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1146 pages
M 06
DES
DÉS
DÉS
fu en grant désir que il puïst venir, Berte, xm. En
la serve [il] avoit mis cuer [coeur] et cor et désir,
ib. Lira. Tant ele ot grant désir de venir à sa fille,
ib. LXXXVII. D'amour et de désir tout li cuers lui es-
prent, ib. ex. Et vont trançant parmi ces rues, Pour
veoir, por estre veûes; Por faire as compaignons
désir De voloir avec eus gésir, la Rose, 9070. || xve s.
Je n'en savoye nul avoir Oui peust contenter mon
désir, Se non quant vous povoye voir, Ma joye,
mon seul souvenir, CH. D'ORL. Bal. 17. Mon cher
dezir, o bouteille m'amie, Secourez-moi, BASSELIN,
XLI. || xvr s. Et s'il luy estoit possible luy mesme y
estre en personne, c'est le plus grand désir que pour
ceste heure il faict, MARG. Lett. 14. J'ay congneude
long temps à vous ung désir au soulagement des sub-
jects du roy si grant, que....iD.ib.l59. Maisdequoy
sert le désirer, Sinon pour l'homme martirer? Le
désir n'est rien que martire, RONS. 471. Désir ne
peut mourir, LE ROUX DE UNCY, Prov. t. n, p. 288.
—* ÉTYM. Voy. DÉSIRER; provenç. dezir, désire;
ital. désire. Désir n'est pas formé du latin deside-
rium, qui avait donné dans l'ancienne langue, à
côté de désir, destrier; c'est un substantif créé par
les langues romanes sur le verbe désirer; former un
substantif sur le verbe est un procédé très-commun
dans les langues vulgaires. L'ancien français disait
aussi desirance.
DÉSIRABLE (dé-zi-ra-bl' ; plusieurs, dit l'Acadé-
mie, écrivent désirable et prononcent de-zi-ra-bl'),
adj. Oui mérite d'être désiré, ô désirable fin de leurs
peines passées, MALH. I, 4. Elle ne peut laisser ce lieu
tant désirable, VOIT, dans RICHELET. Je te vois at-
tendue à ce port désirable, ROTR. St Gen.va, 7. Etat
oublié parmi nous où la viduité est regardée, non
plus comme un état de désolation, car ces mots ne
sont plus connus, mais comme un état désirable où,
affranchi de tout joug, on n'a plus à contenter que
soi-même, BOSS. Anne de Gonts. Il serait désirable
pour le plaisir des honnêtes gens et pour la ven-
geance publique qu'un coquin ne le fût pas au point
d'être privé de tout sentiment, LA BRUY. XI Un
bien si désirable Est trop prompt et trop grand pour
être vraisemblable, VOLT. Triumv. n, 2.
— HJST. xive s. Delettacion est désirable et plaist,
ORESME, Eth. 98. Désirable chose, c'est estre sain,
m. t'b. 20. || xvie s. Je ne vous souhaiteray rien Des
dons que les cieux favorables Font aux dames plus
désirables, ST-GEL. 224.
— ÉTYM. Désirer.
t DÉSIRANT, ANTE (dé-zi-ran, ran-t'), adj. Qui
désire. Les saintes âmes que Dieu purifie sont dési-
rantes, BOSS. Lett. Corn. 163.
DÉSIRÉ, ÉE (dé-zi-ré, rée; plusieurs, dit l'Aca-
démie, prononcent de-zi-ré, rée), pari, passé. Peut-
être, nous touchons au moment désiré, CORN. Sert.
ni, 4. Commander est bon; être riche est bon; et
ces bonnes choses, mal prises et mal désirées, font
néanmoins tout le mal du monde, BOSS. Libre arb.t l
|| Louis le Désiré, surnom donné à Louis XVIII, à
cause du désir de le revoir qu'avaient eu si long-
temps et en vain ses partisans, et du désir de paix
que la France éprouvait après les longues guerres
de l'Empire. || Substantivement. Le désiré des na-
tions [le Messie] était venu, BOSS. Hist.u, 7.
