DOR
partie de sa hauteur; sur laquelle mesure ils four-
nirent leur colonne, en sorte qu'à proportion de
cette mesure qu'ils donnèrent à la grosseur de la
tige dé la colonne, ils la firent six fois aussi haute
en comprenant le chapiteau; et ainsi la colonne do-
rique fut premièrement mise dans les édifices, ayant
la proportion ; la force et la beauté du corps de
l'homme, )D; ib. || Substantivement. On arappelé le
dorique, l'ionique et le corinthien; ce qu'on ne voyait
plus que dans les ruines de l'ancienne Rome et de la
vieille Grèce, devenu moderne, éclate dans nos por-
tiques et dans nos péristyles, LA BRUY. I. || Le do-
rique grec, le véritable ordre dorique, tel qu'il était
employé par les Grecs; le dorique romain;, altération
latine du dorique grec. || Un dorique, un petit ordre
de pilastres, tin dorique règne dans tous les dehors
delà maison, u>. vi.
— ÉTYM. Atopr/6;.
DORLOTÉ, ÉE (dor-lo-té, tée), parti passé.
'Comme j'aime à être dorlotée, je ne suis pas fâchée
que vous me plaigniez un peu, SÉV; 256.
DORLOTER (dor-lo-té) ; v. a:'\\ 1" Traiter délicate-
ment. Cette mère dorlote son enfant. La joie que
j'aurais de posséder une belle femme, qui me dor-
lotera, et me viendra frotter lorsque je serai las,
MOL; Mari F. se; 2; [Un médecin] Dorlotant une
longue barbe j Dont le parfum est de rhubarbe, De
coloquinte et d'opium, l'Espadon satirique, dans'
RICHELET. fi i'- Se dorloter^ v. réfl. Se traiter délica-
tement. Aimer à se dorloter; Ne songez qu'à vous
faire une santé qui dure; Dorlotez-vous sur le ten-
dre duvet, GHAULÎEU, Ép. du duc de Nevers à il. de
Vendôme.
— HIST; xvr? s, On me frottèroit, on me pigne-
roit, on m'accoustreroit, on m'adoreroit, on me
doreroit; op me dprlotteroit, DESPÈR. Cj/mo; mundi,
163; Ce n'est pas pour vous faire peigner, et frisot-
ter comme elle, ni pour dorloter vostre barbe, Pè-
lerin, d'amour, t. n, p; 608, dans LACURNE. Pen-
sez qu'elle s'estoit ainsi dorlotée [parée] pour mieux
plaire à son mari, BRANT; Dames gai. t; i, p. 48,
dans LACURNE; Si elle les dorelotte [caresse] et si
par ces délices Ils dorment eh son sein, TAHUREAO,
Dial. f° 187, dans LACURNE. L'Allemand qui pour
drolotter, flatter et mignarder sa femme, cnoi.iÈREs,
Contes, t. il, Après din. m, p. 37, dans LACURNE. La
bonne demoiselle veut estre drelottée, ib. t.i, p. 47.
— ÉTYM. Dorelot ou dorlot, dont voici des exem-
ples: XIII* s. Si l'esgarda et enama, Si li dist: si
mar acointai, 0 dor-lotin diva Robin, Mignot Robin,
tes oex [yeux] mar esgardai; Se cis maus ne m'as-
souage, je morrai, Poésies mss. t. ni, p: 1257, dans
LACURNE. Il xv* s. C'est ce qui me fait estre en grâce
Uhg fin mignon, un dorelot [un joli coeur], GOQUILL.
Monol. de la botle de foin. ||xvi* S; La quelle me
traittoit et enlretenoit mignotement comme ung pe-
tit dorelot, RAB. t. m, p; 76, dans LACURNE. Car
je coghoissûis la înignote Estre bien frisque et dore-
lote, OEuvres de. R. de Collctye,p: 53, dans LA-
CURNE; Dorelors [sorte dé joyau], ounm, Dicl. Comme
on voit, dorlot signifie un favori, un joli-Gceur,
et aussi un joyau; d'où dorloter a eu le sens de ca-
resser et de. parer. On a voulu tirer dorlot de or ou
dorer; Scheler approuve cette étymologie; cepen-
dant on rie voit pas comment on pourrait faire une
pareille dérivation. Diez propose l'anglo-saxon deôr-
ling, favori, ou le kymri doriatod, même sens;
bas-bret. dorlôi, dorlû, caresser. La dérivation cel-
tique est la plus plausible.
t DORLOTINE (ddr-lo-ti-n'), s. f; Sorte de dor-
meuse assez longue pour s'y coucheï entièrement.
