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DËP
' Hainaut,quiluiavoitfait,si commeilestoit informé,
plusieurs despits, FRCISS.I, I, 98. || xvie S. Je la CO-
gnois, c'est une aoire, Noire faite en despit des
cieui, MAROT, in, 94. En despit qu'ils en ayent, il
faudra qu'ils confessent.... CALV. Inslit. 4<34. lisse
tuèrent, en despit de son humanité, MONT, II, 37.
Dedans peu de jours il eust contrainct les Lacedae-
moniens de venir à la bataille contre eulx, en des-
pit qu'ils en eussent, AMYOT, Aie. 76. Et sembioit
qu'ils le feist par despit d'eulx tant seulement, et
pour leur desplaire expressément, ID. Alcib. et Cor.
comp. 6. Son cheval se tourna et l'emporta en ar-
rière en despit qu'il en eust, ID. Marcell. 8. Ter.
Culeo, pour leur faire despit, persuada au peuple
de le commander ainsi, m. Flamin. 35.
— ÉTYM. Bourguig. dépey ;norm. dépit, mépris;
provenç. despieg, despieyt; anc. catal. despeit ; es-
pagn. despecho ; ital. dispetto ; du latin despectus,
de despicere, regarder de haut en bas, mépriser,
de la préposition de, et spicere, regarder (voy.
SPECTRE^
t 2. DÉPIT, ITE (dé-pi, pi-t'), adj. Qui a du
dépit, de la mauvaise humeur. Nérie honteuse et
dépite, LA FONT. Coupe. || Inusité présentement.
— H1ST. xme s. Sachez qu'ele en a fait que mau-
vaise et despite, Berte, 54. Car poure chose, où
qu'ele soit, Est adès boutée et despite, la Rose, 459.
|| xvie s. S'il advenoitqu'il feust despit,courroussé,
fasché ou marry.... RAB. Garg. i, 7. On la peut
nommer despite, vindicative, opiniâtre et muable,
MARG. Nouv. 4 6. Ils sont allez feindre cette sotte
image [de la philosophie] triste, querelleuse, des-
pite, mineuse.... MONT, I, I 76. Je suis despit de quoy
nostre vie s'embesogne toute à cela, ID. I, 4 93.
Les Corinthiens furent bien despits de se voir en
ceste sorte abusez et mocquez par Icetes, AMYOT,
Timol. 4 3.
— ÉTYM. Dépit 4.
DÉPITÉ, ÉE (dé-pi-té, tée) , part, passé. Oui
éprouve du dépit. Tant je suis dépité contre ma des-
tinée, MALH. v, 4 5. Mais à l'offre des voeux d'un
amant dépité, Trouvez-vous, je vous prie, entière
sûreté? MOL. Femm. sav. i, 4.
DEPITER (dé-pi-té), v. a. \\ 1° Causer du dépit à
quelqu'un. Rien ne nous dépite davantage que de
voir.... PASC. Imag. 4. ||2° Se dépiter, v. réfl. Con-
cevoir du dépit. Contre sa fureur ma raison se dé-
pite, RÉGNIER, Sat. xv. Un croquis informe sort de
dessous sa main [de l'élève]; il se dépite, CHATEAÙB.
Dessin, 273. || Familièrement. Se dépiter contre
son ventre, se priver de manger par dépit ou hu-
meur; et fig. refuser par dépit ce qu'on désire
au fond.
— REM. Dans le commencement duxvii' siècle on
donnait à dépiter le sens de braver, outrager, ac-
cuser. Où la troupe maudite Son seigneur attaché
par outrage dépite, MALH. I, 4. Ah! j'en rougis de
honte et dépite mon âge.... RÉGNIER, Élég. 4. Je
semble dépiter.... l'infortune, ID. Sot. vn.
— HIST. xni* s. Et quant Mahommet sefu mis en
la seigneurie du peuple, si despita son oncle et l'es-
loignade li, JOINV. 260. || xvi" s. 0 que vous jourez
bien!,je despite la dyablerie de Saulmur, de Doué,
voyre, par Dieu, de Poictiers, en cas que ils puis-
sent estre à vous parragonDez, RAB. Pant. iv, 4 3.
Oudartrenioytetdespitoytlesnopces, ID. ib. iv, 45.