DÉSIRER (dé-zi-ré; plusieurs, dit l'Académie,
écriventdesireretprononcentde-zi-ré),i;.o. || l°Avoir
désir de quelque chose. Il désirait de combattre
avec sa cavalerie, VAUGEL. Q. C. ni, 21. Pour ce
qui est de moi, je désire seulement d'avoir bientôt
l'honneur de vous voir, VOIT. Lett. 35. Quatre Ma-
thusalem bout à bout ne pourraient Mettre à fin ce
qu'un seul désire, LA FONT. Fabl. vm, 26. ô femme,
votre foi est grande ; qu'il vous soit fait comme vous
le désirez, SACI, Bible, Év. St Malh. xv, 28. Et les
choses que nous désirons, désirons-les peu, non-
seulement parce qu'elles ne méritent pas d'être au-
trement désirées, mais parce que, les désirant beau-
coup, elles deviennent le sujet de mille peines,
BOURD. Pensées, t. i, p. 379. Nous ne demandons
que faiblement le royaume de Dieu que nous ne dé-
sirons pas avec affection, FLÊCH. Serm. n, 147.
Phédime, au nom des dieux, fais ce que je dés^-e,
RAC. Mithr. rv, 1. Voilà ce que vous désirez de sa-
voir, FÉN. Tél. x. Il y a de certains biens que l'on
désire avec emportement et dont l'idée seule nous
enlève et nous transporte, LA BROY. XI. On ne peut
désirer ce qu'on ne connaît pas, VOLT. Zaïre, i, 1.
|| Familièrement. Se faire désirer, ne pas se rendre
a l'empressement que les autres ont de nous voir.
|| Ne laisser rien à désirer, être achevé, parfait en son
genre. Voyant ma Galiste si belle Que l'on n'y peut
rien désirer, MALH. iv, 10. La débauche lapins im-
modérée laisse quelque chose à désirer au dérègle-
ment des sens, MASS.Carême, Prod. \\Dans le sens
contraire. Il y a quelque chose,beaucoup de choses à
désirer; c'est-à-dire il y a quelque défaut, beaucoup
de défauts. \, 2 Absolument. L'homme désire sans
cesse. Lorsqu'on désire, on se rend à discrétion à
celui de qui on espère, LA BRUT. XI. La vie est courte
et ennuyeuse, elle se passe toute à désirer, ID. ib.
L'âme se lassera enfin de désirer, et elle tombera
dans une sorte d'inaction, BONNET, ESS. analyt.
âme, ch. 17. || 3" Souhaiter. Je vous désire toutes
sortes de prospérités. Il est à désirer qu'il réussisse.
Je vous désire tout ce que je vois de beau, VOIT.
Lett. 1 28. C'est le bien qu'à tous deux Polyeucte
désire, CORN. Polyeucte, IV, 4. || 4° Convoiter.
Vous ne désirerez point la femme de votre prochain,
ni sa maison, ni son champ, ni son serviteur, ni
sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni aucune
chose qui lui appartienne, SACI, Bible, Deutéron.
y, 2<. c'est un vilain amant qu'un homme qui vous
désire plus qu'il ne vous aime, MARIVAUX, Ma-
rianne,iIB part. || 5e Se désirer, v. réfl. Avoir du
désir l'un pour l'autre: Ces deux personnes.se dési-
rent sans cesse. || Être désiré. De tels biens se dé-
sirent justement.
— REM. 1. Désirer avec que gouverne le subjonc-
tif: je désire que vous partiez. || 2. L'Académie es-
saye d'établir une distinction entre désirer suivi
d'un infinitif avec ou sans de, disant qu'avec de cela
exprime un désir dont l'accomplissement est incer-
tain, éloigné, difficile : il désire de réussir; et sans
de un désir dont l'accomplissement est prochain,
facile, dépendant de la volonté: il désire vous par-
ler. Mais l'usage réel ne fait aucune différence.
Autrefois on disait aussi désirer d,-voy. l'historique.
— HIST. XIe s. Sire Alexis, tans jurs t'ai desirret,
Si Alexis, xcv. Ententivement se purpensent cil qui
les jugemens ont à faire, que si jugent com si dési-
rent quant il dient : dimilte nobis débita nostra,
Lois de Guill. 41. Comme il le vit, à ferir le [il] de-
sire, Ch. de Roi. exil. || xiie s. D'aler en l'aive [eau]
estoit moût désirant, Ronc. p. 100. La mort me
vient, que tant ai désirée, t'6. p. 176. J'aim et de-
sir ce qui de moi n'a cure; Las! que en puis-je ?
Amor le me fait faire, Couci, p. 125. Et la chair
vaincre et plagier Qui tousjours est de péché desi-
rans, QUESNES, Romancero, p. 96. Deus ne li volt
[voulut] encore duner le fruit desired de sun ven-
tre, Rois, 2. K.ar les tuens comandemenz je desi-
rowe [désirais], Liber psalm. p. 194. || xrae s. Et
arbrissel désirent qu'il fussent parfleuri, Berte, I.
