1062
DËN
DÉNUDATION (dé-nu-da-sion ; en vers, de cinq
syllahes), s. f. || 1° Terme de chirurgie. État d'une
partie dépouillée de ses enveloppes naturelles. || 2° Par
extension. Dénudation d'un arbre, état d'un arbre
dépouillé de son écorce ou de ses fîuilles. || Terme
de géologie. Dénudation d'un tenain, enlèvement
des couches qui le recouvrent habituellement.
— HIST. xvie s. De peur de douleur et dénuda-
tion, tant du nerf que de l'os, PARÉ, XIII, 47.
— Ê.TYM. Lat. denudationem, de denudare (voy.
DÉNUER).
t DÉNUDÉ, ÉE (dé-nu-dé, dêe), part.passé. Un
os dénudé.
t DÉNUDER (dé-nu-dé), v. a. j| 1" Terme de
chirurgie. Mettre un os, une partie à découvert.
|| 2° Par extension, dépouiller un arbre de son
écorce. || 3° Se dénuder, v. rëfl. Se dépouiller de son
enveloppe. Cet os commence à se dénuder.
— ÉTYM. Lat. denudare (voy. DÉNUER).
DÉNUÉ, ÉE (dé-nu-é, ée), part, passé. Çrivé.
Pluton est seul, entre les dieux, Dénué d'oreilles
et d'yeux X quiconque le sollicite, MALH. VI, 4 6.
Pauvres et dénués des secours de la terre, Mais ri-
ches en grâce et vertu, CORN. Imit. i, -18. Être dé-
nué de toutes choses, PATRU, Plaidoyer i, dans RI-
CHELET. Dénué d'un secours par lui-même détruit,
CORN. Hor. i, 3. Alexandre, dénué de ces avanta-
ges, n'eût pas marchandé pour passer le Rubicon,
et c'est en partie cette hardiesse qui lui a fait attri-
buer le surnaturel et le merveilleux, LA FONT. Let-
tres, xn. Il faut être bien dénué d'esprit, si l'amour,
la malignité, la nécessité n'en font pas trouver, LA
BRUY. IV. La valeur, dénuée de toutes les autres ver-
tus, ne peut rendre un homme digne d'une vérita-
ble estime, SEGRAIS, dansRICHELET. L'Espagne était
alors incapable de se défendre elle-même, épuisée
d'argent, dénuée de troupes et de vaisseaux, TORCY,
Mém. 1.1, p. 33'. Dénuée de support et chargée d'un
enfant, BERN. DE S.-P. Paul et Virg. || Absolument.
Les plus dénués furent secourus.
— SYN. DÉNUÉ,DÉPOURVU. Dépourvu est celui qui
est sans provision : dénué est celui qui est mis à nu.
Dénué exprime donc une nuance plus forte que dé-
pourvu.
DÉNUEMENT (dé-nu-man), 4. m. Voy. DËNÙ-
MENT. Dénuement est une orthographe qu'on trouve
couramment dans le xvir* siècle et qui n'est plus
usitée.
DÉNUER (dé-nu-é!, v. a. || 1" Dépouiller de cho-
ses nécessaires. f| 2° Se dénuer, v. réjl. Se dénuer
du nécessaire pour ses enfants.
— HIST. xne s. Cil ki est denueiz az espées de ses
anemis, Job, 444. Non ferai, dame, parles iex de
mon chief; Quar tosjors mais me serait reprochiés,
Honsdesnués [désarmé] n'iertjà par moi touchiés,
Saoul de C. 293. || xme s. Et les autres metaus des-
liuent Delor formes, si qu'il les muent En fin argent
par médecines, la Rose, 16343. Et quant illec se voit
cheûe, Sa chiere et son habit remue, Et si se des-
nue [se met nue] et desrobe, Qu'ele est orfenine de
robe, t'b.6176. Et Jupiter li fist [à Argus) trenchier Le
chief, por lo revenchier, Qu'il avoit en vache muée,
De forme humaine desnuée, ib. 14692. || xive s. Au-
cunes choses sont desquelles se un homme est des-
nué et que il ne les a pas, sa félicité en est aussi
comme honie ou anullée, ORESME, Eth. 20. Les
mors ont dénué et les armeures pris, Guescl. 780.