— ÊTYM. Dbrloteti
f DORMAILLER (dor-ma-llé, Il mouillés), t); n.
Dormir mal, dormir d'une façon interrompue.
— HIST. xiii's. En dormillant li respondi, En
eslépas [aussitôt] se rendormi, Fh et Blâhchefl. v,
2629, dans DU GANGE, Gloss./h ||xvies. Dormailler,
OUDIN, Dict.
— ÈÎYM; Dormit i avec la terminaison fréquenta-
tive et péjorative ailler, comme dans criailler.
t DORMÀN (dor-man), s; m. Un des noms vul-
gaires de la torpille.
— ÉTYM. Dormant.
DORMANT, ANTE (dor-màtt; màri-t'), adj.
|| 1° Qui dort. La belle au bois dormant, Titre d'un
tonte de fée. || Terme dé blason. Animal dormant,
animal placé dans l'attitude du sommeil. || Poéti-
quement, tranquille, où l'on dort bien.Trouvez-le-
moi bien sombre [un mauoir], Bien calme, bien
dormant, Couvert d'arbres salis nombre, Dans le
silence et l'ombre Gâché profondément, v. HÙGO,.
Odes, V, 26; Il Substantivement. Les sept dor-
mants, sept frères qui, suivant là légende rëli-
DOR
gieuse, fuyant la persécution, furent murés par
ordre de Dèce, dans une caverne où on les re-
trouva endormis sous Théodose le Jeune. N'avons-
nous pas dans l'Eglise grecque la fable des sept dor-
mants? VOLT. Pliil. iv, 441. || 2° Fig. Il se dit de ce
qui reste en place sans remuer. Une eau dormante.
Tantôt son bras actif desséchant les marais. De leurs
dormantes eaux délivre les guérets, DELILLE, Gdorg.
1.1| Fig. C'est une eau dormante, se dit d'une per-
sonne qui cache des passions vives sous un air tran-
quille. Je ne me fie pas à toutes ces eaux dormantes.
|| Châssis dormant, châssis qui ne se lève ppint;
il Pont dormant, celui qui ne se lève point, par
opposition au pont-levis. || Serrure dormante, ser-
rure à pêne dormant, celle qui ne se ferme pas
seule, et dont il faut pousser le pêne avec la clef.
|| Verre dormant, lucarne vitrée, par laquelle on a
droit de prendre du jour sur l'héritage d'un voisin,
et qui ne doit jamais s'ouvrir. || Terme de pêche.
Ligne dormante, ligne qui reste fixée dans l'eau
sans que le pêcheur la tienne. || Terme de marine.
Manoeuvres dormantes, les manoeuvres d'un navire
qui né sont jamais dérangées, telles que les hau-
bans. || 3° S. m. Dans le haut d'une porte carrée ou
cintrée, frise ou châssis de bois attaché dans la
feuillure et servant de battement aux vantaux; (Jn
dormant de croisée. Poser, sceller un dormant; || Un
dormant de table, plateau garni de cristaux, qui
reste au milieu de la table pendant tout le repas.
|| Terme de marine. Nom des bouts fixes des corda-:
ges, c'est-à-dire de la partie qui demeure attachée,
tandis que l'autre est employée.
— HIST. xv* S; Et avoient [les Gantois] au devant
de eux un grand flaschier d'eau dormante, FROISS,
II, il, 164. || xvi' s. En murs mitoyens il est loisible
d'avoir fenestre sur son voisin, à verre et fer dor~
mans, à neuf pieds de hauteur du rez-de-chaussée,
LOYSEL, 285. Voyans la rivière dormante comme un
maretz, AMYOT, Lucull. 44.
DORMEUR, EUSE (dor-meur, meû-z'), s. m.etf.
Celui, celle qui dort, qui dort beaucoup, qui aimé à
dormir; Étant, comme vous êtes, la meilleure danr
seuse, la meilleure dormeuse, et la plus éloquente
fille du monde, VOIT. Lelt. 64. Le dormeur s'é-
veilla, tant il en [de son songe] fut surpris, LA FONT.