Pour sa fille Bertain qu'el [elle] désire veoir, ib.
LXV. Pour ce que longuement [elle] vous avoit dési-
rée, ib. LXXXII. Requis avons ma dame de cuer très
désirant, ib. cvu. [Qui les vît] Bien deïst que ce fust
joie de desirier, ib. cxxix. Ce n'estoit pas merveille
se on la [Berte] desiroit, ib. cxxxv. Et li rois Fer-
rans h remanda qu'il l'auroit volentiers, et moult
en estoit desirans, Chron. de Rains, p. 76. Et s'il
vient que li cas désire qu'elles soient mises en pri-
son, BEAUM. 41. En tele manière qu'il soit seUrs de
le [la] partie d'avoir son salaire, selonc ce que le [la]
jornée désire, m. v, 19. || xve s. Si venoient souvent
les compagnons qui desiroient les armes'et leurs
corps à avancer, escarmoucher aux barrières, FROISS.
II, n, 3. Pour combattre aux Escots qu'ils desiroient
moult à trouver, ID. i, 1, S8. La connoissance en
vint au gentil comte Guy de Blois, comment Bre-
tons, Bourguignons et autres gens qui ne desiroient
que pillage, menaçoient le bon pays de Hainaut, ID.
n, n, loi. [Le roi d'Angleterre en débarquant en
Normandie tombe; ses chevaliers l'engagent à dif-
férer son débarquement] Pourquoi [répond le roi]?
mais est un très bon signe pour moi, car la terre
me désire, ID. I, I, 266. Nul ne desiroit plus de com-
battre, COMM. 1,4. Il desiroit à la prendre d'assault,
ID. m, 10. || xvi" s. Sans point de faute un bien fort
retiré Est d'un chascun beaucoup plus désiré, ST-
GEL. 201. Je ne vous en diray plus pour ceste heure,
sinon que je prie nostre seigneur vous donner l'aise
que vous désire vostre etc. MARG. Lett. 2. Madame
m'a dict qu'elle désire merveilleusement à vous
voir en ce lieu, ID. ib. n. C'est une vertu et suffi-
sance qui ne laisse rien à désirer de soy, ID. ni,
194. Secourans l'un l'autre au besoin, de nos vies
et moiens, comme l'occasion le désirera, en toutte
diligence et promptitude, D'AUB. Hist. il, 226. Hz
crioient qu'ilz ne vouloient la guerre qu'aux Ro-
mains, et au demourant desiroient d'estre amis de
tout le monde, AMYOT, Cam. 30. Nous ne sommes
pas tousjours incitez à désirer faire ce que nous
trouvons bien fait, ID. Perte. 1. Ayant nouvelles que
Antigonus estoit mort, de manière que les affaires
le desiroient et l'appelloient, ID. Agis, et Cléom. 67.
Et l'homme mort est bienheureux: Heureux qui
plus rien ne désire, RONS. 471. Mais de quoy sert La
désirer, Sinon pour l'homme martirer? Le désir n'est
rien que martire, ro. ib. Coeur qui soupire n'a pas ce
qu'il désire, LEROUX DE LINCY, Prov. t. il, p. 178. Ne
prends pas tout ce que tu desires, m. t'b. p. 354.
— ÉTYM. Provenç. desirar; catal. desitjar; es-
pagn. desear; portug. desejar; ital. desiare; du la-
tin desiderare.
t DÉSIREUR (dé-zi-reur), s. m. Néologisme. Ce-
lui qui désire. Caligula et Néron, ces grands cher-
cheurs de trésors, ces désireursdel'impossible, ALEX.
DUMAS. ■
DÉSIREUX, EDSE (dé-zi-reû, reû-z'; plusieurs,
dit l'Académie, écrivent désireux et prononcent de-
zi - reû, reû-z'), adj. Qui désire avec ardeur. Ce prince
désireux d'en apprendre davantage, VAUGEL. Q. C.
dans BOUHOURS, Neuv. rem. Les soldats désireux de
savoir, ID. ib. Il était désireux d'étendre davantage
ses conquêtes, ID. ib. liv. x, dans RICHELET. Il est
désireux de son salut, Lettres de St Augustin, dans
RICHELET. Je suis si peu désireuse de briller dans
votre cour de Provence.... SÉV. Lett. 18 mars 1672.