J'ai un mari qui me fuit, qui me hait et me despite
plus qu'une chambrière, MARG. NOUV. XV. Quand il
s'en va, son aller nous despite [chagrine], MAROT,
in, 20. Cette poictrine que, despitée, tu bats si
cruellement, MONT, I, 22. Je me suis souvent des-
pite de veoir ez comédies italiennes tousjours un
pédante pour badin, ID. I, 4 38. Despite contre sa
besogne, ID. I, 254. Si je traduis, ma plume s'en
despite D'estre asservie à tourner un ouvrage, Qui
n'est pas mien, en un autre langage, LA BOÉTIE,
481. Son ambition faisoit qu'il sedespitoit, courrou-
çoit et douloit quand il se sentoit mespriser, AMYOT,
Aie. et Cor. comp. 8. Vitri en sortant du mesme con-
seil, en jurant et despitant la causerie: il vaut bien
mieux, dit-il, servir le brave Huguenot, D'AUB.
Hist. m, 293.
— - ÉTYM. Norm. et Berry, dépiter, défier, bra-
ver; provenç. despechar, despetjtar; catal. despitar;
espagn. despechar; ital. dispellare; du latin despec-
!are, de la préposition de, et spectare, regarder
(voy. SPECTACLE).
t DÉP1TEDX, EDSE (dé-pi-teû, teû-z'), adj. Qui
est plein de dépit. On a vu les élans de sa résistance
[du roi] et de ses dépiteux regrets ; il ne put résister
à ce qu'ils [le duc du Maine et Mme de Maintenon]
en extorquèrent, ST-SIM. 446, 237. || Mot tombé en
désuétude. |[ Terme de fauconnerie. Oiseau dépi-
DÉP
teux, oiseau dressé à la chasse qui ne revient pas,
quand il a perdu sa proie.
— HIST. XIII" s. Larmes ne sont pas despiteuses,
Meïsmement as gens piteuses, la Rose, 7604. Bien
sembioit maie créature Et despiteuse et orgueilleuse,
Et mesdisant et ramponeuse, ib. 464.||xrves. Et
pour ce semble il à aucuns que les magnanimes
soient despiseeurs ou despiteux, ORESME, Eth. 424.
Il xve s. Portingalois sont chauds, bouillans, et mal
souffrans; et aussi sont les Anglois fols, despiteux
et orgueilleux, PROISS. II, m, 82. || xvi" s. Mais ceste
gent fut aspre et despiteuse, Blasmant les dieux,
de meurdres convoiteuse, MAROT, IV, 20.
— ÉTYM. Dépit.
DÉPLACÉ, ÉE (dé-pla-sê, sée), part, passé.
Il 1° Ôté de sa place. Ce livre, déplacé, ne put être
retrouvé. || 2° Révoqué d'une fonction, d'un emploi.
Aucun des ministres déplacés ne fut exilé, CONDOR-
CET, Slaurepas. || Changé de résidence, ordinaire-
ment par punition. Un professeur déplacé, un pro-
fesseur changé de lycée, d'une ville à une autre.
Il 3° Fig. Qui n'est pas dans un lieu, dans une situa-
tion, dans un emploi convenable. Cette personne
est déplacée dans cette société. 11 faut encore louer
les enfants de tout ce que l'amitié leur fait faire,
pourvu qu'elle ne soit point déplacée ou trop ar-
dente, FÉN. Éduc. filles, ch. 5. Si, par une affec-
tion déplacée, il eût porté des secours à quelque
autre.... il eût été coupable d'injustice , DIDER.
Ess. s. la vertu. Dans ce monde, toutes les vertus
sont déplacées, aussi bien que les vices; les bons
et les mauvais coeurs ne se trouvent point à leur
place, MARIVAUX, Paysanparv. t. 1, 4"partie, p. 78,
dans POUGENS. || Qui manque de mesure, inconve-
nant. Propos déplacés.
DÉPLACEMENT (dé-pla-se-man ), s. m. ||i° Ac-
tion de déplacer ou de se déplacer. On ne saurait
dire où gît le principe de son déplacement [du rep-
tile], car il n'a ni nageoires, ni pieds, ni ailes,
CHATEAÙB. Génie, 1, m, 2. || Déplacement d'un vais-
seau, le volume d'eau que déplace un vaisseau, la
place qu'occupe dans l'eau toute la carène. || Terme
de pharmacie. Procédé de lixiviation, dans lequel
les couches de liquide se déplacent mutuellement.
