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voir de quelle source partent les choses qu'on vous
dit, MOL. Sicil. 4 2. Un si bas, si honteux, si faux
Christianisme Ne vaut pas des Platons l'éclairé paga-
nisme, BOIL. Épit. XII. Il aurait cru manquer à la
partie la plus essentielle de son état [juge], si, comme
il sentait ses intentions droites, il ne les rendait
éclairées, FLÉCH. Lamoignon. || 3° Éclairci, mis en
évidence. Ainsi la fraude, s'il y en eût pu avoir, eût
été éclairée de trop près pour réussir, BOSS. Hist.
Il, 43. Le dédale des coeurs en ses détours n'enserre
Rien qui ne soit d'abord éclairé par les dieux, LA
FONT. Fabl. iv, 4 9. || Observé, espionné. Il était
éclairé de trop près pour pouvoir dérober longtemps
la connaissance de son intrigue. || Ce jardin est trop
éclairé, c'est-à-dire la vue dès voisins y pénètre trop.
— SYN. CLAIRVOYANT, ÉCLAIRÉ, INSTRUIT. Le clair-
voyant est celui qui y voit clair; l'éclairé, celui
qui a des clartés; l'instruit, celui qui a de l'instruc-
tion. Il y a cette différence entre clairvoyant et
éclairé, que le premier se dit des lumières natu-
relles, et le second des lumières acquises. On est
clairvoyant par un don de la nature; on devient
éclairé par l'étude et la réflexion. Ce qui distingue
l'homme éclairé de l'homme instruit, c'est que le
premier a des clartés des choses et que l'autre a sim-
plement connaissance des choses ; un homme in-
struit peut n'être pas éclairé; cette dernière qualité
impliquant que l'on sait faire une application con-
. venable des lumières acquises. Ajoutons que l'in-
struction peut se composer de notions qui ne sont
pas justes. Ainsi la théorie chimique avant Lavoi-
sier était un tissu d'erreurs; celui qui saurait par-
faitement toute cette théorie et les preuves qu'on
croyait en avoir, serait instruit sans doute, mais
fort peu éclairé.
! ÉCLAIREMENT (é-klê-re-man), s. m. L'action
d'éclairer. Dans l'hiver de 4 756 à 4 766, un grand
nombre de particuliers firent allumer la nuit des
lanternes devant leurs maisons pour éclairer la rue,
et ils continuèrent cet éclairement pendant tout
l'hiver, j. PICOT, Hist. de Genève, t. m, p. 303,
àans HUMBEP.T, Gloss.
— HIST. xni* s. Se demain atendés jusqu'à l'es-
)lairement [jusqu'au jour], Ch. d'Ant. vi, 457.
| xv" s Furent merveilleux tonnerres, corrusca-
lions et esclairemens, JOV. DES URSIHS, Hist. de
Charles Yl,p. 4 46, dans LACURNE.
— ÉTYM. Eclairer; provenç. esclairamen.
ÉCLAIRER (é-klè-ré), v.a. || 1» Répandre la clarté
sur. La lune éclaire nos nuits. Jupiter est éclairé par
quatre satellites ou lunes. L'incendie éclairait au
loin la campagne. Prends garde que jamais l'astre
qui nous éclaire.... EAC. Plidd. iv, 2. Et le jour
a partout éclairé mes combats, n>. Alex, iv, 2.
A peine un faible jour vous éclaire et me guide, ni.
Iph. i, 4. Et toi, soleil, et toi qui, dans cette con-
trée, Reconnais l'héritier et le vrai fils d'Atrée, Toi
qui n'osas du père éclairer le festin, Recule, ils
t'ont appris ce funeste chemin, m. Iph. v, 4. || On
dit poétiquement que le jour éclaira un événe-
ment pour indiquer le jour où cet événement s'est
passé. La journée Qui devait éclairer notre illustre
hyménée, RAC. Iph. iv, 4. Ce jour presque éclaira
vos propres funérailles, m. Bèrén. i, ». J'espère
que bientôt ces voûtes embrasées Du sénat et du
peuple éclairant le tombeau.... VOLT. Brut, u, 2. Les
jours qui suivent ces jours de destruction éclairent
des forfaits d'un autre genre, RAYNAL, Hist. phil.
vu, 7. || Poétiquement. Tant que le jour l'éclairé,
tant qu'il vit. Tandis que le soleil éclaire ce perfide....