— REM. Bouhours, Nouv. rem. dit que désireux
a fort vieilli et que ceux qui écrivent poliment ne
s'en servent point. Depuis Bouhours, désireux s'est
rajeuni et il est en plein usage.
— HIST. xie s. Ainz que t'vedisse, si'n fui mult
desirruse, St Alexis, xcn. || XIII" s. Qui aime sans
tricherie Ne pense n'a trois n'a dous [deux]; D'une
seule est desierrous, Poésies mss. du Vatican, dans
LACURNE. Il xvi' s. Désireux d'ouïr et d'apprendre;
AMYOT, Solon, 62. Renommée dont ils doivent estra
plus désireux que de la conservation de leur propre
vie, in. Moral. Épît. p. n. Content ne vit le dé-
sireux, BONS. 471. 0 heureuse nouvelle, o désireux
[désiré] rapport De la santé de qui la maladie Estoit
fin de plus d'une vie, ST-GEL. 177. Ils estoient plus
désireux de grande que de bonne réputation, MONT.
m, 22.
— ÉTYM. Désir; provenç. deziros; catal. desitjos;
espagn. deseoso ; portug. desejoso ; ital. desideroso.
DÉSISTEMENT (dé-zi-ste-man), s. m. || 1° Terme
de jurisprudence. Action de se désister. Désiste-
ment verbal, écrit. || 2e Acte par lequel on se dé-
siste. Faire son désistement. Donner un désistement
Il faudra saisir aux fermes générales sans difficulté
et né donner son désistement que quand il aura payé
touteequ'ildoit, VOLT.Lett.Dutertre, 18 janv. 1777.
— HIST. xvi" s. Vous redoutiez dans la conduite
de cette affaire les desistemens du roi, SULLY, dans
le Dict. de DOCHEZ.
— ÉTYM. Désister.
DÉSISTER (SE) (dé-zi-sté), v. réfl. || Ie Terme de
jurisprudence. Renoncer à une poursuite. Se désis-
ter d'une plainte, d'une demande, d'un appel. Il Dans
le langage général, renoncer, se départir. Se dé-
sister de ses prétentions. || 2" Désister, v. n. Re-
noncera,çesserde Va-t'en donc et désiste De plus
m'offrir une aide à mériter Caliste, CORN. Clit. i, 2.
[] Vieilli en cet emploi, qui était celui du xvie siècle.
— HIST. xive s. Je vous conseille que vous vous
désistez de boire ou mangier à nuit ou vespre, Mêi
nagier, i, 3. Et pour ce qu'ils ne voudrent désister
des choses qu'ils faisoient, ne encliner à nostre re-
queste, nos gens se départirent d'euls, Lettre de
Marcel, prévôt de Paris, dans Hist. litt. de la Fr.
t. xxiv, p. 428. || xve s. Quand le mareschal vit que
les Pisans ne se vouloient désister de la mauvaise
volonté que ils avoient vers leur seigneur, Bouciq,
part, m, ch. 6. D'en plus parler je me désiste; Ce
monde n'est qu'abusion ; Il n'est qui contre mort ré-
siste Ne qui trouve provision, VILLON, Ballade dé
seigneurs du temps jadis. || xvi" s. Le nom et tiltre
de vostre alliance entendu, ont soudain désisté de
leurs entreprises, RAB. Gar. i, 31. Lors Panurge
désista pourter le hault de ses chausses, -ro. Panti
m, 7. Désistez doneques vous esbahyr de ce nou-
veau mien accoustrement, ID. ib. C'est une faculté de
raison et volonté, par laquelle on élit le bien, quand
la grâce de Dieu assiste, et le mal, quand icelle
désiste, CALV. Instit. 184. Quand l'homme voyant
qu'il fait mal, ne désiste pas pourtant, mais pour*
suit, ID. ib. 201. Qui empeschera que celui qui aura
fait un voeu par ignorance, ayanteognu son erreur^
désiste de le garder? ID. ib. 1026. Socrates ne désista
cette hardie entreprinse, qu'à la remonstrance de
Theramene mesme, MONT, IV, £98. 1} désista d'aller
aux banquets où l'on le convioit, AMYOT, Péric. \1.