Il Terme de pathologie. Le déplacement d'un organe,
le changement de situation que quelques organes
peuvent éprouver. Le déplacement de l'utérus. I| 2° Ac-
tion d'ôter un emploi, une fonction. Ces cabales que
l'on voit dans toutes les cours et qui se terminent
d'ordinaire dans les nôtres par quelque déplace-
ment de ministre ou tout au plus par quelque exil,
VOLT. Charles XII, 6. || Actiou de faire changer un
fonctionnaire de résidence, ordinairement par pu-
nition. On'se plaint de ce préfet; son déplacement
devient très-probable.
DÉPLACER (dé-pla-sê. Le c prend une cédille de-
vant a ou 0: nous déplaçons; je déplaçais), v. a.
Il i° Changer une chose de place. Il déplace tout
dans sa chambre. Et toi de qui la voix inspire l'âme
aux arbres, Enchaîne les lions et déplace lés mar-
bres, CORN. Tois. d'or, v, 5. || Terme de procédure.
Enlever quelque chose d'un lieu, d'une maison, et
le transporter ailleurs. || 2° Déplacer quelqu'un,
prendre sa place. Vous étiez là, je n'ai garde de
vous déplacer. || Sans déplacer, loc. adv. Sans chan-
ger de lieu, sans rien changer. Nous terminâmes
l'affaire sans déplacer. || 3° Déplacer quelqu'un, lui
ôter son emploi. Le ministre a déplacé les créatures
de son prédécesseur. || Faire changer un fonction-
naire de résidence. || 4° Fig. Déplacer le point de
la question, changer le point sur lequel porte la
difficulté. Comme ils connaissent toute son anxiété,
ils admirent la force de son génie et la facilité avec
laquelle il déplace et fixe où il lui plaît toute la
puissance de son attention, SÉGUR, Hist. de Napol.
viu, 44. Il 5° Se déplacer, v. réjl. Changer de place,
de lieu. L'homme a un penchant naturel à se dé-
placer, DIDER. Ess. s. Claude, liv. 11.
— HIST. xvie s. Si vous supply que de bénigne
grâce Vous me donniez congié que je desplace [que
je marche] Avec mes gens voz bons pensionnaires,
Pour aller veoir un peu noz adversaires, 1. MAROT,
v, H3i. Mais puis que luy, et le temps et l'affaire
Veulent tous trois que ta bonté desplace [que tu
partes], Monts et torrents te puissent faire place,
ID. 11, 4 82. Favas remontra le péril de desplacer à
la veue de l'ennemi et en lui parant le costé, D'AUB.
Hist. m, 50. Fol se doit nommer en face, Qui
bien assis se desplace, COTGRAVE. Les ennemis com-
mencèrent à desplacer et à prendre le chemin droit
à moi, MONTLUC, Mém. 1.11, p. 794, dans LACURNE.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et place; picard, dépla-
cher.
DEP
DÉPLAIRE (dé-plê-r'), je déplais, tu déplais, il
déplaît, nous déplaisons, vous déplaisez, ils déplai-
sent; je déplaisais; je déplus; je déplairai; je dé-
plairais; déplais, déplaisons; que je déplaise, que
nous déplaisions; que je déplusse; déplu; déplai-
sant, v. n. Il 1° Ne pas plaire, être désagréable. Et
je crois que ce nom ne vous déplaira pas, CORN, fio-
dojf. v, 3. De nos désirs errants rien n'arrête le
cours; Ce qui platt aujourd'hui déplaît en peu de
jours, ST-ÊVREMOND, dans RICHELET. Cette action
que David avait faite déplut au Seigneur, SACY,
Bible, Rois, 11, n, 27. Il vous aurait déplu s'il pou-
vait vous déplaire, KAC. Aridrom. n, 4. Je sais que
tout déplaît aux yeux d'une captive, ID. Iphig. 11,
4. Je ne me suis jamais donné le soin d'examiner
en moi en quoi j'avais pu lui déplaire; mais je sa-
vais bien, moi, ce qui me déplaisait en lui, MAR-
MONTEL, Mém. vi. H 2° Donner du chagrin, irriter.
La délicatesse d'une conscience qui se redoute elle-
même, ou l'excès d'un amour qui craint de déplaire,
BOSS. Anne de Gonz. S'ils sont d'un ennemi qui
cherche à vous déplaire, RAC. Androm. m, 7. Si
quelqu'un me déplaît en ce moment, c'est vous,
REGNARD, Distrait, n, 6. Qu'ai-je donc fait, Tan-
crède? ai-je pu vous déplaire? VOLT. ï'ancr. iv, 6.