Chil qui furent en l'ost ont les mors desnuez, Et
puis, en une fosse, si les a-on getés, Baud. de Seb.
îx, 4 89. || xve s. Et disoient que on feroit un grand
outrage, si on denuoit le royaume d'Angleterre de
deux mille hommes d'armes, FROISS. u, in, 18.
|| xviE S. M'advertissans de la froide venue Du triste
hyver, qui la terre desnue, MAROT, I, 223. Desnué
d'espérance, m. n, 4 2. Job recognoist que c'est Dieu
qui l'a desnué de tout son bien, CALV. Instil. 4 60.
11 feit marcher les siens contre les Lacedaemoniens,
qui avoient les flânez desnuez de gens de cheval,
AMïOT, Philop. 4 6. Et ne demouroit au roy que le
nom de royaulté seulement dénué de toute puis-
sance, in. Lys. 43. L'histoire est dénuée de foi par
ceux qui la Remplissent de miracles, D'AUB. Hist. i,
4'89. La difuculté des approches esloit principale-
ment eu faute de terre, de laquelle toute l'isle est
dësnuèe,iE, tb. 240. Si l'os,estant desnué, on frappe
dessus.... PARE, vin, 2.
— ÉTYM. Provenç. denudar, desnudar ; ital. dis-
nudare; uu latin denudare, de la préposition de, et
nudus, nu (voy. NU). Dénuer et dénuder, tirés tous
deux de denudare, témoignent de leur date par leur
formation : le second est un calque, le premier est
une modification du mot latin commandée par l'o-
reille de nos aïeux.
DEP
DÉNÛMENT (dé-nu-man), s. m. Dépouillement,
des choses nécessaires. Cette famille est dans le aê-
nûment le plus complet. La route avait détruit leur
chaussure.... ils cachaient avec soin leur dénû-
ment devant leur empereur et se paraient de leurs
armes éclatantes et bien réparées, SÉGUR, Hist. de
Napol. vin, i (.D'abord le vin manqua, puis la bière,
mêmel'eau-de-vie,enfin l'on fut réduit a l'eau, qui
souvent manqua à son tour; il en fut de même pour
les aliments, de même pour les autres nécessités
de la vie; et dans ce dénûment graduel le découra-
gement de l'âme suivait l'affaiblissement successif
du corps, ID. tb. YI, 6. || Terme de la vie spirituelle.
Le dénûment des biens sensibles, disposition con-
traire au goût et à l'attachement naturel qu'on a
pour les objets des sens,
— REM. Au xviie siècle. dénûment était rejeté par
les puristes; Bouhours, Nouv. rem. dit : a Dénue-
ment ne vaut rien, ni dans le propre ni dans le fi-
guré; il n'est pas même français. 11 faut avouer
néanmoins que les dévots s'en servent; mais il faut
vivre comme eux, et ne pas toujours parler comme
eux. J> L'historique montre qu'il était bien français.
— HIST. xve s. Elles avoient donnez leurs joyaux
et leurs habits de si grant cueur aux chevaliers,
qu'elles ne se appercevoient de leurs desnuement et
desvestement, Perceforest, t. i, f° 4 65. ||xvies. Ca-
rie de l'os, desnuement avecques perdition de la
couverture, PARÉ, xiu, i.
— ÉTYM. Dénuer.
t DÉONTOLOGIE (dé-on-to-lo-jie), s. f. Terme
didactique. Science des devoirs.
— ÉTYM. To Séov , le devoir, et X6yoç, doctrine,
f DÉONTOLOGIQUE (dé-on-to-lo-ji-k'), adj. Qui
est relatif à la déontologie.
t DÉOPERCULÉ, ÉE (dé-o-pèr-ku-lé, lée), adj.
Terme d'histoire naturelle. Qui est privé d'opercule.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et opercule.
i DÉPAILLAGE (dé-pâ-lla-j', Il mouillées), s. m.
Action de dépailler une chaise, un tabouret, etc.;
résultat de cette action.