Elle usoit d'une instance véhémente et pressante,
qui ne desistoit jamais qu'elle ne fust venue à ehel
de son entreprise, ID. Brutus, 6, ■'
■'—r ÉTYM. Provenç. et espagn. desistir; ital. desiV
DES
DÉS
DÉS
fu en grant désir que il puïst venir, Berte, xm. En
la serve [il] avoit mis cuer [coeur] et cor et désir,
ib. Lira. Tant ele ot grant désir de venir à sa fille,
ib. LXXXVII. D'amour et de désir tout li cuers lui es-
prent, ib. ex. Et vont trançant parmi ces rues, Pour
veoir, por estre veûes; Por faire as compaignons
désir De voloir avec eus gésir, la Rose, 9070. || xve s.
Je n'en savoye nul avoir Oui peust contenter mon
désir, Se non quant vous povoye voir, Ma joye,
mon seul souvenir, CH. D'ORL. Bal. 17. Mon cher
dezir, o bouteille m'amie, Secourez-moi, BASSELIN,
XLI. || xvr s. Et s'il luy estoit possible luy mesme y
estre en personne, c'est le plus grand désir que pour
ceste heure il faict, MARG. Lett. 14. J'ay congneude
long temps à vous ung désir au soulagement des sub-
jects du roy si grant, que....iD.ib.l59. Maisdequoy
sert le désirer, Sinon pour l'homme martirer? Le
désir n'est rien que martire, RONS. 471. Désir ne
peut mourir, LE ROUX DE UNCY, Prov. t. n, p. 288.
—* ÉTYM. Voy. DÉSIRER; provenç. dezir, désire;
ital. désire. Désir n'est pas formé du latin deside-
rium, qui avait donné dans l'ancienne langue, à
côté de désir, destrier; c'est un substantif créé par
les langues romanes sur le verbe désirer; former un
substantif sur le verbe est un procédé très-commun
dans les langues vulgaires. L'ancien français disait
aussi desirance.
DÉSIRABLE (dé-zi-ra-bl' ; plusieurs, dit l'Acadé-
mie, écrivent désirable et prononcent de-zi-ra-bl'),
adj. Oui mérite d'être désiré, ô désirable fin de leurs
peines passées, MALH. I, 4. Elle ne peut laisser ce lieu
tant désirable, VOIT, dans RICHELET. Je te vois at-
tendue à ce port désirable, ROTR. St Gen.va, 7. Etat
oublié parmi nous où la viduité est regardée, non
plus comme un état de désolation, car ces mots ne
sont plus connus, mais comme un état désirable où,
affranchi de tout joug, on n'a plus à contenter que
soi-même, BOSS. Anne de Gonts. Il serait désirable
pour le plaisir des honnêtes gens et pour la ven-
geance publique qu'un coquin ne le fût pas au point
d'être privé de tout sentiment, LA BRUY. XI Un
bien si désirable Est trop prompt et trop grand pour
être vraisemblable, VOLT. Triumv. n, 2.
— HJST. xive s. Delettacion est désirable et plaist,
ORESME, Eth. 98. Désirable chose, c'est estre sain,
m. t'b. 20. || xvie s. Je ne vous souhaiteray rien Des
dons que les cieux favorables Font aux dames plus
désirables, ST-GEL. 224.
— ÉTYM. Désirer.
t DÉSIRANT, ANTE (dé-zi-ran, ran-t'), adj. Qui
désire. Les saintes âmes que Dieu purifie sont dési-
rantes, BOSS. Lett. Corn. 163.
DÉSIRÉ, ÉE (dé-zi-ré, rée; plusieurs, dit l'Aca-
démie, prononcent de-zi-ré, rée), pari, passé. Peut-
être, nous touchons au moment désiré, CORN. Sert.
ni, 4. Commander est bon; être riche est bon; et
ces bonnes choses, mal prises et mal désirées, font
néanmoins tout le mal du monde, BOSS. Libre arb.t l
|| Louis le Désiré, surnom donné à Louis XVIII, à
cause du désir de le revoir qu'avaient eu si long-
temps et en vain ses partisans, et du désir de paix
que la France éprouvait après les longues guerres
de l'Empire. || Substantivement. Le désiré des na-
tions [le Messie] était venu, BOSS. Hist.u, 7.