Il 3° Impersonnellement. Croyez qu'il me déplaît et
très-sensiblement, De vous devoir dédire une fois
seulement, ROTROU, Antig. n, 2. Ma mère.... em-
pêchait ma sortie.... Dont il m'a bien déplu.... ID.
ib. n, 3. y Familièrement. Qu'il ne vous en déplaise,
ou, elliptiquement, ne vous déplaise, formule qui se
dit comme une sorte d'excuse: que cela ne vous
déplaise pas, ne vous fâche pas Ma bru, qu'il
ne vous en déplaise, Votre conduite en tout est tout
à fait mauvaise, MOL. Tart. 1, 4. Nuit et jour à
tout venant, Je chantais, ne vous déplaise, LA
FONT. Fabl. 1, 4. Ce.fut alors, dame, ne vous dé-
plaise, Que le courroux lui montant au cerveau....
m. Rémois. Mais que fais-je donc tant, monsieur, ne
vous déplaise, Pour trouver ma conduite à tel ex-
cès mauvaise? REGNARD, le Distrait, 1, 6. || N'en
déplaise à, malgré, en dépit de. N'en déplaise aux .
arrêts de notre parlement, RÉGNIER, Sat. xiv. Je di-
rai, n'en déplaise à monsieur votre amour, MOL.
Dip. am. 1, 4. Et parfois, n'en déplaise à votre aus-
tère humeur, 11 est bon de cacher ce qu'on a dans
le coeur, ID. Mis.i, 4. || 4° Se déplaire, déplaire à
soi-même, être mécontent de soi-même. Elle s'est
déplu, aussitôt qu'elle connut ses défauts. Pour
plaire à Dieu, il faut nous déplaire à nous-mêmes;
et, pour nous déplaire à nous-mêmes, il faut nous
voir, BOURDAL. Jugement dern. favent, p. 86. Ce
n'est pas parce qu'on est ennemi de Dieu qu'on se
déplaît, c'est parce qu'on est à charge à soi-même,
MASS. Car. Passion. || Se déplaire, déplaire l'un à
l'autre. Ils se sont déplu mutuellement. || 5° S'en-
nuyer, se trouver mai à son aise. Se déplaire avec
quelqu'un. Je me déplais en cette ville. Mme Le-
vasseur parut s'y déplaire et trouver l'habitation
trop seule, I. 1. ROUSS. Confess. ix. || Il se dit des
animaux. Les boeufs se déplaisent en cette localité.
Il II se dit, par extension, des plantes qui ne vien-
nent pas bien en certains endroits. La vigne se dé-
plaît en une telle exposition. || Fig. Mon sang se dé-
plaît dans mes veines, ROTROU, St Gen. 11, 7.
— REM. L'Académie ne dit pas comment elle ac-
corde, dans les temps composés de se déplaire,le parti-
cipe avec le sujet; mais aumotpïoire, qui est équi-
valent,elle fait le participe passé toujours invariable;
on dira donc: elle s'est déplu; ils se sont déplu;
elles se sont déplu. Cependant des grammairiens ont
dit que, quand se déplaire signifie s'ennuyer de, se
trouver mal à l'aise, il devient un verbe réfléchi,
comparable à se taire, à s'enfuir, à s'écrier, et
que dès lors le participe passé devait s'accorder avec
le sujet : elles se sont déplues à la campagne ; il pa-
rait que ces arbres se sont déplus dans ce terrain.
L'assimilation de se déplaire, en ce sens, avec d'au-
tres verbes neutres réfléchis, est plausible; la re-
marque, qui doit s'étendre à se plaire et à se com-
plaire, mérite d'être prise en considération.
— HIST. xiie s. Mais [ils] n'i voient riens qui fasse
à desplaire, Coud, n. Amours, amours, je meur,
et sans droiture [justice]; Certes ma mort vous de-
vrait bien desplaire, ib. p. 4 26. S'on prent, par
droit, d'un larron la justice, Doit-on desplaire as
loiaus, de néant? QUESNES, Romancero, p. 89. Sei-
gneur baron, fait-il, forment vous.doit desplaire
De ce roi orgueilleux qui manda tel contraire [telle
chose contrariante], Sax. xxxi. Contredire la [une
loi] deit chascuns hum qui ad fei : Car par tut des-
plaiseit al celestien rei, Th. le mart. 63. || xme s.
