DEY
des savants devins entendu la réponse, ID. ib. m, o. .
Neconsultez point les devins, de peur de vous souiller i
en vous adressant a eux, SACI, Bible, Lévit. xrx, 34.
Il envoya des ambassadeurs à Balaam, fils de Beor,
qui était un devin et qui demeurait près du fleuve
du pays des enfants d'Ammon, ID. ib. Nomb. XXII,
B.lJFig. Je ne suis pas devin, c'est-à-dire je ne
pouvais prévoir cela, et aussi je ne comprends pas ce
qu'on veut dire. || Pour le féminin devineresse, plus
usité que devine, voy. DEVINEUR. || 2° Le devin, ou,
adjectivement, le serpent devin, un des noms vul-
gaires du boa constricteur (ophidiens). || Nom de
plusieurs espèces d'insectes du genre mante (ortho-
ptères). || Proverbe. Il ne faut pas aller au devin pour
en être instruit, se dit en parlant d'une chose qui
est assez connue.
— SYN. DEVIN, PROPHÈTE. Le prophète prédit ce
qui doit arriver, grâce à des communications sur-
naturelles qu'il a avec la divinité. Le devin,qui non-
seulement prédit l'avenir, mais encore découvre ce
qui est caché, doit sa prétendue connaissance aux
sciences occultes et à tous les procédés divinatoires
qu'a imaginés la superstition ou la supercherie.
— HIST. xme s. Seignor, ce dient li devin, Il est
escrit en parchemin Que cil a sovent mau matin Qui
près de lui a mau voisin, Ren. 7383. Si sunt devin
qui vont par terre, Quant il preeschent por acquerre
Honors ou grâces, ou richeces.... la Rose, 54 4 7.
|| xve s. Donc il est devin? dis-je, ou il a des mes-
sagers qui chevauchent de nuit avecque le vent?
FBOISS. il, ni, 22. Sans aller parler au devin, L'ung
prist ce pasté de façon, L'autre emporta ung broc
de vin, VILLON, Repue de ttontfaucon. || xvie s. Cer-
tains pronostiqueurs et faulx devins l'avoient abusé
de vaine espérance, AMYOT, Cice'ron, 20. Poètes,
peintres, pelegrins, à faire et dire valent devins,
GENIN, Récréât, t. u, p. 247. Par la dislocation que
les passions apportent à nostre raison, nous deve-
nons vertueux; par son exstirpation, que la fureur
ou l'image de la mort apporte, nous devenons pro-
phètes et devins, MONT, II, 327. ^
— ÉTYM. Provenç. devin, devi, devin ; devina,
devineresse; anc. espagn. devino; du latin divinus,
celui qui a des clartés divines, surhumaines (voy.
DIVIN).
iJEVINABLE (de-vi-aa-W), adj. Qu'on peut de-
viner, facile à deviner»
, — ÉTYM. Deviner.
f DEVINAILLE (dé-vi-nâ-11', U mouillées), s. f.
Art ou profession de devin. Il faut en devinaille être
maître Gonin, RÉGNIER, Sat. x. || Terme vieilli et
qui ne se dirait plus qu'en plaisantant ou pour railler.
— HIST. xue s. La gent Herbert ne sont mie fra-
paille; Il t'ociront, c'en est la devinaille, Raoul de
- C. 43. || xmes. Renart respottt : C'est devinaille, Bien
verron à îa definaille, Lequel que soit plus deceû,
Ren. 4 4885.
ÈTYM. Lat. divinacula, xà («evTEÏa, dans un texte
duVIe siècle; voy. fiée, «rtitçue, 2§ mai 4870, p. 346,
DEVINE, ÉE(de-vi-né, née), part.passé. ]| 1° Dé-
couvert par l'art du devin. Un événement deviné
et prédit fortuitement. || 2° Pénétré par le raison-
nement. Un secret deviné. Des desseins devinés et
traversés. || 8° Dont on trouve le mot. Une énigme
devinée.
t DEVINEMENT (de-vi-ne-man), s. ro. AGtion de
deviner.
— HIST. XJI" s. Purço comandad Saul que l'om li
quesist une femme qui seùst de sorcerie, que par
son devinement seùst corne la bataille se pren-
dreit, lîoi's, p. 409. ||xvr» s. C'est une bien grande
folie, si leur devinement les trompa, de recourir à
la fortune, CALv.Instit.ua. Devinemens, arts ma-
giques, necromantie, ID. ib. 816.