DÉSIRER (dé-zi-ré; plusieurs, dit l'Académie,
écriventdesireretprononcentde-zi-ré),i;.o. || l°Avoir
désir de quelque chose. Il désirait de combattre
avec sa cavalerie, VAUGEL. Q. C. ni, 21. Pour ce
qui est de moi, je désire seulement d'avoir bientôt
l'honneur de vous voir, VOIT. Lett. 35. Quatre Ma-
thusalem bout à bout ne pourraient Mettre à fin ce
qu'un seul désire, LA FONT. Fabl. vm, 26. ô femme,
votre foi est grande ; qu'il vous soit fait comme vous
le désirez, SACI, Bible, Év. St Malh. xv, 28. Et les
choses que nous désirons, désirons-les peu, non-
seulement parce qu'elles ne méritent pas d'être au-
trement désirées, mais parce que, les désirant beau-
coup, elles deviennent le sujet de mille peines,
BOURD. Pensées, t. i, p. 379. Nous ne demandons
que faiblement le royaume de Dieu que nous ne dé-
sirons pas avec affection, FLÊCH. Serm. n, 147.
Phédime, au nom des dieux, fais ce que je dés^-e,
RAC. Mithr. rv, 1. Voilà ce que vous désirez de sa-
voir, FÉN. Tél. x. Il y a de certains biens que l'on
désire avec emportement et dont l'idée seule nous
enlève et nous transporte, LA BROY. XI. On ne peut
désirer ce qu'on ne connaît pas, VOLT. Zaïre, i, 1.
|| Familièrement. Se faire désirer, ne pas se rendre
a l'empressement que les autres ont de nous voir.
|| Ne laisser rien à désirer, être achevé, parfait en son
genre. Voyant ma Galiste si belle Que l'on n'y peut
rien désirer, MALH. iv, 10. La débauche lapins im-
modérée laisse quelque chose à désirer au dérègle-
ment des sens, MASS.Carême, Prod. \\Dans le sens
contraire. Il y a quelque chose,beaucoup de choses à
désirer; c'est-à-dire il y a quelque défaut, beaucoup
de défauts. \, 2 Absolument. L'homme désire sans
cesse. Lorsqu'on désire, on se rend à discrétion à
celui de qui on espère, LA BRUT. XI. La vie est courte
et ennuyeuse, elle se passe toute à désirer, ID. ib.
L'âme se lassera enfin de désirer, et elle tombera
dans une sorte d'inaction, BONNET, ESS. analyt.
âme, ch. 17. || 3" Souhaiter. Je vous désire toutes
sortes de prospérités. Il est à désirer qu'il réussisse.
Je vous désire tout ce que je vois de beau, VOIT.
Lett. 1 28. C'est le bien qu'à tous deux Polyeucte
désire, CORN. Polyeucte, IV, 4. || 4° Convoiter.
Vous ne désirerez point la femme de votre prochain,
ni sa maison, ni son champ, ni son serviteur, ni
sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni aucune
chose qui lui appartienne, SACI, Bible, Deutéron.
y, 2<. c'est un vilain amant qu'un homme qui vous
désire plus qu'il ne vous aime, MARIVAUX, Ma-
rianne,iIB part. || 5e Se désirer, v. réfl. Avoir du
désir l'un pour l'autre: Ces deux personnes.se dési-
rent sans cesse. || Être désiré. De tels biens se dé-
sirent justement.
— REM. 1. Désirer avec que gouverne le subjonc-
tif: je désire que vous partiez. || 2. L'Académie es-
saye d'établir une distinction entre désirer suivi
d'un infinitif avec ou sans de, disant qu'avec de cela
exprime un désir dont l'accomplissement est incer-
tain, éloigné, difficile : il désire de réussir; et sans
de un désir dont l'accomplissement est prochain,
facile, dépendant de la volonté: il désire vous par-
ler. Mais l'usage réel ne fait aucune différence.
Autrefois on disait aussi désirer d,-voy. l'historique.
— HIST. XIe s. Sire Alexis, tans jurs t'ai desirret,
Si Alexis, xcv. Ententivement se purpensent cil qui
les jugemens ont à faire, que si jugent com si dési-
rent quant il dient : dimilte nobis débita nostra,
Lois de Guill. 41. Comme il le vit, à ferir le [il] de-
sire, Ch. de Roi. exil. || xiie s. D'aler en l'aive [eau]
estoit moût désirant, Ronc. p. 100. La mort me
vient, que tant ai désirée, t'6. p. 176. J'aim et de-
sir ce qui de moi n'a cure; Las! que en puis-je ?
Amor le me fait faire, Couci, p. 125. Et la chair
vaincre et plagier Qui tousjours est de péché desi-
rans, QUESNES, Romancero, p. 96. Deus ne li volt
[voulut] encore duner le fruit desired de sun ven-
tre, Rois, 2. K.ar les tuens comandemenz je desi-
rowe [désirais], Liber psalm. p. 194. || xrae s. Et
arbrissel désirent qu'il fussent parfleuri, Berte, I.