RAC. Esth. u, 4. || Fig. Mlle de Flamarens disait
qu'il [M. de Forcalquier, homme de beaucoup d'es-
prit] éclairait une chambre en y entrant, LE PRÉSI-
nENT HÉRAULT, Mém. p. 483, in-8, 4 856. || Terme de
jeu. Éclairer le tapis, mettre devant soi la somme que
l'on veut jouer. || 2° Fig. Éclaircir, porter la lumière.
Nous saurons éclairer jusqu'au fond de son âme,
TRISTAN, If. de Chrispe, u, 2. Le Seigneur qui éclai-
rera les ténèbres les plus épaisses, FLÉCH. Serm.
I, 37. Voudriez-vous qu'on mît au grand jour toutes
les faiblesses secrètes, toutes les indignités que l'oeil
de Dieu a éclairées ? MASS. Car. Enf. prod. Les cieux
à nous nuire attachés, Ont éclairé la nuit où nous
étions cachés, VOLT. Orph. i, 3. si j'allais, éclairant
cet abîme odieux, Dans toute son horreur le mon-
trer à tes yeuxl DUCIS, Lear, I, 4. Il me serait
aisé d'éclairer le dessein Qu'a pu former la haine
enfermée en ton sein, LEMERG. Agam.iv, 5.Informe-
moi de tout; c'est à toi d'éclairer Les désordres se-
crets que je puis ignorer, m. ib. m, 3. L'art n'a
pas de détours qu'un oeil perçant n'éclaire, ID.
Charles JPÏ, I, 2. La reine dont les yeux pouvaient
éclairer I'omhre, Qui sur ce gran^ "icret étend son
ÉGL
voile sombre, BRIFF. Ninus, n, 2. || 3° Mettre en
évidence. La même parure qui a autrefois embelli
sa jeunesse éclaire les défauts de sa vieillesse, LA
BRUY. m. |) 4° Donner la lumière intellectuelle. Aucun
n'est éclairé de rayons si puissants, Aucune âme si
haut ne se trouve ravie.... CORN. Imit. H, 9. Quoi!
j'étouffe en mon coeur la raison qui m'éclaire! RAC.
Andr. v, 4. Lorsque ta raison par l'âge confirmée,
Pour éclairer ta foi te prêtait son flambeau, VOLT.
Zaïre, i, 4. Dès que l'âge éclaira votre faible raison,
DELAV. Têpr. sic. i, 3. || Donner des lumières, de
l'intelligence, détromper. Allons en [du peuple] éclai-
rer l'aveuglement fatal, CORN. Fol. H, 6. Le ciel en
unmoment quelquefois nous éclaire, ID. D. Sanche,
i, 6. Faites choix d'un censeur solide et salutaire,
Que la raison conduit et le savoir éclaire, BOIL.
Art p. iv. Qu'il entre ; ses avis m'éclaireront peut-
être, RAC. Esth. u, 4. Ciel! daigne m'éclairer, m.
ib. m, 4. Votre crime aujourd'hui m'éclaire sur le
mien, LAMOTTE, Inès, ni, 6. Trop tard sur les mal-
heurs de Nîmes, On éclairerait ta bonté, BÉRANG.
Math. Brun. || S" Terme de peinture. Disposer la lu-
mière dans un tableau. Ce peintre éclaire bien tous
ses tableaux. || 6° Surveiller, épier, observer. Us
éclairent ses pas, en quelque endroit qu'il aille, Ils
lisent les premiers les lettres qu'on lui baille, RACAN,
Berg. i, 4. Constance deviendra l'espion de Licine,
Et, l'éclairant de près, fera toujours savoir....
TRISTAN, M. de Chrispe, I, 3. On l'éclairera de
si près qu'il ne fera rien sans que nous le sachions,
SCARR. Rom. corn, u, -12. Au diable le fâcheux qui
toujours nous éclaire, MOL. l'Étourdi, i, 4. J'ai
voulu vous parler en secret d'une affaire, Et suis
bien aise ici qu'aucun ne nous éclaire, ID. Tart.
m, 3. Il m'importe de ne pas oublier que les hommes
m'éclairent, qui que je sois et quoi que je fasse, et
qu'ils sont en possession de méjuger, BOURD. Carême,
t. i, p. 249. Ceux même dont les yeux les devaient
éclairer, RAC Baj. i, 4. On m'épia, on m'éclaira de
si près, qu'on s'aperçut que j'avais avec Célie des
entretiens nocturnes, LESAGE , Gusm. d'A Ifar. ch. vin.
|| 7° Terme de guerre. Éclairer l'ennemi, en obser-
ver, surveiller les mouvements. || Éclairer sa mar-
che, faire reconnaître exactement le chemin, le
terrain qu'on va parcourir, pour savoir si l'ennemi
n'en occupe pas quelque point. Pendant que Ney
attaquait, Murât éclairait ses flancs avec sa cavale-
rie, SÉGUR, Hist. de Nap. vi, 7. ||8° V. n. Jeter une
lueur. Cette bougie éclaire mal. Le gaz éclaire bien.