Durement [cela] lui desplait et moût lui destalente,
DËP
' Hainaut,quiluiavoitfait,si commeilestoit informé,
plusieurs despits, FRCISS.I, I, 98. || xvie S. Je la CO-
gnois, c'est une aoire, Noire faite en despit des
cieui, MAROT, in, 94. En despit qu'ils en ayent, il
faudra qu'ils confessent.... CALV. Inslit. 4<34. lisse
tuèrent, en despit de son humanité, MONT, II, 37.
Dedans peu de jours il eust contrainct les Lacedae-
moniens de venir à la bataille contre eulx, en des-
pit qu'ils en eussent, AMYOT, Aie. 76. Et sembioit
qu'ils le feist par despit d'eulx tant seulement, et
pour leur desplaire expressément, ID. Alcib. et Cor.
comp. 6. Son cheval se tourna et l'emporta en ar-
rière en despit qu'il en eust, ID. Marcell. 8. Ter.
Culeo, pour leur faire despit, persuada au peuple
de le commander ainsi, m. Flamin. 35.
— ÉTYM. Bourguig. dépey ;norm. dépit, mépris;
provenç. despieg, despieyt; anc. catal. despeit ; es-
pagn. despecho ; ital. dispetto ; du latin despectus,
de despicere, regarder de haut en bas, mépriser,
de la préposition de, et spicere, regarder (voy.
SPECTRE^
t 2. DÉPIT, ITE (dé-pi, pi-t'), adj. Qui a du
dépit, de la mauvaise humeur. Nérie honteuse et
dépite, LA FONT. Coupe. || Inusité présentement.
— H1ST. xme s. Sachez qu'ele en a fait que mau-
vaise et despite, Berte, 54. Car poure chose, où
qu'ele soit, Est adès boutée et despite, la Rose, 459.
|| xvie s. S'il advenoitqu'il feust despit,courroussé,
fasché ou marry.... RAB. Garg. i, 7. On la peut
nommer despite, vindicative, opiniâtre et muable,
MARG. Nouv. 4 6. Ils sont allez feindre cette sotte
image [de la philosophie] triste, querelleuse, des-
pite, mineuse.... MONT, I, I 76. Je suis despit de quoy
nostre vie s'embesogne toute à cela, ID. I, 4 93.
Les Corinthiens furent bien despits de se voir en
ceste sorte abusez et mocquez par Icetes, AMYOT,
Timol. 4 3.
— ÉTYM. Dépit 4.
DÉPITÉ, ÉE (dé-pi-té, tée) , part, passé. Oui
éprouve du dépit. Tant je suis dépité contre ma des-
tinée, MALH. v, 4 5. Mais à l'offre des voeux d'un
amant dépité, Trouvez-vous, je vous prie, entière
sûreté? MOL. Femm. sav. i, 4.
DEPITER (dé-pi-té), v. a. \\ 1° Causer du dépit à
quelqu'un. Rien ne nous dépite davantage que de
voir.... PASC. Imag. 4. ||2° Se dépiter, v. réfl. Con-
cevoir du dépit. Contre sa fureur ma raison se dé-
pite, RÉGNIER, Sat. xv. Un croquis informe sort de
dessous sa main [de l'élève]; il se dépite, CHATEAÙB.
Dessin, 273. || Familièrement. Se dépiter contre
son ventre, se priver de manger par dépit ou hu-
meur; et fig. refuser par dépit ce qu'on désire
au fond.
— REM. Dans le commencement duxvii' siècle on
donnait à dépiter le sens de braver, outrager, ac-
cuser. Où la troupe maudite Son seigneur attaché
par outrage dépite, MALH. I, 4. Ah! j'en rougis de
honte et dépite mon âge.... RÉGNIER, Élég. 4. Je
semble dépiter.... l'infortune, ID. Sot. vn.
— HIST. xni* s. Et quant Mahommet sefu mis en
la seigneurie du peuple, si despita son oncle et l'es-
loignade li, JOINV. 260. || xvi" s. 0 que vous jourez
bien!,je despite la dyablerie de Saulmur, de Doué,
voyre, par Dieu, de Poictiers, en cas que ils puis-
sent estre à vous parragonDez, RAB. Pant. iv, 4 3.
Oudartrenioytetdespitoytlesnopces, ID. ib. iv, 45.