Pour sa fille Bertain qu'el [elle] désire veoir, ib.
LXV. Pour ce que longuement [elle] vous avoit dési-
rée, ib. LXXXII. Requis avons ma dame de cuer très
désirant, ib. cvu. [Qui les vît] Bien deïst que ce fust
joie de desirier, ib. cxxix. Ce n'estoit pas merveille
se on la [Berte] desiroit, ib. cxxxv. Et li rois Fer-
rans h remanda qu'il l'auroit volentiers, et moult
en estoit desirans, Chron. de Rains, p. 76. Et s'il
vient que li cas désire qu'elles soient mises en pri-
son, BEAUM. 41. En tele manière qu'il soit seUrs de
le [la] partie d'avoir son salaire, selonc ce que le [la]
jornée désire, m. v, 19. || xve s. Si venoient souvent
les compagnons qui desiroient les armes'et leurs
corps à avancer, escarmoucher aux barrières, FROISS.
II, n, 3. Pour combattre aux Escots qu'ils desiroient
moult à trouver, ID. i, 1, S8. La connoissance en
vint au gentil comte Guy de Blois, comment Bre-
tons, Bourguignons et autres gens qui ne desiroient
que pillage, menaçoient le bon pays de Hainaut, ID.
n, n, loi. [Le roi d'Angleterre en débarquant en
Normandie tombe; ses chevaliers l'engagent à dif-
férer son débarquement] Pourquoi [répond le roi]?
mais est un très bon signe pour moi, car la terre
me désire, ID. I, I, 266. Nul ne desiroit plus de com-
battre, COMM. 1,4. Il desiroit à la prendre d'assault,
ID. m, 10. || xvi" s. Sans point de faute un bien fort
retiré Est d'un chascun beaucoup plus désiré, ST-
GEL. 201. Je ne vous en diray plus pour ceste heure,
sinon que je prie nostre seigneur vous donner l'aise
que vous désire vostre etc. MARG. Lett. 2. Madame
m'a dict qu'elle désire merveilleusement à vous
voir en ce lieu, ID. ib. n. C'est une vertu et suffi-
sance qui ne laisse rien à désirer de soy, ID. ni,
194. Secourans l'un l'autre au besoin, de nos vies
et moiens, comme l'occasion le désirera, en toutte
diligence et promptitude, D'AUB. Hist. il, 226. Hz
crioient qu'ilz ne vouloient la guerre qu'aux Ro-
mains, et au demourant desiroient d'estre amis de
tout le monde, AMYOT, Cam. 30. Nous ne sommes
pas tousjours incitez à désirer faire ce que nous
trouvons bien fait, ID. Perte. 1. Ayant nouvelles que
Antigonus estoit mort, de manière que les affaires
le desiroient et l'appelloient, ID. Agis, et Cléom. 67.
Et l'homme mort est bienheureux: Heureux qui
plus rien ne désire, RONS. 471. Mais de quoy sert La
désirer, Sinon pour l'homme martirer? Le désir n'est
rien que martire, ro. ib. Coeur qui soupire n'a pas ce
qu'il désire, LEROUX DE LINCY, Prov. t. il, p. 178. Ne
prends pas tout ce que tu desires, m. t'b. p. 354.
— ÉTYM. Provenç. desirar; catal. desitjar; es-
pagn. desear; portug. desejar; ital. desiare; du la-
tin desiderare.
t DÉSIREUR (dé-zi-reur), s. m. Néologisme. Ce-
lui qui désire. Caligula et Néron, ces grands cher-
cheurs de trésors, ces désireursdel'impossible, ALEX.
DUMAS. ■
DÉSIREUX, EDSE (dé-zi-reû, reû-z'; plusieurs,
dit l'Académie, écrivent désireux et prononcent de-
zi - reû, reû-z'), adj. Qui désire avec ardeur. Ce prince
désireux d'en apprendre davantage, VAUGEL. Q. C.
dans BOUHOURS, Neuv. rem. Les soldats désireux de
savoir, ID. ib. Il était désireux d'étendre davantage
ses conquêtes, ID. ib. liv. x, dans RICHELET. Il est
désireux de son salut, Lettres de St Augustin, dans
RICHELET. Je suis si peu désireuse de briller dans
votre cour de Provence.... SÉV. Lett. 18 mars 1672.