Les vers luisants éclairent pendant la nuit. La lune
éclaire sans échauffer. Mon astre dans la nuit éclaire
en ce bocage, DESMARETS, Mirame, n, 4. || 9° Eclai-
rer à quelqu'un, faire qu'il y voie à l'aide d'une lu-
mière les matelots Jamais ne méprisent les
flots, Quelque phare qui leur éclaire, MALH. IV, 6.
|| Il se dit aussi d'une personne que l'on précède ou
auprès de qui on se tient pour qu'elle voie clair. Éclai-
rez à monsieur. || Absolument. Eclairez. Allez éclai-
rer. || Aujourd'hui on le fait actif abusivement en
ce sens. Éclairez monsieur. Éclairer une personne
qui descend un escalier. || 10° V. imp. Il éclaire,
il fait des éclairs. Il a éclairé toute la nuit. Il se
conjugue avec l'auxiliaire avoir. || Par extension. Il
appartient à Dieu d'éclairer et de tonner dans les
consciences, BOSS. Par. de Dieu, 4. Dieu a-t-il tonné
et éclairé sur une montagne ?ID. i, Pent. 2. ||11° S'é-
clairer, v. réfl. Recevoir de la lumière. La campagne
s'éclaira peu à peu des rayons de la lune qui mon-
tait sur l'horizon. || Fournir à son éclairage. Il faut
bien de l'argent à Paris pour se loger, se nourrir,
se chauffer, s'éclairer. || Fig. Acquérir des lumières,
des connaissances. Les esprits commencent à s'é-
clairer. Le pays s'éclaire. || Terme militaire. Éclai-
rer sa marche. Cet officier ne faisait pas un mouve-
ment sans s'éclairer. || Proverbe. La chandelle qui va
devant éclaire mieux que celle'qui va derrière, c'est-à-
dire il vaut mieux faire du bien de son vivant que
d'obliger par son testament ses héritiers à en faire.
— HIST. xi* s. Par main [matin] en l'aube, si corn
li jurz esclaire, Ch. de Roi. m. Tout li païs en re-
luist et esclaire, ib. CLXXXVI. ||xii* s. Au matinet,
quand il dut esclarer, Ronc. p. 8. En mer se met-
tent, quant i'aube est esclarée, ib. p. 4(8. Quant la
saison du douz tems s'asseûre, Que biaus estez se
rasraine (rassérène] et esclaire, Lors [je] chanterai....
Coud, p. 4 25. De duel [dueil] morrai et d'ire se mon
cuer [je] n'en esclaire [éclaircis, décharge], Sax.
xxxi. || xnie s. Princes avers [avare] ne se doit avan-
cier; Car bien doner toute valeur esclaire, Poésies
mss. du Vatican, dans LACBRNE. Bien doit poine
[peine] plaire, Qui cuer obscur enlumine et esclaire,
GACES BRÛLÉS, Poés. mss. dans LACURNE. Autre devise
[je] n'en voel faire [de Blonde], Fors tant que. sa
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biautés esclaire Trestous les lieux où eîe vient,
Bl. et Jeh. 4709. Quant li quens [le comte] l'ol ensi
parler, si li esclaira li cuers et dist à la confesse,
Chr. de Rains, 214. Atant ont laissié le plaidiel
Jusqu'au demain à l'esclairier, Ben. 47684. Il est
bon que nous esclairons quele contrariétés tau
[toit, supprime] le premier [testament], quant il n'es
pas rapelés especialement, BEADM. xn, 42. || m" s.
[Phebus] Pleure, et pleurant tant se despite et
deult, Que plus au monde esclairer il ne veult,
MAROT, rv, 76. Hero tandis, qui des créneaux es-
claire, De son manteau couvroit la lampe claire, ID.
IV, 4 4 6. Quand il tonne ou esclaire, MONT, I, 23.
Ses ouvrages, présentez d'un lustre qui nous es-
claire à la vertu, ID. i, 4 04. Si j'estoffois l'un de
mes discours de ces riphes despouilles, il esclaireroit
par trop !a bestise des aultres, m. i, 466. Le dragon
fourbit et esclaire ses yeulx avec du fenoil, ID. n,
4 74. Il tonnoit, il esclairoit en harenguant, et il
portoit sur sa langue une fouldre terrible, AMYOT,
Péricl. 43. Séjour en tout temps également esclaire
d'une lumière pure et nette, m. ib. 74. Elle les
contraignit d'entrer et approcher du lict, tenant
elle mesme la lampe pour leur esclairer, m. Pêlop.
