celle qui émotte.
|| S. m. Terme de raffinerie. Instrument pour con-
casser les sucres agglomérés.
— HIST. xvi" s. Emoteur, MONET, Dict.
— ÉTYM. Émotter.
t ÉMOTTOIR (é-mo-toir), s. m. Terme d'agricul-
ture. Sorte de batte pour casser les mottes de terre.
— HIST. XIV s. Tribula, esmotouer, vel herse.
nu CÀNGE, tribula.
— ÉTYM. Émotter.
+ ÊMOU (é-mou), s." m. Oiseau de la Nouvelle-
Hollande, dit aussi casoar de la Nouvelle-Hollande
taromaie noir).
ÉMO
ËMOUCHÉ, EE (é-mou-ché, chée), part.[passé.
Chevaux, boeufs émouchés. j
ÉMOUCHER (é-mou-ché), v. a. || i° Chasser les
mouches. || 2° Par extension, battre, comme si les
coups étaient donnés pour chasser les mouches. Il
se sentit émoucher les épaules, LA FONT. Paysan.
lime fit émoucherles épaules et bannir du royaume,
LESAGE, Guzm. d'Alf. iv, 9. || 3° Terme rural. Réu-
nir les grains de blé séparés de l'épi par l'action
du battage. || 4° Émoucher un fleuret, en ôter la
mouche ou le bouton. || 5" S'émouctier, v. réfl.
Ecarter de soi les mouches. Les chevaux s'émou-
chent avec leur queue.
— HIST. XIII» s. Ne li laira pas aprochier, Au
baston se setesmochier, Ren. 44924. ||xvie s.jL'asne
s'esmouchoyt, desmarchoyt, en faszon_..espoven-
table, comme s'il eust ung freslon, RAB. Pont, v, 40.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe j et mouclie;
picard, émouker.
4. ÉMOUCHET (é-mou-chè ; le t ne se lie pas;
au pluriel, l's se lie : les é-mou-chè-z et....; iémou-
chets rime avec traits, succès, jamais, etc.)!, s. m.
Oiseau de proie semblable à l'épervier. ||;Nom,
parmi les oiseliers de Paris et en Normandie, de la
crécerelle.
— HIST. XIII'S. Et ostoirsetesmerillonsEtmoult
grant plenté de mouskés Voler après les oiselés,
Flor. et Bl. v. 34 92.
— ÉTYM. Wallon, mohet, émouehet, mohè, éper-
vier; namur. mochè, mouché, épervier; rouchi,
mouquè ; bas-lat. muscetus, de musca, mouche,
avec e épenihétique ; ainsi dit à cause des mouche-
tures- de son plumage.
f 2. ÊMOTJCHET (é-mou-chè), s. m. Queue des
peaux que préparent les tanneurs. Après avoir ôté
des peaux les cornes, les oreilles et la queue que
lès tanneurs nomment l'émouchet, Dict. des arts et
met. Amst. 4 767, tanneur.
— ÉTYM. Émoucher.
f ÉMOUCHETAGE (é-mou-che-ta-j'), s. m. Action
d'émoucheter des rubans.
f ÉMOUCHETER (é-mou-che-té. Le t se double
quand la syllabe qui suit est muette: j'émouchette),
v. a. || l°Casser la pointe d'un instrument aigu. Fleu-
ret émoucheté. || 2° Donner le fini aux rubans.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et mouchelte,
petite mouche.
4.ÉM0UCHETTE (é-mou-ehè-f ), s. f. Sorte de
caparaçon fait en réseau garni de cordelettes pen-
dantes, qu'on met aux chevaux pour*les émoucher.
— ÉTYM. Émoucher.
t 2. ÉMOUCHETTE (é-mou-chè-f), s. f. Se dit
quelquefois pour émouchet t.
f ÉMOUCHEUR (é-mou-cheur), s. m. Celui qui
émouche. L'ours.... Faisant son principal métier
D'être bon émoucheur, écartait du visage De son
ami dormant ce parasite ailé Que nous avons mou-
che appelé, LA FONT. Fabl. vm, 40.