J'ai un mari qui me fuit, qui me hait et me despite
plus qu'une chambrière, MARG. NOUV. XV. Quand il
s'en va, son aller nous despite [chagrine], MAROT,
in, 20. Cette poictrine que, despitée, tu bats si
cruellement, MONT, I, 22. Je me suis souvent des-
pite de veoir ez comédies italiennes tousjours un
pédante pour badin, ID. I, 4 38. Despite contre sa
besogne, ID. I, 254. Si je traduis, ma plume s'en
despite D'estre asservie à tourner un ouvrage, Qui
n'est pas mien, en un autre langage, LA BOÉTIE,
481. Son ambition faisoit qu'il sedespitoit, courrou-
çoit et douloit quand il se sentoit mespriser, AMYOT,
Aie. et Cor. comp. 8. Vitri en sortant du mesme con-
seil, en jurant et despitant la causerie: il vaut bien
mieux, dit-il, servir le brave Huguenot, D'AUB.
Hist. m, 293.
— - ÉTYM. Norm. et Berry, dépiter, défier, bra-
ver; provenç. despechar, despetjtar; catal. despitar;
espagn. despechar; ital. dispellare; du latin despec-
!are, de la préposition de, et spectare, regarder
(voy. SPECTACLE).
t DÉP1TEDX, EDSE (dé-pi-teû, teû-z'), adj. Qui
est plein de dépit. On a vu les élans de sa résistance
[du roi] et de ses dépiteux regrets ; il ne put résister
à ce qu'ils [le duc du Maine et Mme de Maintenon]
en extorquèrent, ST-SIM. 446, 237. || Mot tombé en
désuétude. |[ Terme de fauconnerie. Oiseau dépi-
DÉP
teux, oiseau dressé à la chasse qui ne revient pas,
quand il a perdu sa proie.
— HIST. XIII" s. Larmes ne sont pas despiteuses,
Meïsmement as gens piteuses, la Rose, 7604. Bien
sembioit maie créature Et despiteuse et orgueilleuse,
Et mesdisant et ramponeuse, ib. 464.||xrves. Et
pour ce semble il à aucuns que les magnanimes
soient despiseeurs ou despiteux, ORESME, Eth. 424.
Il xve s. Portingalois sont chauds, bouillans, et mal
souffrans; et aussi sont les Anglois fols, despiteux
et orgueilleux, PROISS. II, m, 82. || xvi" s. Mais ceste
gent fut aspre et despiteuse, Blasmant les dieux,
de meurdres convoiteuse, MAROT, IV, 20.
— ÉTYM. Dépit.
DÉPLACÉ, ÉE (dé-pla-sê, sée), part, passé.
Il 1° Ôté de sa place. Ce livre, déplacé, ne put être
retrouvé. || 2° Révoqué d'une fonction, d'un emploi.
Aucun des ministres déplacés ne fut exilé, CONDOR-
CET, Slaurepas. || Changé de résidence, ordinaire-
ment par punition. Un professeur déplacé, un pro-
fesseur changé de lycée, d'une ville à une autre.
Il 3° Fig. Qui n'est pas dans un lieu, dans une situa-
tion, dans un emploi convenable. Cette personne
est déplacée dans cette société. 11 faut encore louer
les enfants de tout ce que l'amitié leur fait faire,
pourvu qu'elle ne soit point déplacée ou trop ar-
dente, FÉN. Éduc. filles, ch. 5. Si, par une affec-
tion déplacée, il eût porté des secours à quelque
autre.... il eût été coupable d'injustice , DIDER.
Ess. s. la vertu. Dans ce monde, toutes les vertus
sont déplacées, aussi bien que les vices; les bons
et les mauvais coeurs ne se trouvent point à leur
place, MARIVAUX, Paysanparv. t. 1, 4"partie, p. 78,
dans POUGENS. || Qui manque de mesure, inconve-
nant. Propos déplacés.
DÉPLACEMENT (dé-pla-se-man ), s. m. ||i° Ac-
tion de déplacer ou de se déplacer. On ne saurait
dire où gît le principe de son déplacement [du rep-
tile], car il n'a ni nageoires, ni pieds, ni ailes,
CHATEAÙB. Génie, 1, m, 2. || Déplacement d'un vais-
seau, le volume d'eau que déplace un vaisseau, la
place qu'occupe dans l'eau toute la carène. || Terme
de pharmacie. Procédé de lixiviation, dans lequel
les couches de liquide se déplacent mutuellement.