66. Ilz avoient craint que Caton ne fust eleu prêteur,
de peur qu'il ne les esclairast de trop près, ou qu'il
n'empeschast leurs desseings, ID. Cat. d'Utiq. 65. Et
parce que le roy de Navarre, alors prisonnier, estoit
escls ré de trop près, il fut arresté qu'Aubigné se
tien.ln'àt auprès de Fervacques, D'AUB. Vie, xxvm.
Un cmï»in Gaspar Baronius, que Dieu avoit esclaire
des luut ares de l'évangile, ID. ib. cxxix. Il le sup-
plia de L'e. i esclarer [informer, instruire], CARLOIX,
VI, 4 8. ie leur esclaire au rais de mon flambeau,
R0NS. 866.
— ÉTYM. f^pour'es.... préfixe, et clair; provenç.
esclairar; itai schiarare.
t ÉCLAIRE,'» TE (é-klè-rè-f), s. f. Un des noms
vulgaires de la ccaire (voy. ÉCLAIRE).
ÉCLAIREUR vs klè-reur), s. m. Terme de guerre.
Soldat qui va à V découverte. Enfin une dernière
hauteur reste à dvasser; elle touche à Moscou,
qu'elle domine ; c'es\ eMontdu Salut; nos éclaireurs
l'eurent bientôt cou ^Une, SÉGUR, Hist. de Nap.
vin, 4. [| Terme de ma (.le. Bâtiment de guerre qui,
détaché d'une escadre, va à la découverte.
— HIST. xvi* s. Esclaiiteur, OUDIN.
— ÉTYM. Éclairer.
■j-ÉCLAME, ÉE (é-kla-mé, mée), adj. Terme
d'oiselier. Oiseau qui a la patte ou l'aile cassée.
Serin éclamè.
— HIST. xm*s. Celé citez, ce dist li vers, Est
fermée de quatre portes, Qui ne sont esclames ne
tortes, Fabl. mss. n°7248, f° 344, dans LACURNE.
Ne sa mère la dame Blanche, Qui ne fu chiche ne
esclanche, Hist. de France à la suite du roman de
Fauvel, ms. n" 684 2, f° 86, dans LACURNE. || xv* s.
Le bras esclenc [gauche], Êvang. des quen. p. 4 47.
|| xvi* s. Estans longs et esclames, telle espèce de
cerfs sont fort vigoureux, FOUILLOUX, Vénerie,î° \9,
dans LACURNE.
— ÉTYM. Esclamé, resté dans le langage des oi-
seliers , est sans doute une altération d'esclame, qui
signifie, dans le plus ancien exemple, quelque dé-
fectuosité corporelle; esclame à son tour tient à
esclanche, qui a un sens analogue; et esclanche est
l'ancien adjectif esclanche (wallon, hleing, clinche,
hlinché), qui signifiait gauche, senestre : xni* s.
....si fiertlehardel, De la hache à la mein esclanche,
Si grant cop que le hardel trenche, Ben. 23279. Ce
dernier mot vient du germanique : anc. haut-allem.
slinc; flamand, slink; allem. link, gauche; du
verbe slinken, devenir faible, mince.
f ÉCLAMPSIE (è-klan-psie), s. f. || 1° Terme de
médecine. Affection convulsive des enfants dans le
bas âge. || 2° Affection cftivulsive affectant les fem-
mes dans l'état de puerpéralité, et que caractérisent
des accès le plus ordinairement accompagnés ou
suivis de l'abolition des facultés sensoriales et intel-
lectuelles.
— ÉTYM. "ExXajjujuç, manifestation subite, de
êx, et Xâ|xTOiv, briller.
\ ÉCLAMPTIQUE (è-klan-pti-k'), adj. Qui a rap-
port à Péclampsie.
— ÉTYM. Èclampsie.
ÉCLANCHE (é-klan-ch'), s. f. Épaule de mouton
séparée du corps de l'animal.