— ÉTYM. Dépailler.
t DÉPAILLÉ, ÉE (dé-pâ-llé, liée, «mouillées),
part, passé. Dont la paille a été enlevée. Chaise dé-
paillée.
t DÉPAILLER (dé-pâ-llé, Il mouillées, et non
dé-pà-yé ), v. a. Dégarnir de paille. Les chats ,
avec leurs ongles, dépaillent les chaises. || Se dé-
pailler, v. réjl. Perdre sa paille. Cette chaise se dé-
paille.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et paille.
t DÉPAISSANCE (dé-pê-san-s'), s. f. Action de
paître, de faire paître; lieu- où les bestiaux vont
pattre; droit de faire paître les bestiaux.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et paître.
f DÉPALER (dé-pa-lé), v. n. Terme de marine.
Un navire dépale, quand le vent ou le courant l'en-
traînent hors de sa position.
f DÉPALISSAGE (dé-pa-li-sa-j'), s. m. Action de
dépalisser.
t DÉPALISSER (dé-pa-li-sé), v. a. Terme d'horti-
culture. Délacher les rameaux et les branches d'un
arbre qui étaient palissés.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et palisser.
t DÉPÂMER (SE) (dé-pâ-mé), v. réjl. Revenir
de pâmoison.
— HIST. xvie s. 5 peine avois-je dit, quand Thoi-
net se depame, Et à soy revenu alloit après sa dame,
RONS. 4 04.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et pâmer.
t DÉPANXEAUTER (dé-pa-nô-té), v. a. Terme
de jardinage. Ôter les panneaux de dessus les cou-
ches, melons, etc.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et panneau.
DÉPAQUETÉ, ÉE (dé-pa-ke-té, tée), port, passé.
Des livres dépaquetés.
DÉPAQUETER (dé-pa-ke-té. Le ' se double, quand
la syllabe qui suit est muette : je dépaquette; je dé-
paquetterai; l'Académie ne conjugue pas ce verbe;
on pourrait aussi mettre un seul t et l'accent grave ■
je dépai]uète),e. a. Défaire un paquet,tirereequi est
empaqueté. || Terme de marine. Dépaqueter une voile.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et paquet.
f DÉPARAGEMENT ( dé-pa-ra-je-man ), s. m.
Terme d'ancienne jurisprudence. Mariage inégal.
— ÉTYM. Déparuger.
f DÉPARAGER (dé-pa-ra-jé. Le g prend un e de-
vant oeto: déparageant), v. a. Ancien terme de
coutume. Marier une lille à une personne de condi-
tion inégale.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et parage.
DÉPARÉ, ÉE (dé-pa-ré, rée), part, passé. Dont
on a ôté les*ornements. Un autel déparé. || Qui offre
DEP
moins d'agrément. Un visage déparé par un vst trop
long.-
t DÉPAREIL, EILLE (dé-pa-rèll, rè-U'), adj. Qui
n'est pas pareil. || Vieux mot bon à reprendre.
— HIST xme s. Et cil qui font les mariages, Si ont
trop merveilleus usages Et coustume si despareille,
Qu'il me vient à trop grant merveille, la Uns-, 8703.
||xives.Lesuppliantrompylepetitcoflre,où il trouva
un esperon à despareil, DU CANGE, disparililas.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et pareil.
DÉPAREILLÉ, ÉE (dé-pa-rè-llé, liée, Il ircuil-
lées), part, passe". Des gants dépareillés, un man-
chon tout pelé, RÉGNIER, Sat. XI. Deux pantoufles
dépareillées, Dont l'une fut au grand Hector, SCAR-
RON, Virg. trav. v. Que d'ouvrages restèrent dépa-
reillés chez la Tribu I s. i. ROUSS. Conf. i.
DÉPAREILLER ( dé-pa-rè-llé, U mouillées, et
non dé-pa-rè-yé ), v. a. Séparer une chose d'une
autre avec laquelle elle était appareillée, et par suite
ne point la remplacer ou la remplacer par une au-
tre qui n'y est pas pareille. On dépareille un ouvrage
quand on en perd un tome, ou quand on remplace
le tome perdu par un qui n'est pas de la même édi-
tion, de la même reliure, etc. J'ai perdu ou dépa-
reillé des multitudes de livres, par l'habitude que
j'avais d'en porter partout avec moi, j. j. ROUSS.