— ÉTYM. Deviner; provenç. devinamen, avec le
sens de médisance ; ital. divinamento.
DEVINER (de-vi-né),». o. |) 1" Découvrir par des
procédés surnaturels ce qui est caché dans le passé,
le présent ou l'avenir. Le devin ne put deviner où
le trésor était caché, ni quel avait été le voleur.
|| Absolument. Pratiquer l'art de deviner. Un homme
qui se mêle de deviner, PASC. Prov. s. La coupe que
vous avez dérobée est celle dans laquelle mon sei-
gneur boit, et dont il se sert pour deviner, SACI,
Bible, Genèse, XLIV, B. || 2° Par extension, inter-
prêter, discerner par voie de conjecture. Il reconnut
ou devina votre écriture en voyant le dessus, et-je
ne niai pas que c'en fût, VOIT. Lett. 23. Je reviens à
Pompée, et pense deviner Quels motifs jusqu'ici peu-
vent nous l'amener, CORN. Sertor. i, 2. Je conriaïç.
tes détours et devine tes ruses, ID. le Ment. n,Jp
Les politiques ne se mêlent plus de deviner ses des-
seins [de Louis XIV] ; quand il marche, tout se croit
DIGT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
DEY
également menaûé, BOSS. ' Marie-TIiér. Apprends
qu'on devine Dans ces rustiques lieux ton illustre
origine, VOÏT, Scythes, i, 3. On n'avait jamais fait en
France de dénombrement [sous Charles IX] ; on était
trop ignorant pour soupçonner seulement qu'on pût
deviner lenombre des habitants par celui des naissan-
cesetdesmorts,iD.Z>io!,xxiv, i"en1r. Exemple re-
marquable des erreurs auxquelles on s'expose en
cherchant à deviner les lois de la nature par les
vues qu'on lui suppose, LAPLACE, Expos.m, 6. || Ab-
solument. Quoi que vous me cachiez, aisément je
devine, coRN.iîodofl'. i, B. Devine si tu peux, et choi-
sis si tu l'oses, ID. Héracl. iv, 6. Qui devine est
souvent sujet à se méprendre, ID. Suréna, iv, ?.
|| 3° Trouver le mot. Deviner une énigme, une cha-
rade, un logogriphe. || C'est une énigme à deviner,
se dit de ce qui est obscur. ]| Je vous le donne à de-
viner en dix, en cent, se dit d'une chose tout à fait
inattendue, improbable, et que la personne à qui
l'on parle ne s'imaginera sans doute jamais. || Fami-
lièrement. U faut toujours le deviner, se dit de quel-
qu'un qui parle ou écrit avec obscurité. || Devinez
le reste, c'est-à-dire ce qu'il reste à vous apprendre
peut se conjecturer sans peine. || On dit dans un sens
analogue, vous devinez le reste. || Je vous le laisse à
deviner, vous n'aurez aucune peine à deviner de
qui ou de quoi il s'agit. Je ne connais au monde
qu'un seul homme qui, arrivant en ce moment à
Paris, eût partagé avec M. de Voltaire l'enthousiasme
et l'admiration publique, et cet homme, sire, je vous
le laisse à deviner, D'ALEMB. Lett. au roi de Prusse,*
4" juillet 4 778. || Deviner les fêtes quand elles sont
venues, dire des choses que tout le monde sait.
|| 4° Se deviner, v. ri fi. Être deviné. Cela se devine
aisément. (| Se pressentir l'un l'autre. Ces deux
âmes s'étaient devinées. Les mêmes mots sont ra-
rement synonymes d'eux-mêmes; ils présentent di-
vers sens selon qu'on les applique; on se devine
plus qu'on ne s'entend dans la conversation, TUR-
GOT, Ébauche du 2e dise. Progrès de l'esprit hu-
main, p. 259.