— REM. Jusqu'en 4 836 l'Académie déclarait, après
Furetière, que l'éclanche était la cuisse du mouton
séparée de l'animal, autrement le gigot. C'est le sens
qu'a ce mot dans les passages suivants : Est-il un
plus grand plaisir au monde que de commander dans
son petit empire, d'y être maître de son plat et d'y
ËCL
voir de quelle source partent les choses qu'on vous
dit, MOL. Sicil. 4 2. Un si bas, si honteux, si faux
Christianisme Ne vaut pas des Platons l'éclairé paga-
nisme, BOIL. Épit. XII. Il aurait cru manquer à la
partie la plus essentielle de son état [juge], si, comme
il sentait ses intentions droites, il ne les rendait
éclairées, FLÉCH. Lamoignon. || 3° Éclairci, mis en
évidence. Ainsi la fraude, s'il y en eût pu avoir, eût
été éclairée de trop près pour réussir, BOSS. Hist.
Il, 43. Le dédale des coeurs en ses détours n'enserre
Rien qui ne soit d'abord éclairé par les dieux, LA
FONT. Fabl. iv, 4 9. || Observé, espionné. Il était
éclairé de trop près pour pouvoir dérober longtemps
la connaissance de son intrigue. || Ce jardin est trop
éclairé, c'est-à-dire la vue dès voisins y pénètre trop.
— SYN. CLAIRVOYANT, ÉCLAIRÉ, INSTRUIT. Le clair-
voyant est celui qui y voit clair; l'éclairé, celui
qui a des clartés; l'instruit, celui qui a de l'instruc-
tion. Il y a cette différence entre clairvoyant et
éclairé, que le premier se dit des lumières natu-
relles, et le second des lumières acquises. On est
clairvoyant par un don de la nature; on devient
éclairé par l'étude et la réflexion. Ce qui distingue
l'homme éclairé de l'homme instruit, c'est que le
premier a des clartés des choses et que l'autre a sim-
plement connaissance des choses ; un homme in-
struit peut n'être pas éclairé; cette dernière qualité
impliquant que l'on sait faire une application con-
. venable des lumières acquises. Ajoutons que l'in-
struction peut se composer de notions qui ne sont
pas justes. Ainsi la théorie chimique avant Lavoi-
sier était un tissu d'erreurs; celui qui saurait par-
faitement toute cette théorie et les preuves qu'on
croyait en avoir, serait instruit sans doute, mais
fort peu éclairé.
! ÉCLAIREMENT (é-klê-re-man), s. m. L'action
d'éclairer. Dans l'hiver de 4 756 à 4 766, un grand
nombre de particuliers firent allumer la nuit des
lanternes devant leurs maisons pour éclairer la rue,
et ils continuèrent cet éclairement pendant tout
l'hiver, j. PICOT, Hist. de Genève, t. m, p. 303,
àans HUMBEP.T, Gloss.
— HIST. xni* s. Se demain atendés jusqu'à l'es-
)lairement [jusqu'au jour], Ch. d'Ant. vi, 457.
| xv" s Furent merveilleux tonnerres, corrusca-
lions et esclairemens, JOV. DES URSIHS, Hist. de
Charles Yl,p. 4 46, dans LACURNE.
— ÉTYM. Eclairer; provenç. esclairamen.
ÉCLAIRER (é-klè-ré), v.a. || 1» Répandre la clarté
sur. La lune éclaire nos nuits. Jupiter est éclairé par
quatre satellites ou lunes. L'incendie éclairait au
loin la campagne. Prends garde que jamais l'astre
qui nous éclaire.... EAC. Plidd. iv, 2. Et le jour
a partout éclairé mes combats, n>. Alex, iv, 2.
A peine un faible jour vous éclaire et me guide, ni.
Iph. i, 4. Et toi, soleil, et toi qui, dans cette con-
trée, Reconnais l'héritier et le vrai fils d'Atrée, Toi
qui n'osas du père éclairer le festin, Recule, ils
t'ont appris ce funeste chemin, m. Iph. v, 4. || On
dit poétiquement que le jour éclaira un événe-
ment pour indiquer le jour où cet événement s'est
passé. La journée Qui devait éclairer notre illustre
hyménée, RAC. Iph. iv, 4. Ce jour presque éclaira
vos propres funérailles, m. Bèrén. i, ». J'espère
que bientôt ces voûtes embrasées Du sénat et du
peuple éclairant le tombeau.... VOLT. Brut, u, 2. Les
jours qui suivent ces jours de destruction éclairent
des forfaits d'un autre genre, RAYNAL, Hist. phil.
vu, 7. || Poétiquement. Tant que le jour l'éclairé,
tant qu'il vit. Tandis que le soleil éclaire ce perfide....