Confess. vi. || Se dépareiller, v. réfl. Être dépareillé.
Je ne sais comment cet ouvrage s'est dépareillé.
— HIST. xve s. Combien que les deux parties fus-
sent despareillées [inégales], ce bon chevalier vain-
quit et rebouta ces quatre ribauds, LOUIS XI, NOUV.
xcvm.
— ÉTYM. Dépareil; provenç. desparelhar; es-
pagn. desparejar.
DÉPARER (dé-pa-ré), v. a. \\ i° Ôter ce qui pare.
|| Déparer une église, en ôter ce qui la pare. Il faut
déparer l'église pour la tendre en deuil. || 2° Déparer
la marchandise, choisir le dessus d'un panier de
fruits, prendre ce qu'il y a de plus beau, || 3° Ren-
dre moins agréable, changer en mal l'aspect, la
physionomie, etc. Plus de place; on se fourrait où
on pouvait : cela dépara toute la fête, ST-SIM. 64,
4 09. Déparer par le laticlave la robe modeste du phi-
losophe, DIDER. Ess. s. Claude. || Fig ôter la beauté
intellectuelle, morale, etc. Ce trait ne déparerait pas
la vie d'un grand homme. Hé bien I ce neveu-là est
bon à montrer, il ne dépare pas la famille, MARI-
VAUX, Fausses conf. i, 4. || 4" Se déparer, v. refi.
Être déparé.
— HIST. xne s. Metez jus vqstre cruiz, faites vus
desparer, Et- faites vostre cruiz devant vus là por-
ter, Th. le mart. 36.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et parer ; provenç. des-
parar, démanteler, dépouiller; ital. disparare,
même sens.
t DÉPARESSER (dé-pa-rè-sé), ». o. Chasser la
paresse.
— HIST. xvi* s Nature ingénieuse, Voyant les
coeurs humains d'une paresse oiseuse S'engourdir
lentement, pour les deparesser S'en vint au mont
Pholois à Chiron s'adresser, RONS. 938.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et paresse.
DÉPARIÉ, ÉE (dé-pa-ri-é, éej, part, passé. Des
pigeons dépariés.
DÉPARIER (dé-pa-ri-é), je dépariais, nous dépa-
riions, vous dépariiez; que je déparie, que nous dé-
pariions, que vous dépariiez, v. a. || 1° Ôter l'une
des deux choses qui forment une paire. Déparier
des gants, des souliers. || 2° Séparer un couple d'a-
nimaux. |l 3° Se déparier, v. réfl. Cesser d'être par
couple. Ces pigeons se sont dépariés.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et paire; provenç. des-
pariar ; ital. dispaiare.
DÉPARLER (dé-par-lé), v. n- Discontinuer de
parler. Il ne s'emploie qu'avec la négation. Ah! que
je hais les gens qui sur les moindres cas Commen-
cent de parler pour ne déparler pas! HAUTERQCHE,
Crispin music. i, 7. Ils ne déparlent pas, si j'ose
ainsi parler, jusqu'à ce qu'ils aient épuisé la ma-
tière, SCARRON, llom. com. u, ch. 47. Il aurait bien
été sans déparler un mois que j'aurais peu parlé,
m. Épitre chagrine à M. Delbene Ma joie est
extrême D'y voir certaines gens, tout fiers de leur
maintien, Qui ne déparlent pas et qui ne disent rien,
REGNARD, Démocr- a, 6. Il ne déparle point, ejand
il devrait cent fois lui répéter les mêmes ch'. ses,
BARON, l'Homme à bonnes fortunes, ni, i. Jusqu'au
soir nous ne déparlâmes pas un moment, J. J. ROUSS.
Conf. m. Point ne manquait du don de la parole
L'oiseau disert; hormis dans les repas, Tel qu'une
nonne, il ne déparlait pas, GRESSET, Ver^vert, ch, n.
|| On pourrait dire aussi avec l'interrogation : Quand
déparlerez-vous?