— HIST. xn" s. Vos prouesses, vos bonnes mains
Ont deux fois vaincu les Romains, Et sachiez que
mes cuer devine Que encore hui les vainquerqis
[vaincrez], Roman du Brut, ms. f° 94, dans LA-
CCRNE. Qui devinent, ains qu'il puist avenir, Les
biens d'amour, Diex les puist maleîr, Coud, xrx.
|| xm" s..... On devine plus sovent De çou [ce] c'on
a miilior talent [qu'on désire le mieux], Poésies mss.
t. ni, p. 4026, dans LACORRE. On va jà dieuautc'on
veut faire abeesse De le [la] feme Alissandre, ie [la]
suer dame mairesse, Por çou [ce] qu'en li n'a point
ne barat ne cafarde, ib. t. iv, p. 4333. Onkes cres-
tienté rie rechut si grant damage comme elle reche-
vrahuicest jour, si comme mes cuers le me devine,
Chr. de Rains, 205. Dont [elles] sorent bien, sans
deviner, Le terme de lor enfanter, FI. et Bl. 4 64.
|| xive s. Il semble que tous ceulz qui diffinissent
vertu divinent ou sentent aucunement que vertu est
tel habit qui est selon prudence, ORESHE, Elh. 489.
|| xvie s. Les âmes, dans le .sommeil, divinent, pro-
gnostiquent et voyent des ciioses que.... MONT, H,
269, C'est à deviner, si la constance s'y feust trou-
vée, ID. n, 384. Celuy qui n'a pas remply sa force,
il vous laisse [à] deviner s'il a encores de la force au
delà, ID. rv, 48. L'art de deviner les choses à ad-
venir, AMYOT, Nicias et Crass. 8. Où sont les trépieds
de Clare, Les devinoirs dePatare, Où tu devines de
loing? BAÏP, OEuvres, f° 28, dansLACURNE.
— ÈTYM. Devin; bourguig. devenay; provenç. de-
vinar; anc. espagn. divinar; ital. divïnare. On re-
marquera l'ancienne forme dieuer.
DEVINERESSE (de-vi-ne-rè-s'), s. f. VOy. DEVI-
NEUR;
DEVINEUR, BRESSE (de-vi-neur, ne-rè-s')* s.
m. et f. ])i° Celui, celle qui a la prétention de de-
viner. Quûîqu'ignorante à vingt et deux carats, Et
logée en un galetas, Une devineresse avait empli sa
bourse, XA ÏONT. Fabl. vu, 45. Jeanne d'Arc fut
qualifiée de superstitieuse, devineresse du diable,
VOLT. Moeurs, 80. l|Ilya aussi le féminin devineuse.
Chez la devineuse on courait Pour se faire annon-
cer ce que l'on désirait, LA PONT. Fabl. vu, 46.
|| 2° Fig. et familièrement, celui qui juge par voie
de conjecture. Quel devineur! || En ce sens, le fé-
minin est devineuse, non devineresse. On dira aussi
une devineuse, non une devineresse, en parlant de
charades, d'énigmes, etc,
— HIST, an' s. Car il sont bon devineour Tout
_ cil qui aiment par amour, FI. etBl. 337. ]| xiv's.
î 'ê .corne feindre estre bon médecin et estre sage di-
* vineeur,ORESME,Etfo. 435.||xvr> s. Sa femme estoit
devineresse, AMYOT, Crois. 14.
DÉV
1137
— ÉTYM. Deviner; bourguig. devignour; provenç.
devinaire, devinador; ital: divinatore. Dans le pro-
vençal devinaire est le nominatif, d'un bas-latin di-
vindtor; devinador est le régime, de divinatôrem;
dans le français les formes parallèles sont devinere
et devincor. Devin ne peut donner devineresse,
mais devineur le donne, comme demandeur, de-
manderesse , chasseur, clmsseresse. Ces noms ont sou-
vent un double féminin : demandeur, demandeuse
et demanderesse.
f DÉVIRAGE (dé-vi-ra-j'), s. m. Terme de ma-
rine. Action de dévirer. || État d'une pièce de bois
dont tous les points d'une même face ne sont pas
situés dans le même plan. Cette pièce a du dévirage.
On dit aussi dévirance.
— ÉTYM. Dévirer.
f DÉVIRER (dé-vi-ré), v. a. Terme de marine.
Détourner un cabestan, pour donner du mou à un
cordage qu'on avait roidi en virant. Dévirer une
manoeuvre, la faire tourner sur son axe dans le sens
opposée son commettage. || Terme de construction
navale. Donner du renflement à des pièces"de bois.
—ÉTYM. Dé.... préfixe, et virer.
t DÉVIRGINER (dé-vir-ji-né), v. a. Latinisme.
Ôter la virginité.