Il Terme de pathologie. Le déplacement d'un organe,
le changement de situation que quelques organes
peuvent éprouver. Le déplacement de l'utérus. I| 2° Ac-
tion d'ôter un emploi, une fonction. Ces cabales que
l'on voit dans toutes les cours et qui se terminent
d'ordinaire dans les nôtres par quelque déplace-
ment de ministre ou tout au plus par quelque exil,
VOLT. Charles XII, 6. || Actiou de faire changer un
fonctionnaire de résidence, ordinairement par pu-
nition. On'se plaint de ce préfet; son déplacement
devient très-probable.
DÉPLACER (dé-pla-sê. Le c prend une cédille de-
vant a ou 0: nous déplaçons; je déplaçais), v. a.
Il i° Changer une chose de place. Il déplace tout
dans sa chambre. Et toi de qui la voix inspire l'âme
aux arbres, Enchaîne les lions et déplace lés mar-
bres, CORN. Tois. d'or, v, 5. || Terme de procédure.
Enlever quelque chose d'un lieu, d'une maison, et
le transporter ailleurs. || 2° Déplacer quelqu'un,
prendre sa place. Vous étiez là, je n'ai garde de
vous déplacer. || Sans déplacer, loc. adv. Sans chan-
ger de lieu, sans rien changer. Nous terminâmes
l'affaire sans déplacer. || 3° Déplacer quelqu'un, lui
ôter son emploi. Le ministre a déplacé les créatures
de son prédécesseur. || Faire changer un fonction-
naire de résidence. || 4° Fig. Déplacer le point de
la question, changer le point sur lequel porte la
difficulté. Comme ils connaissent toute son anxiété,
ils admirent la force de son génie et la facilité avec
laquelle il déplace et fixe où il lui plaît toute la
puissance de son attention, SÉGUR, Hist. de Napol.
viu, 44. Il 5° Se déplacer, v. réjl. Changer de place,
de lieu. L'homme a un penchant naturel à se dé-
placer, DIDER. Ess. s. Claude, liv. 11.
— HIST. xvie s. Si vous supply que de bénigne
grâce Vous me donniez congié que je desplace [que
je marche] Avec mes gens voz bons pensionnaires,
Pour aller veoir un peu noz adversaires, 1. MAROT,
v, H3i. Mais puis que luy, et le temps et l'affaire
Veulent tous trois que ta bonté desplace [que tu
partes], Monts et torrents te puissent faire place,
ID. 11, 4 82. Favas remontra le péril de desplacer à
la veue de l'ennemi et en lui parant le costé, D'AUB.
Hist. m, 50. Fol se doit nommer en face, Qui
bien assis se desplace, COTGRAVE. Les ennemis com-
mencèrent à desplacer et à prendre le chemin droit
à moi, MONTLUC, Mém. 1.11, p. 794, dans LACURNE.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et place; picard, dépla-
cher.
DEP
DÉPLAIRE (dé-plê-r'), je déplais, tu déplais, il
déplaît, nous déplaisons, vous déplaisez, ils déplai-
sent; je déplaisais; je déplus; je déplairai; je dé-
plairais; déplais, déplaisons; que je déplaise, que
nous déplaisions; que je déplusse; déplu; déplai-
sant, v. n. Il 1° Ne pas plaire, être désagréable. Et
je crois que ce nom ne vous déplaira pas, CORN, fio-
dojf. v, 3. De nos désirs errants rien n'arrête le
cours; Ce qui platt aujourd'hui déplaît en peu de
jours, ST-ÊVREMOND, dans RICHELET. Cette action
que David avait faite déplut au Seigneur, SACY,
Bible, Rois, 11, n, 27. Il vous aurait déplu s'il pou-
vait vous déplaire, KAC. Aridrom. n, 4. Je sais que
tout déplaît aux yeux d'une captive, ID. Iphig. 11,
4. Je ne me suis jamais donné le soin d'examiner
en moi en quoi j'avais pu lui déplaire; mais je sa-
vais bien, moi, ce qui me déplaisait en lui, MAR-
MONTEL, Mém. vi. H 2° Donner du chagrin, irriter.
La délicatesse d'une conscience qui se redoute elle-
même, ou l'excès d'un amour qui craint de déplaire,
BOSS. Anne de Gonz. S'ils sont d'un ennemi qui
cherche à vous déplaire, RAC. Androm. m, 7. Si
quelqu'un me déplaît en ce moment, c'est vous,
REGNARD, Distrait, n, 6. Qu'ai-je donc fait, Tan-
crède? ai-je pu vous déplaire? VOLT. ï'ancr. iv, 6.