Fab. xi, 4. Pinuce au même instant Fait le dor-
meur, in. Berc. J'avais été jusque-là grand dor-
meur, J. J. ROUSS. Confess. vi. || Nom d'un poisson.
— HIST. xvi" s Les sommeilieux et dormars,
puisque l'endormy ne sçauroit ny luy mesme faire
son debvoir, ny le faire faire aux autres, LABOÉTIE,
210. Jamais dormeur ne feit bon gué, LEROOX DE
LINCY, PrOV. t. H, p. 321.
— ÉTYM. Dormir; provenç. et espagn. dormidor;
ital. dormitore.
DORMEUSE (dor-meû-z'), s. f. Sorte de voiture
de voyage.où l'on peut s'étendre pour dormir*
|| Demi-^dprmeuse, voiture du même genre; Je
me suis bien douté que ma petite demi-dormeuse,
que j'appelle ma Gommode, et que j'avais fait faire
exprès dans mon village, me serait inutile, VOLT.
Lelt. Richelieu, 29 juillet 1774. || Sorte de fauteuil
ou de chaise longue où l'on peut dormir.
— ÉTYM. Dormeur.
f DORMILLE (dor-mi-H', Il mouillées), s. f. Un
des noms du poisson appelé aussi loche.
\ DORMILLEUSE ( dor-mi-lleù-z'), s. f: Un des
noms vulgaires de la torpille.
— ÉTYM. Dormir.
f DORMILON (dof-mi-lon), s. m. Espèce de singe
du Mexique.
DORMIR (dor-mir), je dors, tu dors, il dort, nous
dormons, vous dormez, ils dorment; je dormais;
je dormis; je dormirai; je dormirais; dors, qu'il
dorme, dormons; que je dorme, que nous dor-
mions; que je dormisse; dormant, v. n. || 1" Repo-
ser dans le sommeil; Il dort profondément, Le ma-
lade va mieux, il a dormi d'un bon somme; Il dormait
quelquefois dans le jour. Pourras-tu dans son lit
dormir en assurance? CORN. Nicom.'Yj t. Trop dor-
mir fait mal à la tête, Et trop dormir c'est vivre
en bêle, SCARRON, Virg. trav. vu. Guillot, le vrai
Guillot, étendu sur l'herbette, Dormait alors pro-
fondément, LA FONT. Fabl. ni, 3. Cette réflexion
embarrassant notre homme, On ne dort pas,-dit-il,
quand on a tant d'esprit, m. ib. ix, 4. T'âltendré
aux yeux d'autrui, quand tu dors, c'est erreur, ID.
ib. xi, 3. Je ne dormirai point sous de riches lam^
bris; Mais voit-on que le somme en perde de son
prix? ID. ib. xi, 4. Ce n'est qu'à prix d'argent qu'on
dort en Gettë ville, BOIL. Sat. VI. C'est là que le
prélat, inuni d'un déjeuné. Dormait d'un léger
somme, attendant le dîné, ID. Luir. i. Mais tout
DOR
«223
dort et l'armée et les vents et Neptune, Rie. lphig.
i, l. La vie est un sommeil; les vieillards.... ont eu
un songe confus, informe et sans aucune suite; ils
sentent néanmoins, comme ceux qui s'éveillent,
qu'ils ont dormi longtemps, LA BRUT. XI. Tout dort,
tout est tranquille; et l'ombre de la nuit.... VOLT.
Zaïre, v, 8. La nuit finissait, il était quatre heures,
tout dormait encore dans lès bivouacs de Delzons,
hors quelques sentinelles, quand tout à coup.... SB^
GUR, Hist. de Sapol. ix, 2. || Dormir à bttons rom>
pus, être réveillé, se réveiller plusieurs fois sans
pouvoir faire un somme continu; || Dormir comme
un loir, dormir beaucoup, profondément, à cause
que le loir est un animal hibernant, qui dort plu-
sieurs mois de suite pendant l'hiver. On ditde même,
dormir comme une marmotte. || Dormir comme Une
souche, être profondément endormi. || Dormir tout
debout, ou, simplement, dormir debout, n'en
pouvoir plus de sommeil, être accablé par le som-
meil, au point de s'assoupir sans être couch.é ou
assis. || Conte à dormir debout, propos fabuleux
qui ne méritent aucune créance; Voilà ce qui
s'appelle des contes à dormir debout, SÉV; 73,
Les contes à dormir debout que l'on vpus fais*
ID. 266. || Dormir sur l'une et l'autre oreille, et,
plus souvent, sur les deux oreilles, dormir pror-
fondement, et, figurément, être plein de sécurité.