— ÉTYM. Lat. devirginare, de de, et virgo,
vierge.
t DÉVIRGINEUR (dé-vir-ji-neur), s. m. Celui qui
ôte la virginité. On les nommait les trois dévirgi-
neurs, vers cité dans BESCHERELLE. || Adj. [le merle
blanc] Comme il parlait, entre dans la cuisine, Et le
vieillard saisit sa carabine Pour ajuster l'oiseau dé-
virgineur, BAOUR-LORMIAN, dans BESCHERELLE.
t DÉVIROLAGE (dé-vi-ro-la-j') ou DÉVIROLE-
MENT (dè-vi-ro-le-man), s. m. Action de déviroler
les pièces nouvellement frappées.
+ DÉVIROLER (dé-vi-ro-ié), v. a. Retirer delà
virole les flans qui ont été frappés par le coin.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et virole.
DEVIS (de-vi; l's se lie : un de-vi-z important),
s. m. || Ie Description des travaux qu'on doit exécu-
ter pourlaconstructiond'unbâtiment, avecl'estima-
tion des dépenses. Faire un devis. Les dépenses vont
presque toujours au delà des devis. || Terme de ju-
risprudence. Devis et marché, acte par lequel sont
réglés la forme, le poids, la mesure, là quantité,
la quotité et le prix d'un ouvrage, et les obligations
respectives de celui qui fait faire l'ouvrage et de ce-
lui qui l'entreprend. || 2° Menus propos, entretien
familier. De joyeux devis. Qui plus suffisamment
entrant sur le devis, RÉGNIER, Sut. x. Un jour qu'ils
étaient en devis, LA FONT. Rich. Tuez-vous donc vite ;
ah! que de longs devis, MOL. VÉt. ri, 7.
— HIST. xne s. Car j'ai esté longtemps à son de-
vis [à son service], Et serai mais tant coin je serai
vis [vivant], Coud, p. 424. Or est l'amors conette
et provée; D'oren avant [je] serai à vos devis, QUES-
KES, Romancero, p. 407. Herupois sont mandé pour
voir le vos devis, Sam. xxiv. Nous en ferons justice
tout à nostre devis, ib. xxvi. || xine s. Trop par fu
bien fet le chastel, Onques nus hons ne vit si bel,
Or vos en ferai le devis [la description], Ren. 24 999
Qui autel vie avoir porroit, De mieudre bien se sof-
ferroit [se passerait], Qu'il n'est nul greignor para-
dis Qu'avoir amie à son devis, la Rose, 4 308. Ce ne
pot estre fet ne par devis ne par testament, BEAUM.
LXX, 8. Et estoit contenus en son testament, que ses
devis fust paies de ses cozes, ID. xn, 2. || xve s. Après
cesdevis [propos] jeprins congé d'eux, COMM. VHI,7.
Il oyoit les bous devis [propos] qui à cette cause se
faisoient, LOUIS XI, Nouv. Lxxm. Assez s'en dou-
tait, attendu le regard, devis et esbattement qu'il
avoit vu entre eux deux, ID. ib. LXXVI. || xvr s. Oc-
troyez moi de funder une abbaye à mon deviz [à mon
gré], RAB. Gar. I, 62. Sa leçon se fera tantost par
devis [causerie], tantost par livre, MONT.î, 474. Je
choisirois plus tost de sçavoir auvray les devis qu'il
tenoit en sa tente à quelqu'un de ses privez amis, la
veille d'une bataille, que les propos qu'il teint le
lendemain à son armée, ID. n, 407. De bons et
graves devis, AMYOT, Lyc. 4 9. Quant à l'Odéon, on
dit que Pericles en bailla le devis et l'ordonnance,
ID. Péricl. 29. La maçonnerye cy après declairée,
selon le divis et ordonnance à eulx faicte par le dit
maistre maçon, Marché fait, Bibl. de l'Ecole des
Chartes, 4« série, t. ni, p. 63.
— ÉTYM. Provenç. devis ; ital. divisa ; du latin di~
visum, divisé : proprement, chose divisée, division,
de là choix, gré, propos.
DÉVISAGÉ, ÉE (dé-vi-za-jé, jée), part, passé.
Dévisagé à coups d'ongles.
DÉVISAGER (dè-vi-za-jé. Le g prend un e devant
a et o: nous dévisageons, je dévisageais), v. a.