RAC. Esth. u, 4. || Fig. Mlle de Flamarens disait
qu'il [M. de Forcalquier, homme de beaucoup d'es-
prit] éclairait une chambre en y entrant, LE PRÉSI-
nENT HÉRAULT, Mém. p. 483, in-8, 4 856. || Terme de
jeu. Éclairer le tapis, mettre devant soi la somme que
l'on veut jouer. || 2° Fig. Éclaircir, porter la lumière.
Nous saurons éclairer jusqu'au fond de son âme,
TRISTAN, If. de Chrispe, u, 2. Le Seigneur qui éclai-
rera les ténèbres les plus épaisses, FLÉCH. Serm.
I, 37. Voudriez-vous qu'on mît au grand jour toutes
les faiblesses secrètes, toutes les indignités que l'oeil
de Dieu a éclairées ? MASS. Car. Enf. prod. Les cieux
à nous nuire attachés, Ont éclairé la nuit où nous
étions cachés, VOLT. Orph. i, 3. si j'allais, éclairant
cet abîme odieux, Dans toute son horreur le mon-
trer à tes yeuxl DUCIS, Lear, I, 4. Il me serait
aisé d'éclairer le dessein Qu'a pu former la haine
enfermée en ton sein, LEMERG. Agam.iv, 5.Informe-
moi de tout; c'est à toi d'éclairer Les désordres se-
crets que je puis ignorer, m. ib. m, 3. L'art n'a
pas de détours qu'un oeil perçant n'éclaire, ID.
Charles JPÏ, I, 2. La reine dont les yeux pouvaient
éclairer I'omhre, Qui sur ce gran^ "icret étend son
ÉGL
voile sombre, BRIFF. Ninus, n, 2. || 3° Mettre en
évidence. La même parure qui a autrefois embelli
sa jeunesse éclaire les défauts de sa vieillesse, LA
BRUY. m. |) 4° Donner la lumière intellectuelle. Aucun
n'est éclairé de rayons si puissants, Aucune âme si
haut ne se trouve ravie.... CORN. Imit. H, 9. Quoi!
j'étouffe en mon coeur la raison qui m'éclaire! RAC.
Andr. v, 4. Lorsque ta raison par l'âge confirmée,
Pour éclairer ta foi te prêtait son flambeau, VOLT.
Zaïre, i, 4. Dès que l'âge éclaira votre faible raison,
DELAV. Têpr. sic. i, 3. || Donner des lumières, de
l'intelligence, détromper. Allons en [du peuple] éclai-
rer l'aveuglement fatal, CORN. Fol. H, 6. Le ciel en
unmoment quelquefois nous éclaire, ID. D. Sanche,
i, 6. Faites choix d'un censeur solide et salutaire,
Que la raison conduit et le savoir éclaire, BOIL.
Art p. iv. Qu'il entre ; ses avis m'éclaireront peut-
être, RAC. Esth. u, 4. Ciel! daigne m'éclairer, m.
ib. m, 4. Votre crime aujourd'hui m'éclaire sur le
mien, LAMOTTE, Inès, ni, 6. Trop tard sur les mal-
heurs de Nîmes, On éclairerait ta bonté, BÉRANG.
Math. Brun. || S" Terme de peinture. Disposer la lu-
mière dans un tableau. Ce peintre éclaire bien tous
ses tableaux. || 6° Surveiller, épier, observer. Us
éclairent ses pas, en quelque endroit qu'il aille, Ils
lisent les premiers les lettres qu'on lui baille, RACAN,
Berg. i, 4. Constance deviendra l'espion de Licine,
Et, l'éclairant de près, fera toujours savoir....
TRISTAN, M. de Chrispe, I, 3. On l'éclairera de
si près qu'il ne fera rien sans que nous le sachions,
SCARR. Rom. corn, u, -12. Au diable le fâcheux qui
toujours nous éclaire, MOL. l'Étourdi, i, 4. J'ai
voulu vous parler en secret d'une affaire, Et suis
bien aise ici qu'aucun ne nous éclaire, ID. Tart.
m, 3. Il m'importe de ne pas oublier que les hommes
m'éclairent, qui que je sois et quoi que je fasse, et
qu'ils sont en possession de méjuger, BOURD. Carême,
t. i, p. 249. Ceux même dont les yeux les devaient
éclairer, RAC Baj. i, 4. On m'épia, on m'éclaira de
si près, qu'on s'aperçut que j'avais avec Célie des
entretiens nocturnes, LESAGE , Gusm. d'A Ifar. ch. vin.
|| 7° Terme de guerre. Éclairer l'ennemi, en obser-
ver, surveiller les mouvements. || Éclairer sa mar-
che, faire reconnaître exactement le chemin, le
terrain qu'on va parcourir, pour savoir si l'ennemi
n'en occupe pas quelque point. Pendant que Ney
attaquait, Murât éclairait ses flancs avec sa cavale-
rie, SÉGUR, Hist. de Nap. vi, 7. ||8° V. n. Jeter une
lueur. Cette bougie éclaire mal. Le gaz éclaire bien.