... Je lui conseille De dormir, s'il se peut, d'un et
d'autre,côté, LA FONT. Coupe. || Dans un sens op^
posé, ne dormir que d'un oeil, être en une vigilance -
inquiète. Certain jaloux ne dormant que d'un oeil,
ID. On ne s'avise:.:: || Dormir en lièvre, dormir
les yeux ouverts, et, figurément, être toujours sur
le qui-vive. Cette crainte maudite M'empêche de
dormir sinon les yeux ouverts, LA FONT. FUbl. n, 14;
|| Il n'en dort pas, se dit d'un homme qu'une vive
espérance, une crainte incessante, une préoccupa;-
tion assiège constamment. || Fig. Le feu qui semble
éteint souvent dort sous la cendre, CORN. Rodog.
m,4. || 2° Dormir se dit aussi de ce qu'on a nommé
le sommeil des plantes; Le soir, de nos jardinspar^
courez les carreaux; Voyez, ainsi que nous, sur
leurs tiges baissées S'assoupir de ces fleurs les têtes
affaissées, Et, dormant au lieu même où veilleront
leurs soeurs, Du noGturne repos savourer les dou-
ceurs, DELILLE, Trots règnes^ vi. || 3° Dans le lan-
gage biblique, dormir avec une femme, passer la
nuit avec elle. Sa maltresse [de Joseph] le prit par
son manteau, et lui dit encore : Dormez aveG moij
SÀCI, Bible, Genèse, xxxix,.l2; || 4" Dormir con-
struit avec des substantifs et ayant en apparence,
mais en apparence seulement, le sens actif. Le
malade a dormi plusieurs heures de suite. || Dormir
la grasse matinée (G'estrà-dire dormir pendant lft
grasse matinée), dormir jusqu'à onze heures nu
midi. Vous deviez être au lit toute cette journée, Oïi
tout du moins dormir la grasse matinée, POISS. le
Fol raùonnabhj dans LE ROUX, Dict: comique || Ddr*
mir sa réfection, dormir autant qu'on en a besoin,
c'est-à-dire dormir autant que la réfection l'exige.
Le sommeil est nécessaire à l'homme; et lorsqu'on
ne dort pas sa réfection il arrive que.... MOL. Princ.
d'Él. Prol. || 5? Dans le style élevé, il se dit dit som-
meil de la mort. Elle va descendre à ces sombres
lieux, à ces demeures souterraines, pour y dormir
dans la poussière avec les grands de la terre, avec
ces rois et ces princes anéantis;;»; BOSS; Duch: d'Orl.
Vous serez vi^-méme réduit en poudre au milieu
des incirconcis, et vous dormirez avec ceux qui ont
été passés au fil de l'épée, SACI, Sible, Ézéchiel-,
xxxii, 28. Ses vices dormiront avec lui dans la
poussière du tombeau, MASS. Car.Impén c'est idi
que dorment, nos aïeux, DUCIS, Abuf. H, 7; J'ai suivi
mon époux jusqu'aux tombes sacrées Où dorment
des Césars les cendres révérées, M. J. CHÉN. Tibère;
m, l. Les morts dorment en paix dans le sein de
la terre; Ainsi doivent dormir nos sentiments éteints,
A. DE MUSSET, Poésies nouv. Nuit d'octobre: || 6* Fig;
Être en repos, en sécurité. Nous ne connaissons que
notre confiance dans le ministre et le malaise que
nous éprouvons : nous rie dormons que parce qu'on
dort SM- pied du Vésuve, MIRABEAO, Collection-,
t; ni, p. 232. || 7° Fig. Ne point agir quand on de-;
vrait le faire. Aux iriènaces ..du fourbe on doit ne
dormir point, MOL. Tart. v, 3. L'habitude de SB
laisser voler par ses domestiqués, jointe à là vigiv
lance du coupable, à qui son maître ne pouvait
reprocher d'avoir dormi dans son service, le por*
tèrent à la clémence, HAMILT; Groimft. li. Tu
dors, Brutus , et Rome est dans les fers, VOLT;
M. de Ces. n, 2. Dans tous les lieux, sans cesse,
ouvrant l'oeil et l'oreille, En paraissant dormir lé
gouvernement veillé, DUCIS, Othello, li, 7; || En
partie de sa hauteur; sur laquelle mesure ils four-
nirent leur colonne, en sorte qu'à proportion de
cette mesure qu'ils donnèrent à la grosseur de la
tige dé la colonne, ils la firent six fois aussi haute
en comprenant le chapiteau; et ainsi la colonne do-
rique fut premièrement mise dans les édifices, ayant
la proportion ; la force et la beauté du corps de
l'homme, )D; ib. || Substantivement. On arappelé le
dorique, l'ionique et le corinthien; ce qu'on ne voyait
plus que dans les ruines de l'ancienne Rome et de la
vieille Grèce, devenu moderne, éclate dans nos por-
tiques et dans nos péristyles, LA BRUY. I. || Le do-
rique grec, le véritable ordre dorique, tel qu'il était
employé par les Grecs; le dorique romain;, altération
latine du dorique grec. || Un dorique, un petit ordre
de pilastres, tin dorique règne dans tous les dehors
delà maison, u>. vi.