I. — 143
des savants devins entendu la réponse, ID. ib. m, o. .
Neconsultez point les devins, de peur de vous souiller i
en vous adressant a eux, SACI, Bible, Lévit. xrx, 34.
Il envoya des ambassadeurs à Balaam, fils de Beor,
qui était un devin et qui demeurait près du fleuve
du pays des enfants d'Ammon, ID. ib. Nomb. XXII,
B.lJFig. Je ne suis pas devin, c'est-à-dire je ne
pouvais prévoir cela, et aussi je ne comprends pas ce
qu'on veut dire. || Pour le féminin devineresse, plus
usité que devine, voy. DEVINEUR. || 2° Le devin, ou,
adjectivement, le serpent devin, un des noms vul-
gaires du boa constricteur (ophidiens). || Nom de
plusieurs espèces d'insectes du genre mante (ortho-
ptères). || Proverbe. Il ne faut pas aller au devin pour
en être instruit, se dit en parlant d'une chose qui
est assez connue.
— SYN. DEVIN, PROPHÈTE. Le prophète prédit ce
qui doit arriver, grâce à des communications sur-
naturelles qu'il a avec la divinité. Le devin,qui non-
seulement prédit l'avenir, mais encore découvre ce
qui est caché, doit sa prétendue connaissance aux
sciences occultes et à tous les procédés divinatoires
qu'a imaginés la superstition ou la supercherie.
— HIST. xme s. Seignor, ce dient li devin, Il est
escrit en parchemin Que cil a sovent mau matin Qui
près de lui a mau voisin, Ren. 7383. Si sunt devin
qui vont par terre, Quant il preeschent por acquerre
Honors ou grâces, ou richeces.... la Rose, 54 4 7.
|| xve s. Donc il est devin? dis-je, ou il a des mes-
sagers qui chevauchent de nuit avecque le vent?
FBOISS. il, ni, 22. Sans aller parler au devin, L'ung
prist ce pasté de façon, L'autre emporta ung broc
de vin, VILLON, Repue de ttontfaucon. || xvie s. Cer-
tains pronostiqueurs et faulx devins l'avoient abusé
de vaine espérance, AMYOT, Cice'ron, 20. Poètes,
peintres, pelegrins, à faire et dire valent devins,
GENIN, Récréât, t. u, p. 247. Par la dislocation que
les passions apportent à nostre raison, nous deve-
nons vertueux; par son exstirpation, que la fureur
ou l'image de la mort apporte, nous devenons pro-
phètes et devins, MONT, II, 327. ^
— ÉTYM. Provenç. devin, devi, devin ; devina,
devineresse; anc. espagn. devino; du latin divinus,
celui qui a des clartés divines, surhumaines (voy.
DIVIN).
iJEVINABLE (de-vi-aa-W), adj. Qu'on peut de-
viner, facile à deviner»
, — ÉTYM. Deviner.
f DEVINAILLE (dé-vi-nâ-11', U mouillées), s. f.
Art ou profession de devin. Il faut en devinaille être
maître Gonin, RÉGNIER, Sat. x. || Terme vieilli et
qui ne se dirait plus qu'en plaisantant ou pour railler.
— HIST. xue s. La gent Herbert ne sont mie fra-
paille; Il t'ociront, c'en est la devinaille, Raoul de
- C. 43. || xmes. Renart respottt : C'est devinaille, Bien
verron à îa definaille, Lequel que soit plus deceû,
Ren. 4 4885.
ÈTYM. Lat. divinacula, xà («evTEÏa, dans un texte
duVIe siècle; voy. fiée, «rtitçue, 2§ mai 4870, p. 346,
DEVINE, ÉE(de-vi-né, née), part.passé. ]| 1° Dé-
couvert par l'art du devin. Un événement deviné
et prédit fortuitement. || 2° Pénétré par le raison-
nement. Un secret deviné. Des desseins devinés et
traversés. || 8° Dont on trouve le mot. Une énigme
devinée.
t DEVINEMENT (de-vi-ne-man), s. ro. AGtion de
deviner.
— HIST. XJI" s. Purço comandad Saul que l'om li
quesist une femme qui seùst de sorcerie, que par
son devinement seùst corne la bataille se pren-
dreit, lîoi's, p. 409. ||xvr» s. C'est une bien grande
folie, si leur devinement les trompa, de recourir à
la fortune, CALv.Instit.ua. Devinemens, arts ma-
giques, necromantie, ID. ib. 816.