DËN
DÉNUDATION (dé-nu-da-sion ; en vers, de cinq
syllahes), s. f. || 1° Terme de chirurgie. État d'une
partie dépouillée de ses enveloppes naturelles. || 2° Par
extension. Dénudation d'un arbre, état d'un arbre
dépouillé de son écorce ou de ses fîuilles. || Terme
de géologie. Dénudation d'un tenain, enlèvement
des couches qui le recouvrent habituellement.
— HIST. xvie s. De peur de douleur et dénuda-
tion, tant du nerf que de l'os, PARÉ, XIII, 47.
— Ê.TYM. Lat. denudationem, de denudare (voy.
DÉNUER).
t DÉNUDÉ, ÉE (dé-nu-dé, dêe), part.passé. Un
os dénudé.
t DÉNUDER (dé-nu-dé), v. a. j| 1" Terme de
chirurgie. Mettre un os, une partie à découvert.
|| 2° Par extension, dépouiller un arbre de son
écorce. || 3° Se dénuder, v. rëfl. Se dépouiller de son
enveloppe. Cet os commence à se dénuder.
— ÉTYM. Lat. denudare (voy. DÉNUER).
DÉNUÉ, ÉE (dé-nu-é, ée), part, passé. Çrivé.
Pluton est seul, entre les dieux, Dénué d'oreilles
et d'yeux X quiconque le sollicite, MALH. VI, 4 6.
Pauvres et dénués des secours de la terre, Mais ri-
ches en grâce et vertu, CORN. Imit. i, -18. Être dé-
nué de toutes choses, PATRU, Plaidoyer i, dans RI-
CHELET. Dénué d'un secours par lui-même détruit,
CORN. Hor. i, 3. Alexandre, dénué de ces avanta-
ges, n'eût pas marchandé pour passer le Rubicon,
et c'est en partie cette hardiesse qui lui a fait attri-
buer le surnaturel et le merveilleux, LA FONT. Let-
tres, xn. Il faut être bien dénué d'esprit, si l'amour,
la malignité, la nécessité n'en font pas trouver, LA
BRUY. IV. La valeur, dénuée de toutes les autres ver-
tus, ne peut rendre un homme digne d'une vérita-
ble estime, SEGRAIS, dansRICHELET. L'Espagne était
alors incapable de se défendre elle-même, épuisée
d'argent, dénuée de troupes et de vaisseaux, TORCY,
Mém. 1.1, p. 33'. Dénuée de support et chargée d'un
enfant, BERN. DE S.-P. Paul et Virg. || Absolument.
Les plus dénués furent secourus.
— SYN. DÉNUÉ,DÉPOURVU. Dépourvu est celui qui
est sans provision : dénué est celui qui est mis à nu.
Dénué exprime donc une nuance plus forte que dé-
pourvu.
DÉNUEMENT (dé-nu-man), 4. m. Voy. DËNÙ-
MENT. Dénuement est une orthographe qu'on trouve
couramment dans le xvir* siècle et qui n'est plus
usitée.
DÉNUER (dé-nu-é!, v. a. || 1" Dépouiller de cho-
ses nécessaires. f| 2° Se dénuer, v. réjl. Se dénuer
du nécessaire pour ses enfants.
— HIST. xne s. Cil ki est denueiz az espées de ses
anemis, Job, 444. Non ferai, dame, parles iex de
mon chief; Quar tosjors mais me serait reprochiés,
Honsdesnués [désarmé] n'iertjà par moi touchiés,
Saoul de C. 293. || xme s. Et les autres metaus des-
liuent Delor formes, si qu'il les muent En fin argent
par médecines, la Rose, 16343. Et quant illec se voit
cheûe, Sa chiere et son habit remue, Et si se des-
nue [se met nue] et desrobe, Qu'ele est orfenine de
robe, t'b.6176. Et Jupiter li fist [à Argus) trenchier Le
chief, por lo revenchier, Qu'il avoit en vache muée,
De forme humaine desnuée, ib. 14692. || xive s. Au-
cunes choses sont desquelles se un homme est des-
nué et que il ne les a pas, sa félicité en est aussi
comme honie ou anullée, ORESME, Eth. 20. Les
mors ont dénué et les armeures pris, Guescl. 780.