— ÉTYM. Atopr/6;.
DORLOTÉ, ÉE (dor-lo-té, tée), parti passé.
'Comme j'aime à être dorlotée, je ne suis pas fâchée
que vous me plaigniez un peu, SÉV; 256.
DORLOTER (dor-lo-té) ; v. a:'\\ 1" Traiter délicate-
ment. Cette mère dorlote son enfant. La joie que
j'aurais de posséder une belle femme, qui me dor-
lotera, et me viendra frotter lorsque je serai las,
MOL; Mari F. se; 2; [Un médecin] Dorlotant une
longue barbe j Dont le parfum est de rhubarbe, De
coloquinte et d'opium, l'Espadon satirique, dans'
RICHELET. fi i'- Se dorloter^ v. réfl. Se traiter délica-
tement. Aimer à se dorloter; Ne songez qu'à vous
faire une santé qui dure; Dorlotez-vous sur le ten-
dre duvet, GHAULÎEU, Ép. du duc de Nevers à il. de
Vendôme.
— HIST; xvr? s, On me frottèroit, on me pigne-
roit, on m'accoustreroit, on m'adoreroit, on me
doreroit; op me dprlotteroit, DESPÈR. Cj/mo; mundi,
163; Ce n'est pas pour vous faire peigner, et frisot-
ter comme elle, ni pour dorloter vostre barbe, Pè-
lerin, d'amour, t. n, p; 608, dans LACURNE. Pen-
sez qu'elle s'estoit ainsi dorlotée [parée] pour mieux
plaire à son mari, BRANT; Dames gai. t; i, p. 48,
dans LACURNE; Si elle les dorelotte [caresse] et si
par ces délices Ils dorment eh son sein, TAHUREAO,
Dial. f° 187, dans LACURNE. L'Allemand qui pour
drolotter, flatter et mignarder sa femme, cnoi.iÈREs,
Contes, t. il, Après din. m, p. 37, dans LACURNE. La
bonne demoiselle veut estre drelottée, ib. t.i, p. 47.
— ÉTYM. Dorelot ou dorlot, dont voici des exem-
ples: XIII* s. Si l'esgarda et enama, Si li dist: si
mar acointai, 0 dor-lotin diva Robin, Mignot Robin,
tes oex [yeux] mar esgardai; Se cis maus ne m'as-
souage, je morrai, Poésies mss. t. ni, p: 1257, dans
LACURNE. Il xv* s. C'est ce qui me fait estre en grâce
Uhg fin mignon, un dorelot [un joli coeur], GOQUILL.
Monol. de la botle de foin. ||xvi* S; La quelle me
traittoit et enlretenoit mignotement comme ung pe-
tit dorelot, RAB. t. m, p; 76, dans LACURNE. Car
je coghoissûis la înignote Estre bien frisque et dore-
lote, OEuvres de. R. de Collctye,p: 53, dans LA-
CURNE; Dorelors [sorte dé joyau], ounm, Dicl. Comme
on voit, dorlot signifie un favori, un joli-Gceur,
et aussi un joyau; d'où dorloter a eu le sens de ca-
resser et de. parer. On a voulu tirer dorlot de or ou
dorer; Scheler approuve cette étymologie; cepen-
dant on rie voit pas comment on pourrait faire une
pareille dérivation. Diez propose l'anglo-saxon deôr-
ling, favori, ou le kymri doriatod, même sens;
bas-bret. dorlôi, dorlû, caresser. La dérivation cel-
tique est la plus plausible.
t DORLOTINE (ddr-lo-ti-n'), s. f; Sorte de dor-
meuse assez longue pour s'y coucheï entièrement.