Les vers luisants éclairent pendant la nuit. La lune
éclaire sans échauffer. Mon astre dans la nuit éclaire
en ce bocage, DESMARETS, Mirame, n, 4. || 9° Eclai-
rer à quelqu'un, faire qu'il y voie à l'aide d'une lu-
mière les matelots Jamais ne méprisent les
flots, Quelque phare qui leur éclaire, MALH. IV, 6.
|| Il se dit aussi d'une personne que l'on précède ou
auprès de qui on se tient pour qu'elle voie clair. Éclai-
rez à monsieur. || Absolument. Eclairez. Allez éclai-
rer. || Aujourd'hui on le fait actif abusivement en
ce sens. Éclairez monsieur. Éclairer une personne
qui descend un escalier. || 10° V. imp. Il éclaire,
il fait des éclairs. Il a éclairé toute la nuit. Il se
conjugue avec l'auxiliaire avoir. || Par extension. Il
appartient à Dieu d'éclairer et de tonner dans les
consciences, BOSS. Par. de Dieu, 4. Dieu a-t-il tonné
et éclairé sur une montagne ?ID. i, Pent. 2. ||11° S'é-
clairer, v. réfl. Recevoir de la lumière. La campagne
s'éclaira peu à peu des rayons de la lune qui mon-
tait sur l'horizon. || Fournir à son éclairage. Il faut
bien de l'argent à Paris pour se loger, se nourrir,
se chauffer, s'éclairer. || Fig. Acquérir des lumières,
des connaissances. Les esprits commencent à s'é-
clairer. Le pays s'éclaire. || Terme militaire. Éclai-
rer sa marche. Cet officier ne faisait pas un mouve-
ment sans s'éclairer. || Proverbe. La chandelle qui va
devant éclaire mieux que celle'qui va derrière, c'est-à-
dire il vaut mieux faire du bien de son vivant que
d'obliger par son testament ses héritiers à en faire.
— HIST. xi* s. Par main [matin] en l'aube, si corn
li jurz esclaire, Ch. de Roi. m. Tout li païs en re-
luist et esclaire, ib. CLXXXVI. ||xii* s. Au matinet,
quand il dut esclarer, Ronc. p. 8. En mer se met-
tent, quant i'aube est esclarée, ib. p. 4(8. Quant la
saison du douz tems s'asseûre, Que biaus estez se
rasraine (rassérène] et esclaire, Lors [je] chanterai....
Coud, p. 4 25. De duel [dueil] morrai et d'ire se mon
cuer [je] n'en esclaire [éclaircis, décharge], Sax.
xxxi. || xnie s. Princes avers [avare] ne se doit avan-
cier; Car bien doner toute valeur esclaire, Poésies
mss. du Vatican, dans LACBRNE. Bien doit poine
[peine] plaire, Qui cuer obscur enlumine et esclaire,
GACES BRÛLÉS, Poés. mss. dans LACURNE. Autre devise
[je] n'en voel faire [de Blonde], Fors tant que. sa
ÉCL
biautés esclaire Trestous les lieux où eîe vient,
Bl. et Jeh. 4709. Quant li quens [le comte] l'ol ensi
parler, si li esclaira li cuers et dist à la confesse,
Chr. de Rains, 214. Atant ont laissié le plaidiel
Jusqu'au demain à l'esclairier, Ben. 47684. Il est
bon que nous esclairons quele contrariétés tau
[toit, supprime] le premier [testament], quant il n'es
pas rapelés especialement, BEADM. xn, 42. || m" s.
[Phebus] Pleure, et pleurant tant se despite et
deult, Que plus au monde esclairer il ne veult,
MAROT, rv, 76. Hero tandis, qui des créneaux es-
claire, De son manteau couvroit la lampe claire, ID.
IV, 4 4 6. Quand il tonne ou esclaire, MONT, I, 23.
Ses ouvrages, présentez d'un lustre qui nous es-
claire à la vertu, ID. i, 4 04. Si j'estoffois l'un de
mes discours de ces riphes despouilles, il esclaireroit
par trop !a bestise des aultres, m. i, 466. Le dragon
fourbit et esclaire ses yeulx avec du fenoil, ID. n,
4 74. Il tonnoit, il esclairoit en harenguant, et il
portoit sur sa langue une fouldre terrible, AMYOT,
Péricl. 43. Séjour en tout temps également esclaire
d'une lumière pure et nette, m. ib. 74. Elle les
contraignit d'entrer et approcher du lict, tenant
elle mesme la lampe pour leur esclairer, m. Pêlop.