Chil qui furent en l'ost ont les mors desnuez, Et
puis, en une fosse, si les a-on getés, Baud. de Seb.
îx, 4 89. || xve s. Et disoient que on feroit un grand
outrage, si on denuoit le royaume d'Angleterre de
deux mille hommes d'armes, FROISS. u, in, 18.
|| xviE S. M'advertissans de la froide venue Du triste
hyver, qui la terre desnue, MAROT, I, 223. Desnué
d'espérance, m. n, 4 2. Job recognoist que c'est Dieu
qui l'a desnué de tout son bien, CALV. Instil. 4 60.
11 feit marcher les siens contre les Lacedaemoniens,
qui avoient les flânez desnuez de gens de cheval,
AMïOT, Philop. 4 6. Et ne demouroit au roy que le
nom de royaulté seulement dénué de toute puis-
sance, in. Lys. 43. L'histoire est dénuée de foi par
ceux qui la Remplissent de miracles, D'AUB. Hist. i,
4'89. La difuculté des approches esloit principale-
ment eu faute de terre, de laquelle toute l'isle est
dësnuèe,iE, tb. 240. Si l'os,estant desnué, on frappe
dessus.... PARE, vin, 2.
— ÉTYM. Provenç. denudar, desnudar ; ital. dis-
nudare; uu latin denudare, de la préposition de, et
nudus, nu (voy. NU). Dénuer et dénuder, tirés tous
deux de denudare, témoignent de leur date par leur
formation : le second est un calque, le premier est
une modification du mot latin commandée par l'o-
reille de nos aïeux.
DEP
DÉNÛMENT (dé-nu-man), s. m. Dépouillement,
des choses nécessaires. Cette famille est dans le aê-
nûment le plus complet. La route avait détruit leur
chaussure.... ils cachaient avec soin leur dénû-
ment devant leur empereur et se paraient de leurs
armes éclatantes et bien réparées, SÉGUR, Hist. de
Napol. vin, i (.D'abord le vin manqua, puis la bière,
mêmel'eau-de-vie,enfin l'on fut réduit a l'eau, qui
souvent manqua à son tour; il en fut de même pour
les aliments, de même pour les autres nécessités
de la vie; et dans ce dénûment graduel le découra-
gement de l'âme suivait l'affaiblissement successif
du corps, ID. tb. YI, 6. || Terme de la vie spirituelle.
Le dénûment des biens sensibles, disposition con-
traire au goût et à l'attachement naturel qu'on a
pour les objets des sens,
— REM. Au xviie siècle. dénûment était rejeté par
les puristes; Bouhours, Nouv. rem. dit : a Dénue-
ment ne vaut rien, ni dans le propre ni dans le fi-
guré; il n'est pas même français. 11 faut avouer
néanmoins que les dévots s'en servent; mais il faut
vivre comme eux, et ne pas toujours parler comme
eux. J> L'historique montre qu'il était bien français.
— HIST. xve s. Elles avoient donnez leurs joyaux
et leurs habits de si grant cueur aux chevaliers,
qu'elles ne se appercevoient de leurs desnuement et
desvestement, Perceforest, t. i, f° 4 65. ||xvies. Ca-
rie de l'os, desnuement avecques perdition de la
couverture, PARÉ, xiu, i.
— ÉTYM. Dénuer.
t DÉONTOLOGIE (dé-on-to-lo-jie), s. f. Terme
didactique. Science des devoirs.
— ÉTYM. To Séov , le devoir, et X6yoç, doctrine,
f DÉONTOLOGIQUE (dé-on-to-lo-ji-k'), adj. Qui
est relatif à la déontologie.
t DÉOPERCULÉ, ÉE (dé-o-pèr-ku-lé, lée), adj.
Terme d'histoire naturelle. Qui est privé d'opercule.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et opercule.
i DÉPAILLAGE (dé-pâ-lla-j', Il mouillées), s. m.
Action de dépailler une chaise, un tabouret, etc.;
résultat de cette action.