— ÊTYM. Dbrloteti
f DORMAILLER (dor-ma-llé, Il mouillés), t); n.
Dormir mal, dormir d'une façon interrompue.
— HIST. xiii's. En dormillant li respondi, En
eslépas [aussitôt] se rendormi, Fh et Blâhchefl. v,
2629, dans DU GANGE, Gloss./h ||xvies. Dormailler,
OUDIN, Dict.
— ÈÎYM; Dormit i avec la terminaison fréquenta-
tive et péjorative ailler, comme dans criailler.
t DORMÀN (dor-man), s; m. Un des noms vul-
gaires de la torpille.
— ÉTYM. Dormant.
DORMANT, ANTE (dor-màtt; màri-t'), adj.
|| 1° Qui dort. La belle au bois dormant, Titre d'un
tonte de fée. || Terme dé blason. Animal dormant,
animal placé dans l'attitude du sommeil. || Poéti-
quement, tranquille, où l'on dort bien.Trouvez-le-
moi bien sombre [un mauoir], Bien calme, bien
dormant, Couvert d'arbres salis nombre, Dans le
silence et l'ombre Gâché profondément, v. HÙGO,.
Odes, V, 26; Il Substantivement. Les sept dor-
mants, sept frères qui, suivant là légende rëli-
DOR
gieuse, fuyant la persécution, furent murés par
ordre de Dèce, dans une caverne où on les re-
trouva endormis sous Théodose le Jeune. N'avons-
nous pas dans l'Eglise grecque la fable des sept dor-
mants? VOLT. Pliil. iv, 441. || 2° Fig. Il se dit de ce
qui reste en place sans remuer. Une eau dormante.
Tantôt son bras actif desséchant les marais. De leurs
dormantes eaux délivre les guérets, DELILLE, Gdorg.
1.1| Fig. C'est une eau dormante, se dit d'une per-
sonne qui cache des passions vives sous un air tran-
quille. Je ne me fie pas à toutes ces eaux dormantes.
|| Châssis dormant, châssis qui ne se lève ppint;
il Pont dormant, celui qui ne se lève point, par
opposition au pont-levis. || Serrure dormante, ser-
rure à pêne dormant, celle qui ne se ferme pas
seule, et dont il faut pousser le pêne avec la clef.
|| Verre dormant, lucarne vitrée, par laquelle on a
droit de prendre du jour sur l'héritage d'un voisin,
et qui ne doit jamais s'ouvrir. || Terme de pêche.
Ligne dormante, ligne qui reste fixée dans l'eau
sans que le pêcheur la tienne. || Terme de marine.
Manoeuvres dormantes, les manoeuvres d'un navire
qui né sont jamais dérangées, telles que les hau-
bans. || 3° S. m. Dans le haut d'une porte carrée ou
cintrée, frise ou châssis de bois attaché dans la
feuillure et servant de battement aux vantaux; (Jn
dormant de croisée. Poser, sceller un dormant; || Un
dormant de table, plateau garni de cristaux, qui
reste au milieu de la table pendant tout le repas.
|| Terme de marine. Nom des bouts fixes des corda-:
ges, c'est-à-dire de la partie qui demeure attachée,
tandis que l'autre est employée.
— HIST. xv* S; Et avoient [les Gantois] au devant
de eux un grand flaschier d'eau dormante, FROISS,
II, il, 164. || xvi' s. En murs mitoyens il est loisible
d'avoir fenestre sur son voisin, à verre et fer dor~
mans, à neuf pieds de hauteur du rez-de-chaussée,
LOYSEL, 285. Voyans la rivière dormante comme un
maretz, AMYOT, Lucull. 44.
DORMEUR, EUSE (dor-meur, meû-z'), s. m.etf.
Celui, celle qui dort, qui dort beaucoup, qui aimé à
dormir; Étant, comme vous êtes, la meilleure danr
seuse, la meilleure dormeuse, et la plus éloquente
fille du monde, VOIT. Lelt. 64. Le dormeur s'é-
veilla, tant il en [de son songe] fut surpris, LA FONT.