— HIST.xvi" s. Un bon esmoucheteur, RAB 1. Pant.
Il, 45.
— ÉTYM. Émoucher. Esmoucheteur vient de mou-
chelte, petite mouche.
ÉMOUCHOIR (é-mou-choir), s. m. Queue de che-
val attachée à un manche, dont les maréchaux se
servent pour émouGher les chevaux.
— HIST. xui" s. Biau sire, ce m'a fet Renart, Et
encore m'a il pis fet, Mon esmocheor m'a toloit
[pris], Dont m'a malement tempesté, Ren., 43520.
Il xiv 8 s. Un esmouchoirde drap d'or, à fleuride lis,
escartelè des armes de France et de Navarre,, à un
baston d'yvoire, DE LABORDE, Émaux, p. 300.
— ÉTYM. Émoucher.
ÉMOUDRE (é-mou-dr'), j'émous, tu émpus, il
émoud, nous émoulons, vous émoulez, ils émou-
lent; j'émoulais; j'émoulus; j'émoudrai; j'émou-
drais; émpus, qu'il ênioule, émoulons; que j'é-
moule, que nous émoulions; que j'émo^lusse;
émoolant; émoulu, v. a. Aiguiser sur la meule.
Émoudre des couteaux, des ciseaux.
— HIST. xnc svFranzois [ils] destreignent à leur
brans esmouluz, Ronc. p. 80. Diable Pesmoulurent
[le glaive], qui le firent forger, ib. p. 495.|| xine s.
Se ce n'est à besoing que aucun preudome eust
mestier que on li esmousist la pointe de son coutel
ou la pointe de s'espée, Liv. des met. 257. Ysengrin
[le loup] sueffre grant ha'schie, Les denz aj un poi
plus agues Que Renart et plus esmolues, Ren.
44976. || XVe s. Ils se préparèrent tous deux pour
aller jouster de fers esmoulus l'un contre l'autre,
MONSTR. i, 56. || xvie s Des serpes bien esmou-
lues, o. DE SERRES, 744. Socrate.... conservant pour
son exercice la malignité de sa femme, qui est un
essay à fer esmoulu, MONT, H. 4 48.
ÉMO
*349
— ÉTYM. Berry. émeudre; provenç. esmolre; du
latin emolere, de e, et molere, moudre (voy.
MOUDRE).
f ÉMOULAGE (é-mou-la-j'), s. m. Terme de cou-
tellerie. Opération qui donne sa forme définitive à
la pièce qui doit fournir le couteau.
— HIST. xvi" s. Esmoulage, OUDIN, Dict.
— ÉTYM. Émoudre.
t ÉMOULERIE (é-mou-le-rie), s. f. Action dé
mettre une lime en contact avec une lame en mou-
vement jusqu'à ce que celle-ci soit entièrement
blanche.
— ÉTYM. Émoudre.
ÉMOULEUR (é-mou-leur), s. m. Ouvrier employé
à façonner surla meule le tranchant de' la lame, la
surface ou la pointe des différents instruments mé-
talliques.
— HIST. xvi s. Prenez fange trouvée au fond de
l'auge des couteliers ouesmouleurs, PARÉ,XVIII, 36.
— ÉTYM. Émoudre ; génev. armolan.
ÉMOULU, UE (é-mou-lu, lue), part, passé d'é-
moudre. Une lame émoulue. || Combattre à fer
émoulu, se disait des tournois où l'on se battait
avec des armes affilées, au lieu de n'employer, sui-
vant l'usage ordinaire, que des armes êmoussées et
rabattues. Ce pas d'armes n'était pas dangereux, on
n'y combattait pas à fer émoulu, VOLT. Hoeurs, 99.
|| Fig. Être frais émoulu du collège, ne faire que
d'en sortir. Monsieur est frais émoulu du collège,
et il vous donnera toujours votre reste, MOL. Haï:
im. si, 7.1| Etre frais émoulu d'une chose, l'avoir
étudiée tout récemment.
fÉMOUSSAGE (é-mou-sa-j'), s. m. Terme ru-
ral. Action de détruire les mousses nuisibles.