— ÉTYM. Dépailler.
t DÉPAILLÉ, ÉE (dé-pâ-llé, liée, «mouillées),
part, passé. Dont la paille a été enlevée. Chaise dé-
paillée.
t DÉPAILLER (dé-pâ-llé, Il mouillées, et non
dé-pà-yé ), v. a. Dégarnir de paille. Les chats ,
avec leurs ongles, dépaillent les chaises. || Se dé-
pailler, v. réjl. Perdre sa paille. Cette chaise se dé-
paille.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et paille.
t DÉPAISSANCE (dé-pê-san-s'), s. f. Action de
paître, de faire paître; lieu- où les bestiaux vont
pattre; droit de faire paître les bestiaux.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et paître.
f DÉPALER (dé-pa-lé), v. n. Terme de marine.
Un navire dépale, quand le vent ou le courant l'en-
traînent hors de sa position.
f DÉPALISSAGE (dé-pa-li-sa-j'), s. m. Action de
dépalisser.
t DÉPALISSER (dé-pa-li-sé), v. a. Terme d'horti-
culture. Délacher les rameaux et les branches d'un
arbre qui étaient palissés.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et palisser.
t DÉPÂMER (SE) (dé-pâ-mé), v. réjl. Revenir
de pâmoison.
— HIST. xvie s. 5 peine avois-je dit, quand Thoi-
net se depame, Et à soy revenu alloit après sa dame,
RONS. 4 04.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et pâmer.
t DÉPANXEAUTER (dé-pa-nô-té), v. a. Terme
de jardinage. Ôter les panneaux de dessus les cou-
ches, melons, etc.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et panneau.
DÉPAQUETÉ, ÉE (dé-pa-ke-té, tée), port, passé.
Des livres dépaquetés.
DÉPAQUETER (dé-pa-ke-té. Le ' se double, quand
la syllabe qui suit est muette : je dépaquette; je dé-
paquetterai; l'Académie ne conjugue pas ce verbe;
on pourrait aussi mettre un seul t et l'accent grave ■
je dépai]uète),e. a. Défaire un paquet,tirereequi est
empaqueté. || Terme de marine. Dépaqueter une voile.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et paquet.
f DÉPARAGEMENT ( dé-pa-ra-je-man ), s. m.
Terme d'ancienne jurisprudence. Mariage inégal.
— ÉTYM. Déparuger.
f DÉPARAGER (dé-pa-ra-jé. Le g prend un e de-
vant oeto: déparageant), v. a. Ancien terme de
coutume. Marier une lille à une personne de condi-
tion inégale.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et parage.
DÉPARÉ, ÉE (dé-pa-ré, rée), part, passé. Dont
on a ôté les*ornements. Un autel déparé. || Qui offre
DEP
moins d'agrément. Un visage déparé par un vst trop
long.-
t DÉPAREIL, EILLE (dé-pa-rèll, rè-U'), adj. Qui
n'est pas pareil. || Vieux mot bon à reprendre.
— HIST xme s. Et cil qui font les mariages, Si ont
trop merveilleus usages Et coustume si despareille,
Qu'il me vient à trop grant merveille, la Uns-, 8703.
||xives.Lesuppliantrompylepetitcoflre,où il trouva
un esperon à despareil, DU CANGE, disparililas.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et pareil.
DÉPAREILLÉ, ÉE (dé-pa-rè-llé, liée, Il ircuil-
lées), part, passe". Des gants dépareillés, un man-
chon tout pelé, RÉGNIER, Sat. XI. Deux pantoufles
dépareillées, Dont l'une fut au grand Hector, SCAR-
RON, Virg. trav. v. Que d'ouvrages restèrent dépa-
reillés chez la Tribu I s. i. ROUSS. Conf. i.
DÉPAREILLER ( dé-pa-rè-llé, U mouillées, et
non dé-pa-rè-yé ), v. a. Séparer une chose d'une
autre avec laquelle elle était appareillée, et par suite
ne point la remplacer ou la remplacer par une au-
tre qui n'y est pas pareille. On dépareille un ouvrage
quand on en perd un tome, ou quand on remplace
le tome perdu par un qui n'est pas de la même édi-
tion, de la même reliure, etc. J'ai perdu ou dépa-
reillé des multitudes de livres, par l'habitude que
j'avais d'en porter partout avec moi, j. j. ROUSS.