Il 3° Impersonnellement. Croyez qu'il me déplaît et
très-sensiblement, De vous devoir dédire une fois
seulement, ROTROU, Antig. n, 2. Ma mère.... em-
pêchait ma sortie.... Dont il m'a bien déplu.... ID.
ib. n, 3. y Familièrement. Qu'il ne vous en déplaise,
ou, elliptiquement, ne vous déplaise, formule qui se
dit comme une sorte d'excuse: que cela ne vous
déplaise pas, ne vous fâche pas Ma bru, qu'il
ne vous en déplaise, Votre conduite en tout est tout
à fait mauvaise, MOL. Tart. 1, 4. Nuit et jour à
tout venant, Je chantais, ne vous déplaise, LA
FONT. Fabl. 1, 4. Ce.fut alors, dame, ne vous dé-
plaise, Que le courroux lui montant au cerveau....
m. Rémois. Mais que fais-je donc tant, monsieur, ne
vous déplaise, Pour trouver ma conduite à tel ex-
cès mauvaise? REGNARD, le Distrait, 1, 6. || N'en
déplaise à, malgré, en dépit de. N'en déplaise aux .
arrêts de notre parlement, RÉGNIER, Sat. xiv. Je di-
rai, n'en déplaise à monsieur votre amour, MOL.
Dip. am. 1, 4. Et parfois, n'en déplaise à votre aus-
tère humeur, 11 est bon de cacher ce qu'on a dans
le coeur, ID. Mis.i, 4. || 4° Se déplaire, déplaire à
soi-même, être mécontent de soi-même. Elle s'est
déplu, aussitôt qu'elle connut ses défauts. Pour
plaire à Dieu, il faut nous déplaire à nous-mêmes;
et, pour nous déplaire à nous-mêmes, il faut nous
voir, BOURDAL. Jugement dern. favent, p. 86. Ce
n'est pas parce qu'on est ennemi de Dieu qu'on se
déplaît, c'est parce qu'on est à charge à soi-même,
MASS. Car. Passion. || Se déplaire, déplaire l'un à
l'autre. Ils se sont déplu mutuellement. || 5° S'en-
nuyer, se trouver mai à son aise. Se déplaire avec
quelqu'un. Je me déplais en cette ville. Mme Le-
vasseur parut s'y déplaire et trouver l'habitation
trop seule, I. 1. ROUSS. Confess. ix. || Il se dit des
animaux. Les boeufs se déplaisent en cette localité.
Il II se dit, par extension, des plantes qui ne vien-
nent pas bien en certains endroits. La vigne se dé-
plaît en une telle exposition. || Fig. Mon sang se dé-
plaît dans mes veines, ROTROU, St Gen. 11, 7.
— REM. L'Académie ne dit pas comment elle ac-
corde, dans les temps composés de se déplaire,le parti-
cipe avec le sujet; mais aumotpïoire, qui est équi-
valent,elle fait le participe passé toujours invariable;
on dira donc: elle s'est déplu; ils se sont déplu;
elles se sont déplu. Cependant des grammairiens ont
dit que, quand se déplaire signifie s'ennuyer de, se
trouver mal à l'aise, il devient un verbe réfléchi,
comparable à se taire, à s'enfuir, à s'écrier, et
que dès lors le participe passé devait s'accorder avec
le sujet : elles se sont déplues à la campagne ; il pa-
rait que ces arbres se sont déplus dans ce terrain.
L'assimilation de se déplaire, en ce sens, avec d'au-
tres verbes neutres réfléchis, est plausible; la re-
marque, qui doit s'étendre à se plaire et à se com-
plaire, mérite d'être prise en considération.
— HIST. xiie s. Mais [ils] n'i voient riens qui fasse
à desplaire, Coud, n. Amours, amours, je meur,
et sans droiture [justice]; Certes ma mort vous de-
vrait bien desplaire, ib. p. 4 26. S'on prent, par
droit, d'un larron la justice, Doit-on desplaire as
loiaus, de néant? QUESNES, Romancero, p. 89. Sei-
gneur baron, fait-il, forment vous.doit desplaire
De ce roi orgueilleux qui manda tel contraire [telle
chose contrariante], Sax. xxxi. Contredire la [une
loi] deit chascuns hum qui ad fei : Car par tut des-
plaiseit al celestien rei, Th. le mart. 63. || xme s.
Durement [cela] lui desplait et moût lui destalente,
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