66. Ilz avoient craint que Caton ne fust eleu prêteur,
de peur qu'il ne les esclairast de trop près, ou qu'il
n'empeschast leurs desseings, ID. Cat. d'Utiq. 65. Et
parce que le roy de Navarre, alors prisonnier, estoit
escls ré de trop près, il fut arresté qu'Aubigné se
tien.ln'àt auprès de Fervacques, D'AUB. Vie, xxvm.
Un cmï»in Gaspar Baronius, que Dieu avoit esclaire
des luut ares de l'évangile, ID. ib. cxxix. Il le sup-
plia de L'e. i esclarer [informer, instruire], CARLOIX,
VI, 4 8. ie leur esclaire au rais de mon flambeau,
R0NS. 866.
— ÉTYM. f^pour'es.... préfixe, et clair; provenç.
esclairar; itai schiarare.
t ÉCLAIRE,'» TE (é-klè-rè-f), s. f. Un des noms
vulgaires de la ccaire (voy. ÉCLAIRE).
ÉCLAIREUR vs klè-reur), s. m. Terme de guerre.
Soldat qui va à V découverte. Enfin une dernière
hauteur reste à dvasser; elle touche à Moscou,
qu'elle domine ; c'es\ eMontdu Salut; nos éclaireurs
l'eurent bientôt cou ^Une, SÉGUR, Hist. de Nap.
vin, 4. [| Terme de ma (.le. Bâtiment de guerre qui,
détaché d'une escadre, va à la découverte.
— HIST. xvi* s. Esclaiiteur, OUDIN.
— ÉTYM. Éclairer.
■j-ÉCLAME, ÉE (é-kla-mé, mée), adj. Terme
d'oiselier. Oiseau qui a la patte ou l'aile cassée.
Serin éclamè.
— HIST. xm*s. Celé citez, ce dist li vers, Est
fermée de quatre portes, Qui ne sont esclames ne
tortes, Fabl. mss. n°7248, f° 344, dans LACURNE.
Ne sa mère la dame Blanche, Qui ne fu chiche ne
esclanche, Hist. de France à la suite du roman de
Fauvel, ms. n" 684 2, f° 86, dans LACURNE. || xv* s.
Le bras esclenc [gauche], Êvang. des quen. p. 4 47.
|| xvi* s. Estans longs et esclames, telle espèce de
cerfs sont fort vigoureux, FOUILLOUX, Vénerie,î° \9,
dans LACURNE.
— ÉTYM. Esclamé, resté dans le langage des oi-
seliers , est sans doute une altération d'esclame, qui
signifie, dans le plus ancien exemple, quelque dé-
fectuosité corporelle; esclame à son tour tient à
esclanche, qui a un sens analogue; et esclanche est
l'ancien adjectif esclanche (wallon, hleing, clinche,
hlinché), qui signifiait gauche, senestre : xni* s.
....si fiertlehardel, De la hache à la mein esclanche,
Si grant cop que le hardel trenche, Ben. 23279. Ce
dernier mot vient du germanique : anc. haut-allem.
slinc; flamand, slink; allem. link, gauche; du
verbe slinken, devenir faible, mince.
f ÉCLAMPSIE (è-klan-psie), s. f. || 1° Terme de
médecine. Affection convulsive des enfants dans le
bas âge. || 2° Affection cftivulsive affectant les fem-
mes dans l'état de puerpéralité, et que caractérisent
des accès le plus ordinairement accompagnés ou
suivis de l'abolition des facultés sensoriales et intel-
lectuelles.
— ÉTYM. "ExXajjujuç, manifestation subite, de
êx, et Xâ|xTOiv, briller.
\ ÉCLAMPTIQUE (è-klan-pti-k'), adj. Qui a rap-
port à Péclampsie.
— ÉTYM. Èclampsie.
ÉCLANCHE (é-klan-ch'), s. f. Épaule de mouton
séparée du corps de l'animal.
— REM. Jusqu'en 4 836 l'Académie déclarait, après
Furetière, que l'éclanche était la cuisse du mouton
séparée de l'animal, autrement le gigot. C'est le sens
qu'a ce mot dans les passages suivants : Est-il un
plus grand plaisir au monde que de commander dans
son petit empire, d'y être maître de son plat et d'y
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