— ÉTYM. Deviner; provenç. devinamen, avec le
sens de médisance ; ital. divinamento.
DEVINER (de-vi-né),». o. |) 1" Découvrir par des
procédés surnaturels ce qui est caché dans le passé,
le présent ou l'avenir. Le devin ne put deviner où
le trésor était caché, ni quel avait été le voleur.
|| Absolument. Pratiquer l'art de deviner. Un homme
qui se mêle de deviner, PASC. Prov. s. La coupe que
vous avez dérobée est celle dans laquelle mon sei-
gneur boit, et dont il se sert pour deviner, SACI,
Bible, Genèse, XLIV, B. || 2° Par extension, inter-
prêter, discerner par voie de conjecture. Il reconnut
ou devina votre écriture en voyant le dessus, et-je
ne niai pas que c'en fût, VOIT. Lett. 23. Je reviens à
Pompée, et pense deviner Quels motifs jusqu'ici peu-
vent nous l'amener, CORN. Sertor. i, 2. Je conriaïç.
tes détours et devine tes ruses, ID. le Ment. n,Jp
Les politiques ne se mêlent plus de deviner ses des-
seins [de Louis XIV] ; quand il marche, tout se croit
DIGT. DE LA LANGUE FRANÇAISE.
DEY
également menaûé, BOSS. ' Marie-TIiér. Apprends
qu'on devine Dans ces rustiques lieux ton illustre
origine, VOÏT, Scythes, i, 3. On n'avait jamais fait en
France de dénombrement [sous Charles IX] ; on était
trop ignorant pour soupçonner seulement qu'on pût
deviner lenombre des habitants par celui des naissan-
cesetdesmorts,iD.Z>io!,xxiv, i"en1r. Exemple re-
marquable des erreurs auxquelles on s'expose en
cherchant à deviner les lois de la nature par les
vues qu'on lui suppose, LAPLACE, Expos.m, 6. || Ab-
solument. Quoi que vous me cachiez, aisément je
devine, coRN.iîodofl'. i, B. Devine si tu peux, et choi-
sis si tu l'oses, ID. Héracl. iv, 6. Qui devine est
souvent sujet à se méprendre, ID. Suréna, iv, ?.
|| 3° Trouver le mot. Deviner une énigme, une cha-
rade, un logogriphe. || C'est une énigme à deviner,
se dit de ce qui est obscur. ]| Je vous le donne à de-
viner en dix, en cent, se dit d'une chose tout à fait
inattendue, improbable, et que la personne à qui
l'on parle ne s'imaginera sans doute jamais. || Fami-
lièrement. U faut toujours le deviner, se dit de quel-
qu'un qui parle ou écrit avec obscurité. || Devinez
le reste, c'est-à-dire ce qu'il reste à vous apprendre
peut se conjecturer sans peine. || On dit dans un sens
analogue, vous devinez le reste. || Je vous le laisse à
deviner, vous n'aurez aucune peine à deviner de
qui ou de quoi il s'agit. Je ne connais au monde
qu'un seul homme qui, arrivant en ce moment à
Paris, eût partagé avec M. de Voltaire l'enthousiasme
et l'admiration publique, et cet homme, sire, je vous
le laisse à deviner, D'ALEMB. Lett. au roi de Prusse,*
4" juillet 4 778. || Deviner les fêtes quand elles sont
venues, dire des choses que tout le monde sait.
|| 4° Se deviner, v. ri fi. Être deviné. Cela se devine
aisément. (| Se pressentir l'un l'autre. Ces deux
âmes s'étaient devinées. Les mêmes mots sont ra-
rement synonymes d'eux-mêmes; ils présentent di-
vers sens selon qu'on les applique; on se devine
plus qu'on ne s'entend dans la conversation, TUR-
GOT, Ébauche du 2e dise. Progrès de l'esprit hu-
main, p. 259.