Fab. xi, 4. Pinuce au même instant Fait le dor-
meur, in. Berc. J'avais été jusque-là grand dor-
meur, J. J. ROUSS. Confess. vi. || Nom d'un poisson.
— HIST. xvi" s Les sommeilieux et dormars,
puisque l'endormy ne sçauroit ny luy mesme faire
son debvoir, ny le faire faire aux autres, LABOÉTIE,
210. Jamais dormeur ne feit bon gué, LEROOX DE
LINCY, PrOV. t. H, p. 321.
— ÉTYM. Dormir; provenç. et espagn. dormidor;
ital. dormitore.
DORMEUSE (dor-meû-z'), s. f. Sorte de voiture
de voyage.où l'on peut s'étendre pour dormir*
|| Demi-^dprmeuse, voiture du même genre; Je
me suis bien douté que ma petite demi-dormeuse,
que j'appelle ma Gommode, et que j'avais fait faire
exprès dans mon village, me serait inutile, VOLT.
Lelt. Richelieu, 29 juillet 1774. || Sorte de fauteuil
ou de chaise longue où l'on peut dormir.
— ÉTYM. Dormeur.
f DORMILLE (dor-mi-H', Il mouillées), s. f. Un
des noms du poisson appelé aussi loche.
\ DORMILLEUSE ( dor-mi-lleù-z'), s. f: Un des
noms vulgaires de la torpille.
— ÉTYM. Dormir.
f DORMILON (dof-mi-lon), s. m. Espèce de singe
du Mexique.
DORMIR (dor-mir), je dors, tu dors, il dort, nous
dormons, vous dormez, ils dorment; je dormais;
je dormis; je dormirai; je dormirais; dors, qu'il
dorme, dormons; que je dorme, que nous dor-
mions; que je dormisse; dormant, v. n. || 1" Repo-
ser dans le sommeil; Il dort profondément, Le ma-
lade va mieux, il a dormi d'un bon somme; Il dormait
quelquefois dans le jour. Pourras-tu dans son lit
dormir en assurance? CORN. Nicom.'Yj t. Trop dor-
mir fait mal à la tête, Et trop dormir c'est vivre
en bêle, SCARRON, Virg. trav. vu. Guillot, le vrai
Guillot, étendu sur l'herbette, Dormait alors pro-
fondément, LA FONT. Fabl. ni, 3. Cette réflexion
embarrassant notre homme, On ne dort pas,-dit-il,
quand on a tant d'esprit, m. ib. ix, 4. T'âltendré
aux yeux d'autrui, quand tu dors, c'est erreur, ID.
ib. xi, 3. Je ne dormirai point sous de riches lam^
bris; Mais voit-on que le somme en perde de son
prix? ID. ib. xi, 4. Ce n'est qu'à prix d'argent qu'on
dort en Gettë ville, BOIL. Sat. VI. C'est là que le
prélat, inuni d'un déjeuné. Dormait d'un léger
somme, attendant le dîné, ID. Luir. i. Mais tout
DOR
«223
dort et l'armée et les vents et Neptune, Rie. lphig.
i, l. La vie est un sommeil; les vieillards.... ont eu
un songe confus, informe et sans aucune suite; ils
sentent néanmoins, comme ceux qui s'éveillent,
qu'ils ont dormi longtemps, LA BRUT. XI. Tout dort,
tout est tranquille; et l'ombre de la nuit.... VOLT.
Zaïre, v, 8. La nuit finissait, il était quatre heures,
tout dormait encore dans lès bivouacs de Delzons,
hors quelques sentinelles, quand tout à coup.... SB^
GUR, Hist. de Sapol. ix, 2. || Dormir à bttons rom>
pus, être réveillé, se réveiller plusieurs fois sans
pouvoir faire un somme continu; || Dormir comme
un loir, dormir beaucoup, profondément, à cause
que le loir est un animal hibernant, qui dort plu-
sieurs mois de suite pendant l'hiver. On ditde même,
dormir comme une marmotte. || Dormir comme Une
souche, être profondément endormi. || Dormir tout
debout, ou, simplement, dormir debout, n'en
pouvoir plus de sommeil, être accablé par le som-
meil, au point de s'assoupir sans être couch.é ou
assis. || Conte à dormir debout, propos fabuleux
qui ne méritent aucune créance; Voilà ce qui
s'appelle des contes à dormir debout, SÉV; 73,
Les contes à dormir debout que l'on vpus fais*
ID. 266. || Dormir sur l'une et l'autre oreille, et,
plus souvent, sur les deux oreilles, dormir pror-
fondement, et, figurément, être plein de sécurité.