— ÉTYM. Émousser 2.
4. ÉMOUSSÉ, ÉE (é-mou-sé, sée), port, passé
d'émousser 4. || 1" Dont le tranchant, la pointe est
détruite. Couteau émoussé. Il brise sa cuirasse, et
le fer repoussé Sur le céleste acier se recourbe
émoussé, LUCE DE LANC. Hector, v, 6. || Terme de
botanique. Se dit d'organes qui sont dépourvus de
pointe. || Terme de blason. Se dit des instruments de
fer, sans pointe. ||Fig. La justice et la vérité sont
deux pointes si subtiles que nos instruments sont
trop émoussés pour y toucher exactement, PASC.
Puissances trompeuses,imag. || 2° Fig. Rendu moins
actif, moins pénétrant. Mes sensations êmoussées
arrondissaient tous les objets et ne me présentaient
que des images faibles et mal terminées, BUFF. Des
sens. Tes faux biens sans attrait pour mes sens
émoussés,-c. DELAV. Paria, ni, 4.
2. ÉMOUSSÉ, ÉE (é-mou-sé, sée), part, passé
d'é*mousser 2. Arbres émoussés.
4. ÉMOUSSER (é-mou-sé), t>. a. || i" Rendre
mousse, moins tranchant, moins aigu. Emousser
un rasoir, la pointe d'une épée. || Terme de guerre.
Emousser les angles d'un bataillon, en retrancher
les quatre coins, de sorte que, formant un octogone,
il puisse faire face de tous côtés. || 2" Fig. Affaiblir,
diminuer. L'habitude émoussé le plaisir. La mort
émoussera tous ces piquants propos, TRISTAN, Ma-
riane, m, 2. Son dessein pouvait être d'amollir peu
à peu leurs esprits en désarmant leurs mains, d'é-
mousser cette pointe de courage qui les piquait sans
cesse par une noble émulation.... ROLLIN, Hist. anc.
OEuvres, t. v, p. 544, dans POUGENS. Dût César me
punir d'avoir trop émoussé Le fer sacré des lois
entre nos mains laissé, VOLT. Guèbr. i, 4. Jean Rous-
seau, banni de Paris, Vit émousser dans ce pays
[Bruxelles] Le tranchant aigu de sa pince, ID. Ép.
53. || 3°S'émousser, v. réfl. Devenir moins aigu. L'a-
cier de Damas coupe le fer sans s'èmousser. Le fer....
s'émoussé s'il [Dieu] l'ordonne, ROTR. St Genest,
iv, 2. || Fig. Le courage s'émousse dans l'oisiveté.
Tous ses sens s'émoussent et perdent leur usage na-
turel, MASS. Av. Mort dupéch. Qui peut savoir com-
bien toute douleur s'émousse, Et combien sur la
terre un jour d'herbe qui pousse Efface'de tom-
beaux? v. HUGO, F. d'automne, 6.
— HIST. xive s. Si que sa vertu [d'une sub-
stance] est mussée, Et leans sa pointe esmoussée
Faulte de respiration, Traité d'alch. 206. ||xvr s.
Les aigles et les lions en marchant resserrent leurs
ongles au dedans, de peur qu'ilz n'en usent et
emoussent les pointes, AMÏOT, De la curiosité, 4 9.
Quand la science pourroit esmoucer et rabbattie
l'aigreur des infortunés, MONT, II, 24 4.
— ÉTYM. É pour es.... préfixe, et mousse, adj.
2. ÉMOUSSER (é-mou-sé), v. a. ôter la mousse
d'un arbre. Les arbres sont tien taillés, bien émous-
sés, les espaliers bien tenus, LAQUIHTIHYE, Jardins,
— ÉTYM. S pour es,,,, préfixe, et mouise, s. f.
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