— HIST. xn" s. Vos prouesses, vos bonnes mains
Ont deux fois vaincu les Romains, Et sachiez que
mes cuer devine Que encore hui les vainquerqis
[vaincrez], Roman du Brut, ms. f° 94, dans LA-
CCRNE. Qui devinent, ains qu'il puist avenir, Les
biens d'amour, Diex les puist maleîr, Coud, xrx.
|| xm" s..... On devine plus sovent De çou [ce] c'on
a miilior talent [qu'on désire le mieux], Poésies mss.
t. ni, p. 4026, dans LACORRE. On va jà dieuautc'on
veut faire abeesse De le [la] feme Alissandre, ie [la]
suer dame mairesse, Por çou [ce] qu'en li n'a point
ne barat ne cafarde, ib. t. iv, p. 4333. Onkes cres-
tienté rie rechut si grant damage comme elle reche-
vrahuicest jour, si comme mes cuers le me devine,
Chr. de Rains, 205. Dont [elles] sorent bien, sans
deviner, Le terme de lor enfanter, FI. et Bl. 4 64.
|| xive s. Il semble que tous ceulz qui diffinissent
vertu divinent ou sentent aucunement que vertu est
tel habit qui est selon prudence, ORESHE, Elh. 489.
|| xvie s. Les âmes, dans le .sommeil, divinent, pro-
gnostiquent et voyent des ciioses que.... MONT, H,
269, C'est à deviner, si la constance s'y feust trou-
vée, ID. n, 384. Celuy qui n'a pas remply sa force,
il vous laisse [à] deviner s'il a encores de la force au
delà, ID. rv, 48. L'art de deviner les choses à ad-
venir, AMYOT, Nicias et Crass. 8. Où sont les trépieds
de Clare, Les devinoirs dePatare, Où tu devines de
loing? BAÏP, OEuvres, f° 28, dansLACURNE.
— ÈTYM. Devin; bourguig. devenay; provenç. de-
vinar; anc. espagn. divinar; ital. divïnare. On re-
marquera l'ancienne forme dieuer.
DEVINERESSE (de-vi-ne-rè-s'), s. f. VOy. DEVI-
NEUR;
DEVINEUR, BRESSE (de-vi-neur, ne-rè-s')* s.
m. et f. ])i° Celui, celle qui a la prétention de de-
viner. Quûîqu'ignorante à vingt et deux carats, Et
logée en un galetas, Une devineresse avait empli sa
bourse, XA ÏONT. Fabl. vu, 45. Jeanne d'Arc fut
qualifiée de superstitieuse, devineresse du diable,
VOLT. Moeurs, 80. l|Ilya aussi le féminin devineuse.
Chez la devineuse on courait Pour se faire annon-
cer ce que l'on désirait, LA PONT. Fabl. vu, 46.
|| 2° Fig. et familièrement, celui qui juge par voie
de conjecture. Quel devineur! || En ce sens, le fé-
minin est devineuse, non devineresse. On dira aussi
une devineuse, non une devineresse, en parlant de
charades, d'énigmes, etc,
— HIST, an' s. Car il sont bon devineour Tout
_ cil qui aiment par amour, FI. etBl. 337. ]| xiv's.
î 'ê .corne feindre estre bon médecin et estre sage di-
* vineeur,ORESME,Etfo. 435.||xvr> s. Sa femme estoit
devineresse, AMYOT, Crois. 14.
DÉV
1137
— ÉTYM. Deviner; bourguig. devignour; provenç.
devinaire, devinador; ital: divinatore. Dans le pro-
vençal devinaire est le nominatif, d'un bas-latin di-
vindtor; devinador est le régime, de divinatôrem;
dans le français les formes parallèles sont devinere
et devincor. Devin ne peut donner devineresse,
mais devineur le donne, comme demandeur, de-
manderesse , chasseur, clmsseresse. Ces noms ont sou-
vent un double féminin : demandeur, demandeuse
et demanderesse.
f DÉVIRAGE (dé-vi-ra-j'), s. m. Terme de ma-
rine. Action de dévirer. || État d'une pièce de bois
dont tous les points d'une même face ne sont pas
situés dans le même plan. Cette pièce a du dévirage.
On dit aussi dévirance.
— ÉTYM. Dévirer.
f DÉVIRER (dé-vi-ré), v. a. Terme de marine.
Détourner un cabestan, pour donner du mou à un
cordage qu'on avait roidi en virant. Dévirer une
manoeuvre, la faire tourner sur son axe dans le sens
opposée son commettage. || Terme de construction
navale. Donner du renflement à des pièces"de bois.
—ÉTYM. Dé.... préfixe, et virer.
t DÉVIRGINER (dé-vir-ji-né), v. a. Latinisme.
Ôter la virginité.