... Je lui conseille De dormir, s'il se peut, d'un et
d'autre,côté, LA FONT. Coupe. || Dans un sens op^
posé, ne dormir que d'un oeil, être en une vigilance -
inquiète. Certain jaloux ne dormant que d'un oeil,
ID. On ne s'avise:.:: || Dormir en lièvre, dormir
les yeux ouverts, et, figurément, être toujours sur
le qui-vive. Cette crainte maudite M'empêche de
dormir sinon les yeux ouverts, LA FONT. FUbl. n, 14;
|| Il n'en dort pas, se dit d'un homme qu'une vive
espérance, une crainte incessante, une préoccupa;-
tion assiège constamment. || Fig. Le feu qui semble
éteint souvent dort sous la cendre, CORN. Rodog.
m,4. || 2° Dormir se dit aussi de ce qu'on a nommé
le sommeil des plantes; Le soir, de nos jardinspar^
courez les carreaux; Voyez, ainsi que nous, sur
leurs tiges baissées S'assoupir de ces fleurs les têtes
affaissées, Et, dormant au lieu même où veilleront
leurs soeurs, Du noGturne repos savourer les dou-
ceurs, DELILLE, Trots règnes^ vi. || 3° Dans le lan-
gage biblique, dormir avec une femme, passer la
nuit avec elle. Sa maltresse [de Joseph] le prit par
son manteau, et lui dit encore : Dormez aveG moij
SÀCI, Bible, Genèse, xxxix,.l2; || 4" Dormir con-
struit avec des substantifs et ayant en apparence,
mais en apparence seulement, le sens actif. Le
malade a dormi plusieurs heures de suite. || Dormir
la grasse matinée (G'estrà-dire dormir pendant lft
grasse matinée), dormir jusqu'à onze heures nu
midi. Vous deviez être au lit toute cette journée, Oïi
tout du moins dormir la grasse matinée, POISS. le
Fol raùonnabhj dans LE ROUX, Dict: comique || Ddr*
mir sa réfection, dormir autant qu'on en a besoin,
c'est-à-dire dormir autant que la réfection l'exige.
Le sommeil est nécessaire à l'homme; et lorsqu'on
ne dort pas sa réfection il arrive que.... MOL. Princ.
d'Él. Prol. || 5? Dans le style élevé, il se dit dit som-
meil de la mort. Elle va descendre à ces sombres
lieux, à ces demeures souterraines, pour y dormir
dans la poussière avec les grands de la terre, avec
ces rois et ces princes anéantis;;»; BOSS; Duch: d'Orl.
Vous serez vi^-méme réduit en poudre au milieu
des incirconcis, et vous dormirez avec ceux qui ont
été passés au fil de l'épée, SACI, Sible, Ézéchiel-,
xxxii, 28. Ses vices dormiront avec lui dans la
poussière du tombeau, MASS. Car.Impén c'est idi
que dorment, nos aïeux, DUCIS, Abuf. H, 7; J'ai suivi
mon époux jusqu'aux tombes sacrées Où dorment
des Césars les cendres révérées, M. J. CHÉN. Tibère;
m, l. Les morts dorment en paix dans le sein de
la terre; Ainsi doivent dormir nos sentiments éteints,
A. DE MUSSET, Poésies nouv. Nuit d'octobre: || 6* Fig;
Être en repos, en sécurité. Nous ne connaissons que
notre confiance dans le ministre et le malaise que
nous éprouvons : nous rie dormons que parce qu'on
dort SM- pied du Vésuve, MIRABEAO, Collection-,
t; ni, p. 232. || 7° Fig. Ne point agir quand on de-;
vrait le faire. Aux iriènaces ..du fourbe on doit ne
dormir point, MOL. Tart. v, 3. L'habitude de SB
laisser voler par ses domestiqués, jointe à là vigiv
lance du coupable, à qui son maître ne pouvait
reprocher d'avoir dormi dans son service, le por*
tèrent à la clémence, HAMILT; Groimft. li. Tu
dors, Brutus , et Rome est dans les fers, VOLT;
M. de Ces. n, 2. Dans tous les lieux, sans cesse,
ouvrant l'oeil et l'oreille, En paraissant dormir lé
gouvernement veillé, DUCIS, Othello, li, 7; || En
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