Confess. vi. || Se dépareiller, v. réfl. Être dépareillé.
Je ne sais comment cet ouvrage s'est dépareillé.
— HIST. xve s. Combien que les deux parties fus-
sent despareillées [inégales], ce bon chevalier vain-
quit et rebouta ces quatre ribauds, LOUIS XI, NOUV.
xcvm.
— ÉTYM. Dépareil; provenç. desparelhar; es-
pagn. desparejar.
DÉPARER (dé-pa-ré), v. a. \\ i° Ôter ce qui pare.
|| Déparer une église, en ôter ce qui la pare. Il faut
déparer l'église pour la tendre en deuil. || 2° Déparer
la marchandise, choisir le dessus d'un panier de
fruits, prendre ce qu'il y a de plus beau, || 3° Ren-
dre moins agréable, changer en mal l'aspect, la
physionomie, etc. Plus de place; on se fourrait où
on pouvait : cela dépara toute la fête, ST-SIM. 64,
4 09. Déparer par le laticlave la robe modeste du phi-
losophe, DIDER. Ess. s. Claude. || Fig ôter la beauté
intellectuelle, morale, etc. Ce trait ne déparerait pas
la vie d'un grand homme. Hé bien I ce neveu-là est
bon à montrer, il ne dépare pas la famille, MARI-
VAUX, Fausses conf. i, 4. || 4" Se déparer, v. refi.
Être déparé.
— HIST. xne s. Metez jus vqstre cruiz, faites vus
desparer, Et- faites vostre cruiz devant vus là por-
ter, Th. le mart. 36.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et parer ; provenç. des-
parar, démanteler, dépouiller; ital. disparare,
même sens.
t DÉPARESSER (dé-pa-rè-sé), ». o. Chasser la
paresse.
— HIST. xvi* s Nature ingénieuse, Voyant les
coeurs humains d'une paresse oiseuse S'engourdir
lentement, pour les deparesser S'en vint au mont
Pholois à Chiron s'adresser, RONS. 938.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et paresse.
DÉPARIÉ, ÉE (dé-pa-ri-é, éej, part, passé. Des
pigeons dépariés.
DÉPARIER (dé-pa-ri-é), je dépariais, nous dépa-
riions, vous dépariiez; que je déparie, que nous dé-
pariions, que vous dépariiez, v. a. || 1° Ôter l'une
des deux choses qui forment une paire. Déparier
des gants, des souliers. || 2° Séparer un couple d'a-
nimaux. |l 3° Se déparier, v. réfl. Cesser d'être par
couple. Ces pigeons se sont dépariés.
— ÉTYM. Dé.... préfixe, et paire; provenç. des-
pariar ; ital. dispaiare.
DÉPARLER (dé-par-lé), v. n- Discontinuer de
parler. Il ne s'emploie qu'avec la négation. Ah! que
je hais les gens qui sur les moindres cas Commen-
cent de parler pour ne déparler pas! HAUTERQCHE,
Crispin music. i, 7. Ils ne déparlent pas, si j'ose
ainsi parler, jusqu'à ce qu'ils aient épuisé la ma-
tière, SCARRON, llom. com. u, ch. 47. Il aurait bien
été sans déparler un mois que j'aurais peu parlé,
m. Épitre chagrine à M. Delbene Ma joie est
extrême D'y voir certaines gens, tout fiers de leur
maintien, Qui ne déparlent pas et qui ne disent rien,
REGNARD, Démocr- a, 6. Il ne déparle point, ejand
il devrait cent fois lui répéter les mêmes ch'. ses,
BARON, l'Homme à bonnes fortunes, ni, i. Jusqu'au
soir nous ne déparlâmes pas un moment, J. J. ROUSS.
Conf. m. Point ne manquait du don de la parole
L'oiseau disert; hormis dans les repas, Tel qu'une
nonne, il ne déparlait pas, GRESSET, Ver^vert, ch, n.
|| On pourrait dire aussi avec l'interrogation : Quand
déparlerez-vous?
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