— ÉTYM. Lat. devirginare, de de, et virgo,
vierge.
t DÉVIRGINEUR (dé-vir-ji-neur), s. m. Celui qui
ôte la virginité. On les nommait les trois dévirgi-
neurs, vers cité dans BESCHERELLE. || Adj. [le merle
blanc] Comme il parlait, entre dans la cuisine, Et le
vieillard saisit sa carabine Pour ajuster l'oiseau dé-
virgineur, BAOUR-LORMIAN, dans BESCHERELLE.
t DÉVIROLAGE (dé-vi-ro-la-j') ou DÉVIROLE-
MENT (dè-vi-ro-le-man), s. m. Action de déviroler
les pièces nouvellement frappées.
+ DÉVIROLER (dé-vi-ro-ié), v. a. Retirer delà
virole les flans qui ont été frappés par le coin.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et virole.
DEVIS (de-vi; l's se lie : un de-vi-z important),
s. m. || Ie Description des travaux qu'on doit exécu-
ter pourlaconstructiond'unbâtiment, avecl'estima-
tion des dépenses. Faire un devis. Les dépenses vont
presque toujours au delà des devis. || Terme de ju-
risprudence. Devis et marché, acte par lequel sont
réglés la forme, le poids, la mesure, là quantité,
la quotité et le prix d'un ouvrage, et les obligations
respectives de celui qui fait faire l'ouvrage et de ce-
lui qui l'entreprend. || 2° Menus propos, entretien
familier. De joyeux devis. Qui plus suffisamment
entrant sur le devis, RÉGNIER, Sut. x. Un jour qu'ils
étaient en devis, LA FONT. Rich. Tuez-vous donc vite ;
ah! que de longs devis, MOL. VÉt. ri, 7.
— HIST. xne s. Car j'ai esté longtemps à son de-
vis [à son service], Et serai mais tant coin je serai
vis [vivant], Coud, p. 424. Or est l'amors conette
et provée; D'oren avant [je] serai à vos devis, QUES-
KES, Romancero, p. 407. Herupois sont mandé pour
voir le vos devis, Sam. xxiv. Nous en ferons justice
tout à nostre devis, ib. xxvi. || xine s. Trop par fu
bien fet le chastel, Onques nus hons ne vit si bel,
Or vos en ferai le devis [la description], Ren. 24 999
Qui autel vie avoir porroit, De mieudre bien se sof-
ferroit [se passerait], Qu'il n'est nul greignor para-
dis Qu'avoir amie à son devis, la Rose, 4 308. Ce ne
pot estre fet ne par devis ne par testament, BEAUM.
LXX, 8. Et estoit contenus en son testament, que ses
devis fust paies de ses cozes, ID. xn, 2. || xve s. Après
cesdevis [propos] jeprins congé d'eux, COMM. VHI,7.
Il oyoit les bous devis [propos] qui à cette cause se
faisoient, LOUIS XI, Nouv. Lxxm. Assez s'en dou-
tait, attendu le regard, devis et esbattement qu'il
avoit vu entre eux deux, ID. ib. LXXVI. || xvr s. Oc-
troyez moi de funder une abbaye à mon deviz [à mon
gré], RAB. Gar. I, 62. Sa leçon se fera tantost par
devis [causerie], tantost par livre, MONT.î, 474. Je
choisirois plus tost de sçavoir auvray les devis qu'il
tenoit en sa tente à quelqu'un de ses privez amis, la
veille d'une bataille, que les propos qu'il teint le
lendemain à son armée, ID. n, 407. De bons et
graves devis, AMYOT, Lyc. 4 9. Quant à l'Odéon, on
dit que Pericles en bailla le devis et l'ordonnance,
ID. Péricl. 29. La maçonnerye cy après declairée,
selon le divis et ordonnance à eulx faicte par le dit
maistre maçon, Marché fait, Bibl. de l'Ecole des
Chartes, 4« série, t. ni, p. 63.
— ÉTYM. Provenç. devis ; ital. divisa ; du latin di~
visum, divisé : proprement, chose divisée, division,
de là choix, gré, propos.
DÉVISAGÉ, ÉE (dé-vi-za-jé, jée), part, passé.
Dévisagé à coups d'ongles.
DÉVISAGER (dè-vi-za-jé. Le g prend un e devant
a et o: nous dévisageons, je dévisageais), v. a.
I. — 143
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