— REM. Bouhours, Nouv. rem. dit que désireux
a fort vieilli et que ceux qui écrivent poliment ne
s'en servent point. Depuis Bouhours, désireux s'est
rajeuni et il est en plein usage.
— HIST. xie s. Ainz que t'vedisse, si'n fui mult
desirruse, St Alexis, xcn. || XIII" s. Qui aime sans
tricherie Ne pense n'a trois n'a dous [deux]; D'une
seule est desierrous, Poésies mss. du Vatican, dans
LACURNE. Il xvi' s. Désireux d'ouïr et d'apprendre;
AMYOT, Solon, 62. Renommée dont ils doivent estra
plus désireux que de la conservation de leur propre
vie, in. Moral. Épît. p. n. Content ne vit le dé-
sireux, BONS. 471. 0 heureuse nouvelle, o désireux
[désiré] rapport De la santé de qui la maladie Estoit
fin de plus d'une vie, ST-GEL. 177. Ils estoient plus
désireux de grande que de bonne réputation, MONT.
m, 22.
— ÉTYM. Désir; provenç. deziros; catal. desitjos;
espagn. deseoso ; portug. desejoso ; ital. desideroso.
DÉSISTEMENT (dé-zi-ste-man), s. m. || 1° Terme
de jurisprudence. Action de se désister. Désiste-
ment verbal, écrit. || 2e Acte par lequel on se dé-
siste. Faire son désistement. Donner un désistement
Il faudra saisir aux fermes générales sans difficulté
et né donner son désistement que quand il aura payé
touteequ'ildoit, VOLT.Lett.Dutertre, 18 janv. 1777.
— HIST. xvi" s. Vous redoutiez dans la conduite
de cette affaire les desistemens du roi, SULLY, dans
le Dict. de DOCHEZ.
— ÉTYM. Désister.
DÉSISTER (SE) (dé-zi-sté), v. réfl. || Ie Terme de
jurisprudence. Renoncer à une poursuite. Se désis-
ter d'une plainte, d'une demande, d'un appel. Il Dans
le langage général, renoncer, se départir. Se dé-
sister de ses prétentions. || 2" Désister, v. n. Re-
noncera,çesserde Va-t'en donc et désiste De plus
m'offrir une aide à mériter Caliste, CORN. Clit. i, 2.
[] Vieilli en cet emploi, qui était celui du xvie siècle.
— HIST. xive s. Je vous conseille que vous vous
désistez de boire ou mangier à nuit ou vespre, Mêi
nagier, i, 3. Et pour ce qu'ils ne voudrent désister
des choses qu'ils faisoient, ne encliner à nostre re-
queste, nos gens se départirent d'euls, Lettre de
Marcel, prévôt de Paris, dans Hist. litt. de la Fr.
t. xxiv, p. 428. || xve s. Quand le mareschal vit que
les Pisans ne se vouloient désister de la mauvaise
volonté que ils avoient vers leur seigneur, Bouciq,
part, m, ch. 6. D'en plus parler je me désiste; Ce
monde n'est qu'abusion ; Il n'est qui contre mort ré-
siste Ne qui trouve provision, VILLON, Ballade dé
seigneurs du temps jadis. || xvi" s. Le nom et tiltre
de vostre alliance entendu, ont soudain désisté de
leurs entreprises, RAB. Gar. i, 31. Lors Panurge
désista pourter le hault de ses chausses, -ro. Panti
m, 7. Désistez doneques vous esbahyr de ce nou-
veau mien accoustrement, ID. ib. C'est une faculté de
raison et volonté, par laquelle on élit le bien, quand
la grâce de Dieu assiste, et le mal, quand icelle
désiste, CALV. Instit. 184. Quand l'homme voyant
qu'il fait mal, ne désiste pas pourtant, mais pour*
suit, ID. ib. 201. Qui empeschera que celui qui aura
fait un voeu par ignorance, ayanteognu son erreur^
désiste de le garder? ID. ib. 1026. Socrates ne désista
cette hardie entreprinse, qu'à la remonstrance de
Theramene mesme, MONT, IV, £98. 1} désista d'aller
aux banquets où l'on le convioit, AMYOT, Péric. \1.
Elle usoit d'une instance véhémente et pressante,
qui ne desistoit jamais qu'elle ne fust venue à ehel
de son entreprise, ID. Brutus, 6, ■'
■'—r ÉTYM. Provenç. et espagn. desistir; ital. desiV
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